L’Église en France : pâle figure à côté de sa soeur espagnole !

Je reviens de trois journées (du 28 au 31 mai 2013) de visite au diocèse de Tolède, avec un ami prêtre toulonnais, pour assister à la grande fête duCorpus Christi. Et j’avoue que je me suis pris une grosse bonne claque très vivifiante dans la gueule. Parce qu’au départ, j’arrivais sincèrement en pensant que l’Église française allait donner l’exemple à une pauvre Église espagnole arriérée, en décrépitude et en perte de vitesse. Et j’ai réalisé que l’Église en crise, avec peu de jeunes, peu de structures, peu de personnel, peu de médias, peu de prêtres, et à l’avenir incertain, c’était NOUS, EN FRANCE ! Un exemple tout bête : dans le diocèse de Tolède, il y a actuellement 350 prêtres pour 700 000 habitants ; dans le diocèse de Fréjus-Toulon, qui est pourtant l’un des diocèses français les mieux lotis (avec 70 séminaristes, un évêque – Monseigneur Rey – qui dépote), on dénombre seulement 215 prêtres pour 1 million d’habitants ! Et si ce n’était que ça… Le diocèse de Tolède possède une télévision diocésaine (RTVD) qui emploie 18 personnes (pas de télé dans le diocèse de Toulon), une équipe de 20 professionnels spécialisée dans la défense de la famille (psychologues, avocats, psychiatres, formateurs, professeurs, Foro Familia ; dans le diocèse de Toulon, on ne compte que 2 psychologues employés par le diocèse…), deux petits séminaires (celui de la ville de Tolède accueille aujourd’hui 60 adolescents, qui sont accueillis dès l’âge de 10 ans ; les petits séminaires n’existent pas en France…). En conversant avec les séminaristes et les prêtres de Tolède, ils me disaient que dans les diocèses espagnols où il n’y avait pas de petits séminaires, une baisse des vocations s’observait. Certes, l’installation de petits séminaires est un coût énorme, un investissement à long terme, un pari risqué. Mais ils sont indéniablement la première marche – et la marche la plus solide – vers le remplissage des grands séminaires. Ce sont ces « séminaires mineurs » qui construisent l’avenir d’une Église dans un pays. Non seulement ils mettent en lien de nombreuses familles entre elles, mais en plus, ils consolident un puissant esprit de camaraderie. C’est fou de voir la bonne ambiance qui règne entre séminaristes dans Tolède !

Bref, je ne veux nullement démoraliser l’Église française en la comparant à l’Église espagnole, alors que chacune à ses richesses, ses traditions culturelles et ses contextes singuliers. En plus, le diocèse de Tolède fait office d’exception dans son propre territoire, car si l’on se base sur des diocèses espagnols classiques, on observe la même configuration, la même crise des vocations et la même situation précaire que dans beaucoup de diocèses français. Et puis le danger qui guette des pays tels que l’Italie ou l’Espagne, dotés de structures et de personnels ecclésiaux solides, c’est de s’endormir dessus. Cependant, il s’agit de rappeler à l’Église de France et aux évêques que sans structures ni personnels (coûteux), sans investissement dans les médias, sans pari sur la jeunesse (notamment avec l’ouverture de petits séminaires), Elle se prépare un avenir particulièrement sombre et ronronnant.