7 déclinaisons du deuil théâtral et capricieux des bobos

1) Le deuil du POÈTE LIBERTAIRE RÉVOLTÉ

Trop vénère, quoi. Il veut prendre des cafés tranquille, qu’on ne touche pas à sa « liberté d’expression » et à son « vivre ensemble », qu’on n’ébranle pas sa confiance en lui (ci-dessous, un message lu sur le mur d’un contact Facebook ; notez que même la conclusion, avec le « JE SUIS EN VIE », renvoie directement à un des chapitres de mon livre sur les bobos consacré à la place prédominante de la phrase « Je suis vivant » dans l’idéologie bobo)
 
Depuis vendredi soir, j’ai peur.
Pas peur de voir un extrémiste de la connerie tenter encore une fois de faire tomber notre liberté.
Pas peur d’affronter les monstres de l’humanité qui, fiers et forts, attaquent l’innocence quand celle ci n’est pas sur la défensive.

J’ai peur d’avoir peur de vivre, de sursauter, de courir dans le mauvais sens…
J’ai peur que Paris s’éteigne, que notre Dame de Fer s’appauvrisse de son scintillement, que notre liberté chérie fuit nos regards plein de larmes.
Nous, pays épicurien, à qui suffit une bouteille de Chinon et deux tranches de saucisson pour que notre repas soit de fête…
Nous, pays mélomane, à qui suffit de se prendre bras dessus-bras dessous à entonner dans les karaoké miteux « allez venez Milord, vous assoir à ma table ! » pour que notre soirée soit un concert…
Nous, pays supporter, à qui suffit d’organiser des matchs d’entreprise dans des stades municipaux pour que notre jeu soit un tournois…

J’ai peur que les couleurs de la liberté, de la fraternité, de l’égalité se ternissent…
Que notre drapeau perde ses couleurs black-blanc-beur et veuille se blanchir sous l’impulsion d’un front (définitivement trop) nationaliste…

J’ai peur que le français devienne chiant, propre et bien élevé.
J’ai peur que nos lendemains se lèvent sous la bannière d’une impossibilité de prendre du plaisir.
Parce que quelque part, n’importe où, quelqu’un a dit « Il faut blesser Paris, quand Paris prend du plaisir ».

Mais la peur nous empêche d’être qui nous sommes vraiment.
Alors ce soir, je ne veux plus avoir peur.
Ce soir, j’ai envie d’écouter du Death Métal, assis en terrasse, levant mon verre devant le dernier match de l’équipe de mon choix, juste après avoir parlé avec mon meilleur ami homosexuel de la prochaine adoption de son enfant et de mon envie de participer à cette grande « Partouze » Place de la République !
Ce soir, j’ai envie d’être parisien et français. Et libre.
Ce soir, j’ai envie de dire « Merde » ou « putain » à chaque fin de phrase, d’être bobo du 9ème ou hipster du marais…
Ce soir, j’ai envie d’aimer ma femme, mes amis, ma famille, de profiter de la vie avec eux, d’applaudir chaque seconde de bonheur partagé et d’oublier que certains veulent tuer la vie et le plaisir par des actes barbares.
Ce soir, j’ai envie d’allumer une bougie, de mettre un drapeau en photo de profil, d’écrire un statut Facebook.
Ce soir, j’ai envie d’être CHARLIE, de la génération Bataclan, de donner mon sang, de pleurer les disparus et ne jamais oublier leurs visages.
Ce soir, j’ai envie de hurler que je suis en vie, et que si je devais tomber, je le ferais en disant, j’ai vécu librement !
Pour de vrai, sans me retenir, comme mes parents m’ont appris, spontanément, avec le sourire, en gueulant, en baisant, en buvant, et en bouffant !
Ce soir, pour ne jamais oublier les victimes, pour honorer leurs familles, je veux dire que je n’aurais plus peur de vivre désormais.
Ce soir, je ne veux plus avoir peur.
Ce soir, je veux m’endormir en me disant que demain ne sera pas meilleur puisqu’ils sont trop nombreux à nous avoir quitté, mais que je ferais en sorte qu’à chaque seconde, la vie résonne dans mes tempes et que je partagerais cette envie avec chaque membre de ma famille, de mes amis, des parisiens, des français.
Alors, « Venez Milord vous assoir à ma table, il fait si froid dehors, ici, c’est confortable ! »
Ce soir, JE SUIS EN VIE. JE SUIS LIBRE.

