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Les 12 obsessions des cathos bobos de la Réacosphère

Minorité influente à l’intérieur de l’Église Catholique – et pourtant on n’entend quasiment qu’eux dans les médias dits « alternatifs », aux côtés de leurs jumeaux progressistes -, je vous présente la nébuleuse de la « Fachosphère » ou « Réacosphère », dont j’ai parlée abondamment dans le chapitre des bobos cathos anars d’extrême droite dans mon livre Homo-Bobo-Apo. En pleine expansion vue que la crise que vivent le monde et l’Église actuels amène son lot de mécontents et de paniqués, les membres de la confrérie de la Réacosphère ont 12 obsessions que je vais décrire dans cette vidéo :
 

 

 

1) Première obsession : L’HOMOSEXUALITÉ ! Ils ont vraiment un problème avec ça. Ils en parlent souvent. De tous les médias cathos, ce sont les seuls qui osent prononcer explicitement le terme. Et maintenant, beaucoup de leurs articles portent apparemment sur le sujet. Ils créent même des néologismes (« homofolie », « homosexualisme », « homohérésie », « homosexualiste », « lobby gay », etc.). Ils font comme les protestants : pour eux, à la fois l’homosexualité est diabolique (ils la lobbyisent sous forme de terrible dictature : à leurs yeux, ce qui est normal, c’est la famille, et le reste, ce sont des déviances, des perversions, des péchés), à la fois ça n’existe pas (ils disent qu’ils s’en foutent, qu’on en parle trop, et se piquent de pseudo savoir psychanalytique et de moultes statistiques pour la pathologiser). D’ailleurs, la concernant, ils adorent la thèse de la blessure narcissique. Ils nous la ressortent quand ils veulent nous décrédibiliser à peu de frais : tu t’énerves, c’est normal, ta blessure narcissique se réveille et tu es un blessé de la vie. En réalité, ils sont hyper mal à l’aise avec le sujet parce qu’ils n’en parlent jamais en dehors du phénomène social, parce qu’ils ne parlent jamais des personnes homos et n’annoncent jamais la Bonne Nouvelle, parce qu’il y a énormément d’homosexualité refoulée (et donc pratiquée) dans leurs rangs, une homosexualité camouflée dans un mariage et une famille nombreuse, ou dans un activisme viriliste (Action Française, BADE, GUD). Même s’ils affichent une inflexibilité et un puritanisme d’apparat, dans les faits, ils se laissent bien souvent aller à la débauche. Ils font partie des libertaires cachés. D’ailleurs, ils brandissent souvent leur liberté d’expression, d’éducation, de croyances et de cultes, comme un droit canonique inviolable et feignent la décontraction réactionnaire. Ça se voit jusque dans le titre de leurs médias : TV Libertés, Radio Courtoisie « la seule radio vraiment libre ! ». Ils ne divorcent pas beaucoup, mais en revanche, se trompent ou se séparent allègrement, vu que la CRC (Contre-Réforme Catholique) s’arrangera pour annuler leur mariage en toute discrétion et légalité.
 

 

2) Deuxième marotte : LA VÉRITÉ (mais sans Charité) : Ils érigent tout ce qu’ils craignent comme des vérités et des généralités universelles. Penser les choses en termes de vérité uniquement, c’est une manière de se justifier d’être inflexible, intransigeant, entier : si je suis lucide et obéissant à la Vérité, je suis donc forcément juste ! Au bout du compte, comme Lucifer, ils ont remplacé l’Amour par l’Intelligence. Et ils croient que ça leur donne tous les droits. Ils passent maîtres dans l’exercice du soupçon et de l’accusation : ils sont constamment dans l’invectives, l’effet d’annonce et la critique négative. Jamais dans l’émerveillement. Ils abusent des points d’exclamation. Beaucoup de leurs sites n’annoncent pas la Bonne Nouvelle (même si en intention, la vitrine a l’air gentille : je pense par exemple à un site comme « Égalité et Réconciliation »). Dans les faits, c’est plutôt « profession Mouchards et Juges ». Les réactionnaires réagissent au quart de tour mais ils réfléchissent peu : ils se contentent de faire ricocher la mauvaise nouvelle ou le pseudo « scandale », de râler avec les râleurs, et ils rêvent d’annoncer en premier à la terre entière le scoop qui détruira des rêves et des naïvetés, qui dénoncera les contrefaçons. À tel point qu’on se demande si leurs sites sont cathos. Même s’ils en portent le nom : Riposte Catholique, Christianitas, Info Catholique, Catho Bel, France Catholique, etc. Ils sont tellement mauvaises langues, et avides de recenser uniquement ce qui ne va pas dans l’Église, de révéler les affaires troubles ou les écarts en interne, qu’on doute réellement de leur catholicité et de leur bienveillance à l’égard de l’Église. Ils sont tenus en réalité par des journalistes qui se valent du catholicisme pour surveiller le moindre faux pas des gens d’Église, et de divulguer l’info « ecclésiale » qui créera la zizanie. Par exemple, ils distribuent les bons et les mauvais points entre les cardinaux. Ils sont comme les papys réacs du Muppet Show : « T’as vu : Untel défend le lobby gay ! T’as vu ? Tel autre a approuvé l’euthanasie. » Ce sont des rapporteurs à 4 chandelles… et qui en plus surinterprètent bien souvent les propos pour les monter en épingle. Par exemple, jamais le cardinal Marx n’a encouragé à la bénédiction des couples homos. C’est le pur fruit de l’imaginaire de la Fachosphère. Mais de la réalité des faits, ou de l’issue d’un début de soupçon, ils se moquent bien. Pour eux, la paranoïa, le risque ou l’ambiguïté deviennent la réalité. Au fond, ils ne rêvent que d’une chose : l’arrivée d’un schisme, et que l’Église Catholique coule. Le pire, c’est que dans leur discours de Vérité, il n’y a pas de Charité, pas d’Amour. L’Amour, pour eux, c’est une faiblesse. Quand ils affichent un cœur, c’est uniquement le Sacré-Cœur saignant et brodé main : jamais leur propre cœur. Et quand ils s’expriment sur les réseaux sociaux, le paradoxe, c’est que ces chantres de la Vérité sont incapables de parler à visage découvert : c’est toujours derrière un masque ou un pseudonyme. La Vérité, c’est pour les autres : jamais pour eux !
 

3) Troisième fixette de la Fachosphère : LEUR RÉPUTATION D’INTÉGRISTES. Observez juste les coups de sang du blogueur Fikmonskov, très amers et peu réfléchis. Les accusations de « raciste », de « nazi », d’« intégriste », d’« extrême droite » (pour lui, l’extrême droite n’existe pas, d’ailleurs), de « fasciste », le font réagir au quart de tour : il n’a aucune distance. Et même quand il n’est pas attaqué sur ça, il faut toujours qu’il la ramène sur sa réputation d’extrémiste et qu’il ironise dessus. En fait, il ne l’a toujours pas digérée. Elle lui tient chaud, même s’il affiche parfois un ricanement ou singe un détachement d’indifférence.
 

 

Ça marche aussi avec la journaliste Eugénie Bastié, bossant au Figaro, et qui est capable, rien que pour ricaner sur sa réputation de « réac » ou d’« antiféministes », de plaisanter sur la mort d’Arnaud Beltrame en se posant en victime. On retrouve ce cynisme provocateur chez Jean-Marie Le Pen (prenant un malin plaisir à décrire les chambres à gaz nazies comme un « détail de l’histoire »). Dans le binarisme simpliste actuel du monde, qui classe les gens dans le camp de l’« Amour » ou celui de la « Haine », les réactionnaires se savent associés au camp de la haine (exemple : le « F-Haine ») et ça, ça les énerve prodigieusement autant que ça les excite. Par pur orgueil et plaisir d’humilier, ils décident de rentrer dans le jeu de leur mauvaise réputation, pour au moins prendre leur interlocuteur en défaut de bêtise et de haine, en étant eux-mêmes aussi haineux que lui, mais au moins avec art et esprit !
 

 

 

Par exemple, ils poussent la provocation jusqu’à imiter sérieusement la parodie du fascisme historique qui leur est imputée : je pense aux colloques de Civitas intitulés « Dieu, Famille, Patrie » et singeant la France collabo de Vichy. Par ailleurs, pour salir en même temps qu’honorer leur réputation de « haineux », ils s’autorisent souvent le paradoxe très bobo de mêler dans leur discours mots châtiés et insultes : les banderoles « Foutons-les dehors ! », les slogans « Y’a bon Banania, y’a pas bon Taubira ! » (scandés au mégaphone par l’abbé Beauvais, ancien curé de saint Nicolas du Chardonnet, lors de la manifestation du mouvement Civitas contre la « christianophobie » le 20 octobre 2013), Davy Rodriguez n°2 du Front National Jeune (FNJ) proférant le 10 mars dernier « espèce de nègre de merde ! », etc. À force de se moquer ironiquement de leur réputation de « haineux », ils ne voient même plus qu’ils lui obéissent en actes.
 

