Code n°134 – Orphelins (sous-codes : Bâtards / Enfants adoptés / Parents divorcés)

Orphelins

Orphelins

 
 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Tous enfants du divorce ou de parents absents ?

 

À travers ce code, nous allons voir les nombreux liens qui existent entre homosexualité et divorce/parents absents (toutes les personnes homos qui sont les enfants du divorce ou de l’adoption ou de la bâtardise). Quand je pense que la grande majorité des Occidentaux osent actuellement nous matraquer avec violence et mépris que l’homosexualité, c’est NORMAL, ce n’est pas un choix, c’est de l’Amour, et que TOUT VA BIEN. Quelle ignorance, quelle indifférence, quel mépris de la souffrance d’autrui – et surtout des personnes homosexuelles – sous couvert de respect !

 

Notre société gay friendly ne veut pas voir que l’homosexualité, loin d’être banale et géniale, est la marque d’une rupture des êtres humains avec leurs origines et le Réel, mais aussi le signe de l’incapacité des couples femme-homme hétérosexuels/bisexuels à s’aimer. Et pourtant, ça crève les yeux !

 

La résurgence du motif de la bâtardise dans les œuvres de fiction traitant d’homosexualité montre, non pas que toutes les personnes homosexuelles seraient des « bâtards », des enfants abandonnés, des individus adoptés, des « produits du divorce et des familles désunies », mais qu’il existe des liens étroits et non-causaux entre homosexualité et adultère, homosexualité et divorce, homosexualité et peur d’être unique et détaché de ses parents ( = une non-intégration incestuelle de la castration symbolique et du Complexe d’Œdipe, si vous préférez), homosexualité et manque de (l’amour de) la différence des sexes. Avec nous, les personnes homosexuelles, vous avez donc affaire, ayez-en conscience, à des faux-vrais orphelins physiquement parlant, à des « orphelins semi-volontaires » (oxymore), mais en tous cas à des orphelins d’Amour et de Désir, ça c’est sûr !

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Haine de la famille », « Parodies de mômes », « Homosexualité noire et glorieuse », « Femme et homme en statues de cire », « Éternelle jeunesse », « Pédophilie », « Moitié », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « L’homosexuel = L’hétérosexuel », « Petits morveux », « Mère gay friendly », « Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme », « Parricide la bonne soupe », « Mère Teresa », « Solitude », « Mort-Épouse », à la partie « Solitude à deux » du code « Île », à la partie « Mère-putain » du code « Matricide », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

MAL-AIMÉ, JE SUIS LE MAL-AIMÉ !!!

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

a) Les pauvres petits orphelins homosexuels sans défense :

Dessin animé "Rémi sans famille"

Dessin animé « Rémi sans famille »


 

Dans les fictions homo-érotiques, beaucoup de personnages homosexuels sont orphelins ou jouent le rôle des Rémi sans famille : cf. le poème « Les Étrennes des orphelins » d’Arthur Rimbaud, le film « L’Innocent » (1976) de Luchino Visconti, le roman Oh Boy ! (2000) de Marie-Aude Murail, la série Clara Sheller (2005) de Renaud Bertrand (avec Hervé), le film « Fingersmith » (2005) d’Aisling Walsh, le film « Fiona » (1999) d’Amos Kollek, le film « Salmonberries » (1991) de Percy Adlon, le film « La Traversée du phare » (1998) de Thierry Redler, la pièce Les Orphelins (1984) de Jean-Luc Lagarce, le roman À ta place (2006) de Karine Reysset (avec le personnage lesbien de Chloé), le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le film « Dick Tracy » (1990) de Warren Beatty (avec la Gavroche lesbienne), le film « Les Filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie (avec Li-Ming et Chen An), la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen (avec Elliot, le héros orphelin), le film d’animation « Anastasia » (1997) de Don Bluth et Gary Goldman, le roman La Vie est un tango (1979) de Copi (avec Le Gros, Le Singe, et le Sénateur, qui sont tous les trois orphelins parce que leurs parents sont morts de tuberculose), la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi, le film « Candy Boy » (2007) de Pascal-Alex Vincent (avec l’orphelinat), le roman Le Crabaudeur (2000) de Quentin Lamotta, le film « L’Orpheline » (2011) de Jacques Richard, le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant » (« Les Larmes amères de Petra von Kant », 1972) de Rainer Werner Fassbinder (avec la compagne de Petra, qui est orpheline), le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel (avec Nathan, le héros homosexuel, orphelin de mère), etc. Dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, le Livre IV est intitulé « Orphelin ».

 

Écoutez la litanie des Caliméros homosexuels : « Je me nomme Sidonie Laborde. Je suis orpheline de père et de mère. Bientôt, je ne serai plus personne. » (Sidonie, la lectrice lesbienne de la reine Marie-Antoinette, en conclusion du film « Les Adieux à la Reine » (2012) de Benoît Jacquot) ; « Nous étions deux filles. Vous étiez la plus belle à l’orphelinat. Quand on nous passait en revue vous étiez toujours la préférée des parents d’adoption. » (Vicky parlant à sa sœurs jumelle la Comédienne, dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « J’ai pas de parents. J’ai pas d’amis. » (John, l’héroïne lesbienne de la pièce Elvis n’est pas mort (2008) de Benoît Masocco) ; « Deux orphelins que le temps défigure… » (cf. la chanson « Ainsi soit-je » de Mylène Farmer) ; « Big Mama s’est pendue. Je regardais de mon berceau, en jouant avec mon zizi. Et nous ne saurons jamais qui était Papa. » (Sabu, le héros homo du film « Hey, Happy ! » (2001) de Noam Gonick) ; « Elle [Gabrielle, l’héroïne lesbienne] se sent elle aussi orpheline, à plus de quatre-vingts ans ! » (Élisabeth Brami, Je vous écris comme je vous aime (2006), p. 89) ; « Je ne suis plus qu’une orpheline, une fille à qui on a pris son père. » (Madeleine dans le roman À mon cœur défendant (2010) de Thibaut de Saint-Pol, p. 39) ; « J’ai eu une enfance très malheureuse. Je n’ai pas de maman. J’ai été trouvé dans un œuf Place des Vosges. » (le poussin de la B.D. La Femme assise (1982) de Copi, p. 43) ; « Ma mère ? Non, elle est morte, j’avais dix ans. » (Adrien, l’un des héros homosexuels du roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 19) ; « Ma mère est morte quand j’étais petit. » (Gabriel, l’un des deux héros homos du film « Hoje Eu Quero Voltar Sozinho », « Au premier regard » (2014) de Daniel Ribeiro) ; « Le genre humain s’est peu à peu éloigné de moi ; de toute façon, cela faisait déjà longtemps que mes propres parents m’avait abandonné. » (Virgilio Piñera, Cuentos Fríos, cité dans l’essai Historia De La Literatura Gay (1998) de Gregory Woods, p. 247) ; « Il pensait à sa mère, à son père, qui l’avait abandonné, se demandant pourquoi il n’avait pas été traité comme les autres enfants et ce qu’il avait bien pu faire pour ne pas être comme eux. » (Michel del Castillo, Tanguy (1957), p. 82) ; « Je n’ai plus de parents. » (Suzanne, une des deux héroïnes lesbiennes de la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) ; « Oui, nous sommes orphelins… » (Stephany, Mike et Jeff faisant la quête devant leur local LGBT londonien, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « J’avais cinq ans quand ma mère est morte. » (Adineh l’héroïne transsexuelle F to M, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; « Je suis un enfant hors de chez lui. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; etc.

 

Par exemple, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, le mot de passe de Suzanne, l’héroïne lesbienne, en temps de résistance est : « Je suis un enfant trouvé. » (p. 107) ; d’ailleurs, elle repart de chez Alix avec le livre Sans famille sous le bras. Dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, Ronit, l’héroïne lesbienne, est orpheline de mère. Dans la nouvelle « Madame Pignou » (1978) de Copi, la boulangère était surnommée dans son enfance « l’orpheline à lunettes » (p. 50). Dans le film « Portrait de femme » (1996) de Jane Campion, Isabelle, l’héroïne bisexuelle, « n’a plus ni père ni mère ». Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, le père de Smith (le héros homosexuel) est mort dans un accident de voiture quand il était petit. Dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, Sarah, l’une des héroïnes lesbiennes, fait croire que sa mère est absente et partie en ONG en Afrique ; en réalité, sa mère demeure en France, est alcoolique et bat sa fille avec qui elle vit seule. Dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, Steve, le héros homosexuel, se retrouve sans père car ce dernier est mort. Dans le film « Jongens » (« Boys », 2013) de Mischa Kamp, Sieger, le héros homosexuel, a perdu sa mère dans un accident de moto. Dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio, Lola, une des héroïnes lesbiennes, est fille de divorcés. Quant à Nina, son amante, elle n’a pas été désirée par sa mère qui aurait voulu avorter. Et son père a mis du temps à l’adopter : « Ma mère ne m’a jamais aimée. La preuve : elle ne voulait pas me garder. Et mon père… j’avais un an quand il m’a reconnue. » Dans le film « Les Crevettes pailletées » (2019) de Cédric le Gallo et Maxime Govare, Damien, l’un des héros homos, a été abandonné à la naissance. Dans le film « Miss » (2020) de Ruben Alves, Alex (le héros transgenre M to F qui candidate pour être Miss France) est orphelin et a perdu ses deux parents biologiques dans un accident de voiture. On le voit à la fin déposer des fleurs dans le cimetière.

