247 questions sur l’homosexualité à l’intérieur de l’Église catholique (Partie 3 : n°160 à la fin)

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VOICI LA TROISIÈME PARTIE FAISANT SUITE À LA PREMIÈRE (n°1 à 79) ainsi qu’à la DEUXIÈME (n°80 à 159)…
 
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160 – Dieu peut-il sauver un couple homo ?

« Dieu ne sait compter que jusqu’à un » a coutume de dire, à raison, le père Philippe Desgens. Il ne peut donc sauver aucun couple, homosexuel ou non. Il ne sauve qu’individuellement. En revanche, Il nous permet, par son Incarnation dans l’Humanité et par la Communion des saints, de nous aider à nous sanctifier et à Le connaître les uns par les autres. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » (Mt 18, 19) Il peut être présent dans la relation amicale ou la relation conjugale ou la relation priante à partir du moment où la sexualité (différence des sexes qui est à Son image) et l’Église (prêtre ou baptisé qui est à Son image) sont respectées… ce qui n’est pas complètement le cas concernant l’homosexualité active. Le Salut reste personnel. Et quand on commence à y goûter un peu à plusieurs, ce n’est que dans le mariage catholique et la différence des sexes. Donc à mon avis, Dieu ne sauve aucun « couple » homo, et n’aide pas à le consolider non plus. Il l’aide plutôt à comprendre qu’il doit se séparer. Là, Il commence à le sauver.
 

161 – Peut-on être pleinement homo en couple, et croyant ?

Essayez. Moi, je vous déconseille. Vous vivrez à la fois un pastiche d’amour (car l’amour sans la différenciation sexuelle n’est pas tout donné ni tout ouvert à la Vie), un pastiche d’amitié (car une amitié amoureuse fait vivre les affres d’un amour platonique et d’une amitié érotisée désengagée), un pastiche de sexualité (car une sexualité sans la sexualité – c’est-à-dire sans la différence des sexes – est un non-sens) et un pastiche de foi (car une foi sans l’altérité des sexes qui est à l’image de Dieu est finalement une foi sans Dieu). Être homo en « couple » et catholique, c’est possible. Mais c’est sur le « comment c’est possible pleinement » que j’émets de sérieux doutes !

Bien sûr, un « couple » homo qui s’efforce de mettre Dieu dans sa vie trouvera toujours davantage de respect, d’ouverture, de douceur, d’altruisme, de Sens, d’équilibre, qu’un « couple » qui se consomme. Mais ce n’est pas sur les (nombreux !) duos homos glauques et athées qu’il faut se baser pour comprendre les carences objectives de la pratique amoureuse homosexuelle (même voulue « chaste et spirituelle » !) : c’est au contraire sur tous ceux qui méritent notre respect parce qu’ils vivent une union homosexuelle bon ton, rehaussée par une forme de piété touchante. Car on voit que même ces « couples »-là opèrent un numéro d’équilibriste des plus casse-gueule. En effet, à moins d’être maso, ou extrêmement accordés sur les moyens et le but communs, ou d’avoir 80 ans passés et une libido à l’article de la mort, « vivre un compagnonnage en simples frères » ou une « amitié désintéressée » avec quelqu’un qu’on croit « aimer » et avec qui on prétend vivre un engagement en cohabitation, sans pouvoir lui dire « Je t’aime », sans s’autoriser à coucher ensemble, sans l’embrasser sur la bouche, en évitant les gestes qui signifient « Tu es celui que j’ai choisi », ça relève à mon avis de la science-fiction. En matière de sexualité et de foi, il faut être cohérent et entier. L’entre-deux de la pratique homosexuelle spirituelle risque fortement de faire de Dieu et de l’« amour d’amitié » des entre-deux aussi. Vivre avec quelqu’un pour qui on éprouve de l’attirance physique et intellectuelle mais sans avoir de relations intimes avec, c’est périlleux. La vie est suffisamment chargée de choix à faire. Inutile de se rajouter des défis abracadabrantesques. À part avec l’aide d’une grande « Grâce », il est préférable de ne pas vivre ensemble. Si on s’aime un tant soit peu, pas besoin de s’infliger ça !
 

162 – Est-on homosexuel à vie ?

À vie, parfois (sachant que notre seule identité profonde sera celle de femme ou d’homme, et d’Enfant de Dieu). À Vie, sûr que non.
 

163 – Je veux vraiment changer d’orientation sexuelle par la Grâce de Dieu. Je sais que je ne suis pas profondément homo et que Dieu ne veut pas ça de moi. Est-ce que je fais fausse route ?

Bien sûr que vous pouvez changer d’orientation sexuelle. Ça ne se fera pas sur commande ni sur simple décision ou prière, quand ce penchant est profondément enraciné. Mais beaucoup de peurs – et l’homosexualité est une peur de la différence des sexes – peuvent être dépassées, canalisées, atténuées, temporisées. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui : depuis les années 1990, il y a un paquet d’homosexualités qui sont dues à la superficialité des modes, des médias, des images, des effets de masse, de la banalisation de la sexualité, et non à des faits traumatisants et déterminants à vie… donc elles sont largement dépassables et éphémères ! La foi, pour cela, vous aidera à retrouver la confiance (le mot foi en latin – fides – signifie confiance), le meilleur sérum anti-peur et anti-homosexualité. Dans notre monde où le poncif est de ne jamais renoncer, d’être « têtu » (cf. le nom de la revue homosexuelle française), d’aller jusqu’au bout de notre ressenti, de nos décisions, de nos expériences et de nous sensations, nous avons juste à renoncer à nous-mêmes et à obéir. Cette démarche d’abandon demande paradoxalement moins d’efforts que l’entêtement libertaire et la soumission aux diktats de l’assouvissement de toutes nos pulsions. Alors n’hésitons pas à devenir dépendants de Jésus, et seulement de Lui.
 

164 – Existe-t-il des guérisons spectaculaires de l’homosexualité et est-ce que vous en connaissez ?

Je connais, notamment en Italie et en Amérique Latine, des warriors homosexuels, des gars qui, en toute transparence avec leur épouse, se sont lancés dans le mariage, et avec succès. Donc OUI, je crois aux guérisons. Pas aux guérisons spectaculaires, car Dieu ne force rien et est incarné dans notre Humanité lente et qui se traîne. Mais aux guérisons régulées, échelonnées, graduelles, oui. J’ai rencontré aussi des personnes jadis homosexuelles (et parmi elles, une majorité de femmes) qui, sans être mariées pour autant, ont trouvé dans le cadre d’une retraite spirituelle, d’un accompagnement à la fois psy et spi, d’une messe ou d’un temps de prière, la paix par rapport à leur tendance homo. Je croise (c’est plus rare) aussi certains hommes qui, après avoir quitté leur épouse pour vivre une expérience amoureuse homosexuelle éphémère et insatisfaisante, reviennent autrement vers le mariage et leur premier amour. Ce qui est vrai aussi, c’est que tous ces hommes (et ces femmes, dans le cas du lesbianisme) qui font le choix de dépasser leurs tendances homo-érotiques par le mariage religieux, ou par le sacerdoce vraiment continent, m’avouent qu’il restera toujours en eux cette faille de l’homosexualité, faille qui fait qu’ils ne se diront jamais « ex-gays » ni « bisexuels », ni officiellement et fièrement « guéris à 100% ». Ce sont juste des personnes homosexuelles qui aiment leur femme, ou qui aiment Jésus, et qui ont le bonheur d’avoir pu reléguer leur homosexualité à une place inoffensive dans leur vie.

Par ailleurs, à la fin de certaines de mes conférences, je peux voir aussi des hommes de 20 ou 30 ans de plus que moi, pointer le bout de leur nez pour me dire qu’ils sont toujours homosexuels mais que, grâce à leur foi ou au fait que leur contexte générationnel facilitait beaucoup moins le passage à l’acte homo qu’aujourd’hui, ils se sont mariés et ont eu des enfants, et qu’ils ont « géré » très bien comme ça, même si, voilà… l’attraction reste là. La prière, les sacrements, les choix de raison, la communication avec les autres, la pratique religieuse, la réflexion sur la genèse et les limites de l’homosexualité, atténuent la démangeaison… mais ne l’éradiquent pas. Loin s’en faut ! C’est très beau et rassurant de connaître en chair et en os ces héros de l’invisible, ces planqués de l’homosexualité. Ces « miraculés », j’ose le dire.

 

165 – Dieu guérit-il la blessure homosexuelle et peut-on parler de thérapie à son endroit?

Oui. Nous ne devons pas avoir peur d’user des mots négatifs tels que « blessure », « faille », « peur », « fêlure », « souffrance », pour définir l’homosexualité. Car tel est le cas quand vous regardez notre chemin existentiel, le parcours du combattant que nous vivons en amour, et surtout quand vous nous écoutez représenter notre être et nos relations (cf. les codes « Appel déguisé », « Moitié » et « Désir désordonné » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Même si cette blessure ne fait apparemment pas/plus mal, a cicatrisé et ne tire plus, quand il y a eu peur ou violence au niveau de l’identité et de la sexualité, on observe des séquelles. Et toute blessure peut être soignée, à défaut d’être totalement guérie. L’expression « thérapie » ne doit pas nous effrayer : tout dépend de quelle thérapie et de quelle blessure on parle, de quelle manière on veut mettre ce soin en place et avec quel amour, avec quel respect de la personne.
 

166 – Dans les sphères religieuses d’accompagnement spirituel et psychologique des personnes homosexuelles, comment abordent-ils en général l’homosexualité ?

Il existe ce qu’on appelle les « thérapies réparatives » : celles qui associent confiance en soi et en Dieu ET psychanalyse, celles qui visent une réconciliation de la personne à attraction pour les personnes de même sexe (dans le jargon qui pue la pudibonderie scientiste moderniste, on dit « SSA » : Same Sex Attraction) avec son propre corps, sa propre histoire, l’autre sexe, et une restauration de l’identité masculine ou féminine. Ces thérapies réparatives sont pratiquées un peu partout dans le monde, par des spécialistes parfois sérieux, parfois charlatans. Certaines de leurs méthodes font leurs preuves, à l’instar des cercles d’Alcooliques Anonymes dont elles s’inspirent, souvent décriés et parodiés alors qu’ils obtiennent des résultats et des progressions indéniables, voire des dépassements complets des peurs, des blessures et des addictions traitées. Si elles sont menées avec sérieux et souplesse (là encore, ce sera surtout une question de personnes), les « conversion therapies » ont tendance à offrir les bénéfices de certaines bonnes psychothérapies. Et, à choisir, elles sont toujours préférables aux lobotomies ou électrochocs de jadis, et même à certaines mises en scènes émotionnelles d’impositions de mains lors de sessions de guérisons charismatiques évangélistes d’aujourd’hui !

Quand les thérapies réparatives sont bien faites, et qu’on ne tombe ni dans une idolâtrie de la guérison miraculeuse par la volonté-foi-science (« Rentre dans le processus, dans le parcours avec les étapes. » ; « ON VA TOUS PRIER SUR TOOOI !!! » ; « Ta tendance, ce n’est pas inné : tu peux changer par la Grâce de Dieu et par la prière. » ; « As-tu demandé la guérison à Jésus et t’es-tu vraiment donné les moyens concrets pour qu’Il agisse en toi ? » ; etc.), ni dans un culte culpabilisant du Couple femme-homme et du Mariage (car ce culte n’est pas catholique, en réalité : l’Église défend aussi bien le mariage femme-homme que le célibat consacré comme vocations et consécrations valides à Dieu), ni dans un discrédit tacite de l’homosexualité (« Tu n’es pas vraiment ça. » ; « L’homosexualité n’existe pas. L’enjeu, c’est ton identité, c’est ta sainteté, c’est ta joie. »), elles sont toujours bonnes à prendre et à appliquer. L’homme est capable de s’aider lui-même et de se faire aider, c’est sûr, notamment grâce à l’abandon à la Grâce divine et aux progrès des sciences humaines.

 

167 – Un travail spirituel remplace-t-il un travail psychologique ?

Je ne pense pas qu’il le remplace. Mais il le complète et, à mon avis, va beaucoup plus loin : là où la science se contente d’identifier et de traiter des symptômes, de mettre des mots sur des causes et des effets (mécanismes inconscients et conscients) pour responsabiliser le patient et l’aider à faire usage de sa raison/de ses sensations/de sa volonté, ou pour lui apporter des solutions humaines qu’il formulera lui-même par un « travail » et un « processus » collaboratifs, la foi, quant à elle, laisse place à l’amour, à la confiance, à l’humilité, à la Vérité révélée, à l’action de Dieu et de ses sacrements, à l’Esprit, ce qui est beaucoup plus probant pour sortir de ses névroses/psychoses.

Notre société matérialiste a trop souvent tendance à dissocier psychanalyse et foi, comme pour défendre démagogiquement et artificiellement leur soi-disant « équivalence » et « complémentarité », pour idéaliser leur pseudo « radicale et salutaire différence »… et surtout pour ne pas qu’on découvre que le prêtre est au-dessus du thérapeute, que la foi sauve bien plus que toutes les opérations humaines, aussi participatives, inclusives et désintéressées soient-elle ! La fusion du prêtre et du psychanalyste est d’ailleurs présentée comme le summum du mélange incohérent, horrible et manipulateur : il n’y a qu’à voir le procès en sorcellerie qui est fait depuis longtemps à des hommes tels que le père Tony Anatrella ou le professeur Henri Joyeux, du simple fait qu’ils assument la double casquette de « prêtre-psychanalyste » ! Or la foi n’est pas un savoir-faire, une compétence, un complément/supplément utile, ni même un savoir-être. Elle est amour. Et il n’y a que Jésus qui peut nous guérir et restaurer véritablement notre cœur autant que notre corps.

 

168 – Les agapê thérapies, est-ce que ça marche ?

Agapê
 

Je ne peux pas répondre à cette question. C’est comme si vous me demandiez : « Les miracles de Jésus, est-ce que ça marche tout le temps ? » Je vous répondrais : « Oui. Ça marche tout le temps. Mais seulement quand il s’agit bien des miracles de Jésus. De plus, c’est sur les modalités de ces miracles et la progressivité de leur action en nous, que nous, les Humains, ne sommes pas toujours d’accord et ne comprenons pas toujours bien Dieu… »

Jésus, de son vivant terrestre, et encore aujourd’hui, guérit tout le monde : ce n’est pas le problème. Mais Il ne guérit pas tout le monde de la même façon ni de la manière précise qu’on attend pour telle ou telle épreuve. De son vivant, par exemple, Il n’a pas soulagé tous les infirmes qui l’entouraient de la façon dont eux l’attendaient. Il a surtout purifié les cœurs avant de purifier les corps. Et ses guérisons, spectaculaires ou non, n’étaient pas toujours suivies de conversions, ni toujours affranchies du péché originel (par exemple, le fait que Lazare ait été ressuscité une fois par Lui ne l’a pas empêché de mourir comme tout le monde une seconde fois un peu plus tard !). La guérison totale de l’être humain ne sera complète que dans la Gloire. D’ici-là, dans un temps humain, le déploiement de la Victoire et de la Résurrection du Christ est progressif tout pendant qu’il s’achemine vers son accomplissement éternel. Jésus guérit parfois spectaculairement (et il faut continuer de Lui demander des guérisons précises et spectaculaires)… parfois, Il guérit progressivement, en laissant l’ivraie et le bon grain pousser ensemble en nous… et le tri entre les deux se fera à la fin des temps (Mt 13, 24-30). Si on arrache l’ivraie de force, on risque d’embarquer le bon grain avec : ça correspond tout à fait avec l’homosexualité, qui est une mauvaise herbe souvent coriace, qu’il ne sert à rien d’arracher à tout prix, sinon on détruit une personne et un cœur dans le même mouvement.

Concernant les sessions agapês, même si elles ne font pas toujours les miracles escomptés/exigés (disparition complète de la tendance homo, paix des ménages, effacement du VIH, etc.), elles font en tout cas du bien et toujours des petits miracles, quelles que soient leurs résultats. Après, il apparaît que la tendance homosexuelle, comme je vous le disais, est un tubercule coriace qui est parfois tellement profondément enraciné en certaines personnes qu’il ne partira jamais dans un temps terrestre. On a beau identifier celle-ci, éclairer à la lumière de l’Esprit Saint et des Évangiles son contexte d’apparition (même intra-utérin), on a beau la moduler et la calmer en vivant de la prière et des sacrements… mais ça ne suffit pas. « Rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1, 37) ni à l’Esprit, me direz-vous. Et je continue de le croire et de placer là mon Espérance. Mais j’ai rencontré en entretiens individuels suffisamment de personnes – soit des soignants, soit des soignés – pour continuer de dire que la thérapie spirituelle concernant l’homosexualité a des limites.

Les thérapeutes catholiques eux-mêmes s’en rendent compte. À force de se confronter à la complexité du sujet, ils commencent pour certains à surveiller leur vocabulaire, au départ conquérant et magique (ils parlaient de « guérison totale » de l’homosexualité, de « changement », de « disparition » de la tendance, d’« ex-gays » : cf. le groupe Es posible cambiar en Espagne. Dans un passé encore très proche, il était hors de question pour eux de seulement prononcer le mot « homosexualité » !). Depuis quelques temps, ils mettent de l’eau dans leur vin : ils emploient maintenant des expressions telles que « restauration de l’identité », « accompagnement », « variation », « gradualité », « condition homosexuelle », « personnes homosexuelles » ou « personnes à attraction pour le même sexe ». Fort heureusement, on est passé du slogan « Le changement c’est maintenant ! » au moins prétentieux et plus aimant « La restauration, la conversion et la salvation progressives, c’est maintenant et ce sera complet au Ciel ». En général, ils pratiquent la méthode globale. L’homosexualité n’est pas abordée sous l’angle du particularisme identitaire, mais elle est au contraire prise en compte dans un questionnement plus large sur l’identité, les addictions, les blessures de la vie, la sexualité, la spiritualité et la relation intime à Dieu.

Comme la tendance homosexuelle se révèle être une blessure parfois tenace et profondément enracinée, les approches scientifico-spirituelles de l’homosexualité se sont nuancées, modulées, affinées avec le temps, surtout depuis les années 2000. Les thérapeutes chrétiens planent moins, ont fait le deuil de la superstition du changement radical et de leur rêve d’éradication totale de l’homosexualité. Ils portent à leur palmarès un certain nombre de ratés, qui les ont obligés à moins jouer les « héros en blouse blanche » du Seigneur. Ils privilégient par exemple l’adjectif « restauré » à l’adjectif « changé ». Ils se situent davantage dans la perspective d’un accompagnement (« aider à vivre avec cette tendance homosexuelle, tout en la replaçant à sa juste place de ‘détail’ dans l’identité et la sexualité de leur patient »), d’un suivi psychologique, d’un « travail progressif » pour diluer les effets de la peur, que dans la perspective volontariste de la rupture, de l’effacement des souffrances, de la conversion spectaculaire, ou de l’injonction au mariage. Le problème, du coup, c’est qu’ils transforment l’homosexualité en « non-sujet ». Après l’avoir diabolisée, ils la rendent insignifiante, au nom d’un humanisme universel et d’un catholicisme à la sauce Théologie du Corps de Jean-Paul II. Ce n’est pas la solution.

C’est pourquoi les agapê thérapies, les retraites de guérison intérieure, les rassemblements charismatiques, les sessions dans les abbayes, les groupes de parole et de prière, les pastorales diocésaines de la famille, malgré leur mérite d’exister, font très souvent du sur-place. J’ai eu le cas d’un couple femme-homme qui animait des sessions agapê en France qui est venu m’avouer entre deux portes que, à propos de l’homosexualité, ils n’avaient pas eu de résultats très bons (loin de là) et qu’ils se sentaient bien impuissants à accompagner les retraitants marqués par le désir homosexuel. À ceux-là, aux prêtres, et finalement à nous tous qui luttons en faveur de la délivrance du penchant homosexuel, je vais tout de suite nous décomplexer et nous mettre à l’aise, en rappelant que le plus grand des apôtres de Jésus, à savoir saint Jean-Baptiste, malgré tout le charisme d’évangélisateur qui lui avait été donné, ne fit de son vivant aucun signe, « aucun miracle » (Jn 10, 41). Alors pas de stress.

Quant aux personnes croyantes ayant fait des agapês thérapies, certaines viennent me voir – parfois même des jeunes religieux – pour me dire qu’ils ont enchaîné les sessions de guérison, écumé les monastères et les réunions charismatiques (avec prières de délivrance), par obéissance à leurs supérieurs ou à leur accompagnateur spirituel, et que cela leur a toujours procuré beaucoup de bienfaits… mais n’avait absolument pas effacé leur tendance homosexuelle !

Autre exemple signifiant : j’ai demandé au prêtre-responsable de veillées de prière régulières pour la guérison des malades très connues à Paris, si l’Esprit Saint avait un jour annoncé la guérison d’une personne de l’assistance pour homosexualité : ça ne s’est jamais produit à ce jour.

En soulevant ces constats, je ne remets absolument pas en cause les réelles libérations qui peuvent se vivre dans les sessions agapê (et j’en connais). Je n’appelle donc ni au scepticisme ni au défaitisme, et encore moins au renoncement de la demande de guérison totale à Jésus, mais juste à la prudence et à la reconnaissance que le désir homosexuel peut être une blessure costaude parce que d’une part il s’agit d’une blessure d’orgueil (« dont la genèse psychique reste fortement inexpliquée » pour citer le Catéchisme de l’Église Catholique § 2357), parce que d’autre part elle est un mal qui s’incruste dans ce qu’il y a de plus profond, de plus fragile et de plus mystérieux en l’Homme, à savoir sa sexualité. De surcroît, sa profondeur et son imprégnation dans l’être humain ont pu être aggravées par des pratiques occultes sataniques très en vogue dans les milieux bobos bisexuels actuels, et parfois même dans l’Église : je veux parler de la cartomancie, de la magie, de la voyance, du magnétisme (déplacements d’énergies), du spiritisme, de la Franc-maçonnerie, du Reiki, etc. Il suffit de découvrir la panoplie de séances d’exorcisme qu’on a fait subir – pour un maigre résultat – à Jean-Michel Dunand, un ancien frère religieux cistercien, pour extraire de lui son homosexualité (cf. l’autobiographie Libre : de la honte à la lumière, 2011). Je crois qu’à un moment donné, STOP à l’acharnement spirituel ! De plus, les prêtres exorcistes à qui j’ai parlé d’homosexualité, et qui ne sont pourtant pas les premiers des tièdes et des incrédules, s’accordent tous à modérer les attentes de guérison complète terrestre de l’attraction homosexuelle. On peut donc leur faire confiance, sans pour autant cesser de croire aux « grands miracles pour soi et pas uniquement pour les autres ».

 

169 – Qu’est-ce qui empêche les responsables de sessions agapê d’avouer que, concernant l’homosexualité, il y a beaucoup d’impuissance et très peu de signes ?

J’identifie trois explications principales à ce déni d’impuissance. Premièrement, il est très difficile, humainement parlant, et a fortiori pour un fervent croyant, d’admettre que Dieu et ses sacrements puissent être incapables de guérir les blessures psycho-sexuelles de notre temps, même tenaces. Avec l’homosexualité, tout catholique se cogne au mur de l’énigme du mal.

Deuxièmement, l’orgueil et l’ignorance, maquillés en humilité et en foi que « Dieu est plus fort », que « tout ça nous dépasse et se dépasse » et qu’on est ses « serviteurs inutiles (… mais toujours efficaces quand même !) », aveuglent un certains nombres de prêtres et de laïcs accompagnateurs, qui du coup ont du mal à admettre leur incompétence, à solliciter de l’aide extérieure et à reconnaître leurs limites au sujet de l’homosexualité. Et malheureusement, à ce niveau-là, on n’est qu’au début du tunnel !

La troisième raison que je vois dans cette apparente absence d’action concrète du Seigneur dans la vie et l’identité des personnes homosexuelles, et dans le fait que les responsables des sessions agapê ne crient pas les fruits de leurs parcours thérapeutico-spirituels sur les toits, est beaucoup plus positive : c’est la discrétion ou la délicatesse de Dieu quand Il guérit. On le voit à de nombreuses reprises dans la Bible : pour ne pas imposer sa divinité et sa grandeur au monde, Jésus interdit presque tout le temps aux personnes qu’Il délivre de leurs démons d’ébruiter Ses miracles. Alors je me dis que certainement beaucoup d’accompagnants de l’homosexualité, et même d’anciens prisonniers de l’homosexualité, témoins des prodiges spectaculaires qu’opère Jésus auprès des personnes homosexuelles, ne racontent pas leur guérison ou les guérisons qu’ils observent, tout simplement pour obéir au commandement christique de l’effacement. Alors patience. Nous apprendrons tout cela au Ciel !

 

170 – Qui sont aujourd’hui les témoins crédibles montrant qu’on peut bien vivre son homosexualité – voire sortir de l’homosexualité – tout en restant fidèle à l’Église ?

Ceux qui sont fidèles, je peux difficilement en parler. Parce que la fidélité est un chemin libre et incertain, jamais acquis d’avance. Parce que je ne connais pas toutes les personnes homosexuelles continentes de la terre, ni les chemins de conversion de toutes celles qui vont le devenir. Parce que les témoins de l’homosexualité continente ne courent pas les rues : en général, l’homosexualité ou la foi catholique – et quand elles sont couplées, la continence – font honte et découragent beaucoup de personnes homosexuelles… alors que pourtant, la continence est l’unique porte pour oser porter publiquement et conjointement sa tendance homo et sa foi. Évidemment, il m’est aussi difficile de vous désigner quels sont les témoins cathos et homos continents car les rares que je connais vivent dans l’ombre (ce qui m’amène forcément à préjuger de la solidité de leur continence, même si je ne doute pas qu’ils font des efforts louables en ce sens) et je ne peux pas dévoiler leur identité. La continence concerne en premier lieu le terrain de l’intime, de l’hygiène sexuelle qui ne se voit pas a priori. Mais finalement, pas besoin de tout savoir de quelqu’un pour deviner si oui ou non il est continent. Mystérieusement, le témoignage public est le reflet du comment la personne homosexuelle vit (même de ce qu’elle fait sous sa couette !). C’est la raison pour laquelle je me fie surtout à la rencontre réelle, au contenu (solide ou au contraire peu profond) et à la forme (humble ou pas) des témoignages publics que j’entends, pour vérifier (et découvrir avec émerveillement ou déception !) l’expérience d’une continence homosexuelle (ou pas) chez mes camarades de condition et de foi !

Je pourrais classer les témoins chrétiens/cathos de l’homosexualité abstinente/continente en six catégories (forcément un peu schématiques car il est possible de voyager de l’une à l’autre) : ceux qui récusent les excès du Gender, du « mariage gay » et de la Gestation Pour Autrui et qui ne s’assument pas encore catholiques mais n’en sont pas loin (à savoir quasiment toutes les personnes homosexuelles ! Et parmi elles, un certain nombre de féministes et des personnes homosexuelles qui défendent quand même l’Union Civile et l’« amour homo discret » : Dolce & Gabbana, Marie-Jo Bonnet, Camille Paglia, etc.) ; ceux qui défendent la pratique homosexuelle en ne l’estimant pas incompatible avec leur foi (Xavier Bongibault, Jean-Pier Delaume-Myard, Claude Besson, Jean-Michel Dunand, etc.) ; ceux qui se prétendent sortis de l’homosexualité voire « ex-gays », « bisexuels » ou « hétéros » (Noe Gutierrez, John Smid, Luca di Tolve, Andrew Cominskey, Bobby Oscar Lopez, etc.) ; ceux qui, après s’être cassés le nez dans un mariage ou après avoir crié un peu trop vite à la « guérison par la foi », se sont replongés dans l’homosexualité en s’affirmant « ex-ex-gays » (John Paulk, Tony Marko, Michael Bussee, Gary Cooper, Günter Baum, Peterson Toscano, Christine Bakke, etc.) ; ceux qui parlent de « chasteté » plutôt que de « continence », parce qu’ils sont en chemin de continence mais qu’ils n’ont pas encore réussi à renoncer au rêve de former un « couple chaste et spirituel » avec quelqu’un de leur sexe, ou parce qu’ils n’ont pas fait le pas de la visibilité et du témoignage grand public ; enfin, ceux qui ont franchi l’étape du témoignage universel, qui gèrent bien la continence sans pour autant se dire « ex-gays » ni « bi », qui osent parler de leur tendance homosexuelle ouvertement sans se réduire à celle-ci, qui délivre une parole percutante sur l’homosexualité vécue dans la foi pour le monde (Melinda Selmys, Robin Teresa Beck, Giorgio Ponte, Dean Bailey, les trois témoins du documentaire de Courage « The Desire of the Everlasting Hills », Wesley Hill, etc.).

C’est évidemment cette dernière catégorie qui me parle et m’édifie le plus, même si je nous trouve trop peu nombreux à occuper l’espace public, et que la plupart d’entre nous confond encore (par peur de la médiatisation, de l’évangélisation et du renoncement complet à l’homosexualité) « continence » et « chasteté », ne dénonce pas l’hétérosexualité comme le problème de fond du « mariage gay », de la pratique homosexuelle et de l’impossibilité de vivre pleinement la continence. Je connais également quelques bons frères de Courage qui commencent à vivre la continence, mais qui n’ont pas compris que l’expérience complète de celle-ci passe nécessairement par un don de son nom complet, de son témoignage, et de sa réflexion sur l’hétérosexualité, à la collectivité. Si tu ne sors pas du bois, tu n’es pas vraiment continent ! Tu ne fais que viser timidement la « chasteté ». C’est déjà pas mal, mais comme dirait le chanteur qui sommeille en moi, « c’est bien gentil ».
 

171 – Comment s’est passée la session Paray-le-monial sur l’homosexualité à l’été 2015 ?

Le bilan est très contrasté. Sur le moment, ça a été super. L’équipe de prêtres sur place était nombreuse et compétente. La Communauté de l’Emmanuel a eu le courage – c’est le cas de le dire – de lancer pour la première fois en France un « Parcours Homosexualité » sous la houlette de Courage International. Étant donné la dangerosité du thème, c’était une vraie gageure et une belle preuve d’Incarnation christique, que je ne peux que saluer ! En plus, le couple responsable de la session dans laquelle le parcours s’intégrait discrètement, Isabelle et Didier Nicolas, a été exemplaire. Individuellement et spirituellement, j’ai fait des rencontres extraordinaires : la Foi et la sexualité sont de toute façon deux chemins qui nous entraînent au cœur du cœur de la personne humaine et du Christ. J’ai pu vivre des échanges en « tête à tête » d’une grande qualité avec mes frères homosexuels qui n’attendaient absolument pas de moi un discours consensuel d’approbation ou d’accueil singé, ni une conversation « catho cucul », mais au contraire des paroles de Vérité tendres qui mettaient des mots sur ce qu’ils vivaient vraiment et sur ce qu’ils devaient faire pour sortir de leur situation douloureuse.

En revanche, il y a eu quelques gros combats entre certains organisateurs et moi, notamment sur la question de la continence (qui a été totalement balayée et méprisée), mais également sur le traitement concret de l’homosexualité (ils allaient me sucrer mes deux topos sur l’hétérosexualité et l’homophobie : les deux seuls sujets de fond qui nous sortaient du nombrilisme spirituel, en plus !). Le « mariage gay », la politique, l’homosexualité à l’intérieur de l’Église, le Synode, la réalité du « milieu homosexuel », les fins dernières, les viols, l’Union Civile, les outrages vécus par les personnes homos, la génitalité homosexuelle, l’homosexualité à l’International, la sociologie de l’homosexualité, la culture artistique homo, la dimension universelle et sainte de l’apostolat homosexuel, tout ça a été censuré. J’ai même eu la réaction d’une femme qui m’a sorti : « Moi, je ne viens pas ici pour entendre parler d’homosexualité ! ». Ok. Eh bien pourquoi tu t’es inscrite à ce parcours, alors ? Il n’aurait fallu exprimer que des futilités qui font plaisir, rester en surface, tourner autour du pot, bénir ou se faire bénir sans nommer le mal qu’on prétend combattre ni la Croix. Certains collègues organisateurs étaient effrayés par des réactions isolées de participants mécontents et boudeurs qui s’attendaient à entendre que l’Église accueillait l’« amour homo » sous prétexte qu’Elle accueille les personnes homosexuelles. Et pour rassurer tout le monde et se rassurer eux-mêmes, ces mêmes animateurs sont rentrés dans le chantage aux sentiments et à la censure qui visait à ne pas aborder les sujets qui fâchent et qu’ils ne maîtrisaient pas.

Je faisais partie, avec le psychologue Francis Mouhot, des deux seuls intervenants du « Parcours homosexualité » qui ont traité du contenu de l’homosexualité en dehors du simple témoignage « comment je vis avec et quelle est ma relation à Dieu dans ma condition homosexuelle », ou sans avoir recours à des thèmes annexes (l’amitié, la chasteté, la sainteté, la guérison, l’accueil, la Charité, la Miséricorde, etc.). Car avant de savoir « comment on vit avec ? », il faut se poser l’interrogation « qu’est-ce qu’on vit ? qu’est-ce que c’est ? pourquoi ce n’est pas conforme à la Volonté de Dieu ? ». Et, pour des raisons très différentes (car le psychologue a abordé la question de l’homosexualité de manière hyper froide et culpabilisante, ce qui n’était, je pense, pas mon cas), nous avons l’un et l’autre été sanctionnés comme les « rabats-Charité » du séjour. Moi, à cause de mes deux topos « Pourquoi l’amour homo n’est pas de l’amour » et « L’hétérosexualité et l’homophobie, de quoi on parle ? », j’ai eu droit aux pires notes des sondages de satisfaction distribués aux participants. Alors que je peux vous assurer que, ni sur le fond, ni sur la forme, je n’ai dérapé ou été chiant/incompréhensible/pas charitable. Un certain nombre de participants et d’animateurs ont réagi comme des petits bébés capricieux, qui ne veulent entendre de l’homosexualité que ce qui contentera tout le monde, ne fera pas conflit (avec l’homosexualité comme sujet, navré de leur dire qu’ils sont mal barrés !), que ce qui ne déplacera pas trop leur zone de confort et qui ne leur demandera pas d’efforts. « L’intérieur de l’homosexualité, ce que vous personnes homosexuelles vivez, on ne veut pas le savoir ! On veut juste rester à l’extérieur, et entendre dire que vous êtes aimées de Dieu et accueillies par l’Église. Basta ! On veut bien vous accueillir et ne pas vous juger, mais à partir du moment où vous fermez votre gueule pour qu’on prie sur vous ! Ce que l’Église catholique commande par rapport à l’homosexualité, idem : ça ne nous intéresse pas ! C’est trop dur à comprendre et à recevoir. Et puis ça déCOURAGE à l’entrée ! »

Beaucoup de gens présents à ce premier « Parcours homosexualité » de l’été 2015, que ce soit les personnes homosexuelles (en minorité) ou les personnes de leur entourage (femme délaissée, parents ou famille désemparé(e), religieux en questionnement, etc.), voulaient juste être dorlotés, rassurés, entendre des paroles positives et déjà connues sur l’homosexualité (des « bonnes paroles », comme on dit), des témoignages émouvants, survoler la dimension sociale, réelle et universelle de l’acte homosexuel, ne pas entendre ce qui est négatif, ne pas rentrer dans le vif des quatre sujets principaux que sont l’hétérosexualité-l’homosexualité-l’homophobie-l’Église (le cinquième sujet étant l’Amour de Jésus… mais que visiblement personne dans les participants ne remettait en cause). Il y a eu des peurs de parler de guérison, de continence (spectaculairement caricaturée en abstinence par le prêtre responsable de Courage France… alors que la continence est LA colonne vertébrale de Courage : sans elle, l’association n’est plus catholique et se transforme en Devenir Un En Christ, en groupe de parole et de convivialité « sainte »), de parler politique, de sortir l’homosexualité de la sphère du personnel (moi et ma tendance sexuelle), de la sphère du protestantisme (moi et ma relation personnelle à Dieu), de la sphère de la positivité.

Le parcours homosexualité 2015 (premier galop d’essai) est resté centré sur le triptyque flou et emmanuellement correct « amitié-chasteté-sainteté ». D’ailleurs, comme par hasard, la sainteté est la prochaine thématique de l’édition 2016, spectaculairement réduite à trois jours au lieu de cinq. À ce train-là de gnangnantise spirituelle (même si la sainteté en soi n’a rien de léger), ma main à couper que les années suivantes, Courage nous servira comme thématiques de Parcours le « Pardon », l’« Engagement », la « Masculinité/Féminité », la « Sexualité », l’« Accompagnement », le « Corps », la « Dignité Humaine », l’« Identité », la « Chasteté », la « Joie », l’« Amitié », la « Fraternité », l’« Obéissance », la « Paternité », la « Fécondité », la « Vérité », etc. : tout sauf les quatre sujets cruciaux et incontournables – homosexualité/hétérosexualité/homophobie/continence – qui seuls peuvent éclairer et donner une dimension vraiment charnelle/spirituelle aux thématiques annexes précédemment citées. Si on veut que Courage se transforme en groupe de parole émotionnelle, en cortège de témoignages émouvants qui font du bien, qui ne gênent personne (manque de bol : l’homosexualité EST gênante et ne sera jamais propre), qui ne défendent pas la Vérité et qui surtout retiennent l’apostolat universel et entier que seule l’homosexualité continente rendue publique permet, on tient le bon bout ! Je regrette mais les personnes homosexuelles ne doivent pas être accompagnées ni parquées dans des cellules d’encadrement psychologique et spirituel : elles doivent se donner. Elles ne doivent pas non plus servir d’illustration ou d’occasions ou d’exemples à un discours ecclésial charitable : elles doivent être le Christ. Arrêtez de nous prendre pour des gens à convertir et à écouter. Laissez-vous plutôt convertir par Jésus qui est en nous et dans notre continence en action au cœur de notre homosexualité ! Je vous renvoie à la question n°199 qui complète cette réponse.

 

172 – Peut-on faire plus que cette session, en ouvrant la proposition à l’ensemble des catholiques, au risque de penser au départ qu’on donne trop d’importance à l’homosexualité et qu’on l’universalise à l’excès ?

Une session des familles pour tous et spécialement dédiée à l’homosexualité, ce serait mon rêve ! Et en plus, ça répondrait à énormément de questions et de crispations sociales autour de la différence des sexes et même autour de la différence Créateur-créatures (l’Église). Avec, de surcroît, un éclairage inédit, percutant, et même pas choquant pour les enfants. Je suis sûr que ça marcherait.

Mais malheureusement, je sais bien que ça ne verra jamais le jour, tout simplement parce que, aussi bien dans la société que dans l’Église, les gens privilégient l’abord inquiétant, particulariste, essentialiste, communautariste, ghettoïsé, pathologique, minoritaire, politisé, médiatique, caricatural, grave, de l’homosexualité, à l’abord culturel, universaliste, mondial, joyeux, humoristique, vrai et saint, de l’homosexualité. Dans l’idéal, l’homosexualité pourrait faire l’objet d’une session des familles qui concernent tous et qui pourrait prendre une semaine. Si seulement on osait ! La mobilisation contre le « mariage homosexuel » a montré à son insu que l’homosexualité était un sujet qui mobilisait tout le monde et était à elle seule capable de faire déplacer tout le monde. De sueños también se vive…

 

173 – Pourquoi, concernant l’homosexualité, les catholiques ont-ils peur des sacrements?

sacrements
 

Parce que d’une part la plupart des catholiques ne considèrent plus l’homosexualité active comme un péché mortel, parce d’autre part (ce qui revient au même) ils ne considèrent plus les sacrements comme efficaces. Et puis sans doute que, secrètement, beaucoup de personnes homosexuelles ont peur d’être guéries par la Croix.

On peut déjà observer cette tendance dramatique dans l’« Église du haut ». Avec le Synode sur la famille et son exhortation Amoris Laetitia, le Pape François a laissé une brèche énorme à son insu : l’ouverture (par le non-dit et l’ambiguïté de son propos) des sacrements aux personnes en état de péché mortel (en particulier aux personnes adultères et aux personnes homosexuelles actives) ; la non-reconnaissance et la non-verbalisation du mal, du péché. En toile de fond, ce sont les sacrements les plus importants de l’Église (l’Eucharistie, l’absolution des péchés, le sacerdoce ou sacrement de l’ordre…) qui sont menacés, vidés de leur substance et de leur autorité. Si rien n’est fait pour corriger rapidement le tir, la bombe placée sous l’Église romaine est sur le point d’exploser pour laisser place à l’Antéchrist.

Et dans l’« Église du bas », la reconnaissance de la souveraineté des sacrements reste tout aussi timide, au point mort, voire en recul. C’est particulièrement visible concernant l’homosexualité pratiquée, qui n’est plus considérée comme un péché mortel. Les impositions de mains, les prières de délivrance, les coupures de liens, les onctions d’huile, les exorcismes, le sacrement de réconciliation, l’Eucharistie, les sessions de guérison, etc., presque plus aucun catholique et prêtre ne les propose. On n’interdit pas… mais on n’en parle pas. Parce qu’on n’y croit plus ! Déjà, le mot « guérison » fait frémir ou pousser des hauts cris. Alors les mots « mal », « péché » et « damnation », ce n’est même pas la peine d’y compter… On préfère les groupes de parole, les marches-pélerinages, les sessions de convivialité et de réflexion, les promenades méditatives ou récréatives, les témoignages émotionnels publics… On se contente de bénédictions individuelles, de jolis discours sur la Miséricorde, sur le non-jugement des personnes, sur la compassion de l’Église, sur la sainteté. On se satisfait de proposer une pastorale d’accompagnement. En réalité, les sacrements n’ont malheureusement pas la place qu’ils méritent. La grande majorité des catholiques ne croient plus en ces derniers. Cruel constat. Même au premier « Parcours homosexualité » de la session de Paray-le-Monial 2015, l’importance des sacrements et de leurs vertus curatives et miraculeuses a été survolée et négligée. On n’a eu aucun topo dessus. C’est l’approche psychanalytique et « pastorale » qui a prévalu. Et les temps de prière ou de réconciliation n’ont pas donné lieu à l’administration spécifique de sacrements pour les personnes homosexuelles : si les sacrements pouvaient être reçus, c’était à l’initiative personnelle de chacun (mais même pas sur le mode de la suggestion) ou sur les temps communautaires grand public déconnectés du cadre spécialement homosexuel. Aussi paradoxal que cela puisse paraître (car ils rejettent beaucoup de sacrements catholiques primordiaux), les protestants sont pour le coup plus audacieux et plus crédules au pouvoir des sacrements que nous catholiques ! Nous passons à côté du trésor qui nous est confié.
 

174 – Pourquoi ce que proposent les évangéliques atteint vite sa limite ?

J’ai déjà eu divers contacts avec les protestants, parfois plus zélés et actifs que nous catholiques pour éradiquer l’homosexualité et appliquer la Bible à la lettre. Notamment à travers la rencontre de Philippe Auzenet (Oser en parler) et d’animateurs de Radio protestante, la visite à des groupes protestants suisses (très sympas, du reste !), ma présence à des rassemblements de Torrents de vie à Paris, les reportages tels que « Tu ne seras pas gay » (2015) de Marco Giacopuzzi, etc. Je ne vais pas revenir sur le problème majeur du manque d’Incarnation divine dans le protestantisme. Comme je le soulignais aux points 52 et 93, pour un protestant, la décision de s’écarter de la pratique homosexuelle, vu qu’elle ne passe pas par une compréhension autre que biblique et moraliste, ne peut que se résoudre par une auto-imposition scolaire et fébrile du mariage femme-homme (cf. les « Attestants ») ou par une mise en pratique de la continence tout aussi arbitraire et chancelante. Sans le soutien de tous les sacrements de l’Église Catholique, autrement dit sans la nourriture du cœur, comment continuer avec cohérence et joie la route désertique du Christ avec la Croix de l’homosexualité ? Sans la reconnaissance de la virginité et de la souveraineté de la Vierge Marie dans notre existence, comment parvenir à vivre concrètement la continence ? Avec une conception extérieure de l’action de l’Esprit Saint dans l’âme de chacun (comme s’Il se limitait à être une chaude couverture), comment notre cœur peut-il vraiment être atteint, restauré, pardonné par la Grâce ? Franchement, je ne vois pas. De tous les protestants que j’ai eu la chance de rencontrer, je n’ai vu que des gens souvent démunis théologiquement (ils n’ont pas de Pape ni de Catéchisme auxquels se raccrocher), des personnes homosexuelles tirant la langue (parce qu’elles ne savent pas vraiment pourquoi se retenir ; ou bien qui se sont mariées, ont eu des enfants… mais leur questionnement intérieur sur l’homosexualité demeure sans réponse), voire des militants gays friendly (d’ailleurs, j’ai été témoin des nombreux ponts et conversions qui se tissent entre l’association David et Jonathan et les Églises protestantes). Je prie de tout mon cœur que nos amis protestants rencontrent et accueillent vraiment Marie et qu’ils sortent de la posture anticléricale.
 

175 – Existe-t-il d’autres méthodes moins spirituelles et plus scientifiques ?

L’Église n’est pas ennemie de la science. À partir du moment où cette dernière reste un outil au service de l’Homme et non un but en soi. Au nom de l’Incarnation de Jésus en l’Humanité, l’Église reconnaît que les talents et efforts humains pour permettre à l’être humain de dépasser ses peurs, de soigner ses blessures, de mieux se connaître à travers les sciences humaines et médicales, peuvent être bénéfiques et très complémentaires de la foi.

Cela dit, les avancées scientifiques, comme je l’ai écrit plus haut, arrivent très vite à leurs limites car la science soulage plus qu’elle ne guérit, opère plus qu’elle n’aime, coupe la douleur plus qu’elle ne l’accompagne et la fait disparaître, identifie les symptômes plus qu’elle ne leur donne sens et ne les règle/dépasse, est bassement pragmatique et ne nous tire pas vraiment vers le Haut. Elle ne nous rend pas à elle seule la joie. Quand Il manque Dieu, il manque l’essentiel. Mais si la science accompagne Dieu (et n’est pas prise pour Lui… car ce risque existe, même et surtout chez les croyants catholiques), elle peut permettre de beaux résultats. Des bons psys, il y en a. Et les meilleurs, je crois, sont catholiques.
 

176 – Connaissez-vous des bons thérapeutes et conseillez-vous un suivi psychanalytique adapté aux catholiques ?

Les plus connus des thérapeutes de l’homosexualité, ceux qui écrivent des livres et parfois font des vidéos-conférences diffusées dans le monde entier (et dont beaucoup de chrétiens évangéliques ou sectes fondamentalistes s’inspirent), ce sont Joseph Nicolosi, Richard Cohen, Elizabeth Moberly, Luca di Tolve, Arthur Janov, Gerard van den Aardweg, etc. Mais la plupart de ces guérisseurs se font discrets, d’une part pour préserver le secret médical et l’anonymat de leurs patients, d’autre part pour cacher leurs ratages, et enfin pour éviter les assauts des journalistes gays friendly qui les attendent au tournant et qui en général les font passer pour les savants fous d’une secte homophobe. Rappelons-nous par exemple le tollé qu’avait déclenché la session Torrents de Vie (protestants) en 2012 en France.

