Blanche Gardin, ou le phénomène des faux courageux

En quoi consiste le réel courage ? C’est celui du pardon (des ennemis, en l’occurrence). Pas celui d’accuser celui qui est déjà visé par la meute #MeToo des loups hurlants à la vengeance, ni d’user de sa notoriété soi-disant « rebelle » et « anti-Système » pour tirer sur des ambulances et faire justice soi-même en lynchant l’ignoble Impuni (Roman Polanski à la barre). Je ne sais pas pourquoi mais dès le départ, je n’ai jamais senti Blanche Gardin comme une humoriste et encore moins comme une humoriste engagée, audacieuse, vectrice de vérités. Elle est plutôt (et je parle bien ici de l’artiste et du personnage public qu’elle a créée ; pas de sa personne) l’incarnation de la lâcheté qui se fait passer pour courageuse. C’est un pur produit de la bien-pensance bobo justicière. Le roquet du Système. Donneuse de « leçons », par-dessus le marché. Et comble de l’orgueil : cette couardise accusatrice s’accompagne souvent chez Blanche Gardin d’un semblant d’innocence (à la Isabelle Mergault, ouaich), d’une maladresse travaillée, de cette hypocrite gaucherie surjouée. Toujours l’air de ne pas y toucher, de « passer par là par accident » (alors que l’accidentel ou le rajout anecdotique a été en réalité totalement orchestré), du « j’dis ça j’dis rien » (mais je le dis quand même). « Je me comporte comme une pute qui fait des coups de pute et appelle au lynchage putassier, mais encore désolé… » Détestable tribunal (dont quasiment personne ne verra et ne dénoncera la violence : on lui pardonne tout puisqu’elle ne l’a « pas fait exprès »). Nous sommes véritablement rentrés dans l’ère des loups déguisés en brebis incertaines. Bonne chance.