« Le Pape François » : le film anti-papal déguisé en hommage par les bobos cathos, et préfigurant l’Antéchrist

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a) Film-vitrine de l’Antéchrist

Ne comptez pas trop sur nos médias « chrétiens » pour vous prévenir de ce qui est en train de se passer actuellement dans l’Église et dans le monde. L’Église Catholique n’a quasiment plus d’appareil critique (que ce soit chez les catholiques progressistes que chez les catholiques tradis) et la grande majorité de nos « journalistes catholiques », bobos sans le savoir (car ils méprisent le terme « bobo » et le phénomène du boboïsme, en l’extériorisant systématiquement sur les autres), ne savent plus analyser un film, ni même simplement penser. C’était déjà le cas avec des films comme « La Passion » ou « Spotlight ». Mais c’est encore plus le cas avec « Le Pape François », un film latino-américain de Beda Docampo Feijóo et Eduardo Giana, qui semble brosser l’Église et le Pape dans le sens du poil. Donc selon nos critiques, vu que ce sont les intentions d’un film qui font le film, pas de raison de s’inquiéter ni de creuser ! C’est forcément un film bien, de « notre côté », sympathique, voire un chef-d’œuvre ! Ils vont juste en faire une recension positive, et puis après, dossier classé au rayon « DVD de Noël à offrir à mémé » ! Naïveté, incompétence, amateurisme et orgueil impressionnants.
 

"François, on t'aime !"

« François, on t’aime ! »


 

En réalité, « Le Pape François » n’est non seulement pas un hommage, mais j’irai même jusqu’à dire, au risque de choquer certains d’entre vous, que c’est un film anti-papal qui noie le Pape François dans le cliché folklorique bobo (à l’instar de Jésus sur son âne aux Rameaux, accueilli en triomphe à Jérusalem, avant sa crucifixion… à la seule différence que là, c’est juste une dodoche qui conduit le Pape à l’échafaud) en préparant la voie à son successeur, l’Antéchrist.
 
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« Le Pape François » est un excellent indicateur cinématographique de l’arrivée de l’Antéchrist et de la grande Apostasie vers laquelle se dirige la grande majorité des catholiques sans même s’en rendre compte. C’est un film bobo non seulement dans le sens stéréotypé de l’adjectif, mais aussi et surtout dans son sens eschatologique et antéchristique (car le boboïsme est la Nouvelle Religion Mondiale fomentée par la Franc-Maçonnerie). Ce long métrage essaie de transformer le Pape en « pape normal » avant de le liquider définitivement (tout comme François Hollande a flingué la crédibilité et l’essence même de la fonction présidentielle en France en se prétendant « président normal »). Autrement dit, il tente de transformer François en « Pape malgré lui » (ils avaient déjà essayé de faire jouer ce rôle mélodramatique à Benoît XVI : sans succès), en « Pape pas comme les autres », en « héros ordinaire », en « Pape-pote », en « Pape révolutionnaire et anticonformiste », en « pape anti-Papauté », avant de le faire remplacer par un Pape qui assumera encore moins que la caricature bobo du Pape François son statut de successeur des apôtres consacré spécialement par l’Esprit Saint et par Jésus Fils de Dieu : l’Antéchrist. De la banalisation démagogique et niaisouille de la Papauté (à la sauce kitsch-latino grossièrement papolâtre, chauvine, populiste et sensibleriste : malgré les tentatives de rendre l’ensemble sobre et pudique, ça reste pas subtil…) à la destruction de la Papauté, il n’y a qu’un pas… La future série The Young Pope, diffusée dans une semaine sur Canal +, et dépeignant un Pape carrément antéchristique, ne fait que le prouver ! Il n’y a également qu’un pas du Pape génial, au Pape original puis normal puis banal puis vénal puis chacal.
 

 
 
 
 

b) Un film qui n’est pas catholique :

Pourquoi « Le Pape François » est souvent à la limite du film hérétique qui, à force de vouloir nous rendre le Pape sympathique et proche, force à ce point le trait qu’il finit par nous le rendre insupportable et à le convertir en ce qu’il n’est pas (car au fond, je ne suis pas sûr que ce « cadeau » cinématographique ait fait réellement plaisir au vrai Pape François : la flatterie, même le diable sait faire) ?
 
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A – D’abord parce que ce genre de films laudatifs – appelés biopics – doivent se réaliser à titre posthume. Pour des raisons évidentes de liberté, d’humilité, de distance d’objectivité. Rendre ce genre d’hommages à un homme vivant, même si c’est plein de bonnes intentions et de bons sentiments, cela revient à le vouloir (inconsciemment) mort. C’est accélérer les choses, les événements, réduire une vie à une fonction papale ou à une portion de cette même vie. C’est projeter sur le Réel (passé comme présent et futur) ses propres fantasmes (en général hystériques, nostalgiques, narcissiques, démesurés) : on le voit en particulier dans le film avec la superposition d’images fictionnelles et d’images d’archives (télescopage schizophrène s’il en est…). Décréter que quelqu’un est saint (il est surnommé « el santito », le petit saint en espagnol), béatifier un être humain avant sa mort, aussi Pape et déjà confirmé/consacré par l’Esprit Saint soit-il, c’est se prendre pour Dieu, qui seul couronne, qui seul sanctifie, qui seul décerne (à travers ses ministres consacrés et son Pape justement) des « diplômes de sainteté ». Franchement, cette identification excessive au Pape, en plus d’être anachronique, est hyper gênante et déplacée. Comme je le disais un peu plus haut, à travers ce film, on assiste à toute l’ambiguïté des Rameaux : entre soutien réel et démonstration publique de soutien, entre ovation et euphorie, entre sincérité (sans Vérité) et foutage de gueule/haine idolâtre, on ne sait pas clairement démêler le vrai du faux dans l’hommage disproportionné, faussement pudique, des bobos cathos.
 
