Interview de Philippe Ariño par le journaliste Louis d’Avignon le 4 juillet 2020

Interview réalisée par le journaliste Louis d’Avignon à l’occasion de la sortie du livre Interdiction des thérapies de guérison de l’homosexualité : la loi-bidon qui passera sans difficulté en France (Éd. Vérone) de Philippe Ariño.
 

 
 

Cher monsieur Ariño, merci d’accepter de répondre à quelques questions à propos de votre livre paru fin 2019 aux éditions Vérone : Interdiction des thérapies de guérison de l’homosexualité.
 

Je l’ai lu attentivement et j’ai été agréablement surpris de découvrir une nouvelle perspective pour des personnes étant à la fois homosexuelles et catholiques, ou plus largement chrétiennes.
 

Le titre du livre est en rapport avec un projet de loi qui vise à faire interdire les thérapies de guérison de l’homosexualité, dans le contexte chrétien, mais aussi en dehors si j’ai bien compris.
 

Il est homophobe aujourd’hui de considérer l’homosexualité comme une maladie psychique, mais là nous parlons de spiritualité, ce qui est tout à fait différent. Il n’empêche que vous constatez, depuis des années, un grand nombre d’homosexuels en dépression et en recherche d’un sens à leur vie, comme peut l’être tout un chacun.
 

Pourriez-vous pour commencer par nous expliquer le fonctionnement de ces groupes de guérison que vous avez fréquentés ?
 

Bonjour. Alors ce sont en général des associations telles que Courage International (catholique) ou Torrents de vie (protestant), basées sur l’anonymat et le volontariat de leurs participants/organisateurs. Le but de ces groupes (aux effectifs très réduits) est davantage d’offrir un espace d’expression, d’accompagnement, de soutien fraternel, de parole, à des personnes homosexuelles croyantes et soucieuses d’accorder leur condition homosexuelle à leur Foi et au discours de l’Église (notamment orienté sur l’appel à l’abstinence, donc au renoncement à la pratique homo et au « couple » homo), que de guérir ou de supprimer la tendance homosexuelle, même s’ils sont – pour certains – basés sur les 12 étapes des Alcooliques Anonymes. Ce sont vraiment des groupes d’amitié et de convivialité « libérant la parole » bien plus que des groupes de thérapies à proprement parler. Ils sont donc très loin de l’image de mouvements sectaires, poussant au suicide et prétendant éradiquer/guérir l’homosexualité, transformer « les homos en hétéros », dépeinte par le livre Dieu est amour, le reportage d’ARTE « Homo-thérapies », et par la commission d’enquête dirigée par la très anticléricale députée lesbienne Laurence Vanceunebrock-Mialon qui entend les interdire en France !
 
 

A-t-on seulement constaté une seule fois que Dieu pouvait « guérir », entre guillemets, de l’homosexualité ?
 

Moi, personnellement, je ne l’ai jamais vu. Même si je ne doute pas que Dieu puisse libérer des personnes homos de leur peur (d’ailleurs, je préfère parler de « libération » que de « guérison », puisque l’homosexualité n’est pas une maladie mais une peur : peur de la sexualité, de la différence des sexes. Et on peut dépasser certaines peurs, s’en libérer). Toutes les personnes homos croyantes que j’ai vu maîtriser leur tendance homo (dans une vie consacrée équilibrée, dans un mariage procréatif heureux avec une personne de l’autre sexe) restent avec cette fragilité. Ils la maîtrisent, tout au plus. Et en m’entretenant avec des responsables de groupe de prière, des psys, des responsables d’Agapê Thérapies, je n’en ai entendu aucun me parler de « miracles » de ce côté-là. Et je me méfie de ceux qui se présentent comme « ex-gays »… et qui bien souvent sont issus du protestantisme et reviennent quelques années plus tard sur leur déclaration triomphale de « guérison totale ».
 
