Code n°58 – Ennemi de la Nature (sous-codes : Corps morcelé / Diable au corps)

ennemi de la nature

Ennemi de la Nature

 

NOTICE EXPLICATIVE

 

 

Quand l’idolâtrie homosexuelle pour la Nature vire à la peur, au mépris et à la destruction de Celle-ci

 

On entend souvent dire par les détracteurs de l’homosexualité qu’elle serait contre-nature (Bible et experts natalistes à l’appui). « Pas du tout ! » s’insurgent les personnes homosexuelles qui pratiquent leur homosexualité : celles-ci soutiennent que leur désir homosexuel n’est pas un choix, que pour le coup leurs actes homosexuels ne seraient pas non plus totalement choisis, voire même qu’ils seraient très naturels pour elles puisqu’ils ne demanderaient aucun effort, seraient très corporels et procureraient un plaisir immédiat et simple. C’est la raison pour laquelle, dans le code « « Plus que naturel » » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels, j’ai expliqué que, même si en soi les actes homosexuels sont contre-nature (car ils rejettent la différence des sexes qui est le socle de notre Humanité), en intentions et dans l’esprit de la plupart des personnes homosexuelles ils ne le sont pas et leur apparaissent même comme une célébration de la Nature. Car le paradoxe, c’est que les personnes homosexuelles pratiquantes détruisent la Nature, leur corps, l’écologie, au nom de la Nature, de l’idolâtrie des corps (asexués), d’une célébration excessive de l’écologie et des sens corporels.

 

Nous allons voir dans ce chapitre « Ennemi de la Nature » comment, malgré les bonnes intentions (scientifiques, artistiques, humoristiques, militantes, spirituelles), la grande majorité des personnes homosexuelles détruit concrètement la Nature, les Corps, parce qu’elles En ont peur et Les sentimentalisent. Elles pensent naïvement que la Nature domine l’Homme, le transforme en marionnette, qu’Elle est capable de se tromper, de pleurer, de rire, de réagir comme un humain, d’être « méchante » et « injuste ». Et certaines même se permettent alors de Lui en vouloir comme des amantes jalouses, et de se venger sur elles-mêmes de cette soi-disant « Cruelle Maîtresse » qui n’est que le fruit de leur propre anthropocentrisme individualiste et égocentrique.

 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Amoureux », « Scatologie », « Obèses anorexiques », « Frankenstein », « Extase », « Médecines parallèles », « Cannibalisme », « Jardins synthétiques », « Bobo », « Homme invisible », « Ville », « « Plus que naturel » », « Clonage », « Maquillage », « Pygmalion », « Se prendre pour Dieu », « Différences physiques », « Se prendre pour le diable », « Passion pour les catastrophes », « Miroir », « Moitié », « Fusion », « Poupées », « Main coupée », « Désir désordonné », « Focalisation sur le péché », « Icare », « Substitut d’identité », « Île », « Eau », « Vent », « Un Petit Poisson Un Petit Oiseau », « Animaux empaillés », « Voyage », à la partie « Couteau » du code « Inversion », à la partie « Règles » du code « Mariée », et à la partie « Tatouage » du code « Homosexualité noire et glorieuse », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

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FICTION

 

 
 

La Nature cruelle à punir

 

ENNEMI ennemi naturel
 

Dans le discours sentimentaliste et anti-naturaliste des personnages gays friendly ou homosexuels des fictions homo-érotiques, la Nature (biologique, animalement domesticable, minérale, humaine) est remplacée par l’idée de « nature humaine » (pulsionnelle, instinctive, bassement animale, ou carrément rationnalisée, sentimentalisée, homosexualisée, spiritualisée). « Quelle étrange nature, la nature d’un homme… » (cf. une réplique de la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias) ; « Pourquoi l’avait-on doté d’une telle nature ? » (la conteuse par rapport à Dorian et à son homosexualité, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Accomplir parfaitement notre nature, voilà notre raison d’être. » (Lord Henry, idem) ; etc. C’est en se rabattant sur la défense de la « nature humaine » que certains personnages homosexuels croient défendre la Nature. Dans leur esprit, la nature-Cosmos poétique, sentimentale, va prévaloir sur la Nature réelle : « La terre me pèse un peu, bien sûr, mais j’aime l’idée de ne plus faire qu’un avec elle, de me fondre en elle, d’être envahi par elle, de m’en retourner en elle. » (Luca, le héros homosexuel du roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, p. 61) ; « Les liens de l’esprit ont parfois plus de valeur que les liens du sang. » (Georges, un des héros homosexuels de la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier) ; « Peu importe mon sexe, il s’agit de liberté ! » (Lou, l’héroïne lesbienne de la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; etc.
 

Cette nature théorique, rattrapée forcément par la Réalité, finit par rentrer en conflit avec elle-même et avec l’Homme (car l’humain n’est pas pur esprit). « Désaccord entre l’âme et le corps… même si la flamme au cœur brûle encore. » (cf. la chanson « La Vie continuera » d’Étienne Daho) ; « Les liens d’Eros tout-puissant sont-ils plus attachants que les liens du sang ? » (cf. la chanson « Les Liens d’Eros » d’Étienne Daho) ; etc. Et l’Homme qui croit en la vérité de cette fausse nature finit par vivre lui aussi un conflit entre ses pulsions et son propre corps anatomique/le monde naturel extérieur.

 

« Nature, tu n’es pas naturelle. Tu seras donc mon ennemie ! » Voilà le credo paradoxal du héros homosexuel. Comme la Nature et la Réalité n’obéissent pas à tous ses désirs, il se met à En avoir peur et à Les présenter comme de terribles dangers surnaturels à combattre. Dans de nombreux films, ce sont les éléments naturels qui sont montrés comme responsables de la mort ou des malheurs qui surgissent dans la vie des protagonistes homosexuels : cf. le film « L’Ennemi naturel » (2003) de Pierre-Erwan Guillaume (avec la marée montante), les films « Le Temps qui reste » (2005) et « Action Vérité » (1994) de François Ozon (avec la diabolisation des menstruations féminines), le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude (avec les habitants d’une île qui ne leur fait pas de cadeaux et les tue un par un), le film « The Birds » (« Les Oiseaux », 1963) d’Alfred Hitchcock, le roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa (avec la forêt dévorante), le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot (avec la mort de Saïd, foudroyé par un éclair), le film « Giorgino » (1994) de Laurent Boutonnat, etc.

