Émission Radio Courtoisie du 9 mars 2019 sur l’Ukraine, Goshn, Sodoma et Vatican II

Voici l’émission Le Journal de la Libre France animée par Anne-Laure Maleyre, diffusée le 9 mars 2019 sur Radio Courtoisie. Elle dure 3 heures et est en 2 parties. Dans la première partie, il y a 3 chroniques : d’abord celle de François Lejeune sur l’islam en Ukraine (30 min) ; puis celle de Pierre-Yves Rougeyron (du Cercle Aristote) sur l’Affaire Goshn (30 min… en duplex depuis un TGV !) ; et enfin la double chronique de Philippe Ariño (45 min) à propos d’une part de l’Unité comme Nouvelle Gouvernance mondiale et d’autre part du livre Sodoma de Frédéric Martel (sur l’homosexualité au Vatican). Enfin, en 2e partie d’émission, l’invitée est la youtubeuse Virginie Vota, dont la chaîne s’appelle Esprit Franc : récemment convertie au catholicisme, la jeune femme est sédévacantiste, se revendique de la FSSPX (Fraternité Saint Pie X), ne reconnaît pas François Bergoglio comme Pape et le juge « hérétique », s’oppose au Concile Vatican II (1962-1965). Tout le débat se centrera sur l’Église « conciliaire » et sur la supposée « invalidité » du Concile Vatican II… ce qui vaudra un échange plutôt musclé mais néanmoins fraternel.
 

Vous pouvez retrouver ci-dessous le script des fiches de Philippe Ariño sur ses deux chroniques (en les complétant avec Homo-Bobo-Apo).
 

 

L’UNITÉ POUR ELLE-MÊME COMME NOUVELLE GOUVERNANCE MONDIALE (10 min)


 

Je vous annonce l’arrivée du Gouvernement Mondial (vous savez, cette expression qui fait complotiste). Et je vous dis qu’elle est imminente.
 

Je m’en rends compte à ma petite échelle car je viens, après 3-4 contributions, de me faire virer d’un mouvement appelé Unité Nationale, inconnu du grand public vu qu’il n’existe qu’en suspension, comme un cloud internet, et qu’il n’a l’air de rien : il se présente comme un non-parti, un courant non-lucratif, alternatif, sans étiquette, sans candidat, sans réel programme, sans visage. Pourtant, ce mouvement a le vent en poupe en ce moment, et est en train de doubler tous les partis politiques en France (je dis bien TOUS : même Macron, Marine Le Pen et Wauquiez lui ont envoyé leurs vœux de Bonne Année et le courtisent !) car il incarne – à sa grande surprise – la future et prochaine Gouvernance Mondiale, centrée sur le concept flou d’unité. Et qui, aujourd’hui, peut s’opposer au rouleau compresseur « apolitique » et « anational » de l’UNITÉ ? Désormais, plus personne… à part Jésus et Marie.

 

C’est inéluctable : notre monde se dirige unanimement vers la construction d’un Gouvernement d’Unité internationale. Pour leur survie, les nations, les partis politiques et les religions institutionnelles ne pourront pas y couper. Pile au moment où s’effacent les frontières géographiques au profit des frontières virtuelles et émotionnelles, ce mouvement apparaît comme LA solution. Et je crois qu’il sera suivi par tous les pays du Globe. Une redistribution et une refonte complète du pouvoir est en train de se produire : les gouvernants politiques, en tant que souverains nationaux, sont éjectés les uns après les autres. Comme l’annonce saint Jean dans l’Apocalypse, seuls resteront 10 rois autour de l’Antéchrist à gouverner la planète (des rois irréductibles tels que la Russie par exemple : je vois mal Poutine se plier au concert de l’Europe des Nations). Les autres pays continueront d’exister, certes, mais par pur nominalisme et folklorisme (bref, juste pour le pain et les jeux : foot et tourisme). Et ce mouvement d’Unité est inattaquable puisqu’il n’a pas de chef identifié, abrite apparemment tout le monde, n’a pas d’ambition d’argent ni de pouvoir, pas de visées électorales ni politiciennes, prétend tout accepter et tout accueillir (y compris l’inacceptable !), faire de la place à chacun, être une grande Maison Commune où tout le monde aurait sa place et où personne ne serait ennemis. La devise spéculaire et narcissique de l’Unité Nationale (et finalement Internationale), c’est « Notre idéal : défendre le vôtre ! ». Autrement dit, c’est celle du serpent génésique dans la Bible : contenter tout le monde et dire à chacun « Ton désir individuel est notre ordre et notre roi. Tu seras comme un Dieu et tu seras ton propre chef. Ta volonté et ta perception individuelles sont reines. » La règle qu’ils arborent fièrement comme une loi intangible et juste, c’est l’auto-détermination : tu as carte blanche* ! (* … à partir du moment où tout ce que tu demandes, tu ne te l’imposes qu’à toi-même). Et l’interdit tacite, c’est la recherche et la proposition d’une Vérité unique universelle et d’un chef clairement identifiable en la personne de Jésus.
 

