C’est pas juste (Critique du film « Jongens » de Mischa Kamp)

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Mon cœur se divise en quatre après avoir vu le film « Jongens » (« Boys », 2013) de Mischa Kamp. Un très beau film. Certes sans message. Certes éloigné du Réel. Mais un film acidulé, tendre, pudique, esthétique, vraisemblable.
 

Une part de moi rend grâce à Dieu du Sens et de la Vérité universelle que je peux y trouver par défaut, rend grâce de la chance de connaître ce film, de pouvoir en parler, d’être capable de dire sereinement « C’est pas juste, et je comprends pourquoi. » Ça me rend toujours plus libre.
 

Une deuxième part de moi se laisse toucher par l’idylle entre les deux jeunes hommes, la souhaite même, et serait tentée de dire « C’est pas juste… mais c’est ça qui est bon. » Et il faut reconnaître que ce film marche. Sur le moment, il atteint son but. C’est là toute la souffrance qu’on peut ressentir face à un mensonge crédible, « réussi », beau. C’est un crève-coeur.
 

Une troisième part de moi crie à l’injustice, est révoltée contre ma propre tendance homosexuelle, demande au Ciel : « Pourquoi moi ?? Pourquoi ça me dépasse ? Pourquoi c’est si profondément ancré en moi ? Je n’ai rien choisi, dans cette affaire, moi ! ». L’envie de hurler intérieurement : « C’est pas juste. » Cette attraction est un handicap réel qui me dépasse, qui me gêne et m’invalide énormément par moment. Et c’est quand je vois un film comme ça que la conscience de la profonde injustice de ma condition se réveille et fait le plus mal. J’ai mal aussi contre ceux qui me sanctionnent pour ce non-choix.
 

Une dernière part de moi est révoltée contre le mensonge collectif de ces films gays friendly, agréables et faux à la fois, et qui déproblématisent l’homosexualité pour entraîner toute une foule d’âmes dans une illusion violente et insatisfaisante d’amour. Envie d’hurler « C’est pas juste ! », de traîner tous ces menteurs professionnels qui jouent avec nos sentiments, nos peurs, nos sens, en pensant nous aimer et nous défendre. Je suis aussi révolté contre le silence complice des nombreux individus qui se présentent comme « hétéros », et qui fomentent cette propagande LGBT.