 

Vous relatez dans votre livre les différentes causes attribuées à l’homosexualité. Certains lient le « trouble d’homosexualité » à la faute générationnelle ou à une déficience éducative. Vous dites que ce sont des personnes qui vénèrent la généalogie. Aucune preuve scientifique ne semble aller dans ce sens. Il y a ensuite ceux qui sacralisent la nature : l’homosexualité « c’est contre-nature », disent-ils. Pourriez-vous nous citez ces différentes causes supposées ?
 

Vous avez raison de parler de « causes supposées ». Car en réalité, il n’y a pas de « causes » de l’homosexualité. Puisque la tendance homosexuelle ne se justifie pas (étant donné qu’elle rejette le socle d’Humanité et de Divinité qu’est la différence des sexes), et qu’elle n’est ni une « identité » ni de « l’Amour » (une personne ne se réduit pas à ses attirances érotiques ou sentimentales ; l’Amour, c’est l’accueil de la différence des sexes). En revanche, elle peut s’expliquer. Et elle donne à voir des terrains favorisant son apparition, des facteurs récurrents, des points communs, des coïncidences troublantes partagées entre personnes homosexuelles. Ces terrains ne suffiront jamais à essentialiser l’homosexualité sous forme d’espèce humaine à part entière (« les » homos). Mais ils nous orientent au moins à dire que la tendance homo est une peur de la différence des sexes qui, quand elle s’actualise, est très souvent limitée et devient violente. Ça fait 20 ans que je travaille non pas sur l’identification des causes de l’homosexualité mais sur les liens non-causaux entre désir homosexuel et viol, liens que j’ai tenté de répertorier dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels sur mon blog L’Araignée du Désert. Parmi ces terrains, vous pourrez trouver par exemple la gémellité, l’inceste, le viol, la vengeance matricide, les guerres, le fétichisme, etc.
 
 

Pour comprendre l’homosexualité, il faudrait déjà définir l’hétérosexualité. Vous dites que l’hétérosexualité n’est pas la différence des sexes. Qu’est-ce que cela signifie ?
 

Ça signifie que la différence des sexes est la sexualité, est la réalité naturelle, culturelle mais aussi surnaturelle de la sexuation anatomique homme-femme, ainsi que de leur union. L’hétérosexualité, quant à elle, n’a quasiment rien à voir avec la sexuation : c’est une orientation sexuelle, promouvant en plus une différence des sexes en général forcée, caricaturale, cinématographique, romantique ou pornographique, bien souvent dénuée d’Amour, et opposée au mariage et à l’Église car elle rejoint la bisexualité. D’ailleurs, ceux qui se présentent comme « hétéros » sont quasiment tous libertaires/adultères, justifient la pratique homo, haïssent le mariage et l’Église, et s’appuient sur l’égalité entre homosexualité et hétérosexualité (égalité historique puisque les deux termes ont été créés en même temps à la fin du XIXe siècle et étaient à la base synonymes) pour imposer les lois pro-gays à toute la Planète. À la base, les « hétéros » étaient des personnes attirées par les deux sexes et qui prônaient un « amour libre ». L’hétérosexualité, c’est donc le culte de la Différence en soi (au détriment de la différence des sexes couronnée par l’Amour et de la différence Créateur/créatures, à savoir Jésus et l’Église), c’est aussi « toutes les altérités au niveau de la sexualité » (y compris l’homosexualité), et c’est enfin le diable déguisé en différence des sexes. Le drame, c’est qu’aujourd’hui, même la plupart des catholiques ont intégré ce mensonge anthropologique que l’hétérosexualité serait la différence des sexes. Or, non. Une orientation sexuelle n’est pas la sexuation homme/femme. Le Monde ne se divise pas entre homos et hétéros (… et les « bisexuels » pour faire la navette entre les 2). Il se partage entre hommes et femmes, et cette séparation est en plus source de vie et de survie de l’Humanité.
 
 

Vous décrivez un beau panorama de la propagande « gay friendly » dans beaucoup de films au cinéma et dans les séries. Que signifie ce terme de « gay friendly » et en quoi vous parait-il homophobe ?
 

