Pourquoi ce trou de 6 ans dans la chronologie LGBT à l’expo Champs d’Amours à l’Hôtel de Ville de Paris ?

 

Je suis retourné hier, en compagnie du talentueux photographe Philippe Piron, à l’exposition Champs d’Amours : 100 ans de cinéma arc-en-ciel à l’Hôtel de Ville de Paris, pour y faire un shooting photos, bien loin de l’esprit narcissique délirant actuel très bien dépeint dans l’émission Stupéfiant (Si vous n’y êtes pas encore allés, courez-y : elle est gratuite et techniquement grandiose).
 

Mais ce qui m’a surpris et qui me chiffonne encore, c’est ce trou de 6 années dans la chronologie de l’Histoire LGBT qui a été retracée sur les murs de cette très belle expo concoctée par la caste gay friendly des Didier Roth-Bettoni et compagnie, groupe d’experts qui a largement de quoi la remplir sur cette période 2006-2012 (Moi-même, dans ma Frise chronologique faite-maison, j’ai relevé 6 faits marquants pouvant figurer sur cette intervalle). Au départ, j’ai cru à une erreur, à un oubli de ma part. « Lors de ma première visite, me suis-je dit, j’ai dû passer à côté du panneau de la période 2007-2012 par inadvertance : j’y retournerai pour photographier le panneau manquant. »)… mais en fait, non. Et j’ai toujours été très sensible aux non-dits, aux actes manqués, aux lapsus, aux sauts dans le temps, à la signification des élisions et des ellipses. En particulier quand ces dernières ne sont pas du tout logiques et qu’il y avait largement l’espace pour un autre pancarte. Pourquoi gommer ce pan entier de l’Histoire LGBT, alors même qu’on se donne pour tâche de la sortir de l’oubli ?
 

J’ai deux hypothèses. Une qui semble narcissique, auto-centrée et mégalo (alors qu’en réalité, il n’en est rien) ; l’autre qui est plus sociétale et qui dit la nature intrinsèquement mauvaise du « mariage pour tous ». La première, c’est que la période 2006-2012 correspond exactement aux années de composition et d’éclat de mon Dictionnaire des Codes homosexuels, un travail capital et inédit pour la communauté homosexuelle mondiale, mais complètement passé sous silence (à part dans l’émission radiophonique Homo-Microj’en expliquais maladroitement le fonctionnement et la richesse) et incompris. La seconde hypothèse, c’est que 2006-2012 sont les années de prise d’élan et de complot pour imposer à la population mondiale le « mariage gay » sans qu’elle ait son mot à dire. Et ces deux hypothèses se tiennent.
 

En tout cas, tout ce que je peux dire, c’est que ce n’est pas beau de gommer l’Histoire (… et je ne parle même pas, dans la chronologie dressée par les exposants de « Champs d’Amours », de l’Histoire falsifiée ou approximative : par exemple, pour l’attentat d’Orlando en 2016, il n’est pas spécifié que son commanditaire, Omar Mateen, était lui-même homosexuel…). Et ça dit quelque chose d’important sur le mal (homophobie, lois totalitaires).