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Podcast audio sur l’anti-catholicisme dans les dessins animés des années 1980 en France

Voici un podcast de décryptage des dessins animés des années 1980 diffusés sur les chaînes de télé françaises (Youpi l’école est finie ! sur La Cinq, Récré à deux sur Antenne 2, Amuse trois sur FR3, Le Club Dorothée sur TF1, etc.), avec l’angle insolite du catholicisme : « L’anti-catholicisme dans les dessins animés des années 80 ».
 

 

Philippe Ariño vous démontre que cela fait au moins 40 ans que les dessins animés jeunesse nous poussent à mépriser Jésus et la religion catholique, au profit de la religion énergétique.

 

Ce podcast se découpe en 3 parties :

1 – Les dessins animés clairement anti-catholiques

2 – Les dessins animés de la Nouvelle Religion mondiale, fondés sur l’Énergie et l’Or

3 – Les rares dessins animés « cathos-friendly » voire carrément cathos.

 

Vous pouvez retrouver d’autres podcasts de décryptages de Philippe, sur Youtube, comme par exemple celui sur les goûts musicaux homosexuels, celui sur la série Manifest, celui sur la série Sex Education ou encore celui du discours alchimique du Cardinal Sarah.
 

Code n°58 – Ennemi de la Nature (sous-codes : Corps morcelé / Diable au corps)

ennemi de la nature

Ennemi de la Nature

 

NOTICE EXPLICATIVE

 

 

Quand l’idolâtrie homosexuelle pour la Nature vire à la peur, au mépris et à la destruction de Celle-ci

 

On entend souvent dire par les détracteurs de l’homosexualité qu’elle serait contre-nature (Bible et experts natalistes à l’appui). « Pas du tout ! » s’insurgent les personnes homosexuelles qui pratiquent leur homosexualité : celles-ci soutiennent que leur désir homosexuel n’est pas un choix, que pour le coup leurs actes homosexuels ne seraient pas non plus totalement choisis, voire même qu’ils seraient très naturels pour elles puisqu’ils ne demanderaient aucun effort, seraient très corporels et procureraient un plaisir immédiat et simple. C’est la raison pour laquelle, dans le code « « Plus que naturel » » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels, j’ai expliqué que, même si en soi les actes homosexuels sont contre-nature (car ils rejettent la différence des sexes qui est le socle de notre Humanité), en intentions et dans l’esprit de la plupart des personnes homosexuelles ils ne le sont pas et leur apparaissent même comme une célébration de la Nature. Car le paradoxe, c’est que les personnes homosexuelles pratiquantes détruisent la Nature, leur corps, l’écologie, au nom de la Nature, de l’idolâtrie des corps (asexués), d’une célébration excessive de l’écologie et des sens corporels.

 

Nous allons voir dans ce chapitre « Ennemi de la Nature » comment, malgré les bonnes intentions (scientifiques, artistiques, humoristiques, militantes, spirituelles), la grande majorité des personnes homosexuelles détruit concrètement la Nature, les Corps, parce qu’elles En ont peur et Les sentimentalisent. Elles pensent naïvement que la Nature domine l’Homme, le transforme en marionnette, qu’Elle est capable de se tromper, de pleurer, de rire, de réagir comme un humain, d’être « méchante » et « injuste ». Et certaines même se permettent alors de Lui en vouloir comme des amantes jalouses, et de se venger sur elles-mêmes de cette soi-disant « Cruelle Maîtresse » qui n’est que le fruit de leur propre anthropocentrisme individualiste et égocentrique.

 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Amoureux », « Scatologie », « Obèses anorexiques », « Frankenstein », « Extase », « Médecines parallèles », « Cannibalisme », « Jardins synthétiques », « Bobo », « Homme invisible », « Ville », « « Plus que naturel » », « Clonage », « Maquillage », « Pygmalion », « Se prendre pour Dieu », « Différences physiques », « Se prendre pour le diable », « Passion pour les catastrophes », « Miroir », « Moitié », « Fusion », « Poupées », « Main coupée », « Désir désordonné », « Focalisation sur le péché », « Icare », « Substitut d’identité », « Île », « Eau », « Vent », « Un Petit Poisson Un Petit Oiseau », « Animaux empaillés », « Voyage », à la partie « Couteau » du code « Inversion », à la partie « Règles » du code « Mariée », et à la partie « Tatouage » du code « Homosexualité noire et glorieuse », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 
 

 

FICTION

 

 
 

La Nature cruelle à punir

 

ENNEMI ennemi naturel
 

Dans le discours sentimentaliste et anti-naturaliste des personnages gays friendly ou homosexuels des fictions homo-érotiques, la Nature (biologique, animalement domesticable, minérale, humaine) est remplacée par l’idée de « nature humaine » (pulsionnelle, instinctive, bassement animale, ou carrément rationnalisée, sentimentalisée, homosexualisée, spiritualisée). « Quelle étrange nature, la nature d’un homme… » (cf. une réplique de la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias) ; « Pourquoi l’avait-on doté d’une telle nature ? » (la conteuse par rapport à Dorian et à son homosexualité, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Accomplir parfaitement notre nature, voilà notre raison d’être. » (Lord Henry, idem) ; etc. C’est en se rabattant sur la défense de la « nature humaine » que certains personnages homosexuels croient défendre la Nature. Dans leur esprit, la nature-Cosmos poétique, sentimentale, va prévaloir sur la Nature réelle : « La terre me pèse un peu, bien sûr, mais j’aime l’idée de ne plus faire qu’un avec elle, de me fondre en elle, d’être envahi par elle, de m’en retourner en elle. » (Luca, le héros homosexuel du roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, p. 61) ; « Les liens de l’esprit ont parfois plus de valeur que les liens du sang. » (Georges, un des héros homosexuels de la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier) ; « Peu importe mon sexe, il s’agit de liberté ! » (Lou, l’héroïne lesbienne de la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; etc.
 

Cette nature théorique, rattrapée forcément par la Réalité, finit par rentrer en conflit avec elle-même et avec l’Homme (car l’humain n’est pas pur esprit). « Désaccord entre l’âme et le corps… même si la flamme au cœur brûle encore. » (cf. la chanson « La Vie continuera » d’Étienne Daho) ; « Les liens d’Eros tout-puissant sont-ils plus attachants que les liens du sang ? » (cf. la chanson « Les Liens d’Eros » d’Étienne Daho) ; etc. Et l’Homme qui croit en la vérité de cette fausse nature finit par vivre lui aussi un conflit entre ses pulsions et son propre corps anatomique/le monde naturel extérieur.

 

« Nature, tu n’es pas naturelle. Tu seras donc mon ennemie ! » Voilà le credo paradoxal du héros homosexuel. Comme la Nature et la Réalité n’obéissent pas à tous ses désirs, il se met à En avoir peur et à Les présenter comme de terribles dangers surnaturels à combattre. Dans de nombreux films, ce sont les éléments naturels qui sont montrés comme responsables de la mort ou des malheurs qui surgissent dans la vie des protagonistes homosexuels : cf. le film « L’Ennemi naturel » (2003) de Pierre-Erwan Guillaume (avec la marée montante), les films « Le Temps qui reste » (2005) et « Action Vérité » (1994) de François Ozon (avec la diabolisation des menstruations féminines), le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude (avec les habitants d’une île qui ne leur fait pas de cadeaux et les tue un par un), le film « The Birds » (« Les Oiseaux », 1963) d’Alfred Hitchcock, le roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa (avec la forêt dévorante), le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot (avec la mort de Saïd, foudroyé par un éclair), le film « Giorgino » (1994) de Laurent Boutonnat, etc.

 

Par exemple, dans le roman Le Froid modifie la trajectoire des poissons (2010) de Pierre Szalowski, le grand froid paralyse Montréal. Dans le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald, les nuages sont vus comme des dangers par Stella et Dotty, le couple de femmes âgées lesbiennes… et plus tard, à cause de la montée des eaux sur l’île qu’elles visitent, Dotty manque de se noyer. Dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, la pluie diluvienne et orageuse qui écourte la soirée LGBT en terrasse oblige les occupants homosexuels de l’appartement d’Harold et Michael à vivre la séance de torture que va être le jeu « Action ou Vérité ». Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, Frankie, le héros homosexuel, voit son appartement de San Francisco envahi par les souris. Finalement, il s’accoutume à ces rongeurs qui l’angoissaient, puisqu’il finit par s’acheter une cage et une souris. Dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza, Damien, l’un des héros bisexuels, a roulé en voiture sur un hérisson. Le film « 120 battements par minute » (2017) de Robin Campillo Nathan, avec son amant Arnaud, sont pris dans une tempête de neige et sont rendus invisibles dans leur voiture. Nathan s’est imaginé un accident dans lequel une voiture leur rentrait dedans : « S’il y avait une voiture qui rentrait dans la nôtre, on rencontrerait notre voiture calcinée. » Dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa, Phil, le jeune héros homo de retour de colonie de vacances, s’étonne de passer devant une forêt dévastée : « On a eu une tempête de folie. J’avais jamais vu ça. » lui dit Tereza, lesbienne, venue le chercher en voiture. Il ne reconnaît plus le jardin familial : « Y’a eu la Troisième Guerre mondiale dans notre jardin ? » « C’est la tempête. Elle a tout ravagé. » lui répond Glass, sa mère. Dans le film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button, Virginia Woolf a des hallucinations en lien avec une nature qui l’envahit : ça commence par des visions de lierres qui grimpent partout et envahissent son intérieur ; puis elle est attaqué par un groupe de corbeaux.

 

« Le courant est en train de m’emporter. […] Je me suis laissé entraîner par la marée. Mon corps s’est fracassé contre les rochers. Depuis, on ne me voit plus. » (Santiago s’adressant à son amant Miguel, dans le film « Contracorriente » (2011) de Javier Fuentes-León) ; « Les animaux me font flipper. » (Johnny, l’un des héros homosexuels dans le film « Children Of God », « Enfants de Dieu » (2011) de Kareem J. Mortimer) ; « Élève-toi avant que les chênes ne t’étouffent. […] Toi, tu n’es qu’un arbre banal. » (Négoce, l’un des héros homosexuels de la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; « Les nuits sans sommeil se faisaient sentir. Jane avait lu quelque part que c’était la façon dont la nature préparait les mères à ce qui allait suivre. Si c’était vrai, la nature était une garce. » (Jane, l’héroïne lesbienne enceinte, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 42) ; « L’Océan est traître, hein, Doni ? » (un collègue secouriste s’adressant à Donato, le héros homo, dans le film « Praia Do Futuro » (2014) de Karim Aïnouz) ; « La Plage du Futur est une plage dangereuse. » (Donato, idem) ; « L’air est si salé qu’il ronge le béton et le fer. » (Donato s’adressant à son amant Konrad, idem) ; « Le vent est parfois si méchant. » (Suki, l’héroïne lesbienne parlant de son billet envolé et qui lui a fait perdre son train, dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez) ; « Je vais t’aimer de plus en plus fort, et c’est toi qui vas m’aimer de moins en moins : c’est la nature. » (Diane, la mère s’adressant à son fils homo Steve, dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan) ; « La campagne, franchement, j’en ai rien à foutre. » (Carole, l’héroïne lesbienne du film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini) ; « Cette foutue météo ! » (c.f. la chanson « La Femme au milieu » d’Emmanuel Moire) ; « Toute ma vie je me suis sentie coincée dans mon propre corps. » (Morgane, héros transsexuel M to F, dans l’épisode 405 de la série Demain Nous Appartient, diffusé sur TF1 le 21 février 2019) ; etc.

 

Film "Suddenly Last Summer" de Joseph Mankiewicz

Film « Suddenly Last Summer » de Joseph Mankiewicz


 

En réalité, le personnage homosexuel ne fait que projeter sur la Nature sa propre méchanceté et ses fantasmes (car objectivement, aucun animal ne tue pour le mal ; les tremblements de terre ne sont pas « méchants » ; et la pluie n’est pas le ciel qui pleure) afin de n’assumer ni son identité profonde (d’homme ou de femme, d’Enfant de Dieu), ni l’existence de Dieu, ni la responsabilité de ses actions : « C’est pas de ta faute, c’est la nature. » (cf. la chanson « Petit Pédé » de Renaud) ; « Nul n’a le droit en vérité de me blâmer, de me juger. Et je précise que c’est bien la Nature qui est seule responsable si je suis un homme oh ! comme ils disent. » (cf. la chanson « Comme ils disent » de Charles Aznavour) ; « De façon ravageuse, la Nature est tueuse. » (cf. la chanson « Fuck Them All » de Mylène Farmer) ; « Notre Mère Nature m’a fait porter un sacré coup… en me faisant naître dans une petite ville de l’Indiana. » (Billy, le narrateur homosexuel du film « Billy’s Hollywood Screen Kiss » (1998) de Tommy O’Haver); « Cette Nature toute de feu et de glace ne pouvait admettre le tiède. » (la voix-off de Jean Cocteau dans le film « Les Enfants terribles » (1949) de Jean-Pierre Melville) ; « La Nature est cruelle. Sébastien l’avait toujours su depuis sa naissance. J’ignorais que nous sommes traqués, tous dévorés par l’avide Création. Je refusais d’affronter cette horrible vérité. Quand soudain, l’été dernier, j’ai appris que Sébastien disait vrai, que ce qu’il m’avait montré aux îles Galápagos était l’horrible, l’inéluctable vérité. » (Mrs Venable parlant de son fils homosexuel, tué par des mains d’hommes – la pègre de ses ex-amants –, dans le film « Suddenly Last Summer », « Soudain l’été dernier » (1960) de Joseph Mankiewicz) ; « Vous ne trouvez pas que la Nature fait penser à la mort ? » (Marianne dans le film « L’Arbre et la Forêt » (2010) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau) ; « Mon corps, il m’a trahie. » (Hadda dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 197) ; « La Nature est injuste ! La Beauté est injuste ! Et bien le corps aussi ! » (cf. une réplique de la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier) ; « Je suis une femme coincée dans un corps d’homme. » (Mia, le héros transsexuel M to F de la série Hit & Miss (2012) d’Hettie McDonald) ; « À l’avenir, je me violerai sur un tapis dans le pré. » (Anthony, l’un des héros homosexuels du roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; « Parfois, il arrive que la nature joue un mauvais tour à un homme. » (Joe travesti en Joséphine et s’adressant à Alouette, dans le film « Certains l’aiment chaud » (1959) de Billy Wilder) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « La Robe du soir » (2010) de Myriam Aziza, Juliette, l’héroïne lesbienne, a du mal à accepter son corps : elle ne veut pas aller se baigner, enlever son survêtement quand il fait chaud, etc. Dans le film « Corpo Giusto » (2010) de Jennifer Norton, Antonia est une jeune femme qui croit qu’elle est née dans le mauvais corps.

 

Le corps sexué est considéré comme un dieu diabolique, et comme une « erreur », une poupée à détruire, à transformer, à reconstruire à sa guise, à déformer, à nier parce qu’il est vivant et bien plus noble que le corps animal : cf. le roman Le Diable au corps (1923) de Raymond Radiguet, la pièce The Dog Beneath The Skin (1935) de Wystan Hugh Auden et Christopher Isherwood, le roman Le petit galopin de nos corps (1977) d’Yves Navarre, le roman Mon corps ce doux démon (1958) de Pierre de Massot, le film « Mysterious Skin » (2004) de Gregg Araki, la chanson « Sans logique » de Mylène Farmer, la chanson « Mon Démon » du Teenager dans la comédie musicale La Légende de Jimmy de Michel Berger, le film « La Chair et le Diable » (1927) de Clarence Brown, le film « Odio Mi Cuerpo » (1975) de Leon Klimovsky, le film « Stranger Inside » (2001) de Cheryl Dunye, le film « Corps perdus » (2012) de Lukas Dhont, etc.

 

Vidéo-clip de la chanson "Le Diable au corps de Clara Morgane

Vidéo-clip de la chanson « Le Diable au corps » de Clara Morgane


 

« J’suis mal dans ma peau. » (cf. la chanson « S.O.S. d’un terrien en détresse » de Johnny Rockfort dans l’opéra-rock Starmania de Michel Berger) ; « Le corps est le pire des traîtres. » (la narratrice lesbienne du roman La Voyeuse interdite (1991) de Nina Bouraoui, p. 61) ; « Pourquoi ce corps ? se demandait M. Fruges. Pourquoi l’esprit est-il lié à une chair d’où lui viennent toutes ces convoitises ? » (Julien Green, Si j’étais vous (1947), p. 138) ; « Ce pauvre corps dans lequel je me suis tellement ennuyé… » (Fabien, idem, p. 83) ; « Le soleil dort encore, j’ai le diable au corps, la nuit me jette un sort. » (cf. la chanson « Le Diable au corps » de Clara Morgane) ; « Le diable s’est incarné. Il a pris corps en vrai. » (Vincent Byrd Le Sage dans son one-man-show Le Maître des ténèbres : confession d’un ange déçu, 2003) ; « Mourad a le démon de la réussite et le diable au corps. » (Christophe Bigot, L’Hystéricon (2010), p. 23) ; « C’est maman qui avait raison : t’as vraiment le diable au corps. » (Sandrine s’adressant à son petit frère Julien, dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, l’épisode 8, « Une Famille pour Noël ») ; « J’ai vraiment un corps de base. Si j’étais une voiture, je serais sans option. Mon père m’a eue en soldes. C’est un radin. » (Shirley Souagnon dans son concert Free : The One Woman Funky Show, 2014) ; « Maintenant, mon corps me dit : ‘Fais ta vie. Je fais la mienne. » ; « J’ai peur quand on me touche. » (Juna, l’une des héroïnes lesbiennes de la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez) ; « Jane se vit vomir un petit diable dans l’allée centrale, l’horrible créature se tortillant, impuissante, sur les dalles de pierre. » (Jane l’héroïne lesbienne à l’église, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 199) ; « Je suis arrivé au Mexique encore vierge. Je repars en Russie débauché. Mon corps est un étranger. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; etc. Par exemple, dans la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet, Mercedes, la nymphomane, déclare qu’elle a le diable au corps. Dans la chanson « Burning Dancefloor » de Cassandre, il est question du diable au corps.

 

On retrouve assez fréquemment le symbole du corps humain morcelé, écartelé ou violé dans les fictions homo-érotiques : cf. le film « Strangers On A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock, le film « My Own Private Idaho » (1991) de Gus Van Sant, les œuvres de Yan Zhichao, La pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi (avec Fifi, le travesti M to F qui se fait couper une oreille, puis l’autre), le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin (avec des types découpés en dix morceaux), le one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011) de Raphaël Beaumont (avec Sofia, la femme-tronc), la chanson « La Femme coupée en morceaux » de la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy, la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi (avec le corps du bébé Katia « presque décomposé », en putréfaction), le film « Corps à corps » (2009) de Julien Ralanto, la pièce musicale Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, la pièce String Paradise (2008) de Patrick Hernandez et Marie-Laetitia Bettencourt, le film « Queens » (2012) de Catherine Corringer, la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1985) de Copi (avec la femme de ménage bardée de prothèses), la nouvelle « Les Garçons Danaïdes » (2010) d’Essobal Lenoir (avec le corps tranché de Pascal), le concert Le Cirque des mirages (2009) de Yanowski et Fred Parker, le film « Les Corps ouverts » (1998) de Sébastien Lifskitz, le roman Le Corps des anges (2005) de Mathieu Riboulet, le film « Smooth » (2009) de Catherine Corringer (avec le corps pâte à modeler), le film « Corps inflammables » (1995) de Jacques Maillot, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, etc. Par exemple, la pièce En panne d’excuses (2014) de Jonathan Dos Santos commence par un flash-info radiophonique annonçant qu’une jeune femme de 25 ans a été retrouvée morte dans un champ de colza, découpée en morceaux par le « Tueur à la Hache ».

 

Le corps sexué est rendu immatériel, est annulé par la métaphore poétique, spirituelle, sensuelle, métaphorique, érotisée (cf. je vous renvoie au code « Extase » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « Du bout des doigts je lis l’amour en braille. Ton épiderme me fait sa déclaration. » (le Comédien, dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier, p. 57) ; « Le corps de Pierre, le cul de Pierre, la queue de Pierre. Il faudrait désormais aussi compter avec le cœur de Pierre. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Cœur de Pierre » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 54) ; « Mon corps est moins pur que mon âme, je le disperse et je l’offre. » (Max Jacob dans le film « Monsieur Max » (2007) de Gabriel Aghion) ; « Je suis un pur esprit. […] Je ne veux pas ré-intégrer mon corps : c’est trop barbant ! » (la figure d’Érik Satie dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou) ; « L’électricité a envahi mon corps. J’ai joui ! » (Nathalie Rhéa parlant de sa rencontre avec Tatiana, dans son one-woman-show Wonderfolle Show, 2012) ; « Que laisserons-nous de nous, moitié anges moitié loups, quand nos corps seront dissous dans la langueur monotone du premier frisson d’automne ? » (Luca dans le spectacle musical Luca, l’évangile d’un homo (2013) d’Alexandre Vallès) ; « Finalement, ils se sont rendus compte qu’elle n’était pas fracturée. » (Joséphine s’adressant au téléphone à Alain Richepin, le rassurant sur l’état de sa fille lesbienne Romane qui n’est pas accidentée, dans l’épisode 68 « Restons zen ! » (2013-2014) de la série Joséphine Ange gardien) ; etc.

