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Décryptage du 1er mariage homo français (Discours de Vincent Autin à son « mariage » : Le comble du narcissisme)

Quand la comédie s’habille de sincérité, ça donne une mise en scène narcissique et adulescente comme celle qu’on a vue au premier « mariage pour tous » de Montpellier (France) le 29 mai 2013.

Je dis narcissique car c’est l’image d’amour plutôt que l’amour incarné qui a primé. Vincent Autain, le « marié » le plus âgé des deux, ne défend pas le mariage en tant que réalité. Il ne défend que ce que son ‘mariage’ SYMBOLISE, que ce que ‘le mariage’ représente, que ce que ‘le mariage’ paraît, que les entités politiques et médiatiques que ‘le mariage’ valorise, que le symbole d’amour que ‘le mariage’ donne à voir. D’ailleurs, il est à court d’arguments pour justifier concrètement l’amour : il le défend par principe (« Aimez-nous. Aimons-nous parce que c’est important. »), et non en référence à sa propre vie, à son couple, à sa société, à sa Nation, à une réalité transcendante qui le dépasse et qu’il servirait. Il fait un pacte avec une abstraction : son idée d’amour, déconnectée du bien commun.

Malgré les apparences (puisque ce monsieur répète sans cesse le mot « amour »), Vincent ne se marie pas par amour vrai, mais essentiellement par peur/haine de la « société » (décrite comme hostile, « suffisamment difficile »), prioritairement pour les intentions (sincérité, sentiments, combattivité, audace, militantisme, dette amicale, remerciements d’acte de présence, etc.), bref, pour l’image. « Le symbole, c’est l’Amour » dit-il. Et comme cet homme comprend inconsciemment que sa promotion d’un « amour universel » désincarné ne suffit pas pour être crédible, il durcit le ton de son discours dans la victimisation politisée et la distribution de diplômes d’amitiés (le chantage aux sentiments, comme entre ados) : l’« amour » dont il parle est figé en slogan politique, en symbole pour la reconnaissance des droits LGBT, pour la « solidarité », pour un ‘progrès civilisationnel’ abstrait, pour le « droit à ne pas être agressé (se faire lyncher) ». Paranoïa et narcissisme complets.

Alors je ne lui souhaite évidemment pas la noyade de son couple. Je ne fais juste que la voir devinée et exprimée par lui-même. (Et par « noyade », je n’entends même pas « divorce » ; j’entends « extinction de l’amour », qui se déclinera en ennui, insatisfaction, frustration, violences, et pas nécessairement rupture officielle). Narcisse ne se réveille en général que trop tard, quand il est au contact de l’eau et que celle-ci déjà le submerge.

N.B. 1 : Mon moment préféré de cette vidéo, c’est quand même le « NON ! » grognon et spontané de la petite enfant qui introduit la violence mensongère et bien intentionnée du discours qui le suit. Les enfants, les premiers, ne se trompent jamais sur les contrefaçons d’amour.

N.B. 2 : Pour ceux qui douteraient du narcissisme de la scène, regardez simplement sur la vidéo la place des appareils photos (téléphones portables, bruit des déclics, flashs, quasi plus de journalistes que d’invités, etc.), l’extériorisation et la sur-politisation du mariage (« Mes premières pensées vont à tous les militants. »), la teinte bleutée (couleur piscine) omniprésente dans ce film de la première à la dernière seconde (Najat Vallaud-Belkacem et Anne Hidalgo ressemblent à de vraies Schtroumpfettes !). Écoutez les phrases de Narcisse enfermé dans sa cage dorée et prêt à plonger avec lui-même dans la fusion-noyade de ses bonnes intentions (« Je ne vais pas m’étendre. » ; « Je ne vais pas m’étendre parce que c’est compliqué… » ; « notre famille » ; « Nous remercions toutes les personnes qui sont à l’extérieur de la mairie. » ; « Je crois qu’il n’y a rien de plus beau que l’amour. »). Jusqu’à l’homophonie du nom de famille de Bruno –  « Boileau » = Bois l’eau – et du nom de famille de Vincent – « Autin » = hautain –, indique un orgueil aquatique. Et je relèverai aussi les phrases qui renvoient au viol et à l’incestuel parricide (« Je voudrais remercier ma maman dont j’ai porté le nom fièrement. Donc mon père qui est parti. » ; « Je voudrais remercier mes sœurs. C’est toujours aimer. C’est toujours aimer. » ; dans l’assistance, les invités les plus filmées sont comme par hasard des femmes ; la personne la plus applaudie de tout le discours, c’est la mère de Vincent), à l’orgueil naïf (« Ce serait quand même super si vous pouviez vous marier les premiers ! »), à la prévalence de l’instant désincarné (ou de la fuite en avant dans un avenir abstrait) sur la durée (« Voilà : c’est un moment d’amour » ; « J’ai qu’une peur avec le mariage : c’est que nos vies ne soient pas assez longues pour le consommer. »), à la fuite du réel (« dans cette belle ville » ; Franck Sinatra en musique de fond, pour déréaliser et mythifier encore plus l’événement ; la société et le monde extérieur montrés comme des dangers ; etc.). Même la fusion narcissique s’observe à travers l’amalgame verbal des deux familles en « notre famille » : mensonge anthropologique où les deux familles de sang ne font qu’Une, où la famille de sang se confond avec la supposée « famille amicale » ou la supposée « famille politique » (comme s’il s’agissait des mêmes choses !), où la différence des sexes/la différence des générations/la différence des espaces (cf. la citation approximative de Martin Luther King) ne sont plus reconnues, où la sphère amoureuse et la sphère politique ne sont plus distinguées, où la liberté et la réalité humaines ne sont plus respectées.

N.B. 3 : « Un grand homme disait – Martin Luther King, pour ne pas le citer – : ‘Si une loi ne peut pas nous obliger à nous aimer, par contre elle peut nous obliger à ne pas se faire lyncher.’ » C’est Martin Luther King qui a dit ça, c’est sûr ? Moi, j’aurais plutôt dit Gandhi, le Dalaï Lama… ou Lorie… mais bon (Et je crois qu’en entendant ces paroles qui lui sont prêtées, le vrai Luther King – qui de son vivant n’aurait jamais accepté le « mariage pour tous » et l’aurait volontiers compris comme un nouvel apartheid de la post-modernité – a dû se retourner dans sa tombe !).