Méthode (Discours de)


 

SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE

 

Le fameux Discours de la Méthode (1637) du philosophe français des Lumières René Descartes (où se trouve le fameux « Je pense donc je suis »), qui célèbre l’Humain comme un être réflexif, pensant, conscient, affranchi des croyances religieuses ancestrales, est l’un des livres de référence de la Franc-Maçonnerie mondiale, puisque celle-ci rêve du triomphe de la subjectivité, du pouvoir d’autocritique, et de la pensée autonome originale, sur la croyance religieuse et la reconnaissance d’une transcendance divine.
 
 

DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN

 

LE DISCOURS DE LA MÉTHODE PAR JOSÉPHINE
 

Rares sont les épisodes de la série où Joséphine n’invoque pas l’usage de ses « méthodes » (René, sors de ce corps !!!) : « Mes méthodes sont un petit peu trop révolutionnaires… » (c.f. épisode 3 « Le Tableau noir ») ; « Les vieilles méthodes, c’est bien. Mais faut laisser la place aux jeunes, maintenant. » (Gabriel l’ange gardien stagiaire, dans l’épisode 20 « Le Stagiaire ») ; « Je vais revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 22 « Belle à tout prix ») ; « Je ne sais pas si styliste c’est vraiment mon truc. On va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 23 « Sans dessus dessous ») ; « Je fais comment pour retrouver la soie stretch ? Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 23, idem) ; « On va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 26 « Enfin des vacances ! ») ; « On va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « Bon, eh bien on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! ») ; « Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 32 « La Couleur de l’Amour ») ; « Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 34 « Un Passé pour l’avenir ») ; « On va employer la bonne vieille méthode. » (c.f. épisode 37 « L’Ange des casernes ») ; « Bon. Eh bien on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 40 « Paris-Broadway ») ; « Allez : les bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 44 « Le Festin d’Alain ») ; « Chacun sa méthode. » (c.f. épisode 46 « Police Blues ») ; « On va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 53 « Marie-Antoinette ») ; « Bon, alors on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 54 « Chasse aux fantômes ») ; « Après, on s’étonne que je sois obligée de revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 58 « Liouba ») ; « Wo… c’est fermé ? Bon eh bien on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 60 « Une Prof ») ; « Eh bien on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 61 « Un monde de douceur ») ; « Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 64 « En roue libre ») ; « Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 66 « De père en fille ») ; « On va changer de méthode. » (c.f. épisode 67 « Les Anges ») ; « Ça m’énerve, ce truc ! Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 76 « Papa est un chippendale ») ; « Aujourd’hui, on change de méthode. Vous me faites confiance ? » (c.f. épisode 77 « Dans la tête d’Antoine ») ; « Bon, on va changer de méthode. » (c.f. épisode 78 « Carpe Diem ») ; « Faites-moi confiance, j’ai mes méthodes. […] T’inquiète pas. J’ai mes méthodes. » (c.f. épisode 80 « Le Secret de Gabrielle ») ; « C’est pas comme sur le papier… Bon, ben on va revenir aux bonnes vieilles méthodes, parce que je suis peut-être douée en beaucoup de choses mais pas en bricolage. » (c.f. épisode 81 « Enfants, mode d’emploi ») ; « Tu vas voir ma méthode. » (c.f. épisode 83 « Sur le cœur ») ; « Bon, on va essayer d’être méthodiques. » (c.f. épisode 88 « Trois campeurs et un mariage ») ; « Bon, on va revenir aux bonnes vieilles méthodes. » (c.f. épisode 91 « Un Noël recomposé ») ; « En fait, c’est une technique anglo-guatémaltèse… connue dans ma seule confrérie. C’est assez secret. » (c.f. épisode 94 « L’esprit d’Halloween ») ; « Bon. Eh bien on va employer une bonne vieille méthode. » (c.f. épisode 94, idem).
 