 

Le corps morcelé apparaît particulièrement chez des auteurs homosexuels tels que Copi, et plus largement ceux qui ont confondu le corps avec une marionnette, ou bien la Nature avec l’image fantasmée qu’ils s’En sont faite : « Mais vous êtes en lambeaux ! Venez que je vous ramasse ! Je vous recouds, Linda ! Vous êtes pas belle à voir ! […] Linda, j’explose ! Oh merde, il faut que je me ramasse toute seule ! Ça va être du joli pour recoller tous ces doigts ! Il y a des cheveux collés sur tous les murs ! […] Sans compter que c’est pas facile à scier des hommes aussi grands ! » (Loretta Strong, l’héroïne transgenre M to F, s’adressant à Linda, dans la pièce Loretta Strong (1978) de Copi) ; « Michael et moi nous récupérons les petits corps : Pigg n’a plus de bras, à Moonie lui manque la moitié de la poitrine, Rooney a la figure déchiquetée, nous récupérons aussi la tête de la louve qui flotte près de la plage et ma jambe en métal qui est ramenée par la mer. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 104) ; « Vous pouvez déjà me donner la queue et les cornes. Et les oreilles. En plus elle n’a besoin que d’un œil. » (le Jésuite s’adressant au Rat en parlant de la vache, dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi) ; « Cachafaz chéri, mon trésor, si tu permets, je vais dehors découper le flic en rondelles. » (Raulito s’adressant à son amant Cachafaz, dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi) ; « Son corps en désordre. » (cf. la description d’Arlette dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, p. 151) ; « Christian vit se confondre devant ses yeux Jacqueline, en tenue sportive, et Linda Davis, habillée en peau de léopard, qui s’acharnaient à coups de canifs sur son visage ; elle lui coupèrent les oreilles, le nez et les lèvres avant de lui arracher la langue et de lui crever les yeux. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « La Césarienne » (1983) de Copi, p. 73) ; « Oh merde, ils m’ont déchiré le bras. » (Maria parlant des chiens, dans la pièce Les Quatre Jumelles (1973) de Copi) ; « J’y prends le rasoir jetable de Marcel et dans le cagibi à bricolage, d’un coup de marteau le brise en miettes contondantes ; du plus gros bout de lame récupéré je me taillade le visage aussi profondément que je peux, ne m’épargnant pas lèvres et paupières, et retourne tout sanguinolent me coucher sur le ventre, la tête dans mon oreiller buvardant larmes et sang. » (Vincent Garbo, le héros homosexuel du roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, p. 59) ; « Esti [l’un des héroïnes lesbiennes] s’était entaillé le genou. Elle n’arrêtait pas de se faire mal partout ; il lui était pratiquement impossible de sortir indemne d’une heure de gymnastique ou de traverser la cour sans tomber. Ses genoux et les articulations de ses doigts étaient en permanence constellés d’égratignures : fraîches, à demi cicatrisées, anciennes. » (Naomi Alderman, La Désobéissance (2006), p. 214) ; « Vous rêviez toutes de cet homme, et vous l’avez écartelé. » (Magdalena parlant du Prince au corps morcelé, dans la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet) ; etc. Par exemple, dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, Daniel, l’un des héros homosexuel, donne sa définition personnelle du verbe « vivre » : « Le sourire aux lèvres, continuer à vivre en pièces détachées. »

 

Le corps morcelé, à mon sens, est une esthétisation éclatée d’un viol réellement vécu par le héros homosexuel, ou au moins du fantasme de viol (= peur de la sexualité) qu’est le désir homosexuel. « Elle est rentrée en moi. J’ai cru que j’allais exploser. » (Irène après sa première relation lesbienne, dans la pièce Ma première fois (2012) de Ken Davenport)

 

Au fond, le personnage homosexuel pratiquant méprise le corps humain parce qu’il cède trop souvent à ses pulsions sensuelles et érotiques qui lui retirent la noblesse, la beauté et le caractère sacré de ce dernier, parce qu’il a peur de la (découverte de sa) sexualité. Ce qu’il abhorre dans le corps, c’est uniquement le mauvais usage de ses instincts corporels : « Je comprends pas mon corps. Le plaisir qu’il trouve, et qu’il prend, à savoir les yeux d’Irène dans un coin du miroir. Sa volonté de se soumettre aussi vite à la nécessité qui l’oblige. Ce que sa main droite est en train de faire sous le drap bleu, qui me donne la honte rouge. » (le narrateur du roman Le Crabaudeur (2000) de Quentin Lamotta, p. 86) ; « J’ai l’impression d’être prisonnier de mon corps, de n’avoir aucun contrôle sur les choses. » (Chris, l’un des héros homosexuels du roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 173) ; « Je pense que je suis plus de la bouche et du nez que du corps entier. » (Alexandra, la narratrice lesbienne libertine du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 72) ; « Ma mauvaise nature m’avait appris que mon plaisir était plus grand quand il était pris sans prudence, à l’instant où il se présentait. Voilà maintenant que je pensais contre la réalité, m’imaginant comme une femme qui vivrait avec une autre femme, dans, si j’ose dire, la sécurité d’un couple. J’étais toujours impressionnée par ce rêve que j’avais fait et qui se passait en Grèce, où des femmes ensemble s’adonnaient sans retenue à tous les excès. […] [Une idée m’obsédait :] assouvir cette faim que j’avais du féminin. D’autant que je prenais conscience que seul le corps, chez les femmes, m’intéressait. Je ne me sentais pas capable d’aimer vraiment. Mon désir se manifestait dès que le corps d’une autre me paraissait accessible, me souciant seulement du plaisir que j’en espérais. On ne peut pas appeler cela de l’amour. En société, j’imaginais les femmes qui m’entouraient déshabillées et offertes, et très vite, dans un état presque halluciné, je leur prêtais des postures ou des situations que je n’ose décrire, même dans mon carnet… Ma cruauté, dans ces instants, me préparait à l’idée qu’un jour je n’aurais plus vraiment de limite et que mon « vice » m’avalerait entièrement. Je combinais et raisonnais de plus en plus en fonction de lui, sentant bien que, quand j’étais dans ces étranges dispositions, en crise, comme on dirait, c’était lui qui déterminait tout ce que je pensais et faisais. J’avais imaginé un moment demander à la petite voisine de passer me voir afin de faire ensemble ce que je l’avais obligée à faire seule devant moi, sachant combien j’aimais à outrepasser la pudeur des autres, pour le plaisir que son viol me donnait. Cette envie ne me quittait pas, mais je devais résister, c’était trop risqué. […] J’avais peur de moi. Quand je sentais monter ce besoin de chair, peu m’importaient les moyens et la figure de celle qui me donnerait ce qu’il me fallait. […] Je voulais ma nuit avec une femme, comme l’on veut sa naissance. » (idem, pp. 56-57) ; etc.

 

Comme le héros homosexuel ne veut pas assumer la gravité des actes homosexuels qu’il pose, il va chercher à détruire la Nature et le corps sexué des humains (à commencer par le sien). « À bas la Nature ! Vive l’art ! » (Michel Blanc en Mr Mosc, dans le film « Musée haut, Musée bas » (2007) de Jean-Michel Ribes) ; « Ce soir-là, elle se contempla dans la glace et, se détaillant, elle détesta son corps avec ses épaules musclées, ses petits seins fermes et ses minces hanches d’athlète. Elle devait toute sa vie traîner ce corps comme une entrave monstrueuse imposée à son esprit […]. Elle eût voulu le mutiler […]. » (Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 246) ; etc. Par exemple, dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, Julien Brévaille, l’un des héros homosexuels, détruit la Nature par le feu puisqu’il est pyromane. Dans le film « Tu n’aimeras point » (2009) de Haim Tabakman, Ezri et Aaron, les amants homos, travaillent dans une boucherie.

 

Pour appliquer un vernis efficace de déni et de mauvaise foi sur sa haine et sa destruction effectives de la Nature, le personnage homosexuel a tendance à se réfugier dans la caricature des naturalistes (ou essentialistes) qui lui tendent un miroir relativement justifié de ses pratiques. Cette caricature consiste à imiter des fondamentalistes religieux, des parents familialistes traditionnalistes hétérosexistes, des savants natalistes rapidement scientifiques qui répètent à tue-tête « contre-nature, contre-nature, contre-nature », sans jamais leur permettre de parler d’Amour ni d’expliciter ce qu’ils mettent derrière le mot « Nature »… pour ensuite leur couper radicalement la chique en leur soutenant qu’ils sont réactionnaires, que la pratique homosexuelle est beaucoup plus naturelle que la pratique hétérosexuelle ou que la pratique religieuse, et que ce qui est vraiment « contre-nature » c’est de s’opposer à « l’homosexualité-identité » ou « l’homosexualité-amour » : « Vivre avec une femme n’est pas une chose facile, voire contre-nature. » (Alexeï Kalachnikov dans la pièce Tante Olga (2008) de Michel Heim) ; « Cette fête est contre-nature… mais je vais rendre les choses un peu moins gaies/gays, si tu vois ce que je veux dire… » (Lauren, la peste hétérosexuelle traditionnaliste s’adressant à Shane le héros homosexuel, dans la série Faking It (2014) de Dana Min Goodman et Julia Wolov, cf. l’épisode 1 « Couple d’amies » de la saison 1) ; « En vérité, si la nature ne l’avait pas mise au défi, elle aurait très bien pu devenir semblable à eux : engendrer des enfants […]. » (Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 143) ; etc.

 

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

La Nature cruelle à punir

 

Pochette de la chanson Outside de George Michael

Pochette de la chanson Outside de George Michael


 

À l’heure actuelle, dans le discours sentimentaliste et anti-naturaliste des personnes gays friendly ou homosexuelles pratiquantes, la Nature (biologique, minérale, animale, humaine) est remplacée par l’idée de « nature humaine » (pulsionnelle, instinctive, bassement animale, ou carrément rationnalisée, sentimentalisée, homosexualisée) : « It’s human nature » chante par exemple George Michael dans sa chanson « Outside » pour justifier son homosexualité et son attentat à la pudeur dans les toilettes publiques d’un parc de Beverly Hills en 1998. C’est en se rabattant sur la défense de la nature humaine (nature qui se dit en des termes très libéraux et libertaires) que certaines personnes homosexuelles croient défendre la vraie Nature. « Oui, il faut oser le dire, il faut oser l’écrire : l’immense majorité des homophiles accordent au seul corps – à ses apparences, à ses exigences – une importance qu’il ne mérite pas, une importance beaucoup trop grande, une importance sans commune mesure avec ce qu’il peut être, ce qu’il peut offrir et donner, aujourd’hui déjà, à plus forte raison demain. » (André Baudry, fondateur d’Arcadie, cité dans l’autobiographie Libre : De la honte à la lumière (2011) de Jean-Michel Dunand, p. 147) ; « La Nature. Je crois que j’étais vraiment faite pour ça ! » (Catherine, une des témoins homosexuels du documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; etc. L’idolâtrie naturaliste bisexuelle transparaît dans la chanson « Tous les droits sont dans la nature » de Catherine Ribeiro par exemple.

 

Dans son autobiographie Mauvais Genre (2009), la romancière lesbienne Paula Dumont démontre qu’elle confond sexuation homme/femme et images sociales et culturelles attribuées à la sexuation (réalités beaucoup plus aléatoires et subjectives). Elle parle par exemple de la « symbolisation du sexe de la femme » (p. 54) et non du sexe de la femme. La prévalence pour l’apparence sexuée au détriment de la réalité de la sexuation est induite dans son discours : « Tout en sachant que je suis une femme, je dois impérativement me donner l’apparence d’un homme. » (p. 65) ; « Je me devais d’être la plus virile possible pour être conforme à ma nature profonde. » (p. 81) ; « L’an dernier encore, je justifiais mon genre et mon homosexualité en me bornant à déclarer que tous deux faisaient intrinsèquement partie de moi, que les nier serait me nier moi-même. […] J’ai tenu ce raisonnement tout au long de mon existence. » (p. 113)

 

Le travestissement bien-intentionné (la destruction en réalité) de la Nature ne concerne pas que l’identité sexuée. Il touche malheureusement aussi la procréation (les enfants + les parents). Par exemple, lors de sa conférence « L’homoparentalité aux USA » à Sciences-Po Paris le 7 décembre 2011, l’avocat nord-américain Darren Rosenblum, qui avec son copain a acheté « leur » petite fille (Mélina) à une mère porteuse (Gestation Pour Autrui), a adopté une discours très poétique et en apparences « positif », quand bien même celui-ci se caractérisait par un fort anti-naturalisme : en effet, concrètement, Rosenblum cachait l’identité du véritable père biologique de Mélina à l’assistance (« Un de nous est le père biologique de Mélina. On ne voulait pas savoir qui était le père biologique. On sait maintenant qui est le père biologique, mais on garde le secret. ») ; il ne faisait de l’identité de mère ou de père qu’une affaire de « rôles » indéfinissable tellement ils seraient étendus (« Le sens des termes ‘père’ et ‘mère’, je pense, va fondre. » ; « Il y a un potentiel de jeux de rôles qui se développe dans les familles homoparentales. ») ; il travestissait la Nature en réalité subjective et relative à la culture mouvante de chaque individu humain (« Je soutiens une interprétation de la biologie. » ; « Je trouve que ces rôles de père ou de mère ne sont pas essentiels. Si dans une famille un homme veut être la mère, il doit pouvoir le faire. » ; « La parentalité, chez nous aux États-Unis, c’est aussi quelque chose de culturel. ») ; il proposait une « philosophie de genres » ; il recherchait une « parentalité androgyne » et parlait de « désexuer la parentalité ». Bref, en clair, il visait à artificialiser la Nature au nom de Celle-ci.

 

Dans l’esprit des défenseurs du Gender, du Queer et du Camp (tous ces courants « intellectuels », « artistiques », « philosophiques » prônant l’indifférenciation des sexes, et donc une nature bisexualisée, animalisée, angéliste, déshumanisée), dans la tête des promoteurs de la suprématie des sensations amoureuses, la Nature-Cosmos poétique, sentimentalisée, va prévaloir sur la Nature réelle. « Il faut en finir avec la filiation biologique. » (Erwann Binet, député PS et rapporteur de la loi Taubira) ; « Vous ne croyez pas que l’Amour est plus important que la biologie ? » (Jean-Marc Morandini en conclusion de son interview à Albéric Dumont, sur la radio Europe 1 à propos de la GPA et de la PMA, le 16 septembre 2014) ; « Quel est le bénéfice d’imposer un sexe précis à un enfant ? » (le sociologue Sébastien Carpentier lors de sa conférence au Centre LGBT de Paris, à l’occasion de la sortie de son essai Délinquance juvénile et discrimination sexuelle, en janvier 2012) ; etc. Je vous renvoie notamment au documentaire « Naître ni fille ni garçon » (2010) de Pierre Combroux, à l’idéologie pro-choix de Caroline Fourest, aux pressions actuelles au niveau du Parlement Européen pour inscrire l’intersexuation et la trans-identité dans le droit et en tant qu’inexistence de la différence des sexes (inexistence qui est un mensonge, car même les personnes qui naissent intersexuées, ou qui se sentent femme dans un corps d’homme, ou homme dans un corps de femme, restent sexuées).

 

Comme l’écrit parfaitement François Cusset dans son essai Queer Critics (2002), la pensée queer consiste « à ne désexualiser les organes que pour faire du vaste monde une zone érogène ». C’est une idéologie ultra-sensorielle planante qui paradoxalement ne tient pas compte des corps sexués réels : on y observe « une sorte de totalisation du sexe au détriment de ses parties, un animisme du corps aux dépens de ses organes et de leurs fonctions » (p. 143).

 

La nature théorique construite mentalement par les personnes homosexuelles pratiquantes, rattrapée forcément par la Réalité, finit par rentrer en conflit avec elle-même et avec l’Homme (car l’humain n’est pas pur esprit). Et l’Homme qui croit en la vérité de cette fausse nature finit par vivre lui aussi un conflit entre ses pulsions-sentiments et son propre corps anatomique/le monde naturel extérieur : « L’homme est en discontinuité avec la nature, et tout ce qui vient de lui est original. » (la philosophe lesbienne Geneviève Pastre, citée dans la revue Triangul’Ère 1 (1999) de Christophe Gendron, p. 75) ; « La position de Judith Butler a connu un immense succès dans les milieux gays et lesbiens car elle légitimait la dissociation entre le corps et le choix d’un comportement sexuel. » (Élizabeth Montfort, Le Genre démasqué (2011), p. 24) ; etc.

 

Comme notre nature humaine n’est belle, paisible et féconde qu’en s’accordant avec la Nature écologique, environnante et environnementale (puisque tous nos désirs ne sont pas des réalités. Et heureusement ! Les autres existent aussi), un certain nombre de personnes homosexuelles vont, parfois très tôt dans leur jeunesse, nourrir une forme d’amertume voire de plan de vengeance contre la Nature, et notamment la Nature ordonnée que sont la société et l’Église. « Nature, tu n’es pas naturelle. Tu seras donc mon ennemie ! » Voilà le credo paradoxal de beaucoup d’entre elles. Dans leurs discours, ce sont les éléments naturels qui sont montrés comme responsables de la mort ou des malheurs qui surgissent dans leur vie : « Silencieusement, sa nature humaine semble faire horreur à Virginia Woolf. » (cf. l’article « L’Angoisse d’être vivante » de Chantal Chawaf, dans le Magazine littéraire, n°275, mars 1990, p. 45) ; « Je ne suis pas née dans le bon corps et j’ai toujours su que j’étais une femme. Je n’étais pas dans le bon corps. J’étais jalouse des filles. » (Kellie Maloney, homme transsexuel M to F, ex-manager de Lennox Lewis) ; « Ce n’est pas notre faute, si la nature se trompe parfois. » (une des trois tantes gays friendly d’Alfredo Arias, dans l’autobiographie de ce dernier, Folies-Fantômes (1997), p. 114) ; « Le Camp est fondamentalement ennemi du naturel, porté vers l’artifice et vers l’exagération. » (cf. l’article « Le Style Camp » de Susan Sontag, L’Œuvre parle (1968), p. 421) ; « Mais ce qui est sans pitié pour les homosexuels, c’est la nature, Jean, la loi de l’espèce, la terrible réalité de ce qui est. La charité de Dieu, qui est surnaturelle, fait place, elle, à ceux qui portent ce fardeau. » (cf. une lettre de Jacques Maritain adressée à Jean Cocteau, à Paris en 1983) ; « Je regarde les hommes mais je n’ai pas l’impression que c’est leur corps qui m’attirent mais leur énergie. Je ne me reconnais pas en tant qu’homme, comme si je ne savais pas qui j’étais, comme s’il y a un problème d’incarnation en homme, comme si le fait de regarder des hommes hétéros ou homos, m’a poussé vers l’homosexualité pour connaître à quoi ressemble un homme intérieurement dans sa chair, comme si j’avais pas intégré mon propre corps. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) ; etc. Par exemple, dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud, Bertrand Bonello scrute dans son miroir la tache rouge inquiétante grossissant dans son dos.

 

En réalité, les personnes homosexuelles ne font que projeter sur la Nature leur propre méchanceté et leurs fantasmes égocentrés (car objectivement, aucun animal ne tue pour le mal ; les tremblements de terre ne sont pas « méchants » ; et la pluie n’est pas le ciel qui pleure) afin de n’assumer ni leur identité profonde (d’homme ou de femme, d’Enfants de Dieu), ni l’existence de Dieu, ni la responsabilité de leurs actions : cf. le documentaire « Crimes Against Nature » (1977) d’Edward Dundas. « Du plus loin qu’il se rappelle, la Nature était contre lui. » (Jean-Paul Sartre se référant à Jean Genet, dans la biographie Saint Genet, comédien et martyr (1952), p. 16) ; « C’est à propos de mon sentiment en face de la Nature que je parle d’espionnage. » (Jean Genet, Journal du voleur (1949), p. 55) ; etc. Elles parlent de la nécessité de « s’affranchir de l’esclavage corporel » (cf. l’article « Procréation Médicalement Assistée » de Marcela Iacub, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 380)

 

Le corps sexué est considéré par les personnes homosexuelles pratiquantes comme un dieu diabolique, comme une « erreur », une poupée à détruire, à transformer, à reconstruire à sa guise, à déformer, à nier parce qu’il est vivant et bien plus noble que le corps animal : « Mon seul problème a été l’erreur de la Nature quand elle m’a donné les organes génitaux masculins. » (Humberto Capelli, homme transsexuel M to F, cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 250) ; « Dès que je me déshabille, une érection immédiate s’empare de mon sexe sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l’éviter. […] Je ne maîtrise absolument rien. Je pourrai comparer ça à un démon qui vient habiter le corps d’un être humain. Comme dans ‘L’Exorciste’. Chez moi, c’est la même chose. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 30) ; « Je ressens une forte envie d’aller vers la demoiselle, envie immédiatement annihilée par une force obscure qui me souffle dans le creux de l’oreille que ce n’est pas ce que je veux vraiment. » (idem, p. 52) ; « Je sentais chaque centimètre de mon corps me distendre et m’étirer. Indéfiniment. De me sentir possédé, je me mis à pleurer. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 69) ; « Pendant que mon cousin prenait possession de mon corps, Bruno faisait de même avec Fabien, à quelques centimètres de nous. Je sentais l’odeur des corps nus et j’aurais voulu rendre palpable cette odeur, pouvoir la manger pour la rendre plus réelle. J’aurais voulu qu’elle soit un poison qui m’aurait enivré et fait disparaître, avec comme ultime souvenir celui de l’odeur de ces corps […]. » (Eddy Bellegueule simulant des films pornos avec ses cousins dans un hangar, dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 153) ; « Mon père s’est tourné vers moi, il m’a interpellé ‘Alors Steevy, ça va, c’était bien l’école ?’ Titi et Dédé se sont esclaffés, un véritable fou rire : les larmes qui coulent, le corps qui se tord, comme soudainement possédé par le démon, la difficulté à reprendre sa respiration. » (idem, pp. 116-117) ; « Ednar ne vivait que pour survivre. Il avait tant morflé dans sa jeunesse, qu’il avait fini par se détester lui-même car il ne s’était jamais senti réellement bien dans sa peau. » (Jean-Claude Janvier-Modeste, dans son autobiographie Un Fils différent (2011), p. 141) ; etc.