Donc en général, le réseau d’aide psychologique et chrétienne fait profil bas, évite la publicité sur lui, se tisse au cas par cas et par un discret bouche-à-oreille. En France, vous pouvez trouver des thérapeutes cathos comme le père Tony Anatrella, le père Xavier Thévenot (décédé maintenant), ou des protestants comme Philippe Auzenet ou Francis Mouhot. Personnellement, ma préférence va à des spécialistes telles que Aline Lizotte, Leanne Payne (qui ont beaucoup écrit sur l’identité sexuée), les psys du cabinet Mots Croisés à Paris, et les prêtres compétents que je connais personnellement, sachant malheureusement que, pour certains d’entre eux, leur accompagnement se dit en des termes généralistes et n’est pas spécialiste de l’homosexualité, sous prétexte justement de ne pas enfermer la personne homosexuelle dans une orientation sexuelle et un imaginaire excessivement érotisé qui ne sont pas elle, et sous prétexte d’aider les patients de tendance homo à retrouver leur identité profonde, leur humanité, leur réalité, leur globalité, leur sociabilité, leur connexion avec l’Humanité et leur identité d’Enfants de Dieu. En réalité, je crois aussi que cette approche globale vient d’une méconnaissance de ce qu’est le désir homosexuel de l’intérieur (à savoir le désir dans la personne qui le ressent et dans le « milieu homo »). Un peu aussi d’une tiédeur et d’une peur de s’en approcher. Leur abord du sujet est plus généraliste que vraiment spécialiste et universaliste. Ils ont tendance à regarder l’homosexualité encore à distance, sous le prisme de la psychanalyse et de la théologie mêlées, mais sans réaliser que celle-ci vécue de l’intérieur et dont témoignent les personnes homosexuelles continentes n’a rien d’enfermante ni de particulariste : elle est au contraire plus habitée, plus incarnée, plus fraternelle, et donc forcément plus parlante pour l’ensemble des personnes homosexuelles, qu’ils ne l’imaginent.

Le problème que j’identifie chez la grande majorité des « soignants chrétiens de l’homosexualité », c’est qu’ils ont tendance à s’attacher davantage à la « situation d’homosexualité », au trinome « sexualité-identité-spiritualité », à la « guérison », à la « conversion », à la « libération », au « changement », à la « réorientation », à la « restauration », à la « reconstruction » qu’ils souhaitent pour leur « patient » souffrant, qu’à sa personne elle-même et à l’homosexualité. Ils figent l’« identité » et la « sexualité » en sacrosaints concepts psycho-spiritualo-pathologiques qui éclipsent quasiment la réalité de l’élan homosexuel et ce que l’Église peut en tirer.

Derrière tout ça, je lis une sacralisation hétérosexiste de la différence des sexes, du mariage, de la famille et de la procréation, qui est souvent très malsaine, pathologique, pas du tout évangélique ni souple. Car toutes ces réalités humaines ne sont pas des fétiches, et peuvent même devenir catastrophiques sans amour et sans la reconnaissance/l’expérience du rayonnement de certains célibats et de certains apostolats. Je détecte dans les méthodes de beaucoup de « psys cathos » une vénération bobo et anthropocentriste de la science, du faire, du bien-être, du volontarisme de l’« abandon à Dieu », de la performativité de la relation à Jésus et des prières personnelles (top protestant, en fait). J’y vois une obsession idolâtre pour la Bible et la prière, devenues des idoles automatisées. J’y devine également un préjugé figé et homophobe que l’hétérosexualité serait le bien absolu voulu par Dieu (ce qui est faux : Dieu n’aime que la différence des sexes couronnée par l’Amour et la liberté, qu’on soit marié ou célibataire consacré, d’ailleurs) et que « de l’homosexualité ne pourrait rien sortir de bon ». J’y décèle enfin un mépris du célibat, une ignorance de la fécondité de l’homosexualité, une méconnaissance de l’apostolat de sainteté qu’un certain recyclage du désir homosexuel donné à Dieu et aux autres peut générer. Pour eux, la tendance homosexuelle doit disparaître, ou au moins être « traitée » et faire l’objet d’une procédure bien précise et isolante ; elle doit être au pire écartée et de préférence mise en quarantaine (de peur qu’elle ne fasse des petits…), et au mieux mourir de sa belle mort par un mariage. Elle n’est pas exploitable positivement pour la sainteté et par une offrande publique. Dans l’homosexualité (continente), point de Salut !

J’ai souvent trouvé une infrastructure ankylosée et verrouillée chez pas mal de confréries diocésaines d’« experts en questions sexuelles ». Même si ça va de mieux en mieux et que la lourdeur bureaucratique tend à disparaître et à laisser place à une dimension plus fraternelle (car heureusement, les gens d’Église se trouvent confronter à une telle accélération de la libéralisation des mœurs qu’elles sont bien obligées de s’adapter), ces cols blancs indéboulonnables, qui se croient très bons et très compétents pour délivrer en catimini leur ordonnance – soit trop « light », soit trop rigide – sur l’homosexualité, on les a surtout vus sortir du bois et se pâmer devant les caméras lors des parlementations sur le « mariage pour tous », car pour une fois, ils pouvaient faire leurs intéressants sans prendre de risques inconsidérés, tout en se noyant dans une foule protectrice et un concert médiatique qui les a dépassées. Mais de pareils « scientifiques-juristes » ont confisqué les débats en empêchant toute parole sur l’homosexualité et sur Jésus, et en concentrant l’attention sociale sur l’Enfant ou des idéologies-fantômes telles que le Gender. Ce fut et cela demeure extrêmement problématique.

Pour illustrer et conclure mon propos, j’avais envie de vous raconter une anecdote qui a des chances de vous parler. Je me suis retrouvé il y a trois ans face à la responsable d’un groupe de thérapeutes « catholiques » espagnols spécialisé en affectivité et morale sexuelle. À l’abri des oreilles indiscrètes et des caméras des journalistes qui par le passé avaient pu la coincer sur des bourdes monumentales qu’elle et son équipe avaient sorties (genre « L’homosexualité est un péché/une maladie. », « Homme et femme Dieu les créa : c’est dit dans la Bible ! L’homosexualité n’existe pas et n’est pas dans les plans de Dieu. » ; etc.), cette conseillère en sexualité m’a présenté les actions de la pastorale diocésaine d’accompagnement psycho-spirituel des « SSA » dont elle avait la charge, ainsi que leur site internet Es posible cambiar. Je voyais bien que son regard sur les personnes homosexuelles n’était ni joyeux, ni habité, ni centré sur la Bonne Nouvelle du Christ à annoncer, ni sur une connaissance de la grandeur des personnes homosexuelles. Il était clinique autant que misérabiliste. À ses yeux, nous n’étions que des « personnes à aider » ; pas des personnes qui pouvaient l’aider et en qui elle pouvait avoir confiance. Nous nous réduisions à des objets de traitement, à des « études de cas à accompagner » pour nous aider à gérer « le douloureux problème de l’homosexualité »… même si bien sûr, ce misérabilisme se voulait contrebalancé par l’action solidaire et l’expression d’une foi sincère (à défaut d’être vraie) et partagée. Cette femme à lunettes utilisait le jargon « rassurant » des protestants, tantôt métaphorique et infantilisant (le soleil, l’eau, la rupture des chaînes, la sortie du tunnel, les paraboles bibliques…), tantôt pratico-pratique (« guérison », « restauration », « redécouverte de soi », « quête de son identité », « communication-c’est-important-d’en-parler », etc.). Bref, ressortaient de sa bouche les deux lexiques typiques de la franc-maçonnerie – celui de la lumière et celui de la fondation – qu’on peut observer dans le boboïsme mondial le plus athée qui soit. Franchement, en ressortant de son bureau (avec le post-it « SSA » sur la gueule), je me suis mis à sourire, et me suis fait la réflexion intérieure suivante : « Eh ben y’a du boulot… ! Ils n’ont rien compris à l’homosexualité et à la beauté sainte des personnes homosexuelles… » Cette femme n’a même pas vu l’apport que ma visite pouvait constituer dans son travail. J’étais une personne homosexuelle lambda parmi d’autres, un vulgaire visiteur qui aurait très bien pu être amené par son papa dans son cabinet, ou bien un potentiel inscrit faisant les portes ouvertes d’une fondation. Et en plus, en étant français et de passage, que pouvais-je lui apporter à elle, puisque je n’étais pas formatable, puisque je n’allais logiquement pas intégrer sa structure bien rodée et cadrée, puisque je ne faisais pas partie du circuit de sa machine à traitement d’« homos pas vraiment homos », numérotés et suivis individuellement ? Je n’avais pas ma carte de la maison, ni les besoins qui correspondaient aux services qu’elle me proposait. Je ne représentais aucun espoir sérieux de présence régulière, aucune opportunité de miracle, et n’avais pas payé ma cotisation pour les douze étapes de la « conversion », alors…

 

177 – Est-ce qu’il y a des personnes homosexuelles qui ne guérissent jamais ?

Dans un temps humain et terrestre, oui. À l’instar de celles qui meurent avec leurs défauts ou d’une maladie, il y en a beaucoup qui mourront avec leur tendance. Et même la plupart. Car l’homosexualité est un désir coriace. On peut le domestiquer, et très bien. Mais il reste coriace.

Ce n’est pas un drame ni une condamnation que j’annonce là. Car la vraie guérison, la plus fondamentale, c’est la joie. Ce n’est pas profondément la disparition de l’homosexualité. Comme le démontrent le texte biblique des Actes des Apôtres (8, 26-40) avec Philippe le diacre missionnaire mais aussi la vie de saint Philippe le disciple (pub !) qui a évangélisé énormément en Césarée et en Samarie – précisément chez les marginaux et les Samaritains ! -, la plus belle guérison que Jésus propose à tous les célibataires (par choix ou par condition), c’est la conversion à la Joie de sa Présence. L’eunuque éthiopien a compris, grâce à Lui et à travers Philippe, la beauté de son état de vie. Saint Philippe accourt vers les eunuques, dans le désert, et ils repartent tout joyeux. « En ces jours-là, l’ange du Seigneur adressa la parole à Philippe en disant : ‘Mets-toi en marche en direction du sud, prends la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte.’ Et Philippe se mit en marche. Or, un Éthiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, la reine d’Éthiopie, et administrateur de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer. Il en revenait, assis sur son char, et lisait le prophète Isaïe. L’Esprit dit à Philippe : ‘Approche, et rejoins ce char.’ Philippe se mit à courir, et il entendit l’homme qui lisait le prophète Isaïe ; alors il lui demanda : ‘Comprends-tu ce que tu lis ?’ L’autre lui répondit : ‘Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ?’ Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui. Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : ‘Comme une brebis, il fut conduit à l’abattoir ; comme un agneau muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, il n’a pas obtenu justice. Sa descendance, qui en parlera ? Car sa vie est retranchée de la terre.’ Prenant la parole, l’eunuque dit à Philippe : ‘Dis-moi, je te prie : de qui le prophète parle-t-il ? De lui-même, ou bien d’un autre ?’ Alors Philippe prit la parole et, à partir de ce passage de l’Écriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. Comme ils poursuivaient leur route, ils arrivèrent à un point d’eau, et l’eunuque dit : ‘Voici de l’eau : qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ?’ Il fit arrêter le char, ils descendirent dans l’eau tous les deux, et Philippe baptisa l’eunuque. Quand ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur emporta Philippe ; l’eunuque ne le voyait plus, mais il poursuivait sa route, tout joyeux. Philippe se retrouva dans la ville d’Ashdod, il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes où il passait jusqu’à son arrivée à Césarée. » Je vous renvoie à la question 207 qui traitera des passages bibliques les plus adaptés à notre Joie de personnes homosexuelles dans le Seigneur.
 

178 – Si je ne guéris pas, c’est que je ne prie pas assez et que je ne laisse pas assez Dieu agir en moi ?

Non. Et si vous croyez le contraire, c’est que vous prenez Dieu pour un magicien ou pour un instrument de votre propre volonté. Bref, pour une marionnette. Personnellement, j’ai cessé de croire que Dieu n’exauçait pas mes prières et que ma prière n’était pas efficace, le jour où j’ai lu la phrase de saint Augustin « Toute prière qui a Dieu pour objet unique ne peut qu’être exaucée » ou encore celle de sainte Thérèse de Lisieux « Il faut toujours prier comme si l’action était inutile et agir comme si la prière était insuffisante. ». Et puis c’est surtout la maladie de ma maman, morte d’un cancer fulgurant en mars 2014, qui a achevé de me convaincre que Dieu nous donne toujours exactement ce qu’il nous faut et quand nous le Lui demandons. La maladie de ma mère a été une telle occasion de conversion et de paix dans la souffrance, que jamais il ne me serait venu à l’esprit de dire que Dieu n’était pas présent à ce moment-là et n’avait pas guéri autrement ma maman de son cancer. Maman est allée à Brasilia pour le rassemblement international des équipes Notre-Dame, puis en pèlerinage en Terre Sainte. Et quand elle a appris son cancer du sein, elle a reçu le Sacrement des malades plusieurs fois. Elle s’est rendue à Lourdes pour demander la guérison. N’a-t-elle pas assez prié ? N’était-elle pas assez fervente ? Dieu était-Il sourd à son appel ? La Vierge a-t-elle décidé de ne pas la guérir ? Je ne le crois pas. Quand on voit dans quelle paix, quel abandon et quelle piété maman nous a quittés, je ne remettrai jamais en doute que le miracle a pris une forme inédite que personne n’attendait, mais qu’il était bien là ! Les épreuves que nous vivons, les blessures ou les maladies qui perdurent, le non-interventionnisme et le silence de Jésus, nos demandes et la réponse différente qui est faite à nos prières, ne font que prouver l’amour et l’existence de Dieu ! Même la permanence terrestre de l’homosexualité en moi me prouve que Dieu a exaucé ma demande de ne plus être homosexuel…
 

179 – À d’autres époques, on ne faisait pas autant de manières concernant l’homosexualité! Est-ce que vous ne pouvez pas vous forcer à vous marier et vous vous rendrez compte que ça vous passera? Avez-vous déjà essayé avec une femme, au moins?

Je me suis souvent posé ces questions. Et le mystère reste entier : « Est-ce que mon homosexualité est de l’ordre de la comédie, du caprice, de la peur d’enfant face à la courgette qu’il n’a même pas goûtée, de l’allergie plus ou moins psychosomatique et inventée pour justifier/camoufler des peurs infondées ? » ; « Est-ce que dans cette affaire, je n’ai pas surévalué mes goûts, les apparences, et je ne me suis pas accroché bêtement à mes peurs d’adolescence ? Ne pas aimer le foot, être efféminé, écouter Céline Dion, ne pas se sentir mec, ne prouve aucune homosexualité ni aucune impuissance génitale ; en plus, les goûts, ça évolue et ça se travaille. Les peurs aussi. La sexualité et l’identité sont des chemins, non ? » ; « En d’autres temps, les gens se mariaient sans se faire tant de nœuds au cerveau, sans regarder le nombril de leurs sentiments ni de leur petit ressenti du moment : ils avaient davantage le sens des autres, du devoir, des enfants, de l’effort, de l’engagement, de Dieu, des sacrements… » ; « Est-ce mon époque surérotisée et paumée, ou un certain climat social propice à la justification des douilletteries d’homosexualité, qui m’a conduit à me sentir homo, à m’enfermer dans la croyance erronée que je serais homosexuel à vie et que je ne pourrais pas me marier ? Est-ce qu’en restant célibataire continent, je fais preuve d’humilité et de lucidité face à mes limites et ma tendance homosexuelle, ou bien je suis un lâche qui se cache derrière son intellect et un simulacre de foi pour ne pas porter sa Croix (= le mariage) et aimer vraiment ? ». Je suis sorti une fois dans ma vie (en 2009) avec une femme – ma meilleure amie – que j’ai voulu aimer mais dont je n’étais pas amoureux. Une fille pourtant jolie et douce avec moi, hors du commun, dans le dialogue et la connaissance de mon homosexualité. Mais j’ai perdu pied, me suis senti submergé par une absence d’attraction et une peur qui, à l’époque, m’a dépassé autant que suffoqué. Et à ce jour, je ne sais toujours pas si j’ai fantasmé cette amitié spirituelle en un amour qu’elle n’était pas, ou si au contraire j’ai gâché un amour vrai. Je ne crois pas avoir gâché un amour, car les 4 mois amoureux qu’on a vécus n’étaient pas sereins par rapport à nos 6 années d’amitié exceptionnelle. Et je me suis senti immédiatement soulagé par la décision de rompre les fiançailles et de ne pas aller jusqu’au mariage. Le soulagement reste quand même un signal fort. Mais malgré tout, en moi, je n’ai pas de certitudes quant au fait que j’aie pu très bien avoir choisi la continence par facilité, par peur et orgueil, par lâcheté, par refus de me donner totalement et de m’engager, par souci de garder un train de vie indépendant de vieux garçon égoïste et de préserver ma liberté/sauvagerie, sous couvert d’évangélisation et d’ascétisme catholiquement correct en plus. Je n’ai pas la réponse. Et je prie le Seigneur de me pardonner si j’ai détruit l’amour de ma vie, si tant est qu’il l’était. Je prie souvent pour ma fiancée. Ma vie n’est pas encore finie, et je vis cependant dans la joie de mon parcours atypique et des surprises que Jésus me réserve. Donc je ne suis en ce moment rongé ni par le remord ni par la certitude. Je sais que Dieu veut le meilleur pour moi et s’est arrangé pour que même mes mauvais choix aient du sens et s’agencent dans son Plan de Salut universel. J’essaie de ne pas abuser de Son adaptabilité.
 

180 – La blessure homosexuelle disparaît-elle même quand elle est dépassée ou sublimée par un mariage réussi/un sacerdoce réussi ?

Sans pour autant disparaître, elle se résorbe parfois, cicatrise, s’endort. Dans un bon environnement qui ne l’entretient pas dans sa misère, une fois cadrée par des cercles amicaux sains et des engagements vocationnels solides (mariage, sacerdoce, vie de prière et sacramentelle régulière), éloignée d’une pratique homosexuelle qui l’agrandirait et la creuserait davantage, bref, en dehors d’une structure de péché, la tendance homosexuelle, loin de s’évanouir complètement, est au moins mise hors d’état de nuire, et risque forcément de moins se réveiller qu’en étant sans cesse réactivée, rouverte, sollicitée par toute sorte de tentations et d’expériences corporelles. Le corps humain a sa mémoire. Les yeux aussi. L’imaginaire, si on lui laisse libre court dans notre esprit, ne se gêne pas non plus pour prendre ses aises et nous réclamer toujours plus de transgressions, de passages à l’acte. Heureusement, l’ascèse, la retenue et notre volonté portent sur la durée des fruits impérissables. Et bien sûr, combien plus le sacrement de l’ordre et du mariage !
 

181 – Si je me marie en tant qu’homo, en ayant été très transparent avec ma femme, tout va se solutionner ?

Brando
 

C’est compliqué de répondre. Notre foi, notre sincérité, notre volonté humaine, même portées par le sacrement du mariage, ne sont pas fiables à 100%. Il ne suffit pas toujours d’identifier un obstacle pour le contourner, même si cette identification vraiment aide vraiment à anticiper et à atténuer les chocs. Un bon catholique homosexuel peut très bien se marier à l’église, mais continuer à s’imaginer avoir des rapports sexuels avec un homme pour pouvoir avoir des relations sexuelles avec sa femme, en espérant que cela va tuer son désir homosexuel, faire illusion auprès de son épouse, ou qu’il fait preuve d’un sacrifice utile dans la foi. Ou bien un homme peut même trouver dans un vagabondage homosexuel ponctuel un moyen (misérable mais pratique) pour quand même demeurer avec sa femme sur la durée : il se l’autorise comme une condition-défouloir pour ne pas la quitter et ne pas abandonner ses enfants. Pour sauver la vitrine.

Cela dit, je connais peu de couples catholiques concernés par l’homosexualité dans lesquels la communication, la confiance, le pardon, la force du sacrement du mariage, n’aient pas pu venir à bout des tentations d’infidélité de l’époux directement touché par la question. Après, le danger qui menace les foyers catholiques ne vise pas tant le péril de l’infidélité (car les catholiques possèdent en général un fort sens de l’honneur et de l’engagement fidèle, et un sens aigu du pardon) que la perte du désir, de la libido, du plaisir, de la joie, de la tendresse, de l’attention, de l’envie d’être ensemble, et la menace de la dépression. Pour parer à ces fissures et au nuage de frustrations qui les accompagne, il faudra donc veiller à ce que le couple dialogue énormément, mais aussi que le conjoint menacé par la peur d’homosexualité ait un accompagnement spirituel béton, des amis à lui, des lieux où il puisse dire ses craintes à des personnes qui expérimentent les mêmes pulsions et fantasmes que lui, et dont il sera néanmoins sûr qu’il n’y aura pas de possibilité de chute avec elles. C’est puissant, l’amitié en Christ et en homosexualité. Et puis les épouses, aussi courageuses et compréhensives soient-elles, ne peuvent pas tout porter non plus, tout centraliser !

 

182 – Si je me marie en étant homo, est-ce que je me mens à moi-même ? Est-ce que je deviendrai bisexuel ? Est-ce que je parviendrai à tenir sur la durée ou est-ce que j’embarque mon épouse et mes enfants dans un désastre plus grand que si je n’avais pas joué au héros ? La foi ne peut-elle pas m’illusionner ?

L’homosexualité n’étant pas votre identité profonde – même si dans certains cas elle peut conditionner fortement votre identité et limiter vos actions ou vos relations -, vous ne vous mentirez jamais à vous-même si vous ne vivez pas le « couple » homo (il n’y a pas qu’une seule manière d’être homo, contrairement à ce que nous font croire certains militants LGBT qui limitent l’homosexualité à la pratique génitale/amoureuse), vous ne vous mentirez jamais à vous-même ni à votre conjoint de sexe différent si vous vous mariez religieusement. L’homosexualité n’est ni « pure », ni éternelle, ni vraie. Donc calmos.

Par ailleurs, n’écrivez pas hystériquement de scénario-catastrophe autour de votre homosexualité et de son alliance avec un mariage et une famille. Déjà, le mariage n’est pas une prison. Dans certains cas, il a tout à fait l’étoffe, s’il est authentique et reçu librement, de porter votre homosexualité et de vous aider à la vivre dans la chasteté. Et d’autre part, toutes les fois où j’ai vu qu’un ménage catholique avait implosé/explosé soi-disant à cause de l’homosexualité d’un des conjoints (car en réalité, celle-ci n’est jamais la cause réelle de la séparation ou de l’adultère), aucun dialogue sérieux et aucune écoute respectueuse n’avaient eu lieu avant le pétage de plomb ou la désagrégation progressive du foyer. L’homosexualité avait été vécue dans un pesant secret, une clandestinité, un non-dit énorme, une non-évaluation des risques, une incommunication crue « insurmontable », une homosexualité parallèle déjà actée par celui qui finalement a décidé préalablement de déserter son mariage. Alors avant d’en arriver à ces extrêmes, vous avez de la marge !

En outre, notre époque a ceci de positif par rapport à il y a seulement 20-30 ans que l’homosexualité n’apparaît plus comme une bizarrerie, un OVNI, une inconnue impensable, un sujet de discussion tabou. Les quelques rares études sur le sujet (mais il en suffit d’une bonne pour que ça fasse boule de neige sur des générations) et les exemples de parcours de mariages chrétiens qui ont capoté soi-disant à cause de l’homosexualité, le dialogue sur l’homosexualité (initié même par des jeunes couples où aucun des deux futurs conjoints n’est directement concerné par un ressenti homosexuel), servent à ne pas reproduire les écueils des couples passés. Aujourd’hui, les hommes et les femmes qui ont la vingtaine connaissent le phénomène de la bisexualité, osent souvent l’aborder de front, ne peuvent plus être pris au dépourvu face au surgissement impromptu de l’incendie homosexuel. Contrairement à certains pays traditionnalistes de l’hémisphère Sud où la surprenante vague schizophrénique des aventures homo-bisexuelles déferle à cause d’une surévaluation excessive du mariage et d’un durcissement de l’attitude anti-mondernisme-mondial, au moins, en Occident, les doubles vies, les cas d’homosexualités activées d’être refoulées dans un mariage de raison, risquent moins d’arriver.

 

183 – Dieu peut-il me faire porter un mariage religieux ? Même avec la foi partagée à deux et la force du sacrement ? Dieu peut-il sauver mon couple marié ?

Dieu a le pouvoir de nous faire porter beaucoup de choses, dont des réalités humaines telles que le mariage religieux qui nous paraissent inaccessibles, non parce que nous en aurions la force et les capacités, mais parce qu’Il les porte à 99,9%, et qu’Il ne nous ferait jamais porter plus que ce que nous pourrions supporter. La foi est un roc solide. Les sacrements de l’Église catholique aussi. Nous devons leur faire confiance, malgré les obstacles, les tempêtes, les doutes, la permissivité ambiante, la permanence énigmatique et durable du mal dans notre vie.

Pour parler maintenant plus concrètement en s’efforçant de ne pas trop « providentialiser » la réalité de l’écartèlement de l’homme marié homosexuel, la bisexualité est un curseur. Je n’en connais pas plus que vous la position, ni l’échelle ni le marquage. Mais, pour avoir de nombreuses discussions avec des hommes mariés homosexuels (parfois fidèles à leur mariage, parfois infidèles, parfois les deux), je sais juste que ce curseur existe et que, sur ce plan-là, nous, personnes homosexuelles, ne sommes pas toutes égales. Il y a mille et une manières de se sentir homo, mille et une manières de vivre avec ce ressenti, mille et un ancrages et profondeurs d’imprégnation de la tendance homosexuelle, et même dans une seule personne homosexuelle il y a mille et une évolutions, récessions, progressions, stagnations. Donc il est extrêmement difficile de faire des règles, des statistiques, des probabilités, des prédictions (en négatif comme en positif), d’écrire des recettes de réussite dans le domaine de l’homosexualité présente dans le mariage. En écoutant cet ami homosexuel, père de famille, qui a été marié à une femme qui l’a finalement quitté et même trompé sous le prétexte d’avoir découvert son homosexualité et de ne pas être satisfaite au lit, alors qu’il lui est pourtant toujours resté fidèle, je me dis que tous les cas de figure sont possibles et que, par-delà cette diversité de configurations, le mariage de foi et d’amour à travers l’homosexualité continente d’un des deux conjoints demeure possible et le plus authentique : « Tu es plus ou moins homo. La bisexualité est un curseur. J’ai connu deux hommes dans ma situation. Laurent était peu homo : il s’est marié et cela marche. Cyril était plus homo : son couple ne va pas fort car il n’a pas réussi à être une bête de sexe dans la durée. Car la difficulté réside dans le temps. Tous les trois, on s’est mariés par devoir. Comme des fils de bonne famille, bien élevés. Je n’ai jamais trompé ma femme… ce qu’elle s’est empressée de faire. Une réussite, un mitigé, et un divorce pour moi. L’obligation de satisfaire comme un automate sa partenaire est un écueil dans une mal donne. »

 

184 – Mon mari m’a quittée pour un homme : Dieu m’aurait-il menti ? L’Église m’aurait-elle menti ? La foi n’est-elle pas une belle connerie ?

changement
 

Non. Ce n’est que le manque de foi qui est une belle connerie. Parce que sinon, la foi et Dieu ne déçoivent jamais. Le mariage est une grande aventure, un magnifique combat. L’Église n’envoie jamais ses brebis à l’abattoir.

Quand arrivent les épreuves à cause de l’homosexualité, il est toujours facile de tirer sur l’ambulance, c’est-à-dire sur l’Église, sur la personne tentée ou la personne fautive qui a chuté et qui n’a pas été exactement fidèle à sa promesse et à son engagement conjugal sur le papier. Mais est-ce aussi simple et confortable, le mariage ? Les torts peuvent-ils, même sous couvert d’homosexualité ou de faute objectivement grave, être répartis de manière aussi unilatérale ? Je ne pense pas.

Un ami prêtre m’a confié un jour, sans trahir son devoir de secret, qu’il recevait au confessionnal un nombre impressionnant d’hommes mariés qui ressentent des attirances homos fortes qu’ils ont refoulées depuis longtemps, et qui luttent comme des malades pour rester fidèles quand même à leur femme (malgré des chutes dans le porno voire quelquefois dans des « plans cul »). C’est beau. Et ça, il ne faut pas l’oublier ! Mesdames, parfois, votre mari se bat, et vous ne le voyez pas ! Vous ne le valorisez pas ! Vous ne le pardonnez pas ! Par peur et blessure narcissique, par sécheresse de cœur ou convention sociale, par orgueil et vexation « légitimes », certaines d’entre vous êtes sans pitié, analysez votre conjoint comme une souris de labo, jouez les maîtresses d’école implacables ou les psys de comptoir (« Il m’a trompé ! Je ne peux logiquement plus pardonner ni continuer comme ça ! Je demande le divorce… ou la nullité de mariage ! » ; « Mon mari est un pervers narcissique. Il est bipolaire. C’est un manipulateur. J’ai été manipulée ! Il n’y a rien à faire avec ce genre de profils. » Parfois, vous vous empressez de coller sur son front de votre mari des noms de pathologies pseudo « scientifiques », soit pour excuser celui qu’un peu plus tard vous allez traîner dans la boue, soit pour le diaboliser en vous donnant l’impression de le plaindre et de lui pardonner comme Dieu pardonne, soit pour vous justifier de tirer proprement un trait sur votre mariage et partir en bonne et due forme. Alors qu’en fait, le problème à résoudre n’est pas que psychologique : il est aussi le fruit du péché. De votre péché à vous deux : votre mari et vous ! Vous n’êtes pas obligées de vous battre pour votre mari et votre mariage, mais vous en avez néanmoins autant le devoir que lui !

Pour conclure cette délicate question, j’aimerais souligner que je connais par ailleurs des femmes admirables, qui ont compris leur mari homosexuel sans le justifier dans ses faiblesses ni ses chutes (parfois même son départ et son adultère). Sans tomber dans l’amertume relativiste ni la révolte diabolisante. Sans enfermer leur conjoint dans sa tendance homosexuelle et dans sa pratique, son mode de vie. Elles ont reconnu humblement leur part de torts. Pour l’avenir, elles ont identifié leur marge de manœuvre, sans prétendre à l’impossible. Elles sont prêtes à pardonner (et pas sous n’importe quelles conditions). Elles prient dans le secret… et les prières de délivrance, si elles ne sont pas hystériques, peuvent toujours aider, voire révolutionner des situations en apparence sans issue. Elles ont choisi, à l’instar des personnes homosexuelles célibataires continentes, la continence : par fidélité à leur mari, à leur mariage, à Dieu. Elles font partie de ces « divorcés fidèles » ou de ces « séparés fidèles » dont on parle si peu. Je me sens très proche de ses continences mi-imposées mi-choisies là. C’est d’ailleurs parce que je connais des femmes qui, à cause de l’homosexualité active de leur mari et de leur propre fidélité au mariage religieux, vivent ce que je vis, que je m’oppose fermement à ce que dans l’Église et dans le Catéchisme de l’Église Catholique la continence soit remplacée/occultée par le mot « chasteté ». Car ces femmes délaissées par leur mari qui leur a imposé une ascèse et un renoncement qu’elles n’ont pas choisis au départ, ne vivent plus simplement la chasteté du mariage (chasteté qui n’implique pas le renoncement à la génitalité, à la sentimentalité et à l’affectivité amoureuse) : elles vivent et sont appelées à vivre carrément la forme la plus étroite et la plus sèche de la chasteté, qu’est la continence des prêtres ! Il est donc hors de question d’enlever à ces femmes qui vivent l’exigence du sacerdoce sans en avoir le sacrement officiel une seule perle de leur couronne de martyres !

 

185 – Je suis prêtre et je suis encore de tendance homosexuelle, vivant de grandes tentations et de gros passages à vide : Dieu m’aurait-il menti ? Est-ce que je ne me suis pas illusionné sur ma propre vocation religieuse ? N’ai-je pas présumé de mes forces et des forces du Seigneur ?

C’est tout à fait possible que vous vous soyez menti à vous-même sur votre vocation, que vous ayez fait dire à Dieu ce qu’Il ne vous disait pas, et que vous ayez choisi le sacerdoce comme cache-misère pour ne pas affronter votre peur et votre dégoût de la différence des sexes et du mariage. Mais ce n’est quand même pas de Sa faute ! Et ce n’est pas non plus si évident que vous vous soyez trompé à ce point-là. Nul ne se retrouve au séminaire ou ordonné prêtre par hasard ou par total aveuglement sur sa relation à Dieu. Ce n’est pas parce que votre chemin vers/dans la prêtrise est entaché d’homosexualité, de chutes honteuses, n’est pas tout droit, que vous vous êtes forcément fourvoyé sur votre vocation, que votre foi n’a été qu’un leurre, et que vous avez été un monstre d’orgueil, un naïf, un aveugle, un imposteur. Ne jetez pas bébé avec l’eau du bain et ne soyez pas trop dur avec votre foi ou votre homosexualité. Peut-être même que justement, Dieu a permis que vous soyez homosexuel et que vous chutiez homosexuellement pour que vous vous releviez encore mieux dans la prêtrise, pour que vous humanisiez votre prêtrise, pour vous confirmer que votre vocation est malgré cela authentique et votre sacerdoce solide. « Un saint est un pécheur qui continue d’essayer. » (saint José-María Escriva, fondateur de l’Opus Dei) Votre vocation et votre sacerdoce dépendent non pas tant du comment vous les vivez et de ce que vous en avez faits, mais de votre volonté de vous remettre sérieusement et humblement en selle dans la continence. On présume toujours de ses forces quand on s’engage dans la prêtrise… et à mon avis, ce n’est pas ça le problème : on pète tous plus haut qu’on a le derrière quand on se lance sur le chemin de la sainteté. Le vrai problème, c’est de ne pas l’accepter, de refuser sa Croix et de ne pas laisser le Seigneur nous guider. Laissez-vous pardonner, c’est la supplication de saint Paul. « Nous vous en supplions, au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché, afin que, par lui, nous ayons part à l’oeuvre salutaire de Dieu. » (2 Cor 5, 14-21) Un jour, une mère abbesse d’un couvent m’a contacté pour me dire qu’elle suivait individuellement en direction spirituelle plusieurs prêtres marqués d’homosexualité, et qui, selon leurs propres dires, lui avaient confié que mon témoignage les avait renforcé dans la fidélité à leur ministère de prêtres. J’en ai pleuré de bonheur devant le Saint Sacrement pendant toute une nuit ! Alors avant de décider de votre radiation et de votre exclaustration, qui seraient surtout motivées par votre orgueil et un perfectionnisme mal placé (et je crois, satanique), réfléchissez et ne vous jugez pas si sévèrement. Un peu d’humilité et d’accueil de votre misère vous fera le plus grand bien !
 
 

CHAPITRE VIII – LA GRANDEUR DE LA CROIX HOMOSEXUELLE :

 

186 – Quel chemin de bonheur plein attend les personnes durablement homosexuelles qui veulent suivre un vrai chemin d’Église ?

Clairement, le seul chemin de bonheur qui se profile pour nous, personnes homosexuelles, c’est la sainteté (par la continence et l’évangélisation). Ne pouvant pas être sanctifiées par le mariage et notre progéniture, ni par le sacrement du sacerdoce, il ne nous reste plus qu’à vivre entièrement données à Jésus et à son Église, à vivre du Royaume comme si nous y étions déjà, dans une vraie vie de prière, d’ascèse, de charité et de service aux autres, de communion avec le Ciel et le Monde invisible. Le célibat a ceci d’avantageux qu’il nous permet en plus une grande disponibilité, une qualité de présence, une action sociale réelle.

De plus, notre double appartenance bizarroïde à la condition homosexuelle et à Jésus nous transforme, si nous jouons vraiment son jeu et l’assumons à fond, en « signes de contradiction » (Luc 2, 34) pour notre époque, donc finalement en mini-Jésus. Je ne rigole pas du tout en soutenant cela. Personne ne s’attend à croiser des personnes homosexuelles pleinement dans l’Église sans s’y enfermées, pleinement dans l’Amour sans être en couple ou mariées, pleinement sacerdotales sans être religieux ni prêtres, et surtout pleinement cathos évangélisateurs en assumant à visage découvert l’existence de leur tendance homosexuelle. Rien que ces mélanges insolites réunis en une seule personne prouvent que nous sommes habitées par une force qui nous dépassent.

C’est quoi, être saint ? C’est, je crois, témoigner par sa vie personnelle concrète de la Sainteté de Dieu offerte à tous. C’est annoncer le Salut de Dieu à l’œuvre dans l’existence de chacun des Hommes ! Une vie qui témoigne de la sainteté de Dieu est une vie sainte. Étant entendu que la sainteté, ça va bien au-delà d’un « état de perfection » : elle est un état de vie d’union fidèle au Christ.

La vocation à la sainteté, quasiment personne n’y croit pour nous, personnes homosexuelles. À la rigueur, on veut bien nous accompagner, nous dire qu’on est aimées de Dieu et pardonnées, qu’on doit porter notre croix et offrir nos souffrances comme on peut, qu’on est tacitement saintes parce que « tout le monde est appelé à la sainteté »… donc notre sainteté va sans dire. Mais qu’on puisse être saintes parce que sanctifiées, qu’on puisse être sanctifiées au cœur de notre condition homosexuelle, ouh la la… même le Catéchisme de l’Église catholique et le Pape ne se hasardent pas à y croire et à nous le proposer ! Pourtant, il suffirait que quelqu’un, un jour, nous rappelle notre véritable identité de princes christiques homosexuels, de grands témoins uniques, particuliers et précieux qui marqueront l’Histoire éternelle, pour que nous le prenions au mot.

J’ai entendu il y a peu de temps le récit véridique d’un homme dont la vie dissolue avait basculé du jour au lendemain uniquement parce qu’il était tombé en pleine rue sur une de ses anciennes profs – religieuse consacrée – qui, après l’avoir écouté déballer ses casseroles, lui avait demandé droit dans les yeux, sans grands discours : « Tu es au courant que tu dois être un saint ? » Cette femme maternelle n’a pas fait comme les autres. Elle n’a pas souhaité à son ancien élève une bonne réussite dans ses projets, ni tout le bonheur du monde, ni le retour au bien-être et à un équilibre. Elle ne s’est pas contentée de compatir à son triste sort ni de lui promettre qu’elle le porterait dans la prière (ce qui n’eût pas été si mal déjà). Non. Elle lui a rappelé qui il était. Elle lui a révélé son Identité-Mission. Si davantage de gens s’adressaient à nous comme à de futurs saints, certainement que la majorité de mes frères et sœurs homosexuels se prendraient davantage au sérieux et se lanceraient sur un chemin escarpé que le commun des mortels ne pourrait même pas suivre. Nous, d’habitude, nous détestons décevoir.
 

187 – Croyez-vous que la continence puisse être qualifiée de « Third Way » (Troisième Voie) ? Si je ne me marie pas et ne m’engage pas dans les ordres, ne suis-je pas en dehors des deux seuls chemins vocationnels que propose l’Église ? La continence n’est-elle pas la solution de facilité ou l’excuse cachée et catholiquement correcte pour m’enfermer encore plus dans ma tendance homosexuelle ?

En effet. Le risque que la continence devienne une planque existe (même s’il y a des planques plus « cools », entre nous). La continence est l’état transitoire de toute personne qui vit hors mariage. Ni troisième vocation – qui figurerait « en plus » ou « à la place » des deux seules vocations proposées par Dieu aux hommes, à savoir le mariage femme-homme ou le célibat pour le Royaume – ni étape désertique totalement étrangère à l’accomplissement de ces deux vocations uniques dans l’Église, on pourrait définir la continence comme le mystérieux trait d’union entre celles-ci, leur Esprit Saint. Le chemin entre deux personnes ou deux villes. La pierre d’angle d’une Trinité ecclésiale transitoire parfaite.

La continence est une abstinence non-frustrante car offerte à Dieu et aux autres : en cela, on peut dire qu’à l’instar du célibat consacré, elle est aussi un mariage, en quelque sorte, mais un mariage avec l’Humanité toute entière et la Divinité trinitaire. Néanmoins, si, parmi les trois états de vie terrestres – mariage, célibat consacré/ordonné, continence – il ne fallait choisir qu’une seule vocation qui englobe les deux autres, nous devrions prendre le mariage (au Ciel, ce sera le célibat consacré qui occupera toute la place). Car en effet, nous sommes tous appelés à nous donner entièrement à la personne aimée qui est Jésus pour ne faire qu’Un avec elle. Nous avons tous universellement vocation au mariage (chaste ou continent). Le mariage est la vocation universelle. D’ailleurs, après notre mort, nous rejoindrons tous – si nous le voulons – le banquet des noces de l’Agneau préparé par le Père qui mariera son Fils avec tous les Hommes.

C’est la raison pour laquelle, à mon sens, la continence – et qui plus est la continence homosexuelle ou la continence vécue par des divorcés remariés ou par des époux séparés ou par des célibats subis – n’a pas à être qualifiée de « Troisième Chemin » (ou « Third Way » comme la surnomment poétiquement certains). Déjà parce qu’elle n’est pas une vocation, mais juste une forme de chasteté qui s’intègrent aux deux seules vocations existantes dans l’Église, et de manière plus évidente dans le célibat consacré. D’autre part, parce qu’en la qualifiant de « Third Way » pour bien souligner (on l’aura compris) son caractère marginal, original, délaissé, alternatif, prophétique, on lui donne trop d’importance… et il y aurait même un risque/une tentative d’« essentialiser spirituellement » le désir homosexuel au point de le justifier, de laisser croire qu’on pourrait grâce à la continence se soustraire exceptionnellement aux vocations ecclésiales du mariage et du sacerdoce, et s’installer l’air de rien dans l’homosexualité. Donc attention. Même si la continence présente bien vocationnellement et religieusement parlant et semble être une solution de repli pratique (Ouf ! On a fini par trouver où caser les personnes homosexuelles dans l’Église !), elle ne doit pas être une échappatoire au mariage et au célibat consacré, ni un prétexte à se reposer sur sa tendance sexuelle ou une carrière médiatique de « témoin catho homo ». Il est nécessaire que la peur qu’est la tendance homosexuelle soit combattue. Elle n’est pas satisfaisante, elle est un inachèvement désirant, amoureux, vocationnel, contrairement au mariage et au célibat consacré qui sont des consécrations tendant à la plénitude de la Grâce.

Rien de sert, par conséquent, de mentir aux personnes homosexuelles en leur vendant une fausse (troisième) vocation, en leur laissant miroiter qu’elles passeront à côté du mariage ou de l’exigence du célibat consacré, ou bien que leur double appartenance à l’Église et à la communauté homo donnerait une équivalence sacramentelle inédite. J’insiste sur le caractère transitoire, inachevé, non-sacramentel et non-vocationnel de la continence homosexuelle. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je ne crois pas que les personnes homosexuelles ne doivent pas avoir accès aux deux vocations de l’Église, ou bien qu’elles ne puissent pas faire l’objet d’une consécration spécifique… mais celle-ci ne se fera pas en parallèle, ni au nom de leur tendance vécue dans la continence, ni de leur identité de « personnes durablement homosexuelles et continentes », mais bien en tant que hommes et femmes et en tant qu’Enfants de Dieu. Et ce ne serait pas non plus en ignorant leur tendance homosexuelle, et sans exploiter celle-ci. Tout un subtil compromis (cf. j’ai développé la question de la vocation et de la consécration spécifique dans la question n°31). À l’excellence nul n’est tenu ; mais en revanche tout le monde y est appelé, et personne n’y échappera.

 

188 – Comment arrêter la masturbation et mettre en place concrètement la continence dans ma vie de chrétien ?

Pour les Hommes de notre temps, la masturbation est un vrai problème. Parce qu’avec tout le flot d’outils que nous avons maintenant à disposition pour jouir à volonté, aussi bien visuellement que concrètement, ça devient extrêmement difficile de lutter contre. Mais à mon sens, la raison principale pour laquelle la masturbation fait de plus en plus d’adeptes aujourd’hui, hormis le développement des écrans et de l’industrie du porno qui encourage à la banalisation et à la paresse (il est facile de se cacher derrière la foule, derrière le « tout le monde le fait »), c’est l’ignorance. En toute bonne foi, les gens ne voient vraiment pas où est le mal dans la masturbation. Ils se disent que c’est une nécessité physiologique, aussi bonne et vitale que de boire, de manger ou de dormir. « L’Homme est un animal comme les autres. Y’a pas de mal à se faire du bien ! » L’hédonisme ambiant les encourage à penser que tout plaisir est forcément bon parce que plaisant… alors qu’en réalité, le diable prend souvent la forme d’un bien-être éphémère pour encore plus nous asservir et nous séduire.

Certains vont jusqu’à affirmer que ce serait une menace pour la santé que de ne pas se masturber ! Déjà, je peux vous certifier d’expérience que ce n’est pas vital puisque j’ai cessé de me masturber, et que je suis encore là pour vous écrire, et en parfaite santé. Et d’autre part, la masturbation n’est pas que de l’ordre « naturel », comme certains veulent le faire croire, ni facteur d’équilibre humain. Elle est même plutôt symptôme d’angoisse, de déséquilibres psychiques parfois importants, voire même de criminalité. Avec la pornographie et la masturbation, nous ne sommes pas du tout dans le cadre du besoin naturel qui remplit l’être humain. C’est au contraire un « besoin » qui le vide. Concrètement, il le ponctionne pas seulement de sperme mais aussi de joie. La masturbation ne remplit pas son cœur. Et pour cause ! Par la masturbation, c’est nous-même qui nous consommons et qui nous donnons du plaisir. C’est une forme d’auto-consommation, d’autoviol, quand on y réfléchit bien. Nous nous exploitons nous-même par l’intermédiaire d’images. Nous ne sommes plus dans la relation. Nous nous coupons des autres pour rentrer dans un monde de fantasmes, de virtualité vraisemblable et de violence : en général, la pornographie met en scène le viol, transforme les Hommes en poupées-qui-s’emboitent et les maltraite, ne s’occupe même pas des sentiments. Ça veut bien dire qu’il y a un problème dans la masturbation : nous nous centrons sur nous pour ne pas nous donner pleinement. Nous nous livrons à des images, à des hommes-objets ou à des femmes-objets, mais nous ne sommes pas dans la liberté et le don total de nous-même. Existentiellement parlant, la masturbation entraîne aussi un problème de gâchis de nos semences, nous conduit à la stérilité, à la fermeture à la vie. Ce n’est jamais en totale liberté et du fait que nous aimerions vraiment que nous pratiquons la masturbation. C’est toujours par défaut. Nous n’avons pas pu nous donner à la personne aimée, alors nous nous rabattons sur les images vidéo, dans une pratique fétichiste, idolâtre, compulsive, pour nous défouler. Nous nous replions sur nous-même, en fait. Nous nous contentons de notre propre corps (je ne parle même pas de la masturbation mutuelle avec un autre semblable sexué dans le cadre de la pratique homosexuelle, où là le narcissisme est décuplé), nous recherchons une décharge émotionnelle forte, pour nous faire du bien, mais parce qu’au final nous ne pouvons pas – ou nous croyons que nous ne pouvons pas – nous donner. Une fois dit cela, on comprend mieux pourquoi l’Église catholique condamne la masturbation comme un mal, voire un péché. Elle se refuse à ce que les images pornographiques nous agressent et salissent dans notre cœur (l’image de) la différence des sexes et (l’image de) Dieu. À raison, Elle ne supporte pas que nous détournions l’amour génital des époux en égoïsme matérialiste et stérile.

Si le sujet de la masturbation est aussi tabou et en même temps l’objet de beaucoup d’attention (les articles sur le thème dans mon blog sont les plus visités), c’est bien qu’il y a une misère affective énorme derrière, mais également une grande soif de libération. Le nombre de sites internet dédiés à la pornographie, sur la totalité des sites existants, c’est de l’ordre de 40%, soit plus d’un tiers du web ! C’est énorme ! Et c’est un vrai business. Il nous faut donc comprendre que le meilleur moyen de ne pas nourrir ce juteux commerce (c’est le cas de le dire !), c’est déjà de ne pas y tomber, de ne pas l’entretenir par notre regard et par notre fréquentation. Je suis persuadé que si les êtres humains ne se masturbaient plus, il n’y aurait plus de guerres dans le monde. Vraiment, je ne plaisante pas. C’est parce que l’Homme se tourne sur Lui-même et vers les objets, pour se couper de ses pairs, pour ne plus se donner et ne plus se recevoir d’eux, qu’il y a tant de conflits sur notre planète. Donc arrêter la masturbation, ce n’est pas simplement un devoir moral à la con, qui sermonnerait un « C’est pas bien ! Faut pas le faire ! ». Non. Il faut la stopper parce que profondément, elle nous rend malheureux, elle nous coupe des autres. Il y a des interactions invisibles mais tangibles entre ce que nous vivons sous notre ceinture, la manière dont nous nous traitons personnellement, le rapport à notre corps, et les conflits sociaux. Parce que nous sommes avec nous-même comme nous sommes avec les autres. Y compris quand nous essayons de créer artificiellement une rupture entre sphère publique et sphère privée. Et je vous assure qu’en nous libérant de la masturbation, en fait, nous sommes déjà dans une démarche de paix, de joie, avec nous-même et avec nos frères en humanité. Ça devient un acte politique, militant, universel.