 

LES BONNES VIEILLES MÉTHODES SE TROUVENT ÊTRE… LES MAUVAISES
 

Quand Joséphine parle des « bonnes vieilles méthodes », c’est en général soit pour précisément ne pas les appliquer ou ne pas exécuter une tâche (par exemple, dans l’épisode 28, elle a raté son canard à l’orange qui a cramé au four, et pour éviter de se donner la peine de le refaire, elle claque des doigts, et le plat lui arrive sans effort par la magie), soit pour mal agir, se venger ou faire usage de la magie noire. Donc en général ce n’est pas bon signe ! C’est plutôt les « mauvaises vieilles méthodes » !
 

Joséphine n’aime pas que ses méthodes peu catholiques soient vues… parce qu’en réalité, il n’y a aucune vraie méthode derrière : « C’est une méthode très personnelle. Si tu m’interromps tout le temps, ça va pas marcher. Tu veux pas faire un petit tour ? » (Joséphine essayant de se débarrasser de Camille au moment où celle-ci constate que notre ange gardien galère pour le pliage des parachutes, dans l’épisode 37 « L’Ange des casernes ») ; « J’ai déjà une méthode très personnelle pour exaucer mes vœux. » (c.f. épisode 57 « Un petit coin de Paradis »). Notre ange gardien est la première à dire que la méthode n’existe pas, sous prétexte qu’il n’y en a/aurait pas une seule : « Y’a pas de trucs. Y’a pas de recette miracle pour être une bonne mère. Ça s’apprend au jour le jour. » (Joséphine s’adressant à Zoé qui se décourage d’être une bonne mère avec ses nièces, dans l’épisode 81). Et puis surtout, Joséphine craint qu’en révélant les dessous de sa méthode, ne soient démasqués l’illégitimité, la violence, la fourberie, et même le satanisme, de ses manœuvres : « Comment t’as fait ? » (Geneviève) ; « C’est un copain cambrioleur. Il m’a tout expliqué. » (Joséphine, princesse des voleurs, dans l’épisode 35 « Coupée du monde). Comme ses méthodes sont plus que discutables, voire sataniques, Joséphine demande au Ciel de détourner son regard : « Fermez les yeux, Là-Haut, j’en ai pour une seconde. » (c.f. épisode 14 « La Fautive »).
 

Les « vieilles méthodes » de Joséphine font concurrence aux « nouvelles méthodes » des malfrats et autres néo-francs-maçons. Par exemple, dans l’épisode 36 « Remue-ménage », les deux gangsters de l’immobilier, Guérin et Malot, se prennent la tête sur la discrétion de leur stratégie : « Vous inquiétez pas, mes méthodes ont toujours marché ! » (Guérin) « Vos méthodes ?!? Parlons-en de vos méthodes !! Mais qu’est-ce que vous avez bien pu fabriquer là-bas pour que je me fasse traiter de mafieux ? » (Malot). Dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », le Discours de la Méthode se révèle être un harcèlement psychologique et sexuel redoutable : Éric, le directeur d’un village-vacances, décide de se débarrasser méthodiquement et machiavéliquement de Sophie, une de ses animatrices, parce qu’elle se refuse à lui : « Je vais changer de méthode. Je vais m’arranger pour la dégoûter. Elle partira d’elle-même. » Quand on entend le mot « méthode » dans d’autres bouches que celle de Joséphine, en général, c’est péjoratif et dit sur le ton du reproche : « Nous avons déjà eu un bon aperçu de vos méthodes pédagogiques, Mademoiselle Delveaux. » (Madame Bordes, la détestable déléguée des parents d’élèves, dans l’épisode 60 « Une Prof ») ; « Au niveau technique de drague… » (Joséphine trouvant le dragueur Franck Picard super lourdingue, dans l’épisode 67 « Les Anges ») ; « Vous changerez de méthode ? » (Carole Filippi, l’assistante sociale jugeant Suzanne comme une mauvaise mère pour Théo, dans l’épisode 97 « Mon fils de la lune »).
 

Mais ce n’est pas parce que les méthodes de Joséphine se montrent plus efficaces que les autres qu’elles sont moins malveillantes. Dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », l’Archange Matthias, venu la contrôler et la noter sur sa pratique « professionnelle » angélique, est le seul à s’en rendre compte et à les dénoncer : « J’aime pas beaucoup vos méthodes, Matthias. » (Joséphine) ; « Les tiennes sont pas plus clean. Tu crois que je sais pas que t’as triché pendant la partie de poker avec Fred ? » (Matthias) ; « J’ai pô triché… J’ai simplement changé une carte ! Je vois pas où est le drame. » (Joséphine) ; « Si ! C’est un drame ! Pire : c’est une faute impardonnable ! Un manquement insupportable aux règles les plus élémentaires du code de déontologie des anges ! » (Matthias).
 