 

Par exemple, Raúl Gómez Jattin, le poète colombien, dit qu’il est « fatigué de vivre dans ce corps immonde » (Raúl Gómez Jattin cité sur le site Isla de la Ternura, consulté en janvier 2003). Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Christian, l’un des témoins homos, quinquagénaire, se rappelle son appréhension maladive pour les cours de sport et les douches collectives : « C’est extrêmement difficile à vivre. J’osais à peine regarder les autres. Quand c’était intime, j’étais dans le malaise. » Dans le film biographique « Girl » (2018) de Lukas Dhont, Lara/Victor, garçon trans M to F de 16 ans, « affaiblit son corps » en se droguant, en ne mangeant plus et ne dormant plus (les médecins qui le suivent disent : « Lara ne mange pas et ne dort pas assez. »), en faisant de la danse classique à un rythme effréné. À la fin du film, il tente même de se couper le sexe aux ciseaux.

 

Au fond, les personnes homosexuelles pratiquantes méprisent le corps humain parce qu’elles cèdent trop souvent à leurs pulsions sensuelles et érotiques qui lui retirent sa noblesse, sa beauté et son caractère sacré, parce qu’elles ont peur de la (découverte de leur) sexualité. Ce qu’elles abhorrent dans le corps, c’est uniquement le mauvais usage de leurs instincts corporels : « L’ultime trahison de mon corps eut lieu une nuit où je me rendais en discothèque avec quelques ‘copains’. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 175)

 

On retrouve assez fréquemment le symbole du corps humain morcelé ou écartelé dans les mots des personnes homosexuelles. Dans son essai Le Premier Sexe (2006), Éric Zemmour décrit à juste raison la tendance des créateurs et couturiers homosexuels à disséquer la différence des sexes, hommes et femmes confondus, à « découper la femme en morceaux, en bouts de désir et de fantasmes, les cheveux, les seins, la bouche, le cul, les hanches, les jambes, les chevilles, tout et n’importe quoi, mais surtout pas la femme entière » (p. 59). Et les personnes transgenres (et transsexuelles si elles se font malheureusement opérer) n’hésitent pas à user de la technique scientifique, de l’argent et du bistouri, pour détruire, mutiler leur corps afin qu’il se conforme à comment elles le « ressentent ». « Pour survivre, il fallait que je sois plus fort que le corps. » (la femme transsexuelle F to M, dans le documentaire « Le Genre qui doute » (2011) de Julie Carlier) Dans l’émission Aventures de la médecine spéciale « Sexualité et Médecine » de Michel Cymes diffusée sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018, Léonie, homme transsexuel M to F de 29 ans, en veut à son corps : « Je ne peux pas me sentir à l’aise avec ce corps. » Dans le documentaire « Ni d’Ève ni d’Adam : une histoire intersexe » de Floriane Devigne diffusé dans l’émission Infrarouge sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018, une des témoins intersexes qui se fait appeler « M dit qu’elle « n’aimait pas mon corps » : « Je rêve parfois que je n’ai plus ni hanches, ni fesses, ni jambes. Ma folie ne va pas jusque-là. »

 

Comme rares sont les individus homosexuels qui veulent assumer la gravité des actes homosexuels qu’ils posent, ils vont chercher à détruire la Nature et le corps sexué des humains (à commencer par le leur). « La loi naturelle est fasciste. » (Caroline Fourest, citée par Erwan Le Morhedec) Par exemple, dans le roman L’Increvable Monsieur Schneck (2006) de Colombe Schneck, l’auteur découvre un après-midi d’ennui (dans Paris-Match) que son grand-père s’est fait coupé en morceaux et mettre dans une malle par son amant… et ce fait divers est basé sur une histoire vraie.

 

Quand ils ne s’attaquent pas tellement aux corps par les opérations chirurgicales, le maquillage et les crèmes, le sadomasochisme, les tentatives de suicide, les tatouages (ce qui arrive quand même souvent), ils annulent souvent le corps sexué par la métaphore poétique, spirituelle, sensuelle, érotisée, dénégatrice, qui ne respecte pas l’indivisibilité du corps et de l’esprit, et qui rend l’être humain immatériel. Par exemple, l’intellectuelle lesbienne Monique Wittig a soutenu, lors d’une conférence, qu’elle n’avait pas de vagin.

 

B.D. Le Livre blanc de Copi

B.D. Le Livre blanc de Copi


 

L’idéologie du Genre (qui confond systématiquement « corps sexué » et « image médiatique des corps sexués ») est la parade jargonnante que les intellectuels LGBT ont trouvée depuis les années 1960 pour mépriser le corps humain sans que cela se voie… parce qu’elle se dit en termes artistiques, amoureux, sensoriels, politisés, optimistes (« Mon corps est une construction sociale et culturelle. Je n’ai pas de sexe. Je n’ai que des genres soumis à mes choix et à ma subjectivité du moment, des genres qui ne peuvent être définis et interprétés. »). Mais dans les faits et les mots, ça ne change rien. La peur et le mépris du corps humain sexué et sacré demeurent. Par exemple, dans son essai (au titre ô combien signifiant) Mauvais Genre (2009), Paula Dumont estime que le corps « trahit » (p. 7) : au fond, pour elle, « mauvais genre » rime avec « mauvais corps ».

 

Comme les personnes homosexuelles pratiquantes consomment parfois des substances hallucinogènes, vivent une relation ou une sexualité sans la différence des sexes (donc sans la sexualité), elles finissent par ne plus sentir leur corps (même si les plus bobos d’entre elles soutiennent quand même qu’elles se sentent « vivantes » quand elles consomment, quand elles font l’amour et quand elles entament une relation amoureuse)… et cette impression d’absence corporelle les fait paniquer, s’agripper à la moindre expérience affective, émotionnelle, sensorielle de l’immédiat qui leur rappellera qu’elles sont encore un peu en vie et qui leur fera souhaiter « posséder leur corps » (cf. l’article « Procréation Médicalement Assistée » de Marcela Iacub, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 380). Cette possession/dépossession/réappropriation de leur corps (le fameux « Mon corps m’appartient ! » du FHAR dans les années 1960-1970) ne s’exerce pas sans violence puisqu’elle n’est ni libre ni couronnée par la conscience du caractère sacré et sexué de tout corps humain.

 

À travers l’œillère d’une pensée libertaire mécaniste, le corps est réduit par la communauté homosexuelle à un terrain de potentialité, de « performances » (d’où la prolifération actuelle d’artistes LGBT qui se présentent comme des « performers » : Orlan, Steven Cohen, Golem Low, Andromak, etc.), d’expérimentations scientifico-artistiques (avec des « installations » plus délirantes et glauques les unes que les autres) : « La question de Spinoza : ‘Qu’est-ce que peut mon corps ?’ pourrait être le point de départ du cinéma de Catherine Cooringer. » (cf. l’éditorial de la plaquette du 17e Festival Chéries-Chéris, au Forum des Images de Paris, le 7-16 octobre 2011) ; « J’aime utiliser le corps comme une scène de théâtre. » (Steven Cohen, le performer transgenre M to F, dans le documentaire « Let’s Dance – Part I » diffusé le 20 octobre 2014 sur la chaîne Arte)

 

Sont amalgamés dans le discours des personnes homosexuelles pratiquantes le lexique de l’acorporel, et celui du corps-carcasse qui ressent tout à l’excès. Cela montre que leurs revendications (même politisantes et scientifiques) concernent avant tout un corps fantasmé, mythique. « La fonction du mythe, c’est d’évacuer le réel. […] Une prestidigitation s’est opérée, qui a retourné le réel, l’a vidé d’histoire et l’a rempli de nature. […] Du point de vue éthique, ce qu’il y a de gênant dans le mythe, c’est précisément que sa forme est motivée. […] L’écœurant dans le mythe, c’est le recours à cette fausse nature, c’est le luxe des formes significatives, comme dans ces objets qui décorent leur utilité d’une apparence naturelle. La volonté d’alourdir la signification de toute caution de la nature provoque une sorte de nausée : le mythe est trop riche, et ce qu’il a en trop, c’est précisément sa motivation. […] Éthiquement, il y a une sorte de bassesse à jouer sur les deux tableaux. » (Roland Barthes, Mythologies (1957), p. 230 puis p. 212) Le plaisir des sens dont elles font l’éloge peut aller s’il le faut jusqu’à l’appropriation brutale de son propre corps et du corps de l’autre (Deleuze, Guattari et Foucault se proposaient carrément, dans leur manifeste de « schizo-analyse » L’Anti-Œdipe (1973) de « forcer le réel à être plus qu’il n’est », en somme de violer le Réel et la Nature !). En même temps qu’elles séparent l’intérieur et l’extérieur pour mieux se protéger du dernier (… et donc du premier), elles en arrivent parfois à agresser leur propre corps, à l’image ou concrètement (scarifications, tatouages, piercing, régimes alimentaires drastiques, chirurgie esthétique, procréation médicalement assistée, bodybuilding, ablation du sexe, etc.) et célèbrent l’extérieur en le réifiant. Elles croient en la toute-puissance des apparences, pensent, comme les personnes transsexuelles, que le paraître modifie l’être, même si ensuite, elles affirmeront que le corps, une fois transformé, a toujours existé tel qu’il est. L’adulation du corps, dans la génitalité notamment, est en réalité un déni de celui-ci dans l’abstraction, comme le montrent ces propos : « C’est très important et très rassurant quand on pratique le sexe à plusieurs. C’est comme si on faisait abstraction de nos corps et qu’il ne restait plus que notre amour ! » (cf. le dossier « Fidélité » dans la revue Têtu, n°65, mars 2002) Beaucoup d’écrivains homosexuels font tout pour neutraliser le corps par la métaphore. Ils laissent de côté le corps réel pour lui préférer le corps poétique, sans organes, asexué, autrement dit mort.

 

Leur culte du corps est un moyen pour les personnes homosexuelles de se décorporaliser pour se sentir Dieu, et pour mépriser le vrai corps. Tandis qu’elles pensent avoir « le diable au corps », comme l’a écrit Raymond Radiguet, elles s’imaginent qu’elles ont un corps divin qui les appelle à dépasser les limites de leur corps humain. Pour détruire le mythe médiatique du corps parfait auquel elles croient encore (parce qu’en désir, elles prétendent l’incarner !), beaucoup d’entre elles pensent prendre leur revanche en se vengeant sur leur propre physique, soit par la science, soit par l’art (cf. le Body Art dans les années 1970 jusqu’à nos jours). Elles dessinent les corps de leur désir sexuel : des chairs fragmentées, sanguinolentes, brûlées, tatouées, écartelées, diffusées comme un média (cf. l’article « Arts plastiques » d’Élisabeth Lebovici, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 46), éclatées, mythiques. Plus qu’un traitement du corps, il s’agit d’un travail sur la corporalité, sur l’idée de corps, car elles vident le corps concret de son aspect symbolique, de son âme, de sa Présence sacrée. Un certain nombre de personnes homosexuelles cherchent à éprouver leur corps parce qu’elles ne le/se sentent plus : c’est pourquoi elles empruntent souvent les chemins de la pornographie, de l’hyperréalisme camp, des drogues, et du sadomasochisme. La place des synesthésies dans leurs écrits est d’autant plus intéressante qu’elle montre implicitement que le contact qu’elles établissent avec le monde extérieur est souvent dévitalisé, se fait à travers la vitre du miroir jamesbondien.

 

Enfin, pour appliquer un vernis efficace de déni et de mauvaise foi sur leur haine et leur destruction effectives de la Nature, la communauté homosexuelle se réfugie dans la caricature des naturalistes/essentialistes qui lui tendent (pas toujours très finement) un miroir relativement justifié de leurs pratiques. Cette caricature consiste à imiter des fondamentalistes religieux, des parents familialistes traditionnalistes hétérosexistes, des chantres du « destin anatomique » ou de la différence des sexes uniquement procréative, des chercheurs natalistes rapidement scientifiques qui répèteraient à tue-tête « contre-nature, contre-nature, contre-nature », sans jamais leur permettre de parler d’Amour ni d’expliciter ce qu’ils mettent derrière le mot « Nature »… pour ensuite leur couper radicalement la chique en leur soutenant qu’ils sont réactionnaires, que la pratique homosexuelle est beaucoup plus naturelle que la pratique hétérosexuelle ou que la pratique religieuse, et que ce qui serait vraiment « contre-nature » c’est de s’opposer à « l’homosexualité-identité » ou « l’homosexualité-amour » : « L’homosexualité n’est pas contre nature. Je n’ai jamais eu à me forcer pour aimer les hommes. Ce qui est contre nature, c’est par exemple la continence sexuelle ou la monogamie… » (Pierre Gripari, Pierrot la Lune (1963), p. 180) ; « Nous ne voulons pas que soient présentées comme tolérables les idées selon lesquelles les femmes seraient naturellement portées vers la grossesse. » (Eddy Bellegueule pour Libé) ; « La théorie du genre comme l’homoparentalité remettent en cause cette représentation ancestrale que les femmes et les hommes disposeraient chacun d’une essence propre, qui leur donnerait des caractéristiques spécifiques et surtout complémentaires. Le féminisme et le combat pour la reconnaissance de l’homoparentalité heurtent de plein fouet cet essentialisme. » (Caroline de Haas sur Le Monde.fr du 24 octobre 2011) ; etc. Alors que bien évidemment, le but de la manœuvre de Dieu et de la Nature qu’Il a créée n’est pas de défendre la Nature en soi, ni de mépriser les sentiments amoureux humains, mais uniquement de les marier tous les deux, d’ordonner les sentiments à la Nature humaine et biologique pour les rendre véritablement aimants, féconds et joyeux. Le meilleur, c’est vraiment la Nature couronnée d’Amour.

 
 

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Code n°100 – Jardins synthétiques (sous-code : Femme végétale)

jardins synth

Jardins synthétiques

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Côté Jardin

 

François Ozon

François Ozon


 

Le désir homosexuel ayant fui la différence des sexes et donc le roc du Réel humain, entraîne ceux qui s’y adonnent ou y identifient dans une forêt (= métaphore de la sexualité) qui a tout, en apparence du jardin classique rêvé. Au départ, il ressemble même à un joli cocon incestuel/incestueux, à un décor scintillant de fleurs et de feuilles cousues main par les photographes Pierre et Gilles. Mais peu à peu, cet espace vert montre son vrai visage de Jardin d’Éden inversé, de parc en papier mâché, de scène du péché originel (= le viol entre l’homme et la femme, ou le viol homosexuel homophobe.
 

Film "The Wizard Of Oz" (1939) de Victor Flemming

Film « The Wizard Of Oz » (1939) de Victor Flemming


 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Animaux empaillés », « Fleurs », « Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau », « Chevauchement de la fiction sur la Réalité », « Planeur », « Focalisation sur le péché », « Maquillage », « Homosexuels psychorigides », « Femme et homme en statues de cire », « Plus que naturel », « Médecines parallèles », « Frankenstein », « Vierge », « Désert », « Solitude », « Femme allongée », « Milieu homosexuel paradisiaque », « Milieu homosexuel infernal », « Homosexuel homophobe », « Eau », « Sirène », « Ennemi de la Nature », « Homosexualité noire et glorieuse », « Aube », « S’homosexualiser par le matriarcat », « Ville », « Se prendre pour Dieu », « Bobo », « Innocence », « Fresques historiques », « Couple homosexuel enfermé dans un cinéma », et « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée d’un bois », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
 
 

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FICTION

 

a) Le joli jardin d’enfant :

Vidéo-clip de la chanson "Barbie Girl" d'Aqua

Vidéo-clip de la chanson « Barbie Girl » d’Aqua


 

Fréquemment, dans les fictions homo-érotiques, il est question d’un jardin ou d’une forêt où le héros homosexuel se trouve. Un jardin enchanté : cf. le film « The Garden » (1990) de Derek Jarman, le roman Archaos ou le Jardin étincelant (1975) de Christiane Rochefort, le film « Pink Narcissus » (1971) de James Bidgood, le film « The Hanging Garden » (« Le Jardin suspendu », 1997) de Thom Fitzgerald, le roman Le Jardin des chimères (1921) de Marguerite Yourcenar, le roman La Busca Del Jardín (1977) d’Héctor Bianciotti, le film « Les Enfants du Paradis » (1945) de Marcel Carné, le film « The Garden Of Eden » (1928) de Lewis Milestone, la chanson « L’Alizé » d’Alizée, la chanson « Paradis inanimé » de Mylène Farmer, le roman The Rubyfruit Jungle (1973) de Rita Mae Brown, le film « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure (avec la jardinerie de Cédric), le film « Les Lèvres rouges » (1971) d’Harry Kümel (avec la serre), le film « The Pleasure Garden » (1953) et le film « The Gardener Of Eden » (1981) de James Broughton, le film « Jubilé » (1978) de Derek Jarman (avec le jardinier homosexuel), le film « Le Jardin des délices » (1967) de Silvano Agosti, la chanson « Le Jardinier qui boite » de Charles Trénet, le film « Minuit dans le jardin du bien et du mal » (1997) de Clint Eastwood, le roman Les Dix Gros Blancs (2005) d’Emmanuel Pierrat (avec Juan le jardinier homo), le film « Sotvoreniye Adama » (« La Côte d’Adam », 1993) de Yuri Pavlov, le film « El Jardín Secreto » (1984) de Carlos Suárez, le film « Más Allá Del Jardín » (1997) de Pedro Olea, le film « Proteus » (2003) de Jack Lewis et John Greyson (avec le botaniste), le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky, le roman Aux jardins des acacias (2014) de Marie-Claire Blais, le film « Tomboy » (2011) de Céline Sciamma (avec la forêt comme lieu d’asexuation), le film « Alice au pays des merveilles » (2010) de Tim Burton, le film « Chloé » (2009) d’Atom Egoyan (avec le jardin d’Allan), le film « Chéri » (2009) de Stephen Frears, le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré (avec les petits oiseaux en pleine ville de New York), le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia (avec le fantasme de Bilal, le bel ouvrier-jardinier en train de travailler dans le jardin, et regardé avec envie par le colon Malik), le film « Autoportrait aux trois filles » (2009) de Nicolas Pleskof (avec les fondus enchaînés d’objet ou de lampe électrique à des images de plantes, du soleil), le film « Big Eden » (2001) de Thomas Bezucha, le vidéo-clip « Only Gay In The World » de Ryan James Yezak (avec un jardin des origines version gay), la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez (avec les fruits en plastique dans l’appartement de Vivi, l’un des héros homosexuels), le film « Friendly Persuasion » (« La Loi du Seigneur », 1956) de William Wyler (Jean Birdwell est pépiniériste), La pièce Jardins secrets (2019) de Béatrice Collas, etc.
 

Film "Make A Wish" de Cherien Dabis

Film « Make A Wish » de Cherien Dabis


 

Ce jardin apparaît comme une image d’Épinal figée, une vision extatique irréelle paradisiaque, une réminiscence d’une enfance idéalisée, d’un état intra-utérin fusionnel avec la mère (cinématographique), une rêverie édénique d’un « amour » homosexuel merveilleux, un décor de théâtre ou de cinéma. « Laisse-moi m’envoler vers un autre Jardin d’Éden. » (Benji s’adressant à son amant Maxence, dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot) ; « Nous étions seuls au monde. La forêt nous avait éloignés de tout et, plus ou moins, libérés de tout. Nous étions nus. Nous avions enlevé nos vêtements rapidement. » (Khalid et Omar, les deux amants du roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 137) ; « Melocotón et boules d’or, deux gosses dans un jardin. » (cf. la chanson « Melocotón » de Colette Maniot) ; etc.
 

Film "Amnésie- L'Énigme-James-Brighton" de Denis Langlois

Film « Amnésie- L’Énigme James Brighton » de Denis Langlois


 

Par exemple, dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, le héros est jardinier et patron d’une pépinière. Dans la pièce La Famille est dans le pré (2014) de Franck Le Hen, Louis, l’amant-jardinier sexy, est comparé à un « buisson qui court » par Tom, son futur amant. Dans la pièce L’Héritage de la Femme-Araignée (2007) de Christophe et Stéphane Botti, Audric a le pouvoir de créer des fleurs et s’intéresse à la botanique. Dans le film « Bug » (2003) d’Arnault Labaronne, la forêt d’Aurore est réduite à un décor de jeux vidéo. Dans le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, la Nature est réenchantée par les mythes grecs (peu réputés pour leur douceur…). Dans le film « Chloé » (2009) d’Atom Egoyan, Chloé, l’héroïne lesbienne, adore les jardins artificiels. Les premières images du film « Nuits d’ivresse printanière » (2009) de Lou Ye sont des nénuphars dans des bocaux. Dans son roman La Cité des rats (1979), Copi a construit une forêt tropicale aux dimensions disproportionnées puisqu’elle est regardée par des rats bisexuels voyant « des cerises grosses comme des pastèques » (p. 132). Dans le film « Morrer Como Um Homen » (« Mourir comme un homme », 2009) de João Pedro Rodrigues, Irène et Tonia, les deux hommes transsexuels M to F, se retrouvent dans une serre, un jardin synthétique. Dans le film « Temps de chien » (2011) de Viva Delorme, une jeune paysagiste lesbienne s’occupant des espaces verts d’une ville trouve un chien abandonné dans la forêt où elle travaille. Dans le film « Les Amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy, Georges et Alexandre s’enferment dans une serre pour y vivre leur amour pédophile interdit. Dans le film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button, à plusieurs reprises, les amantes Virginia Woolf et Vita Sackville-West se retrouvent dans une serre.
 

Le plus souvent, le jardin des fictions traitant d’homosexualité est une composition, une reconstitution humaine. Il s’agit d’un jardin synthétique, artificiel : « Je déteste la campagne. Je n’apprécie la nature que dans les jardins des villes. » (Dominique, le héros homosexuel du roman Les Julottes (2001) de Françoise Dorin, p. 67) ; « Je viens de l’autre côté du miroir, […] du côté du faux jardin. » (la voix narrative de la pièce musicale Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; etc.
 