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B – Ensuite, ce film me semble hérétique parce que « Le Pape François » prête au vrai Pape et aux croyants catholiques des propos, des actes, des discours en apparence réalistes/historiques/charitables mais parfois pas du tout évangéliques, pas du tout catholiques, en définitive. Je vais prendre quatre exemples tout bêtes :

B 1) Le Pape François n’a jamais été le Pape des pauvres, venu exclusivement pour eux, et méprisant les riches et les dictateurs (contrairement à ce qui est présenté sur le film dans un manichéisme simpliste ahurissant). Au contraire : François aime tout le monde, justement. Il est venu spécialement pour les pécheurs, les riches et les dictateurs. « Le Pape François » montre au contraire un Pape frondeur, veut faire de François un porte-drapeau de l’antifascisme. C’est hallucinant, cette récupération. Les deux scènes les plus signifiantes de ce réductionnisme manichéen, c’est d’abord la mise en scène « Mission » (on a presque la fumée) du futur Pape au milieu des manifs et des banderoles des syndicalistes (comme si le François était le nouveau Che Guevara, le nouveau Libertador, le Justicier qui allait ici-bas devenir l’homme politique des pauvres ! Fantasme des pharisiens bobos, précisément…), et ensuite la scène digne du « Parrain » de Coppola ou d’un Tarantino (références également hyper bobos), avec le Méchant – l’Amiral – et sa tête patibulaire à faire frémir, menaçant le futur Pape de représailles s’il continue à s’opposer à la Junte militaire d’extrême droite en Argentine. Histoire de nous prouver que le Pape François fait partie des Gentils Rebelles antifascistes. C’est pitoyable.

B 2) Vers la fin du film, juste avant son élection, lorsque le futur Pape est installé dans sa cellule épiscopale au Vatican, la sœur qui l’accueille demande à François (et le plus sérieusement du monde, en plus !), si « ça ne le dérange pas d’avoir la chambre n°13 ». Vous en connaissez beaucoup, des vraies religieuses, capables de ce genre de superstitions sérieuses, sans déconner ?

B 3) « Le Pape François » fait dire à François une phrase très choquante et qui transpire le populisme démago-bobo : « Mon Peuple est pauvre. Et je suis l’un de vous. » Or le vrai Pape ne se prend absolument pas pour les pauvres. Le Christ, lui-même, n’a jamais dit : « Je suis un pauvre comme vous. » Pas du tout. Il ne s’est jamais situé ni du côté des riches, ni du côté des pauvres ; et Il n’a jamais usurpé l’identité des pauvres.

B 4) À plusieurs reprises dans le film, on entend la figure du Pape médire à propos du haut clergé (« Au Vatican, c’est plus facile d’y perdre la foi que de la trouver. » ; « C’est un nid de vipères. »), chose qu’on n’entend jamais de la bouche du vrai Pape qui, s’il a quelque chose à dire à ses coreligionnaires, l’exprime ouvertement et surtout commence à se l’appliquer à lui-même. La revendication réformiste que les réalisateurs du film lui prêtent, idem, c’est un abus de pouvoir. La figure du Pape François est tellement fantasmée par les réalisateurs comme une icône d’altérité, de la différence, de changement, de progrès, d’originalité, qu’on l’entend souhaiter « une autre Église ». Ça ne va pas. C’est faire dire au Pape ce qu’il n’a jamais dit ni pensé.
 

C – Enfin, ce film est hérétique et quasi apostat parce qu’il réunit tous les éléments du paganisme spiritualiste qu’est le boboïsme. Pour prouver ce que j’avance, je me suis amusé à passer « Le Pape François » au tamis de mon livre Les Bobos en Vérité, parce que, sans rire, on y retrouve tous mes 60 codes bobos. Je vous montre dès maintenant.
 
 
 

c) Les 60 codes bobos dans le film « Le Pape François » :

 

Code 1 – Petit-fils de 1968
 
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Presque tout le film nous téléporte dans les années 1970 jusqu’aux années 2010. Au final, ce grand écart temporel positionne parfaitement le Pape François à la place du petit-fils de mai 1968. Dans « Le Pape François », les années 1970-1980 y sont à la fois magnifiées et diabolisées car elles correspondent pour l’Argentine à la dictature militaire (1976-1983). En général, le bobo a un rapport souffrant et idolâtre de fusion-rupture avec la décennie seventies. Il s’y identifie autant qu’il la méprise. C’est exactement ce dont témoignent les réalisateurs du film.
 

Code 2 – Je suis original !
 

Dans le film, le futur Pape est montré comme un gentil Désobéissant, un anticonformiste qui a du goût et qui aide à revenir à l’origine, à l’authenticité, à la simplicité. Même quand il fraude (par exemple il fait franchir la barrière de douane à un sans-papier dans un aéroport, dans les années 1980), même quand il désobéit, c’est présenté comme une originalité juste.
 

Code 3 – Haine de la matière, de l’argent et des richesses
 

Dans « Le Pape François », le futur Pape est montré comme le Pape des Pauvres et qui serait comme eux. On le voit très peu dans les salons de thé et dans les Palais, c’est sûr. Il fréquente plutôt les bidonvilles, les paroisses défavorisées, les locaux associatifs et syndicalistes, les stades de foot, les hôpitaux, etc. Il n’a pas de chauffeur ni de voiture privée : « Je préfère les transports en commun. » Il refuse la classe business dans les avions. Il lave même son linge à la main dans un lavabo au lieu de le donner à la femme de ménage (Là, le spectateur se dit que le film en fait un peu trop dans la démonstration d’humilité… Et quand bien même cette anecdote de mortification soit vraiment biographique, est-ce une raison pour la montrer au grand jour ?).

C’est difficile à expliquer, mais je trouve qu’il y a malgré tout dans ce film une forme d’exhibitionnisme (de l’émotion, de la pauvreté). Une forme de paraître. Une absolutisation de la sobriété. Une saturation. Or la sobriété devrait être autant dans le contenu du film que dans le nombre d’exemples illustrant celle-ci, à mon sens. La sobriété, c’est comme l’humilité : il n’y a pas plus prétentieux que lorsqu’on la nomme ou quand on essaie de la prouver à l’excès. Le propre de la sobriété, c’est la sobriété (tautologie à méditer). Le fait que « Le Pape François » nous martèle sans cesse que le futur Pape est humble (on nous sort sa dévotion à saint François d’Assise, on nous sort le traité de l’humilité de saint Ignace de Loyola : je crois que c’est bon, on a compris le message !) le dessert plus qu’autre chose. Le meilleur publiciste de l’humilité du Pape, c’est le secret, c’est la suggestion voire même parfois l’invisibilité.
 