 

Par voie de conséquence, il n’est pas rare que le personnage homosexuel soit un enfant adopté. Par exemple, dans le film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenne Ficarra et John Requa, Steven, l’un des héros homosexuels, apprend de manière brutale et accidentelle qu’il a été abandonné par sa mère quand il était bébé, et qu’il est en réalité un enfant adopté. Dans le film « Le Refuge » (2010) de François Ozon, Paul, homosexuel, a également été adopté. Dans le film « Ma vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh, le personnage de Matt Damon (Scott) vient d’une famille déstructurée : il est passé de foyer en foyer, puis a ensuite été placé en famille d’accueil.

 
 

b) Les orphelins un peu réels, voulus ou volontaires :

L’absence de filiation peut certes être une réalité effective du vécu du héros homosexuel, mais finalement, on découvre que ce dernier a de toutes façons toujours une filiation (personne ne naît de nulle part !), et que la rupture avec ses racines existentielles est soit venue de personnes extérieures (on parlera dans ce cas-là d’un état d’orphelin voulu par un tiers, provoqué, et donc subi par le personnage homosexuel), soit venue de lui-même (on parlera alors d’un état d’orphelin volontaire, désiré, mimétique) : « Ah ! Je n’ai pas de famille. J’ignore tout de la famille. […] Et après tout, quelle importance qu’un homme ait ou non un père et une mère ? » (Jack dans la pièce The Importance To Being Earnest, L’Importance d’être Constant (1895) d’Oscar Wilde) ; « On n’a pas de père ! Oublie-le ! » (Ody s’adressant à son frère Dany, dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras) ; « Je suis non-déclaré. » (Smith, le héros homosexuel du film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki) ; « Dans ce milieu, même les maladies sont orphelines. » (Rodolphe Sand par rapport à Rosetta, la fille pauvre, dans son one-man-show Tout en finesse , 2014) ; « J’existe pas pour mes parents. C’est comme si j’étais de la merde. » (Louis, le héros homosexuel, dans le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel) ; etc. Par exemple, dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret Sonia, l’héroïne lesbienne, dit à Clara qu’elle est venue au camp de vacances à cause de ses parents : « Ce sont mes parents qui se sont débarrassés de moi. Je leur fais peur. On ne se comprend pas. » Dans la pièce Lacenaire (2014) de Franck Desmedt et Yvon Martin, Lacenaire s’est éloigné de ses parents. Dans son concert Free : The One Woman Funky Show (2014), Shirley Souagnon fait croire qu’elle n’a pas de mère, puis se reprend : « Non, c’est pas vrai. » Dans la série Ainsi soient-ils (2014) de David Elkaïm, Emmanuel, l’un des séminaristes, noir et homosexuel, a été adopté, et est en rejet complet avec sa famille d’accueil : « Mais qu’est-ce que vous pouvez comprendre à ma vie ? Laissez-moi ! Oubliez-moi ! » Souvent, les personnages homosexuels coupent les liens avec leur filiation parce que préalablement, leur société et leur famille les y a bien aidé !

 

C’est la raison pour laquelle certains se qualifient d’« orphelins » même s’ils n’ont pas vraiment perdu leurs parents et qu’ils ont grandi bien au chaud dans des familles bourgeoises. Ils font comme s’ils étaient abandonnés, d’abord pour se rendre intéressants dans la victimisation (cf. le film « Lucky Bastard » (2008) d’Everett Lewis) et s’écarter volontairement de leurs géniteurs, ensuite pour cacher qu’ils n’ont pas été assez aimés ou qu’ils n’ont, dans leurs élans incestueux, pas voulu partager leur mère avec leur père (ou inversement). Je vous renvoie à la partie « Mère-putain » du code « Matricide », ainsi qu’à la partie sur la mère divorcée du code « Mère gay friendly », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels. Par exemple, dans le film « Dérive » (1983) d’Amos Gutmann, Robbie, le héros homosexuel, affirme à sa grand-mère que ses parents sont morts, alors que ce n’est pas vrai. Dans la pièce Les Favoris (2016) d’Éric Delcourt, dès que Stan, le héros hétéro, découvre l’homosexualité de Ninon, ne peut s’empêcher de laisser échapper une méprisante plainte : « Pauvre petite fille perdue ! ».

 

Dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza, Rémi, l’un des héros bisexuels, a perdu ses deux parents. « J’ai pas de famille. C’est pas pour rien que je m’appelle Rémi. » ; « Ma mère est morte quand j’avais 5 ans. » En réalité, on découvre que son père est toujours vivant, mais qu’il a été rayé de la carte par son fils. Rémi, parlant de son père à son ami-amant Damien, dit que c’était un homme « lunaire » qui a cessé de le considérer comme son fils à partir de la mort de son épouse (et donc de la mère de Rémi) : « Moi, il ne me voyait même plus. J’étais invisible. » Il décide, à l’âge adulte, de renoncer à être père à son tour, et de tuer le papa en lui : « Je n’ai même pas été le fils de mon père. Alors comment voulais-tu que je sois le père d’un fils ? »
 

Le héros homosexuel, s’il est orphelin ou se dit orphelin, ne l’est pas d’abord par l’absence de ses deux parents biologiques. Il est surtout orphelin d’AMOUR ENTRE SES DEUX PARENTS BIOLOGIQUES, orphelin de la différence des sexes aimante/aimée, orphelin du Réel. C’est d’ailleurs pour cette raison que les orphelins homos dont parlent les œuvres homo-érotiques se qualifient/sont qualifiés de « bâtards », sont parfois des enfants adultérins ou des enfants du divorce, et des victimes de l’infidélité de leurs parents : cf. la chanson « Manchester » de Ricky dans la comédie musicale Cindy (2002) de Luc Plamondon, la chanson « Le Bâtard de Rhénanie » de Jann Halexander, le film « Potiche » (2010) de François Ozon (avec Laurent, fils bâtard et homo), la pièce Les Miséreuses (2011) de Christian Dupouy, le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson (avec Arthur, fils homosexuel issu d’un acte prostitutif : sa mère était prostituée et l’a eu avec un client), la pièce musicale Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias (l’un des trois ambassadeurs est bâtard), le film « Dossier 51 » (1977) de Michel Deville, la pièce Le Roi Lear (1606) de William Shakespeare (avec Edmond, le frère bâtard du Roi), la pièce Tante Olga (2008) de Michel Heim (avec Natacha, la bâtarde), le roman La Bâtarde (1964) de Violette Leduc, le film « Juste un peu de réconfort » (2004) d’Armand Lameloise (avec le personnage de Guillaume), la pièce La Reine morte (1942) d’Henry de Montherlant (avec Inès de Castro, la fille illégitime), le poème « Prendimiento De Antoñito El Camborio En El Camino De Sevilla » (1928) de Federico García Lorca, le roman Les Bâtards (1977) de Bai Xianyong, le film « Comme des voleurs » (2007) de Lionel Baier, le film « Celui par qui le scandale arrive » (1960) de Vincente Minnelli (avec Rafe le fils bâtard), le film « Les Bâtards » (2005) de Stéphane Berry, la pièce Le Jardin des dindes (2008) de Jean-Philippe Set, le spectacle Les Invasions bâtardes (2008) de « Mado, la Garce du Québec », la série Beautiful People (2009) de Jonathan Harvey (avec Simon, le bâtard gay), etc. Par exemple, dans la pièce Le Roi Lear (1606) de William Shakespeare, le mot « bâtard » s’oppose à « naturel », à « légitime ». Dans le roman Hawa (La Différence, 2010) de Mohamed Leftah, Zapata et Hawa, les deux jumeaux, sont le fruit de la rencontre entre un soldat américain et une prostituée. Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, London est la demi-sœur de Smith, le héros homosexuel ; et tous les deux sont des enfants illégitimes.

 

Film "La Fin de la nuit" d’Étienne Faure

Film « La Fin de la nuit » d’Étienne Faure


 

« Bastard ! » (John s’adressant à Daphnée dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi) ; « Bâtards. Pourquoi nous marquer de ce mot ? » (le protagoniste de la pièce Des Lear (2009) de Vincent Nadal) ; « Tous les hommes sont des bâtards. » (Max, l’un des héros homosexuels de la pièce Penetrator (2009) d’Anthony Neilson) ; « Nous sommes tous des bâtards ! » (un des personnages de la pièce Cymbeline (1609) de William Shakespeare) ; « Je suis un chien abandonné, un bâtard. » (Anne Cadilhac dans son concert Tirez sur la pianiste, 2011) ; « Tu crois que ça m’a pas foutu les boules de voir ma mère se faire larguer par tous ces mecs ?! » (Stéphane, le héros homo s’adressant à sa meilleure amie lesbienne, Florence, dans la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar) ; « Je préfère partir sans revoir ma mère. […] Dites-lui, si vous en avez le courage, que je ne lui en veux pas de m’avoir fait bâtard. » (Bernard écrivant à son père, dans le roman Les Faux-Monnayeurs (1925) d’André Gide, p. 26) ; « J’étais un bâtard ! » (Bacchus, vexé de ne pas parvenir à séduire les trois sœurs Minias, dans le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré) ; etc.

 

Par exemple, dans la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage, Jean-Louis se qualifie d’« orphelin » : « J’étais plus boulangerie rayon bâtard. » Dans le film « Le Secret d’Antonio » (2008) de Joselito Altarejos, Antonio, le jeune héros homosexuel de 15 ans, a été abandonné par son père. Dans le film « East Of Eden » (« À l’est d’Éden », 1955) d’Elia Kazan, Cal (James Dean) a/aurait perdu sa mère à la naissance, et nourrit une haine féroce envers son père : en réalité, il est le fruit d’une union illégitime et découvre que sa mère vit encore (… et qu’elle est un gangster). Dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, les héros homosexuels se font insulter de « Bent Bastards ! » par un des fils homophobes de Maureen… (« Qu’ils viennent ici ! Ils se régaleraient ! ») qui se révèlera à la fin très gay friendly.