 

4) Quatrième obsession : LA RÉALITÉ. Les fachos sont obnubilés par la Réalité (les élus du Front National ne jurent que par elle, par exemple). Ils ont des radios dédiées exclusivement au Réel : « Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. » Ils organisent même depuis 2017 des « Fêtes du Pays Réel » tellement ils poussent le pragmatisme jusqu’au bout et voient le monde comme une virtualité qu’ils n’habitent plus. Ils s’enchaînent à l’actualité, aux flux incessants des nouvelles délivrées par les réseaux sociaux et les chaînes d’infos, et s’annoncent comme ceux qui vont réinformer la planète manipulée, rétablir la réalité (exemple : Réinformation TV). En gros, selon les membres de la Réacosphère, il est plus important d’avoir raison que d’aimer, de tenir informé que d’annoncer le Salut à tous. Ils voient dans la cohérence ou le réalisme une loyauté, une honnêteté, et même une voie de sainteté. Il faut que ça file droit, que tout se prouve, se mérite et se paie. C’est une forme de gnosticisme justicier, en fait. En filigrane derrière cette obsession de la réalité se trouve la croyance qu’ils auraient le courage de dire tout haut ce que tout le monde penserait tout bas, et surtout que ce sont eux qui ont raison et les autres qui auraient tort. Penser les choses en termes de « réalité » uniquement, c’est finalement l’excuse facile pour traiter à peu de frais leurs détracteurs de menteurs : ces derniers nient le « réel » (réel qui est bien souvent le fruit de leurs propres projections et fantasmes paranoïaques), DONC ils sont forcément « aveugles », « fous », « bêtes », « de mauvaise foi » et « indignes de confiance ». Il y a un orgueil monumental caché derrière l’obsession des réac’ pour la réalité et la Vérité. Ils se reconnaissent volontiers pécheurs (dans l’idée), mais jamais fautifs.
 

 

5) Cinquième lubie : LE COMPLOT. Leur sentiment permanent d’être épiés, censurés, mal aimés, persécutés, en danger, incompris, engouffre les réacs dans la défiance. Ils voient du complot, de la stratégie, de la censure, partout. Dans leurs articles de presse, ils choisissent des titres racoleurs qu’ils mettent souvent au négatif et avec des injonctions. Exemple avec la revue L’Incorrect : le 13 avril 2018, ils titraient l’un de leurs articles « Les gardiens de la mort et de la tolérance ne nous enfermeront pas dans la cage aux phobes ! » Ils fantasment sur l’ennemi interne, sans penser une seule seconde que c’est eux ! Dans leur système de croyances, la Vérité est forcément violente, cinglante. Implicitement, ils pensent qu’elle est le mal, que « y’a que la vérité qui blesse », et ils rêvent d’arriver en grands annonciateurs des « 4 Vérités » des gens qui les entourent, pour ne jamais entendre les leurs. Pour eux, la Vérité est nécessairement cachée, ne se dévoile pas, est une propriété privée qui n’appartiendrait qu’à ceux qui la méritent. Car au fond, elle ne s’est pas incarnée dans leur cœur. Ils en ont une connaissance intellectuelle. La peur, et tout le raisonnement intellectuel qu’ils ont déployé pour la justifier, a endurci leur cœur, les a rendu misanthropes. Ils ont très peu de vrais amis, d’ailleurs, et jugent le monde de loin.
 

 

 

6) Sixième obsession : LES MÉDIAS. Même s’ils se targuent d’avoir grandi sans la télé, les membres de la Fachosphère se sont bien rattrapés depuis et recherchent les caméras fiévreusement par la suite. Il leur arrive même d’utiliser le mot « Medias » pour s’auto-définir : exemple : Medias Presse Infos. Car oui, ils créent des télés, des revues et des radios alternatives, des chaînes Youtube et des partis politiques. Ils sont relativement bien infiltrés dans les sphères médiatiques, ont tout fait pour les intégrer, connaissent leurs codes (les happenings, les éditos cinglants, les effets d’annonce, les tweets, etc.) et cherchent à créer le buzz à tout prix. Ils étaient les premiers à monter au créneau lors des pièces blasphématoires (Golgota Picnic par exemple), lors du « mariage gay ». Ils étaient aussi les premiers à oser braver les plateaux télé, à s’enchaîner à l’Arc-de-Triomphe et à imiter les Femens. Ils sont à l’affût de la moindre occasion de se faire remarquer publiquement. Ils adorent prendre des poses victimiaires héroïques dans les caméras. On a tous en tête la photo du curé de sainte Rita étendu théâtralement sur le sol pendant que son église était évacuée par les CRS qui soi-disant auraient interrompu une messe, le 3 août 2016… alors qu’en réalité, cette mise en scène de martyre avait été savamment orchestrée par les « victimes » elles-mêmes ! Les membres de la Réacosphère rêvent de passer pour les nouvelles Jeanne d’Arc. Ils aiment créer l’événement (Marion Maréchal Le Pen à Washington en février 2018, par exemple). Par ailleurs, les fachos ont un rapport idolâtre d’attraction-répulsion vis à vis du monde : à la fois il déteste leur époque et lui sont hermétiques (ils auraient préféré vivre dans un autre siècle ; notre temps et nos contemporains les effraient), à la fois ils sont complètement enchaînés à elle, font éponge avec elle. Il y a peu de recul chez eux : ils croient tout ce qu’ils voient ou entendent à la télé. Ils sont d’une crédulité impressionnante, et sont eux-mêmes facilement impressionnables. Le propre du réactionnaire n’est-il pas justement de réagir, et même de surréagir ?
 

 

7) Septième fixette : LA CIVILISATION : Les membres de la Réacosphère sont très branchés « Civilisation », « Patrie », « Tradition », « Passé », « Patrimoine », « Racines chrétiennes », « Royaume de France ». D’où leur patriotisme et leur nationalisme royalistes exacerbés. Leur millénarisme, aussi. Le millénarisme est le souhait d’instaurer un règne terrestre de Dieu par la force et des moyens humains. Le slogan de l’institut Civitas, c’est précisément « Pour une Cité Catholique ». Il y a un gros fond de peur, de vengeance, de révolte, d’orgueil, derrière cette idéalisation passéiste de l’Histoire. Quelque part, les réactionnaires se réjouissent du chaos. Car leur idéalisation de la civilisation s’accompagne d’une vision très noire du présent, et repose sur la fameuse dichotomie « civilisation/barbarie ». Ils fantasment beaucoup à propos de la « destruction ou du basculement de civilisation », de la « décadence des mœurs », etc. Et ils cherchent à mettre en place exactement ce qu’ils condamnent chez les autres, et en particulier dans la Franc-Maçonnerie, car elle aussi a pour objectif de construire une nouvelle civilisation par le biais du chaos. Les conférences d’Alain Escada contre le Nouvel Ordre Mondial et la Fin des Temps, sont donc une vaste blague. Les réactionnaires se centrent sur le Christ-Roi. Tout comme Judas, le traître qui a livré Jésus et qui était un parfait zélote patriotiste, millénariste : il voulait faire du Christ le fondateur d’une nouvelle civilisation qui renverserait le pouvoir tyrannique en place. Et Jésus fuie ce genre de soldats zélés pour sa cause : « À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : ‘C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde.’ Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. » (Jn 6, 15).
 