Il dit la vanité de l’orgueil humain. D’ailleurs, il arrive que le héros homosexuel se prenne pour un arbre ou une forêt, cherche à devenir l’androgyne ou Dieu : « Élève-toi avant que les chênes ne t’étouffent. […] Toi, tu n’es qu’un arbre banal. » (Négoce, le héros homosexuel de la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; « Le vieil ami Tarzan a tout juste fini de se construire un enfant avec un bon tronc d’arbre, des lianes, un singe et des feuilles en matière plastique collées ensemble une à une. » (Copi, Un Livre blanc (2002), p. 102) ; etc. Mais cela le fait en réalité devenir objet. Par exemple, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, Cameron Drake, l’acteur hétéro jouant au cinéma le rôle d’un gay, est décrit comme un « nain de jardin ».
 

B.D. Le Livre blanc de Copi

B.D. Le Livre blanc de Copi


 

Le jardin homosexuel fictionnel est souvent figuré par la métaphore asexuée et hyperféminisée de la jeune fille en fleur, de la Mère-Nature narcissique, allongée et suspendue entre Ciel et marécage, adoptant une posture alanguie et mortuaire qui la rend immortelle : cf. le tableau Ophélie (1852) de John Everett Millais, le poème « Ophélie » (1891) d’Arthur Rimbaud, le film « Hamlet » (1990) de Franco Zeffirelli, la chanson « Ophélie » de Dave, les toiles d’Ophélie de Gustave Moreau, les toiles Reproches d’Hamlet à Ophélie, Le Chant et la folie d’Ophélie et Le Suicide d’Ophélie (entre 1824 et 1859) d’Eugène Delacroix, etc.
 

Olympia Dukakis dans la série Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin

Olympia Dukakis dans la série Les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin


 

La (vieille) jardinière apparaît très fréquemment dans les créations homosexuelles : cf. le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le film « 200 American » (2003) de Richard Lemay, la série Clara Sheller (2005) de Renaud Bertrand (avec la mère de JP, le héros gay, dans son jardin), le téléfilm « Sa Raison d’être » (2008) de Renaud Bertrand (avec le personnage d’Hélène), le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay (avec Rose, la « belle-mère » de Jean-Marc), le one-man-show Comme son nom l’indique (2008) de Laurent Lafitte (avec la tatie du héros homosexuel), la pièce Big Shoot (2008) de Koffi Kwahulé, le film « Sancharram » (2004) de Licy J. Pullappally (avec la grand-mère d’une des héroïnes lesbiennes, devinant, dans son jardin, l’homosexualité de sa petite-fille), le film « And Then Came Summer » (« Et quand vient l’été », 2000) de Jeff London (avec la tante qui jardine), le film « Chéri » (2009) de Stephen Frears, etc.
 

« Ma mère prenait du temps pour jardiner, alors que notre jardin n’était qu’un petit carré d’herbe à peine plus grand qu’un tapis. » (Anamika, l’héroïne lesbienne du roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 32) ; « Nos maris ont beaucoup de travail… et nous avons beaucoup de jardins. » (Marianne s’adressant à Irène dans la pièce Perthus (2009) de Jean-Marie Besset) ; « Derrière lui [Antoine] , Eva souriait, magnifique dans une robe Fendi en mousseline imprimée de motifs floraux. » (Antoine dans le roman Les Nettoyeurs (2006) de Vincent Petitet, p. 195) ; « Les fleurs aussi c’est essentiel. » (Catherine dans le film « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau) ; « Ma mère est allée s’enterrer encore vivante, un bouquet de fleurs entre les dents. » (Jeanne dans la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi) ; « J’vais au jardin préparer les plantes pour le cimetière. » (Marcelle, la mère de la pièce Frères du bled (2010) de Christophe Botti) ; « La rose du matin est éclose à midi. » (Suzanne, la mère, dans le film « Potiche » (2010) de François Ozon) ; « Démerde-toi pour te réincarner en fleur, dans un champ vert et bleu. » (Vincent Garbo s’adressant à Carole, dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, p. 89) ; « Dans toute femme, il y a une Ève malveillante qui sommeille. » (Rodin, le héros homosexuel de la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, épisode 8 « Une Famille pour Noël ») ; « C’est mal fichu, une fille. Il manque l’essentiel ! […]C’est pas drôle d’être homo. Y’en a marre, je deviens hétéro. Comment ça marche, une fille ? Ça mange quoi ? Ça boit quoi ? Faut arroser combien de fois par jour ? » (Fabien Tucci, homosexuel, dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch, 2015) ; etc.
 

Par exemple, dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, Catherine S. Burroughs est la femme végétale, adepte des fleurs. D’ailleurs, sa copine Muriel est fleuriste de métier. Dans la pièce Un Mariage follement gai ! (2008) de Thierry Dgim, « Chantal » est le nom de la fleur à qui Sébastien, le héros homo, parle, comme si elle était une personne à part entière. Dans son roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, Michael, le héros homosexuel, voit en sa mère une fleuriste, une forêt moderniste à elle seule : « J’avais repensé à l’amour de maman pour les hortensias. […] Maman était une authentique magicienne de l’hortensia. » (p. 109) Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, la Tante Ève est obsédée par son idée d’organiser une garden party. On peut véritablement parler de pouvoir hypnotique de cette mère végétale, car au moment où Ben, son copain, lui reproche « d’attribuer beaucoup de pouvoirs à sa mère », ce dernier lui répond avec désinvolture « Vraiment ? ’, les yeux rivés sur le plafond fleuri » (idem, p. 153).
 

Bien plus souvent qu’on ne le croit, les créateurs homosexuels livrent la femme au végétal, à l’inconscient, à l’inhumain, au minéral, à l’insensible : cf. la chanson « Paradis inanimé » de Mylène Farmer, le film « La Fille aux jacinthes » (1955) d’Hasse Ekman, le roman À l’ombre des jeunes filles en fleur (1919) de Marcel Proust, le roman Notre-Dame des fleurs (1944) de Jean Genet, la chanson « The Rose » de Bette Midler, la chanson « La Flor De Mi Secreto » (« La Fleur de mon secret », 1995) de Pedro Almodóvar, la pièce Happy Birthday Daddy (2007) de Christophe Averlan (avec la figure de la mère et ses fleurs coupées), le vidéo-clip de la chanson « Gourmandises » d’Alizée, le roman Gaieté parisienne (1996) de Benoît Duteurtre (avec Cléopâtre, la fleuriste, ainsi que Marianne), le film « Les Amours imaginaires » (2010) de Xavier Dolan (avec Marie, la femme végétale), le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs (avec Eugenia arrangeant les fleurs du jour du mariage de Ben et George), etc.
 

Il existe une confluence entre la femme végétale et la femme-objet. Les deux sont déshumanisées et désincarnées. Par exemple, dans la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade, Benjamin s’adressant à son amant Pierre à propos de leur projet de mère-porteuse avec Isabelle (« Faire un enfant, ça fait plus hétéro avec l’actrice. »), se compare comme par hasard à une fleur (le cactus) et Pierre lui répond qu’il a cueilli Isabelle comme une fleur : « Les actrices aussi ont le droit de faire des enfants. » Dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, le narrateur homosexuel observant le public de l’Opéra de Montréal, décrit les femmes-objet soumises comme « des jeunes filles à la remorque de leurs parents, poncées, étrillées, enrégimentées dans l’opéra par des mères qui avaient elles aussi été des fleurs de tapis, jadis, mais qui avaient appris à les fouler avec le temps » (p. 43). Dans le film « L’Objet de mon affection » (1998) de Nicholas Hytner, George, le héros homosexuel, voit toujours dans le nez des filles et des femmes, une tulipe. Dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, la belle-mère cachée de Nicolas, le héros homosexuel, se prénomme Rose.
 
 

b) Le jardin des supplices :

En réalité, le jardin homosexuel est le paradis de l’artifice anti-écologique, le théâtre du péché, du viol, de l’inceste, du meurtre homophobe, du cauchemar qu’est l’éloignement du Réel : cf. le film « Navidad » (2009) de Sebastian Lelio (avec Alicia, l’héroïne lesbienne abandonnée, trouvée dans une serre), le film « Les Filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie (avec le meurtre parricide par le couple lesbien), le roman Le Jardin d’acclimatation (1980) d’Yves Navarre (avec Bertrand qui a subi une lobotomie orchestrée par sa famille qui veut le transformer en hétéro), la chanson « Miss Paramount » du groupe Indochine (avec la mention du film « Le Jardin des tortures »), le film « Notre Paradis » (2011) de Gaël Morel (se rapportant au lieu de prostitution masculine), le one-man-show Le Jardin des dindes (2008) de Jean-Philippe Set (avec le chasseur pourchassant Blanche-Neige), le film « The Apple » (2008) d’Émilie Jouvet, la chanson « Jardin de Vienne » de Mylène Farmer (parlant du suicide), le film « Secret Garden » (« Jardin secret », 1987) d’Hisayasu Sato, le film « Khochkach » (« Fleur d’oubli », 2006) de Salma Baccar, le film « Gan » (« Un Jardin », 2003) de Ruthie Shatz Adi Barash (racontant l’histoire de deux jeunes prostitués de Tel Aviv), le film « Le Jardin des arbres morts » (2014) de Yarriv Mozer, la chanson « L’Amour interdit » d’Hervé Vilar (avec le « jardin maudit »), etc.
 

Le jardin ou la forêt homosexuels n’annoncent rien de bon : « Le plus bel atout de la chambre était une cheminée en chêne sculptée de fruits et de fleurs.[…] Elle remarqua un visage parmi la flore sculptée et sursauta. Ses yeux firent la mise au point et elle en vit d’autres, joyeux et androgynes sous des cheveux emmêlés de lierre. Les sourires paraissaient bienveillants mais Jane les imaginait s’altérer avec les ombres, et elle espérait qu’ils ne perturberaient pas les rêves de l’enfant. » (Jane, l’héroïne lesbienne dans la chambre de son futur enfant, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 39) ; « Stephen [l’héroïne lesbienne] avait erré jusqu’à un vieux hangar où l’on rangeait les outils de jardinage et y vit Collins [la gouvernante de Stephen] et le valet de pied qui semblaient se parler avec véhémence, avec tant de véhémence qu’ils ne l’entendirent point. Puis une véritable catastrophe survint, car Henry prit rudement Collins par les poignets, l’attira à lui, puis, la maintenant toujours rudement, l’embrassa à pleines lèvres. Stephen se sentit soudain la tête chaude et comme si elle était prise de vertige, puis une aveugle et incompréhensible rage l’envahit, elle voulut crier, mais la voix lui manqua complètement et elle ne put que bredouiller. Une seconde après, elle saisissait un pot de fleurs cassé et le lançait avec force dans la direction d’Henry. Il l’atteignit en plein figure, lui ouvrant la joue d’où le sang se mit à dégoutter lentement. Il était étourdi, essayant doucement la blessure, tandis que Collins regardait fixement Stephen sans parler. Aucun d’eux ne prononça une parole ; ils se sentaient trop coupables. Ils étaient aussi très étonnés. […] Stephen s’enfuit sauvagement, plus loin, toujours plus loin, n’importe comment, n’importe où, pourvu qu’elle cessât de les voir. Elle sanglota et courut en se couvrant les yeux, déchirant ses vêtements aux arbustes, déchirant ses bas et ses jambes quand elle s’accrochait aux branches qui l’arrêtaient. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), pp. 38-39) ; « Le jardin, au lever du soleil, lui sembla tout à fait étranger, comme un visage bien connu qui se serait soudain transfiguré. […] Elle prit soin d’avancer doucement, car elle se sentait un peu fautive. » (idem, p. 135) ; « Nous [les Rats] lui [le serpent] exprimâmes notre admiration sincère et la Reine des Rats l’invita à passer les vacances de Pâques enroulé dans notre arbre si jamais à Pâques, lui, l’arbre et nous-mêmes nous nous trouvions encore en vie et en liberté. » (Gouri, le narrateur bisexuel du roman La Cité des rats (1979) de Copi, p. 76) ; « Le serpent répondit qu’il était hermaphrodite et qu’il se fécondait tout seul. » (idem, p. 77) ; « Mon parc est semé de gens morts ! » (Copi, La Journée d’une rêveuse, 1968) ; « Nunca me ha llamado la atención lo de Eva y la manzana, porque de Eva soy hermana y tentarse es cosa humana. » (cf. les paroles d’une chanson de Tita Merello, dans la pièce L’Ombre de Venceslao (1978) de Copi) ; « L’hortensia avait poussé à la diable, le sol était trop humide pour y ramper. Je n’aurais pu m’asseoir en dessous, même si je l’avais voulu. D’ailleurs, j’étais beaucoup plus grosse qu’à l’époque. Je suis pourtant restée longtemps accroupie, les paumes appuyées contre le sol humide, les ongles enfoncés dans la terre. Je me suis finalement relevée et, tandis que je retournais chez Esti et Dovid, je tentais de gratter la ligne de terre emprisonnée sous mes ongles. Et plus je grattais, plus elle s’enfonçait, le noir s’incrustait dans le rouge. […] Cela faisait des années que nous nous étions approprié l’hortensia. Dedans, nous étions invisibles, hors de portée de la maison, des regards du dessus et alentour. Il y avait l’odeur, je m’en souviens. Un arôme puissant d’hortensia pourri et d’humus. Encore maintenant, l’odeur végétale des hortensias conserve son pouvoir. » (Ronit, l’héroïne lesbienne parlant de l’hortensia, qui devient pour elle et sa compagne Esti le symbole de l’amour lesbien, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, pp. 212-213) ; « On est paumés en pleine forêt tropicale. » (Thomas s’adressant à son amant François, en Thaïmande, dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy) ; « J’ai un vrai verger dans le cul. » (le narrateur homosexuel à propos de la sodomie, dans le one-man-show Les Gays pour les nuls (2016) d’Arnaud Chandeclair) ; etc.
 

Film "Suddenly Last Summer" de Joseph Mankiewicz

Film « Suddenly Last Summer » de Joseph Mankiewicz


 

Par exemple, sans sa chanson « J’veux pas être jeune », Nicolas Bacchus se voit entraîné avec son amant « jusqu’au jardin désert qu’ils n’avaient pas cherché ». Dans le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1959) de Joseph Mankiewicz, Mrs Venable, la mère possessive de Sébastien (le héros homosexuel qu’elle a poussé vers la mort), possède un drôle de jardin en carton pâte, avec des statues de squelettes, des arbres exotiques improbables, des plantes carnivores… une sorte de Musée des Horreurs où va éclater le secret du viol de Sébastien. Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino, Elio enlève le noyau d’une pêche pour s’y branler. Oliver, son amant, découvre cela, et ironise : « T’es déjà passé au règne végétal. À quand le règne minéral ? Tu as déjà renoncé au règne animal c’est-à-dire moi… » Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, est rejoué le péché originel : un prêtre catholique, Adam, court dans une forêt ; puis se fait tenter en vain par une femme, Eva, dont il rejette les avances ; ensuite, il tombe amoureux du jeune Lukacz, qui a tout physiquement du Christ ; et cet amour s’avère réciproque. Par ce film, on comprend que le péché d’Adam, c’est de vouloir séduire et posséder son père (ou son fils) : c’est un péché d’inceste. Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Ody porte son petit frère (homosexuel) Dany sur son dos dans la forêt, après une course-poursuite pendant laquelle Dany a tiré sur quelqu’un à l’arme à feu. Cette fuite violente du Réel est contrebalancée par des images d’une Nature digne des plus grands films d’animation Disney : tous les animaux de la forêt (biche, canards, chouette et même le lapin en peluche) s’animent sur la rive entourant la barque des deux héros. Dans le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel, Lors d’une fête, Louis et Nathan se donnent rendez-vous au vert (« Pars pas : on se retrouve dans le jardin. » dit Louis par texto) et s’embrassent pour la première fois dans une verrière : cette scène déclenchera sur eux une violente vague d’homophobie.
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 
 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 

Tableau "Girl In Garden" de Pierre et Gilles

Tableau Girl In Garden de Pierre et Gilles


 

Une sexualité végétale et végétative, figée et organisée comme un jardin d’enfant féminisé

B.D. Le Livre blanc de Copi

B.D. Le Livre blanc de Copi


 

La communauté homosexuelle a un goût prononcé pour les « jardins carte postale », la Nature artificielle/aseptisée, au détriment de la Nature réelle. Il faut que ça scintille, que la mort ou la violence ou le rappel des limites humaines soient totalement évacués. Grâce à la littérature, à la peinture, aux films, mais aussi à leur folie des grandeurs et leur fièvre acheteuse, certaines personnes homosexuelles ont construit concrètement dans leur petit « chez-soi » des jardins merveilleux, parfois avec du goût et du raffinement : Michael Jackson, Louis II de Bavière, Pierre et Gilles, Yves Saint-Laurent, Pierre Bergé, Jean Lorrain, Marcel Proust, Jean Cocteau, etc. « Nul mieux que Jean Lorrain n’a pu rendre la touffeur équatoriale de certains jardins déjà plus ou moins abandonnés, les palmiers géants, les cocotiers hauts de vingt mètres, dressés en colonnade de mosquée, le jaillissement fou d’ombelles et de palmes des bananiers, les fougères qui étaient leur dentelure sur les velours d’invraisemblables mousses. La décomposition lente des végétaux attirait cet esthète, comme un charme ajouté à cette frénétique torpeur. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 188)
 

Le Jardin Majorelle arabisant  de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent au Maroc

Le Jardin Majorelle arabisant de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent au Maroc


 

Par exemple, pendant la période artistique baroque appelée « Art Nouveau » (1880-1910), les artistes homosexuels obéissent au principe de l’imitation de la Nature, ce qui entraîne le goût des lignes sinueuses, des jardins synthétiques, des espaces lointains exotiques, et des modèles gothiques.
 

Le fantasme de créer une forêt et une Nature tout seul est très marqué chez certaines personnes homosexuelles. Par exemple, dans le documentaire « La Villa Santo Sospir » (1949), grâce à un jeu de caméra filmant au ralenti et en marche arrière, Jean Cocteau se présente comme un créateur de fleurs.
 

Photo de Sheila Legge par Claude Cahun

Photo de Sheila Legge par Claude Cahun


 

La cristallisation de la forêt en jardin artificiel se présente souvent sous la forme d’une féminisation, d’une préciosité de femme-enfant mythique. Bien plus souvent qu’on ne le croit, les créateurs homosexuels livrent la femme au végétal, à l’inconscient, à l’inhumain, au minéral, à l’insensible : cf. les tableaux photographiques de Pierre et Gilles, la photo L’Apparition du fantôme du sex-appeal (Sheila Legge In Trafalgar Square, 1936) de Claude Cahun, etc. Dans le générique de son film « Huit Femmes » (2002), François Ozon attribue à chacune de ses héroïnes une fleur.
 

« Ce qui me plaisait plutôt, c’était de lui [Philomène] ressembler dans sa féminité. En effet, sa façon de marcher, de s’habiller ou de se tenir, dégageait un moment de magie qui me séduisait. Je la comparais de surcroît à une fleur sauvage, poussée au milieu d’une plate-forme cultivée. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 48)

 

Dans mon mémoire de DEA (Master 2) Le Sablier de Néstor Perlongher (2003), j’avais vu que le subconscient des personnes homosexuelles (la partie supérieure de leur sablier psychique) était souvent habité par une femme végétale, une Ève primitive, une prostituée-vierge damnée de toute éternité, qu’elles cherchent à rejoindre en empruntant le chemin incestueux et impossible de l’état intra-intérin désincarné.
 
 

b) Le Jardin des supplices :

Film "The Ballad Of Genesis And Lady Jaye" de Marie Losier

Film « The Ballad Of Genesis And Lady Jaye » de Marie Losier


 

Le Jardin d’Éden que semblent rechercher le désir homosexuel est en réalité l’enfer, un lieu où le fantasme de viol (ou bien le viol réel) s’exprime, où la sexualité est évacuée au profit de la génitalité et du sentiment désincarné. Charles Trénet a été trouvé nu quand il avait 15 ans, en train de s’amuser avec son camarade Max Barnes dans un jardin de l’Hôtel Mustafa Ier. J’étudie plus longuement la figure de l’actrice morte dans les codes « Mort-Épouse » et « Femme allongée » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels. Mais le motif d’Ophélie, le fameux personnage d’Hamlet (1598) de William Shakespeare (auteur lui-même homosexuel), a inspiré quelques artistes homosexuels, tels que le peintre français Eugène Delacroix, qui s’est intéressé à trois reprises (entre 1838 et 1844) à Ophélie, cette naïade noyée qu’il décrit comme « une branche fleurie à demi tombée dans les flots », à travers trois toiles : Reproches d’Hamlet à Ophélie, Le Chant et la folie d’Ophélie et Le Suicide d’Ophélie.
 

Dans son autobiographie Folies-Fantômes (1997), Alfredo Arias raconte qu’il a installé trois statues de ses tantes adorées, « ces trois femmes qui désormais régnaient entre les fleurs du jardin » (p. 148), en éloge funèbre.
 

Film "La Mala Educación" de Pedro Almodóvar

Film « La Mala Educación » de Pedro Almodóvar


 

Le jardin (réel ou symbolique), c’est là où les personnes homosexuelles pratiquantes ont enterré la différence des sexes et leur Désir pour leur préférer la peur et la violence, ont cherché fiévreusement leur origine pour ne pas affronter leur véritable Jardin secret (= Dieu). « Les personnes préoccupées de façon trop exclusive par la question de leur origine, ou des origines en général, ont tendance à se sentir exclues et persécutées. » (Jean-Pierre Winter, Homoparenté (2010), p. 94) Il est le lieu de l’asexuation et du mépris du corps humain sexué : c.f. le documentaire « Ni d’Ève ni d’Adam : une histoire intersexe » de Floriane Devigne diffusé dans l’émission Infrarouge sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018.
 