 

Par exemple, dans le roman Le Froid modifie la trajectoire des poissons (2010) de Pierre Szalowski, le grand froid paralyse Montréal. Dans le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald, les nuages sont vus comme des dangers par Stella et Dotty, le couple de femmes âgées lesbiennes… et plus tard, à cause de la montée des eaux sur l’île qu’elles visitent, Dotty manque de se noyer. Dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, la pluie diluvienne et orageuse qui écourte la soirée LGBT en terrasse oblige les occupants homosexuels de l’appartement d’Harold et Michael à vivre la séance de torture que va être le jeu « Action ou Vérité ». Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, Frankie, le héros homosexuel, voit son appartement de San Francisco envahi par les souris. Finalement, il s’accoutume à ces rongeurs qui l’angoissaient, puisqu’il finit par s’acheter une cage et une souris. Dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza, Damien, l’un des héros bisexuels, a roulé en voiture sur un hérisson. Le film « 120 battements par minute » (2017) de Robin Campillo Nathan, avec son amant Arnaud, sont pris dans une tempête de neige et sont rendus invisibles dans leur voiture. Nathan s’est imaginé un accident dans lequel une voiture leur rentrait dedans : « S’il y avait une voiture qui rentrait dans la nôtre, on rencontrerait notre voiture calcinée. » Dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa, Phil, le jeune héros homo de retour de colonie de vacances, s’étonne de passer devant une forêt dévastée : « On a eu une tempête de folie. J’avais jamais vu ça. » lui dit Tereza, lesbienne, venue le chercher en voiture. Il ne reconnaît plus le jardin familial : « Y’a eu la Troisième Guerre mondiale dans notre jardin ? » « C’est la tempête. Elle a tout ravagé. » lui répond Glass, sa mère. Dans le film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button, Virginia Woolf a des hallucinations en lien avec une nature qui l’envahit : ça commence par des visions de lierres qui grimpent partout et envahissent son intérieur ; puis elle est attaqué par un groupe de corbeaux.

 

« Le courant est en train de m’emporter. […] Je me suis laissé entraîner par la marée. Mon corps s’est fracassé contre les rochers. Depuis, on ne me voit plus. » (Santiago s’adressant à son amant Miguel, dans le film « Contracorriente » (2011) de Javier Fuentes-León) ; « Les animaux me font flipper. » (Johnny, l’un des héros homosexuels dans le film « Children Of God », « Enfants de Dieu » (2011) de Kareem J. Mortimer) ; « Élève-toi avant que les chênes ne t’étouffent. […] Toi, tu n’es qu’un arbre banal. » (Négoce, l’un des héros homosexuels de la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; « Les nuits sans sommeil se faisaient sentir. Jane avait lu quelque part que c’était la façon dont la nature préparait les mères à ce qui allait suivre. Si c’était vrai, la nature était une garce. » (Jane, l’héroïne lesbienne enceinte, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 42) ; « L’Océan est traître, hein, Doni ? » (un collègue secouriste s’adressant à Donato, le héros homo, dans le film « Praia Do Futuro » (2014) de Karim Aïnouz) ; « La Plage du Futur est une plage dangereuse. » (Donato, idem) ; « L’air est si salé qu’il ronge le béton et le fer. » (Donato s’adressant à son amant Konrad, idem) ; « Le vent est parfois si méchant. » (Suki, l’héroïne lesbienne parlant de son billet envolé et qui lui a fait perdre son train, dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez) ; « Je vais t’aimer de plus en plus fort, et c’est toi qui vas m’aimer de moins en moins : c’est la nature. » (Diane, la mère s’adressant à son fils homo Steve, dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan) ; « La campagne, franchement, j’en ai rien à foutre. » (Carole, l’héroïne lesbienne du film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini) ; « Cette foutue météo ! » (c.f. la chanson « La Femme au milieu » d’Emmanuel Moire) ; « Toute ma vie je me suis sentie coincée dans mon propre corps. » (Morgane, héros transsexuel M to F, dans l’épisode 405 de la série Demain Nous Appartient, diffusé sur TF1 le 21 février 2019) ; etc.

 

Film "Suddenly Last Summer" de Joseph Mankiewicz

Film « Suddenly Last Summer » de Joseph Mankiewicz


 

En réalité, le personnage homosexuel ne fait que projeter sur la Nature sa propre méchanceté et ses fantasmes (car objectivement, aucun animal ne tue pour le mal ; les tremblements de terre ne sont pas « méchants » ; et la pluie n’est pas le ciel qui pleure) afin de n’assumer ni son identité profonde (d’homme ou de femme, d’Enfant de Dieu), ni l’existence de Dieu, ni la responsabilité de ses actions : « C’est pas de ta faute, c’est la nature. » (cf. la chanson « Petit Pédé » de Renaud) ; « Nul n’a le droit en vérité de me blâmer, de me juger. Et je précise que c’est bien la Nature qui est seule responsable si je suis un homme oh ! comme ils disent. » (cf. la chanson « Comme ils disent » de Charles Aznavour) ; « De façon ravageuse, la Nature est tueuse. » (cf. la chanson « Fuck Them All » de Mylène Farmer) ; « Notre Mère Nature m’a fait porter un sacré coup… en me faisant naître dans une petite ville de l’Indiana. » (Billy, le narrateur homosexuel du film « Billy’s Hollywood Screen Kiss » (1998) de Tommy O’Haver); « Cette Nature toute de feu et de glace ne pouvait admettre le tiède. » (la voix-off de Jean Cocteau dans le film « Les Enfants terribles » (1949) de Jean-Pierre Melville) ; « La Nature est cruelle. Sébastien l’avait toujours su depuis sa naissance. J’ignorais que nous sommes traqués, tous dévorés par l’avide Création. Je refusais d’affronter cette horrible vérité. Quand soudain, l’été dernier, j’ai appris que Sébastien disait vrai, que ce qu’il m’avait montré aux îles Galápagos était l’horrible, l’inéluctable vérité. » (Mrs Venable parlant de son fils homosexuel, tué par des mains d’hommes – la pègre de ses ex-amants –, dans le film « Suddenly Last Summer », « Soudain l’été dernier » (1960) de Joseph Mankiewicz) ; « Vous ne trouvez pas que la Nature fait penser à la mort ? » (Marianne dans le film « L’Arbre et la Forêt » (2010) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau) ; « Mon corps, il m’a trahie. » (Hadda dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 197) ; « La Nature est injuste ! La Beauté est injuste ! Et bien le corps aussi ! » (cf. une réplique de la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier) ; « Je suis une femme coincée dans un corps d’homme. » (Mia, le héros transsexuel M to F de la série Hit & Miss (2012) d’Hettie McDonald) ; « À l’avenir, je me violerai sur un tapis dans le pré. » (Anthony, l’un des héros homosexuels du roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; « Parfois, il arrive que la nature joue un mauvais tour à un homme. » (Joe travesti en Joséphine et s’adressant à Alouette, dans le film « Certains l’aiment chaud » (1959) de Billy Wilder) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « La Robe du soir » (2010) de Myriam Aziza, Juliette, l’héroïne lesbienne, a du mal à accepter son corps : elle ne veut pas aller se baigner, enlever son survêtement quand il fait chaud, etc. Dans le film « Corpo Giusto » (2010) de Jennifer Norton, Antonia est une jeune femme qui croit qu’elle est née dans le mauvais corps.

 

Le corps sexué est considéré comme un dieu diabolique, et comme une « erreur », une poupée à détruire, à transformer, à reconstruire à sa guise, à déformer, à nier parce qu’il est vivant et bien plus noble que le corps animal : cf. le roman Le Diable au corps (1923) de Raymond Radiguet, la pièce The Dog Beneath The Skin (1935) de Wystan Hugh Auden et Christopher Isherwood, le roman Le petit galopin de nos corps (1977) d’Yves Navarre, le roman Mon corps ce doux démon (1958) de Pierre de Massot, le film « Mysterious Skin » (2004) de Gregg Araki, la chanson « Sans logique » de Mylène Farmer, la chanson « Mon Démon » du Teenager dans la comédie musicale La Légende de Jimmy de Michel Berger, le film « La Chair et le Diable » (1927) de Clarence Brown, le film « Odio Mi Cuerpo » (1975) de Leon Klimovsky, le film « Stranger Inside » (2001) de Cheryl Dunye, le film « Corps perdus » (2012) de Lukas Dhont, etc.