 

 

8) Huitième obsession : L’ISLAM. À propos de millénarisme, nos chers amis réacs font une fixette sur l’islam. Leur paranoïa haineuse a toujours besoin de se fixer sur une population religieuse en particulier qu’ils diabolisent pour altériser le mal : avant, c’étaient les chrétiens modernistes et les protestants. Mais à présent, ils ont jeté leur dévolu diabolisant sur l’islam, qu’ils confondent avec les personnes musulmanes (dont ils ne se soucient jamais). Ils créent des sites où ils font fusionner Jésus et l’islam (exemple : Islam et Vérité). Et dans leur langage, c’est le constant amalgame. En témoigne la récente sortie de Marion Maréchal-Le Pen aux États-Unis : « La France était la fille aînée de l’Église. Elle est en passe de devenir la petite nièce de l’islam. » À les entendre, tout est de la faute de l’islam. Ça devient pathologique chez eux. Tu te casses une jambe : c’est de la faute de l’islam. Il pleut, c’est l’islam ! Et même quand il n’est pas directement question de l’islam, ils ont l’art de tout ramener à ce dernier par l’art de la comparaison abusive. Exemple : Une église catholique est taguée de graffitis : eh ben… c’est pas dans une mosquée qu’on aurait osé faire ça ! (sous-entendu : « Les cathos, on les soutient uniquement parce que ce sont des victimes, donc des points de comparaison qui nous permettent de diaboliser l’ennemi d’en face, mais ce sont aussi des chiffes molles qui n’ont pas de couilles et ne savent pas se défendre. »). L’islam n’est donc pas mieux loti que le catholicisme, au final. Les membres de la Réacosphère ont un profond mépris pour les catholiques, et en particulier les prêtres – ils adulent le statut ecclésiastique du prêtre, mais le prêtre « personne », ils le détestent. Et on comprend pourquoi : l’autorité ne leur plait pas (ils prétendent l’incarner), l’humilité du Christ non plus (eux, ils préfèrent les champions, les croisés, les vainqueurs, les justiciers autoritaires !), ils ont des situations maritales non conforme à l’Église (divorces, homosexualité, concubinage, adultère) ou bien quand ils restent mariés ils n’honorent pas leur mariage. Des élus FN en personne m’ont certifié que les leaders de ce parti détestaient les catholiques (ils trouvent les prêtres trop bavards, et quand ces derniers l’ouvrent trop, ils leur conseillent de se mêler de leurs affaires). Les réactionnaires n’aiment du catholicisme que sa civilisation, que sa puissance autoritaire et punitive, que son statut de contre-pouvoir et de civilisation messianiste justicière.
 

 

9) Neuvième obsession : LA FORME DU RITE, LA LOI. Les réactionnaires font une fixette sur le rite, l’Église-Institution, le dogme, la tradition, l’ordre, la manière de prier. Ils restent dans le code moral, le permis et le défendu, la règle, les fautes : ils ne mangent pas à la table des pécheurs puisque ces derniers « ont fauté » et sont « impurs ». Dans toute situation humaine, ils ne vont voir que les défauts. Au fond, par orgueil, ils confondent la sainteté avec la perfection. Ils mettent le culte au-dessus des Humains qu’il est censé servir. Ils détestent tout élan d’ouverture à l’autre, qu’ils voient comme un dangereux relativisme. Et il ne faut surtout pas leur parler d’œcuménisme (là, c’est le crime de lèse-majesté !). Ils ont fait une fixette sur le Concile Vatican II (1962-1965), comme pour annoncer que c’est le Grand Virage de la Trahison, le moment fatal où tout a basculé. Ils ne démordent pas que le rite et les petites habitudes dogmatiques ont été bousculés voire carrément perdues depuis ce concile. D’où sort cette croyance ? On ne sait pas. Mais ils croient dur comme faire que rien ne sera plus comme avant, que l’Église s’est perdue à jamais, que les bons prêtres n’existent plus, que les jeunes générations de catholiques sont des faux croyants. Ils honnissent le Pape François uniquement parce qu’il est bon : ils le prennent pour un irresponsable, un incompétent, un moderniste, un Antéchrist protestantisé… quitte à idéaliser son prédécesseur, Benoît XVI (alors qu’au temps de ce dernier, ils n’hésitaient pas à le qualifier aussi d’apostat). Comme les pharisiens de la Bible, ils sont très matérialistes, avares, près de leurs sous, même si leur spiritualisme intégral et leur goût de l’esthétisme laisseraient croire le contraire. Ils survestissent sur le matériel pour compenser leurs nombreux manques affectifs. Ils sont très à cheval sur les codes de bienséance, et les codes liturgiques (c’est pour ça qu’ils se laissent flatter par le cardinal Sarah) : ils ont transformé les statues, le rosaire, la médaille miraculeuse, en fétiches, en grigris ; ils se crispent sur la forme (qu’eux qualifieront de tridentine – FSSPX – et d’extraordinaire) de la messe. Ils ne vont pas à la messe pour aimer les autres, mais par devoir moral. Ils sont en général très protocolaires : ils disent les prières bien comme il faut (parfois le rosaire tous les jours), connaissent les phrases qu’il faut dire par cœur, se rendent aux pélés qu’il faut, vont à confesse. Mais c’est superficiel. Car ils ne confessent jamais leur dureté de cœur et leur refus de pardonner. Ils n’ont pas compris que Jésus n’en a rien à faire des prières, des holocaustes et des sacrifices, ou des bonnes manières de le prier. Il veut un cœur broyé, contrit, aimant. Il veut des disciples entourés d’amis.
 

 

 

10) Dixième obsession : LA COMMUNION DANS LA MAIN. En lien avec l’obsession du culte, les néo-pharisiens ont une autre lubie : c’est la communion dans la main. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas le cœur sur la main, finalement. Et je dis ça alors que personnellement, je reçois la communion dans la bouche, et je préfère. Sur les réseaux sociaux, si vous voulez un peu d’animation, vous commencez à brancher les réac’ sur la communion dans la main. Et vous mettrez le feu aux poudres ! En général, concernant l’Eucharistie, les réacs se fixent sur la manière de la recevoir autant (voire plus) que sur l’hostie elle-même. Ils ont besoin de mettre plein de règles, de conditions de bonne réception, de clôtures moralistes et de licences pour délivrer aux autres le « droit de communier » (comme Judas avec l’onction de Béthanie) ou le diplôme de « vrai catholique », de poser des cadres qui les rassurent (missel bilingue latin-langue vernaculaire, messe ad orientem), et surtout qui les placent du bon côté de la barrière du Salut. Deuxième sujet tendax : c’est le port de la soutane ou du col romain. Ils ont fait de la communion un fétiche presque intouchable, désincarné, un dîner privé, une union sans communion. Ils privilégient bizarrement le « sens du sacré » au sacré.
 

11) Onzième obsession : LE MÉCONTENTEMENT. À les entendre, il faut être mécontent et méfiant, récriminer, ronchonner. C’est obligatoire ! La patience, la longanimité, l’humour, la tendresse, c’est pas leur truc. C’est de la faiblesse. Les vrais sourires, c’est pas vraiment le style de la maison. Autant vous dire que dans les rangs réacs, ça ne respire pas la joie de vivre. Ça ne rayonne pas. C’est plutôt sourire crispé. Ou l’air pataud, antipathique et patibulaire d’un Jean-Marie Le Pen. Vous avez déjà vu Marion Maréchal, Charlotte d’Ornellas, les présentateurs de TV Libertés ou Fikmonskov sourire, vous ? Non. Il faut faire la gueule. L’antipathie est la règle. Et leur obsession, c’est de ne pas être ridicule. Moi, par exemple, j’ai fait un truc public ridicule : mon clip « C’est bien gentil ». Eh bien certains réacs voulaient me traîner carrément en procès pour ça, sans rire. Assumer ses limites, le ridicule, accepter d’être pécheur, fautif et fragile, d’être aimé en dehors du mérite, ils ne font pas.
 

Le sourire d’Alain Escada…


 

12) Douzième et dernière obsession : L’ENFER : Pour faire contrepoids au relativisme Bisounours ambiant qui ne parle plus du Salut ni de l’enfer, les réactionnaires se prennent de passion pour l’enfer et n’annoncent plus la Bonne Nouvelle du Salut pour les pécheurs. Par exemple, le secret de Fatima, offrant des visions de l’Enfer, ils ont adoré !! Ils font une véritable fixette sur l’Enfer. En réalité, ils ont une conception très intellectuelle de celui-ci, puisqu’il n’y a pas de vraie connaissance de l’enfer sans l’accès à la Miséricorde et sans la prise de conscience de sa propre misère, sans la compréhension que l’enfer est cerné de Miséricorde. Ils sont à ce point dans le goût de la peur et de la menace, dans le manque d’Amour et dans la fermeture de cœur, qu’ils s’arqueboutent sur le déni de l’enfer. À leurs yeux, on peut nier le paradis, mais surtout pas l’existence de l’enfer !! leur CHER enfer ! Je pense à la récente polémique sur les propos du Pape qui aurait nié l’enfer, le 31 mars dernier. Au fond, je crois qu’ils ont pris l’enfer pour le paradis : je les ai entendu dire que l’enfer est une grâce/don de Dieu (alors que l’enfer est permis par la grâce de Dieu mais n’est certainement pas une grâce de Dieu). Car en réalité, ils tiennent plus à l’enfer qu’au paradis. Eh bien ils s’y dirigent tout droit ! Comme ils placent la Justice à la place de l’Amour, ils sont capables de s’auto-juger (comme ils imaginent que Jésus les juge) et de s’envoyer en enfer pour honorer Jésus, au lieu de se laisser aimer par Lui ! Incroyable.
 