Ma rupture avec Unité Nationale serait arrivée tôt ou tard. Car je savais qu’un jour ou l’autre, on allait se friter sur la question centrale de l’Unité. Que je sois catho, homo, continent, et même opposé au « mariage gay », passe encore (et même très bien ! : c’est exotique, c’est figure puissante de diversité, de changement, de personnalité, de dissidence et de singularité)… mais que je me fasse le promoteur de l’universalité de la divinité de Jésus et que je défende l’Unité autour de Lui et non l’Unité en soi, là, Vade retro !! Que je fasse le recoupement entre leur mouvement et la Franc-Maçonnerie antéchristique – car tel est vraiment le cas (il y a plein de francs-maçons parmi les contributeurs… et j’ai rappelé à toutes fins utiles aux fondateurs d’Unité Nationale que dans le roman Le Père Elijah de Michael O’Brien le Gouvernement Mondial fondé par l’Antéchrist s’appelait « Unitas ») m’a valu un procès verbal en haute trahison ! Tu as le droit de croire en qui tu veux, tu peux même professer que Jésus est Dieu, tu as le droit de t’exprimer publiquement et d’exister tel que tu es, ta croyance ne sera pas remise en question… À PARTIR DU MOMENT OÙ TU LA CIRCONSCRIS À TA SEULE SUBJECTIVITÉ, que tu la fais exclusivement tienne, et que tu ne la présentes pas comme supérieure et universelle. Ces gens-là, au demeurant particulièrement ouverts, n’accueillent le catholicisme que comme un particularisme individuel, un folklorisme de diversité(s) qui ne doit surtout pas dépasser les autres particularismes. Leur ennemi n°1, c’est l’UNIVERSALITÉ DE LA DIVINITÉ DE JÉSUS. Ils tolèrent que nous soyons catholiques à partir du moment où nous privatisons cette croyance, et à la condition que nous nous en fassions détenteurs et que nous la désuniversalisions. Si nous commençons à leur dire que l’universalité de la divinité de Jésus ne nous appartient pas plus à nous qu’à eux mais qu’en revanche elle les concerne et leur est aussi offerte (car Jésus aime tous les Hommes et est le Dieu unique de tous les Hommes sans exception), si nous soutenons que cette divinité universelle dépasse la croyance personnelle et qu’elle existerait même sans cette dernière, que Jésus est notre unité à tous, là, ça ne passe plus du tout ! On est traînés en procès de fondamentalisme. On a le droit d’être cathos ; mais on ne peut pas être TOUS cathos, ni appelés (au nom de l’Amour universel de Jésus) à le devenir. C’est inconcevable, pour eux !
 