 

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Code n°146 – « Plus que naturel » (sous-code : Extra-terrestre)

Plus que naturel

« Plus que naturel »

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

J’vois pas où est le problème. C’est la nature ! C’est pas un choix !

 

Le désir homosexuel : naturel ou contre-nature ? inné ou acquis ? normal ou anormal ? bon ou mauvais ? Aucun des huit ! Juste « ni le meilleur ni le plus vrai ». Juste sur-naturel (en intentions) ET anti-naturel (dans les actes).

Vidéo-clip de la chanson « You Make Me Feel (Mighty Real)! » de Sylvester (important pour comprendre ce code)

 
 

Le naturel trafiqué et intentionnel

 

Depuis un certain temps déjà, les opposants au « couple » homosexuel disent que ce type d’amour est mauvais parce qu’il serait « contre-nature » ? Mais de quelle nature parlent-ils ? De la grande (humanisante, incarnée mais aussi divinement humaine) ou de la petite (les ressentis corporels, les sens, certains comportements animaliers) ? S’il s’agit de la petite nature humaine, ou même de la Nature en tant qu’environnement biophysique, on peut dire que le désir homosexuel semble naturel puisqu’en général il s’impose assez tôt et de manière évidente à la personne qui le ressent, qu’il n’est a priori pas un choix, qu’il peut être senti très tôt par un assez grand nombre d’individus humains (les adolescents en priorité), et que l’acte homosexuel est pratiqué par bien des espèces animales (même si, dans le cas des animaux, plus qu’un désir, il s’agit d’un instinct, d’une pulsion non libre). Cependant, c’est d’une part quand on reconnaît la spécificité et la grandeur des Hommes par rapport au reste des autres animaux, et d’autre part qu’on voit d’où est né le désir homosexuel (c’est-à-dire des images déréalisées, du copiage des hommes-objets et des femmes-objets) et vers quels artifices et attaques du corps il conduit, qu’on constate que l’homosexualité est à la fois négativement naturelle – la Nature non domptée par l’Homme est un désordre, le règne de la pulsion – et contre-naturelle dans le sens où elle a tendance à s’inspirer de la grande Nature (l’Amour) pour La détourner à des fins artistico-scientifico-amoureuses réifiantes. C’est pourquoi j’ai pour habitude de dire que, même si au final le désir homosexuel, l’amour homosexuel, et les actes homosexuels sont plus anti-naturels que naturels, ils sont en intentions surnaturels, « plus que naturels ». Ils sont en partie naturalisés par la sincérité. D’ailleurs, en écoutant les personnes homosexuelles elles-mêmes définir leur identité homo ou leur(s) amour(s), on entend qu’elles emploient souvent les périphrases superlatives « très naturel » ou « plus que naturel ». Cette naturalisation incomplète du désir homosexuel par le sentiment, l’art, certaines lois juridiques, la science (je dis incomplète car le désir homosexuel, tout profondément ancré qu’il soit, ne définit pas une personne dans son entier ; et un duo homosexuel reconnu par certaines législations comme une famille n’en devient pas pour autant procréatif ; et une personne qui se fait opérer pour changer de sexe ne gomme pas complètement sa sexuation ; et beaucoup de « couples » homosexuels qui disent s’aimer « pour de vrai », naturellement et librement, ne s’aiment pas complètement. On pourrait multiplier à foison les exemples) fait que je ne trouve les actes homosexuels ni naturels, ni totalement contre-nature, ni normaux, ni anormaux, ni banals. Ils tendent vers la violence parce qu’ils s’éloignent de la Nature et de la Réalité, non de Les fuir sciemment, mais de Les fuir en Les sacralisant. Le désir homosexuel rêve de s’accaparer la Nature pour Lui dérober sa place, pour devenir Elle. Même si, au final, les actes homosexuels attaquent concrètement la Nature, on constate le paradoxe suivant : les personnes homosexuelles sont en général folles de Nature. Et c’est cette folie qui devient anti-naturelle : adorer à l’excès, ce n’est pas aimer.

 

Dans son article « Les Structures de péché », dans l’ouvrage collectif Les Attaques du démon contre l’Église (2009), le Père Samuel est très clair : même s’il décrit les actes peccamineux comme destructeurs de la Nature dans les faits, il leur reconnaît quand même leurs intentions écolos et pro-Nature : « Au lieu de devenir comme des dieux par la grâce, c’est vouloir être comme des dieux à partir d’une exaltation de la Nature. » (p.70) C’est parce que les personnes homosexuelles idolâtrent la Nature – parce qu’elles en ont peur et en sont jalouse – que bien souvent elles posent des actes contre-Nature.

 

Quand je parle de violence ou de viol de la Nature par l’homosexualité, je me base sur ce que les personnes homosexuelles disent elles-mêmes. Pour que leur désir homosexuel devienne Réalité et acquiert la force d’amour ou d’identité qu’il n’a pas pleinement, beaucoup d’entre elles pensent qu’il leur faut forcer la Nature pour en « extraire ce toujours-plus de réalité », comme l’écrivent Deleuze et Guattari dans leur Anti-Œdipe (1973), la violenter un peu. Christophe Honoré, dans son Livre pour enfants (2005), parle même de « profaner le réel ».

 

Film "Aime et fais ce que tu veux" de Malgorzata Szumowska

Film « Aime et fais ce que tu veux » de Malgorzata Szumowska


 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Amoureux », « Bobo », « Médecines parallèles », « Planeur », « Maquillage », « Animaux empaillés », « Jardins synthétiques », « « Je suis différent ! » », « Ennemi de la Nature », « Magicien », « Substitut d’identité », « Homosexualité, vérité télévisuelle ? », à la partie « Désir homosexuel considéré comme un dieu » du code « Désir désordonné », à la partie « Accident » du code « Passion pour les catastrophes », à la partie « Futurisme » du code « Fresques historiques », et à la partie « Paradoxe du libertin » du code « Liaisons dangereuses », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

 

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FICTION

 

a) Je suis surnaturel et mon désir homosexuel est tout-puissant, plus que naturel :

 

Vidéo-clip de la chanson "Si j'avais au moins" de Mylène Farmer

Vidéo-clip de la chanson « Si j’avais au moins » de Mylène Farmer


 

Il est très souvent fait référence au naturel et au « plus que naturel » dans les créations homo-érotiques : cf. le film « Lo Más Natural » (1990) de Josefina Molina, le roman Des gens (extra) ordinaires (1983) de Joanna Russ, le film « A Very Natural Thing » (« Une chose très naturelle », 1974) de Christopher Larkin, la chanson « You Make Me Feel Mighty Real » de Sylvester (reprise par Jimmy Somerville des Bronski Beat), la chanson « S.U.R.N.A.T.U.R.E.L. » de Peter Kitsch, le film « Twee Vrouwen » (« Deux fois femme », 1985) de George Sluizer, le film « Une vie normale » (1996) d’Angela Pope, le film « Normal Love » (1963) de Jack Smith, le roman Gaieté parisienne (1996) de Benoît Duteurtre (avec la reconstitution pseudo « champêtre » de l’Auvergne pour la Fête de la Batteuse), le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus (avec le chapitre intitulé « Seconde nature »), le film « The Natural History Of Parking Lots » (1990) d’Everett Lewis, le film « The Normal Heart » (2013) de Ryan Murphy (avec Brad Pitt), le film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant (où on entend la chanson de Sylvester), etc.

 

On assiste régulièrement à une personnification mélancolico-esthétisante de la Nature. Le héros homo/bobo se met à faire parler les choses, les éléments naturels, les objets, comme les mamies qui s’expriment à la place de leurs plantes vertes ou de leurs chiens : « Autour de vous, le bourg défile à toute vitesse. Tu fixes les tours de brique et de silex du château de Dieppe. On dirait qu’elles te disent au revoir. » (Félix, le héros homo du roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 23) ; « Autour de toi, la nature prend des notes. » (idem, p. 100) La Nature est envisagée comme un miroir narcissique embellissant vers lequel il est possible de s’abandonner, comme un amant gémellaire qui comprend tout (extase panthéiste bobo…) : « Je vais comme les gens de rien vers le destin. […] une brindille dans le vent, une goutte d’eau dans l’océan. » (cf. la chanson « Boulevard des Rêves » de Stéphane Corbin) Le héros homosexuel se confond même avec Elle (ou plutôt avec l’image qu’il s’En fait) ; « Moi, mon rêve, ce serait un mec proche de la Nature. » (François, le héros homo du one-man-show Hétéro-kit (2011) de Yann Mercanton). Dans le film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button, Virginia Woolf écrit en 1929 une autobiographie, Orlando, où elle dit que les deux choses essentielles bien supérieures à l’Amour sont « les chiens et la Nature ».

 

Le héros homosexuel a tendance à confondre « sa » nature propre – qui peut très souvent se réduire à un ressenti d’auto-persuasion, être le fruit de ses fantasmes – avec « la » Nature, objective et mystérieuse, en particulier dès qu’il s’agit de son désir homosexuel : « Lutter contre ma nature, c’est ça qui serait contre-nature. » (un des protagonistes homosexuels de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « À chacun sa nature. » (cf. la chanson « Je suis gay » de Samy Messaoud) ; « On y est pour rien Bryan, on est nés comme ça, on n’a pas choisi. » (Kévin s’adressant à son amant Bryan, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 323). Un jugement moral est généralement apposé à la naturalisation et à l’essentialisation arbitraire de l’homosexualité : « Je t’aime. Tu es plus normal que n’importe quel salaud assis autour de cette table. » (la mère de Ben à son fils homo, dans le film « The Family Stone », « Esprit de famille » (2005), de Thomas Bezucha) ; « Je suis aussi réel que vous. » (Danny s’adressant à Zach dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza) ; « Des mecs qui se font des pipes, qui s’enfilent, qui partouzent. C’est pas choquant, c’est la nature. » (Francis, le héros homosexuel du film « Le Fils préféré » (1993) de Nicole Garcia) Dans le film « Jagdszenen Aus Niederbayern » (« Scènes de chasse en Bavière », 1968) de Peter Fleischmann, quand Rovo, l’un des deux héros homos, demande à sa mère ce que c’est qu’une « pédale », elle lui répond : « C’est les premières tomates. »

 

Le désir homosexuel est posé par comme une évidence chimique ET surnaturelle. Avec l’idée que l’amour aurait réuni deux âmes jumelles sans que celles-ci n’y puissent rien : cf. le film « Elena » (2010) de Nicole Conn, le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza, la chanson « Les Fleurs de l’interdit » d’Étienne Daho, etc. Dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch (2015), en jouant avec l’homophobie avec les homosapiens, Fabien, le héros homosexuel, dit que les homos sont plus originels au genre humain que les hétéros : « Vous avez déjà entendu parler des hétérosapiens ? Non. Nous sommes donc à l’origine de l’Humanité, nous les homosapiens. »

 

Certains héros homos se prennent pour les héritiers naturels d’une puissance/espèce surnaturelle. « Le paysan du Cantal rencontre même des extra-terrestres : ‘Oh ! un Noir ?!’ ; ‘Oh ! un Arabe ?!’ ; ‘Aaaah !!!, un pédé ?!?’ J’avais l’impression, moi aussi, d’être un extra-terrestre. » (Jefferey Jordan dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole, 2015) Par exemple, on entend dans leur discours la croyance en un « sixième sens » homosexuel. « Tu viens d’ailleurs, c’est évident ! » (Bryan s’adressant à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 212) ; « Est-ce que tout le monde est gay ? Est-ce que je suis dans la Quatrième Dimension ??? » (Emily, la femme bafouée, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz) ; etc.

 

Ce n’est pas un hasard si la thématique des extra-terrestres est couramment traitée dans les fictions homo-érotiques (parfois même, il arrive qu’ils soient identifiés explicitement comme homosexuels) : cf. la pièce Le Gang des Potiches (dans laquelle Nina, l’héroïne lesbienne, est comparée à E.T. l’extra-terrestre), le film « Œdipe N + 1 » (2001) d’Éric Rognard, le film « Bug » (2002) d’Arnault Labaronne, le film « Hey, Happy ! » (2001) de Noam Gonick, le film « Le Cas d’O » (2003) d’Olivier Ciappa, le film « L’Attaque de la Moussaka géante » (1999) de P. H. Koutras, le film « I Married A Monster From Outer Space » (1958) de Gene Fowler Jr (avec l’extra-terrestre gay), le film « Choujue Dengchang » (2001) de Cui Zi’en, le roman La Cité des Rats (1979) de Copi (avec la Reine des Rats qui possède des pouvoirs surnaturels), le film « ¿Qué He Hecho Yo Para Merecer Esto ? » (« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? », 1984) de Pedro Almodóvar (avec la gamine qui commande aux ascenseurs et qui crée des catastrophes à distance), la chanson « Extraterrestre » de Philippe Katherine et Arielle Dombasle, le film « Les deux martiennes » (2006) d’Yvette Neliaz, la B.D. Pressions & Impressions (2007) de Didier Eberlé (Martial, le héros homophobe, compare les homos à des extra-terrestres), la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi (racontant une aventure intergalactique), le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza, etc. « À moins d’être enlevée par des extra-terrestres, je me demande ce que je viens faire dans ce trou ! » (Carole, l’héroïne lesbienne perdue en campagne, dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini) Par exemple, dans le film « Codependent Lesbian Space Alien Seeks Same » (« Extraterrestre lesbienne codépendante cherche de même », 2011) de Madeleine Olnek, nous suivons les aventures, les mésaventures et les expériences de trois femmes extraterrestres venues de la planète Zots, envoyées en mission sur Terre pour se débarrasser des émotions romantiques qui sont considérées comme toxiques sur leur planète). Dans la pièce Soixante Degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza, Rémi, le héros homosexuel, écoute sa radio portative et un flash-infos parlant furtivement des extra-terrestres. Dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit, Mémé Huguette a tout de l’androgyne immatériel asexué/sursexué : elle se décrit d’ailleurs comme une « sorcière », une « extra-terrestre » (« E.T. »), capable de passer d’un corps à l’autre (« N’oubliez jamais ça : En chacun de nous sommeille une mémé comme moi. ») : « Je suis bisexuelle. Bisexuée. Je porte les deux sexes. J’ai été envoyée par des extra-terrestres. » Dans le film « Le Cinquième Élement » (1997) de Luc Besson, le personnage de Leeloo représente bien l’extra-terrestre mutique, fantasque et efféminé, suggérant l’homosexualité. Dans certains films (comme « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, ou encore le film « L’Homme qui venait d’ailleurs » (1976) de Nicolas Roeg, le vidéo-clip de la chanson « Thriller » de Michael Jackson, etc.), le héros homosexuel se retrouve dans le lit d’un amant extra-terrestre qui lui veut du mal : « C’est génial. J’ai encore jamais fait l’amour avec un martien ! » (le client du bar, Vincent, s’adressant à Steeve, son futur assassin, dans le film « Cruising », « La Chasse » (1980) de William Friedkin). Dans le film « Ma Vie avec John F. Donovan » (2019) de Xavier Dolan, Rupert, le jeune héros homo de 10 ans, est maltraité à l’école. Ses camarades (notamment Cédric) lui disent qu’il vient de la « planète gay ». Dans l’épisode 3 de la saison 1 de la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn, l’Inquisiteur extraterrestre de la B.D. de Lily fait son coming out : « ‘Je suis gay !’ dit l’Inquisiteur. »

 

Le héros homosexuel a tendance à proclamer fièrement son originalité, son identité homosexuelle « plus que normale ». Ce « Je suis plus que normal » répond en réalité à un « Je suis anormal » qui l’a précédé : « Je suis différente de toi, de toutes les autres filles. J’suis pas normal. » (Tania l’héroïne lesbienne de la pièce Ma double vie (2009) de Stéphane Mitchell) ; « Tout le monde sait que je ne suis pas normal ! » (« L. » dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi) ; « Adolphe Blanc était l’anormal le plus normal de tous les hommes. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 458) ; « Et si ce qu’il faut, c’est que tu sois originale, je m’arrangerai pour que tu puisses l’être. » (Amy qui veut bien jouer à la lesbienne avec sa meilleure amie Karma pour lui faire plaisir et lui faire gagner de la popularité dans leur lycée, dans la série Faking It (2014) de Dana Min Goodman et Julia Wolov, l’épisode 1 « Couple d’amies » de la saison 1) ; etc. Par exemple, dans le film « Freeheld » (« Free Love », 2015) de Peter Sollett, le militant homosexuel Steven Goldstein prononce avec provocation son prénom en soulignant « avec un V majuscule comme Very Gay !« . Le trop-plein d’assurance cache en général chez le protagoniste homosensible un trop-peu de confiance en soi.

 

Dans les fictions, la surcharge de nature conférée au désir homosexuel le désigne bizarrement comme un élan artificiel. D’ailleurs, excès et homosexualité sont souvent mariés dans les superlatifs : « C’est encore moi. C’est encore plus moi. » (le héros homosexuel en parlant de son coming out, dans le film « Komma Ut », « Coming Out » (2011) de Jerry Carlsson) ; « C’était tellement naturel ! » (Florence en parlant de sa première relation sexuelle lesbienne, dans la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar) ; « Ça me semblait contre-nature. Mais au fond, ça ne l’était pas du tout. » (Leopold, le héros homosexuel racontant sa première expérience homo, dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder) ; « Michael […] Ce garçon superhomosexuel est tombé dans le piège des femmes. » (la voix narrative du roman Le Bal des Folles (1977) de Copi, p. 142) ; « Avec un mec, c’est chaque fois la première fois… Encore plus. » (Franck, le héros homosexuel de la pièce Mon Amour (2009) d’Emmanuel Adely) ; « C’était un amour plus pur que ce que j’avais vécu avant. » (Jules, le héros homosexuel parlant de sa relation avec Quentin, qui succède à ses aventures hétérosexuelles, dans la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « Le futur sera bien plus que parfait. » (cf. la chanson « Réévolution » d’Étienne Daho) ; « Je ne crois pas à l’union permanente entre un homme et une femme. […] Déboulonnons cet idéal d’amour et de mariage. Voyons plus grand. Je crois en une relation supplémentaire, parfaite, entre un homme et une femme. Supplémentaire au mariage. » (Alan Bates dans le film « Love » (1969) de Ken Russell) ; « Au-delà du sexe et des lois, je t’aime. […] Au-delà de ce qu’on nomme Nature, je t’aime. » (Lord Enrique dans le roman Contradanza (1977) de Francisco Ors, cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 283)

 
 

b) Une seconde nature, travaillée par l’art, la science, le sentiment, la spiritualité :

Élie Kakou en attachée de presse

Élie Kakou en attachée de presse


 

Dans le discours de beaucoup de créateurs homosexuels, plus une chose ou une personne devient artificielle, plus on lui décerne la Palme du Plus que Naturel : « Sa beauté indiscutable se passait de l’intelligence. L’élégance avec laquelle elle portait un corsage entièrement brodé de diamants sous une hermine et une toque en plumes d’oiseau de paradis pour monter les escaliers de l’Opéra, la faisait paraître d’un naturel parfait chez les figurants de la jet society. » (la description de Maria-José, le personnage transsexuel M to F de la nouvelle « Le Travesti et le Corbeau » (1983) de Copi, p. 32) ; « Chez moi, tout est naturel. » (un homme passé par le billot et le bistouri des chirurgiens esthétiques, dans le one-man-show Changez d’air (2011) de Philippe Mistral) ; « Moi c’est naturel. » (l’attachée de presse en parlant de sa teinture de cheveux, dans le spectacle comique Élie Kakou au Point Virgule (1992) d’Élie Kakou) ; « Le Hairspray, c’est moi ! » (Corny Collins, le présentateur efféminé vantant les mérites de la marque de brumisateurs et de laque pour les cheveux, dans la comédie musicale Hairspray (2011) de John Waters) ; « Merci la régie, je remercie mon metteur en scène et mon chirurgien esthétique… Ah ben non, vous ne pensez pas qu’on est aussi superbe au naturel quand même… » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2010) de Jérémy Patinier) ; « Jessica, je crois qu’elle est un petit peu trop féminine à mon goût. » (Jean-Louis par rapport à son meilleur ami trans M to F Jessica, dans la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage) ; etc. Dans la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy, la plage virtuelle qu’est « Paris Plage » est présentée comme LE lieu gay par excellence. Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le docteur Blaise Poppyx, homosexuel, va implanter des faux pectoraux et des poils sur le fiancé de Gatal. Plus tard, le Père 1 apprend au fiancé de son fils à concevoir par clonage une souris pour faire ensuite de même avec un humain.

 

Dans le one-man-show Gérard, comme le prénom (2011) de Laurent Gérard, le héros homosexuel évoque ses multiples séances d’UV (« Évidemment, ça fait bronzage naturel. »), le bleaching de ses dents, ses visites précoces chez les relookeurs (« À 18 ans, j’allais me faire des soins en institut de beauté. »), son addiction à la salle de muscu, le fait qu’il se fasse blondir, l’artillerie de ses crèmes de nuit, etc. Tout cela vise à prouver son homosexualité latente refoulée.