 

Cet article bénéficiera bientôt d’une vidéo sur Youtube, intégrant une série de 15 entretiens tournés en avril 2018 à Lourdes avec la journaliste Nathalie Cardon, et dans le droit fil de mon livre Homo-Bobo-Apo. Voici les articles de chacun d’eux :
 

1 – « Les 11 messages subliminaux diffusés dans l’émission ‘The Voice’ »

2 – « Le Synode des jeunes : la cata »

3 – « Le raz-de-marée de la transidentité » (transsexualité)

4 – « Le Boom des pastorales d’accompagnement des personnes homosexuelles dans l’Église »

5 – « Mylène Farmer, Grande Architecte de la Franc-Maçonnerie gay friendly »

6 – « Pourquoi La Manif Pour Tous est un vrai désastre »

7 – « Pourquoi parler d’homosexualité dans les établissements scolaires est Mission Impossible »

8 – « L’homosexualité dans la série de TF1 Demain Nous Appartient »

9 – « Je me suis ridiculisé publiquement : Comment vivre avec cette honte ? »

10 – « L’Hétérosexualité est la Bête de l’Apocalypse »

11 – « Les 4 armées de la Bataille finale d’Armageddon »

12 – « Visite maçonnique de Macron aux Bernardingues »

13 – « Les 12 obsessions des cathos bobos de la Réacosphère »

14 – « Homosexualité, la priorité niée dans l’Église »

15 – « Définition de la bisexualité »

Breizh Info, Réinformation TV, TV Libertés (la Réinfosphère ou Réacosphère) : pas catholiques, et surtout main dans la main avec la Franc-Maçonnerie

Je pense qu’il faut creuser la question (trop ignorée des catholiques, qui voient généralement la Franc-Maçonnerie à l’extérieur de l’Église, ou uniquement chez les libéraux gauchistes… alors qu’ils ont les deux pieds dedans) du lien entre Franc-Maçonnerie et Front National (ou, ce qui revient au même, du lien entre Franc-Maçonnerie et boboïsme anar d’extrême-droite qui conspue l’extrême-droite et le FN : en clair, ceux qui font partie des identitaires spiritualistes païens). La Fachosphère – ou Réacosphère, comme elle se plaît parfois à s’auto-baptiser pour ricaner – a beaucoup à nous apprendre de l’introduction de la FM dans l’Église Catholique.

 

Là, je viens de me faire cracher dessus sur Facebook par les « catholiques » roulant pour le site Breizh Infos, un site pseudo généraliste mais en réalité pas du tout catholique, et même souvent anticlérical. Ils tiennent mot pour mot le discours de la Franc-Maçonnerie et de la chrétienté païenne à la Civitas : « L’avantage à Breizh Info c’est que nous ne servons personne, ni Dieu, ni maîtres » ; « Pourquoi est ce un problème que ce média ne soit pas catholique? » ; « Philippe Ariño en tant que païen, je n’ai pas de maître, je ne suis l’esclave de personne, et ma priorité est la survie de la civilisation boréenne, rien de plus! »; « Continuez de veiller M. Arino. Satan nous habite ! »; « Jésus crie, la caravane passe ! »; « Allez tous à la messe (avec Caroline Fourest) ! »; « Il est un peu fada le gars là… De quoi raviver des tensions inter ethniques! » ; etc. etc.
 

Le fameux « Ni Dieu ni maître » des francs-maçons n’est certainement pas l’apanage des gauchistes : il est aussi l’apanage des droitistes (anti-droite et anti-extrême-droite). Qu’on le veuille ou non, le Gouvernement Mondial est servi par les votants FN (ou ceux qui voteront pour le FN en méprisant celui-ci) et certains « catholiques tradis ». Voir mon code 39 des Bobos en Vérité, sur les bobos anars d’extrême-droite (qui ne s’assument pas d’extrême-droite). Oui : FM et FN, ça rime bien, et pas que phonétiquement.
 






 

P.S. : Au fait, si mon disque et mes clips (qui dénoncent les bobos) sont des « détecte-francs-maçons », j’en suis ravi. Même s’ils m’attirent des humiliations. Vive « C’est bien gentil » ! J’ai bien fait de le faire.

Ceux qui votent FN, c’est les beaufs version droite

FN

Ceux qui votent FN, c’est un peu les beaufs gauchistes mais version « droite » et version « anars bobos monarchistes » (un chouia plus classes que ceux de gauche). Les beaufs « cathos », quoi. Les beaufs Civitas.

Pour justifier toutes leurs paranoïas et leurs vengeances, ils s’acharnent à « avoir raison » au lieu d’aimer. Ils mettent la Vérité avant la Charité : c’est surtout à cela qu’on les reconnaît. Ils ont un profond mépris pour la Charité car à leurs yeux de paranoïaques, Elle n’est que bisounoursade, soumission, trahison et collaboration avec l’Ennemi progressiste, relativiste, athée, libertaire. Sauf que (dommage pour eux), dans l’ordre de la Grâce christique, les personnes priment sur les actes, la Charité prime sur la Vérité (c’est la condition de l’Amour vrai) – même s’il n’y a pas de véritable Charité sans Vérité, et même s’il n’y a pas de véritables responsabilité et liberté sans la prise en compte des actes.

En cherchant à « avoir raison » avant d’aimer, ils se retrouveront un jour ou l’autre à la place du fils aîné de la Parabole biblique du Fils prodigue, avec leur Père du Ciel qui leur dira : « Quoi ? Tu me juges parce que je tue le veau gras, parce que j’aime avant tout et parce que je suis bon ? alors que toi tu défends le réalisme de ta dénonciation des actes de ton frère libertin ? Tu as pris les priorités dans le mauvais ordre. C’est laid, la jalousie. »

Contre l’accusation d’homophobie et non contre l’homophobie

Dans cette affaire de « mariage pour tous », que ce soit parmi les pro comme parmi les anti, la très grande majorité n’a pas combattu l’homophobie, mais l’accusation d’homophobie. C’est bien ça le problème. Le mot y était, l’image y était, la réputation y était, la personnification diabolisatrice ou angéliste y était… mais pas la réalité ! Je suis même sûr que les deux camps se sont tacitement mis d’accord pour s’engueuler autour de ce concept d’image d’homophobie, chacun se défendant d’être homophobe ou de lutter contre « les homophobes », pour que la réflexion sur l’homosexualité et sur l’homophobie en tant qu’actes ne puisse pas être menée à terme, avec honnêteté et écoute mutuelle.

 

Je m’adresse aux catholiques de la Manif Pour Tous

Concernant cette « Manif pour tous » du 13 janvier 2013 à Paris, j’aimerais m’adresser aux catholiques qui m’écoutent sur les réseaux sociaux, et qui me voient en ce moment tirer à boulet rouge sur Civitas et les lefebvristes. Certains parmi eux, qui cautionnaient auparavant mon message et mes prises de position, parce qu’ils tiennent à se dire traditionnalistes ou catholiques, se sentent à tort visés par mes critiques, alors que je n’ai absolument rien contre les catholiques traditionnalistes (plutôt le contraire!) : je n’ai de sérieux problèmes et résistances qu’avec les actes et les propos des traditionnalistes lefebvristes et de la Fraternité saint Pie X qui, il est vrai, composent le gros des troupes de Civitas.

Que certains catholiques ne se reconnaissent pas dans le discours et la personne de Frigide Barjot, je le conçois complètement (c’est aussi mon cas ; et cependant, elle parlera à d’autres et elle a sa place en tant que porte-parole parmi d’autres de la Manif pour Tous). Que certains catholiques veuillent que leur foi soit reconnue visiblement comme la raison majeure de leur présence dans cette Manif, même s’il est de notre intérêt à tous que la foule du 13 ne s’annonce pas ouvertement « catho » (non par peur de l’image ou de ce que nous sommes, mais bien parce que l’opposition à cette loi n’est pas spécifiquement catholique, et est portée par de nombreuses personnes non-catholiques), je le conçois aussi parfaitement. Mais que les traditionnalistes lefebvristes, qui je le rappelle, ne sont pas cathos, quoi qu’ils en disent (non pas parce que moi je l’aurais décidé, ni parce que j’aurais la présomption de dire qui mériterait le titre de « catho » ou pas, mais bien parce que ce sont eux qui, en 1988, ont décidé de leur propre chef de quitter Rome, le Pape, l’Église catholique, et de ne plus être catholiques), enrôlent le 13 janvier les catholiques sincères et traditionnalistes qui ne savent plus à quel mouvement un minimum religieux s’identifier à la « Manif pour tous », là, je dis ouvertement NON ! Je demande aux catholiques de ne pas se laisser berner par le discours soudainement pro-catholiques de l’Institut Civitas, et de ne pas défiler sous sa bannière. Vous ferez selon votre conscience et votre liberté. Mais si vous êtes catholiques, même traditionnalistes, vous avez le devoir de ne pas cautionner les propos et les agissements des lefebvristes et de la FSSPX. Cela s’appelle le devoir d’Unité dans la Vérité-Charité. Et ne vous inquiétez pas : le 13, hors de Civitas, vous saurez trouver parmi les porte-parole de la Manif des représentants de votre foi et de votre attachement à l’Église de Rome. J’en fais le serment !