Pourquoi je vous parle de tout ça ? C’est pour nous avertir de la puissance de frappe de ce mouvement. Car je suis malgré moi un cas d’école, et de surcroît aux avant-postes : s’ils m’ont accueilli moi (qui suis pourtant très impopulaire pour n’importe quel média : me laisser m’exprimer, c’est courir le risque de salir un parti, une revue ou une chaîne toute entière, et faire passer un groupe pour prosélyte, homophobe, fondamentaliste, haineux, dangereux, bizarre), c’est vraiment qu’ils peuvent aller très très loin dans l’audace et l’acceptation de qui vous êtes. Je vous le dis : en apparence, ils acceptent vraiment tout le monde ! Même les criminels ou ceux qui sont associés à ces derniers. C’est dire s’ils rassurent et vont plaire. Et que cette apparente liberté ou « carte blanche » séduira je pense quasiment tout le monde, y compris les responsables de culte soucieux de leur sécurité et de ne pas voir leur Église-Institution sombrer, y compris les profils les plus atypiques et outsiders dans l’Église, qui se diront : « Eh ben ma foi… ce mouvement ne me correspond pas exactement car il défend mes ennemis ou intègre des gens aux antipodes de mes croyances, il ne défend pas la primauté du Christ, mais bon, il a au moins le mérite de me laisser exister, de respecter ma foi et mes croyances, de défendre la culture et la civilisation chrétiennes, de parler de Jésus en des termes positifs, et de me laisser libre de dire ce que je pense, sans censure et sans jugement… donc faute de mieux, je m’y conforme et je consens à ses limites, j’accepte de ne pas lui reconnaître de chef clairement identifiable. » Beaucoup de catholiques (en particulier ceux qui sont civilisationnistes, royalistes, traditionalistes, ou dits « intégristes », tous les mécontents de l’Église ou du Pape François mais quand même attachés à l’Église) vont se laisser séduire pour ce mouvement car ce dernier se présente justement comme une dissidence qui accueillera même les anticonformistes et les brebis diabolisées (ou dites « fascistes ») : Marine Le Pen, avec son mouvement Rassemblement National, le démontre parfaitement. Elle aussi, elle est pour l’unité en elle-même, pour une unité catho-friendly (même si, dans les faits, et officieusement, elle est anti-cléricale et antéchristique) !
 

Dans le Court Récit sur l’Antéchrist (1900) de Vladimir Soloviev, lors du « concile » que l’Antéchrist organise à Jérusalem, dans le vaste Temple de l’Unité de tous les cultes, la très grande majorité des fidèles et du Clergé se laisse séduire par le Gouvernement Mondial de l’Antéchrist et abandonne le Christ. Presque tous les cardinaux et évêques ainsi que la majeure partie des moines et des laïcs rejoignent l’Empereur sur son estrade. Car ce dernier, afin de dissiper toutes les divisions entre chrétiens, et surtout afin de corrompre chacune des trois délégations chrétiennes (catholiques, protestants et orthodoxes), leur a offert de somptueux cadeaux à leur ressemblance : il promet aux orthodoxes la création à Constantinople d’un musée mondial de l’archéologie chrétienne, destiné à promouvoir la connaissance des icônes et de la sainte liturgie, il promet aux protestants la création d’un institut d’études bibliques mondial voué à la recherche sur l’Écriture Sainte, il promet au Pape son rétablissement à Rome, « à la condition qu’ils le reconnaissent tous comme leur unique défenseur et protecteur ».
 

Pour ne pas céder à ce rouleau compresseur de l’Unité anticonformiste, je vous demande donc avec insistance de ne pas lâcher le Christ, et surtout pas au nom de l’Unité qu’il incarne. Le Christ est l’Unité, mais l’unité n’est pas le Christ. Je vous laisse méditer sur cette phrase.

 
 

SODOMA DE FRÉDÉRIC MARTEL : LIVRE NÉO-NAZI ET HOMOPHOBE MAIS CERTAINEMENT PAS ANTICLÉRICAL (20 min)

Sans transition, parlons maintenant du big bazar actuel dans l’Église Catholique autour des scandales sexuels. Désolé, je n’ai que 20 minutes pour aborder ce gros gros sujet. Et je ne vais même pas pouvoir m’appesantir sur les cas – pourtant très intéressants – de la condamnation à 6 mois de prison avec sursis du cardinal Barbarin, ni des religieuses violées par des prêtres. Je vais me concentrer uniquement sur la sortie remarquée du livre Sodoma de Frédéric Martel, présentant le Vatican comme un repaire insoupçonnable d’homosexualité. J’ai 4 « punch-lines » comme on dit aujourd’hui, c’est-à-dire « révélations coups-de-poing » à vous donner (je n’aurai pas le temps de faire plus) :
 