Maintenant qu’on a vu ce qui clochait dans la masturbation et le porno, c’est bien joli, mais après, concrètement, comment arrêter ? Je vais vous fournir 10 clés – ou conseils faits maison – pour couper court à l’auto-humiliation et vivre la continence sur la durée. Ces conseils, qui valent ce qu’ils valent, je me les applique encore à moi-même.

1 – D’abord, pour ceux qui ne croient pas en Dieu et qui ne voient pas encore l’intérêt d’arrêter cette pratique-là (parce qu’ils l’ont banalisée avec le temps, et qu’ils se disent que « ça ne tue personne » : ils oublient en réalité qu’ils tuent leur âme !), je peux vous donner des petits trucs. La première chose, c’est de se convertir. C’est-à-dire de croire que Dieu nous aime et nous sauve. C’est vrai que ça aide, parce que du coup, il y a un décentrement qui se fait quasi immédiatement. Nous cessons de nous focaliser uniquement sur nous-même, sur nos petits plaisirs ou sur notre petit bien-être, donc nous n’encourageons plus en nous la masturbation. Nous nous décentrons vers un Amour qui nous aime et nous transforme.

L’autre chose, c’est qu’en arrêtant la masturbation, nous faisons l’expérience de notre volonté. Quelqu’un qui n’est pas libre de ses pulsions et qui s’y adonne n’est pas libre. Ça me fait penser à la chanson « Ma place dans le trafic » de Francis Cabrel : « Je suis un mutan, un nouvel homme, je ne possède même pas mes désirs, je me parfume aux oxydes de carbone et j’ai peur de savoir comment je vais finir. » En revanche, un être humain qui n’éteint pas toutes ses pulsions mais choisit celles qui sont les plus fécondes et les plus respectueuses à appliquer, c’est quelqu’un de libre, et qui fait office de sa volonté. Ceux qui me disent d’un ton plaintif « La continence, j’y arrive paaaas !!! J’ai essayé mais y’a rien à faire !! J’peux pas. », je ne les crois pas. Moi, j’ai arrêté parce qu’à un moment donné, j’ai voulu arrêter. Et ceux qui prétendent qu’ils ne peuvent pas, ils se sont déjà mis en tête qu’ils ne pourraient pas. Ils ont déjà décidé de ne pas pouvoir. Mais si vous ne voulez pas vous masturber, personne ne le fera à votre place. L’ordi, il ne s’allume pas tout seul. Il ne tape pas tout seul l’adresse du site ou des images chaudes que vous voulez voir. Et si votre pantalon est baissé, ce n’est pas par l’opération du Saint Esprit, ça c’est clair ! Il y a, je crois, une volonté – qui est l’exercice de notre liberté – à faire travailler, et qui fait que, si nous ne voulons pas nous masturber, eh bien nous pouvons arrêter dès maintenant et « à vie » la masturbation, même si nous étions rentrés dans une pratique régulière depuis des années. Si nous voulons, c’est dès aujourd’hui que ça peut se stopper définitivement. Moi, je n’ai jamais vu quelqu’un qui se masturbait parce qu’il ne le voulait pas. Donc si vous ne voulez plus vous masturber, ça peut s’arrêter éternellement tout de suite ! C’est dingue, hein ? Choisir dès maintenant l’éternité/la sainteté, c’est à notre portée !

2 – Un deuxième conseil pour parer aux tentations de masturbation qui démangent : regarder le Réel. Souvent, nous agissons mal quand nous rentrons dans le fantasme. Dans ces cas-là, nous quittons le Réel et les personnes, pour nous diriger vers l’imaginaire (qui est « l’autre nom du mal » comme disait Sartre). L’imagination est bonne. Mais l’imaginaire, quant à lui, n’est pas lié à la Vérité, au Réel, à l’Incarnation de Jésus. Lorsque nous sommes sur le point de commettre une bêtise ou une violence, c’est que nous avons déjà fait une incursion dans le fantasme, dans l’irréalité. Alors si vous êtes tentés de craquer à propos de la masturbation, fixez longuement vos mains pour qu’elles vous ramènent à votre présent. Vous voyez, là, au moment où je vous écris, je suis dans le Réel. Et plus en conscience je réalise que je suis dans le Réel, plus je demeure dans l’Amour… et moins je rentre dans le fantasme pornographique. C’est quand je me coupe du monde extérieur, que je ne suis plus au service des autres, que je m’ennuie ou je suis fatigué, que pour le coup je suis tenté d’aller me réfugier dans des paradis artificiels où je deviens violent. Donc si vous ne croyez pas en Dieu, croyez au moins au pouvoir (de perception) du Réel. Le Réel, c’est ce que je vois, ce que je sens. Regardez vos mains et dites-vous : « Attends… là, si j’ai une tentation, c’est que je suis en train de quitter la terre, de me quitter moi-même. Alors il faut que je me resaisisse. Moi, j’aime le Réel ! Donc je n’ai pas besoin de m’évader dans l’alcool, dans le virtuel, dans des choses qui ne me nourrissent pas vraiment, qui m’éloignent de moi-même et de la vraie Vie, qui finalement me privent de ma liberté profonde ! » Et vous constaterez que l’effort de revenir à sa conscience d’exister, d’« être-au-monde », c’est puissant et déjà très efficient.

3 – La troisième clé que je peux vous proposer pour arrêter définitivement la masturbation et le porno, c’est la méthode trash : se couper le bras ou s’arracher l’œil (dans le sens figuré, je vous rassure… et pourtant, déjà très littéral et concret de la Bible : « Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ! Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le ! », Marc 9). En gros, cela revient ni plus ni moins à avoir l’audace de fermer les yeux quand la scène chaude d’un film arrive, ou quand le clic de l’icône internet d’un lien érotique nous attire. Détournons le regard. Et comme en général tout extrait porno est détectable à des kilomètres, arrive avec d’énormes sabots, nous risquons très peu d’être pris au dépourvu ! Il nous est facile d’anticiper. Donc usons et abusons de la fonction « switch off » de notre nerf optique ! Cette action est anodine et intime (donc parfois coûteuse), mais ô combien probante si nous nous auto-disciplinons !

4 – Quatrième clé : Ne plus négocier avec soi-même. Savoir se dire clairement « NON », sans revenir dessus. C’est une incroyable expérience de sa petite Liberté. Mais encore faut-il l’oser ! Je reconnais que c’est cette action qui m’épargne le plus de fatigue et de dilemme concernant le porno, franchement. Quand on me dit que je suis courageux d’avoir arrêté la masturbation depuis 2011, je souris. Car ce qui était coûteux, c’était d’essayer d’arrêter sans s’en donner vraiment les moyens. Arrêter « tout court », ce n’est ni fatigant ni courageux. Au contraire, c’est le début du vrai repos, du « joug léger » annoncé par le Seigneur. Bien souvent, nous tombons et nous faisons le mal de la masturbation simplement parce que nous avons grillé/négligé les étapes préliminaires qui nous ont conduit ensuite à nous retrouver le pantalon baissé devant notre écran ou notre bidet, à sortir notre carte bancaire au vendeur du sex-shop, à payer notre place au sauna. Nous avons joué les faux naïfs, en tournant autour du pot, alors que c’était déjà là (au « tournage de pot ») qu’il fallait se prendre en main et se dire clairement « non » à nous-même. Au lieu de s’attaquer au précipice (l’acte ultime du péché) pour mieux justifier notre découragement et notre démobilisation, c’est déjà les premières marches de l’escalator qui nous y conduit qu’il faut refuser. Car là, nous avons encore une marge de manœuvre, un peu de force pour nous opposer. Après, une fois confronté à la tentation visible, c’est plus difficile de résister. Au fond, nous savons tous quand nous commençons à faiblir, à devenir complice de notre mal intérieur. Et comme me le faisait remarquer un jour un ami prêtre (concernant le fait de parvenir à ne pas coucher avec une personne qui nous attire), il est plus facile de dire « non » en bas de l’immeuble qu’au seuil de la porte de l’appart’. Pareil pour la masturbation : il est plus facile de s’opposer à soi-même sur les étapes antérieures à la masturbation que juste au moment de passer à l’acte.

5 – Cinquième clé : L’évangélisation. Le fait que j’aie rendu public l’arrêt de la masturbation et que j’aie dévoilé son sens en Christ m’a énormément responsabilisé et aidé à tenir parole. Car je ne suis jamais continent pour moi-même. La continence ne m’a jamais appartenu. Elle est un don autant qu’un appel et une expérience collective, fraternelle. La pureté n’engage jamais uniquement notre seule personne ; elle n’existe que d’être éprouvée et partagée avec celle de nos autres frères homosexuels et/ou célibataires et/ou mariés. Je dois le reconnaître. Autant l’exhibitionnisme de sa pratique génitale ne fait avancer personne (je ne suis pas partisan des chantres de la « communication » qui pensent qu’« en parler » libère nécessairement), autant le don de son combat pour la chasteté et le don de sa fragilité aux autres et à Dieu sans la pratiquer, c’est la vraie libération. J’ai remarqué que si je retombais dans la masturbation, je n’avais plus la force de dire que j’avais arrêté, je n’avais pas l’aplomb de mentir. Sur un terrain aussi honteux que celui de la masturbation, sur le terrain si audacieux de l’arrêt de la masturbation, soit on FAIT et la parole est libérée, soit on NE FAIT PAS et la parole est morte. C’est quasi systématique. Le témoignage oral – pendant laïc de la prière pour le moine cloîtré – constitue un élément indispensable à la durabilité d’un engagement dans la continence.

J’ai découvert vis à vis de la masturbation le pouvoir de la Parole (et donc de l’évangélisation). Parce que c’est une pratique tellement humiliante, que ne peuvent en parler que ceux qui ont arrêté. C’est du vécu : quand je recommence à retomber, je n’ai plus envie de parler de ça. Vous-mêmes, imaginez que quelqu’un rentre dans votre chambre en vous découvrant dans le feu de l’action ! ou bien que votre mère tombe sur votre historique de navigation internet ! C’est le déshonneur suprême. Pas simplement parce que vous seriez vu dans un geste intime, mais bien parce qu’on vous surprendrait dans votre irrespect de vous-même, dans votre bestialité la plus dégradante. Tandis que lorsque nous sommes capables de nous dominer nous-même, y compris et surtout sur ce terrain-là de la masturbation, nous changeons le monde, et nous faisons de grandes œuvres éternelles. Parce que nous n’avons quasiment plus rien à cacher ! Parce que nous avons prouvé le plus grand respect qui soit sur terre : le respect de soi-même (qui traduit au fond le respect pour Dieu et pour autrui). Celui qui a contrôlé la masturbation, c’est l’Homme libre. Cet homme qui n’exploitera pas les autres non plus. Parce qu’il ne s’exploite déjà pas lui-même, dans son intimité. Donc quelle grande liberté ! Moi, je témoigne que parler de masturbation, c’est déjà arrêter la masturbation, en fait ! C’est déjà en avoir fini avec elle. D’ailleurs, les mots que j’écris maintenant prouvent que j’ai arrêté et ne m’aident qu’à poursuivre énergiquement mon engagement. Sinon, je ne pourrais même pas les penser et les écrire. Je le sais très bien. Et Dieu aussi le sait.

J’aimerais vous citer ce bel extrait de la lettre de saint Paul aux Éphésiens, qui parle de l’efficacité implacable de l’évangélisation au cœur de notre hygiène sexuelle, du pouvoir de la nomination du mal et du Bien pour sortir du mal : « Ne vous associez pas aux œuvres stériles des ténèbres ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens font en secret, on a honte même d’en parler ; mais tout ce qui est démasqué, est manifesté par la lumière, car tout ce qui est manifesté EST lumière. » (Éphésiens 5, 8-14) Le Verbe s’est fait chair ! Donc si vous, vous arrivez à parler de masturbation, c’est que déjà vous en êtes sortis ! Et quand vous commencez à ne plus pouvoir en parler, c’est que vous êtes déjà retombés. Donc profitez de la Parole que Dieu nous a donnée ! Profitez du Réel qui vous conduit à vous-même, à accepter ce que vous vivez ! Et usez du Verbe. Du Verbe de Dieu, c’est encore mieux, par la prière. Usez du Verbe ! Parce que Lui, en fait, Il est Lumière. Il éclaire ce que vous faites, ce que vous vivez.

6 – Sixième conseil : Arrêter de donner trop d’importance à ses actes mauvais et au mal. Ce n’est quand même pas eux qui nous définissent entièrement, qui remettent en cause notre dignité humano-divine et l’Amour de Jésus pour nous, ni eux qui ont gagné, que je sache ! Il vaut mieux ne pas faire de fixette sur la masturbation, car cela reviendrait quasiment à la justifier. Jésus, pendant ses tentations au désert, se contente de demander au diable de décliner son identité, puis ensuite, Il ne lui accorde plus d’attention. Il ne l’ignore pas non plus, mais il ne le surévalue pas. Nous devons donc adopter la même attitude vis-à-vis de la masturbation, en sachant cependant que la taire n’est pas la solution. Le mal veut être invisible, et il a gagné quand nous croyons qu’il n’existe pas. Donc la première chose à faire pour sortir du mal, c’est déjà de le nommer : tache que Dieu confie à Adam avec le serpent, d’ailleurs. La verbalisation n’est pas la sortie complète du mal, mais c’est une manière de ne plus le laisser insignifiant et actif dans notre vie.

7 – Septième porte de sortie : S’efforcer de pratiquer la prière-oraison, à savoir le cœur-à-cœur gratuit avec Jésus et Marie. C’est elle qui, seule, peut nous faire découvrir que nous avons une Vie intérieure, une vraie liberté, que nous abritons le Prince de la Paix dans notre cœur. Si nous ne prenons pas le temps de nous poser et de mesurer que notre corps est sacré, qu’il est réceptacle de Jésus, qu’il abrite une V.I.P., c’est évident que nous allons le maltraiter dans la jouissance égocentrique, l’auto-consommation, la stimulation forcée. La méthode radicale que m’a donnée un prêtre, c’est, quand nous sommes tenté par la masturbation ou la pornographie, de nous mettre à genoux et de prier dix « Je vous salue Marie ». Et là normalement, la sainte Vierge, elle est suffisamment costaude pour couper tout ça.

Et puis si vous êtes convertis et croyez en Dieu, vous avez, en plus de la prière, la possibilité de recourir aux sacrements réguliers de l’Église, adminitrés par les prêtres catholiques : la Communion Eucharistique, la Confession (qui neutralise les péchés)… même si il nous faut veiller à ce que le Sacrement de Réconciliation ne devienne pas une « confession-médicament ». Tout comme les anti-biotiques, ce n’est pas automatique. Autrement dit, la confession ne doit pas être le médicament qu’on prend après s’être excusé d’être tombé. Il vaut mieux choisir de ne pas tomber, s’y tenir, et ne pas user du médicament qui aurait réparé/soulagé notre chute, plutôt que de se justifier de tomber en sachant qu’après on sera récupéré par la confession.

Moi, je vous le dis franchement, ce qui m’a libéré de la masturbation, c’est l’amour de l’Église. Parce que quand nous aimons l’Église, nous rentrons dans une obéissance, une humilité, qui nous permet de nous réconcilier aussi avec ce qu’Elle nous demande, nous comprenons mieux qu’Elle ne nous ordonne pas des choses pour restreindre notre liberté, mais au contraire qu’Elle désire notre vraie joie, notre vraie liberté. Cela dit, je me rends compte avec le recul que, dans mon livre L’homosexualité en Vérité que j’ai écrit en septembre 2012, j’ai été un peu rapide à déclarer que les sacrements de l’Église catholique n’étaient pas dans ma vie ce qui m’avaient aidé en priorité à arrêter la masturbation, comparé à « mon amour de l’Église-Institution ». Maintenant que j’ai la possibilité et la volonté de recevoir l’Eucharistie chaque jour en allant à la messe, force est de constater que l’action du Pain-Jésus décuple considérablement en moi la fidélité à la continence. C’est physique, si vous voulez. La potion magique d’Astérix… mais pour les cathos, et en plus vrai ! Il est indéniable que la réception régulière des sacrements de l’Église catholique construit et consolide la continence, l’arrêt complet de la masturbation. Je le vois. Je le vis.

8 – Huitième clé pour arrêter la masturbation : Admettre d’une part que nous sommes tous sans exception abstinents, qu’on le veuille ou non (même l’homme marié, il ne passe pas son temps à coucher avec sa femme : à un moment donné, il arrête ! ; après, il y a ceux qui subissent cette abstinence, et qui s’appellent les libertins ET les frustrés, et puis il y a ceux qui la choisissent et qui y mettent de la liberté, et qui s’appellent les continents – s’ils sont religieux ou personnes durablement homos – ou les chastes – s’ils sont mariés dans la différence des sexes ; la continence n’est donc pas un exploit surhumain, une bizarrerie, un choix insurmontable et irréalisable : c’est juste notre condition humaine du bonheur en matière de sexualité) ; comprendre d’autre part que la continence n’est pas la mère de la frustration, ni l’ennemie du plaisir, mais au contraire LA condition du plaisir (Par exemple, le vrai amateur de chocolat, ce sera celui qui saura ne pas s’en goinfrer à s’en rendre malade). Nous ne goûterons au vrai plaisir de la génitalité que si nous savons nous en priver de temps en temps et en choisir le meilleur usage.

9 – Neuvième clé : En général, la tentation de masturbation arrive quand existentiellement nous nous emmerdons et que nous n’osons pas nous avouer que nous souffrons de ne pas avoir trouvé notre grand projet d’Amour (ou pire, que nous ne sommes pas comblés en couple). Alors, je serais tenté de dire : « T’es pas content ? Et bien CHANGE DE VIE ! (… au lieu de t’astiquer le gland/le clito !) » Des fois, cette décision de changement radical de vie peut prendre les grands moyens. Mais le mieux, c’est quand elle se fait sans grands changements apparents. Nous avons toujours le même boulot, les mêmes activités, la même famille, les mêmes collègues, les mêmes amis. Nous avons juste réussi à nous maîtriser dans l’intimité de notre chambre… puis, tout d’un coup, nous nous rendons compte que notre manière de vivre cette même vie d’avant et de regarder les autres a changé du tout au tout. En douceur et en liberté. Ça, c’est déjà le vrai miracle originel.

10 – Dizième et dernière recommandation : Appliquer à soi-même le premier commandement christique « Aime ton prochain COMME TOI-MÊME » (Mc 12, 31). Ce ne sont pas des mots en l’air. Si nous pensons que l’arrêt de la masturbation ne tient qu’aux preuves d’amour verbales que nous formulons à Jésus (prières, chants, sacrifices, confessions, expositions au Saint Sacrement, promesses répétées, supplications, etc.), nous nous foutons le doigt dans l’œil. Jésus, je le sais, nous dit : « C’est bien beau de m’aimer en parole. Je ne doute absolument pas de ton amour pour moi. Ce dont je doute, c’est de l’amour que tu te portes à toi-même ! » J’ai compris, en arrêtant la masturbation, que mon problème d’avant l’arrêt définitif ne venait pas de l’amour apparent que je formulais à Jésus, mais bien de mon manque d’amour de moi-même (qui finalement se reportait, par ricochet, sur la qualité de mon amour pour Jésus). Quand ma voix intérieure m’a dit : « Jésus se fout que tu L’aimes si tu ne t’aimes pas toi-même ! », ma comédie s’est terminée. Le véritable ami de Jésus, ce n’est pas celui qui connaît par cœur Ses préceptes, qui sait qu’il doit les mettre en pratique, et qui crie (tout en s’enfonçant dans la mer, au moment de pécher) « Seigneur, sauve-moi !!! ». C’est bien celui qui applique sans bruit Ses commandements et qui s’aime concrètement lui-même. « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » (Jn 14, 15-21)
 

189 – Qu’apporte l’arrêt de la masturbation ?

Si jamais les dix méthodes que je viens de vous exposer fonctionnent, vous verrez que malgré tout, les tentations perdureront (et que vous continuerez de trouver les mecs beaux, si vous êtes un homme à tendance homo ; ou les nanas « canons », si vous êtes une femme attirée par les femmes). Notre liberté restera là, inaliénable. La vraie confiance implique les risques. Cependant, si vous appliquez vraiment ce que je vous conseille, vous constaterez que, alors que votre quotidien n’aura pas radicalement changé, votre horizon (amical, professionnel, artistique, intellectuel, familial, spirituel) va pourtant s’ouvrir considérablement. Un truc de fou ! Vous gagnerez en joie et en liberté. Les gens vous feront – sans raison – beaucoup plus confiance… alors qu’ils ne sauront rien de ce que vous avez décidé de vivre dans votre intimité sexuelle (ils n’ont pas mis de caméras dans votre chambre !). Mystère des ponts entre le monde visible et le Monde invisible. Vous comprendrez que vous pouvez changer le monde depuis votre chambre. Si si, absolument ! Ça arrivera même aux oreilles du Vatican (… alors que vous n’avez rien fait d’extraordinaire et que vous continuez d’écouter les Spice Girls…) ! Et puis si vous devenez un champion de la continence, vous aurez en plus le privilège et la bonne surprise de découvrir que même la vue d’images érotiques ou pornographiques ne vous ébranle plus autant qu’avant, ne vous excite plus au point de vous donner envie de vous masturber. Vous ferez l’expérience d’une vraie libération durable ! d’une vraie joie ! Alors n’attendez plus, et commencez tout de suite. C’est MAINTENANT le moment favorable. Heureux le serviteur du Seigneur qui sera impeccable et surpris en train de veiller le jour où son Maître arrivera !

La masturbation, c’est un sujet (et une pratique) tellement avilissant, tellement souffrant, que c’est objectivement difficile d’en parler. Mais le plus formidable, c’est qu’à l’inverse, c’est encore plus fortement libérant quand on en parle sans la pratiquer ! Donc moi, je témoigne surtout de ce signe de contradiction là ! Ce n’est pas un discours moralisant ni théorique que je tiens. Je ne vous dis pas « Arrêtez la masturbation parce que c’est pas bien » ou parce qu’on m’aurait demander de le faire. Je vous dis « Arrêtez justement parce que c’est GÉNIAL d’arrêter ! » C’est génial d’être libre, d’avoir une volonté qui tient la route ! de ne pas être la marionnette de ses pulsions et de ses sentiments ! et de savoir se maîtriser ! La continence, ça va bien au-delà du simple self control froid, sec, frustrant. Elle est un moyen de gagner du temps et des amis, de mieux nous donner, de mieux nous libérer de ces cochonneries d’images pornographiques à la noix qui petit-à-petit grognotent notre joie, grignotent notre âme, et nous empêchent d’aimer, tout simplement.

C’est vrai que d’arrêter la masturbation, en apparence, ça n’a l’air de rien, ça semble un détail dans une vie, ça paraît être la privation d’un « petit vice de deux minutes et après on reprend sa vie sociale normale ». Mais la continence, en plus de constituer une belle victoire sur nous-même, libère en nous une force, une liberté, une joie, une parole insoupçonnées, y compris aux yeux de celui qui la vit. Sans explication rationnelle, l’arrêt de la masturbation nous rend plus fort avec les autres, dans le regard qu’ils nous portent. Alors que nous ne leur avons rien demandé et rien prouvé, ils nous font davantage confiance. C’est quoi ce sketch ? Seigneur, est-ce une Caméra cachée ? Et nous, nous avons davantage envie d’être vrai avec eux. C’est quand nous commençons à nous éloigner de l’Église et de ce qu’Elle nous demande, qu’en fait nous nous affadissons, nous sommes malheureux comme les pierres, nous devenons des clowns tristes, nous nous isolons et nous n’avons plus envie d’être joyeux.

Il nous a été peut-être dit en blague que la masturbation rendait sourd. Mais je crois que c’est absolument vrai ! Quand nous nous masturbons, nous n’entendons plus les paroles de Vérité, les appels de l’Esprit Saint, nous fermons notre cœur à la Bible et à Jésus. C’est radical. La masturbation rend indifférent autant qu’hystérique. Mais quand nous arrêtons cette pratique, c’est comme si nous avions magiquement les oreilles qui se débouchaient ! Nous recevons de Jésus un nouvel appareil auditif !

Enfin, je dirai à tout volontaire de la continence ceci : « Si tu veux garder l’usage de ta parole, de ton cœur, de ta raison, et de ta joie de vivre, tu n’as pas 36 000 solutions. Tu es appelé à vivre la continence. Et au cas où tu serais homosexuel durable, ce n’est même pas optionnel ! »

 

190 – Quelle est la différence entre la chasteté, l’abstinence et la continence ?

Le langage courant, c’est vrai, ne nous aide pas à les démêler tous les trois. Souvent, la continence est entendue par les personnes athées comme « l’incontinence » (= le fait de ne pas pouvoir se retenir de faire pipi), et par la plupart des catholiques comme « l’abstinence » (il ne voit pas la dimension de don et sexuelle de la continence). Ou encore le mot « chasteté » est interprété par les personnes athées comme le « no sex » ou « l’absence d’amour » qu’elle n’est pas, et par certains cathos gays friendly voire carrément par des cathos homos comme « une autorisation exceptionnelle à former un couple », ou bien par la plupart des catholiques comme « l’absence de rapports sexuels », « le célibat », « l’abstinence » ou « la continence » qu’elle n’est pas. Ils sont influencés, concernant le dernier amalgame, par les expressions « vœu de chasteté » ou « ceinture de chasteté », associant la chasteté à la continence demandée aux prêtres, aux moines et aux moniales… et il est vrai que les deux termes sont très proches : l’un (= la chasteté) est la vertu, l’autre (= la continence) l’une des formes (la plus radicale peut-être) de cette vertu. Le mariage religieux et le célibat consacré étant, quant à eux, les états de vie vocationnels pour vivre pleinement la vertu de chasteté.

Alors prenons chacun des trois mots « chasteté », « continence », « abstinence » un par un pour essayer de leur donner une définition un peu plus claire. Alors voici, à mon avis, ce qui peut être dit :

1) La chasteté, c’est la vertu universelle à laquelle tout le monde est appelé dans ses relations, quel que soit notre état de vie (célibataire ou marié). On pourrait la définir comme la juste distance qui permet d’être en relation avec les autres et d’échapper à la fusion mortifère (inceste). Elle est un don de Dieu. Elle est Jésus. Et si nous, nous ne sommes pas encore en Jésus, seuls le mariage religieux monogame d’amour éternel et le célibat continent consacré à l’Église catholique répondent concrètement et terrestrement à l’exigence de chasteté. Néanmoins, le mariage et le célibat en soi ne suffisent pas pour vivre la chasteté : ils ne deviennent les cadres privilégiés de l’expérience de la chasteté que s’ils sont couronnés d’amour christique. Car malheureusement il arrive qu’on soit marié et non chaste (y compris sans aller voir nécessairement ailleurs ; y compris en étant marié religieusement) ou qu’on soit célibataire et non chaste (ça s’appelle le libertinage). Il n’y a que la liberté et l’engagement entier au Christ qui rendent chastes les deux états de vie que sont le mariage et célibat.

2) L’abstinence, c’est neutre (à l’instar de la tolérance !). Tout dépend de quoi on s’abstient, pour quelle raison, et à qui on décide d’offrir son renoncement. Elle n’est pas toujours liée à un choix ni à la noblesse du Christ, donc elle n’est pas à prôner comme un chemin de vie et d’épanouissant don entier de sa personne. Elle peut même être une maladie ou un vice : par exemple, certaines personnes s’abstiennent par avarice, lâcheté, collaboration, censure, anorexie, goût du paraître, peur, indifférence, piété désincarnée, etc. Par conséquent, il ne sera jamais possible de faire « vœu d’abstinence », pour la bonne et simple raison qu’il n’y a pas systématiquement de volonté et de liberté dans l’abstinence. Seule la chasteté ou la continence peuvent faire l’objet de vœux (religieux). Tout comme il est impossible d’être continent sans être chaste. Ou alors, c’est qu’on est juste abstinent… et qu’on se ment à soi-même et aux autres en se prétendant « continent ».

3) La continence, c’est la forme terrestre la plus parfaite de la chasteté des personnes seules, qu’elles aient choisi cette solitude ou que les événements de la vie les aient rendu durablement seules. Et pas seulement ça : c’est même une forme (la forme du célibat consacré) plus parfaite que le couple marié. Ce n’est pas moi qui l’affirme : c’est saint Paul (1 Co 7, 6-9). « Ce que je vous dis là n’est pas un ordre, mais une concession. En réalité, je préférerais que tout le monde soit célibataire comme moi ; mais chacun a le don particulier que Dieu lui a accordé, l’un ce don-ci, l’autre ce don-là. Voici ce que je déclare aux célibataires et aux veuves : il serait bon pour vous que vous continuiez à vivre seuls, comme moi. Mais si vous ne pouvez pas vous maîtriser, mariez-vous : il vaut mieux se marier que de brûler de désir. » La continence est une abstinence choisie librement – donc pas une abstinence, en fait – et vécue uniquement par les célibataires consacrés (ordonnés ou pas), même si dans le mariage femme-homme aimant les époux peuvent connaître épisodiquement des phases de continence. Néanmoins, les couples femme-homme mariés ne sont pas appelés à la continence absolue : les formes de leur chasteté ne leur font pas pour autant renoncer à l’affectivité, à la sentimentalité, à la génitalité, à la procréation… contrairement à la continence des célibataires consacrés (dans le sacerdoce ou par des vœux non-sacramentaux), plus ardue et radicale par certains aspects.
 

191 – Qu’apportent le célibat continent et le renoncement à toute drague ?

Le célibat continent apporte le repos, la liberté, la fraternité, la joie de l’apostolat, la paix, le temps. Il est une expérience de la présence de Jésus en soi. Il est aussi une connaissance pleine de la sexualité. Contrairement à ce que beaucoup de gens enchaînés à leurs pulsions peuvent en croire, la continence n’est pas un étouffement de la sexualité d’être une renonciation à la génitalité, au couple et à la sentimentalité amoureuse. La sexualité, au sens large, c’est aussi la sexuation, l’identité humaine, le rapport au monde en tant qu’être sexué. Elle renvoie à toutes les dimensions de notre vie, y compris celles qui ne sont ni génitales ni sentimentales ni tactiles. La continence, en tant qu’elle est don entier de toute notre personne unique sexuée, constitue aussi une expérience vivifiante de la sexualité. Elle ne refoule absolument pas la sexualité. Elle la recycle autrement que par le couple humain ou le coït ou la tendresse conjugale. Elle se vit par l’amitié, l’engagement social, le service, l’artistique, la politique, la prière, etc. C’est en ce sens qu’on peut tout à fait dire que les prêtres connaissent très bien la sexualité (ce ne sont pas des anges ou de purs esprits) et sont absolument habilités à en parler. C’est aussi en ce sens qu’on peut affirmer avec assurance que les personnes durablement homosexuelles et continentes restent « homosexuelles » et n’ont absolument pas renoncé à leur identité profonde, à l’amour, à la sexualité, ni même à leur homosexualité, en refusant la pratique sensuelle et génitale homosexuelle. Au contraire : en étant continentes, elles font une plus grande expérience de la sexualité qu’en s’adonnant à la génitalité et à l’affectivité homosexuelles qui, parce qu’elles éjectent la différence des sexes, ne sont finalement pas de la sexualité. Je rejoins tout à fait Fabrice Hadjadj quand il déclare que l’homosexualité est une « sexualité sans sexualité ».
 

192 – Je suis habituellement un chaud lapin, très câlin et tactile, gros consommateur de porno et de tendresse. La continence, n’est-ce pas fait uniquement pour les athlètes qui ont déjà de l’entraînement et des prédispositions pour l’ascèse, mais pas pour des gars comme moi ? N’y a-t-il pas des « natures » continentes ?

La continence (tout comme la sainteté) n’est pas une nature ou un état, mais un don divin. Donc tout le monde peut la porter. Y compris les plus fragiles, les plus stupides, les plus fous/folles et les plus excités (… du gland, du clito, des seins, des muscles, des poils). La continence, j’irai même jusqu’à dire que c’est LE chemin taillé sur mesure pour les chauds lapins ! Tu es chaud lapin ? Rentre en priorité ! Il y a moins de chemin entre un libertin paresseux et un moine qu’entre un catho tradi engagé et un moine.

Ne croyez pas que pour vivre la continence (l’abstinence sexuelle pour Jésus), il faille être de nature spécialement posée, rangée, équilibrée, ou avoir un ‘self control’ hors du commun, un appel spécial à l’ascétisme. Plutôt le contraire ! Il faut être une pile électrique qui a une forte libido ! Regardez-moi, par exemple : je me connais assez pour savoir que je suis un grand charnel, un grand tactile, un grand émotif, un grand sensoriel, un grand sexuel, un grand câlin, un grand gourmand au niveau génital, quelqu’un qui adore serrer dans ses bras, qui a adoré embrasser sur la bouche et ‘coucher’. Bref : j’ai tout de la bête de sexe romantique. Et voyez ce que je vis aujourd’hui, sans douleur et sans frustration. Je crois même que le fait d’avoir un fort appétit sexuel et sensoriel s’agence encore mieux avec l’abstinence génitale. Car qui peut le plus peut le moins. Qui a l’énergie de l’inutile ou du pire a aussi l’énergie de s’imposer le meilleur. Pourquoi n’envisager la forte énergie que comme un éclatement et une perdition, quand pourtant elle peut être, si elle est canalisée, la ‘faiblesse qui devient force’, l’écharde d’un saint Paul, LE moteur de la locomotive « CONTINENCE » ?

J’en suis de plus en plus convaincu : le partouzeur est celui qui a vraiment raté sa vocation de moine parce qu’en réalité il a le plus de prédispositions pour être continent (il se venge juste temporairement de lui-même et du gâchis de ses talents dans la débauche). J’en suis la preuve vivante. Et je rencontre de plus en plus d’ex-drogués qui rentrent dans des monastères et dont la boulimie de stupéfiants n’était que l’expression inversée (l’envers) de leur vocation religieuse. La continence est accessible à beaucoup plus de personnes qu’on ne croit, a fortiori quand vous n’êtes pas un enfant de chœur, en odeur de sainteté dans vos actes amoureux, et que vous vous dites que jamais vous ne pourriez vous passer du cul. Il faut se méfier de l’eau qui gicle. Dans un beau vase, elle se montre limpide.
 

193 – Pourquoi certains cathos homosexuels n’arrivent pas à décrocher des plans cul ?

Il y a beaucoup de raisons. Les plus évidentes, c’est la paresse, l’orgueil et une désobéissance « assumée » de l’Église qu’ils fréquentent comme une religion à la carte, c’est-à-dire très occasionnellement. Je ne m’attarderai pas sur le cas de ces croyants de mauvaise foi, car ils sont peu nombreux et ne sont pas assez masos pour se voir régulièrement reflété leur péché par la réception des sacrements et la messe dominicale régulière.

Plus subtile est la désobéissance de ceux qui croient obéir à l’Église en Lui désobéissant. Vous avez bien lu, si si. Et c’est possible ! Pour comprendre ce paradoxe, je vais étayer les trois mécanismes intentionnels – ou mentaux – qui y conduisent. D’abord, une personne catholique pratiquante en vient à devenir libertine et homosexuellement pratiquante, par ignorance, naïveté Bisounours, incompréhension de l’Enseignement de l’Église, et relativisme sentimentaliste qui simplifie le message du Christ : « On peut faire ce qu’on veut : Dieu est là pour nous pardonner. Il n’est qu’Amour. Donc à chaque fois que je fais l’amour, même avec une personne de mon sexe, à chaque fois que je suis fidèle et respectueux avec elle, j’honore donc le Dieu des exclus… de l’Église officielle ! ». A priori, partant de ce postulat sucré que le mot « Amour » justifierait tout, ça se tient ! Ils font comme beaucoup de nos contemporains : ils confondent Amour et affection. Ils dissocient pardon et Vérité. Ils évacuent la Croix concrète du Christ (croix qu’ils ne portent qu’en pendentif sur leur torse épilé). Et du coup, ils se sentent « complètement perdus ». À leur décharge, je trouve qu’il y a peu de frères catholiques qui les aident à comprendre que le message christique n’est pas aussi simpliste !

Plus bluffants encore sont les libertins homosexuels « catholiques » qui semblent être les rois du self control, les experts sourcilleux en théologie morale, mais qui tombent dans les travers qu’ils dénoncent verbalement et intellectuellement avec véhémence sous prétexte qu’ils les « connaissent ». Ceux-là désobéissent à l’Église par excès de zèle, par une obéissance trop rigide et scolaire, à cause d’un volontarisme crispé sur le « devoir moral » (= le « permis » et le « défendu ») et non basé sur l’obéissance par amour du Christ et avec une vraie conscience/liberté du beau sens de l’abnégation. Forcément, sans la relation d’Amour au Christ, qui est la force même qui nous permet de tenir notre promesse de continence sur la durée, le sens du « devoir » s’écroule dans les faits ! Certains cathos homos ont un rapport tellement marchand (donnant-donnant) à Jésus-Christ, tellement intentionnel/fantasmé, ou sèchement sacrificiel, qu’ils se servent de la somme scrupuleusement comptabilisée des « efforts » et des « peines » que leur aurait coûtée l’abstinence, pour ensuite se venger de Jésus en Lui faisant payer le prix fort de son soi-disant « sadisme à demander l’impossible » et de sa soi-disant « absence », le prix fort aussi de leur soi-disant « retenue » : l’abandon corporel et sentimental à la débauche la plus totale !

Enfin, ce qui fait qu’un « bon catho » soit capable d’enchaîner les « plans cul » homosexuels, c’est, je crois, son absence d’amour de sa fragilité et de sa tendance homosexuelle. Comme j’ai pu le constater chez bon nombre d’amis homos croyants qui alternent les phases de « bonne résolution d’abstinence » avec les phases de « craquage complet » (saunas, plans sexe anonymes, sites de rencontres, porno, etc.), c’est qu’ils tombent dans une addiction schizophrène à la génitalité homosexuelle pour une seule raison : par homophobie (à l’égard des autres personnes homos, du « milieu gay », mais également de leurs propres actes homos). Ils sont tellement dégoûtés ou blasés des actes sentimentaux ou/et génitaux clandestins qu’ils posent, qu’ils finissent par se persuader qu’« ils ne les posent pas vraiment (…comme les autres) » quand ils les posent quand même ! Ils pensent que, parce qu’ils ne veulent pas prendre leurs agissements débauchés au sérieux, ils n’y mettent finalement rien (… de grave). « Je suis homme et Enfant de Dieu. Je ne suis pas vraiment homo. Et il est hors de question que je sois en couple stable. Donc ce que je fais génitalement et sentimentalement parlant n’aura que la valeur que Dieu y mettra et n’aura que le poids de mon implication affective/spirituelle. Si je suis détaché de ce que je fais et que je n’y crois pas, Dieu le sera également, mon péché sera amoindri, et donc tolérable ! Et par conséquent, je m’autorise à me lâcher ponctuellement ! » Cette homophobie qui les entraîne à la chute est sous-tendue par l’orgueil de se croire au-dessus – ou en-dessous, finalement – du lot « des gays normaux, incultes et incroyants ». Elle est particulièrement répandue chez les catholiques homosexuels, plus tentés que les autres d’envisager la pratique religieuse comme un « style de vie » qui les cultive et les sauve de la médiocrité. Plus fondamentalement, cette homophobie, qui s’affiche comme une carcasse de suffisance conquérante, montre combien la plupart des personnes homosexuelles catholiques se détestent elles-mêmes, se maltraitent et n’ont pas confiance en elles.
 

194 – Qu’est-ce qui atténue l’attraction homosexuelle quand on est catho ?

Je crois que ce sont l’amitié, la foi et la continence. Moins on mange, moins on a faim. Plus on a des vrais amis, moins on pense à coucher avec. Plus on accueille Jésus dans sa vie par les sacrements et par sa Parole, plus on se décentre de soi et de ses trop-semblables, pour s’orienter vers les autres et la différence des sexes. Plus on est joyeux, moins on est gay.

Je ne suis pas surpris que le père Daniel Ange ait décrit le porno comme « l’autoroute vers l’homosexualité » C’est l’égoïsme, la peur de soi et des autres, les complexes, le repli sur soi, le manque de confiance et d’amis, la jalousie, la dévalorisation de soi, le narcissisme, qui conduisent à l’homosexualité. Ce n’est absolument pas l’amour de la différence, comme on nous le fait croire socialement.

 

195 – Avez-vous conscience qu’en donnant une image négative de la pratique homosexuelle, certains de vos détracteurs vont faire courir le bruit que vous encouragez les personnes cathos homos à se frustrer, à vous croire (car vous les achetez par la foi), voire même à se suicider ?

homophobie
 

En toute honnêteté, des gars cathos qui m’ont dit que s’ils n’avaient pas connu mon existence ils se seraient livrés au pire, je n’en connais aucun. On pourra toujours me rétorquer que c’est normal parce qu’ils se sont suicidés avant de pouvoir me répondre ! et que leur silence ou apparente absence est la preuve même qu’ils se sont suicidés et que je provoque les suicides ! Alors c’est la fin du débat…

Moi, je crois que ce sont plutôt ceux qui s’obstinent à peindre en rose une relation homosexuelle qui, sans être complètement noire, est très limitée, compliquée et insatisfaisante, qui enfoncent les esprits jeunes, fragiles, romantiques et naïfs dans la dépression, la déception, la mélancolie, et parfois même le suicide. Refléter une image négative de l’homosexualité, non parce qu’on l’aurait inventée, mais parce qu’elle se base sur des souffrances et des violences réelles, c’est véritablement faire preuve de la plus grande humanité, amitié et lutte contre l’homophobie, qui soient. Il faut arrêter de nous mentir, même si c’est pour nous éviter de souffrir.

Et personnellement, je n’ai que des retours extrêmement positifs de ce que j’écris, je n’ai que des rapports apaisés et profonds avec les personnes homosexuelles que je rencontre. Les seules qui m’agressent ou que j’aurais blessées par mes propos ou attitudes, ce sont des gens qui ne me connaissent pas, qui me caricaturent, qui ne m’ont jamais rencontré, qui ne me lisent pas ou qui me lisent de travers. Rencontrez-moi au lieu de m’enfermer dans une caricature de méchant qui ne me correspond pas. Lisez ce que j’écris, et vous verrez que ce n’est ni catholiquement correct, ni homosexuellement correct.
 

196 – N’avez-vous jamais pensé à être prêtre ?

Personnellement, je ne pense pas que ça poserait vraiment problème que j’entre dans une communauté religieuse ou que je sois ordonné prêtre. Bien que ce ne soit pas moi qui en décide en haut lieu, dans l’idée en tout cas, c’est dans l’ordre du concevable et du raisonnable. Ça a failli se faire à plusieurs reprises, d’ailleurs : en l’an 2000 (quand j’avais 20 ans) puis en 2009. En plus, contre toute attente, ma médiatisation autour de l’homosexualité pourrait jouer en ma faveur : l’homosexualité sacerdotale qui pose problème, c’est uniquement celle qui est cachée, pratiquée, pas assumée et mal maîtrisée. Je ne pense pas, de surcroît, que mon ordination aurait entaché l’image de masculinité et de paternité du Corps sacerdotal. Je crois également qu’avec mes paroissiens, on se serait sûrement bien marrés, et les homélies n’auraient pas été soporifiques ni manqué de sel !

Cependant, je ne prétends pas au sacerdoce d’une part parce que je suis déjà prêtre de par mon baptême (ce qui me comble déjà de joie ! ce n’est pas une excuse suffisante mais au moins une grande consolation), d’autre part parce que dans le domaine de l’homosexualité et de l’évangélisation pour l’Église catholique, en restant laïc, j’ai une marge de manœuvre et une liberté de parole et d’action incroyablement plus étendues qu’un prêtre ou un religieux, soumis au vœu d’obéissance et, quelque part, à la discrétion sur sa vie intime. N’étant pas prêtre, je peux aborder l’homosexualité de front, publiquement, en profondeur. Et je fais énormément de choses qu’un prêtre ou un homme marié (à charge de famille) ne peut pas faire ni se permettre, et ce, dans des domaines qui dépassent largement l’homosexualité. Une personne homosexuelle laïque continente est connectée avec toutes les souffrances et les violences humaines, même les plus cachées, et reçoit parfois plus de confidences et de secrets d’État qu’un curé dans son confessionnal ! J’en suis témoin. Par ailleurs, je constate combien mes confrères prêtres homosexuels continents sont souvent coincés et dans l’incapacité de témoigner sur l’homosexualité comme je le fais, et plus globalement dans l’incapacité de témoigner des grands tabous de notre monde. Certes, j’ai conscience qu’un prêtre reçoit par le sacrement de l’ordre des trésors et des capacités (chasser les démons, administrer les sacrements, pardonner les péchés, faire descendre Dieu dans l’Eucharistie, guérir les malades, etc.) que je ne possède pas, ou que j’obtiens dans une moindre mesure. Mais la continence homosexuelle est la clé qui me fait pénétrer à la fois dans l’antre du diable et des pires souffrances humaines, à la fois dans le cœur du cœur de tout être humain : sa sexualité. Et ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Pas même à l’homme ou la femme officiellement d’Église.
 