 

Vidéo-clip de la chanson "Le Diable au corps de Clara Morgane

Vidéo-clip de la chanson « Le Diable au corps » de Clara Morgane


 

« J’suis mal dans ma peau. » (cf. la chanson « S.O.S. d’un terrien en détresse » de Johnny Rockfort dans l’opéra-rock Starmania de Michel Berger) ; « Le corps est le pire des traîtres. » (la narratrice lesbienne du roman La Voyeuse interdite (1991) de Nina Bouraoui, p. 61) ; « Pourquoi ce corps ? se demandait M. Fruges. Pourquoi l’esprit est-il lié à une chair d’où lui viennent toutes ces convoitises ? » (Julien Green, Si j’étais vous (1947), p. 138) ; « Ce pauvre corps dans lequel je me suis tellement ennuyé… » (Fabien, idem, p. 83) ; « Le soleil dort encore, j’ai le diable au corps, la nuit me jette un sort. » (cf. la chanson « Le Diable au corps » de Clara Morgane) ; « Le diable s’est incarné. Il a pris corps en vrai. » (Vincent Byrd Le Sage dans son one-man-show Le Maître des ténèbres : confession d’un ange déçu, 2003) ; « Mourad a le démon de la réussite et le diable au corps. » (Christophe Bigot, L’Hystéricon (2010), p. 23) ; « C’est maman qui avait raison : t’as vraiment le diable au corps. » (Sandrine s’adressant à son petit frère Julien, dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, l’épisode 8, « Une Famille pour Noël ») ; « J’ai vraiment un corps de base. Si j’étais une voiture, je serais sans option. Mon père m’a eue en soldes. C’est un radin. » (Shirley Souagnon dans son concert Free : The One Woman Funky Show, 2014) ; « Maintenant, mon corps me dit : ‘Fais ta vie. Je fais la mienne. » ; « J’ai peur quand on me touche. » (Juna, l’une des héroïnes lesbiennes de la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez) ; « Jane se vit vomir un petit diable dans l’allée centrale, l’horrible créature se tortillant, impuissante, sur les dalles de pierre. » (Jane l’héroïne lesbienne à l’église, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 199) ; « Je suis arrivé au Mexique encore vierge. Je repars en Russie débauché. Mon corps est un étranger. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; etc. Par exemple, dans la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet, Mercedes, la nymphomane, déclare qu’elle a le diable au corps. Dans la chanson « Burning Dancefloor » de Cassandre, il est question du diable au corps.

 

On retrouve assez fréquemment le symbole du corps humain morcelé, écartelé ou violé dans les fictions homo-érotiques : cf. le film « Strangers On A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock, le film « My Own Private Idaho » (1991) de Gus Van Sant, les œuvres de Yan Zhichao, La pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi (avec Fifi, le travesti M to F qui se fait couper une oreille, puis l’autre), le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin (avec des types découpés en dix morceaux), le one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011) de Raphaël Beaumont (avec Sofia, la femme-tronc), la chanson « La Femme coupée en morceaux » de la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy, la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi (avec le corps du bébé Katia « presque décomposé », en putréfaction), le film « Corps à corps » (2009) de Julien Ralanto, la pièce musicale Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, la pièce String Paradise (2008) de Patrick Hernandez et Marie-Laetitia Bettencourt, le film « Queens » (2012) de Catherine Corringer, la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1985) de Copi (avec la femme de ménage bardée de prothèses), la nouvelle « Les Garçons Danaïdes » (2010) d’Essobal Lenoir (avec le corps tranché de Pascal), le concert Le Cirque des mirages (2009) de Yanowski et Fred Parker, le film « Les Corps ouverts » (1998) de Sébastien Lifskitz, le roman Le Corps des anges (2005) de Mathieu Riboulet, le film « Smooth » (2009) de Catherine Corringer (avec le corps pâte à modeler), le film « Corps inflammables » (1995) de Jacques Maillot, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, etc. Par exemple, la pièce En panne d’excuses (2014) de Jonathan Dos Santos commence par un flash-info radiophonique annonçant qu’une jeune femme de 25 ans a été retrouvée morte dans un champ de colza, découpée en morceaux par le « Tueur à la Hache ».

 

Le corps sexué est rendu immatériel, est annulé par la métaphore poétique, spirituelle, sensuelle, métaphorique, érotisée (cf. je vous renvoie au code « Extase » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « Du bout des doigts je lis l’amour en braille. Ton épiderme me fait sa déclaration. » (le Comédien, dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier, p. 57) ; « Le corps de Pierre, le cul de Pierre, la queue de Pierre. Il faudrait désormais aussi compter avec le cœur de Pierre. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Cœur de Pierre » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 54) ; « Mon corps est moins pur que mon âme, je le disperse et je l’offre. » (Max Jacob dans le film « Monsieur Max » (2007) de Gabriel Aghion) ; « Je suis un pur esprit. […] Je ne veux pas ré-intégrer mon corps : c’est trop barbant ! » (la figure d’Érik Satie dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou) ; « L’électricité a envahi mon corps. J’ai joui ! » (Nathalie Rhéa parlant de sa rencontre avec Tatiana, dans son one-woman-show Wonderfolle Show, 2012) ; « Que laisserons-nous de nous, moitié anges moitié loups, quand nos corps seront dissous dans la langueur monotone du premier frisson d’automne ? » (Luca dans le spectacle musical Luca, l’évangile d’un homo (2013) d’Alexandre Vallès) ; « Finalement, ils se sont rendus compte qu’elle n’était pas fracturée. » (Joséphine s’adressant au téléphone à Alain Richepin, le rassurant sur l’état de sa fille lesbienne Romane qui n’est pas accidentée, dans l’épisode 68 « Restons zen ! » (2013-2014) de la série Joséphine Ange gardien) ; etc.