 

2) Le deuil du BOBO CATHO

Mot du chanteur catho Étienne Tarneaud (Radio Notre-Dame)

Mot du chanteur catho Étienne Tarneaud (Radio Notre-Dame)


 
Extrait de l'optimisme spiritualiste bobo du blogueur Koz Toujours, qui nous dit que "la vie continue"

Extrait de l’optimisme spiritualiste bobo du blogueur Koz Toujours, qui nous dit que « la vie continue »


 

3) Le deuil du DROGUÉ DE LA BASTILLE (en lendemain de cuite)

 

Certains partent dans des extases incantatoires aux dieux Éther... (ils commencent juste à cuver)

Un des nombreux poètes qui fait des incantations funèbres sur ses cadavres de bouteilles de Bastille (et accessoirement sur les cadavres humains… Ils commencent juste à cuver)


 

4) Le deuil de la MAÎTRESSE D’ÉCOLE

Anne Hidalgo assurant, comme une maman permissive, son fils parisien qu’il ne verra plus son bien-être et son « vivre ensemble » perturbés.

 

5) Le deuil de L’HÉDONISTE NORD-AMÉRICAIN

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6) Le deuil de la collégienne star de la pleurniche

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Je vous renvoie au cercle des Copines Anonymes animé par la psychologue télévisuel Laurence Ferrari.

 

Ça me fait penser à la sidération muette que produit la déclaration-flamme de la groupie nostalgique (Audrey Pulvar), qui pleure plus sur elle-même que sur Laurent Voulzy…
 


Audrey Pulvar émue face à Alain Souchon et… par D8TV

 

7) Le deuil de l’ENFANT DU BOBO (enfant à qui on n’explique pas le sens sacré et christique des bougies mais qu’on laisse à son incompréhension, en la trouvant pure et touchante…)

En ce moment, la France est censée s’émouvoir sur la « vérité qui sortirait de la bouche des enfants » (un manichéisme qui devrait plutôt nous révolter pour le pauvre gamin instrumentalisé, mais bon…).

 
 
 
 

Moi, comme un catho coincé liberticide, comme un odieux personnage qui ne respecte pas le « deuil » des Français, j’opte plutôt pour le deuil ZOUK :
 

 

N.B : Je me souviens, lors de la mort de ma maman l’année dernière (que j’aimais beaucoup mais pour qui ni moi ni mes frères et sœurs croyants n’avons versé une larme), du cinéma d’une partie de nos contacts bobos, plus désemparés et abattus que nous, qui rêvait nous voir tristes comme eux… alors qu’en réalité, ils ne pleuraient pas maman. S’ils avaient vraiment pensé à maman et rien qu’à elle, à sa résurrection, ils auraient été dans la joie. Ils pleuraient d’autres choses futiles que cristallisait ma mère. Ils pleuraient surtout leur manque d’Espérance et leur manque de foi, je crois.

 

N.B. pour ceux qui s’indigneraient encore de mon article : Que les choses soient claires. Je trouve les hommages à la Résurrection christique très beaux. Ce n’est pas le problème. Je communie à la souffrance des personnes directement touchées, ainsi qu’aux hommages nationaux collectifs. Le problème n’est pas là. Mais c’est la dictature collective de l’émotion narcissique, et le chantage au « deuil », que je dénonce. C’est toute l’hystérie et la non-gestion des émotions qui accompagnent les hommages bobos, qui me semblent juste délirantes. Là, je reçois le mail d’une amie catho qui écrit à ses proches comme si elle partait à la guerre. C’est de la douilletterie adulescente, désolé.
 
manu
 

Pourquoi je m’insurge en ce moment ? Parce que ce chantage émotionnel (qu’on appelle « deuil » ou « communion ») est 1) totalitaire ; 2) très prochainement anti-clérical et antéchristique ; 3) déjà super violent et pas du tout cathartique contrairement à ce que la majorité de la population mondiale aimerait faire croire.