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En découvrant récemment Jean-Yves Nerriec, ex-musulman converti au catholicisme, expert de l’évangélisation auprès des musulmans et surtout des catholiques, célibataire, et qui il y a quelques années a choisi à un mois de son ordination sacerdotale de renoncer à être prêtre – alors qu’il en a l’étoffe – parce qu’il a senti au fond de lui qu’il végèterait dans son presbytère, qu’il n’aurait pas été à sa juste place, et qu’il passerait à côté de sa mission spécifique en lien avec l’Islam, j’ai compris que Jésus sélectionnait ses troublions selon une logique qui dépasse même la volonté et la conscience de ces mêmes troublions. Jean-Yves est un peu pour l’Islam ce que moi je suis pour l’homosexualité : un joker fougueux et zélé. Son virage vocationnel incompris de beaucoup, et la singularité de son apostolat pourraient le faire passer pour un gars instable qui ne sait pas s’engager ou qui n’a pas écouté la voix du Seigneur ni celle de l’Église dont il se revendique, bref, pour un taré orgueilleux. Mais pas du tout. Son discours est particulièrement solide, bien ciselé, terriblement vrai et précis, les fruits de son apostolat atypique indéniables. Quand il intervient dans des colloques, c’est un peu le chien dans un jeu de quilles. Il instruit les pseudo « experts » de l’Islam, va plus loin que les témoignages émotionnels des musulmans convertis, relève carrément le niveau. Il conduit beaucoup de musulmans au catholicisme et redynamise les catholiques dans leur foi, d’une façon insolemment originale, dense et inattendue. Il m’a avoué avec l’assurance de celui qui se sait humblement élu pour une Grande Mission qui le dépasse, qu’il n’a fait que deviner et suivre avec passion, à laquelle il n’a fait qu’obéir, et qui l’engage irrépressiblement/dangereusement : « Je doute de beaucoup de choses. Mais je ne doute pas de la Volonté de Dieu sur moi ! » Le cas extraordinaire de Jean-Yves Nerriec m’a rappelé l’humour et la délicatesse de Jésus à notre égard, la beauté de ma propre dissidence (malgré le fait qu’elle me fasse parfois souffrir). Et il m’enseigne que lorsque le Seigneur veut quelqu’un, Il le lui montre clairement, même s’Il l’entraîne dans des pays qui semblent borderline, hors-Église, et qu’Il le ballotte au gré des imprévus de l’Esprit Saint. Face à Jean-Yves et à notre bizarrerie commune et fraternelle, je ne peux que me joindre avec la joie au cœur aux mots du père Louis-Joseph Lebret : « O Dieu, envoie-nous des fous, qui s’engagent à fond, qui aiment autrement qu’en paroles, qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout. Il nous faut des fous, des déraisonnables, des passionnés, capables de sauter dans l’insécurité : L’inconnu toujours plus béant de la pauvreté. »

Les chemins que nous fait prendre le Seigneur sont surprenants et impénétrables. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. » (Isaïe 55, 8) Il ne faut pas trop les rationaliser ni s’en inquiéter, mais juste comprendre que, quoi que Jésus fasse de bien pour nous, ou quel que soit le mal qu’Il nous permette de vivre/faire, Il nous a prévu le meilleur. Donc nous devons aimer notre vie passionnément, y compris avec ses ratés, ses continuités énigmatiques et ses virages incompréhensibles. C’est assez choquant d’oser le croire, mais il le faut quand même car c’est Lui qui nous l’a dit : Jésus s’adapte à nous bien plus que notre imagination et notre soif d’autonomie (« pour ne pas déranger, pour rester humble et ne pas se prendre pour Lui ») sont capables de le concevoir. C’est du sur-mesure. Il ne nous impose rien. Il ne nous assigne pas un destin ou un parcours vocationnel/professionnel précis (Il se contente de nous appeler… ce qui est déjà pas mal !). Il ne nous bride pas. Il ne nous dit jamais que nous avons fait les mauvais choix, ni que ce que nous vivons ne fait pas partie de son plan d’Amour personnalisé pour chacun de nous. Il ne brise pas nos initiatives, nos élans, nos décisions, nos appétits d’action ou de prises de parole. Au contraire, Il nous encourage à suivre ce que nous sentons au fond de notre cœur, et s’immisce délicatement dans nos projets. « Tu veux faire ça ? Tu veux te battre pour ça. Ok. Je vais voir ce que je peux faire pour te le faciliter, pour te servir et t’aider à réaliser ce que tu veux. Et n’oublies pas que c’est surtout moi qui agirai. » Je crois que Jésus s’est servi de mon homosexualité ainsi que de mon goût pour la réflexion, l’expression, la relation, la recherche de Vérité, l’action, pour me satisfaire. Ça ne cadre pas exactement avec le sacerdoce, mais ça le complète parfaitement, et le dépasse parfois ! Alors Alléluia de Grâce !
 

197 – Une communauté de frères homosexuels continents, est-ce souhaitable et est-ce viable ? Peut-on envisager un jour une consécration spécifique ?

tabous
 

J’en ai rêvé à une époque. Je crois qu’en théorie et techniquement, grâce à l’Esprit Saint et une bonne dose d’humour, d’humilité, de fraternité, d’auto-dérision et de foi en Jésus, grâce au vivier humain existant, ça serait vraiment faisable. Mais quand je vois la complexité des personnes homosexuelles, la complexité des personnes qui les accompagnent pastoralement (laïcs et prêtres), les foudres que s’attire toute personne ou Pape qui esquisse l’éventualité d’une valorisation sacramentelle des personnes homosexuelles (même continentes), la méchanceté de certains « catholiques » immobilistes, quand je vois l’heure qui tourne, j’ai peu d’espoir d’admirer cela de mon vivant. Au train où les choses s’accélèrent pour notre Humanité, je crois qu’on ne verra ce prodige de Confiance qu’au Ciel.
 

198 – Que valent DUEC (Devenir Un en Christ), David et Jonathan, les marches spirituelles du Diocèse de Créteil ou de Nanterre, la Communion Béthanie, Oser en parler, Torrents de Vie, etc. ?

Toutes ces associations d’accompagnement des personnes homosexuelles, dont on pourrait dire qu’elles ont le mérite d’exister puisqu’elles sortent en théorie l’homosexualité du tabou et qu’elles « font du bien » à beaucoup de personnes en quête de soutien, de prière, de non-jugement, d’accueil, d’expression libre, quel que soit leur état de vie, ont décidé de mettre la Charité (ou plutôt leur conception relativiste et sentimentaliste de la Charité chrétienne) au-dessus ou à la place de la Vérité. Autrement dit, elles confondent jugement des personnes (intolérable) et jugement des actes (nécessaire), amour de Dieu (indiscutable) et amour des Hommes (critiquable), catholicisme (solide) et spiritualité « œcuménique » (éparpillée et rebelle), tendance homosexuelle (existante) et « identité »/« amour » (mythologiques), différence des sexes (réelle) et hétérosexualité (irréelle). Et ça, c’est un véritable problème, car ça ne règle rien, voire même ça rajoute du flou. Leurs responsables se présentent à nous, croyants homosexuels, comme nos amis dans la foi, mais en réalité, ils nous trompent sur la couleur de notre Croix. Comme par hasard, ils ne se positionnent ni pour ni contre le « couple homo ». Ils ne veulent d’ailleurs pas se prononcer là-dessus. Parce qu’en réalité, ils en tolèrent et en défendent secrètement la pratique. Ils s’imaginent que l’« Unité » (autour d’un Jésus anémié) et la Charité-Écoute (sans Vérité et sans réflexion de fond sur la pratique homosexuelle) vont « au-delà » de tous les discours officiels du Magistère, jugés abstraits, rigides, contournables et adaptables au cas par cas. Et de surcroît, ils ont tendance à nous séparer de Jésus-Eucharistie.

Il n’est pas étonnant que ces mouvements d’obédience pseudo « catholique » que vous citez dans votre question se protestantisent/s’ésotérisent à grands pas pour la plupart, croyant que les Évangéliques ou les sciences humaines actuelles sont plus « ouverts et en avance » que les catholiques en matière d’homosexualité. Ils mettent sur un pied d’égalité la pratique religieuse et la pratique homosexuelle (comme si c’était comparable…), en soutenant qu’on pourrait tout à fait combiner harmonieusement les deux : « Homo et catho, c’est possible » assurent-ils. Sur le comment de cet alliage, là, bizarrement, il n’y a plus personne pour répondre. Car ils veulent y mettre toutes les formes « amoureuses et spirituelles » que la sincérité humaine individuelle projette et actualise dans le privé, dans l’intime. « Couple » homo « chaste » inclus, bien évidemment.

Sous couvert de ne pas tomber dans les excès du pharisaïsme puritain des « cathos coincés de leur propre Église » qu’ils jalousent autant qu’ils méprisent, ces militants « chrétiens » d’une soi-disant « reconnaissance ecclésiale de leur existence et de leur apport spécifique en tant que minorité invisible de chrétiens homosexuels » se justifient de tomber dans les excès inverses de ce même pharisaïsme : le sentimentalisme (« Si Dieu est Amour, il bénit tout ce que j’appelle de l’amour et ressens comme de l’amour »), l’angélisme (« Je ne suis pas sexuel, je ne me réduis pas à ma sexualité, et je ne pense pas qu’au cul ; je suis un esprit libre et désincarné »), une fausse Miséricorde et une fausse Charité qui confinent au relativisme (« Dieu ne me juge pas et ne veut pas qu’on juge les personnes, alors Il ne juge pas de mes actes et Il ne me jugera pas selon ces derniers. »), l’esthétisme marginal (« Je dois m’affranchir de certaines règles d’Église. En revanche, mon devoir, c’est de ne pas le faire n’importe comment. » déclare par exemple Jean-Philippe de Devenir Un En Christ). En gros, je m’autorise à désobéir… mais du moment que je le fais avec art ! avec mesure ! en priant (avec mon compagnon) ! en y mettant les formes bobos : la pondération, l’optimisme (sourire forcé), la bonne/pieuse intention, la quête d’authenticité, l’originalité, la prudence, l’émotion, la sincérité, l’engagement de fidélité « conjugale », le silence pudique, la prière méditative, la « paix intérieure », le rite catholique à la carte, ma subjectivité, la convivialité, l’amitié, la fraternité, l’accueil inconditionnel, etc. Et en gros, je me fais ma petite spiritualité perso d’« exclu » (entre exclus) qui fait semblant de s’intégrer de temps à autre à une Église qu’il dédaigne au fond. Pudibonderie pharisienne, quand tu nous tiens…

Parole (pieuse), parole (pieuse), parole (pieuse). Silence (parodie sincère de recueillement), silence (parodie sincère de recueillement), silence (parodie sincère de recueillement). Fraternité (amoureuse chaste), fraternité (amoureuse chaste), fraternité (amoureuse chaste). Ces « homos cathos » désobéissants (plus que ces « cathos homos » d’ailleurs) insistent beaucoup sur l’expressivité à propos de l’homosexualité. À les entendre, il suffirait d’« en parler » et que cette parole soit encadrée, respectée, écoutée, et exotiquement homosexualisée, pour qu’en gros on en parle bien et que « ce soit FORT ». En réalité, ils figent l’oralité et le silence en absolus, et les esthétisent façon grenouilles de bénitier. « L’important, c’est de s’exprimer. L’important, c’est la communication non-violente. L’important, c’est de prononcer le mot ‘Homosexualité’. Faut que ça sorte. Ça fait de toute façon du bien après les Manifs Pour Tous… Confie tes joies et tes peines d’homosexuel au Seigneur qui t’aime tel que tu es. Dépose tout au pied de sa Croix. Lui, Il sait. Lui, Il ne te juge pas. Lui, Il t’a donné ton compagnon ou ton célibat. Il est là sur ta route.» Insupportable psychologie spiritualiste gay friendly de comptoir.

Aujourd’hui en France, surtout suite au « mariage gay », on ne compte plus les associations « chrétiennes » actuelles qui se sont montées de manière improvisée, dans les diocèses, dans les paroisses et les salons de particuliers, autour du concept de la verbalisation (personnalisée, anonymisée et neutre au niveau du contenu) de l’homosexualité : Oser en parler de Philippe Auzenet, Se parler dans le diocèse du Val de Marne, En parler dans le diocèse de Lyon, Chemin faisant de Nathalie de Villiencourt, Homovox récupérée par Frigide Barjot, etc. Avec toujours pour titres ces métaphores poétiques vaguement bibliques (le chemin, la lumière, le bateau, les arbres…) ou l’affichage d’une bonne intention (Courage ; Nous t’écoutons ; Exprime-toi ; Nous allons en parler librement ; Prions ensemble ; etc.). Cette focalisation psychologisante et sensibleriste sur la « parole en soi » à propos de l’homosexualité, qui prend le Christ ou l’Église en otage, est souvent le fait de personnalités dépressives, en instance de divorce ou divorcées, qui veulent jouer les mamans ou les confidents ou les bonnes copines gays friendly pour ne pas affronter leurs propres problèmes de couple ou de famille ou de sacerdoce.

Les groupes de parole et d’accompagnement chrétiens autour de l’homosexualité, aussi bien intentionnés soient-ils, risquent, si la parole n’a pas d’horizon précis (la continence), de faire du moyen le but, autrement dit de faire de la parole un dieu à la place du Christ et des prêtres. Et là, bonjour la parlote émotionnelle, l’épanchement complaisant, l’infantilisation, l’exploitation des souffrances des personnes homosexuelles, l’introspection nombriliste (« ma petite souffrance, mon petit couple, ma petite homosexualité, ma douloureuse appartenance à ma pratique homo et à ma pratique catho », etc.) le narcissisme déguisé (qui guette parfois même les réunions Courage où on « se raconte », sans fruits et sans avancées vers la Vérité), la psychologie spirituelle de bazar, la bondieuserie pédaloïde culpabilisée, le sur-place !

Je préfère vous prévenir. Rien ne sert de s’illusionner, y compris dans l’Église. Concernant l’homosexualité, il ne suffit pas d’« en parler ». Il faut la condamner – en tant que fausse identité, faux amour et pratique violente/insatisfaisante – sans pour autant condamner les personnes. La Parole sans Vérité est une cymbale retentissante, qui donne l’illusion d’une harmonie et d’une utilité, d’un « partage » communionnel. Mais seule la Vérité libère et unit.

 

199– Quelles sont les forces et les fragilités de Courage International ?

Cette question complète la question 171. La force de Courage, à mon avis, c’est la richesse humaine, à savoir les personnes homosexuelles que cette association regroupe : des gens qui ont compris que la pratique homosexuelle et le « couple » homosexuel ne les rendraient pas pleinement heureux. C’est déjà énorme. Je n’ai vu cette prise de conscience et cette Vérité – qui permettent l’amitié vraie – nulle part dans les autres structures d’accompagnement des personnes homosexuelles prétendument « chrétiennes ». L’autre force de Courage – et je crois qu’elle est encore trop intuitive pour être solide – c’est bien entendu l’obéissance (ou l’essai d’obéissance) à l’Église-Institution. Ça, c’est également unique. Les autres associations chrétiennes sont peut-être dans l’accueil, la Charité et le non-jugement des personnes, mais certainement pas dans l’obéissance ni l’humilité par rapport à ce que dit l’Église sur les actes homosexuels et « l’amour » homosexuel.

Le problème principal qui handicape Courage aujourd’hui, à mon avis, il est triple : c’est l’anonymat de ses participants (qui les empêche d’avoir l’impulsion de vivre ce qu’ils disent – même dans leur intimité – et de connaître la joie de l’apostolat), c’est le remplacement de la continence par la chasteté (la chasteté étant un terme générique abstrait, universel, désincarné et non-adapté à la condition homosexuelle durable : la Croix a un nom, bon sang !), c’est l’absence de dénonciation de l’hétérosexualité (qui les empêche d’accéder à la dimension sociale, sainte et universelle de l’homosexualité). Cette imprécision dans les termes amenuise considérablement le rayonnement de Courage, qui, sans manquer de convivialité et d’efficacité dans l’accompagnement, vivote. Déjà, rien qu’à Courage International aux États-Unis (Maison-Mère de l’association), le renouvellement de ce qui commence à ressembler à un club de vétérans est fortement compromis. Seules la Vérité en Christ et une vie entièrement donnée peuvent apporter du sang neuf, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ! Ce n’est pas en casant le mot « chasteté » partout qu’on va rejoindre le cœur des gens athées qui prennent Courage pour un mouvement de retraite génitale anticipée. Ce n’est pas en employant le mot « courage » qu’on pourra faire l’économie de la verbalisation du mot « homosexualité » : le courage n’a pas à être l’écrin médiatique de l’homosexualité, mais c’est l’homosexualité continent qui doit être l’écrin médiatique du courage.

Courage, à mon avis, n’a pas vocation à être juste un cercle de convivialité, d’amitié, de prière et d’accompagnement, à l’instar des autres initiatives chrétiennes d’encadrement catholique de l’homosexualité. Elle a vocation à être un cercle de vocation(s) (justement !), d’évangélisation, d’apostolat, de Vérité et de Charité en actes ! C’est bien de prier pour nous, de nous écouter, de nous accueillir. C’est bien de prier ensemble, de nous écouter et nous épauler les uns les autres, d’aller manger une pizza et de rigoler, de partir en pélé. Ce n’est pas le problème. Mais que faisons-nous de la lumière que nous recevons et comment ouvrons-nous notre groupe aux dimensions des autres, y compris déjà aux personnes homosexuelles qui ne sont pas croyantes mais avec qui on partage la même attirance sexuelle ?

Face à Courage telle que l’Œuvre se présente maintenant, j’ai l’impression de me retrouver à la fois devant le moins pire des apostolats d’accompagnement catholique des personnes durablement homosexuelles, à la fois face aux douze disciples avant la Pentecôte, effrayés par la Croix et ce qu’implique la Mission, cloîtrés dans leur « entre soi » spirituel/compassionnel et l’anonymat… parce qu’ils n’ont pas perçu la dimension prophétique, apostolique et universelle de l’homosexualité, que seules l’expérience de la continence et la promotion de celle-ci peuvent incarner, que seul le don de son nom de naissance et de sa vie au monde en tant que personne homosexuelle catholique permet. Il y aura toujours un fossé énorme entre la personne homosexuelle qui désire rester anonymement homosexuelle (y compris celle qui essaie d’être continente, avec de réels et encourageants succès dans le privé), et la personne homosexuelle continente qui prend le risque de l’apostolat public de la Vérité par le traitement analytique de l’homosexualité. On a beau dire : le vœu de chasteté, ce n’est pas le même combat que la continence, ce n’est pas le même degré d’implication et de Vérité, ce n’est pas la même continence (et peut-être même que ce n’est pas la continence tout court). Ce fossé est illustré discursivement à Courage par le remplacement de la « continence », l’« hétérosexualité », l’« homosexualité » et l’« homophobie », par les mots « chasteté », et autres concepts spirituels qui font catholiquement bien : « Communion de fraternité », « engagement », « spiritualité », « sainteté », « Vérité », « Espérance », etc. Les membres de Courage n’ont toujours pas compris que la vraie continence homosexuelle, c’est le don de sa personne entière, de son nom, de sa foi et de sa tendance homosexuelle, au monde. Une fois qu’on dévoile son intimité et les mécanismes universels de l’homosexualité, le combat pour la Vérité et le sacrifice saint de soi ne restent pas que des bonnes intentions pieuses et volontaristes, prononcées du bout des lèvres. Ils deviennent des faits et une joie incarnée ! On ne reste plus sur la touche mais on va au milieu du champ de bataille !

La vraie continence, c’est offrir son homosexualité publiquement. C’est assumer une visibilité homo. C’est porter la Mission et l’apostolat catholiques par l’homosexualité et par l’explication de celle-ci. Je ne crois pas le mec qui veut être continent et qui y parvienne sans se montrer, sans s’engager solennellement par une prise de parole risquée et impopulaire. Il me dit qu’on joue dans la même cour, qu’il me comprend, qu’on veut finalement la même chose, qu’il « vit ce que je vis » sous prétexte qu’il est d’accord avec moi, que ce que je dis sur la continence à Courage est une insulte à sa propre expérience intime de la continence. Mais ce n’est pas vrai. La continence, c’est donner sa réputation, son nom, son intimité, son hygiène sexuelle, son homosexualité, aux autres et à Dieu. La continence, C’EST l’apostolat !

 

200 – Dans quelle structure se sont enferrés les mouvements cathos d’accompagnement des personnes homosexuelles ?

Pastorale
 

Comme je le décrivais à la question n°198, actuellement, les associations d’accompagnement des personnes homosexuelles s’embourbent en général dans deux grandes tendances qui croient s’opposer mais qui en réalité se ressemblent énormément : soit le dolorisme victimisant et psychologisant (exemples : Chemin faisant, Pèlerin, La Croix, David et Jonathan, Oser en parler, Homovox, La Vie, etc.), soit le spiritualisme de la positivité piétiste (exemples : Courage, Devenir Un En Christ, Coexister, Famille chrétienne, la Communauté de l’Emmanuel, etc.).

Dans les deux cas, la réalité de l’homosexualité, les mécanismes de l’hétérosexualité et de l’homophobie, la dimension sociale de l’homosexualité, le discours du Catéchisme de l’Église Catholique, la verbalisation du mal, du péché et de la Croix, les conséquences éternelles du « couple » homosexuel, sont survolés voire niés. La double appartenance à la « communauté homosexuelle » (expression honnie) et à la « communauté ecclésiale » devient un prétexte pour se raconter, se plaindre ou se forcer à « s’émerveiller », et pour encadrer des mots pieux (« Miséricorde », « Sainteté », « Identité », « Espérance », « Chasteté », etc.) en slogans rassurants qui font catho mais qui ne nous font pas avancer d’un iota dans la compréhension des réalités que recouvrent les mots « homosexualité », « hétérosexualité » et « homophobie ». On tourne en rond autour du nombril « homo-catho ».

La question « Être homo et être catho : est-ce compatible ? » (qui – soit dit en passant – zappe souvent celle de la pratique homosexuelle, qui lui est préalable : ce qu’est l’acte homosexuel, sa violence, ses lieux d’exercice, ses modalités d’actualisation, ses différentes formes, son sens mondial, sa politisation, son organisation sociale, ses paradoxes homophobes, ce qu’en dit la Bible, personne n’en parle alors que c’est capital !) est en général figée en posture : soit psychololo-compassionnelle (« Comment je vis avec cette double appartenance ? »… sous-entendu « Mon Église me rejette et ne me comprend pas. »), soit bigote (« Comment j’offre cette double appartenance à Jésus ? »… sous-entendu « J’ai décidé de ne pas me révolter contre mon Église »).

Dans ces deux attitudes jumelles, il n’est absolument pas prévu de répondre à la question initiale « Être homo et être catho : est-ce compatible ? », de résoudre le dilemme, de remettre en doute la compatibilité entre tendance homo et foi, de hiérarchiser entre les deux (elles sont mises sur un pied d’équivalence ; et quand la foi est placée en avant, c’est au mépris de l’existence et de l’étude de l’homosexualité), de dire ce que la foi catholique est et implique ni ce que l’homosexualité est et implique ni finalement ce que l’association des deux donne et implique. Non. Les débats et les rassemblements des groupes chrétiens d’accompagnement des personnes homosexuelles se focalisent sur une interrogation esthétisée, sentimentalisée, spiritualisée à mort. On ne doit surtout pas la résoudre ! Pas proposer de chemin clair ! Pas user de mots négatifs. Pour ne pas « décourager », justement (surtout à Courage) !

Malheureusement, les réalités soulevées par la question (sur la « compatibilité entre homosexualité et foi ») sont vidées de leur essence, de leur pertinence, de leur profondeur, puis supplantées par l’expression du ressenti personnel et « spirituel » de la personne face à cette même question : « Comment je me sens face à cette question ? », « Mon ressenti face à ma double appartenance ? », « Comment je résous la question avec le Christ ? », « Comment ma tendance homosexuelle m’élève à Dieu ? », « Comment je me sens dans mon Église et dans mon célibat ou dans mon couple ? », etc. Et croyez-moi, ça donne des réponses bien plates, des exposés bien sages (sur d’autres sujets que l’homosexualité : l’amitié, la sainteté, la Miséricorde, le pardon, l’identité, la Bible, la perte de transmission, la paternité, etc.), des témoignages émotionnels certes poignants, parfois révoltés ou drôles, parfois un tantinet militants, parfois spirituels (avec des belles déclarations d’amour à l’Église et à Jésus, à ses frères de condition homosexuelle, des belles envolées lyriques et « pudiques »), mais on ne sait plus de quoi on parle. Finalement, on n’y apprend pas grand-chose sur l’homosexualité. On a juste entendu des « beaux récits de vie », des « témoignages chrétiens » (Si ça peut vous rassurer, à l’exception de Jean-Yves Nerriec, on assiste à la même dérive nombriliste avec les ex-musulmans convertis au catholicisme, qui nous parlent plus de leur vie, de leur parcours et de leur ressenti face à leur double appartenance et à leur conversion, que de l’Islam, de ses mécanismes et des manières concrètes par lesquelles musulmans et catholiques pouvons atteindre une même Vérité qu’est le Christ…).

Que voulez-vous. La Vérité passe par la verbalisation du mal et l’explication des mécanismes de ce dernier. Quand on recherche humblement la Vérité, à un moment donné, on ne peut plus faire l’économie de l’impopularité, du risque de déplaire, de l’affrontement, de l’effort, du jugement des actes, de l’identification et du rappel du péché, de l’usage de mots « négatifs », de l’universalisation unitaire du message, du passage du « je » au « nous »… Quand j’entends qu’à Courage, « Les personnes homosexuelles ne viennent pas pour avoir des réponses sur la raison de leur homosexualité, ni pour changer leur orientation. Elles ne visent pas une ‘guérison’ intérieure, ni un coming out. Elles sont là pour expérimenter la miséricorde de Dieu. », je me dis : « C’est gentil. Mais ce n’est pas vrai. » Toute personne homosexuelle croyante cherche une guérison intérieure (même si elle ne se fait pas d’illusions sur celle-ci et devine qu’elle ne se fera sans doute pas en un jour). Toute personne homosexuelle croyante cherche à faire son coming out, même si c’est un coming out qui ne trouve sa justification que dans la continence (et pas dans l’affirmation exhibitionniste d’une « identité » homo factice, d’un « amour » homo factice, d’une abstinence sèche, ni même d’une dévotion religieuse sincère). Toute personne homosexuelle croyante vise également un changement d’orientation sexuelle, car elle ne se satisfait pas de se sentir homo et elle sent que ce n’est pas ce que Dieu voulait à la base pour elle. Toute personne homosexuelle croyante attend une explication solide à son homosexualité pour pouvoir en sortir, la dépasser ou vivre avec le mieux possible. Toute personne homosexuelle croyante a besoin d’entendre, de connaître et de comprendre le signe de péché mais aussi le péché qu’elle porte : l’homosexualité ne devient pas violente si elle n’est pas pratiquée ; mais elle le devient dès qu’elle est crue vraie et qu’elle est pratiquée ; et même quand elle n’est pas pratiquée, elle a intrinsèquement de nombreux liens avec la violence ou avec le satanisme, car elle est une blessure, elle est témoin d’une violence réelle. Rien ne sert de planquer tout ce qui nous gêne en elle sous le paillasson « Miséricorde » ! On ne peut expérimenter la Miséricorde de Dieu que si on a regardé préalablement sa blessure homosexuelle, qu’on a compris son fonctionnement et les terrains dans lesquels elle s’inscrit, qu’on a mesuré ses conséquences célestes dans le cadre du combat spirituel et eschatologique qui incombe à tout pratiquant catholique.

En bref, on a envie de sortir du « Moi et mon homosexualité », « Moi et mon Dieu (avec l’homosexualité comme prétexte) », « Moi et mon Église », « Moi et mes frères homosexuels en chemin de sainteté (la Borioli’s Touch) ». Et on est loin du compte, très loin de l’universalité de la Vérité sur l’homosexualité. L’homosexualité – en tant que sujet discursif – n’est pas aimée ! C’est dramatique. Quand va-t-on comprendre que la foi et l’homosexualité ne sont pas que des ressentis ?

 

201 – Quelle Bonne et Grande Nouvelle pourrait proposer le Pape François pour les personnes homosexuelles qui ne peuvent prétendre ni au mariage ni au sacerdoce ?

La Bonne Nouvelle, ce n’est pas la réaffirmation du non-jugement à notre égard, du respect, de l’accueil, de la primauté de notre personne en tant qu’Enfant de Dieu, ni même, comme le fait croire dernièrement le Pape en Arménie, le « pardon » ou l’énonciation d’un pardon. En plus, s’il y a bien des personnes qui doivent demander pardon, c’est nous plutôt que les autres à notre égard, vu tout le mal que nous avons fait en pratiquant notre homosexualité. Le pardon, c’est dans les deux sens, même si sa logique surpasse le donnant-donnant. Et surtout, ça se vit dans la reconnaissance du mal.

Bien plus encore que le « pardon », le plus beau cadeau que le Pape peut nous faire, je crois, c’est celui de la Vérité. Et en particulier la Vérité dans la forme de vie, c’est-à-dire le célibat consacré continent. La Charité sans Vérité, c’est du flan. La Vérité sans Charité, ça casse les dents. Pour l’instant, le Pape François s’installe dans un confortable non-positionnement au sujet de l’homosexualité et une répétition d’un simulacre de Charité, en se cachant derrière le Catéchisme de l’Église Catholique qu’il ne cite jamais… pendant que la question non-traitée revient sans cesse sur le tapis de la part des journalistes et des catholiques. À un moment donné, il va falloir oser l’impopularité de la Vérité.

Très Saint-Père, c’est très gentil de nous demander pardon. Mais si vous ne savez pas « de quoi » (c’est-à-dire le mépris, les agressions et les viols que sont d’une part la pratique homosexuelle et le soutien de celle-ci, et d’autre part le coming out et le soutien de celui-ci), quelle en est la substance ? Si vous ignorez en quoi consiste le pardon que vous nous devez – qui est en réalité le pardon pour votre indifférence gay friendly et votre silence parce que vous ne nous annoncez pas la Vérité sur l’homosexualité -, à quoi ça rime ? Cette démarche de repentance finit par s’évanouir en vœu pieux, en formulation catho convenue, en disque inconsistant.

Très Saint-Père, faites-nous connaître notre péché. Ne nous mentez pas. Même si je sais que c’est une besogne délicate. Même si je devine que vous nous mentez par omission, par ignorance et par « bonté », plus que par volonté. Car votre silence sur nos actes, ou la distinction artificielle que vous établissez entre la pratique homosexuelle privée et la pratique homosexuelle publique (Gay Pride), non seulement ne nous sort pas de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons et donne lieu à des quiproquos monumentaux dont vous êtes vous-même la victime (comme avec Frigide Barjot qui vous fait dire « claro que sí » à l’Union Civile, ou encore cette récente récupération d’un prêtre néerlandais pro-« amour homo » qui a abusé de votre image), mais de surcroît nous enferme encore plus dans notre tendance, dans une fausse identité, dans un faux amour, et même dans un faux chemin de sainteté. Car si l’on s’en tient à ce que vous dites actuellement sur l’homosexualité, beaucoup d’entre nous comprennent qu’ils peuvent très bien composer un « couple » ou demeurer en « couple » tout en restant fidèles au Christ… alors que c’est faux.

 

202 – Les personnes homosexuelles sont-elles des disciples assez solides pour porter la continence puis un apostolat, sachant qu’elles sont déjà très fragiles psychologiquement à la base ? N’est-ce pas faire de votre cas exceptionnel de solidité une généralité qui est loin de s’appliquer à l’ensemble des personnes homos cathos, et qui peut mettre en danger des caractères instables ?

Objectivement, si vous me regardez moi et mes frères homosexuels, à vue purement humaine, nous ne sommes pas dignes de confiance. C’est l’Équipe des Bras (ou plutôt des Poignets, en l’occurrence !) cassés… Notre désir homosexuel, qui est par essence une peur, nous rend lâches, mauviettes, ridicules, hyper-sensibles, pleurnichards, mythos, orgueilleux, potentiellement traîtres à nous-mêmes et aux autres, et quand nous le pratiquons ou désirons le pratiquer, psychos, aveugles, menteurs, bêtes, dangereux et violents. Donc je comprends largement que vous ne nous fassiez pas confiance, et que la perspective de nous laisser une place de choix dans l’Église pour l’évangélisation ne vous enchante guère, voire même vous répugne ! « Oh nan, pitié… pas eux !!! »

Cependant, n’oubliez pas (et je me le dis à moi-même) que dans le scénar, c’est la pierre humaine (Jésus et son cortège de pécheurs-suiveurs) qui était rejetée qui devient la pierre d’angle des bâtisseurs. Tout simplement parce que Dieu, contrairement aux êtres humains, a le pouvoir de créer à partir de rien. « Puisque Dieu peut créer à partir de rien, Il peut aussi, par l’Esprit Saint, donner la vie de l’âme à des pécheurs en créant en eux un cœur pur, et la vie du corps aux défunts par la Résurrection, Lui ‘qui donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence’ (Rm 4, 17). » (Catéchisme de l’Église Catholique, p. 72) J’ai bien conscience que l’exercice d’imagination et de confiance est acrobatique et coûteux. Car il en faut, de la foi et de l’humilité, pour réaliser qu’une personne, qui dans un cadre et une pratique donnés est une catastrophe ambulante, peut devenir, grâce à son obéissance à Dieu et dans un autre cadre, la meilleure de la classe ! Mais je vous demande quand même de faire cet effort. Car j’ai constaté, dans ma propre vie et dans la vie de mes amis homosexuels continents, ce prodige insensé s’opérer sous mes yeux. Je sais que ça paraît dingue et effrayant, les aveugles qui retrouvent la vue, les boiteux qui se mettent à courir le 100 mètres, les travelos qui deviennent vierges, les prostituées qui chantent avec une voix d’or, les dealers qui pratiquent la justice, les peureux qui se transforment en courageux, les cons qui deviennent intelligents, les personnes homosexuelles qui se métamorphosent en ambassadeurs de la différence des sexes et de l’Église. Mais, de grâce, faites-nous un peu confiance ! Encouragez-nous à l’excellence (même si nous-mêmes, nous n’y croyons pas et ne vous aidons pas à y croire). C’est la promesse du Seigneur Jésus : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèderont dans le Royaume des Cieux. » (Mat 21, 31) Les boulets homosexuels, non seulement vous devez faire avec, mais vous devez nous préférer. C’est votre Croix de Salut ! Pareil pour notre continence : il va vous falloir l’encaisser. Et je sais combien elle peut agacer ou effrayer (même les prêtres) !

 

203 – Existe-t-il des saints homosexuels ?

Il n’existe que des saints humains. Et au Ciel, ils ne seront ni homme ni femme, ni homosexuels, même si, je n’en doute pas, certains auront pu avoir expérimenté sur terre des tentations, des tendances voire même des pratiques homosexuelles. Toute vie humaine est entachée d’homosexualité. Quoi qu’il en soit, dans l’éternité, Dieu sanctifie tout le monde, et je suis certain que bien des personnes terrestrement homosexuelles se laisseront totalement guérir/sanctifier en Lui après leur mort (et une poignée d’entre elles déjà avant leur mort !). J’ai rencontré des prêtres qui m’ont dit (parce qu’ils parlaient en connaissance de cause, ou bien connaissaient des collègues prêtres qui géraient parfaitement leur tendance homosexuelle) que « l’homosexualité vécue dans la continence donnait de grands saints ». Je les crois volontiers. J’en ai vus. Des qui font peu de bruit.
 

204 – Quelle forme peut prendre ce chemin de sainteté dans l’homosexualité ?

sainteté
 

Pour les personnes durablement homosexuelles, je crois que ce chemin de sainteté prend la forme de la constante connexion avec Jésus et ses saints. Cette connexion passe par la fréquentation régulière des sacrements, par des actes de Charité auprès des plus pauvres, par des services d’Église, par la défense de la Vérité et l’évangélisation, par la multiplication de délicatesses à l’égard du Seigneur (petites attentions, pensées, clins d’œil, blagues, oraisons jaculatoires, actions de grâce et demandes, petites ou grosses prises de risques…), par l’offrande crucifiante du partenaire amoureux qu’elles auraient pu avoir ou du moment de tendresse homosexuelle qu’elles auraient voulu goûter, et qui se déclinera en continence. « Celui qui n’est pas marié a souci des affaires du Seigneur : il cherche comment plaire au Seigneur » (1 Cor 7, 25-36) déclare saint Paul qui a librement choisi le célibat pour se rendre entièrement disponible et donné au Seigneur.

Bien sûr, dans mon conseil, je nous mets en garde contre une conception sucrée ou au contraire trop « tête brûlée » de la sainteté, contre un certain formalisme de la continence : sans le cœur et la reconnaissance que nous avons besoin de l’amour et de l’aide de Jésus, notre continence se transformera très vite en œuvre sans cœur, donc en abstinence. Dans Lumen Gentium (1965), l’une des quatre constitutions dogmatiques émanant du Concile Vatican II, la primauté de l’Amour et de la douceur de Jésus est claire comme de l’eau de roche : « Ne peuvent être sauvés les hommes qui, tout en n’ignorant pas que Dieu a fondé, par Jésus-Christ, l’Église catholique comme nécessaire, ne voudraient cependant pas y entrer ou y persévérer. […] N’est pas non plus sauvé celui qui, bien qu’il soit incorporé à l’Église, ne persévère pas dans la charité, et demeure ainsi dans le sein de l’Église ‘de corps’, mais non pas ‘de cœur’. […] Que tous les fils de l’Église se souviennent que leur condition privilégiée doit être rapportée non à leurs propres mérites, mais à une grâce particulière du Christ ; s’ils n’y répondent pas par la pensée, la parole et les œuvres, loin d’être sauvés, ils seront jugés plus sévèrement. » On ne devient pas saint par ses propres moyens et sa propre volonté, aussi vertueux et « chastes » soient-ils.
 

205 – Quelle utilité/intimité, en tant qu’homo, puis-je avoir avec l’au-delà ?

La continence homosexuelle dans le célibat (ou dans le mariage femme-homme), en plus de nous laisser davantage de temps disponible pour l’oraison et les connexions avec le Ciel, est déjà sur terre un avant-goût de notre condition universelle d’eunuques dans le Royaume. Par notre état de vie et la réception régulière des sacrements, nous bénéficions donc déjà d’une ligne directe avec le monde invisible. Joie !

Et en ce qui concerne les âmes des défunts qui, sur terre, ont eu des tentations ou une pratique homosexuelles, avec un degré de conscience plus ou moins prononcé de la gravité de leurs actes, nous avons, nous personnes homosexuelles encore vivantes sur terre, un rôle important à jouer pour demander, par nos mortifications et nos prières, par l’intercession de la Vierge Marie et de tous les saints, la pitié du Seigneur pour nos frères et sœurs homosexuels. On m’a dit qu’il suffisait de prononcer avec son cœur « Jésus et Marie, je vous aime. Sauvez les âmes » pour obtenir le salut d’une âme au purgatoire. Alors nous, on peut tout à faire améliorer notre demande en spécifiant « Sauvez les âmes homosexuelles, spécialement celles qui sont mortes en ce jour ». Pourquoi devrions-nous nous priver de notre particularisme homosexuel ? Il entraîne bien certaines âmes, quand il n’est pas regretté, en Enfer ; je ne vois pas pourquoi il n’entraînerait pas d’autres, quand il est purifié et sanctifié, au Paradis ! Qu’au moins la tendance homosexuelle ou l’expression « Communauté homosexuelle » trouvent un sens et une utilité réels !

 

206 – Quelle prière puis-je adresser à Dieu en tant que personne homosexuelle ?

Déjà, pour la prière tout court, c’est tout simple. Comme l’explique le père Jean-Philippe Fabre (qui s’inspire de Jésus qui a appris à ses disciples à prier avec le « Notre Père »), il suffit de s’adresser à Dieu en lui formulant cinq mots : PARDON, S’IL TE PLAÎT, MERCI, BRAVO, JE T’AIME. Et si vous vous retrouvez devant quelqu’un qui vous demande ce qu’il faut faire pour prier, vous pourrez lui proposer cette méthode imparable. Et pendant les moments de prière, si vous ne savez pas vraiment quoi dire devant votre bougie, face à une statue ou une icône sacrée, vous n’avez qu’à vous laisser conduire par ces cinq mots simples : et votre prière en sera transformée, deviendra parfaitement catholique et habitée !

Après, chacun peut l’assaisonner à son goût, avec un texte biblique, un chant, un contexte particulier, un silence, un thème. Vous allez voir. Je me suis prêté au jeu avec l’homosexualité.
 

PARDON
 

Seigneur Jésus, Fils de Dieu crucifié, je sais que je ne suis pas digne de t’adresser la parole et de me présenter devant toi maintenant. Mais si je ne le fais pas, j’en mourrais de chagrin, de remord et de frustration. Et surtout, je sais que tu m’aimes, même si moi je t’aime si mal en retour. Pardonne-moi de ce décalage, et ne me le compte pas pour cette fois.

Quand je repense à tel ou tel événement de ma journée ou de la semaine, à telle relation, j’ai le cœur qui se serre. Sûrement parce que j’ai été un peu complice des souffrances qui me peinent. Je te demande pardon pour tout le mal que j’ai pu te faire et faire aux autres, pour la peine que j’ai causée (je m’engage, si ce n’est pas déjà fait, à aller recevoir le sacrement de réconciliation tout à l’heure). Je regrette Seigneur d’avoir mal réagi et mal agi ! Je me sens tellement honteux, misérable ! Pardon de t’avoir offensé et d’avoir blessé tes enfants !

Pardon Jésus pour toutes les fois où je suis tenté homosexuellement, où je suis tombé amoureusement et sexuellement, où je ne me suis pas respecté, où j’ai fait souffrir un garçon (ou une fille) et brisé son cœur, où je reste en couple avec un homme (ou une femme) alors que je sens que ce n’est pas juste, où j’ai détruit quelqu’un par ma parole et mes mots, où j’ai eu peur de te suivre et de t’obéir, où je doute que toi seul puisses me rendre pleinement heureux. Pardon d’être un peureux de la sexualité que tu as créée pour mon bonheur, de ne pas aimer suffisamment mon corps, de ne pas m’aimer assez, de ne pas aimer mes proches, ma famille, mes amis, mes ennemis, comme tu les aimes. Je te confie en particulier Untel, Untel et Untel.

Pardon d’avoir souvent des moments de tristesse, de paresse, d’orgueil, de colère, de repli, de faiblesse, de découragement, de ne pas savoir rentrer dans ta joie et ta simplicité. Je me focalise quelquefois trop sur ma différence homosexuelle, et j’ai du mal à m’ouvrir, à trouver goût à la vie. Je choisis la facilité du porno, de la masturbation, de la séduction, de la drague, du « couple » homo dans lequel je m’ennuie et ne trouve pas mon compte. Pardon d’oublier que, pendant ce temps que je perds, toi, tu souffres le martyr sur cette Croix. Pardon de ne pas te consoler, de te rajouter de la déception et de la souffrance. Je me sens comme une petite merde flottante dans un caniveau.
 

S’IL TE PLAÎT
 

Seigneur Jésus, donne-moi le sens de ce que je vis pour toi. Donne-moi le sens des souffrances que j’endure. Donne-moi le sens de l’homosexualité que tu as permis que je ressente sans l’avoir choisie. Là, au moment où je te parle, je vois dans ton commandement spécifiquement destiné aux personnes homosexuelles davantage ce que je laisse (la tendresse, l’étreinte, les baisers, un corps à serrer et à aimer, un compagnon attentif et dévoué envers moi, une vie de « couple »…) et ce que je souffre pour toi, que ce que je gagne. J’ai l’impression que ça ne sert à rien de me retenir de sortir avec quelqu’un, que je fais du surplace sentimentalement, existentiellement, vocationnellement, que je serai payé autant que les ouvriers de la dernière heure pour le même travail si je brisais mon vœu de chasteté, que mon sacrifice ne porte pas tellement de fruits puisque je suis attaqué et ignoré de toutes parts en ce moment. Ne juge-t-on pas un arbre à ses fruits, comme tu l’as dit toi-même ?

Aujourd’hui, ma récolte est misérable, ou bien elle ne suffit pas à faire mon bonheur. Je n’ai plus l’appétit d’y goûter et de m’en réjouir. Mes branches sont sèches et les fruits que je porte sont pourris, bouffés par les corbeaux. Pour les catholiques qui ne sont pas homos, même si chacun porte sa croix (y compris le prêtre, l’homme marié), c’est quand même plus simple et plus libre. Eux, ils ont eu plus le choix et beaucoup ont choisi leur engagement de vie ! Eux, ils ne se privent pas toujours de la conjugalité, de la paternité, de l’affectivité, de la génitalité, de la tendresse, du mariage. Ils ne se privent pas des sacrements vocationnels de l’Église : le mariage femme-homme aimant ou les ordres. C’est facile pour eux : ils ont accès, en tant que non-homos, à tout, et nous, en tant qu’« homos », à rien ! Ils nous interdisent tout, sans rien nous proposer d’entier et de concret à la place. Et en plus, même quand nous vivons la continence prescrite par le Catéchisme de l’Église catholique, nous recevons presque zéro reconnaissance. En plus, à certains moments de tentations, nous avons tous les signes pour nous dire que notre engagement catholique ne tient à rien et ne vaut rien, nous avons toutes les preuves pour nous croire finalement sur le mauvais chemin.

Je suis paumé. Je perds pied. À l’aide, Seigneur !!! S’il te plaît, éclaire-moi ! Donne-moi des confirmations que je ne me trompe pas, ou des indices concrets que je me trompe ! Redonne-moi la joie qui m’est si caractéristique ! Tu as promis à ceux qui pleurent que tu apporterais consolation ! Tu as promis à ceux qui se battraient pour la Justice que tu donnerais la Joie éternelle ! Si je suis un minimum dans la Vérité, pourquoi me laisses-tu m’enfoncer régulièrement dans les marécages de la mélancolie ? Si tu existes, tu ne peux pas m’abandonner à la mort et au péché !

Je sais que les actes homos ne sont pas bons. Mais le couple, lui, ce n’est pas que l’acte ! C’est bien ça le gros problème ! Il implique une relation ! Il implique des personnes ! Et, qui plus est, des personnes sincères, spirituelles, sensées, sérieuses, qui parfois font du bien autour d’elles et se font du bien. Ton commandement par rapport à l’homosexualité n’est pas clair, Jésus. En associant peut-être trop acte homo et « couple » homo (qui sont indéniablement liés mais dissociés), ne suis-je pas en train de jeter bébé avec l’eau du bain, de gâcher mes plus belles années et mes plus belles opportunités de vivre l’amour par un rigorisme théorique et pseudo théologique ? Ne suis-je pas en train d’extrapoler ton message sur la sodomie et de l’étendre à tort à la relation homosexuelle toute entière ? Ne suis-je pas en train de passer à côté de ce que je peux vivre en « couple » et que tu ne jugeras pas aussi durement que si je n’avais pas de circonstances atténuantes (un désir homosexuel imposé presque à la naissance) et que si ce que je pourrais connaître en « amour » était pur acte déconnecté de ma personne et de la personne avec qui je souhaiterais le pratiquer ? « À celui à qui il a été peu donné, il sera peu demandé. » Comme l’homosexualité n’est pas un choix, à la base, et n’est pas qu’un mal quand elle prend la forme de l’« union de personnes », où trouver le courage de la résistance, de la continence radicale, de l’excellence ? Comme l’homosexualité n’est pas qu’un acte mais aussi une relation, où trouver la raison de s’abstenir complètement du « couple » homo ??? À part en toi et en ce que l’Église officielle te fait incarner, je ne vois pas ! Suis-je en train de suivre une chimère diabolique que je prends pour toi ? Est-ce mon Surmoi qui m’emprisonne, en prenant l’apparence de l’Esprit Saint ?

Certains de mes ennemis, même en partenariat homo, s’appuient sur cette subtile distinction actes homos/« couples » homos pour me faire tomber, pour me dépeindre comme un fondamentaliste et un ennemi de la Charité/de l’« Amour ». Ils sont capables – même des prêtres catholiques – de dire dans la même phrase que les actes homos sont péchés mais qu’en même temps tu cautionnerais les « couples » homos. Qui croire ? Comment m’y retrouver ?? Qu’est-ce que tu veux de moi ?

S’il te plaît Seigneur, envoie-moi des messagers humains et spirituels qui m’aident à m’approcher de ton Mystère d’iniquité, à comprendre que le « couple » homo est un acte, et pas seulement l’union de deux esprits qui serait chaste de ne pas impliquer prioritairement les corps et de ne pas induire systématiquement de génitalité. Donne-moi le courage de la Vérité que tu es.

Je te demande la conversion. Celle de tous mes frères homos, et en particulier la mienne. Je veux souffrir, Jésus, pour que tu sois moins triste de notre indifférence, de notre mollesse, de notre orgueil, de notre désobéissance, de notre paresse intellectuelle, de notre mauvaise foi, de notre ingratitude, de notre négligence. Je sais que la clé de l’Amour, c’est l’obéissance totale à Toi. En réparation de mon péché et de ceux de mes pairs, je veux être obéissant pour toutes les personnes homosexuelles terrestres qui ne le sont pas. Et pour celles qui sont déjà mortes, s’il te plaît, arrache-les des enfers ou d’un purgatoire trop éprouvant : elles n’avaient pas pris conscience de la gravité de leurs actes. Car même en l’étudiant, elle n’est pas si évidente à définir, cette gravité. Je confie à ta Miséricorde Untel, Untel et Untel. Et en particulier l’âme des frères homos qui sont décédés aujourd’hui.
 