 

Le corps morcelé apparaît particulièrement chez des auteurs homosexuels tels que Copi, et plus largement ceux qui ont confondu le corps avec une marionnette, ou bien la Nature avec l’image fantasmée qu’ils s’En sont faite : « Mais vous êtes en lambeaux ! Venez que je vous ramasse ! Je vous recouds, Linda ! Vous êtes pas belle à voir ! […] Linda, j’explose ! Oh merde, il faut que je me ramasse toute seule ! Ça va être du joli pour recoller tous ces doigts ! Il y a des cheveux collés sur tous les murs ! […] Sans compter que c’est pas facile à scier des hommes aussi grands ! » (Loretta Strong, l’héroïne transgenre M to F, s’adressant à Linda, dans la pièce Loretta Strong (1978) de Copi) ; « Michael et moi nous récupérons les petits corps : Pigg n’a plus de bras, à Moonie lui manque la moitié de la poitrine, Rooney a la figure déchiquetée, nous récupérons aussi la tête de la louve qui flotte près de la plage et ma jambe en métal qui est ramenée par la mer. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 104) ; « Vous pouvez déjà me donner la queue et les cornes. Et les oreilles. En plus elle n’a besoin que d’un œil. » (le Jésuite s’adressant au Rat en parlant de la vache, dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi) ; « Cachafaz chéri, mon trésor, si tu permets, je vais dehors découper le flic en rondelles. » (Raulito s’adressant à son amant Cachafaz, dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi) ; « Son corps en désordre. » (cf. la description d’Arlette dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, p. 151) ; « Christian vit se confondre devant ses yeux Jacqueline, en tenue sportive, et Linda Davis, habillée en peau de léopard, qui s’acharnaient à coups de canifs sur son visage ; elle lui coupèrent les oreilles, le nez et les lèvres avant de lui arracher la langue et de lui crever les yeux. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « La Césarienne » (1983) de Copi, p. 73) ; « Oh merde, ils m’ont déchiré le bras. » (Maria parlant des chiens, dans la pièce Les Quatre Jumelles (1973) de Copi) ; « J’y prends le rasoir jetable de Marcel et dans le cagibi à bricolage, d’un coup de marteau le brise en miettes contondantes ; du plus gros bout de lame récupéré je me taillade le visage aussi profondément que je peux, ne m’épargnant pas lèvres et paupières, et retourne tout sanguinolent me coucher sur le ventre, la tête dans mon oreiller buvardant larmes et sang. » (Vincent Garbo, le héros homosexuel du roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, p. 59) ; « Esti [l’un des héroïnes lesbiennes] s’était entaillé le genou. Elle n’arrêtait pas de se faire mal partout ; il lui était pratiquement impossible de sortir indemne d’une heure de gymnastique ou de traverser la cour sans tomber. Ses genoux et les articulations de ses doigts étaient en permanence constellés d’égratignures : fraîches, à demi cicatrisées, anciennes. » (Naomi Alderman, La Désobéissance (2006), p. 214) ; « Vous rêviez toutes de cet homme, et vous l’avez écartelé. » (Magdalena parlant du Prince au corps morcelé, dans la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet) ; etc. Par exemple, dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, Daniel, l’un des héros homosexuel, donne sa définition personnelle du verbe « vivre » : « Le sourire aux lèvres, continuer à vivre en pièces détachées. »

 

Le corps morcelé, à mon sens, est une esthétisation éclatée d’un viol réellement vécu par le héros homosexuel, ou au moins du fantasme de viol (= peur de la sexualité) qu’est le désir homosexuel. « Elle est rentrée en moi. J’ai cru que j’allais exploser. » (Irène après sa première relation lesbienne, dans la pièce Ma première fois (2012) de Ken Davenport)

 

Au fond, le personnage homosexuel pratiquant méprise le corps humain parce qu’il cède trop souvent à ses pulsions sensuelles et érotiques qui lui retirent la noblesse, la beauté et le caractère sacré de ce dernier, parce qu’il a peur de la (découverte de sa) sexualité. Ce qu’il abhorre dans le corps, c’est uniquement le mauvais usage de ses instincts corporels : « Je comprends pas mon corps. Le plaisir qu’il trouve, et qu’il prend, à savoir les yeux d’Irène dans un coin du miroir. Sa volonté de se soumettre aussi vite à la nécessité qui l’oblige. Ce que sa main droite est en train de faire sous le drap bleu, qui me donne la honte rouge. » (le narrateur du roman Le Crabaudeur (2000) de Quentin Lamotta, p. 86) ; « J’ai l’impression d’être prisonnier de mon corps, de n’avoir aucun contrôle sur les choses. » (Chris, l’un des héros homosexuels du roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 173) ; « Je pense que je suis plus de la bouche et du nez que du corps entier. » (Alexandra, la narratrice lesbienne libertine du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 72) ; « Ma mauvaise nature m’avait appris que mon plaisir était plus grand quand il était pris sans prudence, à l’instant où il se présentait. Voilà maintenant que je pensais contre la réalité, m’imaginant comme une femme qui vivrait avec une autre femme, dans, si j’ose dire, la sécurité d’un couple. J’étais toujours impressionnée par ce rêve que j’avais fait et qui se passait en Grèce, où des femmes ensemble s’adonnaient sans retenue à tous les excès. […] [Une idée m’obsédait :] assouvir cette faim que j’avais du féminin. D’autant que je prenais conscience que seul le corps, chez les femmes, m’intéressait. Je ne me sentais pas capable d’aimer vraiment. Mon désir se manifestait dès que le corps d’une autre me paraissait accessible, me souciant seulement du plaisir que j’en espérais. On ne peut pas appeler cela de l’amour. En société, j’imaginais les femmes qui m’entouraient déshabillées et offertes, et très vite, dans un état presque halluciné, je leur prêtais des postures ou des situations que je n’ose décrire, même dans mon carnet… Ma cruauté, dans ces instants, me préparait à l’idée qu’un jour je n’aurais plus vraiment de limite et que mon « vice » m’avalerait entièrement. Je combinais et raisonnais de plus en plus en fonction de lui, sentant bien que, quand j’étais dans ces étranges dispositions, en crise, comme on dirait, c’était lui qui déterminait tout ce que je pensais et faisais. J’avais imaginé un moment demander à la petite voisine de passer me voir afin de faire ensemble ce que je l’avais obligée à faire seule devant moi, sachant combien j’aimais à outrepasser la pudeur des autres, pour le plaisir que son viol me donnait. Cette envie ne me quittait pas, mais je devais résister, c’était trop risqué. […] J’avais peur de moi. Quand je sentais monter ce besoin de chair, peu m’importaient les moyens et la figure de celle qui me donnerait ce qu’il me fallait. […] Je voulais ma nuit avec une femme, comme l’on veut sa naissance. » (idem, pp. 56-57) ; etc.

 

Comme le héros homosexuel ne veut pas assumer la gravité des actes homosexuels qu’il pose, il va chercher à détruire la Nature et le corps sexué des humains (à commencer par le sien). « À bas la Nature ! Vive l’art ! » (Michel Blanc en Mr Mosc, dans le film « Musée haut, Musée bas » (2007) de Jean-Michel Ribes) ; « Ce soir-là, elle se contempla dans la glace et, se détaillant, elle détesta son corps avec ses épaules musclées, ses petits seins fermes et ses minces hanches d’athlète. Elle devait toute sa vie traîner ce corps comme une entrave monstrueuse imposée à son esprit […]. Elle eût voulu le mutiler […]. » (Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 246) ; etc. Par exemple, dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, Julien Brévaille, l’un des héros homosexuels, détruit la Nature par le feu puisqu’il est pyromane. Dans le film « Tu n’aimeras point » (2009) de Haim Tabakman, Ezri et Aaron, les amants homos, travaillent dans une boucherie.