En gros, la logique de Joséphine, c’est celle de Machiavel : la fin justifie les moyens ! Ou bien celle d’atteindre « le bien par le mal ». En général, quand l’ange gardien prononce le mot « méthode », ce n’est pas du tout pour être mesurée, scientifique, méthodique ni pédagogue : c’est au contraire parce qu’elle s’apprête à dépasser les limites, à violer, à faire du forcing, à camoufler/justifier des erreurs et des mensonges, à substituer le fond par la forme ou l’intention : « Les mesures nécessaires, c’est moi. » (c.f. épisode 16 « La Vérité en face ») ; « Ingrid, la fin justifie les moyens ! » (Martha dans l’épisode 18 « La plus haute marche ») ; « On a des moyens beaucoup plus modernes, maintenant ! » (Joséphine critiquant explicitement les prières, dans l’épisode 18, idem) ; « Moi, il faut que j’emploie les grands moyens. » (c.f. épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « On va faire une copie… à ma façon. » (Joséphine piratant un CD-rom, dans l’épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! ») ; « On avait dit ‘Pas de limite’. » (c.f. épisode 41 « Les deux font la paire ») ; « Bon. On va passer au plan B. » (Joséphine coupant le courant de la fête de Jeanne, dans l’épisode 72 « Les Boloss »). La « méthode » est en réalité un vice de forme.
 

La « méthode » de Joséphine, c’est en réalité la terreur. « Soyons méthodiques. D’abord, la liste des suspects ! » (c.f. épisode 85 « la Femme aux gardénias »). Par exemple, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », lorsqu’un marchand de lampes magiques d’un souk tunisien accoste Joséphine pour lui en vendre une en lui promettant qu’il y a un génie à l’intérieur qui réalisera tous ses souhaits, notre ange gardien le méprise, sort de ses gonds, invoque sa méthode (« J’ai déjà une méthode très personnelle pour exaucer mes vœux. ») et opère une démonstration de force en réveillant vraiment le terrifiant Génie de la lampe endormi à l’intérieur pour prouver qu’il ne faut jamais se montrer insistant avec elle et surtout que c’est elle seule qui détient le pouvoir et l’autorité, même sur les génies. Ce Génie, tel un molosse bien soumis à sa maîtresse, menace de manière spectaculaire le pauvre marchand qui pensait vendre de la banale quincaillerie à une touriste lambda (« Laisse cet ange gardien tranquille ou ma vengeance sera terrible ! ») puis retourne sagement dans sa lampe, sous les yeux ébahis du vendeur. Nous avons ici la preuve que le Discours de la Méthode joséphinien est au service de son orgueil, et est sans doute l’autre nom de l’orgueil.
 
 

LA MÉTHODE EST FINALEMENT 2 CHOSES : LA PASSION ET BÊTE
 

Dans Joséphine (et finalement pour le Gouvernement Mondial aussi), le mot « méthode », en plus d’être bien sûr synonyme de « technique », « tactique », « stratégie », « coaching », « recette », « règles », « moyens », « processus », « plan », « marche à suivre » (puisque stricto sensu, la méthode, c’est la définition des cadres préalable à l’exercice d’une science particulière), on apprend qu’il est aussi synonyme de deux mots qu’on n’attend pas : « Passion » et « Bête ».
 

Par exemple, dans l’épisode 62 « Yasmina », lors de l’entretien d’embauche chez la société de cosmétiques Privela, Yasmina est précisément interrogée par Emmanuel, l’un des directeurs cherchant à l’évincer du concours, sur sa définition de la méthode : « Que faites-vous des mots ‘méthode’, ‘organisation’ ? » Et la belle cadre ne se laisse pas démonter puisqu’elle lui fournit une réponse présentée par les scénaristes de Joséphine comme LE superbe argument rhétorique venu miraculeusement sauver son oral d’embauche : « Je les englobe dans la passion. ». Dans cette série, et au Gouvernement Mondial, on essaie de nous faire croire que la méthode (et donc le secret de la réussite, de la réalisation de soi), c’est la PASSION.
 