 

Le héros homosexuel a pu s’estimer « orphelin » (à juste titre d’ailleurs, puisqu’il n’y a pas que la filiation de sang dans la vie ! Il y a aussi la filiation de sang couronnée par le désir, donc la filiation symbolique !) à cause du divorce de ses parents. Suite à la rupture de ces derniers, il a perdu son statut d’enfant pour acquérir de force celui de substitut marital du père ou de la mère, par conséquent un rôle incestuel (… d’où l’impression logique d’être un vrai bâtard, un fils adultérin). « Mon père est un salopard et un manipulateur. Il a trompé ma mère même la dernière année de sa vie. Il a baisé ma prof de théâtre et il m’a… » (Zach dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza) ; « Je regrette de l’avoir fait. » (le père d’Adineh l’héroïne transsexuelle F to M, femme qui a perdu sa mère à 5 ans, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; etc. Nombreux sont les héros homosexuels à être des enfants de parents divorcés : Emma dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche (avec une mère très « open »), Matthieu dans le film « Après lui » (2006) de Gaël Morel, Hugo dans la pièce Ça s’en va et ça revient (2011) de Pierre Cabanis, Marcel dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot (il a 4 ans quand ses parents divorcent), Augusten dans le roman Courir avec des ciseaux (2006) d’Augusten Burroughs, Lou l’héroïne lesbienne de la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi, Juliette l’adolescente lesbienne du film « La Robe du soir » (2010) de Myriam Aziza, le narrateur homosexuel de la chanson « Luca Era Gay » de Povia, Gabriel dans le film « Órói » (« Jitters », 2010) de Baldvin Zophoníasson, Ernst dans le roman J’apprends l’allemand (1998) de Denis Lachaud, Zoé dans le film « Tous les papas ne font pas pipi debout » (1998) de Dominique Baron, Félix dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Nico dans le film « Krámpack » (2000) de Cesc Gay, Esther dans le film « Pôv’ fille ! » (2003) de Jean-Luc Baraton et Patrick Maurin, Emilio Draconi dans le roman La Cité des rats (1979) de Copi (il a « étranglé sa mère pour lui voler sa pension de divorcée », p. 71), Elizabeth dans le roman La meilleure part des hommes (2008) de Tristan Garcia, etc. Par exemple, dans la série Ainsi soient-ils (2014) de David Elkaïm (épisode 1 de la saison 2), la mère de Guillaume, le séminariste homo, a été quittée par son mari.

 

« Mes parents ont divorcé quand j’avais 7 ans. » (Hubert, le héros homosexuel du film « J’ai tué ma mère » (2009) de Xavier Dolan) ; « Vous avez un problème de violence dans la famille ou quoi ? » (Kévin, le héros homosexuel s’adressant à son amie lesbienne Sana, dans la pièce Carla Forever (2012) de Samira Afaifal et Yannick Schiavone) ; « Dans mon enfance, mes parents m’ont annoncé leur divorce à proximité d’un coffre. C’est pour ça que depuis, je ne supporte pas les coffres. » (Camille, l’héroïne lesbienne du one-woman-show Vierge et rebelle (2008) de Camille Broquet) ; « Cela va peut-être te surprendre, mais je partage l’avis de ta mère qui dit que pour beaucoup de gays la vie se résume à la recherche du sexe. Cependant, je ne crois pas que la vie d’un jeune hétérosexuel se résume à autre chose… Au Canada, comme ici en Floride, tous les garçons de ma classe ne pensent qu’à coucher. Et l’explosion du nombre de divorces montre que les hétérosexuels ont (aussi) un problème avec la notion d’engagement… » (Chris à son amant Ernest dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 119) ; « Mes parents ont divorcé quand j’ai eu 5 ou 6 ans. Pour ma part, tout ça m’a beaucoup affecté. » (Franz, le héros homosexuel de la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder) ; « Cet enfant est lié au divorce ? » (Marie-Muriel par rapport à Élie, le « fils » de Maxime – le héros homosexuel –, dans la pièce 1h00 que de nous (2014) de Max et Mumu) ; Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Bram, le héros homo, a des parents séparés : « Bienvenue dans la vie des enfants de divorcés ! » ; etc.

 

L’homosexuel fictionnel (ou l’homme travesti M to F) est régulièrement l’enfant du divorce, comme le montrent le film « Madame Doubtfire » (1993) de Chris Colombus, la pièce À toi pour toujours, ta Marie Lou (2011) de Michel Tremblay, le roman Le froid modifie la trajectoire des poissons (2010) de Pierre Szalowski, la chanson « Snowball » de Zazie, le film « Celui par qui le scandale arrive » (1960) de Vincente Minnelli (avec les parents de Willie), ou bien la scène de dispute entre les parents de Paulo dans le film « Je vois déjà le titre » (1999) de Martial Fougeron.

 

Dans le film « Benjamin » (2018) de Simon Amstell, le dialogue entre les 2 amants Noah et Benjamin illustre que leur homosexualité s’origine dans le sentiment de culpabilité généré par le divorce de leurs parents respectifs : « Désolé. Mes parents ont divorcé. » (Noah) « Les miens aussi. » (Benjamin) « Tu veux parler du divorce ? » (Noah) « J’avais 13 ans. » (Benjamin) « Et moi, 5. » (Noah) « Tu sais que c’était pas de ta faute ? » (Benjamin).
 

Par exemple, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, les deux membres du couple homosexuel, Bryan et Kévin, ont respectivement des parents divorcés : « Je vis seul avec ma mère. Mes parents sont divorcés. » (Bryan, p. 14) ; « J’ai vécu dans cette ville pendant quinze ans. Mes parents se disputaient souvent, pour des choses sans importance me semblait-il. Et ces petits désaccords prenaient parfois des proportions démesurées. Je détestais les voir ainsi s’entre-déchirer. » (idem, p. 18). Kévin aborde notamment les blessures d’enfance dues à la mésentente de son père et de sa mère (« Pendant des années, j’ai été réveillé en sursaut par les cris de mes parents. Quand mon père rentrait bourré, c’était l’horreur… », p. 416), même si tout de suite après, il relativisera dans le déni (« Ce n’est pas important. J’ai envie d’oublier toutes ces choses qui hantent ma mémoire. »). Dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis, Jean-Henri a des parents qui se disputent et cassent des assiettes : « Mes parents ne font pas l’amour. Ils font juste des enfants. » Dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, les disputes interminables des parents de Charlène, jeune lycéenne, semblent être à la source de ses penchants homosexuels naissants. Dans le film « Una Giornata Particolare » (« Une Journée particulière », 1977) d’Ettore Scola, Gabriele, le héros homosexuel, avoue que chez lui, pendant son enfance, c’est sa mère qui régentait tout. À cause de cela, son père a quitté le domicile familial.

 

L’homosexualité du personnage homo ne s’explique pas que par le divorce ou la séparation des parents, mais peut s’originer dans une expérience plus directe de la séparation (chez les héros bisexuels, bien évidemment). Par exemple, dans la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia, Didier va tromper sa compagne avec Bernard quand il apprend qu’elle a un amant.

 

Le héros homosexuel, pour se cacher à lui-même l’extrême violence du divorce de ses parents, essaie d’incarner à lui seul la différence des sexes mal-aimée. Illusion d’unification des pots cassés par une auto-construction identitaire de survie : l’homosexualité (le coming out), voire même le transsexualisme. « Si Tanguy souffrait, c’était justement de ne pas être comme les autres garçons ; de ne pas avoir comme eux un foyer avec un père et une mère qui s’entendent. » (Michel del Castillo, Tanguy (1957), p. 23) Par exemple, dans le film « Gun Hill Road » (2011) de Rashaad Ernesto Green, les parents de Michaël, le héros transsexuel M to F, sont infidèles et chacun va voir ailleurs. Dans la pièce L’Anniversaire (2007) de Jules Vallauri, le « Je suis homo » de Vincent résonne comme un « Papa et maman, j’ai peur que vous vous sépariez ». Étonnamment, le personnage homosexuel dit parfois qu’il est le divorce, qu’il le personnifie à lui tout seul, pour réparer en sa personne cette unité d’Amour que les adultes n’ont pas su préserver.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Concrètement, certains héros homosexuels ont encore leurs deux parents. Mais ces derniers ne sont pas considérés comme de vrais parents, parce qu’ils n’ont pas/n’auraient pas assez aimé leur fils/fille homo, parce qu’ils n’ont pas été assez aimés de lui/d’elle : « Mes parents, ça fait dix ans que je ne les ai pas vus. » (Vincent dans le film « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau) ; « À quel sein se vouer ? Qui peut prétendre nous bercer dans son ventre. […] Je suis d’une génération désenchantée. » (cf. la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer) ; « Sometimes I feel like a motherless-child. » (le héros dans la pièce Big Shoot (2008) de Koffi Kwahulé) ; « Si j’avais eu une vraie famille, je s’rais peut-être heureux, aimé, et amoureux. » (cf. la chanson « Optimiste » de Stéphane Corbin) ; « He’s just a poor boy from a poor family. » (cf. la chanson « Bohemian Rhapsody » du groupe Queen) ; « Love is a fucking bastard. » (l’homme travesti en chanteuse de cabaret, dans le film « Romeos » (2011) de Sabine Bernardi) ; « Ma mère est devenue folle parce que mon père buvait trop. À quinze ans j’ai quitté l’école, et j’ai pris le premier métro. » (cf. Johnny Rockfort dans la chanson « Banlieue Nord » de l’opéra-rock Starmania de Michel Berger) ; etc.

