La suppression démoniaque du « la »

Je suis en ce moment en train de revisionner beaucoup de vidéos de la période de l’approbation du « mariage gay » en France (2012-2013). Je constate le carnage et la bêtise du côté des pro-mariage gay comme des anti-mariage gay, et ça me donne envie de vomir. Il n’y a pas un camp pour rattraper l’autre. Quelle triste période… dont on n’est pas encore sortis. Au contraire. Ça va même aller de mal en pis. Tout ça parce que le sujet de l’homosexualité n’a volontairement pas été abordé, ni les personnes homosexuelles (qui savent penser) n’ont été sollicitées.
 

 

Et par ailleurs, je réécoute le Pape François dans l’avion de retour de Rio, en 2013. Et c’est en retombant sur ses propos exacts que je me rends compte de l’extrême mauvaise foi (à ce point-là, c’est même démoniaque) des journalistes et de l’opinion publique collective, y compris catholiques, qui ont réussi à tronquer et à déformer sa phrase (pourtant claire) pour quasiment lui faire dire l’inverse de ce qu’elle disait, et sans même que personne ne s’en rende finalement compte (puisque tout le monde est persuadé qu’il a dit : « Qui suis-je pour juger ? », alors que c’est complètement faux). Ça tient au petit pronom personnel COD (Complément d’Objet Direct) « la ». En effet, le Pape n’a jamais dit : « Qui suis-je pour juger? » mais bien « Qui suis-je pour LA juger? » (il se référait à la personne homosexuelle) : « Chi sono io per giudicarla ? » Pourquoi ça change tout d’enlever cet article « la » ? Parce que ça remplace le jugement de personne (que le Pape condamne, et à raison !) par une soi-disant condamnation du jugement en tant que acte et capacité (le fait de juger, de penser, d’évaluer)… comme si le Pape François se faisait tout d’un coup le chantre de l’absence de raison, l’ennemi de la Vérité et de la pensée, un défenseur d’un relativisme gay friendly. En fait, la suppression de ce « la » me fait frémir autant qu’elle m’époustoufle. Et l’amnésie collective face à ce tour de passe-passe satanique aussi.