 

Pour appliquer un vernis efficace de déni et de mauvaise foi sur sa haine et sa destruction effectives de la Nature, le personnage homosexuel a tendance à se réfugier dans la caricature des naturalistes (ou essentialistes) qui lui tendent un miroir relativement justifié de ses pratiques. Cette caricature consiste à imiter des fondamentalistes religieux, des parents familialistes traditionnalistes hétérosexistes, des savants natalistes rapidement scientifiques qui répètent à tue-tête « contre-nature, contre-nature, contre-nature », sans jamais leur permettre de parler d’Amour ni d’expliciter ce qu’ils mettent derrière le mot « Nature »… pour ensuite leur couper radicalement la chique en leur soutenant qu’ils sont réactionnaires, que la pratique homosexuelle est beaucoup plus naturelle que la pratique hétérosexuelle ou que la pratique religieuse, et que ce qui est vraiment « contre-nature » c’est de s’opposer à « l’homosexualité-identité » ou « l’homosexualité-amour » : « Vivre avec une femme n’est pas une chose facile, voire contre-nature. » (Alexeï Kalachnikov dans la pièce Tante Olga (2008) de Michel Heim) ; « Cette fête est contre-nature… mais je vais rendre les choses un peu moins gaies/gays, si tu vois ce que je veux dire… » (Lauren, la peste hétérosexuelle traditionnaliste s’adressant à Shane le héros homosexuel, dans la série Faking It (2014) de Dana Min Goodman et Julia Wolov, cf. l’épisode 1 « Couple d’amies » de la saison 1) ; « En vérité, si la nature ne l’avait pas mise au défi, elle aurait très bien pu devenir semblable à eux : engendrer des enfants […]. » (Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 143) ; etc.

 

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

La Nature cruelle à punir

 

Pochette de la chanson Outside de George Michael

Pochette de la chanson Outside de George Michael


 

À l’heure actuelle, dans le discours sentimentaliste et anti-naturaliste des personnes gays friendly ou homosexuelles pratiquantes, la Nature (biologique, minérale, animale, humaine) est remplacée par l’idée de « nature humaine » (pulsionnelle, instinctive, bassement animale, ou carrément rationnalisée, sentimentalisée, homosexualisée) : « It’s human nature » chante par exemple George Michael dans sa chanson « Outside » pour justifier son homosexualité et son attentat à la pudeur dans les toilettes publiques d’un parc de Beverly Hills en 1998. C’est en se rabattant sur la défense de la nature humaine (nature qui se dit en des termes très libéraux et libertaires) que certaines personnes homosexuelles croient défendre la vraie Nature. « Oui, il faut oser le dire, il faut oser l’écrire : l’immense majorité des homophiles accordent au seul corps – à ses apparences, à ses exigences – une importance qu’il ne mérite pas, une importance beaucoup trop grande, une importance sans commune mesure avec ce qu’il peut être, ce qu’il peut offrir et donner, aujourd’hui déjà, à plus forte raison demain. » (André Baudry, fondateur d’Arcadie, cité dans l’autobiographie Libre : De la honte à la lumière (2011) de Jean-Michel Dunand, p. 147) ; « La Nature. Je crois que j’étais vraiment faite pour ça ! » (Catherine, une des témoins homosexuels du documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; etc. L’idolâtrie naturaliste bisexuelle transparaît dans la chanson « Tous les droits sont dans la nature » de Catherine Ribeiro par exemple.

 

Dans son autobiographie Mauvais Genre (2009), la romancière lesbienne Paula Dumont démontre qu’elle confond sexuation homme/femme et images sociales et culturelles attribuées à la sexuation (réalités beaucoup plus aléatoires et subjectives). Elle parle par exemple de la « symbolisation du sexe de la femme » (p. 54) et non du sexe de la femme. La prévalence pour l’apparence sexuée au détriment de la réalité de la sexuation est induite dans son discours : « Tout en sachant que je suis une femme, je dois impérativement me donner l’apparence d’un homme. » (p. 65) ; « Je me devais d’être la plus virile possible pour être conforme à ma nature profonde. » (p. 81) ; « L’an dernier encore, je justifiais mon genre et mon homosexualité en me bornant à déclarer que tous deux faisaient intrinsèquement partie de moi, que les nier serait me nier moi-même. […] J’ai tenu ce raisonnement tout au long de mon existence. » (p. 113)

 

Le travestissement bien-intentionné (la destruction en réalité) de la Nature ne concerne pas que l’identité sexuée. Il touche malheureusement aussi la procréation (les enfants + les parents). Par exemple, lors de sa conférence « L’homoparentalité aux USA » à Sciences-Po Paris le 7 décembre 2011, l’avocat nord-américain Darren Rosenblum, qui avec son copain a acheté « leur » petite fille (Mélina) à une mère porteuse (Gestation Pour Autrui), a adopté une discours très poétique et en apparences « positif », quand bien même celui-ci se caractérisait par un fort anti-naturalisme : en effet, concrètement, Rosenblum cachait l’identité du véritable père biologique de Mélina à l’assistance (« Un de nous est le père biologique de Mélina. On ne voulait pas savoir qui était le père biologique. On sait maintenant qui est le père biologique, mais on garde le secret. ») ; il ne faisait de l’identité de mère ou de père qu’une affaire de « rôles » indéfinissable tellement ils seraient étendus (« Le sens des termes ‘père’ et ‘mère’, je pense, va fondre. » ; « Il y a un potentiel de jeux de rôles qui se développe dans les familles homoparentales. ») ; il travestissait la Nature en réalité subjective et relative à la culture mouvante de chaque individu humain (« Je soutiens une interprétation de la biologie. » ; « Je trouve que ces rôles de père ou de mère ne sont pas essentiels. Si dans une famille un homme veut être la mère, il doit pouvoir le faire. » ; « La parentalité, chez nous aux États-Unis, c’est aussi quelque chose de culturel. ») ; il proposait une « philosophie de genres » ; il recherchait une « parentalité androgyne » et parlait de « désexuer la parentalité ». Bref, en clair, il visait à artificialiser la Nature au nom de Celle-ci.

 

Dans l’esprit des défenseurs du Gender, du Queer et du Camp (tous ces courants « intellectuels », « artistiques », « philosophiques » prônant l’indifférenciation des sexes, et donc une nature bisexualisée, animalisée, angéliste, déshumanisée), dans la tête des promoteurs de la suprématie des sensations amoureuses, la Nature-Cosmos poétique, sentimentalisée, va prévaloir sur la Nature réelle. « Il faut en finir avec la filiation biologique. » (Erwann Binet, député PS et rapporteur de la loi Taubira) ; « Vous ne croyez pas que l’Amour est plus important que la biologie ? » (Jean-Marc Morandini en conclusion de son interview à Albéric Dumont, sur la radio Europe 1 à propos de la GPA et de la PMA, le 16 septembre 2014) ; « Quel est le bénéfice d’imposer un sexe précis à un enfant ? » (le sociologue Sébastien Carpentier lors de sa conférence au Centre LGBT de Paris, à l’occasion de la sortie de son essai Délinquance juvénile et discrimination sexuelle, en janvier 2012) ; etc. Je vous renvoie notamment au documentaire « Naître ni fille ni garçon » (2010) de Pierre Combroux, à l’idéologie pro-choix de Caroline Fourest, aux pressions actuelles au niveau du Parlement Européen pour inscrire l’intersexuation et la trans-identité dans le droit et en tant qu’inexistence de la différence des sexes (inexistence qui est un mensonge, car même les personnes qui naissent intersexuées, ou qui se sentent femme dans un corps d’homme, ou homme dans un corps de femme, restent sexuées).