 

Dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini, la Nature est mise en avant, et dès le départ. Et paradoxalement, c’est le voyage de Delphine, l’héroïne campagnarde, à Paris pour vivre son homosexualité au grand jour, qui fait dire à Antoine, un compagnon d’enfance et de terroir de Delphine : « T’as changé. Tu fais plus femme. »
 

Dans le film « Todo Sobre Mi Madre » (« Tout sur ma mère », 1998) de Pedro Almodóvar, Agrado, le personnage transsexuel M to F, au moment de se présenter à un public venu voir une pièce de théâtre annulée, se montre sous toutes ses coutures, passant en revue les multiples parties de son corps qui ont été modifiées à prix d’or par la chirurgie esthétique : « En plus d’être agréable, je suis TRÈS authentique. » Il conclut ironiquement/désespérément son exposé sur les avantages indéniables de la nature intentionnelle, par une phrase très Walt Disney « L’important, c’est de croire fort en ses rêves, et ils se réaliseront » : « Une personne est d’autant plus authentique qu’elle ressemble à ce qu’elle a toujours rêvé d’être intensément. »

 

Surtout chez les personnages travestis ou transsexuels, on passe, par rapport à l’objet de désir (= la femme-objet ; ou l’homme-objet), de la comparaison, à l’identification, pour finir par un dépassement-substitution (de la différence des sexes par exemple, de la réalité de la sexuation, de l’amour) : « Je suis comme une femme. Je suis une femme. Je suis mieux qu’une femme. » (Frédéric Longbois, le travesti M to F du film « La Chatte à deux têtes » (2002) de Jacques Nolot) ; « Je suis plus fille que tu ne peux l’imaginer ! » (Dadou, l’héroïne lesbienne de la pièce Qui aime bien trahit bien ! (2008) de Vincent Delboy) ; « Soyez plus que vous n’étiez. Vous n’en serez que plus homme. » (Lady Macbeth s’adressant à son mari, dans la pièce Macbeth (1623) de William Shakespeare) ; « Ahhh… la femme… elle ne sait pas ce que c’est que d’être La Femme ! » (Michael, un des personnages homosexuels du one-man-show Comme son nom l’indique (2008) de Laurent Lafitte) ; « Chéri, je suis plus homme que tu ne l’as jamais été et plus femme que celles que tu auras jamais. » (Antonio Fargas dans le film « Car Wash » (1976) de Michael Schultz) Un surpassement – enthousiasmant en théorie mais peu réaliste et humble – du genre humain est imposé : « Il ne sera pas un homme ! Il ne sera fille ni garçon ! Je le sais, il est la somme de toutes les additions ! » (Lou parlant de son bébé arrivant au monde, dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; etc.

 

Film "Huit femmes" de François Ozon

Film « Huit femmes » de François Ozon


 

On nous donne à croire que par l’art, le maquillage, le sentiment, ou la science, la Nature va être dépassée, sublimée, « plus Elle-même qu’Elle-même » : « Nous ne subissons pas la Nature. Nous l’avons transcendée. » (Julien, le héros homosexuel de la pièce Homosexualité (2008) de Jean-Luc Jeener) ; « Il n’y a pas à dire, Jioseppe [le sculpteur] a vraiment un don, qui lui permet d’aller au-delà même de la représentation vraie, pour toucher l’idéal. » (Jean-Philippe Vest, Le Musée des amours lointaines (2008), p. 10) ; « Il ne se considère pas comme un simple imitateur de nature. » (idem, p. 11) ; « C’est à ce moment de l’histoire de l’humanité [l’époque de Dibutades, la Grèce Antique] que nous sommes passés d’un art purement imitateur de la nature à l’art tel que vous l’avez connu depuis, celui qui transcende cette même nature. » (idem, p. 368) Par exemple, dans la pièce Un Lit pour trois (2010) d’Ivan Tournel et Mylène Chaouat, Catherine, l’héroïne lesbienne, travaille sur des matières déformables.

 

Selon certains « créateurs du Réel » homosexuels, l’art permettrait l’émergence du « plus que naturel », c’est-à-dire qu’il produirait une solution chimique qui mêlerait d’une manière indiscernable et « puissante » le complètement faux et le totalement vrai (comme l’illustre ce dialogue de l’Acte 1 de la pièce Parano : N’ayez pas peur, ce n’est que du théâtre (2011) de Jérémy Patinier) :

 

Personnage 1 – « Tout est faux, mon costume, mes cheveux (montre sa perruque), mon accent, ma voix, tout est travaillé, ce n’est pas vrai…

Personnage 2 – Si.

Personnage 1 – Ah bon ?

Personnage 2 – C’est vrai, tout est vrai, parce que la fiction c’est une forme de vérité. »

 
 

Sur le terrain des sentiments, on assiste au même procédé : sont mises en avant les sincérités émotionnelles des amants homosexuels fictionnels, sont scénarisées leurs résistances à la faisabilité de leur « couple » (des exigences d’amour que l’on voit rarement dans la réalité concrète entre personnes homosexuelles réelles), pour prouver une authenticité d’amour, pour montrer que les personnes homosexuelles ne sont pas des « filles faciles », que l’amour homo est plus fort que toutes les adversités, que les sentiments commandent au Réel : « Excuse-moi. J’peux pas te donner c’que tu veux. Pas ici… pas comme ça… » (Benjamin refusant d’embrasser et de coucher avec Vincent le premier soir, dans le téléfilm « À cause d’un garçon » (2001) de Fabrice Cazeneuve) ; « J’veux pas. Pas ici. Pas comme ça. » (Cédric se dérobant à Laurent dans le film « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure)

 
 

c) Un dépassement transcendant/violent de la Nature (au nom du naturel pourtant !) est effectué :

Certains personnages homosexuels construisent sous nos yeux la nature humaine, comme si celle-ci était faite en papier mâché : « Le vieil ami Tarzan a tout juste fini de se construire un enfant avec un bon tronc d’arbre, des lianes, un singe et des feuilles en matière plastique collées ensemble une à une. » (Copi, Un Livre blanc (2002), p. 102) Mais le résultat de cette prétention à la création de la Nature est souvent raté, puisqu’évidemment, ils ne sont pas Dieu. Par exemple, dans le film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian Clavier, l’histoire d’homoparentalité commence comme par hasard par la teinture de César (Christian Clavier justement) qui est « trop rouge » parce qu’il est sorti précipitamment de chez le coiffeur. Dans le film « Gun Hill Road » (2011) de Rashaad Ernesto Green, Michael se pique aux hormones pour prendre une apparence naturelle de femme… mais sa vie sentimentale et familiale se révèle un désastre.

 

Le héros homosexuel n’est pas réellement au service de la Nature qu’il adore. Il prétend la mettre sous verre pour la fuir ET la posséder totalitairement : « Depuis longtemps, Jason n’était plus capable d’apprécier le spectacle de la nature pour lui-même. En bon dandy féru de décadence, et ayant entretenu son raffinement avec le soin maniaque que l’on prend à s’occuper d’un bonzaï, il était saturé de culture. Un flot de références picturales ou littéraires venait faire écran à toute impression spontanée, et spécifier la teneur même de son émotion. C’est ainsi que la mer, à l’horizon, lui parut avoir revêtu son plus beau bleu Klein. […] La transparence de l’air lui rappela quelque ciel italien de Corot. Quant aux hortensias qui exhibaient avec une joyeuse fierté leurs gros pompons roses, bleus et mauves, ils semblaient sortis du costume d’Arlequin d’une fête galante de Nicolas Lancret. » (Jason, le héros homosexuel du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, p. 31) ; « Dans son obsession du contrôle il avait besoin de prévoir l’imprévisible jusque dans ses moindres détails. » (idem, p. 77)

 

Une prestidigitation de Nature s’opère. Pendant que ses compagnons ont le dos tourné, le héros homosexuel prend le naturel, le trafique à sa façon pour lui enlever toutes les aspérités qui gênent ses propres fantasmes de toute-puissance ; puis la nouvelle Nature est remise sur l’étalage, comme si de rien n’était. Et gare à ceux qui détecteraient la contrefaçon et qui par conséquent identifieraient son orgueil de s’être pris pour Dieu ! En toute logique, le naturel nouvellement proposé s’annonce à coup d’injonctions et d’impératifs… « Liberté des corps, égalité des sexes (c’est moi qui prend la mesure), fraternité et sonorité ! Soyez vous-même, réveillez vos sens ! Ne dites jamais la première chose qui vous vient par la tête, c’est toujours de la fatalité, un réflexe… Soyez naturel, dites la deuxième ! Vous verrez, la deuxième chose qui vous vient à l’esprit, c’est souvent, le corps… » (la « folle » militante dans la pièce La Fesse cachée (2010) de Jérémy Patinier) ; « On n’est jamais trop pédé ! » (Benjamin, homosexuel, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) ; etc.

 

Le danger de défendre une nature « plus que naturelle » ou un amour « plus que naturel », c’est bien sûr l’éloignement du Réel. Je prendrai l’exemple de l’amour lesbien entre Stephen et Mary relaté par Marguerite Radclyffe Hall dans son roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude, 1928) pour essayer de me faire comprendre. On lit chez les protagonistes une obsession pour la Nature : « Elles menaient une vie naturelle, une vie qui leur semblait à elles parfaitement naturelle. » (Stephen, l’héroïne lesbienne, et sa compagne Mary, p. 393) ; « Elle leur semblait étrange, et pourtant toute naturelle, cette ardente et nouvelle réalisation, qui comportait quelque chose de magnifique et d’insistant, dépassant presque le cycle de leur volonté. Leur amour apparaissait à Mary et à Stephen comme quelque chose d’aussi primitif que la Nature elle-même. » (idem, p. 411) ; « Elles semblaient regarder droit dans les yeux un amour transformé… un amour surnaturel, désincarné. » (p. 422) Plus tard dans le roman, le « couple » lesbien déchante d’avoir défier la vraie Nature : « Dans des relations telles que celles de Mary et de Stephen, la Nature doit payer le prix de ses expériences. » (p. 441) On se rend compte que la recherche de naturel chez Stephen a pour origine un refus d’elle-même et de sa nature sexuée, ainsi que la jalousie : « Stephen détestait Roger Antrim, et cette aversion s’augmentait d’un sentiment d’envie des plus humiliants. Car, en dépit de ses imperfections, elle enviait au jeune Roger ses lourds et forts brodequins, ses cheveux ras et sa veste d’Eton ; elle lui enviait son droit de grimper aux arbres, de jouer au cricket et au football : son droit d’être parfaitement naturel ; elle lui enviait par-dessus tout son admirable conviction qu’être un garçon constituait, dans la vie, un privilège. » (Stephen, idem, p. 63)

 

La « Nature » récupérée/taillée par le personnage homo n’est pas si naturelle, apaisante, et innocente que cela : « Je me demande si on ne déforme pas la réalité pour lui faire dire ce qu’elle n’est pas. » (Tom s’adressant à son amant Bryan par rapport à leur relation, dans la pièce Les Vœux du Cœur (2015) de Bill C. Davis) ; « Il a une beauté naturelle peu naturelle. » (Harold par rapport au jeune et beau Tex, dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin) ; « C’était la première fois qu’Ednar faisait l’amour ; enfin un ‘câlin.’ Quoi de plus naturel pour un jeune homme de seize ans, si le prétendant n’était pas un copain de son âge rencontré par hasard un soir sur la plage ! Mais voilà, une fois ce premier ‘rapport sexuel’ consommé, il lui procura plus de dégoût que de plaisir. » (Jean-Claude Janvier-Modeste, Un Fils différent (2011), p. 19) Le détournement de Nature à travers la création d’une hyper-Nature peut même être la source de grands tourments et frustrations… puisque quoi de pire que de courir après un amour immatériel, qui ne s’incarne pas pleinement, et qui ne se laisse pas toucher ?

 

On découvre dans certaines fictions homo-érotiques que l’invocation excessive de la Nature – et dans le même mouvement la sacralisation de la « nature » homosexuelle – cache en réalité une violation de Celle-ci et de l’Homme (cf. le film « Geniune Rape » (1987) d’Hisayasu Sato). « De tout temps, j’ai toujours eu envie d’avouer mon homosexualité, mais je ne trouvais pas d’explications pour dire pourquoi j’étais homosexuel. Je suis homosexuel, cela ne se justifie pas, et c’est très bien ainsi. D’ailleurs, on ne s’excuse pas de ce qu’on est naturellement. » (Ednar, le héros homosexuel ayant subi dans son enfance trois viols pédophiles, dans le roman semi-autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 116) ; « À cet instant, je compris que ma nature ‘romantique’ me porterait naturellement à toutes les cruautés et que, de toutes celles qui existaient, contrairement à ce que l’on pensait, elle était parmi les plus redoutables, puisqu’en exagérant tout de sentiments elle rendait l’être humain capable de passer du plus grand des attachements à la plus grande indifférence. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 50) ; « Il me semblait maintenant que toute transgression des règles habituelles pouvait rendre en plaisir ce qu’elle avait volé au naturel. » (idem, p. 110) ; etc. Par exemple, dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, Géraldine, la bourgeoise « maquillée comme une voiture volée », reproche à sa belle-sœur Vanessa de « se laisser aller question féminité » : « À force d’être naturelle, on en oublie sa féminité. »

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Je suis surnaturel et mon désir homosexuel est tout-puissant, plus que naturel :

Il est souvent fait référence au naturel et au « plus que naturel » dans les discours des militants homosexuels : je vous renvoie au documentaire « Enough Man » (2004) de Luke Woodward. Beaucoup de réseaux sociaux LGBT ou de noms associatifs vont dans le sens de l’essentialisation superlative (donc identitaire et amoureuse) du désir homosexuel : cf. le programme Ipergay , les titres-bidon des associations inventées par Xavier Bongibault (« Plus gay sans mariage », « Gays pour la vie »), etc. Si on refait un bon en arrière dans le temps, on peut penser, sous l’Allemagne nazie, au mouvement Wandervogel et « leur proximité authentique avec la nature » (Philippe Simonnot, Le Rose et le Brun (2015), p. 134), le « Naturprozess » dont parle Hans Blüher.

 

Les personnes homosexuelles ont tendance à confondre « leur » nature propre – qui peut très souvent se réduire à un ressenti d’auto-persuasion, être le fruit de leurs fantasmes – avec « la » Nature, objective et mystérieuse, en particulier dès qu’il s’agit de leur désir homosexuel. « Tout individu doit jouir de sa vérité, de sa nature, de sa liberté. » (Jean-Louis Bory au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976) ; « J’ai décidé de vivre selon ma nature. » (Édith, femme lesbienne suisse, dans le documentaire « Les Homophiles » (1971) de Rudolph Menthonnex et Jean-Pierre Goretta) ; « En 2005, Christine Bakke fait pour la première fois l’amour avec une femme : ‘C’était sa première fois à elle aussi, ce que j’ai trouvé très beau. Il n’y avait aucune attente, c’état naturel, ça coulait de source.’ » (Christine Bakke, ex-ex-lesbienne, interviewée à Denver, dans le Colorado, fin 2018, dans l’essai Dieu est amour (2019) de Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, Éd. Flammarion, Paris, p. 84) ; etc. Par exemple, dans le documentaire Les Règles du Vatican (2007) d’Alessandro Avellis, Alfredo Ormando, un homme homo qui s’est immolé par le feu en 1998 sur la place Saint Pierre au Vatican, a rédigé juste avant sa mort un récit testamentaire dans lequel il présente son homosexualité comme un fruit de la Nature. Toujours dans ce même reportage, le père Franco Barbero soutient que l’homosexualité est un « amour normalissime ». Dans l’émission Zone interdite spéciale « Être fille ou garçon, le dilemme des transgenres » diffusée le 12 novembre 2017 sur la chaîne M6, Jackie, homme M to F initialement appelé Jacques, prétend, après son opération chirurgicale, « se sentir plus femme ».

 

Dans le documentaire « Une Vie ordinaire ou mes questions sur l’homosexualité » (2002), Hervine, une femme lesbienne de 30 ans, s’adresse de manière gentiment provocatrice à Serge Moati, le réalisateur, en ces termes : « Dans mon enveloppe charnelle, je ne suis certes pas homme, mais qui dit qu’à l’intérieur de moi et dans ma tête, je ne suis pas plus homme que toi ? » Non seulement les personnes homosexuelles font passer la réalité fantasmée pour une réalité positive, mais en plus, elles postulent que cette nouvelle réalité est plus réelle que la Réalité-même. Dans une émission Ça se discute consacrée à l’homosexualité féminine (diffusée en 2004 sur la chaîne France 2), Annie-Paule, une femme lesbienne, narre sa première rencontre génitale lesbienne (on y retrouve cette idée de surréalité) : « Au départ, on a peur. Comment ça va se passer… Et puis finalement, ça se fait tout seul. C’est naturel. C’est même peut-être plus naturel. » C’est leur recherche de l’« extraréel » (formule que j’emprunte à un ami romancier) qui dit que beaucoup de personnes homosexuelles souhaitent quitter la Réalité, paradoxalement au nom de sa recherche. C’est la raison pour laquelle elles présentent souvent la Nature comme une terrible ennemie, tout en ne jurant que par Elle. Tout, selon elles, doit devenir culturel, donc inventé, évolutif, relatif ; et paradoxalement elles considèrent qu’une chose est mauvaise parce qu’elle est culturelle et qu’elle manquerait de Nature.

 

Un certain nombre d’individus homosexuels ont coutume d’annoncer leur désir homosexuel comme un fait établi, qui ne se discute pas, que la Nature leur aurait imposée, au-delà même de leurs propres intentions et des calculs de la pensée. C’est pour cela que ce serait un « plus que désir » : il aurait supplanté tous les autres désirs (la conscience de l’enfant, la mémoire des souvenirs, la perception nette de son homosexualité, l’attraction sexuelle, la connaissance de l’amour adulte, etc.) : « Être gay est ce qu’il y a de plus naturel. » (cf. l’article « Doce Días De Febrero » de José Mantero, dans l’essai collectif Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas, p. 190) ; « Bien sûr que c’est naturel. » (Irène, une femme lesbienne de 65 ans jadis mariée avec un homme, dans le documentaire « Homos, la haine » (2014) d’Éric Guéret et Philippe Besson, diffusé sur la chaîne France 2 le 9 décembre 2014) ; « Comment une vie bascule à travers une main qui s’aventure… Je suis devenue une vraie femme. » (Thérèse par rapport à sa toute première fois lesbienne, où une ancienne camarade de classe dévergondée l’a dépucelée, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « L’homosexualité, c’est tout à fait naturel, c’est normal. » (Robert, le coiffeur homo de Ménie Grégoire dans le film documentaire Ménie Grégoire : Une Voix sur les ondes (2007) de Marie-Christine Gambart et Sophie Garnier) ; « Ça devrait pas être un monde idéal. Ça devrait être un monde naturel ! » (Marie-Paule Belle rêvant d’un monde où l’homosexualité ne pose pas problème, dans l’émission Dans les yeux d’Olivier, « Les Femmes entre elles », d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq, diffusée sur la chaîne France 2, le 12 avril 2011) ; « Depuis que je suis avec Sybille, il y a quelque chose qui a changé pour moi. Je ne sais pas comment dire, il y a quelque chose de naturel. » (Élodie, femme lesbienne de 46 ans, dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, p. 61) ; « Ici les femmes sont debout, parfois perdues, bousculées par la vie, mais toujours au cœur des films. Ces lesbiennes existent pour et par elles-mêmes. Elles ne servent pas de faire-valoir à un autre personnage, elles ne questionnent pas leur orientation sexuelle, elles sont femmes, elles sont lesbiennes mais ça ne suffit pas à faire un film, et c’est cet au-delà, ce plus, cet autre chose qui m’a plu. » (Marie Labory, dans le catalogue du 19e Festival Chéries-Chéris au Forum des Images de Paris, en octobre 2013, p. 10) ; « C’est la nature qui veut les choses. » (Pierrot, le papy fermier comparant son homosexualité à ses animaux d’élevage pour la justifier, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « C’est inscrit dans mes gènes. » (Thérèse, femme lesbienne de 70 ans, idem) ; « Qui est-ce qui vous a dit qu’il y avait une différence d’âges ? » (Xavier, 67 ans, en « couple » avec Guillaume, 30 ans, dans le documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne) ; « Je ne me suis jamais senti contre-nature. Je ne me suis jamais senti si naturellement naturel. » (Luca s’adressant à son copain Gustav, dans le documentaire « Homophobie à l’Italienne » (2007) de Gustav Hofer et Luca Ragazzi) ; etc.

 

Certaines personnes homosexuelles vont jusqu’à dire qu’elles ont un « corps homosexuel », ou bien qu’elles font partie d’une race à part de l’Humanité : « Je n’avais pas choisi, ni le don de la foi, ni mon homosexualité. Mais je pouvais choisir de vivre sereinement, de manière libre et responsable, ma démarche chrétienne dans mon corps d’homosexuel. » (Jean-Michel Dunand, Libre : De la honte à la lumière (2011), p. 114) Dans leur course à l’essentialisation et à la normalisation de leur désir homosexuel pour se rassurer de ne pas être anormales, il arrive qu’elles se prennent pour les héritières naturelles d’une puissance/espèce surnaturelle. Par exemple, on entend dans leur discours la croyance en un « sixième sens » homosexuel. « Je pense que l’homosexualité, ça développe l’intelligence. Non pas qu’on soit plus intelligents que les autres. Mais on est plus sensibles. » (Françoise, une femme lesbienne, dans l’émission Dans les yeux d’Olivier, « Les Femmes entre elles », d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq, sur la chaîne France 2, le 12 avril 2011) Certaines s’identifient même à des extra-terrestres ou à des anges (cf. le code « Se prendre pour Dieu » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). « C’était la comète de Haley du gay. » (Dan Savage, homosexuel, par rapport à Liberace, dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture », « Out » (2014) de Maxime Donzel) Par exemple, dans les années 1980, le dramaturge Copi arrive sur scène complètement nu et peint en vert comme un martien dans Loretta Strong. En 1969, le chanteur bisexuel David Bowie se met dans la peau d’un cosmonaute, le Major Tom, qui ne veut plus revenir sur Terre, et qui va se transformer en Ziggy Stardust, une rock star psychédélique, un flamboyant alien. Et pour l’identification homosexuelle, ce personnage a fixé des homosexualités : « Adolescent, je suis allé à un concert de David Bowie. Et ça a été une expérience fascinante. J’avais reçu une éducation très stricte. Je ne connaissais pas d’homos. C’était un monde totalement nouveau. Pour moi, David Bowie était un alien qui représentait une forme de liberté. » (Steve Blame, homosexuel, interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte)

 

Pourquoi cette tendance homosexuelle à proclamer fièrement son originalité, son identité plus que normale ? Je crois que ce « Je suis plus que normal » répond en réalité à un « Je suis anormal » qui l’a précédé : « Puisque la normalité exige que le masculin soit attiré par le féminin, et puisque ce n’était pas mon cas, j’en concluais que je souffrais d’une mystérieuse maladie. » (Brahim Naït-Balk,Un Homo dans la cité (2009), p. 15) ; « Comme personne ne me ressemblait autour de moi, comme je n’avais aucun repère, j’ignorais tout de l’homosexualité et j’ignorais que je l’étais. Je me croyais anormal, malade. » (idem, p. 91) ; « La musique d’Amanda Lear m’a aidé à accepter mon aberration. Je me disais que la chanson d’Amanda Lear ‘Follow Me’ est peut-être plus aberrante que ce que j’éprouve. En ce sens, elle m’a beaucoup aidé et ça m’a rendu plus fort. J’avais tous les disques d’Amanda Lear. Je les connaissais par cœur. Et ça a vraiment renforcé ma confiance en moi. » (Hape Kerbeling définissant son désir homosexuel comme une « aberration », interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte) ; etc. Le trop-plein d’assurance cache en général un trop-peu de confiance en soi, une croyance absurde en son anormalité.