 

Code 4 – Le consommateur masqué
 
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Il est étonnant de voir que la figure du Pape François, censée être un modèle de mesure, de pauvreté et de lutte contre la consommation, passe son temps à bouffer pendant tout le film, à consommer, à user d’outils technologiques qu’elle avait prétendu ne jamais connaître. Par exemple le téléphone portable. Le futur Pape, en bon bobo qui se respecte, prétend, par une boutade, qu’il n’a pas de portable : « Mon seul portable est la semelle de mes chaussures. » Mais après, on le voit plusieurs fois au téléphone portable téléphoner à ses potes pour leur chanter qu’il n’a pas chaaangé : « Je suis toujours le Padre Jorge. » Qui croire ?
 

Code 5 – La solidarité d’apparat
 

Dans le film, le futur Pape François est montré comme le bon samaritain, qui aide les pauvres et va aux « périphéries ». Mais comme tout est montré et démontré en images, la solidarité et la charité papales sont vidées de leur invisibilité et de la nécessité du secret qui les rendraient authentiques et belles.
 

Code 6 – Plus bourgeois que bourgeois : l’élite du bon « mauvais goût »
 

La figure du Pape François est présentée comme un bourgeois qui peut se payer le luxe (parce qu’il est trop cool et trop génial) de la sobriété, de la désobéissance et du mauvais goût : par exemple, il boit du « mate » (thé argentin particulièrement amer), il se plaît à manger ce qu’il ne devrait pas (les pâtisseries), à consommer par gourmandise ce qui est « interdit », il rejette ses parures ecclésiastiques une fois élu Pape, etc.
 

Code 7 – Jargon vulgos-pédant
 

Dans « Le Pape François », le futur Pape ose prononcer des expressions vulgaires, transgresser les règles de la bienséance, faire des blagues un peu tendancieuses voire carrément provocatrices (par exemple, dans le réfectoire du séminaire, ou encore au téléphone face à son collègue prêtre qui lui fait écouter un hymne de jeunes chantant la promotion de sa candidature papale).
 

Code 8 – Parler anglais
 

Comme par hasard, plus la trame narrative du « Pape François » avance, plus les dialogues s’anglicisent (avec notamment l’arrivée de la journaliste nord-américaine, Cecilia). À la fin, le film se termine avec l’internationalisation/anglosaxonisation de la foule apprenant, sous les flashs des projecteurs, la nomination du nouveau Pape, sur la Place Saint Pierre à Rome. United Colour of Cathos Cons.
 

Code 9 – Optimisme et Espoir : l’Architecture lumineuse du bonheur
 

La figure du Pape n’annonce ni le Christ Jésus ni la Croix quand elle vient en aide à quelqu’un : elle annonce seulement l’espoir, l’optimisme, la nécessité de croire, la possibilité de se relever après une chute, l’amour d’un Dieu sans visage, l’assurance de ne pas être jugé, une miséricorde sans Vérité, une consolation déchristianisée. Le Pape François du film rassure… mais il n’assure pas Jésus et ne nomme pas le mal. C’est juste le gentil confident, le bon papa, qui se contente de dire « Il faut y croire » et « Je ne te condamne pas ». Je ne suis vraiment pas sûr que le vrai Pape François soit le porte-parole de cet humanisme intégral vaguement christique.
 

Code 10 – Adjectif « Petit » : la folie cubiste et la puce électro
 

Le boboïsme, en voulant singer/surjouer l’humilité, focalise sur la petitesse. C’est ce qui arrive à la figure du Pape dans le film sur lui : « Il faut se concentrer sur les petites choses. » dit François.

Dans « Le Pape François », la matérialisation mignonnette (et franchement bobo !) du petit détail naïf et cubique qui émeut le bobo, c’est le mouchoir que donne le futur Pape François à l’héroïne Ana, et qui reviendra tout bien plié en cube et tout bien repassé, en gage de sa conversion. (Ce que le boboïsme est cucul, quand il s’y met…).
 

Code 11 – Je ne souffre pas !
 
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Dans le film, le Pape François est montré comme un Pape qui boite comme un Quasimodo, mais qui cache sublimement sa souffrance. Il ne nous est même pas montré qu’il endurerait quoi que ce soit en silence. Même quand sa mère s’oppose à sa vocation sacerdotale, même quand il renonce à deux opportunités amoureuses avec des jolies femmes, même quand il se fait menacer par la Junte militaire, même quand il est en haut des barricades syndicalistes, même quand l’acteur qui interprète le Pape (Dario Grandinetti) doit montrer de l’empathie, il ne bronche pas, ou bien il sourit comme un bienheureux. Zéro relief, zéro fêlures, zéro défauts, zéro contradictions, zéro dilemmes intérieurs, zéro fautes, très peu d’empathie (ou alors elle est mal jouée). Portrait impeccablement lisse et désincarné, malgré la volonté des réalisateurs d’humaniser à fond le Pape et de lui faire toucher la misère du doigt. Toute la souffrance et les violences sont extériorisées. Le Pape François, c’est comme Alain Delon : « Il ne souffre pas ! ». C’est un super-héros qui n’a jamais fauté… On y croit vachement.
 

Code 12 – Globe-trotter
 
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Dans le film, le Pape François se déplace un peu partout. Il a la bougeotte, est constamment en déplacement. On le voit finalement beaucoup plus à l’extérieur qu’à l’intérieur (dans une église, un confessionnal ou en prière). Son téléphone portable le téléporte d’ailleurs y compris dans les endroits où il ne se déplace pas physiquement.
 

Code 13 – Canapé
 
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On retrouve dans « Le Pape François » quelques scènes de canapé, c’est-à-dire cette orchestration de l’introspection spirituelle (voulue « profonde »), ces voyages intérieurs pour croyant ou militant flemmard. L’introspection, comme elle est forcément intime et secrète par définition, est particulièrement difficile à filmer (car elle vire très vite à la simulation narcissique), et normalement elle ne devrait même pas être filmée pas (ou alors le réalisateur finit par faire regarder à son acteur un radiateur avec émotion). La vie intérieure, je n’y peux rien, c’est entre Dieu et chacun de nous. Malheureusement, le bobo tient à son canapé… et le prend souvent pour un tapis volant.
 