 

Comme l’écrit parfaitement François Cusset dans son essai Queer Critics (2002), la pensée queer consiste « à ne désexualiser les organes que pour faire du vaste monde une zone érogène ». C’est une idéologie ultra-sensorielle planante qui paradoxalement ne tient pas compte des corps sexués réels : on y observe « une sorte de totalisation du sexe au détriment de ses parties, un animisme du corps aux dépens de ses organes et de leurs fonctions » (p. 143).

 

La nature théorique construite mentalement par les personnes homosexuelles pratiquantes, rattrapée forcément par la Réalité, finit par rentrer en conflit avec elle-même et avec l’Homme (car l’humain n’est pas pur esprit). Et l’Homme qui croit en la vérité de cette fausse nature finit par vivre lui aussi un conflit entre ses pulsions-sentiments et son propre corps anatomique/le monde naturel extérieur : « L’homme est en discontinuité avec la nature, et tout ce qui vient de lui est original. » (la philosophe lesbienne Geneviève Pastre, citée dans la revue Triangul’Ère 1 (1999) de Christophe Gendron, p. 75) ; « La position de Judith Butler a connu un immense succès dans les milieux gays et lesbiens car elle légitimait la dissociation entre le corps et le choix d’un comportement sexuel. » (Élizabeth Montfort, Le Genre démasqué (2011), p. 24) ; etc.

 

Comme notre nature humaine n’est belle, paisible et féconde qu’en s’accordant avec la Nature écologique, environnante et environnementale (puisque tous nos désirs ne sont pas des réalités. Et heureusement ! Les autres existent aussi), un certain nombre de personnes homosexuelles vont, parfois très tôt dans leur jeunesse, nourrir une forme d’amertume voire de plan de vengeance contre la Nature, et notamment la Nature ordonnée que sont la société et l’Église. « Nature, tu n’es pas naturelle. Tu seras donc mon ennemie ! » Voilà le credo paradoxal de beaucoup d’entre elles. Dans leurs discours, ce sont les éléments naturels qui sont montrés comme responsables de la mort ou des malheurs qui surgissent dans leur vie : « Silencieusement, sa nature humaine semble faire horreur à Virginia Woolf. » (cf. l’article « L’Angoisse d’être vivante » de Chantal Chawaf, dans le Magazine littéraire, n°275, mars 1990, p. 45) ; « Je ne suis pas née dans le bon corps et j’ai toujours su que j’étais une femme. Je n’étais pas dans le bon corps. J’étais jalouse des filles. » (Kellie Maloney, homme transsexuel M to F, ex-manager de Lennox Lewis) ; « Ce n’est pas notre faute, si la nature se trompe parfois. » (une des trois tantes gays friendly d’Alfredo Arias, dans l’autobiographie de ce dernier, Folies-Fantômes (1997), p. 114) ; « Le Camp est fondamentalement ennemi du naturel, porté vers l’artifice et vers l’exagération. » (cf. l’article « Le Style Camp » de Susan Sontag, L’Œuvre parle (1968), p. 421) ; « Mais ce qui est sans pitié pour les homosexuels, c’est la nature, Jean, la loi de l’espèce, la terrible réalité de ce qui est. La charité de Dieu, qui est surnaturelle, fait place, elle, à ceux qui portent ce fardeau. » (cf. une lettre de Jacques Maritain adressée à Jean Cocteau, à Paris en 1983) ; « Je regarde les hommes mais je n’ai pas l’impression que c’est leur corps qui m’attirent mais leur énergie. Je ne me reconnais pas en tant qu’homme, comme si je ne savais pas qui j’étais, comme s’il y a un problème d’incarnation en homme, comme si le fait de regarder des hommes hétéros ou homos, m’a poussé vers l’homosexualité pour connaître à quoi ressemble un homme intérieurement dans sa chair, comme si j’avais pas intégré mon propre corps. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) ; etc. Par exemple, dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud, Bertrand Bonello scrute dans son miroir la tache rouge inquiétante grossissant dans son dos.

 

En réalité, les personnes homosexuelles ne font que projeter sur la Nature leur propre méchanceté et leurs fantasmes égocentrés (car objectivement, aucun animal ne tue pour le mal ; les tremblements de terre ne sont pas « méchants » ; et la pluie n’est pas le ciel qui pleure) afin de n’assumer ni leur identité profonde (d’homme ou de femme, d’Enfants de Dieu), ni l’existence de Dieu, ni la responsabilité de leurs actions : cf. le documentaire « Crimes Against Nature » (1977) d’Edward Dundas. « Du plus loin qu’il se rappelle, la Nature était contre lui. » (Jean-Paul Sartre se référant à Jean Genet, dans la biographie Saint Genet, comédien et martyr (1952), p. 16) ; « C’est à propos de mon sentiment en face de la Nature que je parle d’espionnage. » (Jean Genet, Journal du voleur (1949), p. 55) ; etc. Elles parlent de la nécessité de « s’affranchir de l’esclavage corporel » (cf. l’article « Procréation Médicalement Assistée » de Marcela Iacub, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 380)

 

Le corps sexué est considéré par les personnes homosexuelles pratiquantes comme un dieu diabolique, comme une « erreur », une poupée à détruire, à transformer, à reconstruire à sa guise, à déformer, à nier parce qu’il est vivant et bien plus noble que le corps animal : « Mon seul problème a été l’erreur de la Nature quand elle m’a donné les organes génitaux masculins. » (Humberto Capelli, homme transsexuel M to F, cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 250) ; « Dès que je me déshabille, une érection immédiate s’empare de mon sexe sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l’éviter. […] Je ne maîtrise absolument rien. Je pourrai comparer ça à un démon qui vient habiter le corps d’un être humain. Comme dans ‘L’Exorciste’. Chez moi, c’est la même chose. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 30) ; « Je ressens une forte envie d’aller vers la demoiselle, envie immédiatement annihilée par une force obscure qui me souffle dans le creux de l’oreille que ce n’est pas ce que je veux vraiment. » (idem, p. 52) ; « Je sentais chaque centimètre de mon corps me distendre et m’étirer. Indéfiniment. De me sentir possédé, je me mis à pleurer. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 69) ; « Pendant que mon cousin prenait possession de mon corps, Bruno faisait de même avec Fabien, à quelques centimètres de nous. Je sentais l’odeur des corps nus et j’aurais voulu rendre palpable cette odeur, pouvoir la manger pour la rendre plus réelle. J’aurais voulu qu’elle soit un poison qui m’aurait enivré et fait disparaître, avec comme ultime souvenir celui de l’odeur de ces corps […]. » (Eddy Bellegueule simulant des films pornos avec ses cousins dans un hangar, dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 153) ; « Mon père s’est tourné vers moi, il m’a interpellé ‘Alors Steevy, ça va, c’était bien l’école ?’ Titi et Dédé se sont esclaffés, un véritable fou rire : les larmes qui coulent, le corps qui se tord, comme soudainement possédé par le démon, la difficulté à reprendre sa respiration. » (idem, pp. 116-117) ; « Ednar ne vivait que pour survivre. Il avait tant morflé dans sa jeunesse, qu’il avait fini par se détester lui-même car il ne s’était jamais senti réellement bien dans sa peau. » (Jean-Claude Janvier-Modeste, dans son autobiographie Un Fils différent (2011), p. 141) ; etc.

