Prier, c’est fermer ma grande gueule

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En charge des brèves pour le journal France Catholique, je suis affolé de l’actualité mondiale chargée et catastrophique de cette semaine : immigration massive en Grèce, chute de la Bourse en France, véritable calvaire apocalyptique pour les populations d’Irak, tueries sans fin au Nigéria, guerre entre Turcs et Kurdes, conflit imminent entre Corée du Nord et Corée du Sud… J’ai admis que je ne priais pas assez : par flemme, par ennui pendant l’oraison, à cause de tout un tas de mauvaises excuses et mauvaises priorités, parce que je ne comprends pas toujours le sens et l’efficacité de la prière, parce que je ne trouve pas ça assez concret ni actif. Et puis, à force d’être poussé par ma mère spirituelle, à force d’entendre les mystiques assurer qu’il n’y a pas de grands saints sans oraison, à force d’entendre l’état du monde qui se dégrade à grande vitesse, et grâce à des amis comme Éline, j’ai réussi à me botter le cul pour vivre une heure d’oraison par jour. Une vraie heure d’oraison gratuite, que pas même une messe, une prière collective, la récitation d’un chapelet, ne remplacent. Je ne peux pas garantir que je tiendrai sur la durée, mais au moins je le veux et je m’y engage. Et en m’organisant, je vais y arriver !

 

Cela fait quelques jours, j’ai commencé à comprendre l’intérêt de prier Dieu depuis que j’ai cessé de me dire que pour vivre une bonne oraison il fallait que je parle, que je fasse quelque chose. Non. Je ferme la gueule. Il est là devant moi. Je suis là. Je ne comprends pas tout, et basta. Je ne cherche pas à occuper ma prière, à m’inventer des excuses d’être là, à formuler des phrases pas naturelles, à dire des trucs intelligents et pathos. Silence et présence. Quelques rares demandes. Point. L’échange riche et naturel viendra en son temps et sera donné.
 

Les mots de saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars (qui n’était pas un intello), m’ont aidé : « On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier. On sait que le Bon Dieu est là, dans le Saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur, on se complaît dans sa sainte présence. C’est la meilleure prière, celle-là. […] Écoutez bien cela mes enfants. Dans les premiers temps où je me trouvais à Ars, il y avait un homme qui ne passait jamais devant l’église sans y entrer. Le matin, quand il allait au travail, le soir quand il en revenait, il laissait à la porte sa pelle et sa pioche, et il restait en adoration devant le Saint Sacrement. Oh ! J’aimais bien ça ! Je lui demandai une fois ce qu’il disait à Notre Seigneur pendant les longues visites qu’il lui faisait. Savez-vous ce qu’il m’a répondu ? ‘Eh ! Monsieur le curé, je ne lui dis rien. Je l’avise et il m’avise.’ Que c’est beau, mes enfants, que c’est beau ! […] Tenez, mes enfants, quand vous vous éveillez dans la nuit, transportez-vous en esprit devant le tabernacle et dites à Notre Seigneur : ‘Mon Dieu, me voilà ! Je viens vous adorer, vous louer, vous bénir, vous remercier, vous aimer, vous tenir compagnie avec les anges !’ Dites les prières que vous savez, et si vous vous trouvez dans l’impossibilité de prier, cachez-vous derrière votre bon ange, et chargez-le de prier à votre place. »