« Le Discours de la Méthode » déroulé par Joséphine, en référence bien sûr à Descartes (même si chez elle et chez les scénaristes de la série je doute que ce soit conscient…), mais également en hommage à la pensée cartésienne franc-maçonne (Je vous renvoie à l’excellent ouvrage d’Alain Pascal, Le Siècle des Rose-Croix : Pascal contre Descartes, Éd. des Cimes, Paris, 2018), occupe une place toute particulière dans l’épisode 56 intitulé « Tout pour la musique ». C’est la première et quasiment l’unique fois que Joséphine entre un peu dans les détails au sujet de ce qu’elle appelle « méthode », qui ressemble – à dire vrai – à un « programme international » américanisé : « J’ai une méthode infaillible. » (Joséphine) « C’est quoi, au juste, votre méthode ? Parnovsky ? Vollen ? Sonieri ? » (Pierre, le chef d’orchestre) « Non, pas du tout. C’est une méthode… euh… américaine. The American Method. » (Joséphine) « Jamais entendu parler… Mais c’est d’accord. Vous avez deux jours pour votre ‘Méthode américaine’. » (Pierre) « Vous ne le regretterez pas ! » (Joséphine) ; « Mais en fait, ça consiste en quoi, cette méthode ? » (Carole, la mère de Juliette) « Oh ce serait beaucoup trop long à expliquer. Mais vous inquiétez pas. Ça marche ! ». Joséphine finit par étonner positivement tout le monde avec sa « Méthode américaine », car elle parvient à faire progresser spectaculairement sa jeune élève violoniste Juliette en l’aidant à perfectionner la pratique de son instrument… sans son instrument ! « Tu n’as pas besoin de ton violon pour la Méthode américaine. » annonce-t-elle, la bouche en cœur, à la jeune prodige. Il suffit d’allier à la technique pure sa personne, sa propre histoire, son vécu, ses émotions, ses plaisirs, ses rêves, ses projets, sa volonté, sa patte, sa signature, sa folie. Joséphine trouve des moyens détournés – et en particulier hédonistes – pour joindre l’utile à l’agréable, pour obliger Juliette à développer sa personnalité, à rajouter de la souplesse et de la liberté, ainsi qu’une légère fêlure, à sa maîtrise robotique et scolaire du violon. Joséphine, c’est vraiment la prof magique, aux méthodes non-conventionnelles, novatrices et surtout « cools » : « Je fais que m’amuser et dormir ! » s’étonne Juliette. « Ben oui… Méthode américaine ! » lui répond Joséphine. C’est un peu comme les régimes amincissants qui se font oublier ! Elle parvient à ce que Juliette dépasse ses peurs en lui faisant faire pour la première fois du cheval, en faisant en sorte qu’elle se détende en goûtant les plaisirs simples de la vie et de la jeunesse (fête foraine, skate, visite de la Tour Eiffel, etc.). Elle lui fait connaître également sa première love story avec Matéo… ce qui n’est pas sans inquiéter la maman de la jeune fille, Carole, visiblement réticente aux audaces pédagogiques de Joséphine et aux expériences prématurées de Juliette. Joséphine tente de la rassurer quand celle-ci voit sa fille embrasser Matéo sur la bouche : « Juliette est en train de travailler son émotion. Ça fait partie de la Méthode américaine ! »… La « Méthode américaine », en gros, c’est un programme complet de découverte de soi (en fait, pas si « complet » que ça puisqu’il manque l’essentiel : la formation spirituelle), c’est un cure d’humanisme carpe diem pour profiter de la vie, « s’éclater » et arrêter de ne penser qu’à la perfection, au rendement, aux choses sérieuses, aux règles, au résultat, au faire. Le but de cette méthode, c’est surtout de PENSER À SOI, de s’occuper de son cœur et de sa vie sexuelle… pardon, sentimentale… même quand on est encore mineur, comme Juliette, c’est de laisser libre cours à ses passions ! Joséphine résume cette pédagogie en ces termes : « S’amuser, rigoler, profiter, aimer : vivre, tout simplement. » Face à ce travail de sape éducationnel, cet individualisme oisif et païen, les parents réels sont ravis… : « Tout ça, c’est de la faute de votre foutue Méthode américaine ! » peste Carole, la maman.
 

