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Le Christ et sa gueule de connard

« Jésus est l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde ». Souvent, en entendant cette phrase, nous sommes tentés de l’interpréter comme une icône misérabiliste de la victime innocente, encore belle dans l’humiliation. La gueule d’amour bafoué. Nous avons du mal à prendre toute la mesure de la vérité qui nous est dite : « Jésus est l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde ». Non seulement le Christ, en revêtant tous nos péchés, a revêtu le masque de la victime, mais aussi (et ça, c’est super dur à comprendre) celui du méchant, du brigand, du délinquant, du pervers, du menteur, du blasphémateur, du fou, de l’orgueilleux qui se prend pour Dieu, du paria, du diable ! Il a l’air de faire le mal, même s’il ne le fait pas. En tous cas, tout porte à le croire ! Et c’est normal que nous, qui souvent ne voulons voir en Lui qu’Amour, gloire, beauté et sacrifice, ayons du mal à penser qu’Il est allé jusqu’à tolérer cette ignoble apparence pour nous offrir la liberté, par amour. Or, c’est le cas. Le Juste porte le péché du monde, et donc l’apparence du mal. Pas seulement la douleur ou la souffrance. Il porte la violence, la méchanceté, la cruauté ! Il nous faut sans arrêt digérer ce mystère, regarder en face la gueule de connard du Christ ! C’est ainsi que j’explique que les prêtres catholiques, dont la plupart sont des justes car ils imitent le Christ et sont carrément – par le sacrement de l’ordre – le Christ, soient affublés de toutes les réputations diaboliques possibles imaginables (pédophiles, libertins, dictateurs, homosexuels, hypocrites, menteurs, frustrés, violeurs, criminels, etc.). À travers le sacerdoce, ils portent le péché du monde. Rien que ça ! Et nous aussi, catholiques, de par notre baptême, nous sommes appelés à porter le péché du monde, à assumer de passer pour les connards et les réactionnaires de service, car nous ne le sommes pas (si nous appliquons vraiment les commandements de Jésus), mais nous en avons l’air (parfois ;-)). Souvent, nous nous insurgeons qu’on nous traite de conservateurs, de fascistes, extrémistes, d’intolérants. Mais nous devrions nous réjouir au contraire, car ces étiquettes prouvent, dans les situations où nous n’avons objectivement pas mal agi, que nous avons revêtus le Christ (et sa gueule de connard) au moment où elles nous sont collées. Joie d’être traité de diables quand c’est pour et par le Christ !