 
 

Simon – « J’ai pas de père ni de mère, voilà. Je sais pas quoi dire d’autre, y’a rien à dire, même ça, ça ne compte pas.

Mike – Comment ça, pas de parents ? Ils sont morts ?

Simon – Non. Mais j’en ai pas, c’est tout. Il faut toujours venir de quelque chose, ça me saoule. Mes parents m’ont juste fait naître. Le reste, je l’ai fait tout seul. Je dois rien à personne. »

(cf. le dialogue entre les deux potes homosexuels dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 33)

 
 

Dans la pièce Mon frère en héritage (2013) de Didier Dahan et Alice Luce, Philippe, le héros homosexuel, fait d’abord croire qu’il n’a pas de parents : « Gabriel, je n’ai PAS de famille. » Gabriel, son amant, l’appelle à la nuance : « Tu n’as pas eu les parents que tu voulais. » Au fur et à mesure de la pièce, on découvre qu’en réalité, Philippe a changé de nom de famille pour renier ses vrais parents, mais pire encore, qu’il les a abandonnés pour privilégier sa carrière d’écrivain alors qu’ils étaient au bord de l’agonie et qu’ils sont morts tout seuls : « J’suis un salaud. »

 

Il arrive fréquemment que le héros homosexuel se dise « orphelin » du fait qu’il ne croit plus en l’Amour universel, parce que ses parents – biologiques ou cinématographiques – lui en ont donné une image faussée et catastrophique (Je vous renvoie aux codes « Haine de la famille », « L’homosexuel = L’hétérosexuel », « Femme et homme en statues de cire », « Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « Si on réfléchit bien, l’amour c’est la première cause de conflits dans un couple. Enfin de ce que j’en connais. » (l’homme dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier)

 

Ce mensonge identitaire sur ses propres origines peut correspondre à un fantasme esthétique ou bien amoureux. Par exemple, dans son one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011), le travesti M to F Charlène Duval exprime sa fascination pour les actrices interprétant les rôles ingrats et sublimes de l’orpheline (la petite marchande d’allumettes, par exemple). Et souvent, les créateurs homosexuels aiment dépeindre et s’identifier à la femme divorcée, abandonnée par son mari, esseulée : Victoria (Julie Andrews) interprétant la femme libérée du mariage, séparée, sans attache, indépendante, dans le film « Victor, Victoria » (1982) de Blake Edwards, en fournit une parfaite illustration.

 

Se faire passer pour un orphelin, c’est aussi une tactique de drague homosexuelle… même si, pour le coup, celle-ci est un aveu inconscient d’une recherche amoureuse incestueuse et immature (cf. je vous renvoie au code « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Par exemple, dans le film « Week-End », Russell fait croire à son amant Glen qu’il est « orphelin », même si l’on émet de sérieux doutes quant au fait que ça s’applique exactement à sa situation de vie (« Je ne connais pas vraiment mes parents. Je crois que je ne les ai jamais connus. »). Glen, le plus sérieusement du monde, trouve cela « excitant » et le rend encore plus amoureux de Becky. Un peu plus tard dans le film, Becky surnomme Glen « Dad » ; et ce dernier mord parfaitement au jeu de rôles incestuel puisqu’il lui déclare avec amour : « Et si je faisais semblant d’être ton père… ».

 

Le personnage homosexuel a une conception bien incestueuse/amoureuse de la filiation/adoption… En effet, il a pu se définir comme un orphelin ou un enfant bâtard uniquement parce qu’il n’a pas supporter d’être tout à son père, tout à sa mère, tout à son frère, ou tout à son amant : « Je pourrais te faire passer pour mon fils adoptif. » (« L. » voulant se marier avec le Rat en dépit de leur grande différence d’âge, dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi) ; « C’est un bâtard ! Un bâtard de papa ! » (François en parlant de son frère Djalil, dans la pièce Frères du bled (2010) de Christophe Botti) ; « On est deux pédés et on aimerait se faire adopter par une femme. » (les deux héros s’adressant à la femme bourgeoise dont ils occupent insolemment la voiture décapotable, dans le film « La Fin de la nuit » (1998) d’Étienne Faure) ; « On sait que la blancheur ne reviendra jamais, que la mère orpheline possèdera toujours ce visage, dorénavant, qu’il ne se modifiera plus, qu’il est figé dans la grisaille. » (Vincent en parlant de la mère pleurant son fils Arthur mort au combat, dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 190) ; etc. Par exemple, dans le film « Patrik, 1.5 » (« Les Joies de la famille », 2009) d’Ella Lemhagen, Göran tombe sous le charme d’un jeune délinquant Patrik au commissariat, avant de découvrir que c’est son futur fils adoptif. Dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, la figure de Marcel Proust essaie de trouver l’amour dans les bras des hommes pour, dit-il, « cesser enfin d’être l’orphelin » (p. 100). Dans le film « Circumstance » (« En secret », 2011) de Maryam Keshavarz, c’est au moment où Shirin, dans un cauchemar, réclame sa « maman », que Shirin, sa meilleure amie, vient la rejoindre pour la première fois dans son lit.

 

L’amour homosexuel est envisagé comme un lien de complétude qui palliera à l’incomplétude existentielle du soi-disant « orphelin homosexuel » : « Pietro [l’amant homosexuel] est sans famille, si ce n’est Michael et moi. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 141) ; « En fait, nous sommes deux orphelins. » (Chéri à sa femme Edmée dans le film « Chéri » (2009) de Stephen Frears) ; etc. Et comme cette fusion est humainement impensable et impossible, le héros homosexuel finit par considérer son amant comme un traître qui ne remplit pas sa promesse, comme un « gros bâtard ». « T’es un gros bâtard. » (Ryan s’adressant à son amant « caillera » Steeve dans la pièce Bang, Bang (2009) des Lascars Gays)

 

En confondant ainsi filiation et amour, le héros homosexuel se sent lésé sur les deux terrains, et se fait donc logiquement passer volontairement pour un « enfant abandonné », pour un maudit d’Amour.

 

Cette frustration de singularité ne concerne pas que la différence des sexes ou des générations : elle s’aligne aussi sur la différence des espaces et la différence entre Créateur et créatures. C’est la raison pour laquelle, par exemple dans le film « La Bête immonde » (2010) de Jann Halexander, le métissage est comparé à ladite « bâtardise de l’homosexualité », ou à la « bâtardise de la bisexualité » : « Les métisses, c’est des bâtards. »

 

Film "Rimbaud Verlaine" d'Agnieszka Holland

Film « Rimbaud Verlaine » d’Agnieszka Holland


 

La bâtardise devient dans la bouche de certains héros homosexuels une posture esthétique de rebelle, de marginal politique opposé aux gouvernants de son pays, aux pères de la Nation, à sa Mère-Patrie ou au Réel : « On est des orphelines de la société ! » (les membres de l’équipe homosexuelle de volley-ball du film « Satreelex, The Iron Ladies » (2003) de Yongyooth Thongkonthun) Par exemple, dans la nouvelle « La Chaudière » (2010) d’Essobal Lenoir, le narrateur homosexuel estime que « les » homosexuels sont plus orphelins que les autres, y compris que les « nègres, juifs ou infirmes, tous les damnés possédant un havre, une famille où on les aime, où on les élève au moins dans la fierté » (p. 24).

 

La revendication d’une « bâtardise idéale » d’avant-garde (cf. je vous renvoie au code « Homosexualité noire et glorieuse » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) traduit également chez le personnage homosexuel une blessure d’orgueil travaillée, une misanthropie théâtrale, une solitude et une unicité mal assumées (car tout être humain est, par nature, orphelin, limité et radicalement seul !), une frustration de ne pas être Dieu, de ne pas être affranchi des limites humaines, de ne pas parvenir à être fusionnel/incestueux avec son autre moitié d’homme, comme l’androgyne. Par exemple, dans la pièce Des Lear (2009), le comédien Vincent Nadal, en répétant lentement le mot « bâtard », coupe son corps et son visage en deux avec sa main. Dans le film « Toute première fois » (2015) de Noémie Saglio et Maxime Govare, Jérémie, le héros homo qui n’assume pas son homosexualité au moment où il se découvre amoureux d’une femme, Ana, fait passer son futur « mari » Antoine pour son demi-frère, pour un orphelin suicidaire parce que sa mère serait morte et qu’il se ferait suivre par un psychiatre.

