Le Palmashow a choisi le confort


 

Déçu par la soirée du Palmashow. Peu insolents. Peu gêneurs. Peu empêcheurs de tourner en rond. De l’impertinence sage. Une pâle copie des Inconnus, avec le mordant de la Vérité en moins. Les thèmes traités sentent le conformisme politiquement correct, le cliché rebattu, sont faussement dangereux et polémiques (exemples : les tracas de la vie moderne, le clivage Paris/Province, le véganisme, le bio, les réseaux sociaux, le boboïsme, la politique sécuritaire, etc.). Ça tourne en rond, et ça ne va pas changer la face du monde. Il y a peu de création et de créativité. Je le vois aussi dans les vidéos Youtube et dans les sketchs d’énormément de comiques actuels en panne d’inspiration et de grands combats : ça s’enlise souvent dans le folklore, ça s’abaisse à la reproduction mimétique et soi-disant familière de la quotidienneté (consumériste) de Monsieur et Madame Tout-le-Monde. C’est de la parodie de parodie.
 

Il n’y a pas de Vérité risquée donc pas d’humour (j’ai ri seulement deux ou trois fois franchement : par exemple, quand le faux Florent Pagny de The Voice fait semblant de retirer une particule de poussière sur son buzzer rouge au lieu d’appuyer). Et il faut malheureusement reconnaître que ce folklorisme constitue le fond de commerce et d’inspiration des humoristes carriéristes et « beaufs qui s’ignorent ». On a affaire avec le Palmashow à des sketchs qui risquent de mal vieillir car ils sont trop soumis aux modes, aux impératifs de succès et de rires, aux fausses problématiques des bourgeois-bohème (même si les bobos passent leur temps à se moquer les uns des autres et à croquer le boboïsme).
 

On sent dans ce type d’émissions que derrière l’alibi de l’humour et du portrait social « mordant » ou « décalé », il y a de la part des acteurs un enchaînement aux modes, des enjeux d’argent, d’audimat, de contrat et de création de chaîne « Palmashow » à la clé, ainsi qu’un copinage carriériste avec les grands noms de la scène humoristique française qui se partagent le gâteau du « prime » TF1 sous le masque de « guests » (invités). Et ça, c’est gênant. On n’avait pas cette starisation au temps des Inconnus.