La Messe des Cinglés

De retour de la messe de la dernière chance, celle de 22h à la Basilique du Sacré-Cœur à Montmartre, la dernière de Paris. Ça fait plusieurs fois de suite que je m’y rends, et j’y trouve souvent une grande force… et aussi une bonne occasion de rire, parce qu’on y voit un condensé de toute l’humanité de l’Église universelle dans tout ce qu’Elle a de beau et de misérable. C’est la Messe des Cinglés. Et j’avoue que j’aime bien : entre le mec du premier rang qui parle tout haut en devançant tout ce que prononce le prêtre, la grosse mama antillaise toujours assise à la même place et généralement super méchante avec son entourage, le type qui à la fin de la messe recule en marche arrière sur l’allée centrale tout en veillant à rester les yeux fixés sur le chœur et l’Eucharistie exposée … c’est un peu la Maison des fous ! Ce soir, il y a encore eu quelques rebondissements : un monsieur qui, au moment de la première lecture, a essayé de piquer la place du lecteur en s’avançant précipitamment (sa course a été stoppée in extremis par une paroissienne) ; puis, juste après la quête, une femme-flic qui est venue avec un autre homme embarquer une dame qui était sagement en train de prier. Enfin, un prêtre russe ou polonais (très joviale, en tout cas) célébrait la messe avec entrain. Et j’ai souri car il a fait une référence très précise à mon moment de prière (précédant la messe) devant la statue de saint Antoine de Padoue avec l’Enfant Jésus, puisqu’il a basé toute son homélie sur le fait que chaque être humain était une petite bougie. Et face à saint Antoine, à sa statue, et à la vingtaine de petites lumignons se trouvant à ses pieds, je m’étais fait exactement la même réflexion : que nous les Hommes nous étions tous des bougies qui brillaient au pied de Dieu, qui avaient un peu de la luminosité insondable du Soleil, et que Jésus, pour se rendre accessible à ceux qui ne veulent/peuvent pas sortir de leur caverne pour profiter de sa grande lumière solaire, avait, pour respecter notre liberté et nous rejoindre dans nos obscurités, consenti (Lui, le Soleil, pourtant) à devenir petite bougie avec nous. Et cette découverte nous a fait rire Jésus, Saint Antoine et moi. (Oui, je sais, moi aussi, je suis un des frappa-dingues de la Messe des Cinglés…^^)