 

Ce fantasme homosexuel de l’orphelin, traduisant un refus de sa finitude humaine, et pouvant n’être qu’une revendication voilée de ne pas être soi, pense se justifier lui-même en reproduisant cette fois des vrais divorces et en créant des vrais orphelins/bâtards. Aussi curieux que cela puisse paraître, le personnage homosexuel recherche la bâtardise, tente à la reproduire en s’attaquant aux enfants, aux couples femme-homme et même aux couples homosexuels (cf. je vous renvoie aux codes « Haine de la famille », « Petits morveux » et « Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « Vos gueules, les bâtardes ! » (Bijou, la mère des deux rats femelles Iris et Carina, dans le roman La Cité des rats (1979) de Copi, p. 24) ; « Elle l’a chié votre saloperie de bâtard ! » (Madame Simpson parlant à Madame Garbo de l’enfant que cette dernière a/aurait eu avec sa fille Irina, dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1967) de Copi) ; « Il n’est l’enfant de personne. Ou l’enfant d’un ennemi. Tu es le fils d’un pauvre Ali et moi la fille d’une conne, comment pouvoir faire de lui une importante personne ? […] Je ne veux pas être mère ! » (Lou, l’héroïne lesbienne parlant de son bébé à son futur mari Ahmed, dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; « On n’a qu’à adopter un p’tit Coréen. » (Benji à son ami Hugo, dans la pièce Ça s’en va et ça revient (2011) de Pierre Cabanis) ; « Je m’ennuie… On devrait peut-être adopter ? […] On devrait peut-être adopter un p’tit Noir. Ce serait plus généreux. » (un couple gay dans la comédie musicale Encore un tour de pédalos(2011) d’Alain Marcel) ; « J’essaie de la faire parler des enfants : elle sait qu’on en a adopté trois, elle ne savait pas qu’ils étaient morts. […] Ces enfants étaient maudits de par leur race. […] C’est à cause de ça qu’ils sont morts de façon accidentelle, ils devaient expier le péché de leur père noir qui était par ailleurs trafiquant de drogue. » (le narrateur homosexuel parlant de sa femme, dans le roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 88) ; etc. Par exemple, dans la pièce Une Heure à tuer ! (2011) de Adeline Blais et Anne-Lise Prat, Claire veut faire capoter le couple Joséphine/Luc en séduisant Joséphine. Dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, Ronit, l’héroïne lesbienne, encourage le divorce des couples femme-homme : elle couche avec Scott, un homme marié. Dans le film « Elena » (2011) de Nicole Conn, Elena plaque mari et enfants sur un coup de tête pour partir avec une femme.

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Il arrive parfois que ce soit le personnage homosexuel lui-même le parent divorcé ou démissionnaire, laissant ses enfants (d’une première union hétérosexuelle) orphelins : « Moi, j’ai une tante qui est devenue lesbienne à 40 ans. » (Océane Rose-Marie parlant de sa tante divorcée, dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009) ; « À présent, je n’ai plus de fille ! » (Solitaire à propos de Lou dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; « Je dis que je ne supporte plus qu’elle prennent toutes les décisions, je veux divorcer. Elle rit de son rire américain, tu n’oseras jamais, dit-elle, et elle continue de lire avec ses lunettes de contact. Je me sens sans force, je vais pleurer dans la cuisine. » (le narrateur homosexuel dans le roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 97) ; « Nous [Gouri et Rakä] ne sûmes jamais qui était le fils de qui, mais qu’importe. » (Gouri, le héros bisexuel qui vient d’avoir des enfants en même temps que son ami Rakä, dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 143) ; « Quand vos parents vous apprennent qu’ils divorcent, c’est comme être fauché en plein sprint. » (Théo, le héros dont le père biologique va partir avec un homme, dans le roman Je ne veux pas qu’on sache (2007) de Josette Chicheportiche) ; etc. Par exemple, dans la pièce Veuve la mariée ! (2011) de David Sauvage, Roger, le héros dont on soupçonne l’homosexualité, a divorcé cinq fois. Dans la série Hit & Miss (2012) d’Hettie McDonald, Mia, le héros trans M to F, a quitté femme (Wendy) et enfant (Ryan, un fils de 11 ans) pour vivre sa vie. Dans le roman Deux femmes (1975) d’Harry Muslisch, Laura a été mariée avant de vivre son homosexualité. Dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche (épisode 8, « Une Famille pour Noël », Martin, le héros homo, laisse femme et enfants sur le carreau pour vivre son homosexualité. Dans le film « Mon arbre » (2011) de Bérénice André, Marie est la fille naturelle d’Isa et Jean-Marc, deux parents divorcés et respectivement en couple homo. Dans le film « Chloé » (2009) d’Atom Egoyan, Catherine, femme mariée, est au bord du divorce avec son mari à cause de sa liaison lesbienne secrète avec Chloé, une prostituée lesbienne. Dans la pièce L’Ombre de Venceslao (1978) de Copi, Don Venceslao a un fils illégitime, Rogelio. Dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi, Daphnée est le cliché de la mère divorcée, démissionnaire, qui pratique même l’infanticide. Dans le roman The Girl On The Stairs (La Fille dans l’escalier, 2012) de Louise Welsh, la jeune Anna reproche à Petra et Jane, ses voisines de pallier lesbiennes qui attendent un enfant par PMA, de créer un bâtard : « Votre compagne Petra va attendre que votre petit bâtard soit né et puis elle vous l’enlèvera pour aller vivre avec son autre femme. […] Mon père m’aime plus que n’importe quelle mère pourrait m’aimer. C’est pour ça que j’ai de la peine pour votre bébé. » (p. 123) Jane lui répond, comme pour se justifier : « Beaucoup de gens ignorent qui est leur père. » Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, Carol, l’héroïne lesbienne, est la mère démissionnaire qui quitte son mari et abandonne sa famille, sa fille Rindy, pour Noël pour les beaux yeux de Thérèse.

 

Certains personnages homosexuels prennent même d’assaut les orphelinats et demande à ce que les enfants seuls et sans attache se multiplient pour qu’ils puissent leur servir de parents ! : cf. le film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian Clavier (avec l’orphelinat en Asie du Sud-Est), le film « I Love You Baby » (2003) d’Alfonso Albacete et David Menkes. C’est beau, quand même, cette « angoisse d’être unique » mal gérée…

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 

a) Les pauvres petits orphelins homosexuels sans défense :

 

Violette Leduc, "la Bâtarde"

Violette Leduc, « la Bâtarde »


 

Même s’il n’y a pas de statistiques prouvant qu’il y a dans la communauté homosexuelle une plus grande proportion d’enfants de parents divorcés ou de géniteurs en situation de grande sècheresse affective (et heureusement ! : si le divorce, l’adultère ou le fait d’avoir perdu un de ses deux parents – voire les deux – prédestinait le fait de se dire homosexuel, on assisterait à une vague de coming out sans précédent aux quatre coins du monde !), on peut au moins constater que parmi notre entourage homosexuel, nombreux sont les individus qui soit ont été abandonnés par leurs parents dans leur enfance, soit sont en rupture avec eux, soit sont « nés sous X », soit ont grandi dans des familles d’accueil, soit ont des parents divorcés, soit sont élevés dans une famille monoparentale, soit ont cristallisé leur crainte que leur père et leur mère se séparent sous forme d’homosexualité (cf. je vous renvoie à la partie « Père absent » du code « Parricide la bonne soupe » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).

 

Très jeunes, certaines personnes homosexuelles ont été orphelines de mère (Claude Vivien, Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar, James Dean, etc.), de père (Jean Cocteau, François Mauriac, Louis II de Bavière, Bruce Chatwin, Miguel de Molina, Violette Leduc, Colette, James Baldwin, Teena Brandon, Pierre Herbart, Rock Hudson, Marlon Brando, etc.), ou de leurs deux parents (Truman Capote, Jean Genet, Somerset Maugham, Thomas Bernhard, Greg Louganis, François Augiéras, etc.). D’autres sont des enfants adoptés ou abandonnés (Jean Genet, Greg Louganis, Cary Grant, Violette Leduc, Michel del Castillo, etc.). Par exemple, dans son autobiographie La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), Paula Dumont raconte que sa compagne Martine a été adoptée par un couple stérile alors qu’elle n’avait que six mois ; elle avait été placée dans un établissement pour enfants abandonnés de Rennes. Dans l’émission Dans les yeux d’Olivier d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq (intitulée « Les Femmes entre elles », consacrée à l’homosexualité féminine, diffusée sur la chaîne France 2 le 12 avril 2011), Florence, 47 ans et lesbienne, a été adoptée à l’âge d’un mois. Dans le docu-fiction « Christine de Suède : une reine libre » (2013) de Wilfried Hauke, Christine, la reine pseudo « lesbienne », porte aux nues son père auquel elle s’identifie même physiquement, et qu’elle perd très jeune, à l’âge de 5 ans et onze mois. Elle avoue dans son journal avoir eu une « enfance peu enviable ».