Il faut savoir (même si c’est surprenant) que les adjectifs « méthodique » et « passionné » sont synonymes dans la bouche de Joséphine, mais également dans la bouche des manipulateurs méthodistes (au sens protestant et évangélique du terme !) du Gouvernement Mondial. Par exemple, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », Joséphine s’extasie devant le travail précis du chocolatier Maxime : « Dis donc, il est vachement méticuleux. On voit qu’il est vachement passionné par ce qu’il fait ! Surtout par le chocolat ! »
 

Comme je le disais un peu plus haut, en plus de « passion », la « méthode » dont parle Joséphine est également synonyme de « Bête » (la Bête de l’Apocalypse). Par exemple, dans l’épisode 75 « Belle-mère, belle-fille », la chorégraphe Alice, tente de faire comprendre à ses élèves que la danse n’est pas qu’une affaire de technique mais qu’elle est surtout une affaire de don de soi, de passion. « L’expression du sentiment te donnera l’impression de voler. C’est toute ton âme qui doit t’accompagner, et pas seulement ton corps ! » conseille-t-elle à son élève préférée Manon, qui mise tout sur la technique et pas assez sur sa personne. Avec ses petits rats de l’Opéra, elle propose une méthode d’apprentissage de la danse classique un peu alternative. Elle leur fait faire des exercices de « respiration » et de « lâcher prise » pour les aider à faire sortir leurs émotions en eux. Et cette méthode les transforme en bêtes : « Maintenant, criez. Lâchez-vous. Laissez aller votre imagination. Soyez des fauves. Allez, on crie ! Allez chercher les émotions ! »)…
 

Pour appuyer ma thèse que la « méthode » vantée par Joséphine est la Bête, je vous parlerai aussi de l’épisode 74, intitulé « Tous au zoo », où Joséphine qualifie la méthode pour « être soi-même » et « trouver le bonheur » de « thérapie rugitive », sur le modèle du lion qui rugit pour s’affirmer : « J’ai mis au point une méthode que je trouve super : la thérapie rugitive. C’est-à-dire qu’en rugissant, on va apprendre au lion Spartacus à redevenir fier de lui, à bomber le torse, à redevenir ce qu’il était. Il faut qu’on l’aide à ‘rugir heureux’. »). Car en règle générale, le téléspectateur ne sait pas comment la méthode joséphinienne s’appelle. C’est un peu la méthode-qui-ne-dit-jamais-son-nom. C’est la méthode de la Bête passionnée mais avançant à pas de loup. En effet, quand quelqu’un demande à Joséphine comment elle s’y est prise pour obtenir tel résultat ou tel acte, elle joue le mystère : « Ah ça c’est ma petite cuisine perso. » (c.f. épisode 46 « Police Blues ») ; « C’est mes p’tits secrets. J’peux pas te les dire, Grand Mario. » (c.f. épisode 63 « Le Cirque Borelli ») ; « Ce serait trop long à expliquer. » (c.f. épisode 74 « Tous au zoo »). Ou alors elle coupe court à toute discussion : « Ça, c’est mon problème. » (c.f. épisode 47 « Les Braves »). Quand Joséphine prononce le nom « méthode », c’est comme un mot magique qui ferme le débat et convainc tout le monde sans que personne ne cherche à comprendre. On voit bien que derrière les méthodes de Joséphine, il y a un non-dit masquant l’absence de scénario et surtout une moralité d’action plus que discutable.
 