 

Bien des personnes homosexuelles se comparent au monde animal, NON LIBRE par définition, pour justifier d’une identité naturelle et d’un amour humain LIBRE ; voilà bien là une réelle contradiction ! Certains chercheurs pro-gays sentimentalisent la faune en projetant sur elle leurs rêves déshumanisants qu’ils veulent imposer ensuite à l’être humain. On peut penser à la fréquente comparaison des Hommes homosexuels aux singes bonobos, au traitement de l’« homosexualité » dans le monde animal par André Gide dans Corydon (1920), aux travaux de Jean-Pierre Otte, ainsi qu’au documentaire « L’Homosexualité animale » (2001) de Bertrand Loyer. Par exemple, en 2006, au Musée d’Histoire naturelle d’Oslo (Norvège), a été montrée une exposition de plus de 1000 espèces d’animaux ayant des comportements soi-disant « homosexuels ». Dans ses écrits du milieu des années 1870, Karl Heinrich Ulrichs (1825-1895) insiste sur le « », de l’homosexualité parmi les animaux, particulièrement chez les coléoptères. « La pénétration anale n’est pas une offense à la nature, à la loi morale ou à l’honneur d’un homme, si la nature a besoin d’elle précisément. » : « Selon ce raisonnement, la nature est souveraine. Dieu ou la nature ont implanté dans le cœur de certains hommes l’amour anal d’autres hommes ; il doit être satisfait ! » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 89)

 

Et l’opinion publique, pour leur faire plaisir, va de leur sens en affirmant que leur désir homosexuel n’est certainement pas un choix (alors qu’au fond, on n’en sait trop rien…) : « L’homosexualité est quelque chose de physique. […] Il me semble que l’homosexualité est avant tout une réalité biologique. » (Christine Boutin interrogée dans l’ouvrage Christine Boutin, Henry Chapier, Franck Chaumont : Les homosexuels font-ils encore peur ? (2010) de Xavier Rinaldi, pp. 21-22) ; « Chez les animaux, l’homosexualité, ça se passe beaucoup. » (un agriculteur interrogé au Salon de l’Agriculture à propos de l’homosexualité, dans le documentaire « Des filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon et Anne Gintzburger)

 

La naturalisation du désir homosexuel n’est pas sans risque : même si elle est minorisante et ne se dit pas toujours en termes dangereusement universalisants, elle est non seulement exercée par les membres de la communauté homosexuelle souhaitant faire des individus homosexuels une espèce à protéger, mais aussi par leurs opposants, voulant pour le coup détruire et corriger « l’espèce protégée ». « Hétérosexuels et homosexuels sont des mots barbares, des qualificatifs dont se parent et s’accablent des hommes mutilés qu’on apprend ou qui s’apprennent à réprimer des envies parfaitement naturelles. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) ; « Vivant dans ce monde de jeunes garçons, j’ai été initié tout naturellement. » (idem) ; « Combien d’hétérosexuels ont fait des expériences homosexuelles dans leur vie ! Ça prouve que c’est une expression tout à fait naturelle de la sexualité. » (idem) Ce retour de bâton homophobe – effet-miroir pervers de la théorie inversante et gay-friendly du « Troisième Sexe » – est par exemple visible dans l’essai (retiré à la vente) 700 millions de GEIS (2010) de Chekib Tijani. Ce « chercheur » développe de manière prétendument scientifique « la notion de Genre Endogène Inversé » dans le but de l’éradiquer : « Quand il y a non-concordance entre sexe anatomique et sexe psychologique au sein d’un même individu, il y a inversion identitaire. Inversion parce que sexe psychologique et sexe anatomique sont l’inverse l’un de l’autre. » (p. 13)

 
 

b) La Minute difficile :

Beaucoup de personnes homosexuelles revendiquent l’existence d’une seconde nature, supposée plus authentique que la Nature « classique ». Cette hyperréalité sincérisée a souvent un lien avec l’excès, l’artifice. Dans le discours de beaucoup de créateurs homosexuels, plus une chose ou une personne devient superficielle, plus on lui décerne la Palme du Naturel : « Les choses sont toujours plus intéressantes quand on exagère. » (Celia la conservatrice de musée s’adressant à Bertrand, dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud) ; « La seule différence entre les surréalistes et moi est que je suis surréaliste. » (Jean Cocteau) ; « Elle [l’actrice Lola Sola] était championne de natation. Une fille au physique exceptionnel. Imaginez un peu. Elle a commencé à nager à dix ans. Des jambes incroyables. Et surtout une poitrine naturelle d’une générosité… rarement vue. Quand elle a été championne, on voyait partout des photos d’elle. Le metteur en scène Carlos Sanchez a eu l’idée, en voyant ces clichés, de transformer la nageuse en sex-symbol. Et on peut dire qu’il a gagné son pari. Maintenant, elle est doublement championne : de natation et de sex-appeal. » (Fernando dans l’autobiographie Folies-Fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 250) ; « C’était un bel homme, James. Pourquoi ça n’aurait pas été une belle femme ? » (la narratrice transgenre F to M se met dans la peau de James, une femme qui s’est fait passée pour un homme toute sa vie, dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems) ; etc.

 

Les membres de la communauté homosexuelle ont trouvé en la bimbo siliconée la plus charismatique représentante de leur passion pour la nature trafiquée. Surtout en ce qui concerne les hommes travestis ou transsexuels, on passe, par rapport à l’objet de désir (= la femme-objet ; l’homme-objet), de la comparaison, à l’identification, pour finir par un dépassement-substitution (de la différence des sexes par exemple, de la réalité de la sexuation, de l’amour) : « Les transformistes sont plus femme que beaucoup de femmes. » (Alberto Mira, De Sodoma A Chueca (2004), p. 155) Dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, le « désir de paraître plus femme que femme » est présenté comme une caractéristique des personnes transformistes, transgenres, ou transsexuelles (p. 291) ; le « milieu homosexuel » serait peuplé d’« une faune étrange, plus féminine que n’importe quelle assemblée de femmes » (idem, p. 34). Jean Weber à propos du trapéziste Barbette, n’affirmait pas qu’il était une fausse femme, mais au contraire qu’il avait tout d’une « femme absolue ! » (cf. l’essai Folles de France (2008) de Jean-Yves Le Talec, p. 112).

 

En général, les personnes homosexuelles travestissent la Nature par trois moyens : l’art (prioritairement surréaliste, déréalisant), la science, et le sentiment (on peut aller jusqu’à la religiosité). Elles créent une Nature en carton pâte, figée dans l’angélisme ou au contraire l’image d’Épinal de films d’épouvante. Je vous renvoie aux natures mortes du peintre Caravage, notamment.

 


 

La communauté interlope s’intéresse beaucoup aux simulations de Nature. Par exemple, pendant son concert Petits Secrets (2007) au Palais des Glaces de Paris, le chanteur français Christophe Moulin arrose ses plantes au brumisateur. Certaines personnalités homosexuelles ou proches du « milieu gay » (telles que Thierry Le Luron, Charles Trénet, Dalida, Nana Mouskouri, etc.), se sont amusées à participer à la série de publicités Wizard, vantant les mérites des désodorisants d’intérieur censés créer des ambiances « naturelles ». Un certain nombre d’individus homosexuels se prennent pour des créateurs de Nature. Les animaux empaillés des taxidermistes, les bestiaires, ainsi que les jardins synthétiques, sont légion dans la fantasmagorie de la communauté homosexuelle, et renvoient parfois à des pratiques réelles. Sur pellicule, les personnes homosexuelles fournissent la preuve qu’elles ont le pouvoir divin de fabriquer des fleurs : je pense par exemple à Jean Cocteau qui se filmait en marche arrière pour donner l’illusion qu’il construisait lui-même des fleurs de bougainvillier ; dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, la comédienne transgenre F to M sur scène se fait un pénis avec un préservatif qu’elle rembourre de coton (pénis artificiel surnommé « le paquet »).

 

Elles donnent à croire que par l’art, les médias, le maquillage, le sentiment, ou la science, la Nature va être dépassée, sublimée, libérée de la souffrance et de la mort, va devenir en quelque sorte « plus Elle-même qu’Elle-même ». Ce n’est plus Elle qui inspirera l’art, ni l’art qui sera au service de la Nature. On assiste à une inversion des valeurs. Maintenant, selon la formule consacrée par l’écrivain britannique Oscar Wilde, c’est « la nature qui imite l’art ». Par exemple, le romancier français Mathieu Riboulet, invité le 28 mars 2011 à l’émission Homo Micro de Radio Paris Plurielle, parle de « l’usage choisi de la Nature » qu’il opère dans son écriture.

 

C’est la raison pour laquelle, dans les films homosexuels, on voit souvent des scènes de teinture de cheveux ou de maquillage, comme si leurs réalisateurs filmaient parodiquement leur prétention à la création de la Nature pour mieux la voiler. Par exemple, dans le film expérimental « Autoportrait aux trois filles » (2009) de Nicolas Pleskof, le chevauchement et le va-et-vient entre l’artifice et la Nature est manifeste (cf. la scène où le soleil, en fondu enchaîné, laisse place à la lumière d’une lampe). La machine et la nature primitive incivilisée commandent au Réel et à l’être humain (c’est le « primitivisme assisté par la cybernétique » dont parle Philippe Muray dans Festivus festivus : Conversations avec Élisabeth Lévy (2005), p. 14).

 

Film "La Vie d'Adèle" d'Abdellatif Kechiche

Film « La Vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche


 

Actuellement, on retrouve ce goût de la nature forcée, sincérisée, faussement improvisée, dans le charme minimaliste des docu-fictions bobos. Et en effet, qu’est-ce qu’être bobo si ce n’est vouer un culte maladif à la simplicité, au naturel, à l’authentique ? si ce n’est se prendre pour un dieu innocent, qui créerait du génie et de la Nature par accident, sans le désirer, sans liberté ? Beaucoup de réalisateurs homosexuels ou gay friendly actuels cherchent à donner aux amours homosexuelles qu’ils dépeignent sur nos grands écrans de cinéma la puissance de la Nature. Il y a énormément de films à thématique homosexuelle servis à la sauce National Geographic, et il me sera difficile de les lister avec exhaustivité tellement ils sont à présent monnaie courante. En voici quelques exemples : le film « Le Secret de Brokeback Mountain » (2006) d’Ang Lee, le film « Les filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie, le film « Lilting » (« La Délicatesse », 2014) de Hong Khaou, le film « And Then Came Summer » (2001) de Jeff London, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure, le film « Ander » (2009) de Roberto Castón (une ode à la beauté du Pays basque), le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha (en pleine montagne autrichienne)etc. Le film « Jongens » (« Boys », 2013) de Mischa Kamp chante la Nature tout le temps. Et c’est en surprenant des faons en pleine forêt que Marc et Sieger s’embrassent. Dans la série bal d’émotions sensorielles pour servir de cadre à la relation homo et prouver qu’elle est « belle et naturelle » (et que cela se passe de commentaire…), on trouve des productions artistiques telles que le film « L’Homme de sa vie » (2006) de Zabou Breitman, qui commence précisément par des plans fixes de Nature, des arrêts sur image façon jolies cartes postales provençales, le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, le documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne (très bucolique), le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, ou encore le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, où les deux amants Lukasz et Adam se cherchent dans un champ de maïs en poussant des cris d’animaux, comme pour prouver que leur accouplement est drôle, original et naturel. Du côté clichés maritimes bucoliques latino-américains, berçant les spectateurs aux sons des vagues de la mer, ce sont les films « Contracorriente » (2011) de Javier Fuentes-León, ou bien « Como Esquecer » (« Comment t’oublier ? », 2010) de Malu de Martino (avec ses plans de fleurs filmées de près, la séquence du coït lesbien Helena/Julia sur fond sonore « dépouillé » de bruits de la mer, la promenade Fahrenheit d’Helena sur le ponton face à l’océan, etc.) qui pourraient remporter la palme de l’émotion sentimentaliste homosexuelle travaillée par la photo et le cinéma. Dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, on va jusqu’au paradoxe de nous noyer d’images de Nature pour nous convaincre qu’une relation amoureuse pourtant virtuelle à 90% arrive tout de même à être concrète et authentique, comme si la débauche d’estampes de Nature suffisait à innocenter l’artifice et à combler le fossé béant qui sépare les deux internautes. D’ailleurs, concrètement, Denis, le héros homosexuel, passe son temps à donner aux objets « l’humanité » de ses fantasmes narcissiques : par exemple, il voit des visages partout, même dans les tapisseries fleuries de sa chambre ; il fait de l’eau de toilettes Sauvage portée par son amant un trait de caractère de celui-ci ; il fige la Nature en nous montrant en gros plan une collection de papillons ; etc.

 

Dans les films top-bobos de Christophe Honoré, on retrouve ces jeux de caméras naturalistes (… et si peu naturels tellement ils veulent prouver la maladresse et l’improvisation !) : son film « Homme au bain » (2010) en fournit un parfait exemple, avec le mélange systématisé rétro/post-modernité (certaines séquences sont filmées par téléphone portable : effet « Nouvelle Vague » avant-gardiste des Temps Modernes…), la fusion iconographique Nature/ville (exemple : les petits oiseaux perdus en plein New York) esthétisée comme une dérive existentielle magnifique, etc.

 

Dans son film « La Vide d’Adèle » (2013), Abdellatif Kechiche joue à fond sur le quotidien, le côté « ressenti », « tranche de vie » prise sur le vif. Le « couple » lesbien est toujours filmé dans des cadres bucoliques (parcs, jardins, mer, etc.). Ce film se veut un bal de sensations « Nature et Découverte » : Je me ressens fumer, manger, respirer. Je me masturbe verbalement, sensiblement. Je touche les peaux, les toiles (« C’est ce qu’il y a de meilleur : la texture. » affirme Emma, la « peintre-philosophe » ; « Tu veux toucher ? » (Liz, la femme lesbienne enceinte avec son ventre rond, et présentant la maternité comme une « sensation »). J’écoute la Nature, le vent dans les arbres. Je raconte mon bien-être. C’est du carpe diem et de l’hédonisme de bas étage : « On est bien, là, hein ? » sussure Emma étendue dans l’herbe. « Un peu trop, même… » lui répond Adèle. Le but caché de ce film est de nous prouver que la différence des sexes n’est pas importante pour vivre et incarner l’amour, et de saturer ce mensonge de sensations. Tous les bruitages (l’eau des canalisations dans les toilettes, le chant des oiseaux, les effleurements de peau, la salive des baisers échangés) sont décuplés… pour emprisonner le spectateur dans le ressenti ou l’émotionnel, et donc finalement pour prouver de manière naturaliste et « sobre » à la fois, que l’amour homo est « naturel ». Il n’y a d’ailleurs pas de musique de fond dans le film (sauf pour les moments officiels de chansons, où là le réalisateur se fait plaisir en transformant son film en grand vidéo-clip).

 

Certains artistes homosexuels, par auto-parodie ou dans un objectif plus sérieux d’esthétisme, s’amusent à distordre la réalité, en représentant par exemple de faux ralentis ou des images accélérées, comme pour se moquer de la vanité de leurs sentiments (je pense aux ralentis tragi-comiques de la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet, tournant en dérision l’effusion des passions amoureuses, au vidéo-clip « Lonely Lisa » de Mylène Farmer, etc.)… ou pire, au final : pour immortaliser, naturaliser, et justifier cette vanité !

 

On retrouve ce goût de la programmation du hasard et des accidents dans les techniques artistiques employées par certains artistes homosexuels : l’écriture automatique (Virginia Woolf, Marcel Proust, Paul Verlaine, Néstor Perlongher, etc.), le happening des artistes pop (Gilbert and George, Andy Warhol, Marcel Duchamp, etc.), les documentaires-fictions (Jean Cocteau, Thom Fitzgerald, Louise Hogarth, Douglas McGrath, Louis Dupont, etc.), les reconstitutions de coulisses théâtrales (par exemple, dans la comédie musicale HAIR (2011) de Gérôme Ragni et James Rado, le public arrive dans la salle où la troupe de théâtre serait soi-disant en pleine répétition ; C’est le même cas de figure dans certaines pièces de Jérémy Patinier, comme on peut le voir par exemple à travers les premières didascalies de « l’Acte zéro » qui ouvrent la pièce Parano : N’ayez pas peur, ce n’est que du théâtre (2011) : « La comédienne est déjà sur scène, il n’y a pas de limite entre le public et elle. Mais elle ne prête pas attention à elle. On a l’impression d’être dans les coulisses plus que dans le public. » ; Lors de la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar, les nombreuses mises en abyme – façon « journal intime spontané » ou « interviews imprévues » – rendent floue la frontière entre fiction et réalité, pour rajouter du pathos et de la crédibilité aux histoires d’amour homosexuelles pourtant foireuses et alambiquées ; Dans les pièces de théâtre contemporain traitant actuellement du sujet homosexuel/bisexuel, il est maintenant extrêmement rare que les intrigues sensuelles – je n’ose même plus dire « amoureuses » – ne soient pas entrecoupées de séquences-vidéo naturalistes, d’images Internet très actuelles ou carrément vintage : les nouvelles technologies multimédias au service du semi-mensonge amoureux).

 

On constate que certains réalisateurs pro-gays usent des techniques réalistes du documentaire (plans mal cadrés, caméra hésitante, simulation d’interview-vérité façon « micro-trottoir », etc.) pour créer un authenticité travaillée, un « plus que naturel » : cf. le film « Scandaleusement célèbre » (2007) de Douglas McGrath, le film « Ma vraie vie à Rouen » (2002) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le docu-fiction « Beefcake » (1998) de Thom Fitzgerald, le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier, le film « Visage écrit » (1995) de Daniel Schmid, le film « Luc ou la part des choses » (1982) de Michel Audy, le faux documentaire « Mockumentary » (2005) de Jo Sol, le film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant (où les images d’archives se mélangent l’air de rien à une intrigue amoureuse « légèrement » romancée), le docu-fiction « Le Deuxième Commencement » (2012) d’André Schneider (avec des témoignages intercalés), le film « Hooks To The Left » (2006) de Todd Verow (filmé sur un téléphone cellulaire), le film « Elena » (2010) de Nicole Conn (avec des interviews intercalées à la fiction de couples homos ou présentés comme « hétéros »), la pièce-reportage Le Projet Laramie (2012) de Moisés Kaufman, etc.

 

Ce travestissement falsificateur du Naturel (et de l’Amour) avait déjà été annoncé sous le nom de « Minute difficile » par Jean Cocteau (cf. le documentaire « La Villa Santo Sospir » (1949) de Jean Cocteau : « Ce sera alors la minute difficile… »). Le poète français nous mettait en effet en garde contre la dangereuse programmation du hasard orchestrée par les médias et la science techniciste (actuellement, la publicité, les journaux à scandale, les jeux vidéo, les Journaux Télévisés, et même le succès de Facebook, nous fournissent d’excellentes illustrations de cette société de « l’immédiateté d’anticipation » qui veut s’imposer à nos réalités et à nos natures profondes…) : on crée ce que l’on craint/attend en feignant de n’avoir rien contrôlé, en se plaçant en spectateurs impuissants de catastrophes annoncées, ou en amoureux dépassés par des amours totalitaires. L’abus des mutations technologiques ne favorise ni le respect de la Nature écologique ni de la liberté humaine, même si le « plus que naturel » qu’il crée peut avoir les effets euphorisants et apaisants des drogues.