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Code 14 – Scooter
 
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Le scooter du Pape dans « Le Pape François », c’est la deux-chevaux. Sans blague : le Pape est filmé au volant d’une dodoche !
 
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Code 15 – Mosaïque multiculturelle
 

Dans le film, François est montré comme le Pape de tout le monde : jusque-là, tout va bien. Le souci, c’est qu’ensuite, il est dépapalisé et réduit à un Monsieur Tout-le-Monde (limite « Appelez-moi Fanfan »). Il n’est même plus Pape, dans l’idée, dans le rapport et dans le statut hiérarchique. Il est accessible à tous, pose en photos avec plein de gens d’âges, de sexes, de classes sociales différentes, n’a pas d’ennemis ni de contradicteurs (à part la mère ; puis l’Amiral, le seul vrai Méchant du film). Même à la Curie romaine, on ne montre pas la moindre inimitié interne. C’est la carte postale multiculturelle.

Cet internationalisme de façade, censé faire contrepoids au chauvinisme particulariste latino-américain préalablement affiché, est corroboré par la réplique finale d’un fan sur la place Saint Pierre, qui porte une pancarte avec un message d’amour destiné au Pape François nouvellement nommé : « La nationalité n’a pas d’importance. » Philosophie No Border en force !
 

Code 16 – Fanfare jazzy
 

Dans le film, le Pape est montré comme un mélomane, amateur de Carlos Gardel et de tango (une des danses les plus bobos de la terre puisqu’elle est une danse populaire qui a été récupérée par les riches qui l’ont embourgeoisée pour la transformer en cliché rétro national argentin). Il danse d’ailleurs pendant un mariage au son d’un orchestre jazzy, ou bien fait danser et chanter une troupe de pauvres des favelas.

Pour continuer dans le fantasme bobo du bourgeois entouré d’êtres atypiques et sympathiques dignes d’une cour des miracles, pensons également au nain Alfredo, collègue enchanteur d’Ana, qui lui rend le travail de journaliste plus agréable.
 

Code 17 – Le vieux marin breton
 

Plusieurs fois dans le film, le futur Pape est montré comme le grand copain des papys et des mamies (la première étant bien entendu sa grand-mère Rosa, désignée tacitement comme l’instigatrice de sa vocation sacerdotale). Par exemple, il tape un brin de causette avec une vieille à sa fenêtre.
 

Code 18 – Vive le vieux !
 
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Tout le film « Le Pape François » surfe sur la vague de la nostalgie rétro argentine : on a droit à toute la carte postale des clichés typiques du folklore d’Argentine (dulce de leche, Borges, tango, football, mate, etc.)… paradoxalement pour prouver que le Pape est cool, jeune et moderne. L’éternelle contradiction du boboïsme qui capture le passé pour le vider de son essence et n’en garder que le décorum esthétique du futur.
 

Code 19 – Chapeau Charlie Winston
 

Tous les acteurs du film « Le Pape François » ont leurs clichés (très sérieux) bobos avec leur casquette de Gavroche ou leur chapeau popu (canotiers argentins « à la Gardel »).
 

Paco (Abel Ayala)

Paco (Abel Ayala)


 
Pape François (Dario Grandinetti)

Pape François (Dario Grandinetti)


 
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Code 20 – Clope
 

Série The Young Pope

Série The Young Pope


 

Le Pape François du film n’en est heureusement pas encore rendu à cloper comme le prochain Young Pope Jude Law … mais il n’en est pas loin, puisqu’il se joint à la tournée (« si tyyypiquement ancrée dans les mœurs sociales argentines » #AttentionRituelSacréPopulaireQuonPeutPasComprendreSiOnNestPasArgentin) du calumet de la Paix (comprendre le mate, qui circule dans le cercle d’un groupe de pseudo « Alcooliques Anonymes »). Communion populaire gustative. Vous pouvez pâs comprendre… « Prépare le mate, car on arrive. » (François s’adressant à une petite vieille)

Par ailleurs, Ana, l’héroïne, fume des cigarettes et boit de l’alcool. Car elle aussi, elle est cool.
 
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Code 21 – Ville (européenne)
 

Dans le film, toutes les scènes sont tournées en milieu urbain. Un savant mélange de buildings (modernité) et de bâtiments historiques (tradition) a été dosé. La figure du Pape François, tout comme le bobo d’ailleurs, entretient un rapport maladif avec la ville. Celle-ci l’attire autant qu’elle le révulse : « Cette ville est ma névrose. » (Pape en parlant de Buenos Aires)
 

Code 22 – La Passion pour la Nature, le Vent et la Mer
 

Dans le film, une grande place est laissée au vent, à la Nature et à la mer. Buenos Aires étant en plus une ville portuaire, on a droit à la contemplation de la mer par les personnages qui « philosophent », « pensent » et « prient » devant Mère Nature. C’est la Religion Naturelle du boboïsme. Par exemple, dans une scène un peu pathétique tellement elle est esthétisée pour rien et pour zéro message, le futur Pape François est filmé sur un promontoire surplombant un parc, plongé dans ses pensées narcissiques. Dans un autre passage du film, les cheveux d’Ana (pour shampooing Timotei Miel) baignés de soleil symbolisent cette pureté naturelle de l’humain. Le bobo adore jouer sur l’esthétisme des rayons du soleil.
 

Code 23 – « La Nature me domine et prouve ma méchanceté d’être humain. »
 

Rien à signaler.
 

Code 24 – Je ne crois pas en Dieu mais je fais comme si
 

Dans le film, l’héroïne, Ana, se présente elle-même comme une chrétienne de culture et d’éducation, mais qui n’assume pas d’être catholique de cœur : « Je ne sais pas grand-chose de l’Église catholique. » ; « Je suis agnostique. » ; etc. On la voit quand même un peu grandir timidement dans sa foi (elle fait baptiser sa fille, et revient avec son compagnon), mais sa conversion reste très évasive. « Le Pape François » n’est pas tellement un film sur la conversion, ni un film qui donne envie aux incroyants de se convertir (même si je pense que ses réalisateurs sont persuadés que leur réserve et leur manque d’audace évangéliques sont précisément bien plus évangélisatrices et propices aux conversions qu’un prosélytisme plus prononcé…).
 