 

Le syndrome de l’orphelin exprimé par certaines personnes homosexuelles, concrètement, nous met sur la piste des liens entre homosexualité et avortement (beaucoup de femmes, pour effacer la culpabilité d’un avortement, enchaînent, par désespoir et pour corriger leur meurtre, avec un enfant illico : c’est un processus particulièrement courant), entre homosexualité et absence des parents/PMA/GPA/fécondations in vitro. « Ma mère a voulu se faire avorter de moi. Elle me l’a dit avant sa mort : elle ne me désirait pas. » (Yann, homosexuel, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Dès que ma mère a appris qu’elle était enceinte de moi elle a hésité à me garder. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) ; etc. J’en tiens pour preuve le mail d’un ami polonais reçu en décembre 2012 : « J’ai été très intéressé par votre témoignage, d’autant que depuis un an, je suis engagé dans le programme psychothérapeutique d’un psychiatre canadien : le professeur Philip Ney. Depuis quarante ans, ce psychiatre oriente ses recherches sur les séquelles dues à l’avortement. Il a découvert que ces séquelles touchent l’ensemble de la famille et surtout les enfants qui ont survécus à l’avortement. Pour nommer ces enfants, Philip Ney, utilise le terme suivant : ‘les survivants’ (survivors). Ces enfants manifestent certains troubles ou symptômes post-abortifs. Même s’ils n’avaient pas eu connaissance de ce qu’il s’était passé dans leur famille, Philip Ney a démontré qu’inconsciemment, ils le savaient. Quels sont les caractéristiques de ces symptômes post-abortifs sur les enfants et ces-ce qu’ils sont devenus adultes – La peur permanente de la mort – La colère contre leurs parents (car ils ont supprimé la fratrie) – Ces survivants vivent pour l’ensemble et à la place de leur fratrie. Ce qui génère un grand effort et une perte d’identité. – Ils ne se sentent ni dignes de vivre ni d’avoir le droit de vivre. – Ils veulent se détruire et engagent des processus d’autodestruction multiples plus ou moins consciemment. – Ils sont souvent dans des états dépressifs allant jusqu’à la dépression. – Leur santé est plus fragile que les autres individus. – Selon mon expérience, ces survivants, aux différents stades d’évolution de l’enfance à l’âge adulte en passant par l’adolescence, cherchent inconsciemment leur fratrie dans leurs relations d’amitié et d’amour. Ils s’approchent des personnes du même sexe, au debout non à cause du désir sexuel, mais comme un frère s’approcherait de son frère (une sœur s’approcherait de sa sœur). Les quelques personnes homosexuelles que j’ai rencontrées, sont toutes issues de familles touchées par l’avortement. Mon hypothèse est la suivante : si les survivants ont expérimenté ‘la violence primordiale’ et radicale c’est-à-dire la mort de leur fratrie. Peut-être, veulent-ils (inconsciemment) reproduire la violence qui se peut manifester des diverses façons. Par exemple il a été confirmé que ceux qui, dans leur famille d’origine, ont subi des séquelles d’avortements, participent, eux aussi, à des avortements ! Ces hypothèses peuvent éclairer voire expliquer la violence que vous avez décrite dans les comportements des personnes homosexuelles. Je tiens à préciser, bien sûr, que cela ne concerne pas que les populations homosexuelles. À Paris, selon les statistiques, une femme sur deux a avorté de son enfant. Quant à moi, je suis polonais, je suis un ‘survivant’ et j’en ai les symptômes. Depuis plus d’un an, je m’occupe de personnes atteintes par le symptôme post-avortement. » Certaines personnes homosexuelles se sont estimées bâtardes parce qu’elles le sont vraiment, symboliquement et au niveau du désir : depuis qu’elles sont arrivées au monde, elles ont pu être reniées et rejetées de leurs propres parents. Par exemple, quand Jean Marais est né (juste après le décès de sa sœur Madeleine), sa mère, qui voulait absolument une fille, l’a repoussé dans la salle d’accouchement : « Enlevez-le, je ne veux pas le voir ! » (cf. le documentaire « Cocteau/Marais : un couple mythique » (2013) Yves Riou et Philippe Pouchain)

 
 

b) Les orphelins un peu réels, voulus ou volontaires :

L’absence de filiation peut certes être une réalité effective du vécu du sujet homosexuel, mais finalement, on découvre que ce dernier a de toutes façons toujours une filiation (personne ne naît de nulle part !), et que la rupture avec ses racines existentielles est soit venue de personnes extérieures (on parlera dans ce cas-là d’un état d’orphelin voulu par un tiers, provoqué, et donc subi par l’individu homosexuel), soit venue de lui-même (on parlera alors d’un état d’orphelin volontaire, désiré, mimétique), soit un peu des deux. Souvent, les personnes homosexuelles coupent les liens avec leur origine parce que préalablement, leur société et leur famille les y a bien aidé, il faut bien le reconnaître !

 

Vidéo-clip de la chanson "Moi, Lolita" d'Alizée

Vidéo-clip de la chanson « Moi, Lolita » d’Alizée


 

C’est la raison pour laquelle certaines se qualifient d’« orphelins » même si elles n’ont pas vraiment perdu leurs parents et qu’elles ont grandi bien au chaud dans des familles bourgeoises. Elles font comme si elles étaient abandonnées, d’abord pour se rendre intéressantes dans la victimisation et s’écarter volontairement de leurs géniteurs, ensuite pour cacher qu’elles n’ont pas été assez aimées ou qu’elles n’ont, dans leurs élans incestueux, pas voulu partager leur mère avec leur père (ou inversement). « Je pensais qu’on m’aimerait plus si j’étais une petite orpheline. » (Zouk citée dans la pièce Zouc par Zouc (1974) de Nathalie Baye) ; « Nous, les poètes argentins, sommes nés orphelins. » (Tamara Kamenszain, Historias De Amor (1995), p. 117) Je vous renvoie à la partie « Mère-putain » du code « Matricide », ainsi qu’à la partie sur la mère divorcée du code « Mère gay friendly », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

L’individu homosexuel, s’il est orphelin ou se dit orphelin, ne l’est pas d’abord par l’absence de ses deux parents biologiques. Il est surtout orphelin d’AMOUR ENTRE SES DEUX PARENTS BIOLOGIQUES, orphelin de la différence des sexes aimante/aimée, orphelin du Réel. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a tendance à se qualifier/être qualifié de « bâtard », qu’il est parfois un enfant adultérin ou un enfants du divorce, une victime de l’infidélité de ses parents. « Je n’ai pas conservé un très bon souvenir de mon enfance et j’ai tendance à incriminer le milieu familial. J’étais fils de… mes parents sont morts. Mes parents étaient ce que l’on appelle un couple uni. Et je dois dire que la vision de la vie de ce couple uni, enfin… prétendument uni, m’a à tout jamais probablement déçu de la vie de couple et de ce que l’on appelle une union qui passe aux yeux du monde pour réussie. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) Par exemple, Rosa Bonheur, Violette Leduc, Jean Genet, James Baldwin, Colette, Michel del Castillo, J. R. Ackerley, sont des personnes homosexuelles nées d’unions dites « illégitimes » : « L’histoire dramatique de ses mère et grand-mère a déterminé beaucoup de choses dans la vie de Rosa Bonheur. D’abord la bâtardise. » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (2004), p. 213)

 

Un sujet homosexuel peut s’estimer « orphelin » (à juste titre d’ailleurs, puisqu’il n’y a pas que la filiation de sang dans la vie ! Il y a aussi la filiation de sang couronnée par le désir, donc la filiation symbolique !) à cause du divorce de ses parents. Suite à la rupture de ces derniers, il a perdu son statut d’enfant pour acquérir de force celui de substitut marital du père ou de la mère, par conséquent un rôle incestuel (… d’où l’impression logique d’être un vrai bâtard, un fils adultérin).

 

Nombreuses sont les personnes homosexuelles à être des enfants de parents divorcés : Truman Capote, Frédéric Mitterrand, Philippe Jullian, Maurice Sachs, Keith Vaughan, Hart Crane, Lord Alfred Douglas, Bruce Chatwin, Rainer Werner Fassbinder, Rock Hudson, Étienne Daho, Oscar Wilde, etc. « Nous étions sans but, abandonnés. Mon père était en mer, ma mère et moi allions d’un lieu à un autre. » (cf. l’article « Apuntes Biográficos » de Bruce Chatwin, dans le site www.islaternura.com, consulté en janvier 2003) ; « Parallèlement à tous ces évènements brièvement décrits, notre vie familiale était très difficile à vivre suite à une grande difficulté conjugale entre mes parents : je ne reprendrai pas tous les détails de ces difficultés mais finalement, mon père se suicida en 1995. » (un ami homosexuel de 52 ans, dans un mail d’octobre 2013) ; « Je ne sais plus si je me suis présenté, je m’appelle Pierre-Adrien. Je suis de Toulouse. J’ai 30 ans. Mes parents ont divorcé quand j’avais 7 ans. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) ; « Mes parents s’étaient séparés en 1936. Ils ne s’entendaient plus depuis des années. Quand je dis que mes parents s’étaient séparés, je n’ai rien dit. On peut se séparerbien, rester en bons termes, ne pas obliger les enfants à choisir. Mes parents se séparèrent aussi mal que possible. Huit ans, de 1936 à 1944, sans se revoir, du moins sans permettre aux enfants de voir leurs parents ensemble. Pour nous, les enfants, il y avait entre nos parents comme une cloison étanche. Pour moi, de onze à quinze ans, il y eut deux mondes sans communication possible. Le monde de la mère et le monde du père. Incompatibilité renforcée par la division politique : le monde de la mère gaulliste et le monde du père collabo. » (Dominique Fernandez, Ramon (2008), p. 36) ; etc. Par exemple, les parents du dramaturge homosexuel Copi divorcent en 1955. L’écrivaine lesbienne Lucía Etxebarría a des parents divorcés. La journaliste lesbienne Caroline Fourest se crispe dès qu’un contradicteur, genre Éric Zemmour, lui montre publiquement qu’elle règle dans un militantisme agressif la souffrance intime du divorce de ses parents. Dans le documentaire « Des Filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon et Anne Gintzburger, Oriane, une femme lesbienne de 21 ans, est enfant de divorcés. Dans le film documentaire « Louise Bourgeois : l’araignée, la maîtresse, la mandarine » (2009) de Marion Cajori et Amei Wallach, Louise Bourgeois raconte les disputes de ses parents, les infidélités de son père volage. Dans le documentaire « Vivant ! » (2014) de Vincent Boujon, Éric, homosexuel et séropositif, a des parents divorcés. À la fin de son one-man-show Jefferey Jordan s’affole (2015), Jefferey Jordan avoue qu’à travers son spectacle, il a essayé de réunir ses parents divorcés, le temps d’une heure fictionnelle.