MERCI
 

Merci, Seigneur Jésus, de la Paix et de la Joie que tu me donnes. Je les sens déjà à l’instant dans mon cœur, et ça va beaucoup mieux qu’au début de ma prière. Merci des amis homos que tu m’as donnés, et qui, malgré eux et malgré parfois leur mauvais exemple de vie, me confirment dans la Mission que tu nous as spécialement confiée. Dernièrement, j’ai eu une discussion avec un ami de mon âge, qui n’arrive pas à quitter son copain (avec qui il est en « couple » depuis une dizaine d’années) alors qu’il sait pertinemment ce qu’il doit faire pour te suivre. Il m’a avoué dernièrement par écrit ceci : « Concernant ce que tu dis sur l’accès des personnes homos à l’Eucharistie, tu es entièrement dans la Vérité. Il m’arrive vraiment d’envier ta situation et ta liberté. » Je lui ai répondu, pour rigoler plus que pour véritablement me plaindre : « Mais y’a des fois, moi, j’aimerais bien être à ta place, tu sais ! Ou être davantage encouragé par les cathos qui me tirent dessus de tous côtés. Toi, au moins, tu peux faire quéquette et serrer et embrasser comme tu veux ! lol (et en plus, tu ne t’interdis même pas l’Eucharistie… alors que tu devrais…) » Il m’a rétorqué : « Tu devrais te réjouir d’être continent. Faire ‘quéquette’ n’est pas l’apanage de l’épanouissement… bien au contraire… mais ça tu le sais bien, andouille. Philippe, je cherche une expérience spirituelle forte cette année, un retour au terreau salvateur du Christ ! Je veux être bousculé et me jeter au pied de la Croix du Christ !! Merde ! J’ai besoin de dire ça et je ne sais pas à qui… je suis embourbé dans une vie de merde qui ne me ressemble pas… » Merci, Seigneur, de me donner des amis homosexuels qui me prouvent qu’être en « couple » homo, même « épanoui » en apparences et même avec quelques irremplaçables compensations, est un joug encore plus insupportable à porter qu’une continence certes exigeante mais globalement libérante et très féconde !

Autre Action de Grâce que je voudrais te formuler maintenant, Jésus. Merci d’avoir permis que je me sente homosexuel. Je n’aurais pas pu te sortir une ânerie pareille il y a encore quelques années… mais à présent, je suis prêt à te la dire avec mon cœur, parce qu’avec la continence, elle est devenue sérieuse, profonde et vraie. Merci d’avoir toléré et recyclé ma tendance homosexuelle pour l’honneur de ton nom et de tes œuvres. Si tu ne l’avais pas permise, je n’aurais jamais pu connaître Untel, Untel et Untel. Je n’aurais jamais pu me retrouver dans telle ou telle situation, ni soulager telle et telle souffrance. Je n’aurais pas pu me faire compagnon de tranchée d’Untel, Untel et Untel. Quand je repense à ma journée d’aujourd’hui, je te bénis pour cet(-te) ami(e). Je te remercie de m’avoir offert tel événement. Merci aussi de m’avoir donné la Vie. Et merci de m’offrir, au seuil de mon passage vers le Ciel, la persévérance finale pour que ce soit toi, et toi seul, qui aies le privilège de me La retirer.
 

BRAVO
 

Plus que te remercier, Seigneur Jésus, je voudrais te féliciter et m’émerveiller de toi. Bravo de m’avoir choisi, moi si pauvre et défectueux, pour tes miracles. C’est inattendu et flatteur… même si ce n’est pas de tout repos (mais en même temps, c’est ça qui est bien !) : j’ai trouvé, depuis que je me bats entièrement pour toi, mes vrais amis du Ciel et de la Terre. Tu as réussi à faire d’un tordu comme moi, d’un impuissant, d’un « mec honteux d’être un mec » et jouant la mauviette hypersensible (ou d’une nana trouillarde et jouant la dure), un homme aimé des autres, un ami solide, annonçant ton Évangile et Son actualité avec une clarté saisissante, un humour ravageur, une sagacité et une impertinence délicieuses !

Avec ma pauvre personne et le peu qu’elle a à offrir (ses disques de Céline Dion, ses déhanchés de pétasse, ses références « culturelles » de bas étage, ses roulements de mécaniques ridicules de garçon manqué), tu as réussi à exprimer ta sainteté, ta vulnérabilité, ton charisme, ton humour, ton originalité, ta folie, ta convivialité, ton intelligence. Tu as confondu et dépassé les sages et les savants qui, malgré leur savoir et leurs jolis discours, sont incompétents pour monter jusqu’aux hauteurs des débats politiques, médiatiques et artistiques à propos de l’hétérosexualité, de l’homosexualité, de l’homophobie et de la sexualité en général. Bravo pour la bombe rare et merveilleuse que je suis grâce à Toi. Je suis le Sel de la terre, une des lumières les plus brillantes de notre monde actuel. Et je n’en tire aucun orgueil ni aucune gloire puisque c’est toi-même qui l’as dit et que j’ai juste le privilège de le répéter, de le sentir, de le savoir ! Puisque je souffre trop en ce moment de cette gloire offerte – qui fait peur à tout le monde et qui suscite tant de jalousie/d’incompréhension autour de moi – pour me reposer sur elle. Puisque c’est à cause de ma honte rabaissante et de ma peur existentielle que traduit ma tendance homosexuelle, que je suis élevé. Pas vraiment de quoi prendre la grosse tête…

Grâce à toi et à notre blessure homosexuelle que tu traverses et que tu fécondes par notre continence, nous, personnes homosexuelles, sommes des évangélisateurs puissance mille, des chirurgiens et des exorcistes de compétition. Pour la bonne et simple raison que la tour de contrôle de l’imminent Empire de l’Antéchrist, la planque maîtresse que s’est choisie Satan avant son assaut final sur le monde, sur la différence des sexes et sur l’Humanité, c’est l’homosexualité. Bravo, Jésus, de nous avoir fait l’honneur, à moi et à mes frères homosexuels bons à rien, d’être les gardiens suprêmes du célibat des prêtres, de l’Eucharistie, du mariage femme-homme et des familles, d’avoir fait de nous les ambassadeurs improbables de la différence des sexes et de ton Église. Coup de Maître ! « Je te rends grâce pour tant de prodiges : merveille que je suis, merveille que tes œuvres. » (Psaume 139, verset 14) Il fallait oser. Et moi-même, ça me fait marrer et me surprend ! Bravo d’être aussi beau, d’être aussi grand ! Bravo de m’avoir fait aussi beau et aussi grand que toi, même si tu me dépasses largement en beauté et en grandeur. Sois béni, pour les siècles des siècles !
 

JE T’AIME
 

À présent, Seigneur Jésus, je te contemple en moi et sur cette Croix en face de moi. Je te contemple en cette Eucharistie exposée. Je t’aime Jésus. Triplement ! Trinitairement ! Marialement ! Je t’aime (Éros). Je t’aime (Philia). Je t’aime (Agapê). Tu es la seule personne humaine à qui je sois autorisé à le dire. Alors j’en profite ! Et tu sais comme c’est rare dans ma bouche et comme d’ordinaire j’ai toujours eu du mal à prononcer un « Je t’aime ». Eh puis maintenant que j’ai choisi d’être continent pour toi, il me sera encore plus difficile de donner mon « Je t’aime » amoureux, aimant et entier à quelqu’un d’autre. Alors voilà. Je ne boude pas mon plaisir. Je t’aime très profondément. Et je suis fier de toi sur la Croix. Et quand je te verrai resplendissant de lumière (une lumière qui n’aveugle pas), avec les faisceaux de Résurrection qui jailliront de toutes les plaies de ta Passion, je serai en éternel amour, en éternelle extase, en éternelle folie, pour toi. Amen. (Silence et contemplation)

 

207 – Quels sont, à votre avis, les textes bibliques les plus adaptés pour parler au cœur des personnes homosexuelles ?

J’en vois trois principalement. Même si, bien entendu, ma liste n’a rien d’exhaustif : la relation que nous avons avec la Bible est éminemment personnelle, et donc pas du tout « homosexuellement généralisable » ou « homo ».

D’abord je pense à l’épisode de Zachée (Lc 19, 1-10), le collecteur d’impôts de petite taille, qui monte sur un sycomore pour voir Jésus et l’inviter chez lui. Cette histoire vraie, souvent la préférée des enfants au caté, est d’une simplicité incroyable. Et pourtant, elle parvient encore à fendre mon cœur d’adulte ! À chaque fois qu’un marginal un peu tordu se convertit face à Jésus qui lui montre sa préférence, ça me bouleverse ! Ça me rappelle à ma condition homosexuelle. Idem pour l’incorrecte Cananéenne (Mt 15, 21-28 et Mc 7, 24-30) que Jésus compare à « un chien » (quand même…), et qui réclame les miettes d’Amour du pain des enfants. J’aurais pu inclure également dans la liste des « rejetés inclus » de la Bible la femme adultère lapidée (Jn 8, 1-11) et la Samaritaine (Jn 9, 1-30).

En second lieu, je suis vraiment interpelé par la force énigmatique des paroles de Jésus sur la vocation particulière des eunuques pour le Royaume (Mt 19, 8-12). À ceux qui se plaignent auprès de Lui que le mariage et la fidélité à une seule femme dans le mariage sont trop exigeants, voire impossibles, Il leur propose de vivre déjà sur terre le célibat de la condition céleste : « Il leur répondit : ‘C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; au commencement, il n’en était pas ainsi. Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère.’ Ses disciples lui dirent : ‘Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier.’ Il leur répondit : ‘Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.’ »

Enfin, le troisième et dernier passage de la Bible (parce qu’il faut bien arrêter la liste à trois) qui me paraît le plus adapté pour nous, personnes durablement homosexuelles, c’est (je vais refaire de la publicité pour mon saint patron, Philippe !) celui des Actes des Apôtres (Actes 8, 26-40) dont j’ai parlé à la question 177, et qui relate que Jésus, à travers saint Philippe (pas le disciple mais le diacre missionnaire), a rendu la joie au haut fonctionnaire de Candace, eunuque de son état, en le convertissant.
 

 

208 – Quelle place prennent les anges gardiens dans la vie des personnes homosexuelles ?

S’il est juste de dire que l’Esprit Saint nous inspire, Dieu a offert à chaque être humain à la naissance un ange gardien, c’est-à-dire un soldat invisible chargé de nous conduire à Lui et à son Fils Jésus, de nous protéger, de nous servir. « Il n’est pas bon que l’Homme soit seul. » (Genèse 2) Cette adage divin est aussi vrai charnellement que spirituellement. Dieu n’a pas voulu que nous soyons seuls. Nous avons chacun notre garde du corps ! Voilà de quoi rassurer ceux qui resteront célibataires dans le temps humain, en particulier les personnes durablement homosexuelles !

Aussi étonnant que cela puisse paraître aux yeux de nos contemporains qui se mettent à préférer les anges aux Hommes sexués (parce qu’en réalité, ils se détestent de plus en plus eux-mêmes et se pensent orgueilleusement tout-puissants), l’ange gardien attitré à chacun, et qui nous accompagnera jusqu’au purgatoire pour plaider en notre faveur au moment où nous comparaitrons face à Jésus avec notre Livre de Vie, n’est ni plus grand que Jésus, ni plus grand que les êtres humains que nous sommes. Eh oui ! Dans la Cour Céleste de Dieu, les Hommes sont mieux bien placés que les anges ! L’Homme est plus grand qu’un ange car Dieu s’est incarné en nous par Jésus (prodige fou qu’Il n’a jamais fait avec les anges… et d’ailleurs, c’est la raison pour laquelle un certain ange de lumière a piqué sa crise de jalousie à notre égard !). L’ange est une créature purement spirituelle, qui est là pour servir Dieu et les « dieux en miniature » (pour emprunter l’excellente expression de Mgr Léonard aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Paris en 1997) que nous sommes.

Si chacun d’entre nous avait davantage conscience de sa royauté, de la mesure de sa grandeur héritée, du sens noble de l’escorte princière et personnelle qu’incarne son ange gardien, il ne déprimerait plus, n’aurait plus d’envie de se supprimer. Notre ange gardien, que nous ne connaissons pas, ou que nous oublions les trois-quarts du temps, et que nous ne sollicitons pas assez (alors qu’il est là pour nous rendre service et agir dans les situations délicates, dans les négociations de conflits entre les Hommes), est comparable à un avocat gratuit du Ciel, à un enfant qui va attendrir nos ennemis et tout débloquer, ou encore à notre meilleur supporter. « Notre ange gardien est toujours là, à côté de nous, la plume à la main, pour écrire nos victoires. » disait le Curé d’Ars. « Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie. » (saint Basile, cité dans le Catéchisme de l’Église Catholique) C’est lui qui apporte nos offrandes sur une coupelle à l’Autel de l’Eucharistie à chaque messe (comme nous l’explique la Bolivienne Catalina Rivas). C’est lui qui nous seconde constamment pour nous éviter les épreuves ou bien pour que nous les surmontions le mieux possible.

C’est pourquoi j’encourage particulièrement les personnes homosexuelles à formuler (avec respect) des demandes très précises à leur ange gardien, à lui causer comme à un ami et un compagnon de tranchée/route. Cette relation – qui au départ aura l’air simulée mais qui peu à peu prendra toute son épaisseur et sa réalité – les aidera en plus à être chastes et éteindra en elles toute velléité de formation d’un « couple » homo, car elle le supplantera largement en qualité !

Enfin, je vous laisse cette prière traditionnelle que dans les temps passés beaucoup de catholiques connaissaient par cœur parce qu’ils avaient le sens du sacré et du combat pour Dieu. Récitez-la sans modération : « Ange de Dieu, qui es mon gardien, et à qui j’ai été confié par la Bonté divine, éclaire-moi, défends-moi, conduis-moi et dirige-moi. Amen. »

 

209 – Pourquoi les personnes homosexuelles sont-elles des rois christiques ?

Parce que, quand elles choisissent la continence (dans le cas où leur condition psycho-sexuelle les oblige au célibat) ou quand elles choisissent le Christ dans une fidélité à leur conjoint différemment sexué dans le mariage religieux (et parfois dans une fidélité même à leurs enfants et à leur famille), elles revêtent le Christ, Celui qui est le Mariage en personne, la Sexualité en personne, le Royaume en personne.

Depuis le temps que je rencontre des personnes homosexuelles qui se battent pour rester pures, qui ont décidé de ne pas s’adonner à leur tendance homosexuelle (par pure gratuité, intuition intime et motion de l’Esprit Saint), qui se sont surpassées pour le Seigneur afin de surmonter leur dégoût corporel de l’autre sexe, leur peur d’être père (ou mère), qui se sont dévouées à leur(s) enfant(s), leur paroisse, leurs amis, je me dis que l’Église est remplie de Stars (dans le sens saint et pauvre du terme), de Rois homosexuels, de grands Saints, de combattants d’autant plus méritants que leur sacrifice/observance est pour l’instant invisible puisque leur homosexualité reste secrète et n’est plus/pas actée ! Parmi ces Rois, je trouve beaucoup de frères et sœurs protestants, dont l’obéissance est certes un peu scolaire et arbitraire (donc fragile : seuls les sacrements, l’amour de l’Incarnation, et la confrontation avec la réalité de l’homosexualité, affermissent un engagement) mais parfois solide et éblouissante quand même. J’ai l’impression que l’Église catholique qui se bâtit jour après jour possède plein de pierres d’angle humaines homosexuelles rejetées qui sont encore cachées des yeux des bâtisseurs ecclésiaux les plus en vue… mais plus pour très longtemps.

Moi qui n’ai pas pu me marier ni être prêtre (mais François d’Assise, l’un des plus grands saints de l’Église, n’a jamais été prêtre de son vivant ! Il ne fut « que » diacre. Et Jean Vannier, le créateur de l’Arche, n’est ni marié ni prêtre non plus ! Et pourtant, voyez son œuvre !), je regarde avec admiration, envie (dénuée de jalousie), curiosité et circonspection émerveillée mes frères homosexuels qui restent fermes dans leur mariage ou dans leur sacerdoce ou dans leur vœu monastique. J’ai l’impression de me retrouver face à des héros qui ont eu le courage et la foi que je n’ai pas eus ! Ça tombe bien. Eux, face à mon témoignage public et mon choix de continence, se disent souvent la même chose ! « Le Ariño, il a le culot de rendre publique son homosexualité, alors que moi, je suis terré dans ma peur et l’anonymat… » Sans doute que le risque du martyr (mot qui signifie « témoignage ») équivaut à celui du mariage, que le risque de la continence équivaut au miracle de la fidélité à sa femme (si on est marié) et au miracle du ministère de prêtre ! C’est la liberté de l’homme marié homosexuel ou de l’homme consacré contre le témoin public homosexuel continent, pourrait-on dire ! Qui l’eût cru ? L’homosexualité, en soi, c’est tellement cheap, beauf, kitsch, minable…

Oui, il y a un troublant effet de miroir de sainteté entre les différents chemins de fidélité au Christ entrepris par les personnes homosexuelles du monde entier. De plus en plus d’hommes mariés catholiques, très heureux avec leur femme et leur(s) enfant(s), me contactent personnellement, à la fois pour me dire leur joie de me rencontrer et leur admiration de voir quelqu’un comme moi aborder ouvertement et solitairement leur secret dans les médias, pour me rappeler que leur blessure homosexuelle n’est pas un frein à leur bonheur/à la possibilité d’être mariés, mais qu’il ne faut pas non plus laisser croire qu’elle est totalement refermée ou inexistante. Au contraire, il restera selon eux toujours « quelque chose » de leur passé/penchant homo, et ils ne veulent pas que ce tiraillement (parfois brûlant) soit gommé, qu’on hurle trop vite au miracle, qu’on idéalise leur situation, qu’on leur enlève leur couronne ou leur Croix homosexuelle, qu’on oublie leur courage et leur permanent combat (personnel et en couple).

Je réalise un peu mieux cela grâce à certaines discussions Skype avec des amis homos d’Amérique Latine – parfois mariés avec plusieurs enfants – dont je ne soupçonnais pas l’homosexualité. Entre ces hommes mariés homosexuels (ou ces célibataires consacrés homosexuels) qui ont choisi de ne pas dévoiler publiquement leur désir homosexuel mais qui, grâce à leur foi catholique, s’en tirent malgré tout super bien, et moi, il y a une admiration croisée, admiration qui n’est pas jalousie. Qui ne peut pas être jalousie. Car l’homosexualité en Vérité ne génère que de la fraternité joyeuse, de la complémentarité inédite. Mais nous nous trouvons tout de même face à un apparent paradoxe, une vitre de verre qui nous sépare. En même temps que nous partageons la même condition, nous vivons chacun deux libertés, deux héroïsmes, deux saintetés, deux modes de vie qui, sans s’opposer, sont radicalement différentes. Si elles se font joyeusement écho, ce sera uniquement dans la confidence amicale, dans la discrétion. En fait, ces deux libertés pourront difficilement s’agencer. (À ce titre, Andrew Comiskey est une exception… et encore, pas tellement que ça, vu que son mariage et ses enfants l’empêchent de crier son homosexualité sur tous les toits et de proposer une analyse fouillée et publique de l’homosexualité. En tant que père de famille, il garde une réserve, et s’arrange pour noyer l’homosexualité dans la problématique des « blessures sexuelles universelles et dépassables par Dieu ».)

Deux libertés se font étonnamment miroir mais marcheront (toujours ?) en parallèle. L’homme qui s’est marié force en moi l’admiration : il est héroïque dans le sens où il a surmonté sa peur de l’autre sexe par pur amour, il a été capable de sacrifier une grande part de ses désirs et plaisirs, il a construit une famille, il a fait l’effort d’obéir à Dieu, il a eu la liberté dingue de s’engager à vie pour le mariage fidèle, il est parti à la recherche de sa virilité perdue. Cette liberté, j’ai l’impression que je ne la connaîtrai jamais. Cette joie de transmettre la vie, de me sentir bien avec la femme que j’aime, de ne plus me sentir dépassé ou envahi par une peur ou une indifférence ou un dégoût qui me submergent malgré ma foi en Dieu, malgré la transparence des échanges, malgré la lucidité des constats sur l’homosexualité, elle me paraît inaccessible.

Mais en revanche, lui, l’homme marié homo ou le prêtre homo, a l’impression qu’il ne connaîtra jamais la liberté du témoin homosexuel catholique que moi je vis, l’exaltation du pourfendeur des hypocrisies les plus bobos et les plus sataniques, la joie de l’évangélisateur par l’homosexualité, la libération du courage, la fougue du chevalier-exorciste quasi unique en son genre, qui peut se permettre de parler du Secret ouvertement, de démystifier la Honte, de démasquer le diable, de décrypter l’un des plus grands tabous au monde. Il a l’impression qu’il ne connaîtra jamais le soulagement de la frustration du silence. Car oui, j’en suis témoin, comme il se retient ! Comme il ronge son frein. Il est d’ailleurs halluciné de voir combien moi je ne me retiens pas ! Combien je suis insolent et libre, combien je suis fou et vrai, combien je joue un rôle tout en restant profondément moi-même. Il n’en revient pas que j’aie réussi (grâce à Dieu) à renverser la honte homosexuelle en fierté humble et sainte.

Quelle que soit notre forme de fidélité à la pureté de Dieu, nous, personnes homosexuellement non-pratiquantes, vivons quelque chose de la Royauté du Christ. Je le dis sans orgueil et sans me vanter, puisque ce titre de « Prince homosexuel » (ou de « Princesse lesbienne ») est un don, un héritage, une Croix pas encore très jolie à regarder/à porter, et non une affaire de mérite. Au Ciel, en revanche, quand nous découvrirons les vrais rois du monde (que nous avions pris pour des pauvres types), leur parcours et les trésors de leur abnégation, je crois que nous allons bien nous marrer. Nous allons en pleurer de bonheur ! Nous irons de surprise en surprise. Et ce sera sans fin !

 

210 – Pourquoi affirmez-vous que dans un temps humain les personnes homosexuelles ont peu de chances d’être reconnues comme des rois ?

Parce que l’homosexualité est une réalité trop douloureuse, trop complexe à comprendre, trop impopulaire quand elle est traitée en Vérité, et trop mystérieuse et minoritaire quand elle est vécue dans la continence, pour qu’elle puisse bénéficier d’une gloire humaine.

Je ne veux pas jouer mon défaitiste, mais je crois désormais que la victoire de la continence homosexuelle n’est pas de ce monde. Tout comme la Royauté du Christ et de ses prophètes n’a jamais été de ce monde non plus. Quand je mesure actuellement le retard monumental de nos contemporains sur la compréhension de la sexualité, quand je prends conscience de l’esprit d’égarement qui se généralise partout dans le monde (et la caisse de résonance que sont les réseaux sociaux d’internet n’aide absolument pas au courage intellectuel ni à la clarté des esprits, et n’annonce pas des jours meilleurs), quand je vois la lenteur et le désaveu de beaucoup de mes lecteurs – qui ont pourtant eu accès à mes nombreuses publications depuis dix ans – à propos de la dénonciation de l’homosexualité (ces jours-ci, La Manif Pour Tous a même créé officiellement une Union Civile « sans sentiments », et la grande majorité des catholiques n’identifie même pas le problème…), quand je constate la généralisation du boboïsme et de la lâcheté y compris chez les catholiques publics (beaucoup plus préoccupés à « faire cool » qu’à prendre le risque de l’impopularité de la Vérité et le risque de la mort sur la Croix), quand je constate la mollesse et la peur de mes pairs homosexuels continents, quand je vois que même la sortie de mon livre La homosexualidad en Verdad en ce moment en Espagne et en Amérique Latine parvient à être occultée par le discours simpliste, homophobe, nataliste et vide de toute analyse sur l’homosexualité et l’hétérosexualité, d’un Jean-Pier Delaume-Myard (qui n’est même pas espagnol et qui n’a même pas sorti de livre… mais les pro-Vie s’en foutent : leur alibi homosexuel répète en boucle qu’« il est homo mais pas gay, que la GPA est un horrible esclavage et que le lobby gay est une dictature », alors il les intéresse davantage que ma réflexion plus poussée), je ne me fais absolument aucune illusion : l’homosexualité va être passée sous silence jusqu’à la Parousie (Retour du Christ en Gloire).

Comme je le dis souvent, l’homosexualité est la cachette du diable, et la plus grande blessure interne cachée de l’Église catholique et de l’Humanité. Elle est donc très dangereuse, autant en pratique que par la méconnaissance dont elle bénéficie et par la peur qui l’entoure. Par conséquent, son compte risque fort de n’être réglé que par l’assaut final des forces armées de Jésus, et surtout par la Sainte Vierge. Certains de mes amis m’encouragent à me battre pour faire entendre ma voix, pour que mon message sur l’homosexualité monte jusqu’au Pape, que ma proposition d’oblature et de consécration divine dans la reconnaissance de la continence homosexuelle voie le jour. Je leur dis de plus en plus en tête-à-tête, un peu désabusé (mais toujours dans l’Espérance de la Résurrection) : « Laisse tomber. Ça ne nous appartient plus. Ça appartient au Seigneur. On fait ce qu’on a à faire. On doit continuer de dire ce qu’on a à dire. Mais il va falloir prochainement songer à s’arrêter de se battre contre des moulins à vent et de s’époumoner dans le grand concert mondial. Le moment approche où, comme pour Jésus devant Ponce Pilate, nous allons devoir ranger le glaive au fourreau, nous abandonner à l’Esprit, nous taire, consentir à ce que la Gloire des prophètes ne soit pas terrestre. » Désormais, la lumière de la révélation de toute la Vérité sur l’homosexualité, dans un monde autant gagné par l’obscurité, aveugle plus qu’elle n’éblouit et guide nos contemporains, de moins en moins habitués à réfléchir et à raisonner calmement, sans passion. Il faut en tenir compte, tout simplement.

De toute façon, dans le contexte mondial et ecclésial qui est le nôtre, je sens que le projet d’une royauté homosexuelle terrestre, même continente et officiellement reconnue par l’Église, donnerait lieu à tellement d’incompréhensions, et surtout de peur d’être mal reçu et de persécutions internes, qu’il a peu de chances d’aboutir dans un temps humain. On a déjà vu ce que ça donnait dernièrement rien que pour la rumeur fantôme de diaconat féminin… et le tollé qui s’en est suivi ! Je doute donc que le Pape François renouvelle avec les personnes homosexuelles la prise de risque encore plus grande de donner à croire à tout le monde qu’il serait gay friendly ! À moins d’un coup magistral de l’Esprit Saint, d’une fulgurance papale grâce à l’Esprit, ou d’une apparition mariale publique inattendue qui demanderait explicitement à l’Humanité la consécration des personnes homosexuelles, franchement, je ne vois pas.

Alors ne nous affolons pas trop et ne forçons rien : la cérémonie princière de décorations des personnes homosexuelles continentes, à mon avis, elle ne se trouve pas sur le calendrier terrestre. J’ai le culot de croire qu’elle sera non seulement plus honorifique que tous les Prix Nobel de la terre ou les Légions d’honneur ou toutes les récompenses cinématographiques imaginables ou des milliards de vues sur Youtube, mais également tout aussi grande que la consécration sacramentelle sacerdotale terrestre.

 

211 – Vous prédites que les persécutions anticléricales à échelle mondiale vont se centrer prochainement sur l’homosexualité. Cela veut dire que, si je suis homo catho, je vais jouer un rôle-clé ?

Oui. Tout à fait. On l’a encore vu récemment avec l’attentat homophobe – parce qu’avant tout humain et intentionnellement anti-gays – d’Orlando, qui a fait 50 morts le 11 juin 2016 dans une discothèque accueillant une clientèle majoritairement homosexuelle, et qui va assurément faire basculer les élections présidentielles dans un sens préjudiciable pour la défense de la différence des sexes et pour l’Église. Avec Hillary, on ne va pas rire du tout…

L’homosexualité et l’homophobie jouent un rôle-clé dans l’échiquier individuel, social, mondial et religieux… quand bien même, prise dans sa dimension désirante et non-actée, la tendance homosexuelle reste secondaire ; et quand bien même politiquement l’homosexualité et l’homophobie pratiquées sont le petit arbre frêle qui dissimule une transgression du Réel généralisée et bien plus grave que lui. Dans son pouvoir émotionnel, compassionnel, réactionnel collectif, dans ses conséquences politiques et médiatiques, l’homosexualité a aujourd’hui un poids décisionnel plus fort encore que l’avortement, la migration, la pauvreté, le chômage, la crise économique, le terrorisme, l’Islam, les drogues, qui sont pourtant des faits graves. C’est injuste et disproportionné, je le concède, mais c’est ainsi aujourd’hui. La vitrine de la bien-pensance et de la justice, c’est l’homosexualité et la lutte contre l’homophobie. La sexualité, c’est le cœur de l’Homme et de l’Église. Et les sujets de sexualité sont les seules carottes qui rendent mondialement la politique encore un peu appétissante, digne de confiance et d’intérêt, aux yeux de nos contemporains.

En ce moment, les gays-friendly veulent forcer l’Église catholique à rentrer dans leur « grand mouvement » de compassion universelle pour Orlando, et qu’Elle se positionne sur l’homosexualité… L’étau se resserre sur le talon d’Achille du Vatican. Alors si vous êtes catholique et homosexuel, l’Église va avoir besoin de vos mots et de votre personne pour La défendre et surtout pour expliquer Sa position sur l’homosexualité et Son amour pour les personnes homosexuelles, que tout cela ne soit pas considéré universellement pour de vaines paroles hypocrites, des vœux pieux ou un archaïsme homophobe. Dans toute résolution de conflit entre deux mondes qui se séparent de plus en plus, il faut des traducteurs qui assurent la médiation, qui pacifient par leur personne les incompréhensions de part et d’autre. Je sais bien que nous, personnes homosexuelles continentes, sommes en sous-effectif, que notre témoignage a de fortes chances d’être totalement insuffisant, que la mauvaise foi du monde nous entourera de dérision et de persécutions, qu’on nous bâillonnera. Il n’empêche que, jusqu’à notre mort, nous demeurons hyper gênants parce qu’hyper justes et rares et appropriés pour notre contexte religieux mondial présent.

 
 

CHAPITRE IX – TÉMOIGNER PUBLIQUEMENT DE L’HOMOSEXUALITÉ DANS L’ÉGLISE CATHOLIQUE : UN SUCCÈS HUMAIN ET ECCLÉSIAL MITIGÉ ; UNE VICTOIRE DIVINE SANS PAREILLE

 

212 – Quelle place peut prendre une personne homosexuelle dans l’Église ? Faut-il faire son coming out dans sa paroisse ? Faut-il témoigner de son homosexualité au grand jour pour défendre l’Église ?

L’Église parle d’homosexualité. Nous avons donc le devoir de transmettre son message à tous, y compris sur ce sujet-là. C’est une mission d’Église et un apostolat spécifique. Et si en plus les personnes directement concernées par l’homosexualité veulent porter ce message elles-mêmes, celui-ci n’en sera que plus incarné, habité, vivant, désarmant face à tous ceux qui instrumentalisent habituellement les personnes homosexuelles pour se dresser contre l’Église catholique. Mon seul conseil, c’est que si une personne homosexuelle veut donner son homosexualité à l’Église sans la pratiquer, qu’elle se jette à l’eau ! Elle ne le regrettera pas. Ce sera une grande joie pour elle et pour l’Église… même si elle doit se préparer à ne recevoir aucune gloire humaine en le faisant, étant donné que la Bonne Nouvelle de la Résurrection christique dans l’homosexualité ne fait plaisir ni au diable, ni aux ennemis de Dieu et des pécheurs, ni aux incrédules, ni même aux pharisiens catholiques. Néanmoins, si la sortie du placard devait se faire mal ou à moitié (à savoir au nom de la croyance en une soi-disant « identité homo » et en un soi-disant « amour homo »), autant se dispenser de la faire. L’apostolat par l’homosexualité, réussi d’un point de vue divin, est déjà raté d’un point de vue strictement mondain : pas la peine, s’il n’est pas un minimum parfait, qu’il soit aussi raté d’un point de vue divin.
 

213 – Quelle chance pour le monde est le témoignage et le don de l’homosexualité aux autres ?

L’homosexualité est un sujet central, qui aide, en négatif (c’est pour ça que ça surprend tout le monde et qu’elle est particulièrement efficace contre le Malin) les gens à retrouver la différence des sexes et l’Église. Elle est l’autoroute insoupçonnée de toute l’Humanité vers le Christ. Et puis quand en plus une personne humaine a la chance/malchance de la porter, cette homosexualité est l’opportunité pour elle de se donner pleinement aux autres – donc d’être heureuse – et d’incarner le Christ !
 

214 – Pourquoi est-ce une erreur de sous-estimer la puissance du témoignage de l’homosexualité continente ?

Parce que négliger l’importance et l’efficacité de l’homosexualité vécue dans la continence, et la portée de l’analyse factuelle de l’homosexualité pour le monde, revient à négliger l’importance de la différence des sexes et de la sexualité dans l’Humanité et dans l’Église, et donc l’Humanité et l’Église tout entières. Cela conduit à se déconnecter complètement des réalités de notre temps, des urgences de notre monde, à désincarner et ringardiser complètement le discours de l’Église, et à se priver d’une force monumentale contre nos ennemis libertaires.

Voyez par exemple comment même Frigide Barjot et Erwann Binet ne me citent jamais et ne me répondent même pas tellement ils ont peur de la force du message que je porte et de l’ombre qu’il porterait sur leur illégitimité à parler publiquement d’homosexualité. Alors que je rappelle que je suis un pitoyable blogueur isolé et sans le moindre pouvoir, sans la moindre ressource, sans aucun relai médiatique (pas même catho). Voyez, avec le peu de moyens et de soutiens que j’ai, comment j’arrive quand même à couper le sifflet à des Vincent Peillon, Christiane Taubira, Caroline Fourest et autres francs-maçons anticléricaux hargneux, qui n’osent même pas m’attaquer en procès tellement ils savent qu’ils le perdraient. Mon Dictionnaire des Codes homosexuels, qui contient toutes les pièces à conviction contre l’homosexualité pratiquée, est inattaquable. Depuis un certain temps, des journalistes et des ministres essaient de me réduire au silence : en vain. Et ceux, parmi les catholiques, qui auraient voulu faire de l’homosexualité et de l’homophobie des petits sujets de PaCS ou de « mariage pour tous », des modes passagères, sont obligés d’y revenir ou de les revoir citées dans des événements et des combats qui n’ont en apparence rien à voir avec elles (attentat de Nice, terrorisme, Orlando, transhumanisme, Guerre Mondiale, euthanasie, écologie, avortements, contraceptifs, clonage, Franc-Maçonnerie, crise migratoire, persécution des Chrétiens d’Orient, etc.). Je n’y peux rien si la différence des sexes – et donc son rejet par l’homosexualité – se retrouvent dans tout ce qui est humain ou ce qui menace l’Homme ! Même Tugdual Derville, sur les plateaux radio et télé où il devait défendre la vie lors des débats sur l’euthanasie, se lamentait de se retrouver constamment nez à nez avec Jean-Luc Romero, dont l’homosexualité est de notoriété publique. C’est sûr que dans un premier temps, si on ne voit pas plus loin que le bout de son nez, il est difficile d’admettre la corrélation entre Vincent Lambert et l’homosexualité, ou entre la Russie de Poutine et les droits LGBT, ou entre la GPA et l’« amour » homo, ou entre l’euthanasie des enfants en Belgique et le lobby gay, etc. ! Et pourtant, elle crève les yeux. L’homosexualité, et la croyance en celle-ci, sont les chevilles ouvrières de toutes les violences humaines.

 

215 – En quoi ça ne se verra pas que l’homosexualité est actuellement le sujet le plus crucial pour l’Église et pour le monde ?

Parce que les catholiques et leurs chefs arrivent en ce moment à un tel degré d’aveuglement, de peur et d’orgueil, qu’ils seront très peu à reconnaître leur manque de vision sur le sujet. Parce que plus une chose (comme l’homosexualité) est grosse et voyante, plus elle passe inaperçue. Parce que le diable avance le plus souvent caché : cela donne l’illusion à ceux qui n’y croient pas, ou qui l’identifient ailleurs, qu’il n’existe pas ; et cela fait passer ceux qui le voient au bon endroit pour des fous, des excessifs, des menteurs, des orgueilleux, voire ses agents… alors il jubile !

L’Araignée nommée « Homosexualité » a plein de pattes, de poils, et a pondu des œufs partout. Toutes ces ramifications portent des noms qui y conduisent autant qu’ils la cachent (« Gender », « GPA », « lobby », « idéologie », « pensée unique », « transhumanisme », « queer », « hétérosexualité », « amour », « égalité », « différences », « homophobie », « discriminations », « terrorisme », « droits », « liberté », « fraternité », « tolérance », « progrès », « technologie », « mariage », « famille », même « Dieu » !). Elle peut donc continuer à grignoter tranquillement les mâles, les Hommes, le Christ et son Corps mystique, à sa guise, sans être inquiétée. Tant qu’elle n’est pas nommée, tant que sa verbalisation est méprisée par les catholiques, tant qu’elle ne tombe pas sur le pied de la Vierge Marie et que ses destructions ne sont pas dévoilées au grand jour aux yeux de tous, elle passera pour insignifiante. Ses dégâts périphériques et dommages collatéraux feront diversion. Et ses dénonciateurs – comme moi – passeront pour des cons monomaniaques.

 

216 – Quelle est la communauté ecclésiale qui vous a le mieux reçu ?

Sans hésiter, les frères et sœurs de saint Jean ! Ce sont les premiers à m’avoir invité aux quatre coins de la France, de l’Italie et de la Belgique. En même temps, cette communauté récente est composée de beaucoup de jeunes religieux zélés, d’originaux inclassables (genre les Franciscains du Bronx, mais version « p’tits gris »), de « fous inspirés », de têtes brûlées, d’artistes évangélisateurs (qui excellent en théâtre, notamment), de personnalités fortes, hautes en couleurs, pleines d’humour et hors norme, un peu brutes de pomme mais souvent visionnaires et avant-gardistes. Ils ont un charisme d’écoute en particulier auprès des jeunes, connaissent bien les problématiques liées à la sexualité (addictions, prostitution, avortement, stérilité, homosexualité, etc.), et bénéficient d’une formation philosophique et anthropologique béton. Nous étions faits pour nous rencontrer (certains, en m’écoutant, m’ont sorti en boutade que « j’avais dû être frère de saint Jean dans une autre vie ! »). Ils sont branchés à fond « Nouvelle Évangélisation ». Et même si en ce moment cette communauté souffre des épreuves, elle n’a pas peur de regarder ses problèmes internes en face et d’affronter les sujets chauds actuels. De toute façon, les frères de saint Jean sont sous la protection de l’Esprit Saint et habitent avec la sainte Vierge. Bref, je les trouve vraiment cools (dans le sens reposant et fraternel du terme), doux, priants et intuitifs, comme l’est saint Jean, le disciple que Jésus aime. Je ne les remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance, en faisant abstraction du qu’en dira-t-on.
 

217 – En étant catho et homo abstinent comme vous, j’imagine qu’on vous déroule le tapis rouge dans l’Église ? N’avez-vous pas peur de vous faire récupérer par les cathos ? Voire même de nourrir leur homophobie ?

C’est ce qu’ont essayé de faire croire mes détracteurs quand au départ ils m’ont vu invité à droite à gauche par certains groupes d’Église. Mais détrompez-vous. En m’écoutant en conférence, ils ont vite vu que mon discours sur l’homosexualité n’était pas aussi simpliste et récupérable qu’ils le pensaient, voire même qu’ils secouaient autant les pro-gays que les catholiques dans leur rapport à la différence des sexes et à l’Église. Avec le temps, ils se sont également aperçus que je ne faisais pas autant d’émules au sein de ma propre famille ecclésiale qu’ils ne l’imaginaient, et que mes écrits et mon discours n’attisaient absolument pas la haine (« homophobe ») qu’ils auraient rêvé m’attribuer. Plutôt le contraire. Donc je ne fournissais pas suffisamment de prises pour une attaque frontale.

Les gens d’Église aiment les personnes homosexuelles jusqu’à un certain point. Même quand elles sont continentes. Selon eux, il ne faut pas qu’elles parlent trop. Il faudrait juste qu’elles se montrent pendant deux secondes, le temps de glisser au micro qu’elles sont « homos et cathos » (le bonus : « et contre le mariage gay ou le lobby LGBT »), pour parer à la présomption d’homophobie qui pèse sur les catholiques. Mais une fois qu’elles font le ménage à l’interne et questionnent les catholiques sur leur propre sexualité et leur foi, on les applaudit beaucoup moins, déjà… Elles passent pour les grandes méchantes, les insoumises, les incontrôlables, trop dangereuses à inviter. L’homosexualité remet autant en cause les dysfonctionnements de la société tout entière que ceux de l’Église. Elle oblige à un véritable examen de conscience. Un contrôle technique complet. Et tout le monde, croyant ou non, fait la gueule en devinant le montant total des réparations pourtant utiles, qu’elle a signalées/opérées !

 

218 – Comment le témoignage universaliste de la sainteté par l’homosexualité est-il reçu par les non-catholiques puis les catholiques ?

Si tu es catholique, homo et continent, tu vis les montagnes russes émotionnelles. L’appui en même temps que la trahison. La confiance en même temps que la peur et l’incompréhension. Tu es autant suivi que peu soutenu. Et tu découvres que les gens ne te connaissent et ne t’admirent que lorsqu’ils se sentent obligés de te le dire en tête à tête, avec l’assurance que personne n’entendra leurs compliments. La plupart te jalouse. Même ceux qui, parce qu’ils sont censés partager ta foi et défendre ce que dit l’Église catholique sur l’homosexualité, devraient t’aimer. Alors qu’ils savent pertinemment ce que dit le Catéchisme sur le sujet, ils ne t’aident absolument pas à vivre et à tenir en continence. En temps normal, ils font comme si tu n’existais pas (tout en pompant tout ce que tu écris). Tu dois te débrouiller presque tout seul… ce qui, en même temps, t’oblige à une intimité désertique inouïe avec Jésus : c’est déjà ça, et c’est même l’essentiel ! Tes opposants, homos ou pas, sont dégoûtés de découvrir l’universalité de l’homosexualité (ils l’auraient rêvée minoritaire et peu bruyante !). Les évêques ont peur de te soutenir ouvertement tellement tu es exceptionnel (dans les deux sens de l’adjectif) et « marqué » (eux pensent « clivant » ou « polémique »), et que la radicalité de ton choix risque de leur attirer tes emmerdes. Ils préfèrent garder leur distance, dans la hantise d’être trop vite « récupérés » et de voir griller leur réputation. Tu es connu comme le loup blanc. Ton nom circule sous les manteaux et les scapulaires, comme une référence exemplaire et honteuse à la fois. À l’instar du traitement réservé à Christine Boutin, tu finis par constater que tu es davantage écouté/relayé par tes adversaires que par tes propres amis. Ce désamour étonnant – il est moins étonnant venant des gens qui ne croient pas – te contraint fatalement à choisir Jésus en entier, et de tracer ta route sans t’attarder en chemin. Car franchement, si c’est pour les honneurs, la gloire médiatique, la gratitude, et le soutien des gens d’Église, voire même la satisfaction de l’obéissance et de la « performance » de la continence, fais autre chose. Tiens-le-toi pour dit : la grande majorité des gens d’Église ne t’aideront pas à rester continent et ne te soutiendront pas publiquement, même s’ils seront les premiers à te féliciter en off pour ton soi-disant « courage »… et aussi les premiers à te condamner si tu cesses d’être continent et à t’ignorer quand tu n’auras plus l’aura de respectabilité de la continence. Juste avant son topo « Exorcisme » du 20 novembre 2015 à la veillée des Semeurs d’Espérance de l’église saint Gervais, le père Jean-Pascal Duloisy – prêtre exorciste de Paris – s’est approché de moi, en ayant lu préalablement certains de mes articles sur les bobos cathos et leur bière (il a pu constater comment j’étais traité, ce que j’endurais), et m’a dit, pour que je ne perde pas ma joie, une seule phrase, avec une grande douceur : « Philippe, n’oubliez pas que les Hommes sont méchants. » Cette vérité étonnante, que j’aurais accueillie avec méfiance si elle était venue de la part d’un misanthrope, je l’ai reçue avec joie car je savais que le père Duloisy aime l’Humanité et qu’il est humble et drôle. Elle était sortie de lui comme un conseil, avec l’empathie de celui qui mesure une injustice. Et en effet, cet adage, je l’ai vérifié maintes fois. Les catholiques sont pour la plupart (et je me mets dans le lot) pécheurs, bêtes, lâches et méchants. On ne pourra pas réécrire l’histoire de Gethsémani et de la Crucifixion ! C’est pour cela que je ne suis pas amer en faisant ce constat-là, et que je ne cherche absolument pas à apitoyer sur mon traitement. Même la méchanceté des Hommes participe à notre sanctification, aux plans de Dieu, et à l’actualisation des Béatitudes (d’ailleurs, trois d’entre elles renvoient au bonheur dans la persécution pour la Justice). Au contraire, il y a quelque chose de vital, de joyeux, de puissant et d’actif, dans cette coupe. Je sais que Dieu permet cela pour le meilleur. Je sais qu’Il m’aime et qu’Il tolère ces petites humiliations pour que je ne prenne pas le melon. Ceci étant dit, je préfère prévenir quand même les postulants catholiques homosexuels qui voudraient connaître les joies puissantes de l’évangélisation par l’homosexualité : le contact avec les sphères médiatiques, artistiques, intellectuelles, et même ecclésiales, auprès des catholiques boboïsés qui n’ont pas le courage de la Vérité, est absolument pénible. Seul l’Esprit Saint console. Seul le soutien de certains frères – en particulier homosexuels – permet de supporter. La Vérité porte l’Homme plus qu’Elle n’est portée par Lui.
 

219 – Serai-je soutenu par l’Église si moi aussi je témoigne comme vous de mon homosexualité vécue dans la continence ?

Je me souviendrai toujours des réactions de petits garçons et de petites filles sages et impressionnés qu’ont eues ceux qui sont aujourd’hui les mentors des médias catholiques, quand ils m’ont vu pour la première fois en vrai. Prêtres comme journalistes. De vrais agneaux qui te mangent dans la main ! Mais très vite, leur jalousie, leur incompréhension, leur ambition ont pris le dessus. Sans raison justifiée, en plus. Et tu passes à leurs yeux, en un éclair, pour quelqu’un de méprisable, une bête rare, un possédé, un narcissique à mettre en quarantaine et à ignorer par tous les moyens, pour ne pas avoir d’ennuis avec lui.

Donc je peux vous l’assurer, sans pleurniche mais juste parce que c’est du vécu : même si on n’a pas grand-chose à vous reprocher, vous serez piétiné et votre témoignage d’homosexualité continente sera ignoré tout autant qu’épié. Quant à vos écrits, si vous avez l’opportunité d’écrire des choses utiles sur l’homosexualité et qui font vraiment avancer les recherches dans ce domaine (si c’est juste pour dire votre joie ou votre révolte d’être homo et catho, vous pouvez déjà vous abstenir : ce n’est ni fait ni à faire), ne comptez pas sur une publication. Les médias catholiques actuels sont tellement orgueilleux, frileux et peureux par rapport à l’homosexualité décrite et vécue en Vérité qu’ils n’auront pas ce courage. Basez plutôt toute votre espérance sur ces deux paroles de Jésus : « Malheur à vous si tous les hommes disent du bien de vous, car c’est ainsi que leurs ancêtres agissaient avec les faux prophètes ! » (Lc 6, 26) ; « Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. » (Jn 15, 20) Conseils d’ami du Seigneur.

 

220 – Vos conférences sont-elles efficaces ?