Code 25 – Nostalgie de la messe du dimanche et de la vie communautaire
 

L’administration des sacrements catholiques dans le film est privatisée, est traitée prioritairement sous l’angle de la sphère individuelle (par exemple, le baptême de la fille d’Ana est célébré dans la plus stricte intimité). Pas du tout la sphère collective et communautaire. Légère exception avec l’assemblée dominicale de l’église populaire… et encore, il fallait que cette assemblée soit montrée comme exclue de l’Institution-Église et rendue atypique et nettement plus authentique par rapport aux assemblées religieuses traditionnelles. Le bobo aime faire sa petite religion dans son coin, sans appartenir à une Église et encore moins à une assemblée dominicale humaine.
 

Code 26 – Festi-schisme
 

Dans le film, tout plein de rituels et de fêtes païennes sont mises à l’honneur : le football, le mate, la cuisine, la chaleur d’une foule, etc. N’oublions pas que chez le bobo, tout est rituel et rien n’est sacré. « On peut être spirituel sans être religieux. » souligne le futur Pape en s’adressant à Ana. Le bobo copie les fêtes catholiques pour les vider de Jésus.

La cuisine, par exemple, est tout un cérémonial. Dans le boboïsme, très souvent, l’appréciation de l’art culinaire, la gastronomie, les savoir-faire de la table, sont considérés comme sacrés. On retrouve tout à fait cette idée dans « Le Pape François ». François envisage « la cuisine comme une forme d’art, d’élévation, comme un vecteur de spiritualité », en prenant appui sur le film « Le Festin de Babette » dont il est/serait fan. Pour le bobo, la table de travail culinaire est comme l’atelier d’un artiste-peintre, car il se revendique « Maître du Goût » : un goût souhaité raffiné et techniquement élaboré. Pire : il la substitue à la Sainte Cène.
 
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Code 27 – New Age et psychologie
 

Dans le film, le futur Pape est montré comme un sage, un Maître Dong, une machine à déblatérer des paraboles nouvelles et des maximes toutes simples et pseudo profondes. Les entretiens qu’il accorde se situent à mi-chemin entre le confessionnal et le divan du psy, entre l’anecdote humoristique/enfantine et la Parole christique. Très vite insupportable, cette parodie de Jésus et du vrai Pape François…

Exemples de sophismes et de lapalissades à la noix qui lui sont attribués (et qui relèvent à peu près du même niveau que « La vie c’est comme une boîte de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. » de Forrest Gump) : « Dans la vie, il y a toujours un nœud à défaire. » ; « Il faut laisser une place au doute. » ; « Le temps est supérieur à l’espace. » ; « Il faut se concentrer sur les petites choses. » ; etc. Brillantissime…

Mais attention. Tout n’est pas si rose. Le Pape est aussi dépeint comme un vieux loup solitaire, qui derrière sa façade joyeuse et populaire, cache un terrible secret, une fêlure : sa solitude. « Le père Jorge est un homme seul. Très seul. » nous avoue José, un proche camarade du François. Scoop phénoménal. Il est donc seul… C’est un « homme meurtri ». #Foutagedegueule. À l’issue de la projection du film, l’amie avec qui je suis allé voir le film m’a sorti cette phrase que je trouve très juste, sur l’impudicité des réalisateurs vis-à-vis du Pape François : « Pourquoi ils montrent son cœur comme ça ? »
 

Code 28 – Ni remords ni péché
 

Dans le film, quand le futur Pape reçoit des personnes en confession ou qu’il console un pécheur, il sert de mouchoir plutôt que de conseiller, de confesseur et de véritable guide exigeant qui fait accoucher la personne de son péché et qui demande au pécheur un effort, une réparation, une pénitence. Finalement, la faute et le péché ne sont même pas nommés. Il manque le « Va et ne pèche plus » de la Bible. À un moment du film, c’est d’ailleurs assez marquant comme le Pape s’égare dans sa propre tendance à improviser des paraboles en oubliant ce qu’elles étaient censées illustrer et incarner en Vérité : à l’hôpital pour enfants, un gamin en fauteuil lui demande « Qu’est-ce qui arrive quand on meurt ? »… et alors François part dans une gentillette métaphore footballistique… pour finalement ne pas répondre à la question. Et la scène s’arrête carrément sur cette incohérence de scénario. Super…
 
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Code 29 – L’enterrement bobo
 
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À plusieurs moments dans « Le Pape François », on voit les personnages offrir des mises en scène d’hommage aux personnes décédées archi bobos : à deux reprises, Ana, en compagnie de sa fille Eva, et même ensuite en compagnie du futur Pape, jette des fleurs blanches (des lys) dans l’eau puis dispersent les cendres de sa grand-mère dans le Río de la Plata (Euh… Quelqu’un pour expliquer aux bobos que même la dispersion des cendres « dans un lieu que le disparu a aimé » et l’incinération des cadavres ne sont pas très appréciées – voire même carrément déconseillées – par l’Église ?)

Dans une des séquences du film, la figure du Pape François raconte de manière émue son goût des cimetières et les magnifiques souvenirs qu’il garde du « cimetière près d’un aéroport où il regardait les avions décoller ». Ça ne veut rien dire, mais c’est tellement poétique que ça a l’air de vouloir dire quelque chose…
 

Code 30 – Croisade iconoclaste contre les « clichés »
 

Tout le film « Le Pape François » tente de casser l’image jugée trop lisse et poussiéreuse de la Papauté. Il passe en revue tous les clichés de l’Argentine, du prêtre et du Pape, pour les déconstruire puis les reconstruire façon cool, décomplexée et légèrement irrévérencieuse.
 

Code 31 – Super-Zéro (pastiche raté de Star Wars)
 

Dans « Le Pape François », le futur Pape est montré comme un Jésus boiteux, qui fait des miracles avec rien, et qui répare tout sur son passage grâce à ses bonnes paroles toujours à propos (la scène de la jeune femme qui a avorté – peut-être la seule crédible du film – en fournit un bel exemple).