 

Civitas : pas cathos

CIVITAS, ils ne sont pas cathos. Non parce que nous les cathos le voudrions, mais bien parce qu’eux le veulent et s’écartent eux-mêmes de l’Église. Comme de parfaits pharisiens, ils se désignent d’ailleurs « laïcs » et nous trouvent trop « mous » et « gentils ».

 

L’enfant-paravent

Allô la Terre, ici Tintin ! On se réveille ou quoi? Dans les débats actuels sur le « mariage pour tous ceux qui le désirent », les grands oubliés sont les personnes homosexuelles. Plus encore que les enfants sur lesquels se centrent tous les argumentaires d’opposition au projet de loi ! À bien y réfléchir, c’est une connerie monumentale que nous faisons parce que, contrairement aux marmots qui sont les témoins muets de l’histoire et les objets des multiples projections des adultes, les personnes homosexuelles, quant à elles, ont de la voix et parfois une cervelle pour parler d’elles. Nous a-t-on vraiment écoutées (mis à part les rares parmi nous qui ont répété par coeur comme des perroquets leur rôle de militants pour faire plaisir à leurs bienfaiteurs législateurs) ? Tant que les opposants au « mariage pour tous » se centreront uniquement sur l’enfant, ils pisseront dans un violon. Leur discours tombera à côté. La problématique du nouveau projet de loi sur le mariage, bien avant d’être celle de la conjugalité et de la filiation, est celle de l’homosexualité. Nous n’osons pas nous l’avouer, par peur de nous frotter à ce sujet épineux, mais pourtant c’est le passage obligé. Alors nous nous réfugions dans un argumentaire scolaire qui ne parle plus du tout à notre société méprisant le mariage et la famille (mais qui, paradoxalement les idéalise au moment d’en faire autre chose, de les dénaturer). Mais nous n’avons rien compris! Les personnes homosexuelles, leur désir et ce qu’elles vivent, devraient être la pierre d’angle de nos « jolis » discours sur la beauté de la sexualité, du mariage, de la famille, sur le « bien-être supérieur de l’enfant »! Sans elles, nous ne pourrons rien faire. Si nous nous obstinons à tenir les personnes homosexuelles à l’écart (parce qu’au fond, nous ne leur faisons pas confiance et que nous en avons une frousse terrible), l’enfant ne constituera qu’un piètre bouclier en carton, qui s’envolera au premier coup de vent. N’oublions pas qu’elles sont les bénéficiaires officiels du projet de loi sur le mariage ! Dans notre argumentaire, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une réflexion profonde sur le désir homosexuel, sur les couples homosexuels. Et ça, les lobby familialistes ne l’ont toujours pas compris. Ma main à couper que ces derniers ne pèseront pas lourd avec leurs manifs urbaines et leurs banderoles de carnaval « à la CIVITAS ». Quand va-t-on nous considérer NOUS, personnes homosexuelles???

 

VADE RETRO CIVITAS !!! (« Débat » au Sénat le 11 septembre 2012)

COMPTE-RENDU DU DÉBAT DU 11 SEPTEMBRE 2012 AU SÉNAT (Paris) SUR LA PROPOSITION DU PRÉ-PROJET DE LOI SUR « L’OUVERTURE DU MARIAGE À TOUS LES COUPLES QUI LE DÉSIRENT » (DÉBAT MENÉ PAR LA SÉNATRICE ESTHER BENBASSA, ENTOURÉE DE DIDIER ÉRIBON, CAROLINE MÉCARY ET DANIEL BORRILLO)

 
 

(N.B. : Je précise que tous les propos que j’ai cités en italiques et entre guillemets ont été entendus sur le vif, et ont été prononcés vraiment tel quel.)

 

« Vous ne faites pas partie du débat !! Vous êtes hors débat !!! » (Édouard, le jeune activiste « pro-mariage pour tous », s’adressant pendant le temps d’« échange » à tous les opposants du pré-projet de loi de la salle)

 


Daniel Borillo, Esther Benbassa, Caroline Mécary et Didier Éribon
 

C’était mardi dernier. Il y a quatre jours. Une après-midi pluvieuse. Même le Ciel était triste et consterné par ce qui se passait ! Je me suis rendu au Sénat pour assister au « débat » concernant la proposition de loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Pour une fois qu’on nous proposait de discuter publiquement sur des questions sociales aussi cruciales pour notre avenir, il ne fallait pas que je manque au rendez-vous !… surtout à l’heure actuelle où beaucoup de médias nous présentent cette loi comme « déjà votée », et que ses promoteurs zélés nous interdisent purement et simplement tout débat sur le sujet ! (J’écoutais, en juillet dernier sur France Inter, à l’émission Le Débat de midi de Thomas Chauvineau, Dominique Boren, le co-président de l’APGLAssociation des Parents Gays et Lesbiens – décréter, avec la commission de censure gay friendly qui l’entourait, qu’« il ne pensait pas qu’un débat contradictoire ait de l’intérêt pour les questions d’homoparentalité. » Le chemin du dialogue est barré, tenons-nous-le pour dit ! Scotch marron sur la bouche ! Vooooilà !) En plus, ce débat au Palais du Luxembourg tombait à point nommé (… et à deux jours près !) avec la déclaration « officielle » de la ministre de la Justice Christiane Taubira dans le journal La Croix, qui stipulait que « les homosexuels allaient bénéficier des mêmes conditions d’adoption que les hétérosexuels. » Une raison supplémentaire, à mes yeux, pour faire le déplacement !

 

Et les propos tenus pendant cette réunion m’ont paru tellement hallucinants que j’ai décidé non pas de m’offusquer et de ruminer ma rancœur dans mon coin, en passant vite à autre chose, mais de vraiment faire un article, un compte-rendu précis de ce qui s’est dit salle René Coty ce jour-là, pour que vous mesuriez l’inquiétant déni de Réel vers lequel la France toute entière s’engouffre sans même s’en rendre compte. Au lieu d’intervenir directement dans la conférence et de me faire aboyer dessus (je n’exagère pas : les quelques rares contradicteurs qui ont essayé de s’exprimer se sont fait lyncher sur place !), j’ai préféré sur le moment faire profil bas, chauffer le crayon, prendre un maximum de notes, pour que vous sachiez ce qui s’est vraiment dit, et surtout pour que ces législateurs médiatiques (j’ai nommé les « sociologues » Daniel Borrillo et Didier Éribon, l’avocate Caroline Mécary, et bien sûr la sénatrice d’Europe Écologie Madame Esther Benbassa… qui nous a tous laissés « verts », il faut le dire) s’entendent parler, puissent se lire et se relire blanc sur noir. Je veux qu’ils comprennent le mal qu’ils nous construisent (avec les meilleures intentions du monde, en plus !).

 

Cet article ne sera pas une démonstration de mes opinions sur le projet de loi sur le mariage ou l’adoption. Celle-ci aura toute sa place dans mon prochain livre Homosexualité en vérité, qui verra le jour le 13 octobre prochain. Dans ce nouveau numéro du Phil de l’Araignée, je me contente simplement de décrypter un événement public (ambiance générale, discours des intervenants, réactions du public, etc.) en tant que témoin oculaire, et ne rentrerai pas dans le débat d’idées. Cela m’intéressait de sortir des considérations purement théoriques et argumentatives pour aller vers le témoignage constatif et jouer le rôle du photographe qui vous commente son instantané, « comme si vous y étiez ».

 

La rencontre aura duré trois heures. Trois longues heures pour se rendre compte du degré d’inconséquence et d’inconscience de certains de nos dirigeants et de leurs idéologues, qui nous préparent une soupe – la loi sur l’ouverture du mariage aux couples homosexuels – sans l’avoir goûtée, sans même avoir idée de son goût et des indigestions violentes qu’elle va engendrer (et qu’elle engendre déjà !). La seule qui semblait en avoir conscience, c’est Caroline Mécary (c’est pour ça qu’elle tirait la tronche et qu’elle n’est quasiment pas intervenue…).

