Petit retour perso et impressions de l’avant-première du film d’animation dédié à Jésus « Roi des rois » (du Nord-coréen Séong-Ho Jang) à laquelle j’ai assisté cet après-midi (C’était au ciné Pathé de Convention, à Paris) et qui sortira en novembre prochain dans les cinémas (idée cadeau Noël) :
En gros, j’en ai retenu 3 idées fortes :
1) Jésus est transformé en business.
2) Le film est bourré de contre-vérités bibliques. C’est un contre-témoignage, en fait.
3) Jésus est transformé en Marque de la Bête (décrite par saint Jean dans l’Apocalypse).
Alors, concernant le 1), le Jésus transformé en business. Honnêtement, j’ai eu l’impression d’assister à un goûter d’anniversaire du Club Mickey (ballons gonflés, « buffet », pop-corns et bonbons à volonté, interview post-film pour vanter le film, ludothèque…) : je savais pas qu’être apprenti disciple de Jésus c’était aussi cool ! Ensuite, dès le mot d’accueil du directeur de la société de distribution du film en France (SAJE), Hubert de Torcy, avant la projection, j’ai compris immédiatement qu’on avait affaire à un sacré marchand du Temple. Il ne nous a pas parlé du thème du film, de son sens, de son message. Pas du tout! Il ne nous a même pas parlé du nombre de spectateurs qui l’ont déjà vu aux États-Unis au cours de cette année. Non non! La seule chose qu’il a souligné (face à l’immense salle remplie de gamins en bas âge et de mamans), ce sont les recettes financières de ce dernier! : « Ce film a atteint les 80 millions de dollars aux États-Unis. Rendez-vous compte! » Ben oui, c’est magnifique… Tu vois tout de suite la priorité du mec et de sa société de prod : le FRIC ! Et bien sûr, ces businessmen (bons pères de famille catho BCBG, avec noms à particule) ne se verront même pas comme les marchands du Temple de la Bible, vu qu’ils sont sincèrement convaincus qu’ils contribuent à faire connaître Jésus partout dans le Monde, qu’ils diffusent son message d’Amour et de Paix. J’ai envie de dire à ces escrocs : « Vous croyez vraiment que, parce que ça parle de Jésus et que c’est ‘biblique’ et ‘universel’, ça occulte votre business?!? Vous nous prenez vraiment pour des jambons ou quoi? » Par ailleurs, je trouve très douteux le nom de la société de production et de réalisation principale de ce film aux States : Angels Studios. Et, lors du générique d’ouverture, il est marqué textuellement qu’il est placé sous le mécénat – sans rire – de la « Guilde de l’Ange » (« Approuvé par THE ANGEL GUILD »). Pas du franc-mac’ ni luciférien. PAS DU TOUT! haha. Soit dit en passant, tout le cadre narratif du film est franc-maçon : Londres, l’époque victorienne, les chevaliers de la Table ronde, Jésus qui se targue d’être « franc », les nombreuses références à la magie (la Bible est montrée comme un grimoire magique, un récit cinématographique : « Montre-lui la magie de tes textes » conseille Catherine à son mari Charles, à propos de leur fils Walter ; et à la fin du film, Charles se félicite d’avoir captivé son fils rebelle en lui ayant fait croire à son joli récit biblique magique : « J’ai fait marcher ma… magie. »), etc. Formidable… Le début du film démarre même sur une adresse « aux esprits », à leur « culte » pour « devenir meilleur ». All is well ! Rentrez dans notre loge christique, les enfants! C’est comme ça que vous suivrez « le Seigneur »!
Concernant le 2) : Ce film donne une image faussée de Jésus et des Évangiles. Et rien ne sert de brandir l’argument comme quoi « c’est à destination des enfants, des non-croyants, des débutants dans la Foi, et d’un public familial… donc il a bien fallu vulgariser, adapter, simplifier ». Quelques exemples de contre-vérités « énormes » : l’Enfant-Roi (Walter) et son père (Charles) qui s’excuse platement de l’avoir grondé (sous le règne féministe et matriarcal de la mère-épouse Catherine, l’autorité paternelle c’est « maaaal »), Jésus transformé en magicien dès qu’il opère tous ses miracles (très sensationnalistes, d’ailleurs, et très électriques/solaires), Jésus qui ne pleure pas à la mort de son ami Lazare (il ne fait qu’afficher un orgueil souriant et contenu), Satan qui n’est absolument pas personnifié en ange lors des tentations au désert, la trahison de Judas montrée comme purement pécuniaire (alors que c’est beaucoup plus complexe, bien-intentionné et spirituel que ça), les Rameaux montrant un Jésus qui sourit avec ses disciples et défilant comme des reines de la mi-Carême dans les rues de Jérusalem, saint Pierre qui se fait laver les pieds lors de la Cène (Dans la Bible, on ne sait pas s’il a finalement accepté), Caïphe montré comme un grand méchant qui veut « tuer Jésus » (alors que dans la Bible, les chefs des prêtres veulent faire tuer Jésus, et non le tuer eux-mêmes), Ponce Pilate qui a les traits de Poutine (sans déconner!), le procès devant le gouverneur totalement zappé, le Sanhédrin transformé en place du village ou en plèbe, la vierge Marie qui crie un déchirant « Noooon!!! » au moment de la crucifixion de Jésus, le récit de l’Apocalypse carrément nié (« Satan est bien plus terrifiant qu’un simple dragon » déclare Charles à son fils Walter : ah ouais?), etc. C’est vraiment du grand n’importe quoi. La preuve que tout ça est de l’instrumentalisation de la Bible pour détourner le message du Christ et se faire de l’argent ou une carrière sur son dos, c’est qu’à un moment, le père du jeune héros du film, Charles Dickens, dit à son fils Walter « Tu sais, de nombreuses personnes ont essayé de manipuler la parole de Dieu pour… » et là, sa femme Catherine ouvre la porte et lui coupe brutalement la parole pour qu’il ne puisse pas finir sa phrase : « Qui veut un biscuit? ». Parce qu’en réalité, ceux qui instrumentalisent la parole de Dieu, ce sont les scénaristes et le réalisateur de ce navet!