Par ailleurs, le bobo est en général fan de Star Wars et de tout ce qui peut transformer Jésus en Super-Héros barbu publiquement appétissant. Et comme par hasard, le film « Le Pape François » rapporte que dans le séminaire dont Mgr Bergoglio a eu la charge, ce dernier était tellement « cool » qu’il faisait voir à ses prêtres en herbes « La Guerre des Étoiles ».
 

Code 32 – La folie pour le blanc (sali)
 
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Il était difficile, vu la blancheur originelle de l’habit du Souverain papal, qu’elle ne plaise pas aux bobos cathos (rien que l’affiche du film, dans les tons blancs cassés et crémeux, annonçait le boboïsme à des kilomètres), et que ces derniers ne cherchent pas à un moment ou un autre à l’instrumentaliser pour la transformer en « blancheur rebelle ». Ce détournement est particulièrement visible dans les dernières images du « Pape François », quand on voit le Pape faire sa sélection d’habits et ornements blancs de sa nouvelle fonction papale qu’il décide de garder ou de rejeter. La sainte et blanche colombe faisant son tri de blancheurs… en oubliant le rouge de la Croix…
 

Code 33 – Barbu
 
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Dans le film, le prêtre qui seconde le Pape, le Padre Pepe, est trentenaire, barbu et porte un nom hispanisé (« Padre » quelque chose) : la totale ! (il ne lui manque qu’un avatar Twitter dessiné, des lunettes, un verre de bière, un padreblog, et le tour est joué).
 

Code 34 – Silence et Pudeur sacrés
 

Ana et François

Ana et François


 

Dans « Le Pape François », l’accent est mis sur les silences pseudo « habités », la sobriété. Le futur Pape est montré comme celui qui laisse les gens pleurer, qui écoute (alors que concrètement, on n’entend que lui !), celui qui comprend tout, celui qui débite des paroles saintes et prophétiques qui laissent son interlocuteur bouche bée d’admiration.
 

Code 35 – La voix-off insupportable
 
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Le drame du film « Le Pape François », c’est que le Pape François, même s’il est soi-disant cité par rapport à ce qu’il a vraiment dit, est transformé en parodie de lui-même (un peu comme Brice de Nice, prisonnier des formules qu’il a inventées ou qui lui sont attribuées, et qui devient la pathétique caricature de lui-même), transformé en moulin à paroles. Pendant que je regardais le film, au bout d’un moment, j’avais envie de dire à l’acteur qui joue le Pape : « Putain mais tu vas la fermer, ta grande gueule ?!? » Pour le spectateur qui connaît le vrai Pape François, c’est assez douloureux d’entendre des formules courtes labélisées « Pape François » coupées au montage, mises bout à bout, détournées de leur contexte d’énonciation. C’est un peu comme la poupée Nénuco parlante qui sortirait de sa mélodieuse voix robotique « Et surtout, priez pour moi », « Allez aux périphéries », « Fais une selfie avec moi », « Qui suis-je pour juger ? », « Je suis le Pape des pauvres : serre-moi contre ton cœur. », etc. Bref, c’est crucifiant de découvrir son grand-père chéri transformé en voix-off, en automate de lui-même.

L’une des scènes les plus signifiantes au sujet de la transformation de la personne du Pape en voix-off insupportable, c’est, au début du film, le moment où Ana découvre sur internet les paroles du futur Pape, et essaie de retranscrire une conférence-audio et de synthétiser les idées-phare de la pensée de l’évêque. On voit parfaitement ici que Bergoglio passe à la moulinette, commence à être introduit de force dans le téléphone arabe mondial.

Le paradoxe de ce film, c’est qu’en cherchant à prouver l’humilité du Pape à grands renforts de citations qui le convertissent en donneur de leçons, en boîte à proverbes, en machine à commenter (« Le Pape a dit »), en machine à opinions, en commentateur (notamment lors des images télévisées de la démission de Benoît XVI), il nous le montre finalement comme un prétentieux, un faux humble, un beau parleur, un conteur de fleurette évangélique, un perpétuel interviewé qui fait de la public relation. Avec le Pape François de ce film, il n’y a plus d’échanges. L’enrichissement est unilatéral : le Pape donne la solution à ses disciples qui l’écoutent ébahis. Ça ne va que dans un sens : le Pape, le Pape, et encore le Pape.
 

Code 36 – Bougies
 
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Il y a quelques bougies et lampions qui traînent par-ci par-là dans le film. Même si, pour un film argentin (pays qui a la Palme du boboïsme, je trouve), on aurait pu en trouver bien davantage…
 

Silvia Abascal, personnage

Silvia Abascal, personnage


 

Code 37 – Le mariage bobo
 

Rien à signaler.
 

Code 38 – Le blogueur catho (et sa bière !)
 

Le Pape François en Street Art

Le Pape François en Street Art


 

Dans le film, Ana, « catho en réflexion », gère un blog. Elle est engagée par son agence journalistique très très vaguement chrétienne, pour couvrir un événement catholique (l’élection du futur Pape argentin) dont elle ignore tout. Et dans les locaux hyper design de sa boîte (ça sent l’open space à plein nez), la bière semble couler à flots autant que le mate (= la bière du pauvre).
 

Code 39 – Le spiritualisme intégral du bobo de droite
 

Dans le film « Le Pape François », le Pape est montré comme un maître spirituel tradi-cool, un gardien de l’orthodoxie conservatrice catholique mais « anar ». Un condensé de la gauche et de la droite. Voire de l’extrême gauche et de l’extrême droite (même si le parti pris du film penche clairement à gauche).
 

Code 40 – Dandy Queer & Camp
 

Dans le film, Luis, le personnage de l’informateur italien, qui drague toutes les jolies femmes journalistes qu’il doit aiguiller dans Rome, est l’archétype du dragueur sophistiqué un tantinet maniéré.
 

Code 41 – Style artistique sobre-trash
 
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Dans le film, la déco et les peintures murales de l’église populaire où Mgr Bergoglio célèbre la messe symbolisent tout à faire ce mélange d’orthodoxie et de désordre esthétique recherché par les bobos cathos.
 