Il signifie que les personnes se montrent comme « amis des homos ». Mais cet auto-étiquetage est souvent synonyme d’une hypocrite homophobie car en général, les personnes « gays friendly » utilisent les personnes homos comme faire-valoir social, politique et économique, comme vitrines de diversité et de coolitude pour briller en société, mais n’en ont absolument rien à faire de ce que nous vivons, nous applaudissent de loin et surtout à partie du moment où nous fermons notre gueule. Le jour où nous leur montrons le vrai visage de l’homosexualité et de la pratique homosexuelle, et que nous leur prouvons qu’elles se servent de nous pour se venger du mariage et de Dieu, il arrive bien souvent que les personnes « gays friendly » se retournent contre nous et nous traitent même d’« homosexuels homophobes » ! Vrai de vrai. J’en fais régulièrement les frais !
 
 

Entrons dans le cœur du sujet du livre. Le catholicisme et l’homosexualité sont-ils incompatibles ?
 

Le catholicisme et l’homosexualité ne sont pas incompatibles, bien sûr. La preuve : je suis homo et catho. Et nous sommes beaucoup dans ce cas-là, d’ailleurs. L’Église, tout en condamnant les actes homosexuels, accueille les personnes homos. En revanche, ce qui est incompatible, ce n’est pas la personne homo et l’Église, mais bien la pratique homosexuelle et la pratique religieuse, car la première rejette la différence des sexes, quand la seconde l’accueille et l’intègre pleinement étant donné que la différence des sexes est à l’image de Dieu, elle est l’Église. Et ceux qui essaient de les rendre compatibles finissent toujours par privilégier l’une et délaisser l’autre. On ne peut pas servir 2 maîtres : l’un qui rejette la différence des sexes, l’autre qui l’incorpore.
 
 

Vous expliquez que dans le cadre de la pratique catholique, l’homosexualité continente pourrait être un chemin de sainteté. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Et peut-être avant cela, nous devons bien distinguer entre chasteté, abstinence et continence.
 

L’homosexualité continente, c’est l’homosexualité non-pratiquée mais donnée au Monde et à l’Église, donc ni refoulée ni éteinte (comme c’est le cas de l’abstinence sèche ; la chasteté étant une vertu universelle qui n’induit pas nécessairement un renoncement au couple). Quand la tendance homosexuelle se révèle durable chez une personne, cette dernière n’a pas d’autre choix que de vivre avec sa tendance mais surtout de l’intégrer au don entier d’elle-même si elle veut s’offrir pleinement aux autres et à Dieu. Et comme le disait Michel Audiard, « ce sont les fêlés qui laissent le mieux passer la lumière ». Voilà pourquoi l’homosexualité – qui est une fêlure de l’affectivité et de l’identité sexuée – peut tout à fait rimer avec sainteté, et a un fort pouvoir en ce moment, a fortiori parce que dans notre Monde d’aujourd’hui elle se fait passer pour la nouvelle Humanité, la nouvelle Sexualité, la nouvelle Divinité et un Amour tout aussi beau voire plus beau que l’amour entre l’homme et la femme.
 
 

Vous nous expliquez que le projet mondialiste, qui se met en place sous nos yeux, aboutira à une grande persécution de l’Eglise à cause même de l’homosexualité. Quels éléments concrets vous font dire cela ?
 