 

Dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), l’écrivain Abdellah Taïa raconte comment le cinéma a naturalisé ses pulsions les plus dégradantes au point de les lui faire admettre comme normales et belles : « Sur le chemin, un cinéma populaire, Royal El-Guidida, s’est présenté devant moi. Sans réfléchir j’ai acheté un billet et j’y suis entré célébrer ma nouvelle vie, au milieu d’une salle remplie d’hommes de tous âges qui se donnaient les uns aux autres sans complexe, sans se cacher, non loin des agents de police qui surveillaient l’entrée. Retrouver ma première religion. Mon rêve de toujours. Le cinéma par la peau. La transgression naturelle. Les corps dans l’intensité sexuelle. Des va-et-vient entre la salle immense avec orchestre et balcon et les toilettes. Un film. Deux films. Des stars. Adil Imam. Yousra. Nour Cherif. Leïla Eloui. » (pp. 98-99)

 

Film "Donne-moi la main" de Pascal Alex-Vincent

Film « Donne-moi la main » de Pascal Alex-Vincent


 

Concernant la création de surnaturel, les membres de la communauté homosexuelle se choisissent une béquille tout aussi efficace que la science ou l’art : la sincérité (et dans les faits, la sensiblerie). Le procédé de travestissement de la Nature est le même : on enrobe la pulsion de sentiments, de poésie, de naturel, de peinture verte et rose, de feuillages, de silence, et ainsi, elle passerait incognito ! « Je voulais d’abord une balade érotique et champêtre à la gloire du corps humain. » (le réalisateur français Pascal-Alex Vincent à propos de son film « Donne-moi la main » (2009), cité dans l’essai Le Cinéma français et l’homosexualité (2008) d’Anne Delabre et Didier Roth-Bettoni, p. 170) ; « Je voulais faire un film qui ne pose même pas la question de l’homosexualité. Je voulais montrer une homosexualité épanouie, sans surenchère, naturelle. » (le cinéaste Sébastien Lifshitz à propos de son film « Presque rien » (1999), idem, p. 231)

 

Par exemple, l’écrivain japonais Yukio Mishima rêve que le romantisme soit plus réel que le réalisme. On entrevoit très bien dans ses lettres le viol de Nature que va impliquer la concrétisation de ses rêves de midinette : « À partir du moment où l’on marie romantisme et mécanisme, il est enfin possible, à n’importe quelle époque, de rivaliser avec le réalisme. […] Le romantisme, lorsque l’expression se tarit, court fatalement le risque de s’orienter vers un classicisme qui se grise lui-même. Pour éviter ce risque, il est nécessaire, grâce à un ‘mécanisme’ impitoyable, de le stimuler de façon brutale. Bref, l’objectif n’est pas de concrétiser avec réalisme et objectivité, dans une œuvre, les impulsions intérieures, mais de les réduire à l’état d’éléments intérieurs, d’éléments inorganiques pour ensuite les disposer, les ordonner de façon mécanique. Il s’agit de cristalliser ces impulsions intérieures en une succession de formes momentanées, pour les recomposer artificiellement, en dehors des contraintes temporelles et spatiales. On peut trouver, dans cette méthodologie de la recomposition, une force incomparable, capable de tenir tête au réalisme. Car il y a quelque chose qui dépasse le domaine de l’expression. Tendre vers l’artifice, n’est-ce pas chez l’homme l’ambition la plus pure, la moins mensongère ? Et celle-ci n’est-elle pas bien plus fermement ancrée dans la nature humaine que la simple volonté de recréer la réalité ? Bref, le ‘romantisme mécaniste’ ne serait-il pas plus réel que le réalisme ? » (Yukio Mishima, Correspondance 1945-1970 (1997), pp. 44-46)

 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que, du point de vue strictement intentionnel, même dans la parodie ou la destruction de Nature, la démarche des violeurs de Nature, de mariage, de différence des sexes, de famille, de Culture, ou de Vérité, est très sérieuse, se veut naturelle. « C’est d’ailleurs toute l’habileté du lobby gay : déconstruire le mariage pour le vider de son sens et le réinventer à partir d’un nouveau concept. » (Élizabeth Montfort, Le Genre démasqué (2011), p. 67) Par exemple, quand les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (vous savez, ces fausses religieuses ultra-maquillées lors des Gay Pride et faisant de la prévention Sida) s’entendent dire qu’elles sont une caricature méprisante du clergé catholique, beaucoup d’entre « elles » s’insurgent très sincèrement : « On n’est pas une parodie de bonnes sœurs ! On est des sœurs ! Point. » ; « Nous sommes profondément sérieux. » (cf. le documentaire « Et ta sœur ! » (2011) de Sylvie Leroy et Nicolas Barachin) Comme la séparation entre comédie et Réalité, entre fiction et Réel, est volontairement/inconsciemment effacée, l’inversion sera élue Nature profonde de l’Humanité.

 

En amour, le bobo homosexuel essaie de se convaincre que pour lui et son compagnon amoureux, l’artifice sera miraculeusement naturel… même s’il aura parfois l’honnêteté/l’orgueil de reconnaître qu’il restera artificiel pour « les autres ». Tellement obnubilé qu’il est par la création de Nature, il met sur un piédestal le concept de « première fois ». Il fait semblant de se surprendre lui-même, d’être naturel : « C’est la première fois que ça m’arrive… » ; « T’es la première personne avec qui je le fais » ; « Tout ça, je l’ai dit à très peu de personne. » ; etc. Il donne à la vie en général la couleur du fantasme (et inconsciemment de la peur). Paradoxalement, il interprète ses pulsions intérieures comme la manifestation d’un processus physico-psychologique qu’il ne peut maîtriser (l’amour serait une subtile solution chimique, un échange de phéromones ; cf. le code « Médecines parallèles » de mon Dictionnaire de Codes homosexuels), mais aussi comme des signes surnaturels d’une Nature toute-puissante qui soumet et impose (par exemple, il analyse ce qu’il appelle « hasard » comme un destin ; sa superstition lui fait adorer la numérologie, les dates, la correspondance des prénoms, les coups de foudre, etc.).

 

Sur le terrain des réalités fantasmées que sont les personnes homosexuelles, l’amour homosexuel, et la « famille » homoparentale, la sincérité donne l’illusion du raccord entre rêve et Réalité, de la réconciliation entre sentiments et Amour vrai. « En fait, c’est normal. À part qu’il y a deux femmes. Mais à part ça, y’a rien qui change. » (Francesca à propos d’Olga, sa maman lesbienne qui l’a eu par PMA avec sa compagne, dans le documentaire « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy de l’émission Tel Quel, sur la chaîne France 4, le 14 mai 2012) Pourtant, la connexion avec la Nature et le Réel se fait par le biais de comparaisons abusives et de simulations sincères de joies inénarrables (c’est logique : « l’inénarrable » en question ne vient pas que d’un débordement émotionnel ; il provient surtout du mensonge de la situation concrète) : « C’est tellement beau que ça en devient irréel. » (Francine à la maternité, parlant de « ses » jumelles qu’elle aurait eues avec sa compagne Karen, dans le documentaire « Des filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon et Anne Gintzburger) ; « Mon fils, je l’aime comme si je l’avais fait. » (Jeanne en parlant du fils de sa compagne, idem). Mais la Nature et l’Amour ne sont plus tellement là…

 
 

c) Un dépassement transcendant/violent de la Nature (au nom du naturel pourtant !) est effectué :

Je dis que l’« amour » homosexuel est plus contre-nature que naturel… non parce que les personnes homosexuelles seraient clairement anti-Nature, mais au contraire parce qu’elles adorent la Nature, qu’elles L’aiment un peu trop pour L’aimer vraiment, avec une juste distance. La pratique homosexuelle, pourrait-on dire, est sur ET anti-naturelle. Dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, Bayle emploie un néologisme tout à fait pertinent pour définir les actes homosexuels : il parle du « péché sur-contre-nature » (p. 134) Avec le désir homosexuel, sans aller jusqu’à parler de « péché mortel » (puisque ledit péché nécessite la liberté), on se situe en effet à la lisière entre l’anti-naturel et le surnaturel.

 

Dans les faits, il y a un danger à vouloir d’une nature « plus que naturelle » (… donc, au final, hétérosexuelle : la redondance de l’altérité – présente dans le terme « hétérosexualité », qui dit deux fois « autre » – illustre à elle seule que la Nature est forcée à travers l’hétérosexualité, puis l’homosexualité). Par exemple, les arguments libertaires et écologistes, en apparence louables, peuvent parfois cacher dans les faits des actions beaucoup moins belles : on peut penser à la pratique du « naturisme » chez certains membres de la communauté homosexuelle, présentée comme un retour radical à la Nature (… la nature humaine en réalité), et qui développe et couvre des réseaux de prostitution ; etc. Dans un autre registre similaire, la défense d’une « nature masculine ou/et féminine » encourage des futures personnes transsexuelles à la mutilation chirurgicale.

 

Le danger de défendre une nature plus que naturelle ou un amour plus que naturel, c’est l’éloignement du Réel, à travers le vol ou le viol principalement. Il s’agit, selon les termes de Christophe Honoré dans son autobiographie Le Livre pour enfants (2005) de « profaner le réel. » (p. 139), d’« extraire ce toujours-plus de réalité » comme l’écrivent Deleuze et Guattari dans leur Anti-Œdipe (1973), de forcer le Réel à être plus qu’Il n’est… quitte à virer dans la superficialité, la schizophrénie, la perversion et la violence (pourvu qu’il y ait un « plus » !) « La perversion produit un plus : je suis plus sensible, plus perceptif, plus loquace, mieux distrait, etc. et dans ce plus vient se loger la différence. » (cf. l’article « La Déesse H » de Roland Barthes, dans son autobiographie Roland Barthes par Roland Barthes (1975), p. 66) ; « Le schizophrène est le plus proche du cœur battant de la réalité, à un point intense qui se confond avec la production du réel. […] La simulation, il faut l’entendre comme l’identification. Ce point où la copie cesse d’être une copie pour devenir le Réel et son artifice. » (Gilles Deleuze, Félix Guattari, L’Anti-Œdipe (1972/1973), p. 104) Par exemple, dans sa préface au roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1979) de Manuel Puig, Albert Bensoussan est décrit comme « le romancier de l’authentique par le factice » (p. 6). Beaucoup d’activistes LGBT tentent de déformer le Réel à coup de slogans égalitaristes sans consistance : « Le sens de ce mariage, c’est que c’est une loi qui consacre l’Égalité des Droits. C’est une avancée naturelle. […] J’espère que la loi ira le plus loin possible. » (Nicolas Gougain par rapport au mariage gay, dans l’émission Mots croisés d’Yves Calvi, sur le thème « Homos, mariés et parents ? », diffusée sur la chaîne France 2, le 17 septembre 2012) ; « Allons jusqu’au bout de l’égalité ! » (cf. le slogan de la Gay Pride 2013 à Paris) ; etc.

 

La jonction entre le souhait d’être à tout prix franc et naturel et le secret désir de fuir le Réel et la beauté de l’Homme se résout presque systématiquement dans la violence, comme l’illustrent les propos de Susan Sontag concernant l’« art vivant et spontané » que seraient les happenings, genre du théâtre contemporain très apprécié des artistes LGBT (d’Alfred Jarry au performer Steven Cohen) : « Ce qui doit nous frapper le plus dans les Happenings c’est la façon dont le spectacle maltraite (car c’est le terme) le spectateur. Le spectacle semble tout entier conçu pour se moquer et abuser du public. Des acteurs aspergent d’eau l’auditoire, lancent dans sa direction de menues piécettes ou de la poudre à éternuer. […] On ne s’efforce nullement de complaire au désir habituel du spectateur de bien voir ce qui peut se passer. » (cf. l’article « Les Happenings : Art des confrontations radicales » (1968) de Susan Sontag, p. 404) ; « Dans les Happenings, le bouc émissaire, c’est le public. » (idem, p. 420) ; « Le ‘Happening’ touche le spectateur en l’entourant d’une trame d’éléments de surprise, asymétriques, sans péripétie et sans dénouement ; il s’agit là de l’irrationalité du rêve, plutôt que de la logique habituelle de l’art. Les ‘Happenings’, comme les rêves, ignorent la notions du temps. N’utilisant ni l’intrigue, ni la chaîne rationnelle du discours, ils ne connaissent pas le passé. Comme l’indique leur dénomination – Happenings (choses qui arrivent) – tout s’y passe dans le présent. » (idem, p. 406) ; « Il n’est pas exact cependant (comme le supposent certains amateurs de ce genre de spectacle) que les Happenings soient un jeu d’improvisation. Ils sont répétés avec soin pendant une période qui peut varier d’une semaine à un mois, bien que les notations écrites soient alors réduites au minimum : l’indication des jeux de scènes et des objets matériels à utiliser tient en général en une page. Les acteurs inventent et mettent eux-mêmes au point, au cours des répétitions, la substance de ce qui sera présenté au public. » (idem, p. 407) ; « Les éléments matériels, objets mous ou résistants, propres ou sales, utilisés selon leur nature, prennent, dans le Happening, une importance primordiale. Ce souci d’utilisation de la matière, qui fait que le Happening tient de l’art de la peinture, au moins autant que de celui du théâtre, apparaît encore dans une certaine façon de traiter les personnages comme des objets plutôt que comme des êtres individualisés. Souvent l’acteur est affublé de masques, de linceuls, d’enveloppes de carton, de toiles d’emballages, qui accentuent cette analogie entre l’acteur et l’objet matériel. » (idem, p. 408) ; « L’art, ainsi compris, est à l’évidence agressif. Agressivité à l’égard du conformisme présumé de son public, et à l’égard du milieu social lui-même. Par sa technique des oppositions flagrantes, le surréalisme cherche, sur la sensibilité, l’effet de choc. » (idem, p. 412) ; « C’est dans l’œuvre d’Antonin Artaud que l’on trouvera les meilleurs exemples de la technique surréaliste de l’épouvante. » (p. 416) ; « Mais le rêve, ce n’est pas seulement, pour Artaud, la poésie et la fantaisie, c’est aussi la violence, la folie, le cauchemar. C’est en fonction de ces apports, en relation avec le rêve, qu’Artaud a cherché à définir son théâtre de la cruauté dans deux manifestes qui portent ce titre. ‘Le théâtre ne pourra redevenir lui-même c’est-à-dire constituer un moyen d’illusion vrai qu’en fournissant au spectateur des précipités véridiques de rêve, où son goût du crime, ses obsessions érotiques, sa sauvagerie, ses chimères, son sens utopique de la vie et des choses, son cannibalisme même, se débondent, sur un plan non pas supposé et illusoire, mais intérieur… Le théâtre, comme les rêves, est sanguinaire et inhumain. » (Antonin Artaud, Le Théâtre et son double (1938), op. cit., pp. 416-417) ; « La technique de l’épouvante des surréalistes retrouve la source du meilleur comique : le sentiment d’invulnérabilité du personnage. L’absence de réactions émotionnelles profondes est l’élément essentiel de la comédie. Si nous pouvions rire de bon cœur au spectacle de scènes pénibles et grotesques, c’est que les personnes auxquelles de telles choses arrivent ne semblent pas en être profondément touchées. Peu importe que le public les voie gesticuler, et crier, et invoquer le ciel en se plaignant de leurs malheurs, il sait bien que tout cela demeure superficiel. » (p. 418)

 

Dans son essai Mythologies (1957) – traitant, comme son nom l’indique, du pouvoir des mythes –, Roland Barthes montre à son insu que le désir homosexuel encourage les êtres humains qui veulent l’actualiser à posséder la Nature pour La travestir, La faire leur, et se faire passer pour Elle. « Une prestidigitation s’est opérée, qui a retourné le réel, l’a vidé d’histoire et l’a rempli de nature. » (p. 230) ; « Du point de vue éthique, ce qu’il y a de gênant dans le mythe, c’est précisément que sa forme est motivée. […] L’écœurant dans le mythe, c’est le recours à cette fausse nature, c’est le luxe des formes significatives, comme dans ces objets qui décorent leur utilité d’une apparence naturelle. La volonté d’alourdir la signification de toute caution de la nature provoque une sorte de nausée : le mythe est trop riche, et ce qu’il a en trop, c’est précisément sa motivation. […] Éthiquement, il y a une sorte de bassesse à jouer sur les deux tableaux. » (idem, p. 212)

 

Pendant que la société a le dos tourné, les personnes homosexuelles désirant concrétiser leur désir homosexuel sous forme d’identité ou d’amour « essentiels » prennent le naturel, le trafiquent à leur façon pour lui enlever toutes les aspérités qui gênent leurs propres fantasmes de toute-puissance ; puis la « Nature » nouvellement formée est remise sur l’étalage, comme si de rien n’était. « J’accepte complètement ma nature. » (Barbara, un homme transsexuel M to F, dans le documentaire « Woubi Chéri » (1998) de Philip Brooks et Laurent Bocahut) Et gare à ceux qui détecteraient la contrefaçon et qui par conséquent identifieraient leur orgueil de s’être prises pour Dieu !

 

Lors de sa conférence « La Théorie du Genre dans les manuels scolaires : comprendre et discerner » au Collège des Bernardins (à Paris, le 6 décembre 2011), Michel Boyancé explique bien que le climat fortement anti-naturaliste de nos sociétés occidentales, que les philosophes du Gender soutiennent actuellement en tant que modèle de structuration sociétale et amoureuse, résulte d’une volonté de « se libérer de la Nature par le droit et par la science ». Il entre dans les détails en démontrant que le rapport à la Nature de ces « apprentis sorciers de la sexualité » est paradoxal : avant de se débarrasser d’Elle, ils s’En inspirent pour produire un artificiel qui Lui ressemble.

 

Le résultat obtenu n’est pas uniquement contre-naturel, comme le pensent les détracteurs de l’homosexualité qui disent que l’homosexualité est « contre-nature ». Les personnes homosexuelles le revendiquent comme sur-naturel, « plus que réel ». C’est pourquoi elles peuvent en même temps défendre que l’homosexualité est très « naturelle » et prendre conscience que « c’est une interprétation fausse de la Nature » (pour citer l’écrivain Marcel Jouhandeau dans l’émission Apostrophe du 22 décembre 1978, sur la chaîne Antenne 2).

 

« Ma compagne, Sandrine, a 34 ans et elle ne veut plus attendre pour avoir un enfant. Moi, je n’envisageais pas vraiment d’être mère. Je décide alors de prendre ma caméra pour suivre ce parcours, notre parcours vers un enfant désiré mais aussi, pour moi, un chemin vers une maternité particulière qui ne m’a jamais semblé ‘naturelle’. Comment allons-nous faire ? Nos proches s’interrogent et nous aussi. Nous avons choisi l’insémination artificielle à l’étranger. Nous allons donc voyager, espérer et je vais profiter de ce temps pour trouver ma place de mère, car je vais devenir mère… sans porter notre enfant. » (Florence Mary dans son documentaire « Les Carpes remontent les fleuves avec courage et persévérance », 2012)

 

Dernièrement, j’ai entendu un exemple signifiant de la mise en scène mensongère de Nature qui est en train de se produire à travers le phénomène particulier des « familles homoparentales ». En effet, lors de sa conférence « L’Homoparentalité aux USA » (tenue à Sciences Po Paris, le 7 décembre 2011), Darren Rosemblum, professeur en droit, et « père » (avec son « mari ») d’une petite fille née en Gestation Pour Autrui (GPA) en 2009, s’est exprimé en faveur de l’homoparentalité et au nom de la Science pour détourner la Nature : « Je soutiens une interprétation de la biologie. » a-t-il dit explicitement. Même s’il puisait abondamment dans le jargon statistique et universitaire pour soutenir sa démarche et asseoir sa légitimité, ses arguments étaient finalement très sentimentalistes et peu réalistes ; son discours, truffé de non-dits. Par exemple, il a caché à l’assistance qui était le vrai père biologique de sa fille, entre son partenaire et lui : il n’a pas terminé sa phrase « Un de nous est le père biologique de Mélina… » et a vite esquivé le sujet. Quand j’ai pris soin de demander à Darren Rosemblum, pendant le temps des questions, pourquoi, lors de son exposé, il n’avait pas voulu nous dire explicitement qui était le père biologique de Mélina, il s’est obstiné à nous cacher la vérité et n’a jamais craché le morceau. Et dans l’hypothèse qu’il puisse un jour avoir à dévoiler à sa fille l’identité de son vrai père, je l’ai senti peu emballé à l’idée de révéler ce que la « Nature » avait fait d’elle, comme s’il cherchait à retarder au maximum l’aveu fatidique de la Réalité, pour cultiver jusqu’au bout l’illusion que son couple est bien formé de deux « vrais papas » et non d’un seul père biologique. Le comble dans cette histoire, c’est qu’initialement, les deux amants souhaitaient déjà ignorer lequel des deux avait finalement fécondé l’ovule qui a donné naissance à leur fille. C’est par une bourde d’un médecin qui s’occupait de leur dossier qu’ils ont su accidentellement ce qu’ils se forçaient ignorer (car eux-mêmes voulaient s’auto-persuader de leur mensonge anthropologique !… Jusqu’où peut aller la sincérité dans sa perversion dénégatrice, quand même…). Ce qui est tordu, c’est que dans ce cas précis, on est confronté une nouvelle fois à un déni de la Nature au nom de la préservation de la Nature. Rosemblum, en effet, présente son projet d’homoparentalité comme une tentative de « désexuer la parentalité », pour ensuite montrer la parentalité artificiellement reconstituée comme plus naturelle que naturelle, comme aussi forte et belle qu’une parentalité traditionnelle ! Quel fascinant tour de passe-passe, quelle incroyable malversation…

 

Enfin, ce projet pro-gay de surnaturaliser l’homosexualité peut aller jusqu’à l’homophobie. Car rendre le désir homosexuel très naturel, c’est aussi lui demander d’être banal, et donc fatalement le nier à travers la promotion d’une hétérosexualité qui ne doit pas non plus être dite. Par exemple, Gustav Jäger (1832-1917) distinguait homosexuels actifs et passifs. Le passif est le féminin, l’actif masculin et même hyper-viril et comme tel, il est même plus masculin que l’homme « normal », c’est-à-dire hétérosexuel. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 169) Le « plus que naturel » se transforme donc très vite en déni d’homosexualité. C’est un danger que voient très peu de promoteurs relativistes indifférents à l’homosexualité, mais qui est pourtant réel : « J’ose espérer à l’avenir qu’on ne parlera plus d’orientation sexuelle, que ça deviendra juste un fait naturel. » (une femme trentenaire lesbienne dans le documentaire « Coming In » (2015) de Marlies Demeulandre)
 
 

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Anti-Nature naturalisée

Le grand problème de notre époque, c’est que l’anti-nature est présentée sincèrement comme la Nature (ex : L’homosexualité est dite « naturelle » et indiscutable, alors qu’elle rejette le socle de la Nature qu’est la différence des sexes), et que la vraie Nature est présentée comme anti-naturelle, « culturelle », « relative », « fausse » (ex : Caroline Fourest affirmant que « La Nature est fasciste »…). On nous cache le vrai visage du Réel, en nous faisant croire que le Réel est son propre ennemi… quand c’est nous qui Le méprisons, en fait.