 

Vous savez, un débat démocratique, idéalement, c’est un moment où qu’on réfléchit, où qu’on apprend des choses, où qu’on s’écoute, où qu’on parle avec les autres autour de nous en vue du bien commun (même si qu’on n’est pas toujours d’accord avec qu’est-ce qui disent), où qu’on dégage les grandes orientations communes en se basant sur des cas concrets pour être au plus proche de l’Humain et spécialement au service des plus fragiles, où qu’on recherche ensemble la Vérité sans jamais chercher à La posséder à soi seul et à L’imposer aux autres (car la Vérité n’est Une et Vraie qu’en partage ! c’est Sa règle d’Amour). Encore faut-il croire humblement en l’existence de cette Vérité-Amour-Chemin collectif… En tous cas, ce n’est pas une foi et une confiance qu’ont démontrées Benbassa, Mécary, Borrillo et Éribon, il y a quatre jours au Sénat. C’est le moins qu’on puisse dire !

 

A-t-on assisté à un débat digne de ce nom ? À l’évidence, non. C’était plutôt le prototype de l’anti-débat !

 
 

1 – Le fond (sans fond) du débat

 

 

Déjà, les exposés des intervenants ont rasé tout le monde, y compris ceux qui les ont applaudis docilement. Un détail : ma voisine lesbienne, visiblement militante et « pro-mariage pour tous ceux qui le demandent », se faisait chier royal. Du début jusqu’à la fin de la conférence, je l’ai vue et entendue bailler… Elle avait commencé à prendre des notes sur son superbe ordi portable, puis, face à la nullité des propos tenus, elle a écrit cinq lignes, pour ensuite se résoudre à refermer définitivement son engin et écouter la messe avec un œil bovin.

 

Ensuite, le contenu des démonstrations rasait vraiment les pâquerettes. Sans rire. Je suis toujours épaté de voir comment ceux qu’on nous présente comme des « chercheurs », des « intellectuels » et des « hommes de loi » de renom sont capables de nous pondre des démonstrations, certes avec le jargon sophiste qui « fait bien », mais dignes d’un mauvais exposé scolaire de lycéen qui recrache du concept sans comprendre l’incohérence et le manque de sérieux de son propos. N’importe quel prof d’université un peu sérieux aurait eu Borrillo, Benbassa, Éribon et Mécary comme étudiants sans savoir qu’ils étaient médiatiques ou politiques, je suis sûr qu’il les aurait recalés à l’examen !

 

Daniel Borrillo, par exemple, parlait beaucoup trop vite (subtile technique, soit dit en passant, pour ne pas être reconnu comme cancre, pour ne pas être contredit, et que l’auditoire n’ait pas le temps de prendre des notes ni de réagir !). Il employait des métaphores pseudo scientifiques pour asseoir en réalité un manichéisme de bas étage (cf. son histoire de la « courbe d’horizontalité », jugée irréfutable – figurant le couple homosexuel demandant une égalité des droits « naturelle » et revendiquant l’expérience d’un amour « naturel » –, censée, selon Borrillo, commander à la vacillante « courbe de verticalité » – les devoirs d’État de ce couple indiscuté, les conséquences sociales du « mariage », l’adoption, l’accès à la procréation, etc.). Et toute cette fastidieuse démonstration « imagée et mathématique » s’articulait sur un seul fil rouge : l’« approche critique ». La nouvelle marotte du sociologue. Le problème, c’est qu’il n’a pris le mot « critique » que dans son sens populaire négatif… Ce que semble ignorer Borrillo, et qui apparaît pourtant comme une évidence pour tout individu un minimum lettré, c’est que la « critique » n’est pas en soi destruction ou négation : elle peut aussi être positive. Le mot « critique » n’a jamais été un bâton rhétorique pour taper de manière « clean et scientifique » sur son ennemi… Je pensais que les intellectuels dignes de ce nom avaient compris la nuance et l’écueil de cette expression depuis bien longtemps… Il faut croire que non.

 

Quant à Caroline Mécary, qui sait apparemment contenir à merveille sa révolte « militante » derrière un vernis intellectuel d’apparat et un faux calme (aurait-elle pris des cours chez Caroline Fourest ? ça se pourrait bien…), elle versait en réalité dans le chantage émotionnel ultra-politisé. Elle n’a pas parlé longtemps, certes, mais en dix minutes, elle a quand même eu le temps de 1 – nous indigner en faisant un hommage-express ému à Sébastien Nouchet, victime d’une attaque « homophobe odieuse » en 2004 juste avant le mariage de Bègles (A-t-on informé Caroline que l’homme en question s’est en fait immolé lui-même par le feu et qu’il était suicidaire ?) ; 2 – nous foutre les boules en brandissant le pantin du « méchant Vanneste » ; 3 – nous faire pleurer pour mieux justifier ses appétits prosélytes et le bien-fondé de la politisation des sentiments (« Le mariage de Bègles a été un moment extrêmement fort, extrêmement puissant… Mais aussi capital d’un point de vue politique… ») ; 4 – nous menacer et menacer son propre camp politique par la même occasion, en mettant Hollande au pied du mur de sa prétendue « promesse » politique ; 5 – nous mépriser en définissant l’union femme-homme comme une « violation » de l’Amour et des Droits de l’Homme (car c’est vrai : tous les couples femme-homme qui nous ont conçus sont des violeurs et des tortionnaires, c’est bien connu). Caroline Mécary a parlé. Ce fut court, bref et… pas intense.

 

Pas mieux avec Didier Éribon. Plutôt pire, même ! L’« universitaire » s’exprimait de manière très confuse dès qu’il a commencé à ouvrir la bouche. Son argumentaire n’était pas construit et partait dans tous les sens (j’y reviens en détail dans la partie 4 de mon article, ne vous inquiétez pas). Et alors, dans les propos, c’est certainement celui qui est allé le plus loin dans la passion déraisonnée, dans la frénésie surréaliste, dans la boulimie : « Le maximum de droits possibles pour le maximum de gens possibles ! » vociférait-il. Le discours de Didier Éribon incarnait l’apothéose du flou artistique (et violent !) socialiste et du moralisme laïcard. Figurez-vous qu’en parlant du projet de loi, le sociologue programme à plus ou moins long terme la dissolution en bonne et due forme du mariage, et plus particulièrement du mariage religieux. En fait, il veut dévaluer le mariage pour en faire un PaCs. En d’autres termes, il cherche à « pacser le mariage » (même si ce n’est pas dit explicitement comme ça ; mais dans les faits, cela revient à ça), en retirant à ce dernier le devoir de fidélité entre conjoints, l’encouragement à la communauté de vie (en gros, pas besoin à l’avenir de cohabiter ensemble quand on sera « mariés »), la solidarité entre « époux », l’obligation de passer devant un juge pour divorcer, etc. Didier Éribon s’est choisi depuis des années un cerbère invisible et tentaculaire contre lequel s’acharner, que lui croit réel mais qui n’est pas réel au fond (… sauf quand lui essaie de l’incarner), un monstre qui s’appelle le « psychiatre chrétien » ou le « conservateur réactionnaire ». Pendant tout le débat, le sociologue, d’une main tremblante, fustigeait ce qu’il a coutume d’appeler le « vieux discours réactionnaire », et soutenait que « les conservateurs sont ceux qui pensent qu’un mariage c’est un homme et une femme ». Dans sa paranoïa laïciste, il voyait de la pensée chrétienne exprimée partout, surtout quand il voulait discréditer rapidement le discours d’un de ses détracteurs sans avoir à argumenter (… comme s’il fallait être nécessairement croyant pour trouver par exemple la Gestation Pour Autrui, les manipulations génétiques, les PMA, les risques de l’adoption, et la marchandisation des corps, choquants !… on croit rêver…). Et, de surcroît, puisque dans tout bon discours idéologique manichéen qui se respecte la diabolisation ne se sépare jamais de la sacralisation excessive d’un autre concept tout aussi abstrait, Monsieur Éribon s’est empressé, pour donner une touche positive et une assise solide à sa phobie mégalomaniaque de l’Église-Institution, de présenter la Justice (dans le sens de « Ministère de la Justice »), la politique (dans le sens de « pouvoir totalitaire »), le droit (dans le sens de « non-devoir ») et les lois (dans le sens de « tables de la loi » en marbre froid) comme la panacée, comme le Messie profane qui règlera tous les problèmes et qui transformera le Réel et les soucis de la vie en carrosse de Cendrillon ! Faut-il rappeler à ce cher « intellectuel » que c’est par la voie du juridisme effréné et de l’anti-catholicisme que le nazisme s’est imposé en Europe il y a quelques décennies de cela ?