Très efficaces et pas du tout efficaces. Les deux extrêmes en même temps ! Très efficaces parce que je suis le seul témoin homosexuel en France qui traite directement et en Vérité de l’homosexualité (et non, contrairement aux autres, du « comment on vit avec »). Donc forcément, ça attire, bouscule, réveille, intéresse tout type de public. Ça évangélise les cœurs de manière fulgurante, moderne et hyper originale. J’ai suffisamment de récits de conversions spectaculaires pour savoir que je ne parle pas en vain ni mal de l’homosexualité. En revanche, mes conférences sont très peu efficaces dans la mesure où je suis encore trop isolé, où elles finissent parfois par attirer des ennuis et des combats même à ceux qui les ont mises en place, où ce n’est qu’après m’avoir entendu que les organisateurs et la foule se rendent compte du rayonnement universel du sujet ainsi que du travail immense qui reste à accomplir pour aborder l’homosexualité autrement. Un mélange contradictoire d’admiration et de profonde frustration envahit et écartèle mes auditoires. Il faut bien comprendre que je ne suis ni un simple témoin qui raconte émotionnellement son « parcours de vie » en une heure et demie ou son tour du monde en vélo pour prouver que « c’est beau de s’engager [pour les Chrétiens d’Orient] », ni un conférencier qui va barber tout le monde avec ses théories désincarnées à la noix. Déjà, je fais les deux : analyse intellectuelle + un peu de témoignage. Mais jamais l’un sans l’autre, ni le témoignage biographique au-dessus des thèses qu’il illustre. Et puis surtout, en dévoilant ce qu’est l’homosexualité, je pars carrément dans la description des origines de l’Amour et de l’Humanité, dans l’essai de reformulation de ce que sont Dieu, la sexualité, la différence des sexes, l’Église. Ça nous embarque tous super loin ! Ça n’a pas grand-chose à voir avec l’exposition d’une « tranche de vie » (comme le font beaucoup de « témoins chrétiens » de l’apostolasphère catholique actuelle). Avec l’homosexualité, je porte un sujet lourd, passionnant, qui ne peut se balayer en deux heures d’écoute ni être classé dans la rubrique « témoignage de vie » ou « sujet minoritaire/annexe ». Tout le monde devrait entendre mes conférences et se former sur l’homosexualité, y compris ceux qui ne sont pas directement concernés par un ressenti homosexuel. Redéfinir l’homosexualité et l’hétérosexualité, cela revient carrément à retracer l’histoire de la Vie (… le Cycle éternel). Rien moins que ça !

Pour bien faire, et pour traiter un sujet de cette ampleur de manière à peu près convenable et crédible, il faudrait au moins un séminaire d’une semaine entière, afin de répondre à un maximum d’attentes, d’accompagner les plus nécessiteux, et de dissiper les quiproquos, les vexations, les incompréhensions, les blessures, les malentendus. Et le pire, c’est qu’une semaine ne serait ni de trop ni ennuyante. Pas même pour les ados rebelles à la concentration limitée ! Sinon, quand ceux qui m’invitent ne me laissent que deux heures (ce qui est déjà pas mal, me direz-vous), beaucoup restent sur leur faim, se sentent floués, et partent en boudant ou carrément en râlant, après avoir parfois chanté mes louanges. Quand mes conférences ne sont pas appréciées – ce qui est rare, mais ça arrive malheureusement – en général on me reproche les moyens qu’on ne m’a pas donnés ; pas ce que j’ai dit ni la manière dont je l’ai dit. On me blâme d’avoir ouvert trop de portes, d’avoir manqué de clarté, de ne pas avoir solutionné tous les cas particuliers. On m’accuse d’être un semeur et de ne pas montrer déjà les fruits des semences. On me critique d’avoir déblayé le terrain, dégrossi le travail, mais limite aussi de ne pas avoir assez travaillé, d’avoir réveillé le diable, voire même d’avoir créé le mal que je dénonce. On me prend pour un irresponsable. On se plaint auprès de moi que je n’ais pas assuré le service après-vente : « Tu nous fous dans la merde ! C’est pas toi qui te tape les réactions des ados et des paroissiens après ! Toi, le signe de contradiction – même pour l’Église – serais-tu finalement un semeur de zizanie ? Ne te portes-tu pas témoignage à toi-même ? Ne nous délivres-tu pas un contre-témoignage qui ressemble pernicieusement à un témoignage ? n’es-tu pas venu finalement pour nous perdre ? ». En plus, mon auditoire habituel est lent à ingurgiter la somme d’informations qu’il reçoit (car son retard en matière de compréhension de l’homosexualité et de l’hétérosexualité est colossal), a du mal à comprendre que sur le terrain de la sexualité les choses prennent du temps et de la délicatesse, que le thème de l’homosexualité est de la nitroglycérine en flacons géants – même quand il est manipulé avec soin et patience. Il faut répéter et encore répéter des évidences, revenir à la définition des mots (« sexualité », « différence des sexes », « amour », « tolérance », « jugement », « préjugés », etc.), abattre les barrages bétonnés du sentimentalisme, du relativisme et du dogmatisme ambiants. Je ne fais pas dans le témoignage folklorique détente : c’est de l’opération chirurgicale !

Récemment, j’ai encore pu faire l’expérience (rigolote) de la grandeur impuissante de mes conférences. Je me trouvais le 3 mars 2016 dernier à Montauban (sud-ouest de la France) devant une assemblée d’une centaine de paroissiens, pour un topo sur « Homosexualité et Miséricorde ». Un angle inédit et riche de traitement de l’homosexualité, qu’on ne m’avait jamais fait prendre auparavant. L’évêque du lieu, Mgr Ginoux, et l’abbé Laurent Bonhomme (le vicaire le plus jeune de France), étaient là et m’ont confirmé que j’avais assuré, tant en clarté qu’en Charité et en Vérité. Le cœur de l’assistance semblait à la fin battre à l’unisson. Et pourtant… dans la voiture du retour, le père Bonhomme m’a rapporté en rigolant la question innocente qu’une brave paroissienne lui a posée à l’issue de mon intervention, et qui prouvait qu’elle n’avait pas dû capter grand-chose de ce que j’avais raconté, et que (pour certains fidèles présents) tout était à reprendre du début : « Mais tout de même, monsieur l’abbé, il y a quelque chose que je comprends pas : pourquoi les homos n’auraient pas le droit de se marier, puisqu’ils s’aiment ? ». #MinuteJeMarracheLesCheveux ou #JeMeTapeLaTêteContreUnMur. Vous l’aurez compris : le chantier auquel je m’attaque est énorme. C’est le travail d’une vie. Et il ne sera achevé/résolu que par Dieu, même si je dois quand même m’efforcer de l’entreprendre avec Lui. Donc tout va bien : j’essaie d’accueillir mon impuissance avec philosophie. Mes conférences seront toujours des réussites catastrophiques, des échecs hyper satisfaisants, des grands succès foirés. Je ne sais pas comment les qualifier autrement.

 

221 – Quel accueil réserve-t-on en général au témoin catholique de l’homosexualité dans les communautés ecclésiales ?

Comme je l’ai dit, au départ, c’est la fascination intimidée. Limite l’enthousiasme. On a quitté Pharaon et on découvre qu’on peut courir comme des fous dans le grand espace interdit et inconnu du désert ! Puis très vite, ça retombe. Arrivent l’ingratitude, la lassitude, l’agacement, le silence vexé, l’incertitude, le doute sur le guide (un peu trop solitaire et radical à notre goût…). Après le « mariage pour tous », certains catholiques influents m’ont quand même sorti en pestant : « Laissez les morts enterrer leurs morts ! », comme si le combat contre le « mariage gay » était déjà d’arrière-garde avant même d’avoir eu la chance d’exister et de perdurer, comme si on avait trop parler d’homosexualité… alors que concrètement personne (sauf moi) n’en a parlé publiquement. À présent, certains « catholiques » de la réaco-bobo-sphère, qui se retiennent encore un peu d’afficher fièrement leur homophobie, m’envoient déjà à la retraite ou à l’asile, me proposent de partir en vacances et de ne revenir (les faire « chier ») que dans deux ans : « Franchement, faut que t’arrêtes… » soupirent-ils avec dédain. Une chance qu’ils ne me sortent pas l’hypocrite cerise sur le gâteau de l’Emmanuel « Je te le dis en toute amitié… » Et je vous passe l’agressivité de certaines célibataires consacrées, au look de bonnes sœurs en civil bûcheronnes, qui me demandent de fermer ma gueule du fait qu’elles connaîtraient « mon refrain sur l’hétérosexualité par cœur », ou encore la jalousie contenue de certains séminaristes ou curés qui ne sont pas contents du tout que je vive mieux qu’eux le vœu de chasteté alors même que je ne suis pas prêtre, ni que je parle d’homosexualité dans l’Église alors que ce serait plutôt à eux de le faire ! Ils me jugent « trop dur », « peu charitable », ou « peu recommandable », et ne savent pas pourquoi. Ils ne me connaissent même pas. Très rares aussi sont les paroisses qui m’ont invité ou réinvité après la promulgation de la Loi Taubira. Elles préfèrent laisser les tensions communautaires dues à l’homosexualité se tasser. Si elles ont cru que l’homosexualité n’était qu’un débat de « mariage pour tous », c’est qu’elles n’ont rien compris à l’atemporalité et à l’importance du phénomène homosexuel pour notre monde et dans la sphère politique actuelle. Même notre contexte actuel obnubilé par le terrorisme mériterait que je sois invité pour une conférence sur « Homosexualité et djihadisme » ou « Homosexualité et Islam » ou « Homosexualité et Gouvernement Mondial ». Ce ne serait absolument pas hors-sujet. Les catholiques, dans leur ensemble, n’ont aucune conscience de l’ouverture et de l’actualité de l’homosexualité, de toutes les potentialités, les éclairages et les connexions qu’elle offre. Ils vivent au jour le jour, au gré du fil d’actualités des réseaux sociaux, et courent après la première « nouvelle » menace à la mode ou la première cause orchestrée par les Big Data du numérique, qui les sortira de leur sentiment d’impuissance. Misère de misère…
 

222 – Pourquoi dites-vous que l’homosexualité est le plus bâtard des apostolats ?

Sans la jouer « Caliméro » ou « Nous, les personnes homos, sommes les plus grandes victimes que les autres » (parce que je ne pense pas que nous soyons les plus à plaindre sur terre : quelle que soit notre condition, toute épreuve humaine devient la plus dure quand on ne la vit pas avec Jésus), c’est en entendant le magnifique témoignage de Paule, formatrice à l’association Mère de Miséricorde, le 16 janvier 2016 à Montmartre, à la retraite de Mère de Miséricorde justement (cette association formidable accompagne les personnes en situation d’infertilité et d’avortement), et c’est en voyant également comment j’ai été reçu à cette même session (super super bien, mais de manière particulière et pas assumée : on m’a mis dans une toute petite salle, ma conférence n’était pas ouverte à tous, et l’annonce publique n’a pas été faite), que je me suis une nouvelle fois rendu compte que l’apostolat catholique sur l’homosexualité est même marginalisé par ceux qui sont déjà marginalisés dans l’Église ! En effet, Paule a raconté comment, il y a encore vingt ans, l’avortement était un sujet tellement tabou dans la Communauté ecclésiale, que les accompagnateurs des femmes ayant avorté étaient obligés de les cacher, de se battre pour exister, et que les sessions Stabat Mater devaient se vivre dans une grande clandestinité… même si maintenant, Mère de Miséricorde est reconnue officiellement par les évêques et les paroisses, et appelée à la rescousse de tous côtés, parce que tout le monde se rend bien compte de l’urgence du contexte actuel, mais également qu’accompagner les personnes n’équivaut pas à cautionner leur problème et leurs actes. On m’a raconté que ce furent exactement les mêmes combats, les mêmes résistances internes, les mêmes bras-de-fer, la même violence inouïe, dans les années 1990 à Paray-le-monial, pour que les organisateurs des sessions des familles se décident enfin à laisser le micro aux femmes qui ont pratiqué l’IVG. Croix identique pour le Cenacolo (accompagnant les personnes droguées) monté par sœur Elvira dans les années 1980… largement soulagée par son succès actuel.

En écoutant le parcours du combattant de ces valeureux catholiques pionniers de l’accompagnement des personnes confrontées à la réalité de l’infanticide, qui avaient dû patiemment faire leur trou dans l’Église (et ce n’est pas terminé ni acquis pour eux encore aujourd’hui !), j’étais partagé entre un immense sentiment d’admiration pour leur courage, une vraie émotion de découvrir une communion d’épreuves (il y a tellement de similitudes entre l’homosexualité et l’avortement ! : j’avais l’impression de lire l’histoire des personnes homosexuelles continentes dans l’Église, trente ans en arrière !), mais aussi une vraie amertume. Car pendant ce week-end parisien à Montmartre, j’étais mine de rien placardisé par ceux-là mêmes qui avaient été jadis placardisés. Je me suis même dit intérieurement : « Certes, les combattants contre l’IVG, même si ça a pris du temps et ça en prendra encore, auront quand même la chance de connaître in extremis les joies de l’accueil de leur apostolat magnifique par l’Église-Institution dans un temps humain. Mais pour nous, personnes homosexuelles continentes, j’ai peu d’espoir que cette reconnaissance, cette impulsion et notre apostolat spécifique, aient le temps de se concrétiser, ait les moyens de naître un jour. Quand je vois l’état de nos troupes, quand je vois la méfiance, les prises de tête, les états d’âmes, les cas de conscience, les peurs, les hystéries, les méchancetés, les légendes noires, qui nous entourent, quand je vois tous les bâtons dans les roues qu’on nous met, je me dis déjà que c’est mort. L’avortement, tous les catholiques savent à peu près que ce n’est pas bien et qu’il faut agir contre. En revanche, l’‘amour homo’, presque aucun catho ne sait que ce n’est pas bien et que ça n’existe pas. Et pour ce qui est de la continence homosexuelle, presque tout le monde en doute… Nous, les personnes homosexuelles dans l’Église, nous sommes vraiment les bâtards de chez bâtards ! » Je remercie tout de même infiniment Mère de Miséricorde et Parlez-moi d’amour de nous rendre un peu moins bâtards ! Gratitude éternelle à Valérie Ternynck, une sainte femme.
 

223 – Pourquoi les catholiques sont-ils si hostiles aux témoins homosexuels ?

Parce que d’une part notre témoignage public de l’homosexualité ne casse pas souvent des briques (il faut dire ce qui est : ce n’est pas parce qu’on est homo qu’on a forcément compris notre homosexualité et qu’on a quelque chose à dire !), peut se révéler très insipide, voire à double tranchant : c’est le problèmes de certains témoins homosexuels pas finauds qui se sont gargarisés de la visibilité facile que pouvaient leur offrir la médiatisation du « mariage pour tous » et la rareté de leur statut de « personne homosexuelle opposée au mariage gay » ou de « personne homosexuelle croyante » ; c’est aussi le problème des témoins homosexuels qui, après avoir simulé d’être de parfaits cathos, ont retourné leur veste en pleine conférence et se sont révélés très critiques envers l’Église-Institution (exemple : Claude Besson, Julien Pointillart, Krzysztof Charamsa, etc.). Je comprends, pour le coup, que les paroissiens honnêtes, déjà peu convaincus de la totale inexistence de l’homophobie dans les rangs de La Manif Pour Tous ou sur les bancs de leur propre église, se découragent de nous inviter et se méfient de nous. Ils préfèrent ne pas prendre trop de risques, ni du côté LGBT, ni du côté KT.

D’autre part, je crois aussi que les catholiques se défient de nous, témoins homosexuels, pour une raison beaucoup plus noble : notre étonnante solidité, notre insoupçonnée puissance (puissance qui ne vient ni de nous, ni de notre seule originalité). Ils sont les premiers surpris de voir que, dans le contexte social et mondial qui est le nôtre et qui est particulièrement virtualisé/matérialiste/bisexualisé, nous, personnes homosexuelles, sommes irremplaçables et capitales. Donc il arrive aux catholiques (laïcs ou sacerdotaux) de se révéler jaloux plus souvent qu’à leur tour. En plus, par l’explication et la monstration de notre tendance homosexuelle, nous les renvoyons inconsciemment à leur mauvaise gestion de la différence des sexes et de la différence Créateur-créatures (l’Église), alors même que nous paraissons à bien des égards les plus mal placés pour le faire ! Et comme si ça ne suffisait pas, nous possédons un langage, une tendance sexuelle, un masque identitaire, un pass, qui nous ouvrent magiquement les portes de toutes les sphères de pouvoir (y compris ecclésiales) sur lesquelles beaucoup de catholiques louchent depuis des années ! Car oui, les médias et la démocratisation de la politique a fait naître chez un certain nombre de fidèles une ambition et une fièvre inédites : être des évangélisateurs cools et modernes ! Donc sur les Marches de la Gloire, nous, les personnes homosexuelles, constituons à leurs yeux autant un partenariat qu’un pénible barrage, autant une curiosité bigarrée qu’une dangereuse concurrence.

 

224 – Qui se cache derrière Homovox, l’Avenir Pour Tous, ou des voix comme Homo mais pas gay ?

Sans exception, ce sont des personnes homosexuelles « en couple » ou dans le rêve d’en former un, souvent « cathos de loin », qui ne dénoncent le « mariage gay » que pour l’aspect filiatif (la question des personnes, du célibat, des pratiques privées, ils la zappent), ou pour l’aspect identitaire qui leur assure une éphémère médiatisation. Par exemple, Xavier Bongibault, président de Homos pour la Vie et + Gay sans mariage, incarne tout à fait cette revendication identitariste qui se présente comme anti-identitaire.

Le mouvement Homovox qui s’est créé pendant la bataille politique contre le « mariage gay » en France, a été très vite récupéré par la frange catho-gay friendly de La Manif Pour Tous (= L’Avenir Pour Tous), portée par des personnalités comme Frigide Barjot ou encore Nathalie de Villiencourt, soucieuses de défendre « l’amour homosexuel » et la pratique amoureuse de leurs « frères homos », et très attachées à confondre la différence des sexes avec l’hétérosexualité pour cacher leur expérience douloureuse du mariage.

Par arrivisme, ces mêmes membres d’Homovox prennent le micro juste pour dire qu’ils sont « homos » et que c’est en tant que tels qu’ils s’opposent au « mariage gay ». Ils se pensent très courageux d’offrir leur nom et leur témoignage à la France entière, et s’imaginent que l’affichage de leur homosexualité et de leur opposition au « mariage gay » constitue en soi un message de fond. Alors qu’il n’en est rien : toute personne homosexuelle pratiquante se dit « hors milieu », « contre les conséquences des droits qu’elle demandent » et « victime du système qu’elle exploite ponctuellement ». Ils répètent en boucle qu’« être homo et contre une loi qui passe en leur nom ça existe, c’est possible » (et alors ? qu’est-ce que ça change ?), que « le lobby gay, les médias et les politiques de gauche les instrumentalisent et sont une terrible dictature », que « le trafic d’enfants et de mères de la GPA est odieux ». Voilà. Ça s’arrête là. Ce sont les arguments de l’homophobie ordinaire la plus communément partagée par les personnes homosexuelles, y compris celles qui défendent le « mariage gay ».

Pour justifier leur homophobie, soit ils se fondent sur le discours nataliste pro-Enfants qui rassurent les militants pro-Vie, soit ils tapent sur leur propre communauté d’appartenance, le fameux « lobby gay » (chose que moi je ne fais jamais : j’ai toujours défendu la communauté homosexuelle et la culture homosexuelle, à partir du moment où celles-ci se fondent sur l’amitié continente catholique). Ils sont les cautions homosexuelles qui soulagent et donnent corps à l’homophobie sous-jacente des militants pro-Vie. Par leur témoignage émotionnel et l’exposition de leur parcours, ils feignent parfois d’aller un peu plus en profondeur, de vraiment parler d’homosexualité. Mais en réalité, de l’homosexualité, ils ne disent rien. Zéro analyse. Ce n’est que de l’affichage narcissique qui expose de la demande de Charité, mais pas de la demande de Vérité. Et pour cause : les témoins d’Homovox ne vivent pas ce qu’ils disent, ne se donnent pas les moyens (la continence) de ce qu’ils demandent (le retrait de la Loi Taubira). Ils font semblant de parcourir la moitié du chemin (la dénonciation d’une injustice), mais se contredisent dans les faits puisqu’ils chérissent les causes (= « l’amour homo », l’Union Civile, l’hétérosexualité) dont ils diabolisent les conséquences (= « le mariage gay », « le lobby homosexuel », la GPA).

Et pour masquer habilement cette contradiction, ils ont pour habitude de couper schizophréniquement/hypocritement le « milieu homosexuel » en deux, comme s’il y avait d’un côté une communauté homo chaste, discrète, belle, spirituelle, champêtre, à taire et à encourager, et d’un autre côté un milieu gay citadin, totalitaire, marchand, perverti, débauché, politisé, à éradiquer. Ils cultivent un fossé fictif entre les adjectifs « homo » et « gay », tout ça pour se justifier de pratiquer en cachette ce qu’ils dénoncent publiquement. Ils partent du principe qu’un catholique ne peut pas être gay. Ils se font leur petite distinction schizophrénique maison : à les entendre, « homo » est une tendance ; alors que « gay » c’est l’idéologie, un choix, un mode de vie, la pratique. Et comme ils veulent continuer à pratiquer leur homosexualité sans qu’on ne leur dise rien (en « couple », souvent « libre », prétendument « spirituel » mais anti-Église-Institution, souvent avec des petits jeunes, parfois même par le sadomasochisme et le clubbing), ils finissent par s’auto-persuader que leur combat contre le « mariage gay » est efficace, nuancé, juste… quand, dans les faits, ils vivent et cautionnent les prémisses du « mariage gay » et ont corrompu notre juste opposition à la Loi Taubira.

Enfin, comme ils finissent par se rendre inconsciemment compte de leur opportunisme, de leur tiédeur, de leurs incohérences et de leurs contradictions, ils me tirent dans le dos, en me faisant passer pour un fondamentaliste, car je suis le seul qui, publiquement, leur renvoie leur réelle homophobie à la figure. Vu qu’ils n’ont rien à me reprocher, ils m’inventent alors un orgueil monstrueux (le fait que je dirais et penserais que je possède la Vérité) ou une dangerosité redoutable (« Philippe Ariño fait de son cas une généralité ; il recherche la notoriété ; il parle au nom de tous ; il ne supporte pas les avis contradictoires ; il n’est pas dans le débat ; il impose la continence ; il décourage les gens à pratiquer la religion catholique ; il provoque des suicides. »).

À ces militants de carnaval, prêts à jouer les toutous des militants pro-Vie droitistes hétérosexistes et homophobes, prêts à draguer les cathos pour se faire une place au soleil auprès d’eux, je dis qu’ils ont pris des risques monumentaux pour rien, pire, qu’ils n’ont fait qu’accroître l’homophobie sociale avec leur discours anti-communauté-LGBT. Ce sont eux qui provoquent des suicides en justifiant l’Union Civile et l’« amour homosexuel », en vivant dans l’ombre leurs actes homosexuels et parfois même sado-masochistes. Mais la Vérité éclatera un jour.

 

225 – Les catholiques se rendent-ils compte qu’ils ne vous soutiennent pas ?

La grande majorité, non. Ils sont persuadés que j’ai un agenda de ministre, que tout le monde m’invite (alors que pas du tout), qu’ils ont traité de l’homosexualité pendant les Manifs Pour Tous (alors que personne n’en a parlé, pas même Frigide Barjot qui en a carrément banni l’analyse ; d’ailleurs, l’homosexualité n’a jamais été un « thème de Manif Pour tous » ni un « sujet réservé au mariage gay », contrairement à ce qu’ils croient), qu’ils m’ont laissé parler sur les podiums (alors que la seule fois où j’ai pu m’exprimer, c’était aux Champs de Mars et il a fallu que je force le passage), que j’aurais abandonné de moi-même LMPT comme un malpropre (alors que concrètement, ce sont les leaders du mouvement qui m’ont écarté). Les militants anti-mariage-gay – et secrètement catholiques pour la plupart – portent aux nues La Manif Pour Tous, sans identifier son homophobie ni la leur. Ils pensent qu’aimer les personnes durablement homosexuelles et traiter du sujet de l’homosexualité, ça se limite à nous laisser un petit espace de vitrine personnelle pour simplement prononcer trois phrases « Je suis contre le mariage gay. Je le dis en tant qu’homo. Et la Manif Pour Tous n’est absolument pas homophobe puisque j’en fais partie ». Point barre. Après, couché panier !

Dès que nous nous exprimons davantage, ça se dégrade sensiblement. Si nous osons dire que nous sommes cathos et abstinents, nous devenons à leurs yeux des « extraterrestres courageux » dont ils s’émeuvent un court instant mais qu’ils érigent illico en exceptions inaccessibles et abstraites. Si nous commençons à décrire ce qu’est l’homosexualité et l’homophobie, à en montrer l’universalité, et à nous opposer à l’Union Civile, là, nous sommes carrément « dangereux et trop bavards ». Une potiche (homosexuelle), normalement, ça rassure, ça ne prend pas trop de place, ça ne fait pas de bruit, et surtout, surtout, c’est là pour faire ce qu’on veut d’elle et ça ferme sa gueule. On ne va pas non plus cultiver en elle son fameux « narcissisme congénital » ! Non mais ! Une amie lesbienne catholique, présente dans la foule des manifestants du 13 janvier 2013, m’a rapporté les réactions de certaines personnes qui l’entouraient au moment où je m’exprimais sur les écrans géants du Champs de Mars : « Qu’est-ce qu’ils foutent là, les homos ?! Nous, on est là pour la famille, et c’est tout ! » CQFD.

Le pire, c’est que cette instrumentalisation et ce rejet homophobes dont les personnes homosexuelles catholiques font l’objet par les lobbys familialistes et pro-Vie « chrétiens » ne sont souvent pas conscients. Pourquoi ? Parce que les « catholiques culturels » ou « humanistes » nous trahissent et nous rejettent… mais avec des croix lumineuses dans les yeux, des rosaires dans la main, et un chapelet d’intentions de prière et d’encouragements muets à notre encontre ! Si bien qu’ils ne s’en rendent pas compte, et qu’ils s’offusquent même de s’entendre dire qu’ils aient pu être capables d’homophobie. Par exemple, du fait qu’ils me trouvent courageux, qu’ils me suivent depuis un certain temps sur mon blog, qu’ils sont d’accord en théorie avec ce que j’écris, et qu’ils me soutiennent « dans l’idée » et en intentions, ils s’imaginent sincèrement qu’ils « m’ont vraiment aidé et m’ont servi le couvert ». Concrètement, c’est du gros mytho. On pourrait appeler cela de la schizophrénie (de peur, de lâcheté, d’intérêt ou de piété). Ils ne se rendent même pas compte que leurs salamalecs ne sont pas suivis des actes et d’une véritable prise de risque de leur part. Ce n’est que par des rencontres hasardeuses que je découvre mes « fans cachés ». Dès qu’ils me voient ou découvrent mon nom, ils se sentent obligés de me couvrir d’éloges… même si dans les faits, quasiment aucun d’entre eux ne me soutient publiquement, ne me fait venir en conférence, ne me défend lorsque je suis attaqué. Leurs compliments ne sont que des mots, des félicitations prononcées du bout des lèvres. Le « Bravo pour votre courage », ce n’est ni plus ni moins que l’équivalent catholique du fameux « J’aime beaucoup ce que vous faites » des groupies profanes. Il faut que je me rende à des concerts ou à des événements cathos pour réaliser que tous mes voisins me connaissent et « sont à fond avec moi », « m’encouragent à continuer ». Sinon, je n’en saurais rien car je n’ai aucune preuve pour m’en rendre compte. Non seulement ces marques de reconnaissance ne me font pas plaisir, mais elles agissent comme des coups de poignard dans le dos. Pourquoi me défendre par derrière si vous n’êtes pas capables de prendre le risque de me défendre face aux autres ? Quelle est la valeur de votre amitié ? Ils lisent et voient ce que je fais mais ne relaient pas. Quel incroyable décalage.

Certains croient sincèrement me soutenir. C’est juste dans leur tête, en fait. Et pour eux, ça suffit de VOULOIR. Ils prennent leurs désirs pour des réalités. « On est content que tu existes. Pour le symbole et pour notre confort rhétorique, argumentatif. Parce que ça nous sert d’exemple d’homo à citer ou à garder à l’esprit au cas où on nous attaquerait en tant que cathos sur l’homosexualité. On pille ton héroïsme et tes idées, on te télécharge… même si publiquement on a honte de ta radicalité pour le Seigneur, on t’extrémise et on ne te fait pas témoigner. On sait qu’on devrait… mais non : tu es too much. » Mais qui est « too much », en réalité ?

Là où, avec beaucoup de catholiques embourgeoisés et boboïsés, on atteint des sommets de mythomanie/d’hypocrisie, c’est quand ils croient m’avoir entendu et applaudi alors même que ça ne s’est jamais produit. Par exemple, il m’est arrivé à plusieurs reprises de recevoir les remerciements chaleureux de plusieurs paroissiens du Chesnay (paroisse très fréquentée et très bien cotée des Yvelines) qui « se souviennent encore du magnifique témoignage » que j’aurais donné en 2012 dans leur église… alors que dans les faits, je n’ai jamais été invité officiellement au Chesnay, je n’ai jamais fait de conférence là-bas, et j’ai tenu le micro cinq minutes en tout et pour tout, parce qu’à l’époque j’étais la vitrine homosexuelle de Frigide Barjot. Je m’en souviens très bien. J’avais accompagné à la dernière minute Frigide et conclu son topo de deux heures par une déclinaison sommaire de mon identité de personne homosexuelle, catholique, continente et opposée au projet de loi du mariage gay. « Parler d’homosexualité », pour beaucoup de catholiques, cela revient à dire « Je suis homo » et repartir ?? Là, on a quitté le réel pour rejoindre la mythomanie, je ne vois pas autre chose.

Dernier exemple pour illustrer la schizophrénie de l’idolâtrie de la plupart des catholiques à l’égard des témoins homosexuels continents (schizophrénie qui se retourne très vite en indifférence et en trahison). J’ai entendu pas plus tard qu’il y a deux semaines une jeune femme de mon âge, très « catho tradi » en apparence, venir me féliciter pour mon intervention qu’elle avait entendue il y a trois ans à l’église Sainte Jeanne de Chantal à Paris. Elle a été capable dans la même phrase de me sortir qu’elle me trouvait « hyper courageux » et qu’elle croyait cependant en la « beauté et la possibilité de l’amour homo », tout ça en prenant l’exemple d’un paroissien homosexuel de sa chorale qui avait l’air « très épanoui depuis qu’il s’assumait et était en couple avec une homme ». En gros, si je suis le raisonnement de beaucoup de catholiques, mon témoignage de vie sur mon ressenti homosexuel et sur ma double appartenance à l’homosexualité et au catholicisme, ils prennent ! Mais en ce qui concerne la Vérité sur la pratique homosexuelle et le « couple homo », en ce qui concerne le discours un peu plus universel sur l’Amour et le sens de la sexualité, ça, ils laissent ! Ils veulent bien m’entendre parler de ma vie, mais surtout pas d’homosexualité en général ! Pour eux, je suis un peu l’exception (d’une continence « courageuse ») qui confirme la règle (de la possibilité du « couple homo catho chaste et beau quand même », et de l’« archaïsme de l’Église catholique vis-à-vis de l’homosexualité »). J’ai envie de répondre à ces nombreux catholiques incohérents, tièdes et désobéissants : « Gardez votre couronne de lauriers, arrêtez de m’idéaliser (si c’est pour après autant me renier !), ne me soutenez pas (si c’est pour me soutenir aussi mal !), ne m’utilisez pas pour justifier un double discours sur l’homosexualité qui n’est ni conforme à la réalité des personnes homosexuelles ni conforme à l’Église, documentez-vous et intéressez-vous sérieusement à l’homosexualité. Je ne vous ai délivré aucun témoignage. Je n’ai fait que vous rapporter ce que dit notre Église et la fidélité que j’essaie de vivre avec Elle. Le courage que vous m’attribuez, je n’en veux pas ! Je préfère largement que vous le gardiez et l’appliquiez pour vous-mêmes ! Merci ! »

 

226 – Comment se termine un témoignage public sur l’homosexualité en général ? Quels retours avez-vous ?

J’ai vraiment d’excellents retours. Et j’ai gardé des amitiés indestructibles. Après, pour parler globalement des témoignages, même quand ça se passe très bien (rares sont les incidents pendant mes conférences), ça finit sur la durée par se passer mal. Et les beaux fruits se périment vite. Parce que l’homosexualité est un sujet qui met mal à l’aise, qu’on le veuille ou non. Parce qu’après une opération lourde, il est toujours plus facile d’applaudir les infirmières que le chirurgien en chef. Même si c’est lui qui a fait le gros du travail et qu’il l’a en plus bien fait, on ne peut que lui en vouloir de nous avoir fait un peu souffrir, de nous avoir secoués. Il est également difficile d’être euphorique et de garder durablement son enthousiasme juste au moment de notre sortie du bloc opératoire, complètement sonné après une anesthésie générale. En soi-même, on a beau savoir que ce qu’on a entendu est vrai et conforme à l’Église, on a beau savoir pertinemment que l’opération était nécessaire (sans doute même vitale !), on fait quand même la gueule parce qu’il va falloir se récupérer, expliquer aux autres après, peut-être même changer radicalement de vie ou de mode de perception de l’homosexualité. C’est le début des emmerdes et des séances de rééducation ! Et on a beau reconnaître le talent du médecin ou de l’orateur homosexuel, on ne va pas garder contact avec lui ni retenir son nom ni verser dans le sentiment et la sympathie : il n’a fait que son travail et son devoir de chrétien, après tout ! En plus, « on n’a pas tout compris de ce qu’il a dit… ». Peut-être même que ce n’était donc pas si bien ni si complet que ce qu’il nous avait semblé sur le moment… Donc oui, vous l’aurez compris, la récolte des témoignages publics sur l’homosexualité n’est pas mirobolante ! C’est même hyper ingrat. Il faut le savoir, si vous comptez m’inviter un jour… Cinq pains qui se battent en duel et deux pauvres poissons qui nous regardent avec leurs yeux de merlans frits…
 

227 – Pourquoi les catholiques ont-ils peur de l’homosexualité ? Pourquoi cet isolement et ce désamour de leur part ?

L’homosexualité ressentie ou active, et surtout sa médiatisation mondiale, est un symptôme fort de décadence sociale, de perte globalisée de la foi, de schisme dans l’Église, de déclin de la différence des sexes, de déshumanisation et de sécularisation avancées, de désaffection pour les sacrements tels que le mariage, l’Eucharistie, le sacerdoce. Alors je comprends tout à fait que ça leur casse le moral, qu’ils ne voient pas le sujet (et les témoins homosexuels) d’un très bon œil. Ils nous dévisagent à raison comme les messagers involontaires de leurs tribulations et persécutions futures. Des araignées de mauvais augure.
 

228 – Que reflète de désagréable dans l’Église catholique une personne homosexuelle, de par son attraction sexuelle ?

Elle renvoie à l’Église l’infidélité (infidélité à la différence des sexes, au mariage, au célibat, à l’Eucharistie, à Jésus) et la corruption de nombreux fidèles, clercs, religieux, en son sein, ainsi qu’à la peur et au silence complices de ces derniers.

Une personne homosexuelle, même celle qui ne pratique pas, est (j’en suis témoin) considérée par la plupart des gens d’Église comme un danger, un poids, un « fouille-merde » qu’on regarde de travers, un semeur de zizanie, et non comme une chance. On la confond avec l’ennemi interne, alors que pourtant, elle est la mieux placée pour reconnaître les ennemis internes et le Diviseur ! Elle est la mieux placée pour identifier la bactérie qui menace le Vatican. C’est bien triste, ce gâchis.

Encore récemment (juillet 2016), une amie religieuse m’a écrit ce mail pour me décrire la passivité et la collaboration de certains prélats catholiques, prêts à laisser la Barque de Pierre prendre l’eau et à étouffer les faits objectivement scandaleux qui menacent leurs brebis afin de sauver leur petite carrière : « Il y a quelques temps, me semble-t-il, tu as publié quelque chose sur l’homosexualité dans la vie religieuse, non ? Abusée par une religieuse quand j’étais novice, je me bats avec beaucoup de douleur pour que l’agression soit reconnue et que la Vérité soit faite. Pour les supérieures, il s’agit d’une ‘histoire entre nous’… et pour Rome, c’est pire (je te mets la lettre que j’ai reçue). Cette lettre n’est qu’un tissu de mensonges abominables (aucune enquête n’a été faite, etc.) qui atteint son paroxysme à la phrase ‘Tout cela nous a amenés à ne pas intervenir plus, pour respecter les autorités compétentes, puisqu’il s’agissait de relations homosexuelles entre adultes’. Pour Rome donc, les relations homosexuelles au sein des institutions religieuses sont normales. On peut donc violer sans peine dans les séminaires et les noviciats. Bien sûr, ce qui est grave, c’est que l’éminence qui m’écrit ne fait pas la distinction entre relation subie ou consentie, mais voilà la vision de l’homosexualité pour les pontes romains. Édifiant ! Je me suis dit que peut être cela pourrait te servir et/ou t’éclairer sur la position romaine. Voilà comment Rome traite les victimes d’homosexuelles perverses dans l’Église et comment le manque de formation et de discernement mène à la mort des personnes mais aussi à la mort des congrégations. Bonne suite à toi, toujours la joie de te lire. Tu es tout à fait libre de disposer de cette lettre à l’unique condition de masquer mon nom. »

Il n’est pas trop fort, concernant l’imprégnation de l’homosexualité active dans le Clergé catholique (ou au moins du soutien de l’homosexualité active discrète), de parler d’infestation. En lisant le roman-documentaire La Maison battue par les vents (1996) du père Malachi Martin, j’y ai retrouvé de nombreuses résonances avec mon étude sur les curés homosexuels ainsi qu’avec les témoignages que j’ai reçus de source sûre : « Il apparaissait tout à coup comme incontestable que l’organisation catholique romaine comprenait désormais – pendant le pontificat de Jean-Paul II en cours – un contingent permanent de clercs qui adoraient Satan et qui aimaient ça, d’évêques et de prêtres qui sodomisaient des jeunes garçons et se sodomisaient entre eux, ainsi que des religieuses qui accomplissaient des ‘Rites noirs’ de la Wicca et qui entretenaient des relations lesbiennes à l’intérieur comme à l’extérieur de la vie conventuelle. […] Non seulement il s’accomplissait des rites et des actions sacrilèges aux Autels du Christ, mais cela se faisait avec la connivence ou, du moins, la permission tacite de certains Cardinaux, archevêques et évêques. La liste des prélats et des prêtres concernés avait de quoi causer un énorme choc à quiconque la découvrait. Au total, ces hommes ne formaient qu’une minorité comprise entre un et dix pour cent du clergé total. Mais parmi cette minorité, nombreux étaient ceux qui occupaient des positions incroyablement élevées par le rang et l’autorité au sein des chancelleries, séminaires et universités. De ces deux faits, le plus crucifiant pour le Pape slave était le pouvoir d’un tel réseau, si disproportionné eu égard au statut minoritaire de la mouvance en question dans les rangs de l’Église. L’influence prépondérante du réseau tenait d’une part aux alliances de ce dernier avec des groupes laïcs extérieurs à la sphère catholique romaine, d’autre part au nombre écrasant de professeurs des séminaires, des universités et des écoles catholiques affichant une opposition ouverte et comme allant de soi aux dogmes et enseignements moraux de l’Église. Mais il existait un troisième fait : c’était ce Souverain Pontife qui avait rendu une telle influence possible. Il avait vu la corruption. Mais sa décision avait été de ne pas excommunier les hérétiques. » (pp. 583-584)

Le plus affreux, ce n’est pas tant ces religieux qui pratiquent l’homosexualité que les beaucoup plus nombreux clercs qui les couvrent et qui, par ambition et par souci de parfaire leur image de sérieux maîtres d’école (Mgr Sarah par exemple, qui s’avance en bon Gardien de la conformité théologique), nous disent droit dans les yeux « Tout va très bien Madame la Marquise » ou bien plutôt « Rien ne va plus, Madame la Marquise (sans nommer ce qui ne va pas !) » : « Concernant la corruption de la foi dans l’Église, la première chose à voir est l’effet corrosif de l’autoprotection. Une majorité d’évêques sont des hommes bien au sens ordinaire du terme. Comme beaucoup d’autres hommes bien, tout ce qu’ils veulent, c’est garder leur emploi et réussir leur carrière. Leur corruption tient à ce qu’ils n’élèvent pas la voix contre la corruption qui les entoure. Ils sont corrompus en ce sens qu’ils laissent l’Église se délabrer tandis que leurs paroissiens bêlent comme des agneaux conduits à l’abattoir par les chiens. » (idem, pp. 484-487) ; « Les titulaires d’office ecclésiastique ont tous deux terreurs : la faillite financière et le scandale public. Ils redoutent ces deux choses davantage que le jugement du Ciel ou les peines de l’Enfer. » (p. 450) ; « Trop de prélats s’intéressent à ce qui n’en vaut pas la peine, arcboutés qu’ils sont sur leurs propres ambitions. Je crois que les évêques manifestent, par ce silence, l’espoir inexprimé d’assister à la fin d’un pontificat dont la plupart ne sont pas satisfaits. » (p. 521)

Dans La Maison battue par les vents, nous est décrit « un système de protection mutuelle qui va de la Chancellerie d’O’Cleary jusqu’au Collège des Cardinaux ». Il est question du « nombre croissant d’ecclésiastiques activement homosexuels, de la complicité de certains évêques avec les pratiques en question et de la connivence que montraient vis-à-vis d’elles ceux qui n’y étaient pas directement impliqués. » (p. 484) ; « Nous avons découvert un réseau plus vaste qu’aucun de nous s’y attendait. » (p. 498) ; « Des évêques mutaient continuellement leurs jeunes amants de paroisse en paroisse. » (p. 481) ; « Ce club ecclésiastique pratiquant l’homosexualité et la pédophilie comprenait aussi le clergé de haut rang, jusqu’à des évêques auxiliaires et titulaires. Cela fonctionnait comme une mafia cléricale.[…] Innocent ou non, quiconque vendait la mèche était sûr de finir comme lui, isolé et enterré sous une avalanche de contre-accusations. » (p. 466 à 481).

La personne homosexuelle est donc au mieux (si elle ne pratique pas son homosexualité) le détecteur de la présence du diable dans la bergerie, au pire (si elle pratique son homosexualité) le reflet partiel de la dépravation finale du Clergé catholique.

 

229 – Quels visages prennent ceux qui s’opposent à vous dans l’Église ?

Les visages de l’ouverture puis/ou de la fermeture. L’homosexualité à l’interne, en général, les catholiques étouffent. Ça doit rester un problème extérieur, qu’on accompagne et qu’on regarde de loin, voire qu’on ignore carrément (pas de compromission avec le monde !), ou au contraire un non-problème qu’on valide sans de longues explications. La personne homosexuelle, c’est toujours l’autre. Dès qu’elle devient trop proche et trop dense, c’est suspect… Ce qu’elle dit doit être simpliste, court, lisible, audible, pédagogique, attrayant pour l’extérieur et l’évangélisation, formaté pour les médias et la politique, apparaître sous un jour toujours positif, ou bien à l’extrême inverse doit être tranché, intransigeant, carré, dogmatique, théologique, certifié conforme, sous un jour forcément négatif, triste et alarmant. Il ne faut pas que l’homosexualité vienne déranger les cathos qui veulent simplement vivre confortablement en communauté, en gardant des opinions modérées et une culture du juste-milieu, ni qu’elle vienne troubler la sérénité bien ordonnée d’une communauté ecclésiale vierge de toute prostitution moderniste, attachée aux traditions, aux belles choses, à la liturgie, à la doctrine ecclésiale, aux valeurs pédagogiques et aux bons modèles d’éducation donnés à ses adolescents, à l’ordre divin. Avec de tels prérequis, vous imaginez facilement que, la personne homosexuelle qui témoigne publiquement de l’homosexualité, même si elle est continente, est vite prise en sandwich entre les catholiques progressistes et les catholiques conservateurs. Les deux camps ne veulent pas, pour des raisons différentes, entendre parler du sujet ni connaître la Bonne Nouvelle exigeante que Jésus et son Église nous annoncent et annoncent au fond à toute l’Humanité.
 

230 – Pourquoi certains prêtres rejettent votre témoignage alors qu’il est conforme à ce que demande l’Église aux personnes homosexuelles ?

Parce que quelques-uns sont tout bêtement jaloux : je vis comme eux la continence, on me met à de rares occasions en odeur de sainteté (et pas toujours eux !.. alors que leur rang clérical les en rend logiquement plus légitime), je reçois des confidences que certains n’entendent même pas en confessionnal, j’ai une liberté de parole et de ton que beaucoup n’ont pas sur les réseaux sociaux et par rapport à la sexualité, j’ai une légitimité et une visibilité dont certains rêvent (pourtant, y’a pas de quoi, mais bon… il est vrai que j’ai au moins l’avantage d’avoir un nom), j’abats parfois un travail qu’eux-mêmes ne pourront jamais faire à cause de leur statut sacerdotal, je suis quelquefois mieux reçu qu’eux par leur évêque et la hiérarchie catholique, etc. Un jour, un ami prêtre m’a rappelé cette scandaleuse évidence : « Ce qui a tué Jésus, c’est la jalousie sacerdotale. » Oui. Notre Maître à tous a été crucifié par la jalousie de certains prêtres. Pas étonnant que nous aussi, ses disciples (et parmi eux, de nombreux prêtres honnêtes), nous en souffrions (dans une moindre mesure) comme Lui.

Je crois aussi que l’adversité de certains prêtres à l’encontre de mon témoignage vient du fait qu’ils sont mal à l’aise avec le thème de l’homosexualité et que mon discours rentre en opposition avec leur entrisme démagogique, leur indifférence ou au contraire leur intransigeance. Et pour cause ! Je sais que quand un prêtre rejette mon discours, soit il est homo lui-même, soit il couvre des amis homos à lui, soit il « couplise » et spiritualise trop sa vie (autrement dit, il vit mal son célibat), soit il est homophobe et agressif avec des personnes homosexuelles. Les faits me donnent toujours confirmation que la continence homosexuelle agit comme un puissant sérum de Vérité de la conformité (ou non) d’une vie sacerdotale au Christ !

 

231 – Comment vous traitent les journalistes cathos ? les politiques cathos ? de gauche comme de droite ?

En général, très mal, alors que pourtant, ils devraient logiquement relayer mon message. Ils connaissent mieux que quiconque la centralité et la prégnance de l’idéologie bisexuelle dans l’échiquier politique, législatif, audiovisuel, puisque, sur à peu près tous les sujets sociétaux et sur les plateaux-télé, ils entendent les mots « homosexualité » et « hétérosexualité » de la bouche de leurs détracteurs. Leur retenue à mon égard et à l’égard du thème que j’incarne repose bien entendu sur leur ignorance. Et pour une part (inconsciente ?), je crois qu’ils ont peur de devoir me céder leur place sur le traitement des questions ayant trait à la sexualité. Ou bien ils sont tétanisés à l’idée de passer pour des fachos et des homophobes si jamais ils défendaient vraiment la Vérité et s’opposaient à l’homosexualité à mes côtés. Ils font donc comme si je n’existais pas, et préfèrent ne pas m’attaquer directement… car même dans ces cas-là, ils me feraient une pub du tonnerre qui leur ferait finalement de l’ombre. Ils ont donc tout intérêt, pour continuer à briller à une place de leaders d’opinion où ils ne sont pas légitimes, à me maintenir dans un anonymat qui me transforme en dingo, en agitateur (manquant de « charité » et de « clarté »), en narcissique solitaire et incompréhensible, en dangereux dont il vaut mieux ne pas faire cas, en exception d’« homosexuel homophobe », et (c’est un comble !) en pauvre type « assoiffé de visibilité médiatique ».