Parce que l’interdiction des thérapies de conversion de l’homosexualité s’impose désormais comme une circulaire mondiale. Le 15 juin dernier, l’ONU a carrément assimilé les groupes d’accompagnement scientifique ou religieux des personnes homos à – je cite – de la « torture », et a ordonné leur interdiction mondiale, en se valant notamment de la protection de la jeunesse. Déjà, en 2018, le Parlement Européen a sommé tous ses États-Membres de faire appliquer cette interdiction sur leur territoire. Depuis, la crise du Coronavirus a permis notamment à l’Allemagne et au Canada de l’approuver sans que personne ne la conteste. Et c’est imminent pour la France. L’opinion publique est prête : vous demandez à n’importe quelle personne si elle est d’accord pour la suppression de tels groupes, elle vous répondra qu’elle ne connaissait même pas leur existence et ensuite signera immédiatement à leur abolition puisqu’ils lui ont été présentés comme d’« horribles sectes homophobes ». Ça va être vite réglé ! Et les catholiques ne diront rien : la sortie de mon livre n’a fait l’objet d’aucune conférence et d’aucune invitation presse, pas même de la part des médias catholiques (qui préfèrent inviter Benoît Berthe, un gars qui n’a jamais mis les pieds dans les groupes de thérapies de conversion mais qui se fait passer pour une victime de ces groupes où il y aurait vécu – je cite – « l’enfer », plutôt que moi qui les connais bien, qui les ai fréquenté, qui a écrit un livre là-dessus, qui ne les défend même pas mais qui s’oppose à leur interdiction/diabolisation !). L’Église, d’un point de vue humain, est donc au bord de l’asphyxie. Non seulement les gens d’Église laissent faire, mais en plus sont d’accord pour ignorer les témoins comme moi qui la défendent. L’homosexualité, on le voit, est le fer de lance de l’anticléricalisme, et transperce déjà l’Église, avec – c’est ça le pire – le consentement aveugle de ses membres et de ses chefs !
 
 

Et pour conclure, revenons au titre du livre. En quoi une loi qui interdirait les groupes de guérison serait contreproductive et même homophobe ?
 

Parce que derrière cette loi, c’est toute parole publique ou tout débat questionnant la notion d’ « identité » ou d’« amour » homo qui est jugé(e) délictueux/-se et passible de condamnation. Selon nos législateurs « gays friendly », l’homosexualité doit être acceptée mais surtout pas débattue ou analysée. Sinon, ça veut dire qu’on la remet en doute, qu’on ne la présente pas sous son meilleur jour, donc qu’on créerait du malaise, de la culpabilité, du suicide et qu’on empêcherait les gens de s’aimer et d’être heureux comme ils l’entendent. À partir de cette vision totalitaire là, même les personnes homosexuelles un peu trop bavardes sur leur tendance ou bien en désaccord avec les lois passant en leur nom sont considérées comme de dangereux traîtres et des ennemies d’elles-mêmes. Ça va loin. Alors il est vrai que très concrètement, cette loi peut difficilement être appliquée (les législateurs ne pourront pas placer des caméras et des micros dans tous les cabinets de psy du Monde ni dans toutes les églises). En revanche, elle a un pouvoir symbolique non négligeable d’intimidation, de terreur, de dissuasion, d’incitation à la délation (30 000 € d’amende et 1 an d’emprisonnement, qui veut se prendre ça dans les dents ? Une réputation d’homophobe, qui veut s’en défendre ?) et un pouvoir d’action finalement très large, car elle renforce/étend la législation contre l’homophobie, noyaute toujours plus la communauté aussi bien scientifique que religieuse (que celle-ci soit catholique, ou protestante, musulmane, juive), mais surtout musèle encore plus les soi-disant premières personnes concernées par cette loi c’est-à-dire les personnes homosexuelles (qui n’auront plus le droit d’être aidées par un psy ou par un prêtre ou un groupe, qui n’auront plus le droit de souffrir à cause de leur tendance ou pratique homo, et qui ne pourront plus témoigner ouvertement d’homosexualité ni s’opposer à des lois qui passent en leur nom, sous peine d’être traînées en procès de haute trahison interne à la Cause homosexuelle). Ça craint du boudin, en fait. Malgré les apparences, cette loi de prohibition des thérapies est plus homophobe qu’anticléricale et anti-scientifique. Quelle contradiction ! Elle réduit les libertés des personnes homosexuelles sous prétexte de les protéger.
 
 

N.B. : À ce sujet, voir l’interview-vidéo de Philippe Ariño avec Morgan Priest.