Code 42 – Pas d’humour
 

Dans le film, le futur Pape François sort des blagues pas désopilantes, même si elles se veulent taquines, audacieuses et tendres. Pourquoi le boboïsme n’a pas d’humour ? Tout simplement parce que ses blagues ne sont pas vraies (les blagues les plus drôles sont toujours celles qui racontent des Vérités inavouables) et sont des postures de paraître, en général. Ici, dans « Le Pape François », les calembours du Pape tombent à plat parce qu’ils sont plus là pour nous prouver que le Pape est cool, sympa et notre pote, que pour nous déplacer dans la Vérité. Je suis certain qu’au naturel, le vrai Pape François est nettement plus drôle que dans ce navet.
 

Code 43 – Photolâtrie
 
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Tout le film se présente comme une brochure touristique (pas étonnant d’ailleurs que l’héroïne exerce le métier de journaliste), comme un roman-photos « Amélie Poulain » autour du Pape. Parcours « Sur les pas de saint Bergoglio… » : ce qu’il a fait, aimé, les lieux où il est allé, le bénitier où il a plongé ses mains, son plat favori, les chiottes où il a pété… On s’en tape. Moi, personnellement, la seule chose qui m’intéresse dans le Pape, c’est le Saint Esprit !
 

Code 44 – « J’aime / J’aime pas » (les listes)
 
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Dans la pensée bobo, la personne humaine se définirait par ce qu’elle fait (« Il ne s’agit pas de penser. Mais d’agir. » dit à un moment Raúl ; « Ma vie, c’est le travail. » affirme Ana ; « L’expérience est une valeur suprême. En tout. » avance Luis), se définirait par ce qu’elle sent, ce qu’elle veut, et aussi ses goûts. Dans « Le Pape François », on a droit à la liste des goûts et des traits de caractère, justement, à la fiche signalétique du profil Facebook du Padre Jorge : il est Jésuite, il aime le foot, il écoute de la musique classique et du tango, il a une mère méchante, il aime danser, il aime cuisiner (il présente sa recette du « poulet a la Bergoglio », issue de sa grand-mère), il aime faire du billard (il a été un jeune cool comme les autres), il est intello (il se balade toujours avec un livre : aux pique-niques, aux mariages), il lit du Jorge Luis Borges, il boit du mate, il est gourmand, il aime le dulce de leche, il lave son linge à la main, il a fréquenté telle paroisse, il est argentin, il porte des lunettes, il boîte un peu, il n’a qu’un seul poumon, il n’aime pas les portables, il aime rigoler et les pauvres, il a pour modèle sa grand-mère et saint François d’Assise, etc.

Le film ne nous offre finalement que des détails de connivence, que le décorum folklorique du Pape, l’image d’Épinal, la surface (ce qu’a vécu la personne et ses goûts, c’est ce qu’il y a de moins universel et de moins intéressant, finalement). C’est une forme de momification avant l’heure. Ça se veut nationaliste (couleur locale), ça se veut pro-Pape (du sur-mesure), ça se veut élogieux et humanisant… En réalité, c’est lugubre. Le Pape François n’est pas encore mort. Et surtout, ceux qui veulent le transformer en statue de cire pour l’applaudir, pour en lister tous les ingrédients, ne l’aiment pas autant qu’ils le font croire. Une personne ne se définit pas par ce qu’elle aime ni par ce qu’on connaît encyclopédiquement d’elle, mais uniquement par Qui elle est aimée : Jésus.
 

Code 45 – Promenade chorégraphique
 
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Le début du film est une promenade touristique dans la ville de Buenos Aires, en bus. Le spectateur se demande d’ailleurs avec inquiétude si tout le scénario du film va suivre une trame aussi naïve et ennuyeuse que celle-là.

Par ailleurs, comme je le signalais un peu plus haut (cf. le code canapé), beaucoup de plans montrent le futur Pape dans ses circonvolutions mentales. Ces mises en abyme transforment François en promeneur symbolique marchant au ralenti dans un film mélo (la star dans son clip), spectateur narcissique de sa propre vie « simple et extraordinaire à la fois ».
 

Code 46 – Sifflotements, xylophones, banjo et piano
 

Pour habiller le générique final du film, les réalisateurs ont choisi la Misa criolla, monument de la catholicité inculturée dans le monde latino, qui n’est pas en soi bobo. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Rien n’est bobo en soi. Tout dépend de l’intention ou de l’utilisation qu’il y a derrière un fait. Mais en l’occurrence, ici, je trouve que la récupération de cet ordinaire de messe sous forme de clin d’œil musical typiquement « couleur locale » et populaire, est pour le coup bobo, car elle enferme le Pape dans le folklore. C’est comme laisser croire à une complicité commune simplement parce qu’on vient du même pays ou qu’on aimerait la même chose ensemble. Ça relève d’une identique facilité/illusion adolescente.
 

Code 47 – Le monde enfantin désenchanté
 

Dans le film, on a malheureusement pas beaucoup de scènes de François enfant. En revanche, toute son adolescence a été tellement magnifiée qu’elle en devient irréelle, cousue de fils blancs, désincarnée.
 

Code 48 – Le divertissement jeunesse confié au bobo
 

Dans « Le Pape François », le futur Pape est un camarade de jeux idéal avec ses voisins de siège d’avion en culottes courtes. Et par ailleurs, il va voir des enfants hospitalisés et est montré comme un animateur de colo qui parle de foot plus que du Christ. D’ailleurs, il ne répond même pas à leurs questions et n’annonce du coup pas le Seigneur.
 

Code 49 – « L’Amour n’existe pas. Les amours (éphémères) oui. »
 

Dans le film, Ana et son amant Raúl forme un couple au départ désuni, raté, qui n’a que la chambre d’hôtel pour s’unir, voué à la rupture et aux coucheries ponctuelles.
 

Code 50 – « Je suis vivant » ou « J’ai aimé »
 

Dans le film, le compréhensif Padre Jorge (le futur Pape) conforte chez les âmes qui viennent lui confier leurs peines de cœur l’importance de leur sincérité, leur sentiment « d’avoir aimé » malgré tout. Discours psychologisant, peu rigoureux, et faussement consolant car il n’exige/ne propose quasiment rien. Je ne crois pas que le vrai Pape François soit aussi caricaturalement maternel dans ses conseils.
 