Même mes opposants les plus frondeurs (Caroline Fourest, Ian Brossat, Nicolas Gougain, Christine Pedotti, Erwann Binet, Christiane Taubira, etc.) me fuient en courant, rongent leur frein pour m’humilier ouvertement et me traîner en procès et préfèrent ne pas se retrouver en table ronde avec moi. S’en prendre à Christine Boutin, Frigide Barjot ou Xavier Bongibault, c’est largement plus facile car ces derniers n’ont pas le contenu pour se défendre sur l’homosexualité, sont bien moins dangereux dans leur argumentaire ! Même les provocateurs bobos du Petit Journal de Canal +, quand ils me voient par exemple en conférence de presse, ne me filment pas, se carapatent par crainte que je dise trop de vérités sur l’homosexualité et qu’ils ne puissent pas riposter. Car au fond, ils ne connaissent rien à l’homosexualité qu’ils pratiquent et côtoient pourtant souvent. Qui peut rivaliser avec mon Dictionnaire des Codes homosexuels, par exemple ? Qui, en débat public à propos de l’homosexualité ou l’homophobie, pourrait me tenir tête ? Personne. Tout seul, j’en sais plus que tous les LGBT et les gays friendly réunis.

J’ai même vu sur Twitter des journalistes du Monde – découvrant en panique mon blog L’Araignée du Désert – tenter en vain de me traîner en procès devant les tribunaux. Le député communiste Ian Brossat a même eu recours auprès de Vincent Peillon (à l’époque ministre de l’Éducation Nationale) pour m’empêcher de faire mes conférences dans les lycées scolaires. Le pire, c’est que mes opposants n’ont même pas eu à montrer les dents et à employer les grands moyens : les établissements qui m’avaient invité se sont défaussés tout seuls ! Quant à Laurent Ruquier, Natacha Polony, Aymeric Caron, ils me connaissent très bien et ont lu mon livre L’homosexualité en Vérité. Et même s’ils n’avaient rien à redire sur son contenu, ils en ont eu peur et ont préféré, sur les conseils malveillants de Virginie Tellenne (alias « Frigide Barjot »), m’extrémiser, me marginaliser et m’écarter discrètement du champ des caméras.

Dans nos médias et dans nos hémicycles, il y a beaucoup plus de croyants catholiques qu’on ne croie. Le problème, c’est qu’ils jouent quasiment tous, par stratégie et par peur d’être démasqués, les Docteur Jekyll and Mister Hyde. Cathos la nuit, athées le jour ! La journaliste Léa Salamé, justement chroniqueuse chez Ruquier à l’émission On n’est pas couché ! sur France 2, est un très bon exemple de cette effrayante schizophrénie des journalistes/politiques catholiques actuels, et de leur corruption au boboïsme. Sur les plateaux-télé, elle fait profil bas sur sa foi. Pire que ça : elle ne manque pas une occasion pour tacler même ses confrères catholiques, et défendre l’idéologie libérale libertaire féministe et pro-gay… Et à côté de ça, je l’ai croisée sans m’y attendre à une messe parisienne fin décembre 2015 et nous avons même échangé une poignée de mains en guise de « signe de paix » (de son côté, clairement à contre cœur) ! Je ne veux pas me focaliser sur cette journaliste ni présumer de la manière dont Dieu agit dans son cœur. Les chemins du Seigneur ne sont pas les nôtres, et si ça se trouve, Léa Salamé nous prépare une conversion et un apostolat merveilleux qui la délivrent largement de la présomption de trahison. C’est déjà courageux de sa part de venir à la messe malgré sa célébrité, et je ne peux que m’en réjouir. Maintenant, son cas en dit long sur la schizophrénie d’État et la schizophrénie confessionnelle que nous vivons actuellement en France, dans le Monde et en Église. Si même les catholiques sont capables de se renier et de s’attaquer eux-mêmes ainsi, ça va loin, et ça promet d’être extrêmement violent pour les catholiques fervents dans les cinq prochaines années !

Dans les médias et en politique, actuellement, il existe énormément de gens qui se disent cathos (même François Hollande, Christiane Taubira, Erwann Binet, Cécile Duflot, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, s’affichent « cathos » !) mais qui pactisent avec la franc-maçonnerie, qui défendent le mariage gay (même ceux qui à la base étaient contre), qui sont les promoteurs d’un humanisme intégral spiritualiste mais foncièrement anticlérical et transformant le christianisme en chrétienté, qui sont morts de peur d’assumer leur foi, qui tiennent autant à Jésus qu’à leur place de pouvoir et de marchand du Temple, et parfois même qui s’attaquent aux catholiques et désobéissent en actes à l’Église. Par exemple, Laurent Ruquier n’a jamais assumé publiquement son opposition au mariage gay. Tout comme la plupart des journalistes et politiques, tous bords confondus. J’ai su – et ça ne m’a guère étonné – que Christiane Taubira elle-même ne voulait pas de la loi qui porte funestement son nom. À l’instar de ceux qui la soutiennent, elle a réclamé le mariage gay juste pour le symbole qu’il représentait, mais pas en lui-même. À bien y repenser, un tel paradoxe est logique. Comment assumer sans honte le trafic d’enfants sentimentalisé qu’est au fond ce mariage postiche ? C’est impossible humainement parlant ! Comment assumer sur la durée un mensonge et une irréalité tels que le mariage gay ? Personne ne peut croire en un « mariage » sans différence des sexes alors que le seul vrai mariage c’est la différence des sexes elle-même ! La métaphore poétique ne maquille pas éternellement la contrefaçon.

Malheureusement, les journalistes et les politiciens plus ouvertement cathos que les people que je viens de citer n’ont rien à leur envier concernant le reniement public de leur foi. À certains égards, l’apostasie est peut-être même pire chez les catholiques moins connus qui portent un col romain ou qui revendiquent publiquement leur appartenance à l’Église-Institution ! Dans ce cas précis, la lâcheté homophobe et/ou anticléricale s’habille de spiritualité, de piété, d’optimisme, de miséricorde, de solidarité, de modernité, de communication, d’une catholicité culturelle, voire même de militantisme radical centré sur la « Vérité ». Je sais par exemple que les directeurs de certains médias réputés « anars de droite » sont carrément en « couple » homosexuel (cf. je vous renvoie au code 39 de mon livre Les Bobos en Vérité, sur les bobos bisexuels d’extrême droite). La frange catho tradi votant (par défaut) FN me déteste parce que je dévoile leurs nombreux cas d’homosexualité refoulée. J’en vois même – ce n’est pas des blagues – qui actuellement essaient de me coller un procès parce que je suis habillé en scout d’Europe dans mon vidéo-clip « C’est bien gentil ». Jugez vous-mêmes du niveau des persécutions…

Le boboïsme gay friendly hétérosexiste – y compris de la droite dure – a littéralement gangrené les médias et la sphère politique, même ceux d’inspiration « chrétienne » et employés par un diocèse. Certaines gens d’Église et des évêques mous ont une grosse part de responsabilité dans cette dénaturation de la foi au sein même de la Maison catholique : par souci d’ouverture et d’évangélisation, ils ont employé des ouvriers à leur vigne davantage pour leurs compétences, leur savoir-faire, ou pour leur vague éducation/culture religieuse, que pour leur foi. Si bien qu’aujourd’hui, la plupart des médias catholiques sont tenus par des personnes « catholiques de loin » ou « de façade », non-pratiquantes, voire carrément athées et homosexuelles pratiquantes, et qui de surcroît maintiennent leurs rares collègues véritablement catholiques dans une censure et un mépris confinant au harcèlement professionnel, à la persécution cathophobe. J’exagère ? Pas du tout. J’ai rencontré suffisamment de journalistes et de membres d’associations catholiques me prendre entre quatre yeux pour me raconter leur calvaire pendant les « débats » du « mariage pour tous » notamment. Les catholiques authentiques sont en minorité et sont les souffre-douleur dans leur milieu professionnel pourtant officiellement « chrétien ». Je suis prêt à en témoigner auprès des évêques de France s’il le faut ! Et je ne me réfère absolument pas qu’aux journaux La Vie, La Croix ou Radio Notre-Dame. C’est tristement général !

Me faire témoigner même dans les médias cathos où normalement je devrais être « à la maison » et accueilli à bras ouverts, ça devient très vite une affaire d’État problématique. Parce qu’en réalité, à la louche, 90% des cathos sont pro-« amour homo » et pro-hétérosexualité. Chez les journalistes « chrétiens », la proportion d’employés homos et en couple est hallucinante. J’ai fait suffisamment de visites dans les radios chrétiennes des 4 coins de la France pour m’en rendre compte. Par exemple, 40% des employés d’une radio RCF d’une ville les plus importantes de France (que je ne peux pas citer) sont homos pratiquants. Et à la louche, je dirais que 40 à 50% des journalistes des médias chrétiens sont aujourd’hui homos. C’est énorme, quand on y pense. Mon but en faisant ici ce constat n’est absolument pas de créer une psychose homophobe ni de déclencher une chasse aux sorcières pour « épurer tout ça » : car les « bons pères de famille » (avec leur carte à Sens Commun) à la tête des rédactions des journaux et télés dits « cathos », ou les « curés médiatiques », en défendant par leur silence l’Union Civile et l’hétérosexualité, sont tout aussi dangereux pour l’Église catholique que les journalistes « homos discrets » ! Par conséquent, j’en appelle juste à une prise de conscience du mauvais pli pris par l’Église, et à une conversion GÉNÉRALE des catholiques et de ceux qui s’en attribuent le titre.

Étant donné l’importance de la différence des sexes dans notre Humanité, et de l’importance excessive qu’a prise en quelques siècles la bipolarité hétérosexualité-homosexualité dans les rapports de pouvoir médiatico-politique, il est anormal que moi – ou quelques autres frères homosexuels continents comme moi – soit rejetés à l’extérieur (logique) mais aussi à l’intérieur (carrément scandaleux) de l’Église catholique. Je peux vous le certifier. Même chez les médias et les politiques ouvertement cathos, mes soutiens publics se comptent sur les doigts d’une main… voire carrément on peut amputer la main entière ! Il n’y a pas de paroisses que j’ai fréquentées, d’employeurs ou de producteurs ou de partis politiques (d’accord avec moi, en plus !) ou d’association (même officiellement catho et spécialisée dans l’accueil des personnes homos) ou de journaux pour lesquels j’ai travaillé, qui ne m’aient pas désavoué à un moment donné, et à qui je n’ai pas fait peur ou honte. C’est la stricte vérité. Et très rares sont les amis médiatiques qui m’aient assumé. Même Frigide Barjot, la reine des alliances amicales publiques abusives, se la ferme sur mon compte, même quand elle rêverait de m’attaquer publiquement. C’est dire !

Dans leur ensemble, les employés de la presse, de la télé et de la radio chrétiennes me prennent pour un facho, un extrémiste… alors qu’en réalité, c’est leur tiédeur et leur compromission qui sont choquantes et qui mériteraient que ce soit moi qui me fâche ! Dans certains comités de rédaction de radios cathos, je n’ai pu être accueilli que par le seul journaliste de l’équipe qui n’était pas pro-mariage-gay ! Parfois même, j’ai dû me justifier de répéter ce que disait le Catéchisme de l’Église Catholique, je me suis vu méprisé par les journalistes catholiques qui m’interviewaient (ce fut le cas à Nantes, à Lyon, à Metz, à Toulouse, etc.). Il y en a même un qui, pour me tacler insidieusement après m’avoir laissé un temps d’antenne, a calé exprès la chanson « J’cours tout seul, je cours et j’me sens toujours tout seul… » de William Sheller, histoire de bien m’humilier et isoler mon témoignage. Si ce n’est pas du coup bas de compétition, ça…

Oui. Je suis navré de constater que parmi les radios chrétiennes, aucune ne veut prendre le risque de se positionner sur l’homosexualité. Lors de mon seul passage-télé à KTO, je n’ai pas pu dire trois phrases : on m’a interrompu sans arrêt pour que je ne puisse pas m’exprimer. Radio Notre-Dame fait carrément la promotion de pièces de théâtre pro-mariage-gay et invite l’association Le Refuge pour promotionner celle-ci ! RCF déroule le tapis rouge à DUEC (Devenir Un En Christ). À part ça, tout va très bien pour les médias « cathos » ! Heureusement, il y a quelques heureuses exceptions, comme Radio Présence Lourdes, et tant d’autres. Mais c’est chaud. Je plains les rares journalistes vraiment catholiques bossant au quotidien dans une hostilité anti-catholique pareille !

J’ai récemment accordé une interview à une radio chrétienne du sud de la France qui m’avait déjà fait venir il y a déjà quatre ans à l’occasion de la sortie de mon livre L’homosexualité en Vérité. À chaque fois que je me rends là-bas, ça donne de magnifiques interviews (puisque je suis reçu par la seule journaliste vraiment catho du comité de rédaction : le reste des employés, c’est soit « homos », soit « catholiques culturels ») mais également des résistances terribles, un combat spirituel phénoménal. Pendant les enregistrements d’interviews, bizarrement, autour de nous, ça s’agite, on sent des ondes négatives, on nous empêche de parler, les attaques et les vexations sataniques ressemblent à une séance d’exorcisme… qui finit bien, mais quand même ! C’est troublant.

Le sens de toutes ces embûches, il est facile à trouver : l’homosexualité est actuellement et vraiment la planque du diable, puisqu’elle est le seul mal humain que l’ensemble de nos contemporains n’identifient pas comme tel, parce qu’il est mondialement nommé « nature », « identité », « amour », ou « (antithèse de l’)hétérosexualité ». L’autre conclusion de terrain qu’on peut faire, attristante cette fois pour le moral des troupes catholiques internes, c’est que le loup bisexuel et « humaniste intégral » est bel et bien entré dans la bergerie. Il n’y a, à mon avis, quasiment plus d’appareil critique de qualité et de protection au sein de nos médias chrétiens actuels. Même si nous avons un discours fidèle à l’Évangile, que nous nous rendons dans des locaux dits « chrétiens », que nous sommes entourés de coreligionnaires qui se prétendent nos « amis », en réalité, nous ne sommes pas en paix, en Vérité et libres dans notre propre baraque ! L’enjeu de l’homosexualité dans l’Église est immense. Et il y en a un qui s’appelle « le Toto » et qui n’est absolument pas content qu’on ait trouvé son insoupçonnable planque finale : l’Église du Seigneur !

Mais comme peu de fidèles et de chefs catholiques veulent regarder en face cette réalité désagréable du truchement diabolique au cœur de l’Église et y remédier (notamment en exploitant le potentiel exorciste de l’homosexualité continente), la situation de l’Église, du moins dans les années à venir, ne va pas aller en s’améliorant. Il y a des événements symboliquement forts en ce moment qui ne trompent pas. Quand on observe que les rares personnalités qui « l’ouvrent » sur les points de morale sexuelle et/ou sur l’homosexualité se font en ce moment traîner en procès ou interdire de parole les unes après les autres, et pour un oui pour un non (y compris les catholiques consensuels), nous devrions y voir un signal fort qu’à la fois l’homosexualité est un sujet dangereux mais aussi un sujet crucial, et d’autre part que nous nous préparons à vivre des temps de persécutions anti-catholiques de grande ampleur. Comme vous pouvez le constater, je ne suis évidemment pas le seul à être l’homme à abattre. Je pourrais citer tous les martyrs de la torture psychologique (Mgr Aillet, Mgr Barbarin, Arnaud Dumouch, Xavier Lemoine, Christine Boutin, Mgr Léonard, le père Tony Anatrella, Béatrice Bourges, etc ?) et tous les martyrs de sang (au Pakistan, en Syrie, au Liban, en Afrique, et ailleurs). En revanche, sur le sujet de l’homosexualité, je dois être le seul qu’on n’ose pas encore attaquer frontalement, parce qu’on ne lui trouve pas de points faibles d’emprise – à part mon clip « C’est bien gentil » (« Veilleur je suis là », ils n’ont rien pu trouver à ridiculiser) – et parce que ça se retournerait contre mes adversaires ; mais le jour où on m’attaquera, là, ça risque néanmoins d’être d’une violence inouïe. Je le sais pertinemment. Lorsque j’ai commencé en 2009 mes premières prises de parole publiques sur l’homosexualité, des journalistes catholiques tels que Natalia Trouiller ou Jean Mercier se demandaient par quel miracle je ne m’étais pas encore pris une balle dans le dos à cause de tout ce que je dévoilais…

C’est très dommage que les gens d’Église présents dans les médias, en politique et dans la Curie, étouffent les potentialités missionnaires et évangélisatrices de l’homosexualité, car une fois qu’on nous laisse le micro, à nous personnes homosexuelles continentes, nous pulvérisons tous les records d’audience, en plus. Je pense également à Giorgio Ponte en Italie. Les médias cathos se trompent lourdement en nous écartant et en n’ayant peur des personnes homosexuelles qui réfléchissent vraiment sur l’homosexualité et qui vivent ce qu’elles disent. Ce n’est pas pour rien que mon passage à Dieu Merci ! sur la chaîne Direct 8 en mai 2011 ait fait le meilleur audimat de l’histoire de l’émission, vieille de 7 ans. Je ne me vante même pas : c’est la continence homosexuelle permis par Jésus la vedette. Pas moi.

 

232 – En Italie, les prophètes homosexuels ont-ils été accueillis par les catholiques et le clergé de leur pays ?

Non. Même cas de figure qu’en France. Quand ils ont bénéficié d’une petite tribune, c’était juste pour faire tapisserie, pour rassurer cinq minutes tout le monde, pour prouver au grand monde qu’« on pouvait être homo et contre le mariage gay » (c’est le cas de toutes les personnes homos en réalité), que « le lobby gay ne représente pas tous les homos » (nan, sans blague ?), que « le mariage gay n’avait rien à voir avec l’homosexualité » (sur le papier c’est vrai, mais en intention et dans les faits c’est complètement faux), que « l’enfant prime sur les personnes homosexuelles » (ah bon ?) et surtout que « le mouvement pro-Life n’est pas homophobe » (à force de le dire, c’est qu’on a de fortes raisons d’en douter…). Et après, on les a jetés comme des vieilles chaussettes. Comme en France, les témoins homosexuels continents italiens ont fait peur. Les « experts » en famille, en mariage civil, en droit de l’enfant, en transhumanisme, en « Gender » et en « écologie papale », ont senti qu’ils pouvaient se tailler la plus grosse part du gâteau médiatique et politique, tout en évitant de prendre trop de risques sur le terrain dit « non-stratégique » et « rebattu » de l’homosexualité, et en volant la vedette aux seuls témoins légitimes et crédibles aux yeux du plus grand nombre. À sa manière, LMPT (La Manif Pour Tous) a autant instrumentalisé/ignoré les personnes homosexuelles que le mouvement LGBT (Lesbien, Gay, Bi et Trans). Entre ces deux organismes qui se copient tout en s’imaginant s’opposer, il n’y a que deux petites lettres de différence, après tout…

En Italie, pays magnifique et si proche intellectuellement/spirituellement de la France, ce ne sont pas que les personnes homosexuelles que les mouvements pro-Life ont piétinées et extrémisées. C’est aussi l’ensemble des catholiques croyants, des manifestants anti-Union Civile et anti-hétérosexualité, amoureux de la Vérité-Charité, et dont beaucoup faisaient partie des Sentinelle in Piedi : Benedetta Frigerio, Raffaela Frullone, Matteo Disetti, Vincenzo Ciarlante, Giorgio Ponte, Emanuele Maseci, Paolo Spaziani, tant de prêtres catholiques de qualité… J’en ai côtoyés qui, voyant la mauvaise tournure des événements et la corruption idéologique de leurs propres représentants, quittaient peu à peu le navire, désabusés, et faisaient cavalier seul en réalisant que le combat était déjà perdu. Le 30 janvier 2016 à Rome, le Family Day a été la journée « carnaval frenchie » qui sonna le glas de la mobilisation italienne contre l’Union Civile-mariage gay. En résumé, ce sont tous les manifestants italiens qui se sont faits voler leur combat, non d’abord par les journalistes ni les socialistes (incarnés par Monica Cirinnà) ni les médias à la botte des Arcigay (c’est ça le pire : eux n’ont quasiment rien eu d’autre à faire que de regarder les cathos se bouffer les foies entre eux), mais par les leaders catholiques, prêts à renier Dieu, à renier les personnes homosexuelles, à se bercer de concepts nouveaux dont eux seuls connaissaient la définition (le mot Gender en tête de liste !) et à signer au compromis qu’est l’Union Civile, sans y voir de contradiction avec leur foi et leur « valeurs ». Effarant.
 

233 – Pourquoi des catholiques pratiquants en arrivent à défendre le mariage homo ?

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Parce que, même si dans leur tête et en intentions ils croient sincèrement être opposés au « mariage homo » (et même au PaCS et à la GPA) en défilant en masse sur les boulevards, en proclamant « l’abrogation universelle de la GPA », dans les faits les catholiques pratiquants le soutiennent à leur insu : à cause de leur opposition aux conséquences de la Loi Taubira (Gender, adoption, PMA, GPA, transhumanisme…) et non à ses causes (« l’amour homosexuel », l’hétérosexualité, l’homosexualité, l’homophobie) ; à cause de leur refus catégorique de parler d’homosexualité (alors que le « mariage gay » est passé principalement en son nom) pour ne focaliser leur argumentaire que sur la filiation et la famille ; à cause de leur confusion entre sexualité et sentiment et/ou génitalité (beaucoup affirment encore qu’« il ne faut pas réduire la personne humaine à sa sexualité », ce qui est une ânerie ; beaucoup aussi soutiennent que le mariage civil n’est pas une question d’amour, ce qui est également un mensonge) ou – ce qui revient au même – leur confusion entre l’hétérosexualité et la différence des sexes.

Concrètement, presque tous les catholiques défendent l’Union Civile, au moins pour marchander « stratégiquement » le retrait du « mariage gay ». Certains hommes politiques (comme Jean-Frédéric Poisson) affirment y rester opposés. D’accord. Mais pour quoi ? Et comment ? S’ils ne reviennent pas sur l’hétérosexualité et ne parlent pas d’homosexualité, qui sont les supports idéologiques de toutes les lois pro-gays, leur opposition au PaCS reste un « vœu pieux », une promesse en l’air, purement électoraliste.

Les catholiques ne se sont non seulement pas opposés au « mariage pour tous » (et à la GPA, au Gender, etc.), mais le pire, c’est qu’ils les ont construits, cautionnés, et qu’ils continuent de le faire, puisque le Gender c’est l’hétérosexualité (c’est-à-dire l’idéologie de l’altérité absolue), puisque le « mariage pour tous », l’Union Civile et la GPA ce sont la justification de l’« amour » homosexuel (ces mesures n’ont jamais été demandées pour leur contenu, mais uniquement pour leur valeur symbolique de défense « des homos » et de leur « droit à aimer » !), puisqu’ils ont en tous points imité leurs opposants pro-gays, aussi bien sur le fond que sur la forme et leurs slogans de manifs (en effet, les militants LGBT sont également en faveur de « la Vie », de « la Famille », de « l’Enfant », des « plus fragiles », des « valeurs », du « bien commun », de « l’écologie », de la « Nature », de « l’Espérance », du « respect », des « racines », de la « culture », même parfois de la « Foi », de « l’Esprit », de la « Vérité » et de « Dieu » ; eux aussi ont renié Jésus et l’Église… tout comme les opposants « catholiques » au « mariage gay »).

Les catholiques soi-disant opposés au « mariage gay » marchaient tellement main dans la main avec leurs opposants gays friendly (grâce à la colle de l’hétérosexualité) que pendant les « débats » du « mariage pour tous », si tu étais homo, catholique pratiquant et continent, si tu avais identifié le vrai problème, si tu le disais calmement puis avec véhémence, tu te retrouvais banni ET des pro-mariage-pour-tous ET des anti-mariage-pour-tous (qui ne réalisent toujours pas qu’ils sont finalement des pros). Si ta foi n’est pas bien ancrée, c’est un coup à rendre ton tablier à l’Église Catholique tout entière aussi bien qu’à la continence…

La preuve que même avec des moyens considérables, des experts compétents, une communauté ecclésiale dynamique, une visibilité médiatique, on peut quand même parvenir à raisonner juste à partir d’un présupposé faux, c’est l’argumentaire actuel de celle qui est encore présentée aujourd’hui comme l’égérie du mouvement d’opposition au « mariage pour tous », c’est-à-dire Virginie Tellenne (alias Frigide Barjot). Par exemple, quand Frigide s’évertue à défendre encore et toujours l’Union Civile pour les « couples » homosexuels, en totale opposition avec ce que lui demande l’Église Catholique d’ailleurs (qui a écrit noir sur blanc qu’en aucune manière les unions civiles ne pouvaient être défendues), elle élabore tout un système « logique » de pensée qui semble se tenir. Selon la vision barjotienne des forces en présence, on aurait d’un côté les méchants « abrogationnistes » qui confondraient bêtement l’Union civile avec le « mariage gay » et qui gâcheraient, par leur entêtement à supprimer « sèchement » les deux, tout le combat amorcé en 2013 en faveur de la préservation de la filiation humaine (en fait, Frigide n’a toujours pas compris que ces deux lois avaient la même réalité intentionnelle, sentimentale, symbolique, et donc n’en étaient qu’une seule) ; on aurait de l’autre côté les pauvres défenseurs aveugles d’une Union Civile avec filiation (c’est-à-dire le « mariage pour tous ») qu’elle surnomme les « abandonnistes » (mais que Frigide feint de comprendre, d’éduquer et d’amadouer parce qu’elle a teeeeellement d’amis homosexuels qui s’aiment en couple et qui auraient besoin d’une protection sociale et légale pour sécuriser leur « amour »…) ; et puis en troisième lieu, on aurait l’Avenir Pour Tous, les justiciers dont elle a pris la tête, les négociateurs qui détiendraient la solution à tous nos problèmes et à toutes nos querelles intestines internes, ceux qui choisiraient le juste milieu, ceux qui rêvent de contenter tout le monde, ceux qui suivraient à la fois l’Église (le Pape) et le monde, ceux qui arriveraient à rendre tangible la légalisation d’un « amour sans filiation » par l’adoption d’une Union Civile qui ne donnerait aucun droit sur les enfants, aucun débouché sur l’« amour », sur le mariage et sur la famille (le conte le plus absurde et le plus invendable que la terre ait porté). Mais en réalité, quand je disais plus haut qu’on peut très bien raisonner juste à partir d’un présupposé totalement faux, c’est que Frigide Barjot se refuse à questionner la croyance qui sous-tend l’ensemble de sa démonstration rhétorique : la prétendue existence d’un « amour » homo, autrement dit le mythe de l’« amour sans différence des sexes » (autrement appelé « hétérosexualité »).

Pour prendre un exemple récent, la naïveté fondamentale de Frigide réside dans sa croyance que les promoteurs de la « PMA pour toutes » soient des défenseurs d’une union homo avec filiation. Alors que pas du tout. Pour beaucoup d’entre eux, ils sont, comme elle, juste défenseurs d’une union d’amour homo sans filiation. Ça paraît incroyable venant de ceux qui réclament une procréation artificielle à cor et à cri, mais c’est pourtant la réalité : fondamentalement, ils se fichent de la procréation. Elle n’est que l’alibi, le prétexte humain de validation de l’amour asexué non-procréatif, de sacralisation mondiale du sentiment amoureux pour lui-même.

Quand dernièrement le Pape François, lors de son voyage-retour d’Arménie, a invité (maladroitement) à la formulation collective d’un « pardon » et d’un « non-jugement » à l’égard des personnes homosexuelles, Virginie Tellenne a tenté de saisir la balle au bond et a démontré une fois de plus son emprisonnement idéologique et affectif concernant l’homosexualité, et son incompréhension quasi totale de l’homophobie : « Pour demander sincèrement pardon aux homosexuels, il faut commencer par ne plus demander l’abrogation de l’union de leurs couples qui est un principe supérieur de non-discrimination selon l’orientation sexuelle. » écrivait-elle le 29 juin 2016. Je lui répondrais : « Non Frigide. La première et principale discrimination homophobe faite à l’encontre des personnes homosexuelles, c’est déjà de défendre une loi comme l’Union Civile, fondée sur l’orientation sexuelle des personnes – autrement dit la bipolarité hétérosexualité-homosexualité – et non plus sur l’humanité sexuée des personnes, et en premier lieu des personnes de tendance homosexuelle. La première homophobie mondiale et légalisée, ça a toujours été l’Union Civile. »

Si je m’appesantis sur l’ambiguïté de l’Union Civile que l’Avenir Pour Tous propose pour contrecarrer le Gender, le « mariage pour tous » et la GPA, ce n’est pas pour m’acharner une fois de plus sur la personne de Frigide Barjot ni pour focaliser sur son collectif somme toute marginal dans le paysage du mouvement catholique d’opposition au « mariage gay ». Non. C’est pour une raison bien plus pédagogique et constructive. C’est dans le but de vous illustrer que le raisonnement de Frigide Barjot est seulement la partie visible de l’iceberg beaucoup plus gros et caché de l’incohérence de tous les mouvements d’opposition au « mariage gay » d’inspiration catholique, et ce, dans le monde entier. Par exemple, Ludovine de la Rochère, l’actuelle présidente de La Manif Pour Tous France, n’a jamais justifié pourquoi elle s’opposait en PaCS… et elle ne le fera jamais car concrètement elle ne s’y oppose pas (encore faudrait-il pour cela qu’elle ait le courage de dénoncer l’homosexualité et l’hétérosexualité, seul moyen de revenir efficacement sur le PaCS). De toute façon, LMPT, avec son récent PVC (Partenariat de Vie Commune) a créé une nouvelle Union Civile, soi-disant « désentimentalisée » et déconnectée de l’hétérosexualité et de l’homosexualité… mais qui, en choisissant la volonté individuelle et le projet commun comme piliers, revient à consolider l’hétérosexualité quand même, donc finalement un nouveau « mariage pour tous » et une nouvelle justification légale de la GPA. Quant à Tugdual Derville et Pierre-Yves Gomez, en créant leur mouvement Écologie Humaine, 100% centré sur l’Homme et soi-disant contre le transhumanisme, ils sont exactement rentrés dans le jeu de l’Humanisme intégral qu’est le transhumanisme technologico-naturaliste antropocentré. Il est beau, leur « Réveil des Consciences » ! Moi, je dis qu’à ce degré de contradictions et de trahisons sincères, dorénavant, il n’y a que le Roi de France et la Sainte Vierge qui pourront purifier notre combat en faveur du Christ. Et, que vous le vouliez ou non, dans ce dossier du « mariage pour tous » et de la GPA, sans les personnes homosexuelles continentes et sans le Christ, vous ne pouvez absolument rien faire.

 

234 – Comment identifiez-vous la lâcheté et la trahison de ceux qui devraient vous soutenir ?

Dans le fait qu’ils me coupent en deux, ou séparent ce qui, dans l’ordre de la Vérité, des faits réels, de l’Amour vrai ou de l’unicité de toute personne humaine, ne peut faire qu’Un.

Par exemple, concernant les moins lâches de sympathisants, ils ont tendance à scinder devant mes ennemis acharnés notre amitié ou leur soutien en deux. Par peur des retombées négatives immédiates sur leur propre vie. Ils me trouvent des excuses en prétendant que je serais « nettement plus sympa et différent dans le réel qu’à l’écrit et sur les réseaux sociaux » (Ce qu’Internet a bon dos, des fois !). Et quand leurs détracteurs me trouvent peu convaincant et clair à l’oral, mes preux défenseurs leur sortent que, pour se faire une idée plus complète, aimante et claire de ce que je suis et ce que je dis, il faudrait qu’ils se plongent sur mon site et mes livres : « Le réel, les conférences, la rencontre ponctuelle, c’est pas toujours les meilleures conditions… Mieux vaut l’écrit et Internet » Il faudrait savoir ! À en croire certains de mes timides partisans, quand je suis sage, je ne suis pas mordant comme je les avais habitué ; quand je rue dans les brancards ou que je n’ai pas été plébiscité par tous comme ils l’auraient secrètement rêvé pour moi, c’est que selon eux je suis allé trop loin et ai manqué de Charité. Quand j’ai beaucoup parlé, il aurait fallu faire plus court. Quand je fais plus court, il faudrait développer. Bref, ce qui peut être déployé comme contradictions par la peur !

Ceux qui me sont clairement plus hostiles, alors qu’ils seraient censés être d’accord avec moi et me soutenir (au moins parce que je relaie fidèlement le message de leur Église sur l’homosexualité), se comportent en vrais Docteur Jekyll & Mister Hyde. Pareil que pour mes sympathisants effrayés, mais de manière encore plus tranchée, ils se dédoublent et dédoublent ma personne et mes écrits pour les rendre encore plus troubles, contradictoires, suspects, étranges, pervers, monstrueux, orgueilleux. Pour ce faire, ils s’y prennent de différentes façons : ils n’interviennent sur les réseaux sociaux que pour me contredire ou « liker » les gens qui me pourrissent, dissocient arbitrairement chez moi fond et forme (alors que les deux sont liés, et que je soigne autant le fond que la forme de ce que je dis), n’assument pas leurs opinions (« C’est intéressant, ce qu’écrit Ariño, et c’est une parole vraiment précieuse, qui mérite être écoutée… même si on ne peut évidemment pas être d’accord avec tout ni avec la forme qu’il emploie, qui manque de diplomatie, de stratégie politique, de pédagogie, de Charité… »), m’inventent une allergie aux désaccords ou à la moindre contradiction extérieure, m’attribuent un refus de la nuance (propre au caprice de star), confondent colère, critique négative et jugement des actes (justifiés) avec injustice, manque à la Charité et jugement des personnes (injustifiés).

À ces faux jetons, qui sont des hypocrites de première catégorie, qui feignent de s’enquérir de ma « crédibilité » pour que mon message se diffuse mieux (alors que concrètement, ce sont les premiers à m’enfoncer, à ne pas relayer mes publications, à me critiquer par derrière, à espérer que le moins de gens possible ne me connaissent), je serais tenté de répondre d’une part que ma première et meilleure « com’ » (puisque c’est semble-t-il celle-ci qui poserait problème) ça devrait être eux, et d’autre part que la seule crédibilité qui m’intéresse, c’est la Vérité. Pas l’« image de Vérité » ( = la crédibilité, la stratégie, la vraisemblance, la pédagogie, les réactions des autres, etc.) qu’ils visent. Je n’accepte de m’entendre dire que je manque de pédagogie et de clarté que par ceux qui m’aident et me lisent. Les autres… qu’ils ferment leur bouche, pour rester poli. Enfin, je ne vais certainement pas m’excuser de toutes mes colères. Car comme le dit parfaitement saint Jean Chrysostome : « Celui qui ne se met pas en colère, quand il y a une cause pour le faire, commet un péché. En effet, la patience déraisonnable sème les vices, entretient la négligence, et invite à mal faire non seulement les méchants, mais les bons eux-mêmes. »

 

235 – Les catholiques luttent-ils contre l’homophobie ?

Encore faudrait-il qu’ils sachent ce qui se cache derrière ! Ils ne peuvent pas lutter contre l’homophobie étant donné que pour la plupart d’entre eux, elle n’existe pas. Ce serait juste un concept inventé par la novlangue pour les piéger ! Sur la totalité des conférences que j’ai données, je n’ai pu faire qu’une seule conférence dédiée exclusivement à l’homophobie (c’était à Nantes en 2013 ; celle de l’Université d’Été de La Manif Pour Tous à Paris ne compte pas car elle a fait l’objet d’un simple atelier), pour défendre mon livre L’homophobie en Vérité… alors que, comme je l’explique (cf. la question n°19), l’homophobie est principalement la croyance en l’« identité homosexuelle » (= la caricature du coming out, si vous préférez) et au couple homosexuel (= le rejet de la différence des sexes).

Il y a une profonde incohérence chez les catholiques à me soutenir d’un côté qu’ils s’intéressent à l’homosexualité, et d’un autre à écarter l’homophobie, puisque, en fantasme et en pratique (pas en personne), elles sont une seule et même chose ! Je vois bien qu’ils ont boudé mon livre L’homophobie en Vérité, parce qu’ils ne voulaient pas rentrer dans le vif du sujet de l’homosexualité, parce qu’au fond ils défendent secrètement une croyance en l’« amour homo », en l’hétérosexualité et en l’Union Civile ; aussi par vexation immature d’avoir eu peur d’être taxés d’« homophobes », ou bien à cause des insultes concrètement reçues pendant les manifs anti-PaCS et les Manifs Pour Tous ; et surtout parce qu’ils ont à leur insu été réellement homophobes et que ça leur déplaît de le reconnaître.

L’homophobie en Vérité n’a en général été lu et apprécié que par les personnes homosexuelles elles-mêmes. C’est logique : elles, elles savent ce qui se passent dans la pratique homosexuelle, dans le « milieu » homo ; elles savent que « l’homophobie » n’est pas qu’un mot ; elles, elles savent ce que nous vivons, ce que nous endurons quand nous pratiquons notre homosexualité ; elles ont compris que la couverture de mon livre (avec le flingue posée sur mon visage) n’était pas une « énième pose narcissique et provocatrice d’Ariño » pour me rendre intéressant. L’homophobie, c’est avant tout les meurtres, les camps de concentration, les viols, les suicides.

Beaucoup de catholiques s’imaginent que l’homophobie est un piège rhétorique. Alors que si nous prenions vraiment le sujet à bras le corps, nous aurions déjà réglé son compte au « mariage gay » et à son abrogation, nous pulvériserions même la propagande sociale idéalisant la violence de l’homosexualité. Ils ne se rendent pas compte qu’à l’Union Européenne, ce sont d’une part l’hétérosexualité (= « lutte en faveur des diversités »), et d’autre part l’homophobie (= « lutte contre les discriminations ») qui font la pluie et le beau temps au niveau mondial, et qui conditionnent les financement du lobby LGBT, les campagnes de prévention scolaire sur la sexualité, les aides aux pays en développement, le féminisme et l’homosexualisme les plus agressifs, les plus bisexuels et les plus libertins qui soient. Tant qu’elle n’est pas considérée et analysée, l’homophobie devient un véritable rouleau compresseur. À l’Europe, c’est flagrant : elle est une priorité de programme politique. Pourquoi les catholiques rentrent dans son jeu et la couronnent d’indifférence ??

 

236 – Comment se passent vos témoignages en milieu scolaire ?

Ça dépend. En général, super bien, car les jeunes sont un public spontané, vivant, intéressé par la problématique de la sexualité (y compris les garçons), très sensible aux injustices et à la nouveauté, marqué par le témoignage personnel en chair et en os. En plus, sous l’influence du discours banalisant et idéalisant des mass medias à propos de l’homosexualité, ils ne se doutent absolument pas que celle-ci est une fausse identité, une blessure, voire une violence, et qu’ils sont manipulés pour penser le contraire. Dès lors qu’ils s’en rendent compte, ça a l’effet d’une bombe ! Ils se sentent à la fois trompés, confus de leur naïveté, très solidaires de moi, et hyper motivés pour que Vérité soit faite. Je vis avec eux des moments d’échange absolument magnifiques. Ils en ont ras le bol, en réalité, du discours aseptisé, relativiste et idéologique des associations LGBT et de la télé qui les serinent avec la prévention, la sécurité, l’acceptation de toutes les diversités, un moralisme qui leur dicte ce qu’il faut penser (la dialectique de « l’amour » et de la « tolérance absolue » = Si une relation est amoureuse, elle serait forcément bonne et inattaquable) et ce qu’il ne faut pas penser (la dialectique de « l’intolérance », des « discriminations » et de « l’homophobie »). Ils ont besoin d’entendre qui ils sont, et la Vérité sur l’homosexualité, sur la sexualité, sur l’Amour, sur l’Église. La plupart du temps, mes interventions en milieu scolaire – prioritairement les lycées – font énormément de bien, libèrent et rassurent. Encore faut-il pour cela oser risquer de me faire venir (c’est le premier saut le plus dur) et me laisser le temps de faire correctement mon travail. Car c’est chirurgical. Et le format « heure de cours » n’est pas toujours le plus adapté.
 

237 – Comment vous accueillent les jeunes, même dans les établissements privés ?

Avec surprise et joie. Car comme je le disais, ils s’attendent à un discours appris « sur l’homosexualité »… mais absolument pas à une vie, à une personne (homosexuelle de surcroît, invitée par leur lycée catho !), bref, à un discours habité et incarné. Pas un prêchi-prêcha de bon ton. Certains, bien sûr, n’aimant pas l’Église, voient quand même ma venue d’un mauvais œil au départ… et peut-être même à l’arrivée : « S’il est catho et qu’il vient nous parler d’homosexualité alors que l’Église est contre, on va encore se taper un agent masqué de l’Église, déguisé en homo, récupéré par Elle, et qui donnera une image négative de l’homosexualité. Alors méfiance quand même… Et puis finalement, il est comme tous les cathos : c’est un homophobe. Un homosexuel homophobe. »

C’est en franchissant le seuil des établissements scolaires de l’enseignement privé (bien souvent privés… de foi !) que j’ai pu constater combien l’homosexualité n’était que le puissant révélateur de la cathophobie de leurs élèves, ou de leur défection pour la différence des sexes. Ils rejettent mon homosexualité continente parce que derrière ils accueillent secrètement la croyance en « l’amour homosexuel » et rejettent l’Église et le cadre éducatif traditionnel spirituel auquel leurs parents, pour la plupart bobos cathos (cf. mes codes 38 et 39 de mon livre Les Bobos en Vérité), les soumettent.

Beaucoup de jeunes, même élevés en aumônerie, me sortent – concernant l’homosexualité – que « ça ne les dérange pas plus que ça », avec une désinvolture conquérante. Même dans les établissements les plus cotés et tenus par des prêtres solides, même dans des lycées où la plupart des jeunes sont allés manifester aux Manifs Pour Tous, l’opposition franche à l’homosexualité n’y est pas. Je me retrouve face à des jeunes qui, s’ils ont l’ouverture et la foi suffisante pour accueillir un témoin homosexuel catho, qui plus est en respectant son choix de continence, se montrent à 99% permissifs concernant « l’amour homo », et surtout sont capables de zapper la primauté de la différence des sexes et de la foi en amour… parce que ça fait bien, parce qu’ils ont peur d’être en minorité, parce qu’ils ne connaissent pas l’homosexualité et qu’ils ont inconsciemment un a priori positif sur le « couple » homo. C’est hallucinant, ce lavage de cerveaux, l’ancrage et l’imprégnation de la culture du bien-être amoureux individualiste, cette découverte de l’eau tiédasse même là où elle est censée être chaude. Tu as beau les prévenir sur les mirages identitaires et sentimentaux de l’homosexualité, allumer tous les warnings, le relativisme ambiant ramollit et égare même l’esprit des « élus ». Et le pire, c’est que certains profs ou animateurs en pastorale qui t’avaient fait venir, mais qui se retrouvent en panique de sentir cette tiédeur chez leurs élèves, se retournent parfois contre toi ! Parce qu’eux-mêmes doutent !

Une fois, j’ai été invité à un séjour « Masculinité et Paternité » génial à Rocamadour (sanctuaire marial du Lot, dans le Sud-Ouest de la France), pendant le printemps 2015, avec 150 élèves parisiens de seconde du lycée privé catho Stanislas. Ils ont eu droit à une veillée où j’ai vraiment expliqué ce qu’était l’homosexualité, comment fonctionnait le désir homosexuel, de quelles blessures il était le signe, tout en gardant un discours positif et fraternel sur l’amitié et la masculinité. Tout le monde était très content. Le lendemain pourtant, en échangeant avec mon petit groupe de jeunes sur un tout autre sujet – « Faut-il attendre et se préserver avant de sortir avec une fille ? » -, j’ai constaté que beaucoup de ces jeunes hommes en devenir, par démagogie et par ignorance, m’affirmaient avec un aplomb incroyable qu’ils s’autoriseraient dans leur future vie d’adultes à « sortir avec qui ils voudraient, comme ils le sentaient, et que la rencontre déciderait si ce serait avec un gars ou avec une fille » J’ai halluciné. Je leur ai demandé, circonspect : « Euh… attendez les gars. Vous m’avez écouté hier soir ? Vous étiez à la même veillée que moi, vous êtes sûrs ?? » Un peu vexé de me rendre compte que mon message loupe sa cible même en milieu « conquis », j’ai dû reprendre en grand groupe mon explication des limites de TOUT couple homosexuel, et de « l’amour homosexuel ». Le ressenti homo, ça passe bien : le discours de Vérité universelle sur la sexualité, beaucoup moins ! Je voyais par ailleurs qu’un des animateurs adultes, très blessé dans sa sexualité, et hyper bobo, commençait à enrôler ses gars pour discréditer mon témoignage de la veille et me présenter à eux comme un « méchant extrémiste » dont le discours était « douteux », parce qu’au fond je ne banalisais l’homosexualité comme lui le rêvais.

S’il est évident que bien des élèves d’éducation, d’instruction et de foi catholiques sont capables de respecter et de concevoir l’existence d’un ressenti homosexuel, s’il est évident que très peu se sentent homosexuels et que la question du coming out et de l’affirmation d’une « identité homosexuelle » est très loin d’eux, en revanche, je suis sidéré de constater que tout ce qui, en Amour, en sexualité et en foi, est dicté, dogmatique (dans le sens noble du terme), intangible, éternel et universel, passe aux oubliettes pour la très grande majorité d’entre eux ! Quasiment aucun n’a le courage et la maturité de remettre en question l’idolâtrie mondiale pour le mot « amour ». Selon eux, le verbe « aimer » aime. Dans tous les cas ! Et l’amour n’a pas d’autre loi que le ressenti personnel et sincère du moment. La différence des sexes pour eux n’est pas la condition sine qua non de l’Amour. Donc finalement, ils tolèrent que moi je ressente une tendance homosexuelle et que je décide de la vivre dans la continence. « Si tu le sens comme ça… Si c’est ton choix et c’est ton vécu… » Mais peu prennent ce que je dis pour eux-mêmes et pour toutes les personnes homosexuelles. Peu accueillent dans leur terre intime le grain de blé christique. Peu comprennent avec leur cœur et leur esprit que c’est la pratique homosexuelle, indépendamment de mon ressenti et de mon expérience personnels, qui est bancale. Alors que mon témoignage n’a rien de relatif. Ils ne captent pas l’universalité et la Vérité non-négociable de ce que je vis/dis. En clair, ils ne sont pas attachés à la différence des sexes. Pour eux, elle est une variable d’ajustement. Même dans les établissements cathos, lettrés, éduqués ! C’est quand même les boules…
 

238 – À partir de quel âge en aumônerie peut-on vous inviter à en parler ?

En réalité, il n’y a quasiment pas d’âge. Car maintenant, les enfants de moins de 10 ans sont confrontés à l’homosexualité, que ce soit dans les médias, dans les affiches publicitaires, par leurs camarades de classe ou plus directement par leurs « parents ». Ayant encadré une colonie de vacances « chrétienne » en Suisse en 2000, avec des enfants de 5 à 15 ans, j’avais été estomaqué de constater que le groupe des petits de 5 ans, dans leur dortoir avant de s’endormir, imitait, pour rigoler, les cris de jouissance des films pornos que regardaient leurs « géniteurs ». Ça vous laisse deviner le degré de connaissance de notre jeunesse en matière de génitalité aujourd’hui ! Je ne veux pas généraliser, mais le bateau de l’innocence a coulé pour beaucoup depuis des lustres ! Néanmoins, mon devoir de réserve – pour préserver la pureté légitime et belle des enfants et ne pas leur donner des idées – me fixe comme limite 10 ans. Je ne descends pas en-dessous, excepté si le sujet arrive sur le tapis et ne vient pas de moi : « Celui qui scandalisera un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui pendît au cou une meule de moulin et qu’on le jetât au fond de la mer. » (Mt 18, 6) Les pornocrates et les publicitaires n’ont pas attendu montre en main l’âge de la maturité sexuelle de nos jolies têtes blondes pour leur imposer leur camelote ! N’inversons pas les choses : le pervers, ce n’est pas moi ! Et me faire venir en aumônerie des collèges n’est pas de la pédophilie homosexuelle (je préfère le dire…).

