Fêter le 1er décembre

Avant, je me moquais du 1er décembre. De la « Saint Sida », comme je l’appelais ironiquement. Parce que je ne pouvais m’empêcher de voir dans cet événement la « bonne conscience » hypocrite, la victimisation idéologique LGBT et l’indifférence à l’égard des vraies victimes (pour le coup, qu’on n’entend quasiment pas), le business des Big Pharma sur le dos des personnes homosexuelles et de leur passé, l’excuse sécuritaire/sanitaire/préventive pour justifier le libertinage, la pratique homosexuelle, les fausses identités sexuelles et marketing, et l’empoisonnement chimique des corps.
 

Et puis, à force de rencontrer des personnes séropositives et d’avoir des amis très proches qu’on appelle « positifs indétectables » (sorte de « malades invisibles » de nos sociétés), cette année, j’ai décidé de porter le ruban rouge du SIDA. Pour leur dire que je pense (et prie) pour eux, que je les aime, que j’ai envie de dire discrètement mais tout haut ce qu’ils portent dans leur sang mais ne peuvent parfois même pas afficher.
 

En plus, j’ai fait dernièrement le test VIH (qui s’est révélé, grâce à Dieu, négatif), et en allant dans un centre AIDES de Paris, je me suis vraiment senti « en famille » : j’ai préféré aller me faire tester auprès de personnes comme moi (homos, bis, trans) plutôt que dans un laboratoire ou un hôpital public impersonnel… et sans idéaliser, ça a été un moment magique, convivial (surtout après le résultat du test, mais aussi avant et pendant le test), pendant lequel j’ai senti de la part des permanents un non-jugement, un accueil, une écoute, une sympathie, un humour, qui m’ont fait chaud au cœur ! Même si la communauté homosexuelle ne m’aime pas, il est certain que moi je l’aime.
 

En plus, au moment de la permanence où je me suis pointé, j’ai eu la chance de prendre le café avec 5 prostituées chinoises de la Place Clichy qui venaient se ravitailler en moyens préventifs et contraceptifs, mais surtout chercher de l’amitié. Et c’est une leçon pour moi de voir des gens pas du tout « dans les clous », pauvres et pécheresses, mais capables d’aimer et de rire plus que moi. Je préfère voir cela plutôt que l’encouragement/l’alibi/l’écran (à la drogue, au libertinage, à l’homosexualité, au porno, à la prostitution) que paraissent être ce genre de structures gouvernementales hygiénistes.
 

Les centres AIDES, pour moi, et d’après ce que j’en ai vu jusque là (je n’en connais que trois à ce jour), ça n’a été que de l’amitié (homosexuelle !), de la bienveillance, de la consolation, de la présence rassurante et un rempart à une peur malgré tout grande. Ce sont des gens formidables. Je ne vois pas tellement le Système dans AIDES : je vois les personnes.