L’affaire Enthoven sur l’islamophobie de la nouvelle traduction du Notre Père : le bon élève qui se fait gronder puis applaudir par ses maîtres bobos cathos


 

La preuve que les bobos cathos (de droite « pondérée » du style Koz Toujours, Padreblog, Cédric Burgun, ou carrément d’extrême droite – qui ne s’assume pas d’extrême droite – du style Fikmonskov) ne savent pas penser et se ressemblent (alors même qu’ils croient s’opposer) : en ce moment, ils se mettent tous à applaudir comme une marque de « courage » le rétropédalage du journaliste Raphaël Enthoven qui sur l’antenne d’Europe 1 avait associé le 21 novembre dernier la suppression du verbe « soumettre » de la prochaine nouvelle version du Notre Père à de l’islamophobie de la part des catholiques :
 

 

Ont-ils réellement écouté le faux mea culpa d’Enthoven trois jours plus tard, le 24 ? Visiblement non. Ils n’ont relevé que la bonne intention, sans aller voir plus loin. Je dis « faux mea culpa » car à quoi sert de demander pardon pour les mauvais motifs, ou juste pour la convenance ? Dans la première émission, Enthoven a eu raison de dire que ce changement textuel du Notre Père était inutile, frisait l’hypocrisie, et cachait quelque chose d’une islamophobie. Il a eu raison d’y voir un symptôme révélateur d’une islamophobie dans le sens noble et premier du terme (« peur de la soumission/obéissance » puis « peur de l’islam ») chez les catholiques : 1) l’islamophobie – qui est « gêne par rapport à l’islam » et non « persécution des musulmans » – est justifiée car je crois que l’islam est mauvais (pas les musulmans, bien évidemment) ; 2) je constate aussi que dans l’effacement du verbe « soumettre » dans le Notre Père, il y a une islamophobie mauvaise car beaucoup de catholiques ont peur – à tort – de se soumettre à Dieu, refusent l’obéissance et la juste soumission. Je ne vois donc pas pourquoi la chronique d’Enthoven a été épinglée par une grande majorité des leaders d’opinion catholiques… si ce n’est parce qu’il a effectivement mis le doigt sur leur révolte cachée contre Dieu, et leur refus de se soumettre à Lui. Il y a en ce moment une réelle islamophobie chez les catholiques. Et la proposition de réforme de la prière du Notre Père en est le signe.
 

Par ailleurs, pourquoi la plupart des catholiques se félicite de la deuxième version « corrigée » et polie d’Enthoven, et considère ses plates excuses comme une magnifique preuve d’humilité de sa part, alors que c’est précisément une lâcheté qui vient tout gâcher de sa première bonne intuition ? Enthoven bat sa coulpe sur la forme, pas le fond. Ce n’est pas ça, demander pardon. Formuler un « mea culpa » n’est pas en soi à célébrer, d’autant plus si celui-ci est appris, ne revient pas sur les faits et ne s’appuie pas sur la Vérité. Il regrette d’avoir froissé une susceptibilité, un objet affectivement chargé telle qu’une prière, alors qu’il n’avait rien cassé du tout : il n’a fait que critiquer une traduction et non le Notre Père en lui-même. Et son procès d’intention d’islamophobie me semble tout à fait avéré dans les faits, en plus. Je ne vois pas non plus en quoi exposer un avis et une hypothèse – en plus vraie – sans droit de réponse immédiat ou de contre-avis, serait une « connerie », une « inculture » (Enthoven est loin d’être con) ou une « atteinte à la démocratie et aux croyants catholiques de bonne foi ». C’est le principe d’une chronique journalistique que de soumettre un avis et de bousculer, que je sache ! C’est le propre d’un travail de journaliste que d’expliquer les intentions et les contextes qui conduisent à certains faits sociaux. Je ne vois pas non plus en quoi Enthoven n’aurait pas son mot à dire sur une traduction du Pater objectivement inutile et pour autant très signifiante : Dieu permet que nous puissions obéir et nous soumettre au mal. Quel est le problème, puisque c’est la Vérité ? Et la phrase de conclusion d’Enthoven « Tout procès d’intention condamne l’accusateur lui-même. » est complètement faux cul, soumise (au paraître et à l’applaudimètre, pour le coup) et conne. Il y a des procès d’intention qui se révèlent vrais car ils collent au réel et à l’amour des personnes : tout intellectuel doit assumer de penser, d’interpréter. Le bon procès d’intention mérite juste de s’appeler « critique », « jugement », « hypothèse », « interprétation », « corrélation », « synthèse », « dénonciation ». Et il existe de bonnes accusations : celles qui condamnent le mal et non le pécheur.
 

Ce petit « incident » radiophonique prouve bien une chose : l’état déplorable du journalisme « catholique » actuel. Nous n’avons quasiment plus de penseurs, y compris chez nos prêtres. Et trouver « héroïque » le mea culpa d’Enthoven, alors qu’il est précisément la marque de son orgueil et de sa soumission hypocrite au qu’en-dira-t-on et à sa peur du scandale de la Vérité, illustre combien ce n’est pas Enthoven qui « ne fait pas son travail » mais bien les intellectuels catholiques actuels. Le seul moment où Enthoven n’a pas fait son travail, c’est précisément quand il s’est aplati pour effacer sa copie et pour se conformer aux critiques infondées de son premier bon travail de journaliste. Notre monde et notre Église vont très mal.