 

Charles Trénet a vécu une situation familiale incestuelle extrêmement malsaine : « Mon enfance, elle a été éclipsée par des situations de famille, des choses compliquées, que je comprenais trop bien. » (le chanteur homosexuel Charles Trénet dans le documentaire « Charles Trénet, l’ombre au tableau » (2013) de Karl Zéro et Daisy d’Errata) Il n’a vu son père qu’à l’âge de 6 ans. Et en 1920, quand il n’avait que 7 ans, ses deux parents se séparèrent. « C’est un enfant de divorcés. » (Serge Hureau dans le documentaire « Charles Trénet, l’ombre au tableau » (2013) de Karl Zéro et Daisy d’Errata) La mère de Charles Trénet, divorcée, a préféré son nouvel amant à ses deux fils qu’elle a au départ abandonnés. Ensuite, le chanteur a vécu sous les jupes de sa mère. Il avait avec elle des rapports pour le moins conflictuels.
 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Il nous faut reconnaître qu’il existe un lien non-chronologique et non-causal entre la pratique de l’homosexualité et les divorces : « Les mêmes mots, les mêmes rejets, les mêmes engouements se retrouvent chez les militants homosexuels et les féministes, au point que l’on peut parler d’alliance objective. Les rares hommes politiques qui assument ou revendiquent leur homosexualité sont aussi les féministes les plus ostentatoires. Il y a une rencontre sociologique, au cœur des grandes villes, entre homosexuels, militants ou pas, et femmes modernes, pour la plupart célibataires ou divorcées. » (Éric Zemmour, Le Premier sexe (2006), pp. 22-23) J’ai d’ailleurs remarqué que les mères les plus gay friendly et les « filles à pédés », qui applaudissent au couple de leur fils ou de leur meilleur ami homo, cachaient très souvent un divorce et tentaient de réparer/occulter ce dernier par un enthousiasme pro-gayexcessivement travaillé. « J’ai étudié la psycho sur les origines de mon homosexualité. Cela est dû au fait que ma mère dénigrait tous les hommes, à commencer par mon père. Ils étaient divorcés. » (Nicolas, un ami sur Facebook, en octobre 2013)

 

Ce n’est pas que moi qui instaure ce lien de coïncidence entre divorce et pratique homosexuelle. L’Histoire est là pour nous le rappeler. Rien qu’en France, au XVIIIe siècle, c’est la Révolution française qui a instauré le mariage par libre consentement… et le divorce qui va avec. Le « mariage d’amour », c’est tout récent et ça a 130 ans. Tiens ! Exactement comme l’homosexualité et l’hétérosexualité, nées en 1869 et 1870, comme par hasard…

 

Il arrive souvent que le sujet homosexuel, pour se cacher à lui-même l’extrême violence (de la menace) du divorce de ses parents, essaie d’incarner à lui seul la différence des sexes mal-aimée. Illusion d’unification des pots cassés par une auto-construction identitaire de survie : l’homosexualité (le coming out), voire même le transsexualisme. Le « Je suis homo » résonne alors comme un « Papa et maman, j’ai peur que vous vous sépariez ». Étonnamment, l’individu homosexuel dit parfois qu’il est le divorce, qu’il le personnifie à lui tout seul, pour réparer en sa personne cette unité d’Amour que les adultes n’ont pas su préserver : « À l’adolescence, j’étais dans un climat familial assez perturbé, et je savais au fond de moi qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. » (Corinne, lesbienne, dans l’émission Ça se discute, diffusée sur la chaîne France 2 le 18 février 2004) ; « Ma famille était dysfonctionnelle. Il n’y avait pas beaucoup d’amour, on ne se parlait pas, c’était un climat tendu. J’achetais ma paix en m’arrangeant pour plaire à tout le monde. Je n’avais aucune identité à ce moment-là ; tout ce qui comptait, c’était de me faire aimer. Jusqu’à 17 ans, je serai le bon petit gars à papa et la petite fille que maman n’a pas eue : parce que j’étais plutôt efféminé comparé à mes frères. Tout pour vaincre ma peur que mes parents se séparent, quoi. » (Justin, 34 ans, abusé dès l’âge de 4 ans par son père, son oncle, et son frère aîné, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (2008) de Michel Dorais, p. 245)

 

Concrètement, de nombreuses personnes homosexuelles ont encore leurs deux parents. Mais ces derniers ne sont pas considérés comme de vrais parents, parce qu’ils n’ont pas/n’auraient pas assez aimé leur fils/fille homo, parce qu’ils n’ont pas été assez aimés de lui/d’elle. Même si certaines ont grandi dans des foyers paisibles où leurs deux parents biologiques se sont aimés, elles ont pu cristalliser leur peur/la menace objective de les voir se séparer en désir homosexuel : « Ce sont les impressions de l’enfance qui marquent l’individu au point de vue sexuel. Si elles ont été désastreuses, l’individu cherche souvent refuge dans l’homosexualité. C’est l’histoire banale des foyers désunis, où la mère, malheureuse et terrorisée par un père brutal, étouffe son enfant sous des manifestations d’affection anxieuse. Elle le retient dans son développement et tend à le conserver pour elle, comme un bébé. L’enfant, dans ces circonstances, témoin d’un rapport sexuel entre ses parents, l’interprète comme une attaque contre sa mère, une brutalité. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 48) ; « Une autre fois, ma mère dut s’absenter quelques jours pour se rendre au chevet de sa mère malade. J’ignorais tout à cette époque de la vie que pouvait mener mon père. Un soir, entrant dans la chambre de mes parents, que je croyais vide, j’eus la surprise d’y trouver mon père tenant dans ses bras notre cuisinière à demi dévêtue… Mon père m’administra un soufflet, pour me punir d’être entré sans frapper ; c’était la première fois qu’il me giflait… » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, op. cit., p. 79) ; « J’ai toujours vu ma mère malade, insatisfaite, de mauvaises humeur et prête à faire une scène à mon père pour la moindre peccadille ou à me houspiller sans motif sérieux. Mon enfance s’est déroulée, à la maison, dans un climat d’électricité, d’insécurité et de stress permanent. » (Paula Dumont, Mauvais genre (2009), p. 35) ; « Très tôt après leur mariage, ma mère commença de ne plus éprouver pour son mari qu’un sentiment constant d’hostilité, qui s’exprimait à grands cris, et parfois dans le bruit des portes qui claquent ou le fracas de la vaisselle jetée à terre, lors de leurs fréquentes disputes, mais, plus profondément encore, se manifestait à chaque instant ou presque de leur vie commune. Leur relation s’apparentait à une longue et incessante scène de ménage, tant ils semblaient incapables de s’adresser la parole autrement qu’en s’invectivant de la façon la plus méchante et la plus blessante possible. À plusieurs reprises, elle eut la volonté de divorcer. » (Didier Éribon, Retour à Reims (2010), p. 80) ; « Un jour, je surpris mes parents en pleine dispute. Mon père accusait ma mère d’une part, d’être trop conciliante à mon égard et d’autre part tout en pesant ses mots […], lui reprochait cette éducation qui selon lui, était un gâchis inestimable pour un garçon. […] Ma mère lui expliquait, tant bien que mal, sa détermination à me protéger. […] Les quelques disputes qui avaient pris l’habitude de jaillir sporadiquement entre eux, ne firent qu’aggraver cette situation ; ni l’un ni l’autre, assuma la part de ses responsabilités. C’est alors tristement, comme toute fin brutale, que je me vis ballotter de bras en bras sans comprendre ce qui m’arrivait. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), pp. 13-14) ; etc. C’est certainement cette peur enfantine du divorce que mon homosexualité exprime, quand j’ai senti que le lien de mes propres parents se délitaient à une époque (maintenant révolue, surtout grâce à la puissance de la foi).

 

Il arrive fréquemment que le sujet homosexuel se dise « orphelin » du fait qu’il ne croit plus en l’Amour universel, parce que ses parents – biologiques ou cinématographiques – lui en ont donné une image faussée et catastrophique (Je vous renvoie aux codes « Haine de la famille », « L’homosexuel = L’hétérosexuel », « Femme et homme en statues de cire », « Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « La jeunesse du futur poète [Oscar Wilde] s’écoule, non pas dans le calme, mais dans les échos et les remous d’un scandale qui désagrège sa famille : la maîtresse de son père fait du chantage, intente un procès aux Wilde en prétendant avoir été endormie au chloroforme puis violée par sir William. Les amis de collège d’Oscar, qui suivent le procès dans les journaux, ne lui épargnent aucun détail… ‘Voilà donc où conduit ce grossier amour des hommes pour les femmes, à cette boue !’ écrira-t-il plus tard, en parlant de cette lamentable affaire. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 170)

 

Ce mensonge identitaire sur ses propres origines peut correspondre à un fantasme esthétique ou bien amoureux. Par exemple, pour mon cas personnel, j’étais fan dans ma jeunesse du manga japonais Princesse Sarah, cette orpheline pure à qui il arrive tout un tas de malheurs ; je me mettais dans la peau de cette victime fictionnelle, non par la correspondance avec mon propre vécu (car j’ai grandi dans une famille avec deux parents qui s’aiment), mais bien parce que l’icône de la Cosette, magnifiée par l’esthétique cinématographique, donnait corps à ma haine/fuite de moi-même.