 

Et pour achever le prestigieux tour de table, il y avait (la meilleure pour la fin, toujours) la Maîtresse de cérémonie de ce « débat », Rika Zaraï… pardon… Esther Benbassa, la sénatrice des Verts (vous savez, le parti des « pas mûrs », dont beaucoup imitent en tous points les dérives matérialistes et capitalistes qu’ils condamnent chez les autres). Cette nouvelle pasionaria « hétérosexuelle et gay friendly » s’est d’office présentée comme la « Mère Courage des Homos » (« Depuis des années, je lutte contre les discriminations. »), celle qui les comprend, celle qui a peur de les contrarier (comme les mères faibles et possessives), celle qui « ne veut surtout pas qu’on la remercie » pour son travail (c’est bien elle qui est à l’initiative, avec quelques amis, de la rédaction du nouveau projet de loi)… mais qui fait un tel cinéma pour qu’on la remercie quand même qu’on finit par douter de son désintérêt dans l’histoire. « Je suis un peu fière d’être allée jusque-là ! » a-t-elle dit en imitant Roselyne Bachelot. Dans son discours Bisounours (« On est dans la tolérance bienveillante. » a-t-elle quand même osé sortir), Esther Benbassa se gargarisait de bonnes intentions sans évaluer les moyens techniques pour les concrétiser, sans considérer les faits et les conséquences à long terme du projet de loi qu’elle défend avec une fausse assurance et beaucoup de comédie sensibleriste. Le parfait Ponce Pilate au féminin (si vous me permettez cette comparaison « judéo-chrétienne » qui ne manquera pas de ravir Didier Éribon…), cette femme de loi faible mais capable d’être têtue et jusque-boutiste par fierté mal placée. Benbassa a démarré le poids lourd sans avoir le permis. Elle sent que l’engrenage qu’elle a lancé peut aller trop loin, que les rêves et les promesses que sa famille politique a imposés aux personnes homos la dépassent, mais pour l’instant, elle n’a pas l’honnêteté de faire machine arrière, l’humilité de se contredire, le courage de renoncer à son trophée de bonne samaritaine. Pendant le débat, je l’entendais relativiser, dans un optimisme d’indifférence totalement déplacé, les effets pourtant désastreux qu’aura l’adoption de la nouvelle loi sur le mariage (je connais suffisamment de cas concrets de couples homos qui se sont lancés dans la GPA ou la PMA, ou dans des projets de co-parentalité abracadabrantesques, pour le dire !). Mais Madame Benbassa s’en lave les mains : elle est TOLÉRANTE : « Je n’ai pas envie d’imposer à qui que ce soit le mariage. Ça m’est égal. Chacun fait comme il veut… » Loin de rester dans le Réel, la sénatrice s’est focalisée sur l’intention (le « changement », le « progrès », la « modernité », la « compassion », la « solidarité », etc. : les poncifs socialistes classiques). Par exemple, il faudrait, selon elle, accepter la GPA ainsi que la présomption de paternité pour que la France soit « au diapason de la société et de son évolution ». Au lieu d’enjoindre ses troupes à la prudence et au réalisme, au contraire elle les excitait, les poussait à avoir les yeux plus gros que le ventre, quitte à être excessifs et culottés, quitte à « gêner » (encore l’argument de l’image…), quitte à demander beaucoup trop pour réussir à obtenir (à l’usure) un maximum de droits (technique de l’enfant capricieux s’il en est) : « Je suis pour qu’on en demande beaucoup pour en avoir un minimum ! » Rentrez tous dans les locaux du Ministère de la Justice et prenez tout ce que vous voulez tant que la porte est ouverte : c’est « open bar » ! « Gay Happy Hours » ! C’est Taubira qui régale ! Pendant qu’elle avait le micro, la Esther Benbassa tenait le double discours de la lâcheté : celui qui exprime déjà à la fois le remord lucide/inquiet, et l’entêtement orgueilleux/rassurant. Ponce Pilate qui se lave les mains, comme je vous disais… Elle affirmait par exemple que « des lois comme celles-là ne sont jamais anodines… » et deux secondes après, elle se contredisait : « Il faut banaliser l’adoption par les couples homosexuels. » Elle niait la complexité et la souffrance de certaines situations humaines qu’on sait objectivement douloureuses (« Les femmes ont recours à la PMA avec beaucoup de simplicité. »). Au lieu de parler de la GPA en elle-même (qui n’est pas autre chose qu’un business des corps, une instrumentalisation de la femme, et un vol d’enfants consenti, planifié, rappelons-le !), elle enchaînait – par une pirouette rhétorique victimisante – sur une des conséquences secondaires de la Gestation Pour Autrui : le fait qu’il était « impensable et « odieux », selon elle, qu’une Nation refuse l’enregistrement sur les registres d’État Civil des enfants qui naîtraient par GPA. Là encore, Madame Benbassa a fait diversion dans le dolorisme, a quitté le Réel dans la victimisation matinée de solidarité, dans le catastrophisme (« Autant choisir le moins pire… ») saturé de légalisme « tranquillisant ». Puis, écartelée entre sa conscience de mal faire/mal dire et ses bonnes intentions, elle esquissera à la fin du débat un semblant d’étonnement abasourdi (… classique de l’apprentie sorcière…) : « On ne pensait pas qu’aller si loin [législativement] susciterait autant d’oppositions venant de 63% des Français favorables au mariage pour les personnes de même sexe. »)… avant de se masquer à nouveau les yeux, de s’étiqueter démagogiquement « vieille conne réactionnaire qui a encore des principes » et de s’acharner dans l’erreur : « Il y a un côté marchandisation qui me gêne… Peut-être que je suis d’une autre génération, d’un autre temps… » Non Madame, malheureusement, ce que vous projeter de faire voter, est plus que jamais dans l’ère du temps… sachant que notre temps est arrivé à un stade avancé de la régression infantile !

 

 

Points communs dans l’« argumentaire » de nos quatre intervenants de choc : exactement comme dans les mauvais exposés d’élèves (qui ont tout pompé sur Wikipedia), ils faisaient parfois naïvement référence à des souvenirs de conversations qu’ils venaient d’avoir avant la conférence avec leurs « groupes de travail » ; et pour soutenir leurs thèses farfelues, ils prenaient appui sur des comparaisons très imagées (très enfantines, en fait !) qu’ils n’expliquaient même pas, qui n’apportaient rien, et qui brouillaient l’analyse concrète des faits. Par exemple, Daniel Borrillo tenta de justifier sa démarche de « critique de la norme familiale » en employant l’image de la « recette du gâteau » qu’il faut remettre en cause (franchement brillante et utile pour comprendre son propos, cette métaphore culinaire… LOL). Et Esther Benbassa nous a expliqué, de manière aussi fort didactique (et inquiétante quand on interprète l’image jusqu’au bout), que s’attaquer à la transformation du Code Civil, c’est comme tirer sur une bobine de fil et voir arriver la pelote (« Quelqu’un m’a donné l’image de la pelote… ») Merci Esther. C’est du Einstein.

 

Visiblement, ces « chercheurs », en plus de nous livrer un discours d’une pauvreté intellectuelle hallucinante, ont un rapport plus qu’ambigu à la LOI (étant entendu le mot et la chose). On pourrait qualifier ce rapport à la Loi d’« idolâtre » (et d’aucun savent que l’idolâtrie est toujours moteur de violences inconscientes). Car en fait, dans les mots, ils font fusionner la « Loi-Réel » et la « loi-bout-de-papier », ou bien, ce qui revient au même, ils les opposent totalement… alors qu’elles ne sont ni la même chose, ni en opposition : la « loi-registre » a pour devoir d’accueillir la « Loi-Réel », de La comprendre et de La servir, pour ensuite L’orienter humblement vers la vie et le bien commun. Le problème est que nos amis « pro-mariage pour tous ceux qui le désirent » font le chemin contraire : ils veulent mettre le papier et la bonne intention avant le Réel. Ils inversent les choses parce qu’ils se prennent pour Dieu, un dieu athée égoïste qui installe la conscience individuelle humaine comme unique énonciatrice du bien et du mal, sans idée de transcendance pour le coup. Ce n’est pas un hasard si, par exemple, Daniel Borrillo défend l’idée de « droit subjectif » et qu’il articule la demande d’adoption pour les couples de même sexe sur la notion de « filiation fondée sur la volonté individuelle » (« La volonté n’a pas de sexe. » dira-t-il en grand tribun qui remet sa toge).