 

DANS D’AUTRES OEUVRES DE FICTION

 

Film « Deadpool 2 » (2018) de David Leitch


 

Cette méthodemania joséphinienne est mondiale puisque c’est ni plus ni moins le plan du Gouvernement Mondial de nous rendre tous méthodiques : « On va être méthodiques. Ensemble. » déclare par exemple le méchant Cable dans le film « Deadpool 2 » (2018) de David Leitch. Comme une promesse solennelle. Un communisme d’un nouveau genre : celui de la passion collective individualiste, celui de l’obsession et de la psychorigidité pour l’intelligence ou le savoir-faire. Écoutez Macron et les autres puissants de la Planète : ils tiennent tous cette rhétorique de la méthode, de la stratégie, de l’efficacité, du plan, des mesures (sanitaires), du protocole, de la technique, du style, du talent, de la différence, de l’audace, de la passion, de l’émotion, de l’Humanisme, de la forme… pour masquer l’absence de fond de la débauche de moyens qu’ils mettent en œuvre pour assouvir leurs fantasmes de toute-puissance, leur ambition dévorante. Il y a, derrière l’idéal méthodique du carpe diem sans nuage et tout rose, l’exigence de résultats, qui vient briser le libertarisme et l’hédonisme, pour imposer sa loi et une violence d’autant plus intransigeante et inattendue qu’elle prend l’apparence du bien-être, de la liberté, de la responsabilité, de la solidarité, de la coolitude, de la franchise, de l’engagement dynamique et imparable, de la MÉTHODE, qu’elle suit la course effrénée et incontrôlable des passions humaines. Macron est même surnommé « Method Man » par certains médias tellement il parle des méthodes ! Et la « méthode » mondialiste prend un parfum rebelle et anti-système qui la met à l’abri de tout soupçon (Pensez par exemple au rappeur nord-américain Method Man – chanté par Diam’s). La « méthode », c’est justement la méthode de l’Antéchrist pour nous la faire oublier !
 

Le Discours de la méthode (qui, dans le texte, et en intentions, est une méthode pour « dépasser ses peurs », « être soi-même », « lâcher prise », « prendre confiance en soi », « se réaliser ») est en réalité celui de l’« Anti-méthode », de la méthode anti-méthodes traditionnelles, ou plutôt de la méthode bobo dite parallèle et complémentaire de la méthode traditionnelle. Il repose essentiellement sur la technique du détour (spécifique de l’hypnose), du contournement, de la diversion, de la pluridisciplinarité, de l’éclatement (au sens également de « divertissement »), du plaisir, du bien-être, de la globalité-diversité de l’être humain, pour revenir encore mieux ensuite au savoir-faire initial. Il me fait fortement penser aux méthodes de réactivation du cerveau et d’expansion de conscience que le coach-conférencier franc-maçon David Lefrançois met en place à l’Académie Zéro Limite, une école de développement personnel. Ce talker vante notamment les bienfaits de la « Méthode Suzuki » pour apprendre le violon, de la « Méthode Spartak » pour les joueurs de tennis professionnels en Russie, qui pendant des mois apprennent à jouer sans raquette : il s’agit de techniques d’enseignements parallèles qui font leur preuve dans l’apprentissage accéléré des langues étrangères ou des encodages, entre autres.
 

Ce qui pour les leaders du Gouvernement Mondial justifie n’importe quelle méthode – y compris la méthode dure (ou expéditive ou radicale) de la dictature –, c’est le dieu « Passion ». En effet, tant que la méthode brûle au feu soi-disant incandescent de la passion, du savoir-faire, des bonnes intentions et de la franchise, elle acquière à leurs yeux le statut de divinité éternelle… et bestiale !
 
 

LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…

 

Chez les catholiques, on trouve aussi une forte passion pour la méthode (méthodes naturelles – Billings –, méthodes théologiques, etc.). Parfois à raison, puisqu’on a tous besoin d’un guide ou d’un mode d’emploi sur lequel s’appuyer pour grandir dans la Foi (et cette méthode portera alors les noms de « liturgie », ou de « Sainte Doctrine », ou de « rite », ou de « Tradition », ou de « Dogmes », ou de « Catéchisme », ou de « Somme théologique » de tel ou tel Père de l’Église). Parfois à tort, puisqu’à trop systématiser et figer la sagesse divine dans des règles ou des protocoles, on s’en éloigne en croyant s’en rapprocher. En tous les cas, la méthode doit rester un moyen et non devenir le but ou l’absolu.
 
 

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