Je n’ai pas foncièrement changé

 

Beaucoup de personnes qui m’avaient écouté une première fois en conférence sur l’homosexualité et qui me réécoutent beaucoup de temps après me disent que « j’ai changé », qu’ils « voient vraiment l’évolution » (parce qu’ils en étaient restés sur une première impression mitigée ou négative), que « j’ai un discours plus clair et pacifié », que mes propos sont moins sombres. Certes, ma pensée est vivante, et forcément elle évolue (et j’espère, en bien). Mais très franchement, je ne pense pas avoir tenu un discours moins clair et moins charitable avant. J’ai toujours dit la même chose depuis 8 ans, en veillant sans cesse à l’équilibre entre Vérité et Charité, entre fond et forme, à la vie comme sur internet. Cette impression de « changement radical » vient avant tout, je crois, des fantasmes qu’on projette faussement sur moi, des incompréhensions, des lenteurs, de l’ignorance, de l’homophobie et de la schizophrénie, qui gagnent beaucoup de catholiques, en particulier concernant l’homosexualité et la probabilité qu’elle soit le lieu de l’Action de la Grâce. D’ailleurs, ces derniers continuent de m’inviter en cachette, sans m’assumer, de me trouver « courageux » sans pour autant m’encourager à l’extérieur, et sont persuadés que j’ai un agenda de ministre, que je suis invité à droite à gauche et très sollicité, alors que pas du tout. Pour être honnête, je n’ai pas changé de discours. Je ne suis pas différent « en vrai » et dans mes livres. Je n’ai rien changé. De même pour ceux qui, en ce moment, rêvent que j’aille mal pour mieux se lamenter sur mon sort et exercer leur chantage spirituel : « Tu ne vas pas bien en ce moment. Tu te radicalises. Tu m’inquiètes. Je prie beaucoup pour toi. » Si vous voulez vraiment prier pour moi, ne me souhaitez que du bien, et regardez surtout que je ne suis ni aussi malheureux, si aveugle et si intransigeant que vous le souhaiteriez. La plupart du temps, ce n’est pas moi qui me radicalise : c’est vous qui vous ramollissez. Ce n’est pas grave : je m’en remets :-).