 

C’est surtout un bâtard cinématographique auquel s’identifient narcissiquement beaucoup d’individus homosexuels… même si, évidemment, ce personnage peut renvoyer indirectement à une blessure d’enfance ou familiale réelle. Par exemple, en commentant son film « N’importe où hors du monde » (2012), le réalisateur français François Zabaleta s’incorpore dans l’esprit d’un enfant de huit ans pour raconter, de manière implicite, sa propre histoire : « Ce qui m’intéressait, c’était de prendre un livre, Le Bâtard imaginaire, un livre qui m’obsède, et de ne pas l’adapter. De ne surtout pas l’adapter. De ne pas chercher à l’illustrer. Qu’est-ce qui se passe, au cinéma, quand on se sert d’un livre comme matière première, et qu’on veut faire autre chose que de le mettre en image, prendre des acteurs, leur donner des rôles, les faire parler ? Je ne me voyais pas engager un petit garçon et lui faire dire des choses que j’étais censé avoir dites lorsque j’avais son âge. Pendant des années j’ai renoncés à faire ce film qui me semblait impossible. » (François Zabaleta dans le livret/programme du 18e Festival Chéries-Chéris du 9 octobre 2012 au Forum des Images de Paris, p. 73)

 

Se faire passer pour un orphelin, c’est aussi une tactique de drague homosexuelle… même si, pour le coup, celle-ci est un aveu inconscient d’une recherche amoureuse incestueuse et immature (cf. je vous renvoie aux codes « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « Éternelle jeunesse » et « Pédophilie » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Beaucoup de personnes homosexuelles ont une conception bien incestueuse/amoureuse de la filiation/adoption… En effet, elles ont pu, dans certaines situations où elles ont voulu se montrer défaillantes, se définir comme un orphelin ou un enfant bâtard uniquement parce qu’elles n’ont pas supporté d’être tout à leur père, tout à sa mère, tout à leur frère, ou tout à leur amant(e). L’amour homosexuel est envisagé par le sujet homosexuel comme un lien de complétude qui palliera à l’incomplétude existentielle du soi-disant « orphelin homosexuel » qu’il serait. Et comme cette fusion est humainement impensable et impossible, l’individu homosexuel finit par considérer son amant comme un traître qui ne remplit pas sa promesse, comme un « gros bâtard ». En confondant ainsi filiation et amour, il se finit fatalement lésé sur les deux terrains, et se fait donc logiquement passer volontairement pour un « enfant abandonné », pour un maudit d’Amour.

 

Cette frustration de singularité ne concerne pas que la différence des sexes ou des générations : elle s’aligne aussi sur la différence des espaces et la différence entre Créateur et créatures. C’est la raison pour laquelle, par exemple, le chanteur Jann Halexander présente sa bisexualité ou son identité métisse (il est né d’une mère française et d’un père gabonnais) comme une « bâtardise ».

 

Les individus homosexuels développent parfois une passion soudaine pour la veuve et l’orphelin (eux-mêmes, dans leurs fantasmes, en l’occurrence !). Je vous renvoie aux codes « Mère Teresa » et « Mort-Épouse » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels. Je pense notamment à l’association LGBT Le Refuge (créée en France en 2003), structure d’accueil des jeunes adolescents expulsés du domicile parental soi-disant « au nom de leur homosexualité ».

 

La bâtardise devient dans la bouche de certaines personnes homosexuelles une posture esthétique de rebelle, de marginal politique opposé aux gouvernants de son pays, aux pères de la Nation, à sa Mère-Patrie ou au Réel : « L’Argentine et Paris nous condamnent. À Buenos Aires, on célèbre des messes. À Paris, la critique nous descend. » (Alfredo Arias, le dramaturge argentin homosexuel exilé, cité dans la biographie Copi (1990) du frère de Copi, Jorge Damonte, p. 13) ; « Nous sommes des orphelins de nations. » (Sami Tchak, « Entretien de Boniface Mongo-Mboussa », cité sur le site www.africultures.com, publié le 19 janvier 2004) ; etc. Quelques individus homosexuels estiment que « les » homos sont plus orphelins que les autres, y compris que les minorités ethniques réputées « stigmatisées » : « À la différence des Juifs ou des Beurs où la prise en compte de la différence est appartenance (elle vous relie à votre famille, à vos amis, à votre entourage), la découverte de l’homosexualité est isolement, solitude. Tous les homosexuels ont eu, un jour, l’impression de ne pas être ‘chez eux, chez eux’. » (Frédéric Martel, Le Rose et le Noir (1996), p. 707) On observe dans le milieu homosexuel LGBT actuel une passion pour les orphelins, qui justifiera, aux yeux de certains militants zélés et de gouvernants arrivistes, toutes les projections sentimentales, tous les intérêts personnels, tous les vols, toutes les usurpations d’identité, toutes les lois (et notamment l’ouverture de l’adoption aux « couples » de même sexe) : je pense à Louis-Georges Tin qui va prendre sous son aile l’Ougandais persécuté (pour mieux asseoir les idées LGBT en Afrique), je pense à Anne Hidalgo (actuelle maire de Paris) encourageant et portant aux nues l’association Le Refuge, etc.

 

La revendication d’une « bâtardise idéale » d’avant-garde (cf. je vous renvoie au code « Homosexualité noire et glorieuse » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) traduit également chez certaines personnes homosexuelles une blessure d’orgueil travaillée, une misanthropie théâtrale, une solitude et une unicité mal assumées (car tout être humain est, par nature, orphelin, limité et radicalement seul !), une frustration de ne pas être Dieu, de ne pas être affranchi des limites humaines, de ne pas parvenir à être fusionnel/incestueux avec son autre moitié d’homme, comme l’androgyne.

 

Ce fantasme homosexuel de l’orphelin, traduisant un refus de sa finitude humaine, et pouvant n’être qu’une revendication voilée de ne pas être soi, pense se justifier lui-même en reproduisant cette fois des vrais divorces et en créant des vrais orphelins/bâtards. Aussi curieux que cela puisse paraître, un certain nombre d’individus homosexuels recherchent la bâtardise, tentent de la reproduire en s’attaquant aux enfants, aux couples femme-homme et même aux couples homosexuels (cf. je vous renvoie aux codes « Haine de la famille », « Petits morveux » et « Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Dans nos sociétés occidentales, combien de personnes, après parfois 30 années de mariage, quittent femme/mari et enfants pour vivre leur homosexualité !

 

John Travolta et sa femme Kelly Preston demandent le divorce

John Travolta et sa femme Kelly Preston demandent le divorce


 

On voit ainsi que les parents divorcés ou démissionnaires, laissant leurs enfants (d’une première union hétérosexuelle) orphelins, créant des petits de manière illégitime, tels des savants fous ou des manipulateurs génétiques, ce sont parfois les personnes homosexuelles elles-mêmes ! D’une bâtardise subie, elles passent à une bâtardise reproduite ! C’est assez effrayant et paradoxal, ce mimétisme dans la reproduction du manque.

 

Par exemple, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Jacques, homosexuel, est séparé de sa femme, et a laissé cinq enfants pour aller vers un homme, Bernard. Dans le documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne, le rêve de Xavier, homosexuel, et ancien homme marié, c’est que sa femme (dont il s’est séparé), tous ses amants et sa famille vivent sous le même toit. Dans l’émission Toute une histoire spéciale « Mon père est parti avec un homme » diffusée sur la chaîne France 2 le 5 décembre 2013, l’homosexualité est toujours (sans exception dans tous les témoignages du plateau) associée au divorce ou à la séparation de la différence des sexes. Par exemple, c’est lui, Jacques Viallatte, le père démissionnaire, qui s’est séparé de sa femme après 23 ans de mariage, en quittant 4 enfants, pour aller vivre avec des hommes.

 

À l’heure actuelle, et en France en particulier (avec la loi sur le « mariage pour tous »), certains couples homosexuels souhaitent même prendre d’assaut les orphelinats et demandent à ce que les enfants seuls et sans attache se multiplient pour qu’ils puissent leur servir de parents ou de parrains ! « Avant, le lien d’adoption était le pis-aller de la société. » (Michel Boyancé lors de sa conférence « La Théorie du Genre dans les manuels scolaires : comprendre et discerner », au Collège des Bernardins, le 6 décembre 2011) Maintenant, dans notre société qui n’a plus de souci du corps, ce lien est devenu une obsession et un argument politique de l’arsenal des « droits des homos » ! Les couples homosexuels voulant la PMA (Procréation Médicalement Assistée), l’adoption et la GPA (Gestation Pour Autrui) créent de vrais bâtards : ils éloignent de l’enfant – qu’ils vont obtenir par la technique scientifique, par l’argent, par une tierce personne de l’autre sexe qu’ils mettront peu à peu de côté – l’autre sexe, l’un des deux parents biologiques, l’amour dans la différence des sexes.

 

C’est beau, quand même, cette « angoisse d’être unique » mal gérée…

 

Il nous est impossible et peu souhaitable de dire que l’adoption crée et diffuse l’homosexualité (beaucoup d’enfants élevés par des couples homos ne se révèlent pas homosexuels)… même si certaines statistiques nord-américaines – avançant que 23% des enfants adoptés aux États-Unis se disent homosexuels à l’âge adulte (cf. TEDxSalonAlsace, en mai 2011) – le laissent penser. En revanche, la privation de la différence des sexes aimante, on ne peut le nier, est un climat adoptif et parental qui n’aide pas les êtres humains à accueillir la différence des sexes. Il est donc logique que beaucoup de personnes adoptées ou élevées par un couple homo se disent homosexuelles : j’en connais beaucoup !

 

Planche "Le bonheur" de la B.D. "Le Monde fantastique des gays" de Copi

Planche « Le bonheur » de la B.D. « Le Monde fantastique des gays » de Copi

 
 

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