Première punch-line : Ce livre est homophobe, et non anticlérical. Je connais personnellement Frédéric Martel (suite au Rose et le Noir) : je postule que son livre est une entreprise de vengeance secrète dirigée non contre l’Église (contrairement à ce qu’en caricaturent les médias cathos), ni même contre le célibat consacré, mais contre sa propre pratique sexuelle et contre la communauté homosexuelle : ses descriptions dépréciatives du « milieu homo » et de ses coups bas (p. 22), sa féminisation des prélats, sa haine des personnes homosexuelles « non assumées » selon lui, etc. J’ai vu combien Martel a souffert d’être considéré comme un traître à la Cause LGBT. Son livre, malgré les apparences, n’est pas anticlérical. Il est plutôt revanchard et (malgré les apparences) homophobe. Au moins déjà vis à vis des personnes homos continentes. On le lit entre les lignes : Martel règle des comptes avec ses pairs homosexuels, en se servant des prêtres comme chair à canon. Cette homophobie gay friendly de Martel, personne ne l’a identifiée ni dénoncée. Elle est pourtant là.
 

Deuxième punch-line : Ce livre est néo-nazi. La présomption d’homosexualité généralisée sur la quasi totalité des prêtres (ou, ce qui revient au même, la présomption d’homophobie intériorisée : Martel avance le chiffre de 80 % pour dire que le Vatican est un repaire ou un vivier d’homosexualité) était déjà une accusation et une manœuvre courante des Nazis pour discréditer l’Église et ses serviteurs : Heinrich Himmler, dans son discours du 18 février 1937 à Bad Tölz, disait ceci : « J’estime qu’il y a dans les couvents 90 ou 95 ou 100% d’homosexuels. […] Nous prouverons que l’Église, tant au niveau de ses dirigeants que de ses prêtres, constitue dans sa majeure partie une association érotique d’hommes, qui terrorise l’humanité depuis mille huit cents ans. » Les anti-fascistes et anti-homophobie sont particulièrement fascistes et homophobes. « Anti » est un miroir.
 

Troisième punch-line : les deux concepts idéologiques sur lesquels se basent ce livre sont erronés. Il y a 2 mensonges de fond dans Sodoma que personne ne dénoncera alors qu’ils sont énormes, et qu’ils sont les preuves de la fumisterie qu’est cette étude (bien plus encore que la réfutation des sources de l’auteur ou les procès en déformation des faits) : 1) réduction de la continence à l’abstinence (Martel définit la continence comme « contre-nature » – ce qui est en partie vrai puisqu’elle est surnaturelle – et « criminelle » – ce qui est faux -, p. 16) ; 2) réduction de l’homophobie à un refoulement de l’inclination homosexuelle, au fait de ne pas l’« assumer » ; alors que je prouve que la véritable homophobie est surtout le coming out et la pratique homosexuelle, donc une homosexualité « assumée » dans la caricature de soi et dans le rejet effectif de la différence des sexes.
 

Quatrième punch-line : Avec Sodoma, les catholiques reçoivent leur propre boomerang d’homophobie à la figure. Les médias catholiques sont responsables de ce débordement : de leur part, déni d’une réalité (parmi les catholiques, culture du démenti ou du procès d’intentions) alors que l’homophobie au sein de l’Église est réelle et que la pratique majoritaire de l’homosexualité dans le clergé est réelle (mon cas personnel est significatif : j’ai été désavoué par quasiment tous les cardinaux et évêques, et jamais accueilli par le Pape. C’est dire si effectivement, la défense de la pratique homo est massive dans le clergé !). Ça vous ferait mal de dire « OUI, il y a de l’homophobie de notre part et OUI il y a une pratique homosexuelle sacerdotale massive du fait de cette homophobie » ?? De tendre l’autre joue, au lieu de systématiquement démentir, ronchonner et vous victimiser ?? Par ailleurs, j’ai fait exactement le même travail que Martel sur l’homosexualité sacerdotale, et ce, depuis bien plus de 4 ans (ça fait 15 ans que je parle d’elle). Mais le monde et les catholiques préfèrent leurs ennemis à leurs amis… Ça fait froid dans le dos.