 

Par exemple, Raúl Gómez Jattin, le poète colombien, dit qu’il est « fatigué de vivre dans ce corps immonde » (Raúl Gómez Jattin cité sur le site Isla de la Ternura, consulté en janvier 2003). Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Christian, l’un des témoins homos, quinquagénaire, se rappelle son appréhension maladive pour les cours de sport et les douches collectives : « C’est extrêmement difficile à vivre. J’osais à peine regarder les autres. Quand c’était intime, j’étais dans le malaise. » Dans le film biographique « Girl » (2018) de Lukas Dhont, Lara/Victor, garçon trans M to F de 16 ans, « affaiblit son corps » en se droguant, en ne mangeant plus et ne dormant plus (les médecins qui le suivent disent : « Lara ne mange pas et ne dort pas assez. »), en faisant de la danse classique à un rythme effréné. À la fin du film, il tente même de se couper le sexe aux ciseaux.

 

Au fond, les personnes homosexuelles pratiquantes méprisent le corps humain parce qu’elles cèdent trop souvent à leurs pulsions sensuelles et érotiques qui lui retirent sa noblesse, sa beauté et son caractère sacré, parce qu’elles ont peur de la (découverte de leur) sexualité. Ce qu’elles abhorrent dans le corps, c’est uniquement le mauvais usage de leurs instincts corporels : « L’ultime trahison de mon corps eut lieu une nuit où je me rendais en discothèque avec quelques ‘copains’. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 175)

 

On retrouve assez fréquemment le symbole du corps humain morcelé ou écartelé dans les mots des personnes homosexuelles. Dans son essai Le Premier Sexe (2006), Éric Zemmour décrit à juste raison la tendance des créateurs et couturiers homosexuels à disséquer la différence des sexes, hommes et femmes confondus, à « découper la femme en morceaux, en bouts de désir et de fantasmes, les cheveux, les seins, la bouche, le cul, les hanches, les jambes, les chevilles, tout et n’importe quoi, mais surtout pas la femme entière » (p. 59). Et les personnes transgenres (et transsexuelles si elles se font malheureusement opérer) n’hésitent pas à user de la technique scientifique, de l’argent et du bistouri, pour détruire, mutiler leur corps afin qu’il se conforme à comment elles le « ressentent ». « Pour survivre, il fallait que je sois plus fort que le corps. » (la femme transsexuelle F to M, dans le documentaire « Le Genre qui doute » (2011) de Julie Carlier) Dans l’émission Aventures de la médecine spéciale « Sexualité et Médecine » de Michel Cymes diffusée sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018, Léonie, homme transsexuel M to F de 29 ans, en veut à son corps : « Je ne peux pas me sentir à l’aise avec ce corps. » Dans le documentaire « Ni d’Ève ni d’Adam : une histoire intersexe » de Floriane Devigne diffusé dans l’émission Infrarouge sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018, une des témoins intersexes qui se fait appeler « M dit qu’elle « n’aimait pas mon corps » : « Je rêve parfois que je n’ai plus ni hanches, ni fesses, ni jambes. Ma folie ne va pas jusque-là. »

 

Comme rares sont les individus homosexuels qui veulent assumer la gravité des actes homosexuels qu’ils posent, ils vont chercher à détruire la Nature et le corps sexué des humains (à commencer par le leur). « La loi naturelle est fasciste. » (Caroline Fourest, citée par Erwan Le Morhedec) Par exemple, dans le roman L’Increvable Monsieur Schneck (2006) de Colombe Schneck, l’auteur découvre un après-midi d’ennui (dans Paris-Match) que son grand-père s’est fait coupé en morceaux et mettre dans une malle par son amant… et ce fait divers est basé sur une histoire vraie.

 

Quand ils ne s’attaquent pas tellement aux corps par les opérations chirurgicales, le maquillage et les crèmes, le sadomasochisme, les tentatives de suicide, les tatouages (ce qui arrive quand même souvent), ils annulent souvent le corps sexué par la métaphore poétique, spirituelle, sensuelle, érotisée, dénégatrice, qui ne respecte pas l’indivisibilité du corps et de l’esprit, et qui rend l’être humain immatériel. Par exemple, l’intellectuelle lesbienne Monique Wittig a soutenu, lors d’une conférence, qu’elle n’avait pas de vagin.

 

B.D. Le Livre blanc de Copi

B.D. Le Livre blanc de Copi


 

L’idéologie du Genre (qui confond systématiquement « corps sexué » et « image médiatique des corps sexués ») est la parade jargonnante que les intellectuels LGBT ont trouvée depuis les années 1960 pour mépriser le corps humain sans que cela se voie… parce qu’elle se dit en termes artistiques, amoureux, sensoriels, politisés, optimistes (« Mon corps est une construction sociale et culturelle. Je n’ai pas de sexe. Je n’ai que des genres soumis à mes choix et à ma subjectivité du moment, des genres qui ne peuvent être définis et interprétés. »). Mais dans les faits et les mots, ça ne change rien. La peur et le mépris du corps humain sexué et sacré demeurent. Par exemple, dans son essai (au titre ô combien signifiant) Mauvais Genre (2009), Paula Dumont estime que le corps « trahit » (p. 7) : au fond, pour elle, « mauvais genre » rime avec « mauvais corps ».

 

Comme les personnes homosexuelles pratiquantes consomment parfois des substances hallucinogènes, vivent une relation ou une sexualité sans la différence des sexes (donc sans la sexualité), elles finissent par ne plus sentir leur corps (même si les plus bobos d’entre elles soutiennent quand même qu’elles se sentent « vivantes » quand elles consomment, quand elles font l’amour et quand elles entament une relation amoureuse)… et cette impression d’absence corporelle les fait paniquer, s’agripper à la moindre expérience affective, émotionnelle, sensorielle de l’immédiat qui leur rappellera qu’elles sont encore un peu en vie et qui leur fera souhaiter « posséder leur corps » (cf. l’article « Procréation Médicalement Assistée » de Marcela Iacub, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 380). Cette possession/dépossession/réappropriation de leur corps (le fameux « Mon corps m’appartient ! » du FHAR dans les années 1960-1970) ne s’exerce pas sans violence puisqu’elle n’est ni libre ni couronnée par la conscience du caractère sacré et sexué de tout corps humain.

