Le Super-Héros devient Super-Méchant et/ou Super-Tapette

Deadpool
 

Ça fait un moment que je vous parle de la corrélation (en apparence pleine de légèreté et d’humour) entre homosexualité et super-héroïsme.
 

Cependant, là, je trouve qu’on monte d’un cran dans la transgression. Je me permets d’attirer votre attention sur une mutation qu’on voit aujourd’hui sur nos écrans : l’apparition des super-héros méchants. Cette mutation a l’air anodine puisqu’elle est en partie cinématographique… mais elle est en réalité abominable et inquiétante. J’en avais déjà parlée dans mon code « Super-Zéro » de mon livre Les Bobos en Vérité, pour illustrer que la recherche d’anticonformisme bobo n’allait pas se métamorphoser uniquement en nullité ou en une vacuité carnavalesque, mais qu’elle se dirigeait bien vite vers une violence incontrôlable. Selon certains programmes TV (Jackass, combats de catch) et films, être différent et cool, ça doit passer par la méchanceté (pour les garçons), par le caprice et le fait d’être désagréable et expéditive (pour les filles : cf. la figure de l’Effrontée – code 47 – ; bientôt le film « La Fabuleuse Gilly Hopkins« ).
 

 

Vous allez me dire : « Rien de nouveau sous le soleil : il y a toujours eu de la violence à la télé et au cinéma. C’est regrettable mais c’est comme ça… » Néanmoins, la grande différence, c’est que cette méchanceté est maintenant valorisée et héroïsée. Elle sert de modèle pour tout public. La différence (inquiétante), c’est que dans les films de héros, la nouvelle morale est l’immoralité la plus saignante : le Gentil, pour ne plus apparaître comme trop gentil et naïf, devient méchant, cynique, vengeur. Il va être capable de trouver sa dissidence dans un pastiche raté (et parfois homosexualisé) du Super-Héros traditionnel, quitte à ce que ce ratage autoparodique soit réellement violent, méchant, homophobe (pour désacraliser le côté « kitsch paillette » du lycra), sur le mode du film « Deadpool » (2016) de Ted Miller qui sort la semaine prochaine (âmes sensibles, s’abstenir), de « Kick-Ass » (2010) de Matthew Vaughn, de « Kill Bill » (2003) de Quentin Trantinno ou de « Zoolander 2 » (2016) de Ben Stiller. Il y a largement de quoi s’inquiéter de ce revirement bobo du Super-Héros. Si maintenant le monde dégotte ses héros chez les cruels, il se prépare à être d’une cruauté sans nom dans le réel.