Concernant le 3) : Jésus est vraiment transformé en Marque de la Bête. D’abord, il s’agit d’un Jésus IA (comme les hologrammes de Léonard de Vinci au salon VIVA TECH). Et cette usurpation identitaire diabolico-numérique transparaît à l’écran surtout à travers le regard malsain de ce Jésus. Un regard trop intentionnellement chargé, voulu excessivement pénétrant et aimant, pour ne pas devenir maléfique et grossièrement « bon ». Sans compter que les promoteurs du film nous engagent à vite scanner le QR Code pour donner notre avis sur le film! (Vous allez oui ou non porter la puce, bordel de merde?!!). Ensuite, l’animal (le chat Willa) est le double du jeune héros (Walter) et est omniprésent (limite invasif) dans toutes les scènes. Il est tacitement le vrai roi du film : « Sir Willa est le seul et unique roi légitime partout où il va. » déclare fièrement le jeune Walter. Et le père (Charles) se lamente de constater que le véritable « roi des rois » du film, c’est bien le chat (et non Jésus, comme annoncé) : « Il serait possible d’être seuls sans le chat? » déplore-t-il quand il entre dans son salon-bibliothèque. D’autant plus que ce félin a souvent l’air méchant dans ses mimiques. Et la scène qui m’a halluciné, et qui prouve à elle seule que ce film est une promotion inconsciente de la Marque de la Bête, c’est lorsque le chat Willa échappe à la vigilance de ses maîtres lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem (les Rameaux), et que là, Charles Dickens, en voulant le retrouver, se fait d’abord écraser/piétiner la main droite par un passant, puis se prend un coup de panier sur la tête qui le fait chuter au sol, lui laissant une marque sur le front (la Marque de la Bête, dans l’Apocalypse, se situe effectivement sur la main droite et/ou le front : CQFD). Enfin, l’autre signe que ce film est une promo de la Marque de la Bête, c’est le focus sur la main tendue de Jésus (vous savez, comme dans les décos kitsch de salon qui font très protestantes, tradismatiques, témoins de Jéhovah, ou bien qui reprennent la scène d’Aladdin de Disney, avec Aladdin qui dit à Jasmine « Vous avez confiance en moi? » en lui présentant sa main). C’est tellement un leitmotiv, cette main de Jésus qui sauve ou qui guérit, dans le film, qu’en guise de best-of conclusif, on nous présente toutes les scènes du film où Jésus a tendu sa main (au moins 6 scènes). Pour faire comprendre aux enfants « Aie confiaaaanccccce, croizzzenmoi ». Ne vous inquiétez pas les enfants : acceptez la Marque de la Bête, puisqu’elle se fera appeler « Jésus » (ou « Sacré-Coeur ») ! Les yeux fermés, si possible. Voilà! C’est votre double, Walter, qui, avec son épée sur l’affiche, va vous marquer, donc c’est cool !
À l’issue de la projection, j’allais me lever de mon siège (au deuxième rang) lorsqu’une femme de 55-60 ans est venue m’accoster, tout inquiète : « J’ai vu que vous preniez des notes pendant la projection du film. Rassurez-moi : Vous avez aimé, quand même…? ». Autrement dit, « Promettez-moi que vous n’en direz pas du mal, hein? » Je lui ai à peine répondu. Je me suis juste dit en moi-même : « C’est drôle, quand même, cette peur que j’ai provoquée. Que cette femme s’inquiète que quelqu’un puisse réfléchir et écrire sur ce film, ait des choses à en penser et à en dire, et donc qu’il puisse potentiellement en dire du mal… Vous avez peur d’être démasquée dans votre naïveté, aveuglement, voire complicité, ou quoi? »