« Tu n’es pas seul » : Si, tu es seul, et tu n’as jamais été aussi seul

La première et seule réaction que la majorité des catholiques ont lorsqu’un problème ou un drame interne se produit dans l’Eglise (genre le suicide d’un jeune prêtre), c’est le déni compassionnel. « Ça ne s’est pas produit, ou c’est faux, puisque je suis là, puisque je t’aime et je prie pour toi !!! ». J’en tiens pour preuve la clameur du chœur des vierges meurtries chantant peu ou prou la même condoléance michaeljacksonnienne « You are not alone » (et l’injonction « Dites à votre curé que vous l’aimez! Manifestez-lui votre gratitude et votre compagnie avant qu’il ne commette le pire, et bien qu’il cache son mal-être. C’est un humain autant qu’un prêtre!! ») suite au suicide du jeune prêtre « top model » italien Matteo Balzano, 35 ans, samedi 5 juillet dernier.
 

C’est faux de dire « Tu n’es pas seul! ». Si : en tant que prêtre aujourd’hui, tu es seul. Et tu t’es senti seul. Sinon, tu n’en serais jamais arrivé à te suicider. Et ta solitude va s’accentuer : tiens-le-toi pour dit! Ça ne va pas aller en s’arrangeant !

 

Et je ne pense pas que la vague d’émotion suscitée par la mort du père Balzano (changé en icône magnifique de sacerdoce souffrant, de souffrance muette : « Il emporte son secret dans sa tombe… ») change quoi que ce soit. Je serais prêtre, elle m’enfoncerait et me déprimerait encore plus. Car elle me renverrait encore plus à ma laideur ou insignifiance physique, à ma vieillesse, à mes problèmes cachés (« Si ce prêtre est pleuré, c’est plus pour son statut de beauté fauchée, de gâchis esthétique énorme, de jeunesse idéalisée, que pour son statut de prêtre et les raisons réelles qui l’ont poussé à commettre le pire. »). Ça me dirait aussi que les maux et les épreuves sacerdotales actuelles, n’étant ni reconnus ni arrachés à la racine, sont toujours là et vont se reproduire (à la stupéfaction générale).
 

Maintenant, après avoir fait le constat TU ES SEUL, la question, c’est pourquoi tu es/te sens seul. Et là, on peut commencer à ouvrir les gros dossiers : l’homosexualité sacerdotale en premier lieu. Et personne ne le fera, je peux malheureusement vous le certifier! Puisque les gens d’Église jettent unanimement les témoins-analystes homos publics dehors! J’en suis la preuve vivante.
 

Et la solution, ce n’est pas « la prière », « l’accompagnement », la « formation au séminaire », le fait de dire « je t’aime » à vos curés, ni même « inviter à manger »… Non : c’est bien plus profond que ça. C’est se former sur l’exorcisme, les addictions, l’homosexualité, la dépression, les psychoses, l’adultère, les passions amoureuses, l’affectivité, la prostitution, les crises narcissiques dues aux réseaux… (Je précise à toutes fins utiles que les conférences sur les dégâts du porno, c’est du faux « subversif », du faux « osé/tabou », et que ça ne sert quasiment à rien).
 
Voilà voilà.
 

Pendant ce temps-là, sur Outplay, un autre « Accompagnez vos prêtres »… haha