Prêtre et seul avec mon homosexualité quand la porte de mon appartement se ferme


 

Un prêtre avec tendance homosexuelle est un homme extrêmement isolé et qui peut difficilement être aidé, et par conséquence, facilement tomber.
 

Pour en avoir entendu un certain nombre comme lui souffrir d’un isolement mortifère quasi insoluble (il me dit qu’une fois la porte de son appartement close, il se retrouve seul, tout seul, avec son homosexualité), je sais qu’il est très difficile pour lui de se confier sur son combat contre la pratique homo, y compris aux paroissiens et amis prévenants qui veulent l’aider et qui lui demandent comment ça va ; y compris avec des temps d’oraison et de supplication en tête à tête avec Jésus ; y compris quand on lui sert des topos sur l’affectivité, la gestion et les ravages du porno, la prévention des actes pédophiles (car ça parle de tout sauf de son homosexualité). Il est très difficile aussi pour lui de trouver un soutien ou une consolation adaptée auprès de ses collègues prêtres, de son conseiller spirituel et de son évêque, qui en général prennent sa tendance homosexuelle ou sa pratique soit au tragique soit en pitié, pour ne pas la traiter. Il n’existe quasiment rien dans l’Église pour l’aider sur son handicap et sa condition spécifiques. C’est pourquoi, quand il parvient à se dominer et à être abstinent (à défaut d’être continent), c’est à mes yeux un grand saint et un grand ami de Jésus.
 

Mais je comprends, vu le peu d’aides adaptées qui lui sont proposées, pourquoi il tombe souvent. Je n’excuse pas ses chutes. D’autant plus que le statut sacerdotal ou monacal accentue objectivement la gravité, l’inquiétude et la portée de ses actes pour son âme et celle de ses fidèles. Je dis juste que je les comprends, et que je vois qu’objectivement il n’est pas aidé, ne serait-ce qu’ecclésialement et amicalement, qu’il est peu nourri intellectuellement. Il a des circonstances atténuantes.
 

Alors courage, mon frère ! Jésus t’aime et voit tes péchés avec indulgence parce qu’il connaît l’homophobie (peur et mépris à l’égard des personnes homos) qui t’entoure, qui prédomine dans l’Église – en particulier au sein de ta paroisse et de la Curie –, et dont tu pâtis. Ton isolement et la bêtise/la lâcheté/le sectarisme de la très grande majorité des catholiques à l’égard des personnes homosexuelles dont tu fais partie, le révolte aussi. L’important est que tu te relèves, que tu profites du sacrement de confession, que tu ne te dégoûtes pas toi-même ou que tu ne te juges pas trop sévèrement, que tu ne sois pas trop dur avec toi-même (car ça, ce serait de l’orgueil), que tu ne te penses pas « illégitime » dans ton sacerdoce. Si tu es prêtre ET homosexuel, c’est pour une double et précise raison : c’est 1) pour que tu le restes ; 2) parce que Jésus t’aime avec cette double particularité invisible. Jésus nous aime, nous, personnes homosexuelles. Et celles parmi nous qui pratiquons parfois les actes homos le faisons uniquement dans les moments où nous oublions Son amour spécifique.