Je crois également que, si on en parle bien et avec respect, l’homosexualité n’est pas un sujet vulgaire ni choquant, et les enfants peuvent entendre beaucoup de choses. De toute façon, si ça ne vient pas bien de nous, ça viendra mal des autres. Et saint Paul, dans la Bible, ne se prive pas de décrire – sans complaisance et sans vulgarité – les travers peccamineux de débauche, de luxure et d’homosexualité, de son époque. Les jeunes en aumônerie sont maintenant tellement blessés au niveau de leur sexualité et malheureusement tellement accoutumés à la plupart des violences sexuelles (au moins visuelles) qu’ils ont urgemment besoin d’un discours nommant un chat « un chat », et qu’ils sont très sensibles aux témoins qui vivent ce qu’ils disent, qui parlent sans langue de bois des sujets qui les concernent, les interrogent, les préoccupent. Loin de moi l’idée de forcer quoi que ce soit ou de m’auto-promotionner. Je m’en moque. Avec mon témoignage sur l’homosexualité, j’ai juste conscience de répondre à des besoins réels. Même Thérèse Hargot tire actuellement la sonnette d’alarme, en prévenant les catholiques qu’ils devraient se mettre au traitement de l’homosexualité chez nos jeunes. Pourtant, même la sexologue n’en parle pas beaucoup plus qu’eux : elle se contente de dire qu’il « faudrait expressément en parler ». Moi, je vous attends. Ça fait dix ans que je vous propose mes services et que vous ne me sollicitez pas. J’arrive déjà bien tard ! Le mal a pénétré les cœurs et les sexualités juvéniles naissantes largement avant le bien que je peux apporter.

 

239 – Qu’est-ce qui pose problème dans vos interventions sur l’homosexualité face à un public de jeunes adolescents et de lycéens ?

De toutes mes interventions en milieu scolaire, je ne garde que quatre mauvais souvenirs… ce qui reste une petite moyenne comparé au reste des visites, mais ils suffisent pour me plonger dans une culpabilité et une tristesse profondes :

1) Une fois, j’avais parlé des bobos (en Touraine) devant des élèves de terminale d’un lycée catho… mais ça tapait tellement dans le mille de leur réalité du moment, de leurs goûts, de leurs travers cachés, de leurs pratiques et modes de pensée, ça démontrait tellement leur collaboration inconsciente au « Système libéral-libertaire », que l’effet-miroir a été perçu comme une agression ou du mépris de ma part. Le message n’est pas passé sereinement, même si les élèves plus matures l’ont compris. J’avais mis la barre haut en m’attaquant à la bisexualité et à l’ensemble de la culture païenne contemporaine. Sur le moment, je ne le regrettais pas. Mais le frère de saint Jean qui m’a invité, si… donc forcément, j’ai fini par le regretter aussi.

2) Une autre fois, je suis allé dans un lycée professionnel catholique de Paris. J’ai parlé devant des élèves de culture maghrébine et africaine, pas toujours à l’écoute, souvent incapables de dissocier la personne homosexuelle du militantisme LGBT ou de la pratique homosexuelle. Pour eux, une personne homo, si elle parle d’homosexualité en public, c’est qu’elle pratique forcément celle-ci et justifie tous les droits sociaux communément attribués aux personnes homosexuelles comme elle ! Ce fut un peu houleux et éprouvant. Le comble (mais en même temps, c’est tellement logique avec ce que j’écris sur l’homophobie), c’est que les jeunes qui se montrent le plus homophobes sont aussi ceux qui défendent le plus la banalisation de l’homosexualité et la pratique de l’homosexualité. Les élèves musulmans ou évangéliques ou athées sont capables à la fois de te traiter dans la même phrase de « sale pédé pervers ! » et d’« homophobe » si tu dis le moindre mal sur l’homosexualité et que tu abordes concrètement le sujet avec eux. L’échange a tourné court, s’est révélé assez stérile. Ces réactions épidermiques ne sont socialement pas de très bon augure pour nous les personnes homosexuelles dans un futur proche…

3) J’ai aussi mal vécu une intervention dans un lycée privé parisien où les élèves étaient quasiment tous gays friendly, libertins pour certains (l’animatrice en pastorale voyait circuler sur les portables des photos de soirées arrosées et libertines où les filles de terminale étaient filmées en train de défiler en petite culotte…), très cabossés identitairement/familialement, et complètement influencés par les mass médias au moment des « débats » sur le « mariage gay ». En général, il n’est pas difficile d’identifier chez les jeunes défenseurs du « mariage gay » des personnes très blessées dans leur sexualité, par le mariage, par leur famille, et qui se déchaînent contre l’Église qui devient leur bouc émissaire. Quand j’ai témoigné face à eux, ils n’ont même pas vu une personne homosexuelle à écouter : ils n’ont vu que « le catho » ou « le méchant opposant au mariage gay ». Il n’y avait plus rien à faire. C’est en ce sens que je dis que la Loi Taubira, en lançant la population française entière sur un débat (= l’homosexualité) dont la plupart des gens ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants, a généré une homophobie énorme, notamment chez les jeunes et les lycéens. Instinctivement remontés contre les Manifs Pour Tous et – je le soupçonne fortement – influencés par l’un de leur professeur pour se méfier de moi et me voir comme un « homophobe caché », ces groupes d’élèves, forcés à venir à « l’heure hebdomadaire obligatoire de pastorale », ne m’ont pas loupé. Même mon expérience passée de prof en ZEP ne m’a pas été d’un très grand secours sur ce coup-là. Je n’en revenais pas de leur homophobie gay friendly

4) Dernière mauvaise expérience mémorable pour moi : la réaction de certains parents suite à mon témoignage auprès des 14-17 ans à Paray-le-Monial en 2012. Ce n’est pas « le pendant », mais « l’après » qui m’a beaucoup peiné. L’échange devant les jeunes s’était pourtant idéalement bien déroulé et ils m’ont offert un tonnerre d’applaudissements à la fin. Une véritable ovation, sans exagérer. Mais c’est ensuite la mauvaise foi de certains parents, qui ont enlevé le ton et le contexte d’un calembour que j’avais sorti devant leurs adolescents (calembour certes osé et un peu limite quand on lui ôte son contexte d’énonciation ; mais assumé, expliqué et réglé juste après avoir été prononcé), qui m’a détrôné et refroidi illico. J’avais en effet précisé devant les jeunes que le fait que j’avais arrêté définitivement la masturbation et le porno, que j’avais choisi de donner ma sexualité entièrement à Jésus et à l’Église, ne signifiait en rien que je renonçais à la sexualité ni que je prenais Jésus pour un partenaire homo de substitution : « Il ne s’agit pas de se masturber devant mon crucifix. ». L’image était certes crue, mais m’en étant rendu compte, j’avais immédiatement rajouté en complément de mon exemple tendancieux, une demande spontanée d’oubli (« Bon, elle est un peu limite, celle-là… Vous la couperez au montage »)… ce qui avait déclenché un rire général. Cela dit, l’image (et la mention de la masturbation blasphématoire) était remontée à l’oreille de certains parents, qui m’ont ensuite taclé « en toute amitié » en disant que « j’avais choqué leur fils », sans connaître ni le contexte d’énonciation, ni reconnaître les bienfaits du témoignage dans son entièreté. Bref, depuis ce dérapage qui n’en était pas un – mais qui a été vu comme tel –, je redouble de vigilance et j’évite encore plus les blagues qui pourraient paraître salaces devant un jeune public… Je retiens aussi une autre chose : les adolescents ont souvent (et c’est leur force autant que leur faiblesse) beaucoup plus d’humour et de bienveillance que les adultes !

D’un point de vue maintenant plus général, qu’est-ce qui explique que ces quatre conférences (et peut-être davantage, je ne sais pas) aient pu capoter ? Les facteurs d’« échec » sont multiples. Ils peuvent être d’ordre personnel, vu que je suis un homme pécheur, blessé et imparfait. Je le reconnais. Je ne suis pas toujours compris. Pas toujours sublime. Parfois pas assez clair. En plus, ça peut arriver à tout le monde d’être imprécis, fatigué, de rentrer dans l’image et la séduction, de se tromper, de faire des gaffes. Mais je pense que c’est très rare me concernant. Et si j’ai dérapé ou manqué de justesse, qu’on me le démontre. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je demande systématiquement à ce qu’on m’enregistre ou me filme : pour qu’en cas de litige, je sois jugé irréprochable… ou au contraire punissable. Cela dit, je ne pense faire publiquement aucune hérésie ni dérapage quand je m’exprime en conférence sur l’homosexualité. Encore moins quand je me trouve devant un public jeune ou une assistance paroissiale avec des oreilles chastes, car je sais combien – sur le terrain de la sexualité et de la foi – le moindre mot de travers fait rater l’opération chirurgicale, et le moindre raccourci langagier concernant l’homosexualité peut m’être renvoyé en présomption d’homophobie ou en accusation de militantisme « homosexualiste » et de « contre-témoignage ».

Maintenant, en ce qui concerne les facteurs matériels et humains qui peuvent me faire tomber et faire chavirer mes conférences, j’en identifie quelques-uns tout bêtes. Il y a d’abord l’ampleur insoupçonnée du thème que je porte et incarne. Il faut savoir que l’homosexualité est un gros sujet, qui touche à ce qu’on a de plus profond en nous : la foi, la sexualité et la souffrance. C’est donc logique qu’elle déchaîne les passions et les craintes, qu’elle impressionne. En plus, chez nos contemporains, le retard de compréhension sur la sexualité est colossal. Il y a de quoi se décourager en réalisant que la ficelle de l’homosexualité entraîne la bobine entière de la sexualité et de tous les problèmes qui y sont rattachés ! Je comprends que beaucoup de collèges et de lycées se ravisent de m’inviter ou se coupent les cheveux en quatre à mon sujet.

Ensuite, l’un des obstacles matériels relié à ce que je viens de dire, c’est la contrainte horaire du temps scolaire. Si on ne me laisse pas assez de temps pour faire correctement mon travail, il est évident que mon témoignage risque d’apporter plus de confusion que de clarté (même s’il m’est arrivé de faire des témoignages de seulement vingt minutes déjà très efficaces) : le format de cinquante-cinq minutes d’intervention, dicté par le découpage scolaire traditionnel, ce n’est pas l’idéal pour un sujet qui mériterait minimum deux heures ! Mais j’ai conscience en même temps qu’il est difficile de prendre deux heures sur un planning hebdomadaire d’un élève pour une conférence sur l’homosexualité dont on n’est pas sûr qu’elle ne va pas « partir en live » avant de l’avoir testée.

Je vois un autre obstacle potentiel qui atténue la portée et l’efficience de mes conférences : la mixité des groupes-classes, qui fait que les garçons ne réagissent pas aussi librement et sereinement que s’ils étaient tout seuls sans les filles. Même si j’ai connu des conférences d’une grande beauté avec des assemblées brassées sexuellement, il est certain que la séparation des sexes a, dans certains cas, apaisé et enrichi considérablement les échanges. Par exemple, à Châteauneuf-de-Galaure puis à Saint Bonnet (près de Lyon), j’ai eu le privilège de témoigner devant 150 lycéennes, puis devant 150 garçons. Ce fut un succès, d’abord parce que l’homme et la femme sont différents, et que le rôle de mes interventions n’est pas de « parler d’homosexualité en soi » mais bien de révéler la beauté de la différence des sexes à travers l’homosexualité continente. Et surtout parce que l’homosexualité est avant tout un problème d’hommes, et de fusion excessive de ces derniers avec les filles. Une fois qu’ils sont séparés, je peux vraiment opérer à ma guise chacun des publics, en m’adaptant à leur identité et à leurs besoins spécifiques. On n’opère pas une tumeur bénigne (comme c’est le cas de la petite tumeur d’homosexualité chez les filles) comme on opère une tumeur plus grosse (comme c’est le cas chez les garçons, qui sont largement plus inquiétés et concernés par l’homosexualité, car l’homosexualité mondiale, c’est avant tout un meurtre symbolique des mâles, des hommes, des pères, des amis garçons, des frères, des prêtres).

Il y a aussi des obstacles contextuels et sociaux indéniables qui entravent mes conférences. J’en ai déjà fait mention un peu plus haut, mais la fracture, la plaie ouverte, les crispations, les tensions, la sale ambiance, le climat délétère (entre « les tolérants » et « les intolérants ») et le chantier qu’a réveillés le « mariage pour tous » dans les établissements scolaires (notamment privés) et entre élèves sont à la fois stimulants (ils appellent à eux seuls une intervention rapide sur l’homosexualité !) et catastrophiques (car ce n’est pas au plus fort de la crise qu’on opère le mieux !). Comme je vous l’ai démontré juste avant, le « débat » sur le « mariage pour tous » a tellement échaudé ceux qui étaient « pour la loi », et tellement frustré/épuisé ceux qui étaient « contre », qu’au final, plus personne n’a envie d’entendre quelqu’un ouvrir la boîte de Pandore arc-en-ciel que personne n’a ouverte en fait mais que tout le monde croient (à tort !) ouverte mille fois ! Par conséquent, mes conférences, de prime abord, n’attirent pas la sympathie. Elles pourraient même agacer. On dirait que je déterre la hache de guerre, ou que je vais servir du réchauffé. Pourtant, il suffit que les lycéens m’entendent dès les premières secondes aborder l’homosexualité pour réaliser qu’en fait, je ne la traite pas comme les autres, je ne suis pas un disque qui tourne en rond, et qu’en réalité auparavant on leur en avait toujours mal parler… alors qu’ils avaient rudement besoin d’en entendre bien parler !

Enfin, en lien avec les bâtons dans les roues sociaux et humains qu’on me met, je peux confirmer que dans la majorité des cas où mes conférences ont fait un « flop », ce n’était pas dû aux jeunes, mais presque intégralement aux adultes : parents, profs, personnel encadrant, surveillants, proviseurs, journalistes, hommes politiques, ministres. Eh oui : ça a l’air d’un sketch conspirationniste, mais c’est la pure réalité. Si nous écoutions seulement nos jeunes, nous verrions qu’ils sont bien plus ouverts, curieux, accueillants, souples, gentils, courageux, capables de changer d’avis, combattants, intègres, simples, que nous les adultes ! Quand j’ai été mal reçu par les lycéens, j’ai fini par découvrir qu’en amont, c’étaient leurs encadrants qui m’avaient craint, ou pourri la gueule, c’étaient leurs profs ou leurs parents qui m’avaient critiqué en farfouillant sur internet les infos les plus malveillantes sur mon compte. Beaucoup d’adultes, parce qu’ils ne vivent plus leur mariage ou qu’ils n’obéissent plus à l’Église, se mettent secrètement à défendre les « droits homosexuels », à banaliser le « mariage gay » et à défendre « leurs amis homos ». Même dans les familles apparemment « hyper cathos tradis ». Ce sont les parents homophobes, qui voient l’homosexualité uniquement comme une « idéologie totalitaire » et une « perversion » dont il faudrait garder la jeunesse, qui font pression pour que je ne rencontre pas à leurs enfants : « Je ne veux pas que mon fils entende votre discours dans son aumônerie ou dans sa classe ! Ça risque de le perturber ! » En réalité, ils ont peur que je leur donne une image trop positive et catholique de l’homosexualité, ou bien que je leur illustre par ma vie que Jésus appelle tout le monde, y compris les personnes homosexuelles qu’ils rejettent.

Parallèlement aux parents d’élèves gays friendly et/ou homophobes, on trouve toute une frange (insoupçonnable dans l’enseignement privé) du personnel éducatif qui est acquise à la cause homosexuelle. Comme l’enseignement privé n’est plus catholique dans beaucoup d’endroits en France, et embauche maintenant des gens qui n’ont plus la foi (même s’ils prétendent « la respecter et la tolérer chez les autres »), il est fréquent que des profs pro-gays voire carrément en « couple » homo, arrachent des affiches de mes conférences en salle des profs, pètent un scandale et exercent un secret chantage auprès de leurs classes ou de leur chef d’établissement pour qu’ils boycottent/annulent ma venue. Il suffit que les proviseurs de l’enseignement catholique ne soient pas droits dans leurs bottes, ne me connaissent pas bien, ne s’estiment pas assez solides pour porter une polémique qui divisera ET leur équipe enseignante ET leurs classes ET les parents d’élèves ET l’inspection académique ET le rectorat ET les médias (ça commence à faire du people…), pour qu’ils se défaussent au plus vite. C’est arrivé par exemple en 2013 lorsque j’intervenais au lycée Blanche de Castille à Nantes, puis dans la foulée au lycée Saint Thomas d’Aquin à Paris. Comme je l’expliquais dans ma question n°231, le député communiste Ian Brossat a carrément fait intervenir le journal Métro et le ministre Vincent Peillon pour empêcher mes interventions en milieu scolaire. Ça va loin. Et tout récemment, des journalistes de Yagg, qui de surcroît ne connaissent absolument rien du contenu de mes conférences, mais qui n’hésitent pourtant pas à faire courir le bruit calomnieux que je génèrerais des vagues de suicides chez les jeunes partout où je passe, se sont hystérisés sur la publication de mes 133 questions sur l’homosexualité expliquée à un ado de 11 à 17 ans, et ont même contacté mon ancien proviseur du lycée Jacques Prévert de Longjumeau (91) pour tenter de me faire perdre mon travail. Manque de pot, j’avais démissionné de l’Éducation Nationale depuis quelques mois. Mais ces militants LGBT n’auraient pas hésité à me couler. Ils sont prêts à tout. Même à harceler moralement les directeurs d’établissement, au nom de leur « lutte contre le harcèlement homophobe ». Amis des paradoxes, bonjour…

Je ne jette pas la pierre aux proviseurs qui ne m’invitent pas. J’ai conscience que c’est humainement une folie. Quand je vois l’appareil de censure et d’intimidation qui se tisse autour d’eux (sur la base de rien, en plus !), je mesure encore une fois la force de l’enjeu qui entoure la jeunesse et l’homosexualité. Je prends aussi conscience de la pression folle qui pèse contre l’Église et l’Enseignement Catholique en ce moment. Même dans les écoles hors contrat. Je comprends que certains établissements annulent mes interventions, se montrent tièdes ou fuyants, regrettent même de m’avoir invité, se soumettent aux menaces – téléphoniques ou internétiques – de procès que le lobby LGBT leur brandit sous le nez : « Si vous laissez entrer cet homophobe qui provoque des suicides, nous vous dénonçons aux médias et au ministre de l’Éducation Nationale, nous coulons la réputation de votre établissement, nous vous sucrons les subventions… Gerson, ça vous dit quelque chose ? » Dans le cas de mon témoignage en milieu scolaire, beaucoup de proviseurs ont cédé aux chantages des LGBT, jugeant qu’ils prenaient moins de risques à leur obéir qu’à me recevoir. Ils préfèrent voir s’envenimer au sein de leur institution les problèmes au niveau de la sexualité que d’agir à leur encontre : le Mammouth à dégraisser est tellement énorme ! Et la bête est tellement à l’agonie !

Le pire, c’est que mes interventions en milieu scolaire, ça ne se passe mal que lorsqu’on ne me les laisse pas faire ! Sinon, une fois que j’interviens, concrètement, tout le monde – ou presque – est content. Et bien plus encore ! C’est davantage les étapes préalables à ma venue qui sont dures que l’intervention en elle-même. L’après-conférence peut se révéler amer aussi… même si, comme je ne suis pas là pour le voir, je ne m’en rends pas toujours compte (… tout de suite). Je devine juste que les réactions post-opératoires peuvent être celles du rejet, de la déformation des propos, des quiproquos, de la frustration, de la réclamation, des questions sans réponse, du réveil râleur, de la trahison. Il est toujours plus facile d’accueillir dans un établissement scolaire un témoin qui se contente de nous raconter sa vie, qui ne nous déplace pas dans nos habitudes et dans notre manière de vivre la sexualité, que le témoin qui, à travers un sujet qu’on croyait exotique et minoritaire (l’homosexualité), nous apprend que c’est tout notre rapport à la sexualité, à la société et à l’Église, qu’il faut revoir. L’« arracheur de dents » ou le « briseur de rêves » ou le « révélateur d’un chantier beaucoup plus vaste que prévu », que j’incarne parfois à mon insu, ne jouit pas nécessairement d’une superbe réputation après être passé dans les classes. Pour continuer à filer la métaphore médicale que j’avais employée un peu au-dessus, on a beau savoir que le chirurgien sauve plus de vies, de cœurs et fait un travail bien plus qualifié que les infirmières, sur le coup, il est plus aisé d’applaudir les infirmières et de les trouver « plus sympas que le chirurgien » ! J’en ai pris mon parti ! Je n’ai jamais dit qu’il était confortable de m’inviter en tant qu’intervenant : je vois juste que c’est très utile, même vital dans certains cas, et que c’est souvent la multiplication des pains.
 

240 – Les formateurs scolaires cathos à l’affectivité (CLER, Parlez-moi d’amour, Teen Star, Pass’Amour, Cycloshow, les Chantiers Éducation, Forum Wahou!, etc.) sont-ils suffisamment armés pour parler d’homosexualité devant les élèves ?

Certains de ces groupes font un travail admirable et vraiment utile auprès des adolescents. Je leur tire mon chapeau. Mais force est de constater – en tout cas en France – qu’actuellement il existe un réel blocage par rapport à l’homosexualité. Ils refusent encore de reconnaître la force irremplaçable du témoignage par la personne (homosexuelle, en l’occurrence). Leur discours sur l’homosexualité – fût-il juste – ne pèse pas lourd face aux jeunes et à nos contemporains qui ont besoin non seulement des idées mais des gens qui les incarnent en chair et en os, car ils ne croient que ceux qu’ils voient, et marchent à l’affectif, à la Rencontre humaine, à l’empirisme ! Par ignorance, par peur ou par orgueil, la très grande majorité des formateurs à l’affectivité d’obédience chrétienne s’imaginent qu’ils peuvent remplacer eux-mêmes les témoins homosexuels, ou bien nous faire remplacer par un prêtre, par un évêque, par une association, par un psychologue, par un sociologue. Nous leur faisons peur, je crois. Même parfois honte. Et certains nous jalousent.

Ils ne veulent pas admettre leurs limites. « On va attendre un an avant de te faire intervenir. On a besoin de se former. On n’est pas prêts… » En général, ils nous maintiennent en coulisses. Pour nous garder le plus longtemps possible dans l’ombre (sous couvert de nous protéger et de protéger les adolescents), ils planifient réunion de préparation sur réunion de préparation. Ils prennent plein de notes, en s’imaginant que celles-ci pallieront notre absence. Ils nous font même parfois rencontrer en tête à tête les chefs d’établissement au lieu des élèves. Tout cela dans le but de reculer l’échéance du choc des titans. Autrement dit, dans l’espoir de reporter – voire d’annuler ! – la rencontre entre le témoin homosexuel et les groupes-classes. Le drame, c’est qu’ils ont des témoins homosexuels compétents et irremplaçables à portée de main (ce qui n’est pas le cas dans tous les pays : la France est particulièrement gâtée). Mais non ! Ils ne nous sollicitent pas. Pourtant, ils nous connaissent très bien. Ils s’inspirent même de nos articles et de notre existence. Nous leur servons de référence symbolique, de caution morale. Nous avons le mérite d’exister intellectuellement ! Le pire, c’est que nous mangeons parfois à la même table. Je me retrouve par exemple à la messe du midi dans des églises parisiennes avec des groupes de formateurs jeunesse, qui savent pertinemment que je suis là et qui je suis, qui auraient vraiment besoin de moi dans le domaine de la sexualité, mais qui ne m’adressent même pas la parole ! J’ai même fait partie pendant deux ans de plates-formes réunissant évêques, curés et chefs d’établissements catholiques, qui m’exprimaient verbalement leurs besoins criants concernant les problématiques de l’affectivité des jeunes, et leurs lacunes à traiter d’homosexualité correctement, mais qui jamais ne m’ont fait venir dans l’enceinte de leur lycée. C’est juste fou, une telle rétention !

La majorité des groupes de formation à l’affectivité s’entêtent à faire de l’homosexualité un sujet annexe, quand les classes (même d’éducation musulmane) leur démontrent le contraire ! Dans leurs interventions en milieu scolaire et en aumônerie, ils sont constamment sollicités et coincés par les jeunes sur les questions d’homosexualité. Même les proviseurs connaissent – et les débats sur le « mariage pour tous » n’ont fait que le leur rappeler amèrement – l’importance émotionnelle et affective de l’homosexualité au sein de leur jeune public, l’urgence de fournir une réponse incarnée aux clivages et aux souffrances que créent la croyance en l’homosexualité et la pratique bisexuelle dans leurs rangs. Et pourtant, beaucoup noient le poisson, rentrent dans le jeu social du chantage à l’homophobie, continuent de gérer le sujet épineux de l’homosexualité tout seuls et au cas par cas (parfois même de suicide en suicide…), sont tétanisés à l’idée de faire venir un témoin homosexuel catholique qui « créerait le scandale »… alors que ça fait belle lurette que les collèges et les lycées publics ont moins d’états d’âme à ouvrir leurs portes aux lobbies LGBT racontant n’importe quoi sur l’homosexualité sous couvert de « prévention » et de « promotion des diversités ». Ce manque de confiance à notre égard, cette absence de discernement sur l’importance du phénomène homosexuel dans le cœur des jeunes, cette inaction et cette tiédeur, cette cathophobie étonnante, donnent le vertige quand on connaît le travail de sape qu’orchestrent tranquillement les mass médias, les associations pro-gays, la propagande gay friendly qui gagne le cœur de beaucoup de familles « catholiques », les conséquences dramatiques d’une pareille omerta dans la vie des jeunes, les fruits incroyables d’une pastorale éducative bien faite sur l’homosexualité.

J’ai témoigné fin mars 2016 dans un mini-camp des Chercheurs de Dieu à Beauraing (Belgique), auprès d’une quarantaine de jeunes de 10 à 17 ans. Jamais je n’avais parlé d’homosexualité devant une assistance aussi jeune. Non seulement ça s’est super bien passé, mais les Belges m’ont regardé avec des yeux ronds en apprenant que je n’étais quasiment pas invité dans les aumôneries et les collèges-lycées de France. Les catholiques français continuent de penser qu’il vaut mieux que les formateurs à l’affectivité fassent l’interface entre les élèves et les personnes homosexuelles, ou que les adolescents découvrent la réalité de la pornographie, de la masturbation et de l’homosexualité par accident et par des gens qui en parlent mal, sans délicatesse, sans morale et sans amour. C’est réellement attristant et désastreux. Merci, amis belges, de relever le niveau.
 

241 – Êtes-vous irremplaçable dans le témoignage sur l’homosexualité ?

Oui et Non.

Oui, car mon travail reste personnel, et malgré moi, individuel et isolé, même si je ne doute pas qu’il puisse être largement partagé/complété/amélioré/dépassé par quelqu’un d’autre.

Oui, car la force du témoignage de l’homosexualité PAR LA PERSONNE homosexuelle elle-même est irremplaçable étant donné que chaque personne est unique, et encore plus les personnes homosexuelles offrant une analyse publique fouillée et argumentée sur l’homosexualité et vivant en conformité avec ce que demande l’Église catholique (Pour l’instant, je n’en connais pas d’autre comme moi qui ait autant étudié le dossier et qui ait rendu publique sa continence homosexuelle). Je le constate en me comparant avec un intellectuel comme Thibaud Collin : il parle parfois d’homosexualité, ses articles sont souvent pertinents, mais son regard reste extérieur, périphérique. Une personne homosexuelle qui a offert son homosexualité aux autres et à Dieu dans la continence, et accepté que son nom y soit associé, c’est extrêmement rare. Donc force est de constater que j’ai l’air irremplaçable sur ce terrain ciblé de l’apostolat de l’homosexualité… et ce n’est d’ailleurs pas très bon signe pour moi ni pour la crédibilité du message que j’essaie de délivrer ! Cette impression d’exceptionnalité joue contre moi, fait même souvent repoussoir, bobard, imposture, mensonge diabolique, manipulation, orgueil. J’aimerais ne pas avoir l’air de me faire témoignage à moi-même ni à Jésus tout seul. Mes frères homos continents, viendez !

En revanche, non, je ne suis pas incontournable ni unique sur le créneau du témoignage catholique de l’homosexualité car je ne suis pas la seule personne homosexuelle à être continente et à avoir identifié l’hétérosexualité comme la Bête. Et que si je pouvais ne pas être aussi isolé publiquement, et si quelqu’un dit la Vérité sur l’homosexualité autrement et mieux que moi, je lui partage/cède volontiers la place ! Je me moque que la Vérité soit dite par un autre, du moment qu’Elle est dite. J’aime les témoignages à plusieurs, en plus (quand je suis entouré de vrais frères homos ; pas quand je suis combiné avec un psy ou un juriste qui donne à croire que mon témoignage ne serait pas suffisant ni ne constituerait une expertise sérieuse). Et le jour où je sentirai que je n’ai rien de nouveau et d’utile à apporter et à ajouter sur le thème, je me barrerai et m’enfermerai dans une abbaye.

Non, je ne pense pas non plus être irremplaçable car les prophéties sont partielles (Cor 12, 31 – 13, 13), y compris celles qui concernent l’homosexualité. Seul Jésus est l’Incarnation de la totalité de la Révélation divine. Seul l’Esprit Saint est irremplaçable pour parler de l’homosexualité au plus juste. Si moi je disparais un jour – et je disparaîtrai un jour, forcément -, l’Esprit Saint s’arrangera toujours pour susciter des remplaçants (bien meilleurs que moi !).
 

242 – Est-ce que vous êtes le seul à vivre ce que vous vivez ? Est-ce qu’il y en a d’autres qui pensent comme vous ?

Non, je ne suis pas seul. Je suis même très entouré, et notamment de frères et sœurs homosexuels continents. En revanche, de l’extérieur, ça ne se voit pas trop. Et pour l’instant, j’ai l’air d’un con à défendre la continence homosexuelle tout seul dans les médias. Mes détracteurs s’en servent pour m’ignorer ou m’inventer une pathologie et une dangerosité monstrueuses. Beaucoup de personnes homosexuelles et ‘gay friendly‘ discréditent et marginalisent mon choix de vie d’abstinence pour Jésus en le montrant comme ultra-minoritaire, non-homosexuel voire homophobe. À ls entendre, je ne représenterais que moi-même et je ferais de mon cas isolé une généralité (= en gros, je serais un mégalo et un usurpateur). C’est par exemple le seul argument que le député socialiste Erwann Binet (le rapporteur officiel du « mariage gay »), m’a opposé sur le plateau-télé de la chaîne KTO pour ne pas m’écouter. Et ceux qui au contraire trouvent mon engagement exemplaire et voudraient le valoriser me demandent pourquoi il n’y a pas plus de personnes homosexuelles continentes qui se donnent à connaître comme moi, et qui ainsi donneraient au mouvement d’opposition à la Loi Taubira tout son poids, au discours de l’Église catholique sur l’homosexualité tout son rayonnement concret.
 

243 – Pourquoi êtes-vous aussi peu à être continents ? Vous semblez n’être que votre propre référence, et proposer un chemin à peine crédible, à peine saint… Ne juge-t-on pas un arbre à ses fruits ?

J’explique qu’il y a beaucoup plus de personnes homos continentes qu’on ne croit. Mais le problème, c’est que la plupart d’entre elles, en découvrant mon témoignage, ou bien en comprenant par elles-mêmes que la continence est possible pour elles et que le mode de vie homo ne les comblera jamais, ont déjà posé leur grand choix de vie et sont engagées sur un chemin irrévocable, qui ne leur permet plus de revenir en arrière et de clamer tout haut leur homosexualité (elles sont mariées, ou bien en couple homo depuis trop longtemps pour le remettre en cause, ou encore séminaristes ou ordonnées prêtres). Et même pour les personnes homosexuelles continentes qui n’ont pas posé leur grand engagement de vie et qui ne sont pas encore trop coincées par leur contexte professionnel, familial, amical, amoureux, elles comprennent que par l’expérience concrète de la continence, l’homosexualité finit par occuper une place secondaire dans leur vie et pour le coup ne mérite plus d’être annoncée ouvertement : la médiatisation de leurs tendances sexuelles ou un « coming out paradoxal » tomberait mal, leur fermerait des portes, ne leur permettrait pas d’achever jusqu’au bout leur début de conversion. Par exemple, combien de mes amies lesbiennes, découvrant qu’elles ne trouveraient pas un bonheur plein dans une pratique homosexuelle, et à qui je proposais de témoigner de leur expérience équilibrante de la continence à mes côtés, m’ont dit : « Nan mais en fait, je crois que je ne suis pas vraiment lesbienne, tu sais… » ou bien « Si je m’affiche lesbienne, alors que la continence me rapproche de plus en plus des hommes, ça me grillera. »). C’est vrai que la continence homosexuelle est à la fois ce qui permet de parler librement d’homosexualité ET ce qui justifierait de ne pas en parler du tout car elle illustre une libération des mauvais aspects de celle-ci.

Par conséquent, force est de reconnaître que je suis bien isolé dans mon genre ! C’est à la fois douloureux et bon signe ! … même si, je crois que ceux qui vivent la continence homosexuelle dans l’ombre passent à côté de la liberté responsabilisante que donnent la visibilité médiatique et l’évangélisation. Mon parcours a ceci d’atypique que j’ai juste pris les choses à l’envers par rapport au commun des personnes homos cathos : j’ai vécu la continence et fais mon « coming out » grand public quasiment en même temps, avant d’avoir posé mon grand choix d’amour, ou plutôt comme on pose un grand engagement de vie… quand certains ont fait leur « coming out » pour venir petit à petit et timidement à la continence, ou quand d’autres ont vécu la continence sans faire leur « coming out » et en étant déjà rentrés dans leur grand projet de vie (le célibat consacré ou le mariage avec une personne du sexe complémentaire). Je suis isolé, mais c’est pas grave car je ne suis pas seul. Humainement, j’ai l’air seul (mais vous ne voyez tous les soutiens que je reçois en privé ni tous les gens qui me contactent : ils ne se comptent pas en nombre de followers ou de like sur Twitter et Facebook, ça c’est sûr). Et spirituellement, je suis majoritaire, car j’ai toute l’armée des anges devant moi.
 

244 – Si une personne non-homo est moins légitime à parler publiquement d’homosexualité, sur quel autre terrain est-elle plus légitime et a un rôle aussi puissant que le vôtre ?

L’hétérosexualité. C’est vraiment le domaine rhétorique, politique, médiatique, spirituel, à investir en priorité par ceux qui sont catholiques mais pas homos. Parce qu’il est déserté par tous, y compris par ceux qui ont deviné que l’hétérosexualité n’était pas la différence des sexes, mais qui malheureusement méprisent le terme et en font un non-sujet, une abstraction, alors qu’elle leur est attribuée systématiquement pour les discréditer et qu’elle est la cheville ouvrière de toutes les lois pro-gays (En effet, tous les ministres pro-mariage-gay se sont annoncés comme « hétéros » et se sont appuyés sur « l’hétérosexualité » pour imposer leur justification compassionnelle et légale de l’homosexualité à tous). En retournant l’arme idéologique « hétérosexualité » qui est pointée sur elles, les familles catholiques prendront tout le monde par surprise, par la Vérité et par l’Amour, puisqu’elles aideront à distinguer la différence des sexes (créée par Dieu) de sa contrefaçon mondiale.

L’effet-bœuf de l’opposition d’une personne mariée et père ou mère de famille à l’hétérosexualité, ou l’effet-bœuf de l’opposition d’une personne célibataire consacrée à l’hétérosexualité, sera le même que celui d’une personne qui se présente comme homo et catho et qui s’attaque à l’homosexualité sans pratiquer celle-ci. Exactement la même bombe atomique ! Car l’attaque contre l’hétérosexualité – l’hétérosexualité étant la seule idéologie qui lie et attache inconsciemment les pro-Vie et les pro-mariage gay – est inattendue, d’autant plus quand elle vient de ceux qui en seraient l’incarnation : les traditionnalistes catholiques. Elle permet de revenir à la source de la confusion mondiale sur la sexualité et l’identité femme-homme, et même à la source de la fracture entre le pouvoir temporel (le monde) et le pouvoir spirituel (l’Église). Elle permet de revenir sur toutes les lois hétérosexuelles injustes (l’avortement, la contraception, les abus de la procréation médicalement-assistée, le libertinage, les mères porteuses, les mères célibataires, les abus de l’adoption, la pornographie, l’adultère, les divorces, etc.) qui ont fait le lit de la justification sociale de « l’identité » et de « l’amour » homosexuels. L’attaque contre l’hétérosexualité ressemble en plus à une auto-critique, une auto-parodie, à une humilité et à une blague, donc elle a tout pour casser la baraque du diable ! Comme je l’ai écrit en conclusion de mon livre L’homophobie en Vérité (2013) et comme je le développe dans le site CUCH – Catholiques Unis Contre l’Hétérosexualité et dans mon livre Les Bobos en Vérité, les participants de La Manif Pour Tous auraient gagné largement la bataille contre le « mariage gay » en choisissant comme slogan audacieux de combat « TOUS UNIS CONTRE L’HÉTÉROSEXUALITÉ » et en laissant les personnes homosexuelles continentes de leurs rangs régler publiquement leur compte à l’homosexualité et à l’homophobie.

Malheureusement, mes bons conseils n’ont pas été écoutés, et les militants de notre bord rongent désespérément leur os nataliste de « l’Enfant » (et ses dérivés : la PMA, la GPA, l’Éducation, le Gender, le transhumanisme, etc.) et découvrent qu’ils sont sous-employés, voire qu’ils ont gâché leurs forces. Sans comprendre que l’hétérosexualité est le diable déguisé en différence des sexes, les catholiques pro-Vie et non-homosexuels ne remporteront aucune victoire, enchaîneront même les défaites, et ne rentreront pas dans la joie du combat pour la beauté de leur sexualité. C’est trop dommage ! La solution est pourtant à portée de main. Et s’ils ne me croient pas moi, qu’ils croient au moins en notre Église catholique, qui n’a jamais défendu l’hétérosexualité (malheureusement, Elle ne l’a jamais dénoncée en tant que « diable » non plus…). L’hétérosexualité est notre pire ennemi si nous ne la dénonçons et ne l’expliquons pas. Elle serait notre meilleure alliée si nous la dénoncions massivement.

 

245 – Les personnes homosexuelles ont-elles une place dans l’Église ? En auront-elles un jour ?

manif
 

Ça dépend de quelle place on parle. Une place ajustée à ce que nous sommes et à ce que nous sommes surtout appelées à être par Dieu ? Je ne crois pas. Ça n’arrivera qu’au Ciel. Une place trop large et non-méritée, offerte gracieusement par les catholiques progressistes, ou au contraire une place trop étroite (façon siège éjectable) voire inexistante, offerte par les catholiques pharisiens ? Sans doute que oui. En même temps, nous sommes là. Dans vos assemblées. Célibataires ou en « couple ». Donc nous prenons forcément de la place. Vous êtes obligés de nous en faire, et nous pareillement. Et puis surtout, une place, quand on est poli et catholique, ça se reçoit ou ça se cède plus que ça ne se prend. Alors partant de ce principe-là dans l’Église, peut-être qu’un jour, alors, nous, les personnes homosexuelles, aurons une bonne surprise. Qui sait ?
 

246 – Quel déclic doit se faire dans la tête des catholiques pour que cela se fasse ?

C’est de connecter la peur avec Celle qui seule peut la combattre : la Paix de Jésus. Les catholiques doivent comprendre l’urgence de vaincre la peur de l’homosexualité (en tant que tendance désirante, qu’actes, que phénomène social, que thématique), de vaincre la peur des personnes homosexuelles (notamment en allant à notre rencontre et en nous écoutant), et de vaincre toute peur en général. Le père jésuite François Varillon, disait que « dans ce monde, notre pire ennemi à combattre était la peur ». C’est bien vrai. Le déclic pour que la situation mondiale se débloque, notamment sur l’homosexualité (qui est une peur, je le rappelle), c’est de comprendre que seule la compréhension de la Paix de Jésus, et notre entrée en Elle, nous permettra de terrasser la peur (et la peur de la peur homosexuelle).

C’est tout bête. Et je l’ai découvert en me rendant à la messe de midi à l’église Saint-Roch à Paris, ce dimanche 1er mai 2016. Pendant son homélie, le père Philippe Desgens, qui commentait les paroles de Jésus « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14, 23-29), nous a sorti une phrase qui ne venait pas de lui mais de l’Esprit Saint : « La Paix n’est pas le contraire de la guerre (on le voit bien en regardant les infos). La Paix, c’est le contraire de la peur. » Il a pris deux exemples pour illustrer cela : d’abord les premiers martyrs chrétiens qui étaient entourés de lions affamés dans les cirques mais qui étaient dans la paix et chantaient des cantiques, sans peur ; enfin, l’exemple du « baiser de paix » qu’on échange juste avant de communier, à chaque messe. En effet, le père nous a rappelé que si l’Église propose ce signe de « paix », ce n’est pas juste pour saluer son voisin, lui claquer la bise, ou singer un amour inexistant ou une fraternité rassurante. Pas du tout. C’est pour vaincre sa peur à l’égard des autres, lutter contre sa timidité, sa rancœur parfois, aller vers son ennemi ou l’étranger ou le voisin qui nous fait peur et que parfois on a du mal à supporter, c’est rentrer dans la mort et la Résurrection du Christ qui nous font peur. La Paix n’arrive que parce qu’il y a peur.

Ça a eu l’effet d’une bombe en moi ! Je n’avais jamais entendu cette connexion entre Paix et peur auparavant. La Paix, c’est le contraire de la peur. Et c’est quand on prend des risques par amour de Jésus qu’on est vraiment habité de Sa paix. J’aurais pu y penser rien qu’en me remémorant les passages de la Bible où Jésus annonce « La Paix soit avec vous » : ce n’est pas du tout, comme à chaque célébration eucharistique, une simple formule apprise prononcée par le prêtre (« La Paix soit avec vous ») à laquelle l’assemblée répond – en général machinalement et sans un contexte de peur, justement – « Et avec votre Esprit ». Quand Jésus donne sa Paix, c’est uniquement aux moments d’effroi. C’est pour mettre la peur à mort, justement. Ça change légèrement la perspective gnangnan, anesthésiante ou froide attribuée trop souvent à Jésus. Ça bouleverse un peu le visage de la transmission de la Paix qui incombe à tous les disciples authentiques du Christ. La Paix de Jésus, ça n’est pas juste déclamer « Jesus loves you » ou « Je t’aime » ou « Je t’accueille » ou « Je ne te juges pas » ou « Bienvenue ! » à tout le monde. Ce n’est pas un message gentillet d’ouverture, de tolérance, de tendresse, d’accueil souriant, d’appel au calme et à la confiance, ni un silence mièvre. C’est une autorité. C’est un appel à vaincre sa peur, et la vaincre en actes, en paroles, en risques, en prière, avec l’assurance de la victoire du Christ plantée en soi ! C’est tout sauf mou, la Paix christique !

Si les catholiques comprennent ce qu’est la Paix de Jésus, dans quel contexte précis elle s’inscrit et agit, et qu’ils La distinguent de la paix du monde (cool attitude, bien-être zen, cessez-le-feu, pacte de non-agression, intimidation, trêve de combats, désarmement progressif, traités de paix économiques, etc.) ou encore de la paix catholiquement correcte (parodie de la Miséricorde, silence, absence de prise de risques et de critique, fuite des conflits, Charité à la place de la Vérité, discours mielleux et tiré de la Bible, etc.), ils auront tout compris de l’homosexualité, mais surtout de leur rôle dans le monde et de leur combat contre le mal.
 

247 – Qu’est-ce qui permettra, selon vous, ce déclic ?

Ce sont l’Esprit Saint et la Vierge Marie. À coup sûr. Jésus nous a dit avant de partir au Ciel qu’Il ne nous laissait pas seul et que son Esprit de consolation, de Vérité et de Paix ne nous lâcherait pas. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. » (Jn 14, 12-13) Il a confié aussi sa Mère à tous les saints Jean que nous sommes, pour que nous la gardions chez nous, et pour vivre au mieux les fins dernières avant Son Retour en Gloire (Parousie).

Ça, c’était au sujet des grands agents du déclic. Et dans une plus modeste mesure, le déclic mondial par rapport à l’homosexualité sera le don entier de notre personne aux autres, le témoignage du Christ par la personne (en l’occurrence par les personnes durablement homosexuelles et continentes), et la rencontre/l’apostolat en actes et en paroles. Le don de toute notre personne, y compris avec ses imperfections et ses blessures, c’est seulement ça l’Amour. La blessure offerte est un cœur qui se donne, une entaille d’où passe la lumière d’Amour de Jésus. Comme je l’ai écrit avec insistance à plusieurs reprises dans cet article, le témoignage par la personne est primordial pour que les incrédules retrouvent la vue, touchent à l’homosexualité presque « en personne », connaissent Jésus à travers nous. L’Incarnation, il n’y a que ça qui témoigne de la Vérité de Jésus, il n’y a que ça qui prouve que Jésus rejoint toute personne sans condition. Et une personne homosexuelle qui est continente et qui annonce Jésus avec naturel et Vérité, ça donne le même effet-bœuf que d’entendre une femme prostituée chanter avec une voix d’ange, ou bien que de voir un paralytique qui se met à marcher devant nous !

J’en ai eu la confirmation de cela en juin 2014 lors de mon voyage en Côte d’Ivoire (Abidjan). Il a suffi que je parle d’homosexualité en tant que témoin homosexuel fidèle à Jésus et à l’Église pour qu’immédiatement, dans la tête et dans le cœur de mon auditoire qui hallucinait de tomber sur une personne homosexuelle en chair et en os et à qui il n’avait rien à reprocher, l’ordre et la Joie se fassent. Ma seule existence a permis à des gens auparavant hargneux contre l’homosexualité et les personnes homosexuelles, de distinguer tendance homosexuelle et personne homosexuelle, ou bien acte et personne. Ça a été comme un éclair dans la nuit. Plusieurs spectateurs ivoiriens (au moins quatre) sont venus à l’issue de mes topos me demander pardon, et m’ont avoué dans leur barbe qu’avant de m’entendre, ils « détestaient les homos et les rejetaient ». Certains ne savaient pas que ça pouvait exister, « des homos obéissants ». Tout d’un coup, ils s’émerveillaient et poussaient un « eurêka » de surprise, de louange à Dieu : « J’ai enfin compris ! Dans l’homosexualité, le problème, ce n’est pas les personnes ! Et pourtant, nous avions bien raison de nous opposer aux actes homos et d’être gênés par eux ! » Quelle joie ! Quelle libération ! Quelle beauté, ces demandes de pardon et ces peurs qui s’en vont ! Oui, Dieu aime les personnes homosexuelles et les êtres qui pensaient ne pas aimer ces dernières. L’Amour de Dieu est bien plus grand que notre cœur ! Alleluia !

Alors oui, Dieu fait merveille à travers les personnes homosexuelles, c’est vrai. Mais quid des personnes parmi vous qui n’ont pas la chance d’être homosexuelles ? Comment allez-vous faire pour devenir vous aussi des bombes humaines de l’Amour du Seigneur dans notre monde d’aujourd’hui, sur le terrain de l’homosexualité mais aussi de la sexualité en général ? (parce que si vous comptez sur votre récitation de la Théologie du Corps de saint Jean-Paul II, à mon avis, vous êtes un peu mal barre…) Je crois que c’est tout simple : vous dépoterez en vous attaquant à l’hétérosexualité ! Car sur ce sujet-là, personne ne vous attend. Personne ne se doute que vous puissiez faire ce qui apparaît aux yeux de nos contemporains comme votre autocritique. Personne ne comprend que l’hétérosexualité est l’autre nom du diable déguisé en différence des sexes. Personne ne peut anticiper qu’avec votre explication de l’hétérosexualité, vous allez aider l’Humanité entière à revenir au cœur battant de la sexualité, du mariage et de l’Eucharistie. Pas même vous ! Essayez, et vous m’en direz des nouvelles !