 

À travers l’œillère d’une pensée libertaire mécaniste, le corps est réduit par la communauté homosexuelle à un terrain de potentialité, de « performances » (d’où la prolifération actuelle d’artistes LGBT qui se présentent comme des « performers » : Orlan, Steven Cohen, Golem Low, Andromak, etc.), d’expérimentations scientifico-artistiques (avec des « installations » plus délirantes et glauques les unes que les autres) : « La question de Spinoza : ‘Qu’est-ce que peut mon corps ?’ pourrait être le point de départ du cinéma de Catherine Cooringer. » (cf. l’éditorial de la plaquette du 17e Festival Chéries-Chéris, au Forum des Images de Paris, le 7-16 octobre 2011) ; « J’aime utiliser le corps comme une scène de théâtre. » (Steven Cohen, le performer transgenre M to F, dans le documentaire « Let’s Dance – Part I » diffusé le 20 octobre 2014 sur la chaîne Arte)

 

Sont amalgamés dans le discours des personnes homosexuelles pratiquantes le lexique de l’acorporel, et celui du corps-carcasse qui ressent tout à l’excès. Cela montre que leurs revendications (même politisantes et scientifiques) concernent avant tout un corps fantasmé, mythique. « La fonction du mythe, c’est d’évacuer le réel. […] Une prestidigitation s’est opérée, qui a retourné le réel, l’a vidé d’histoire et l’a rempli de nature. […] Du point de vue éthique, ce qu’il y a de gênant dans le mythe, c’est précisément que sa forme est motivée. […] L’écœurant dans le mythe, c’est le recours à cette fausse nature, c’est le luxe des formes significatives, comme dans ces objets qui décorent leur utilité d’une apparence naturelle. La volonté d’alourdir la signification de toute caution de la nature provoque une sorte de nausée : le mythe est trop riche, et ce qu’il a en trop, c’est précisément sa motivation. […] Éthiquement, il y a une sorte de bassesse à jouer sur les deux tableaux. » (Roland Barthes, Mythologies (1957), p. 230 puis p. 212) Le plaisir des sens dont elles font l’éloge peut aller s’il le faut jusqu’à l’appropriation brutale de son propre corps et du corps de l’autre (Deleuze, Guattari et Foucault se proposaient carrément, dans leur manifeste de « schizo-analyse » L’Anti-Œdipe (1973) de « forcer le réel à être plus qu’il n’est », en somme de violer le Réel et la Nature !). En même temps qu’elles séparent l’intérieur et l’extérieur pour mieux se protéger du dernier (… et donc du premier), elles en arrivent parfois à agresser leur propre corps, à l’image ou concrètement (scarifications, tatouages, piercing, régimes alimentaires drastiques, chirurgie esthétique, procréation médicalement assistée, bodybuilding, ablation du sexe, etc.) et célèbrent l’extérieur en le réifiant. Elles croient en la toute-puissance des apparences, pensent, comme les personnes transsexuelles, que le paraître modifie l’être, même si ensuite, elles affirmeront que le corps, une fois transformé, a toujours existé tel qu’il est. L’adulation du corps, dans la génitalité notamment, est en réalité un déni de celui-ci dans l’abstraction, comme le montrent ces propos : « C’est très important et très rassurant quand on pratique le sexe à plusieurs. C’est comme si on faisait abstraction de nos corps et qu’il ne restait plus que notre amour ! » (cf. le dossier « Fidélité » dans la revue Têtu, n°65, mars 2002) Beaucoup d’écrivains homosexuels font tout pour neutraliser le corps par la métaphore. Ils laissent de côté le corps réel pour lui préférer le corps poétique, sans organes, asexué, autrement dit mort.

 

Leur culte du corps est un moyen pour les personnes homosexuelles de se décorporaliser pour se sentir Dieu, et pour mépriser le vrai corps. Tandis qu’elles pensent avoir « le diable au corps », comme l’a écrit Raymond Radiguet, elles s’imaginent qu’elles ont un corps divin qui les appelle à dépasser les limites de leur corps humain. Pour détruire le mythe médiatique du corps parfait auquel elles croient encore (parce qu’en désir, elles prétendent l’incarner !), beaucoup d’entre elles pensent prendre leur revanche en se vengeant sur leur propre physique, soit par la science, soit par l’art (cf. le Body Art dans les années 1970 jusqu’à nos jours). Elles dessinent les corps de leur désir sexuel : des chairs fragmentées, sanguinolentes, brûlées, tatouées, écartelées, diffusées comme un média (cf. l’article « Arts plastiques » d’Élisabeth Lebovici, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 46), éclatées, mythiques. Plus qu’un traitement du corps, il s’agit d’un travail sur la corporalité, sur l’idée de corps, car elles vident le corps concret de son aspect symbolique, de son âme, de sa Présence sacrée. Un certain nombre de personnes homosexuelles cherchent à éprouver leur corps parce qu’elles ne le/se sentent plus : c’est pourquoi elles empruntent souvent les chemins de la pornographie, de l’hyperréalisme camp, des drogues, et du sadomasochisme. La place des synesthésies dans leurs écrits est d’autant plus intéressante qu’elle montre implicitement que le contact qu’elles établissent avec le monde extérieur est souvent dévitalisé, se fait à travers la vitre du miroir jamesbondien.

 

Enfin, pour appliquer un vernis efficace de déni et de mauvaise foi sur leur haine et leur destruction effectives de la Nature, la communauté homosexuelle se réfugie dans la caricature des naturalistes/essentialistes qui lui tendent (pas toujours très finement) un miroir relativement justifié de leurs pratiques. Cette caricature consiste à imiter des fondamentalistes religieux, des parents familialistes traditionnalistes hétérosexistes, des chantres du « destin anatomique » ou de la différence des sexes uniquement procréative, des chercheurs natalistes rapidement scientifiques qui répèteraient à tue-tête « contre-nature, contre-nature, contre-nature », sans jamais leur permettre de parler d’Amour ni d’expliciter ce qu’ils mettent derrière le mot « Nature »… pour ensuite leur couper radicalement la chique en leur soutenant qu’ils sont réactionnaires, que la pratique homosexuelle est beaucoup plus naturelle que la pratique hétérosexuelle ou que la pratique religieuse, et que ce qui serait vraiment « contre-nature » c’est de s’opposer à « l’homosexualité-identité » ou « l’homosexualité-amour » : « L’homosexualité n’est pas contre nature. Je n’ai jamais eu à me forcer pour aimer les hommes. Ce qui est contre nature, c’est par exemple la continence sexuelle ou la monogamie… » (Pierre Gripari, Pierrot la Lune (1963), p. 180) ; « Nous ne voulons pas que soient présentées comme tolérables les idées selon lesquelles les femmes seraient naturellement portées vers la grossesse. » (Eddy Bellegueule pour Libé) ; « La théorie du genre comme l’homoparentalité remettent en cause cette représentation ancestrale que les femmes et les hommes disposeraient chacun d’une essence propre, qui leur donnerait des caractéristiques spécifiques et surtout complémentaires. Le féminisme et le combat pour la reconnaissance de l’homoparentalité heurtent de plein fouet cet essentialisme. » (Caroline de Haas sur Le Monde.fr du 24 octobre 2011) ; etc. Alors que bien évidemment, le but de la manœuvre de Dieu et de la Nature qu’Il a créée n’est pas de défendre la Nature en soi, ni de mépriser les sentiments amoureux humains, mais uniquement de les marier tous les deux, d’ordonner les sentiments à la Nature humaine et biologique pour les rendre véritablement aimants, féconds et joyeux. Le meilleur, c’est vraiment la Nature couronnée d’Amour.

 
 

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