Code 51 – « L’amour s’impose à moi. Je le construis par mon ressenti »
 

Dans le film, la foi d’Ana et plus soumise et dictée par son ressenti, sa conscience de Dieu, que présentée comme un don et un appel d’une personne qui est Jésus et qui dépasse sa perception personnelle. Finalement, nous dit « Le Pape François », pour croire en Dieu, il suffirait juste de le vouloir et d’avoir conscience de Dieu. La vocation s’annonce comme un choix, comme une prise de conscience. Alors qu’en réalité, le propre de la vocation, c’est précisément qu’on en a peu conscience et surtout qu’on ne l’a pas choisie.
 

Code 52 – « J’aime là où je ne désire pas/ne m’engage pas »
 

Dans le film, une ellipse complète est faite sur le retour d’Ana avec Raúl. La réconciliation du couple est montrée comme accidentelle, sans pardon, sans effort. L’engagement renouvelé est juste matérialisé/incarné par l’arrivée de la petite Eva. Mais finalement, tous les grands choix d’amour et de vie ne sont pas liés à la Croix ou à un désir de se convertir. Ils obéissent au non-dit, au hasard. Le film n’aborde quasiment pas le chemin intérieur et spirituel des personnages.
 

Code 53 – « Je t’embrasse… Prends soin de toi… »
 

Je vous ai déjà parlé du mouchoir repassé, comme « code » secret symbolisant discrètement la joie retrouvée (ou la crève terminée). Avec le bobo, on est souvent dans le matériel sentimentalisé/spiritualisé, dans le petit objet symbolique adulescent « pour dire je t’aime » parce qu’on n’a pas le courage de dire les grands « Je t’aime » et d’y aller franco (dans sa foi, en Jésus, et par amour). Il joue dans l’arrière-cour.
 

Code 54 – « Je ne drague pas. Et c’est pas sexuel. »
 

Dans le film, le personnage du séducteur sophistiqué, Luis, qui drague avec l’air de ne pas y toucher, est un bel exemple de ce désir d’amour pas assumé chez le bobo.

Par ailleurs, la place (qui frise le fétichisme du dandy intello sophistiqué) qu’occupe l’objet-livre, surtout dans des cadres amoureux où précisément les gens ont autre chose à foutre que de s’isoler pour lire (François se munit d’un livre à un pique-nique, à un mariage : « Ce n’est pas normal d’avoir un livre un jour de mariage. »), fait également partie de ces détails téléphonés du film qui veulent asseoir une pseudo tenue intellectuelle, amoureuse, sexuelle, et qui frise l’hypocrisie pudibonde, si caractéristique du boboïsme.
 

François (jeune) avec une fiancée potentielle

François (jeune) avec une fiancée potentielle


 

Code 55 – Mademoiselle
 

JMJ de Cracovie, juillet 2016

JMJ de Cracovie, juillet 2016


 

Il n’est pas anodin que le film sur le Pape soit porté intégralement par le personnage d’Ana, une mère célibataire (en apparence), une femme délaissée par les hommes, une femme blessée, une Marie-Madeleine des temps modernes, une journaliste « en quête de sens », bref, l’archétype de la bobo.
 

Code 56 – Trio bisexuel (en plein déménagement…)
 

Rien à signaler.
 

Code 57 – Le mariage (ou pas)
 

Dans le film, on ne voit pas de couple marié uni (même le couple des parents de François ne fait pas envie). On se retrouve plutôt avec pléthore de célibataires (qui avortent, qui sont veufs, qui n’ont pas trouvé l’amour, etc.). Par exemple, Ana, l’héroïne du film, a un enfant avec Raúl (qui est peut-être un homme déjà marié une première fois). Mais dans son parcours de conversion, il n’y a pas de mariage en vue. De même, dans le mariage auquel assiste François au début du film, on ne voit jamais les mariés ; lui vient aux noces avec un bouquin (au cas où il se ferait chier) ; et finalement, on voit qu’il renonce au mariage pour lui-même.
 

Code 58 – Famille, tu me saoules !
 

Dans « Le Pape François », les familles sont éclatées, ou source de conflits, de projections carriéristes, de psychodrames… et vaguement des terreaux de foi.
 

Code 59 – L’enfant : mon projet et mon pote
 

Dès le début du film, Eva, l’enfant de Ana, est présentée comme la « meilleure copine » de sa mère, qui décide de leur programme de journée, qui est allongée sur son lit, qui accompagne sa mère et lui sert de substitut marital.
 

Code 60 – Bobo homo
 

Rien à signaler.
 
 
 

d) Le film Rameaux :

En conclusion, pour moi, ce film « Pape François », c’est vraiment l’illustration que le moment des Rameaux (avant le lynchage et la crucifixion) est arrivé pour l’Église Universelle. On a les applaudissements, la frénésie collective, les déclarations d’amour faciles qui fusent, la fanfare des pauvres et de leurs défenseurs qui crient « Victoire ! Viva el Papa ! », la kermesse latino portant aux nues l’Enfant du Pays (ou plutôt du Continent). Mais ce n’est pas profond. C’est un soutien fragile, qui ne repose pas sur la Vérité, sur la Croix, sur des faits qui dépassent les goûts et le cliché bucolique autour de la papauté. On a la célébration en grandes pompes de la nomination du Pape (le dernier ?). C’est filmé à l’américaine, avec les violons, comme lorsque Eva Perón apparaît devant la foule immense de ses fans au balcon. Le film s’achève par des images du Pape faisant un bain de foule. Les Rameaux. Oui, cette liesse cinématographique me fait peur car elle sonne faux et annonce des lendemains très violents pour notre Église. Le film « Le Pape François », c’est les Rameaux. Ni plus ni moins. Mon Espérance reste malgré tout tournée vers la confiance et la Croix du martyre. Mais en tout cas, je peux difficilement me laisser convaincre par cette vague émotionnelle collective, cette effusion publicitaire déconnectée du réel, cette Papemania/papophilie. Je la vois trop comme le prélude de violences imminentes qui vont nous coûter la vie.
 
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