 

Finalement, ces législateurs de pacotille envisagent la Loi (= la « Loi naturelle et divine » + la « loi humaine en tant que système législatif ») comme un sceptre magnifique qui règlera tous leurs problèmes ET comme une poupée vaudou qui les déçoit, qui porte malheur, qu’il faut faire disparaître ou faire fondre pour en récolter l’or. C’est tout le paradoxe de l’idolâtrie ! Entre attraction et répulsion, fusion et rupture, c’est un même processus de violence qui s’exprime. Par exemple, Esther Benbassa adopte le discours jargonnant du savant fou qui prépare dans son laboratoire une entorse à la Loi (elle a dit que son projet de loi « exige une refonte du Code Civil ») après avoir présentée Celle-ci comme démodée (à deux reprises, elle a insisté sur la nécessité de « dépoussiérer le Code Civil »). Elle citait un de ses amis (qu’elle a présenté au passage comme un « réac’ de gauche ») qui, selon elle, « avait tout faux ! » pour la simple raison qu’il lui avait rétorqué que « la Loi ne devait pas suivre la société ». Mon Dieu, il a osé dire que le Peuple n’était pas toujours souverain ni juste tout le temps, et qu’il existe même parfois des utopies/tyrannies collectives (ça s’appelle notamment des sectes, des idéologies, des communismes, des « démocraties ») !!! Oh le vilain…

 

 

Concernant nos quatre orateurs (… et leurs suiveurs), je crois qu’on peut vraiment parler d’idolâtrie par rapport aux mots « loi », « droit », « égalité », « progrès », « science », « culture », « justice » (et tous leurs croisements lexicaux : « égalité des droits » surtout), mots jugés comme sacrés et inattaquables, en même temps que redoutables et dangereux. Car il faut bien comprendre une chose : les idolâtres « pro-mariage pour tous ceux qui le désirent » cherchent à détruire ce qu’ils adorent, étant donné qu’ils ne l’aiment pas et ne le comprennent pas. Même l’égalité, même la loi (à commencer par la loi naturelle), même le mariage, ils ne les aiment pas dans les faits ! Par exemple, ils n’ont jamais réalisé que la « tolérance » et l’« égalité » n’étaient pas bonnes en soi, et qu’il y a des tolérances très réactionnaires (l’abnégation, le relativisme, la lâcheté, le déni de Réel et de souffrance, etc.), qu’il existe des inégalités très justes (elles s’appellent différences, singularité des êtres humains et des situations, diversité culturelle, etc.) tout comme des égalités très injustes (conformisme, uniformité, refus des différences, pensée unique, etc.). Ce n’est pas en luttant aveuglement en faveur de la « Déesse Égalité » qu’on favorise la reconnaissance des personnes, l’équité, autrement dit la juste égalité, celle qui s’adapte au Réel et non celle qui Lui commande. Je pense vraiment que ces extrémistes du progressisme n’aiment pas l’égalité : ils la réduisent à un simple instrument ou à un prétexte verbal pour donner corps à leurs fantasmes identitaires et amoureux les plus désincarnés et les plus égoïstes, au final.

 

Et pour exécuter le travail de sape de leur idole « La Loi », nos idéologues gays friendly louvoient et minaudent avec Elle, L’habillent, L’enrobent (et L’étouffent !) de mille et une « bonnes » intentions, Lui donnent souvent une apparence artistique, législative, amoureuse, voire sacramentelle (version athée). Les penseurs queer et camp (ne surtout pas les appeler « hétéros », « homos », « gays », « lesbiennes », « bis » et « trans » : tout ça, ce sont déjà des étiquettes marchandes et communautaristes datées, vous comprenez… Et en plus, dans « homosexuel », il y a le mot « sexuel », alors c’est encore plus « réducteur » ! Eux, ils sont juste « amoureux », « sensuels », « expérimentateurs » et « artistes militants »… Ne pas les nommer, c’est même mieux ! disent-ils) défendent notamment les concepts théoriques de « devenir », de « déconstruction », de « reconstruction », de « déplacement », de « transcendance », de « sentiments », de « contournement de la norme », de « créativité », de « lutte contre les discriminations »). Leur plus belle victoire sur la Loi, c’est d’abord celle qu’ils ont apparemment remportée sur le terrain de la Parole, à travers le triomphe actuel du nominalisme (philosophie médiévale sur laquelle se fonde nos civilisations post-modernes actuelles, et qui défend l’idée que c’est la subjectivité humaine qui commande au Réel : l’être humain n’aurait qu’à recréer le monde et nommer les choses comme il veut, sans Dieu, pour changer leur réalité) et du sophisme (notre quotidien envahi par les slogans, les images, les machines et la pub en fournit un parfait exemple). Et on peut dire qu’ils l’ont plutôt bien gagnée, cette bataille des mots, vu que 63% des Français se disent/diraient actuellement favorables à la loi sur le mariage pour les couples de même sexe, sans savoir trop pourquoi. D’ailleurs, pendant le débat, notre quatuor de législateurs s’amusait à inventer des nouveaux mots, à déformer les anciens. Par exemple, dans leur projet de loi, il est déjà question de remplacer les expressions (jugées « sexistes et hétéro-patriarcalo-centrées ») « mari et femme » ou « père et mère » par celles (bisexualisées et asexualisées) d’« époux », de « conjoints », de « co-parent », de « parent de fait », de « parent social »). Bref, ils s’enlisent dans la bonne intention déréalisée, dans la pensée magique et schizoïde que les mots vont modifier les choses. Par exemple, Caroline Mécary s’est donnée pour objectif de « faire bouger les lignes de la loi ». Didier Éribon, de son côté, nourrit la même superstition à l’égard de la Loi : « Le droit, c’est l’enregistrement de la norme. Transformer le droit, c’est transformer la norme. » Pour ce savant post-moderne « constructionniste », il s’agit, par l’intermédiaire du « droit », de « défaire… ou en tous cas de déplacer les frontières » du Réel et du vrai Droit (… le Second était pourtant inféodé au Premier, dans l’idéal). Concernant les conséquences sérieuses qu’implique la destruction/reconstruction hasardeuse de la Loi, Éribon s’est contenté de noyer astucieusement le poisson dans un discours poétique vaguement législatif et surtout sincèrement élancé, proposant, « participatif » (comme dirait avec bravitude notre amie Ségolène). Et concrètement, ça donne ça : « Je sais qu’il y a des problèmes… Mais c’est au droit de régler le problème. Faisons preuve d’imagination juridique, culturelle, législative… » Il n’y a que Maille qui m’aille.

 
 

2 – Nulle intention de débattre

 

Quand je dis qu’il n’y a pas eu de vrai débat, ce n’est pas seulement par rapport au fond (ou plutôt, en l’occurrence, l’absence de fond). C’est aussi dans l’esprit de la rencontre. L’ambition de proposer un débat, et tant qu’à faire un débat de qualité, n’était absolument pas au rendez-vous, je peux vous l’assurer. Ce qui m’a marqué, c’est que, dans une fausse humilité (j’ai pouffé intérieurement de rire quand Madame Benbassa a sorti qu’« élaborer cette loi sur le mariage obligeait à beaucoup d’humilité » !) et une décontraction inappropriée à la gravité des enjeux du débat (« Dans la bonne humeur et la réflexion, nous ferons avancer ces lois ! »), nos quatre intervenants s’excusaient à tour de rôle de penser par eux-mêmes, affichaient leur incompétence ou leur déni sans s’en rendre compte, n’entraient pas dans le vif du sujet (sous prétexte que ce serait trop fastidieux de rentrer dans les détails, ou que ça ennuierait tout le monde), fermaient la discussion, ou se cloîtraient dans un silence contrarié (Suivez mon regard… il atterrit sur Caroline Macaron). La couardise dans toute sa splendeur ! Écoutez plutôt nos valeureux « intellectuels » et « législateurs » conclurent presque chacune de leur prise de parole par ces mots vigoureux : « Franchement, je n’ai pas d’idées… Je ne suis pas une juriste aguerrie. » (Esther Benbassa en conclusion du débat) ; « Je ne vais pas rentrer dans tous les aspects juridiques… » (Daniel Borrillo, après avoir survolé la question du statut flou du « co-parent ») ; « La question est réglée d’avance… » (Didier Éribon concernant la loi sur le mariage entre couples de même sexe) ; « On laisse la partie technique… » (Esther Benbassa, esquivant la discussion sur les retombées concrètes de la substitution de l’expression « mari et femme » par « époux » ou « conjoints » dans le cas de la validation de la loi sur le mariage) ; « Je ne suis pas un expert du symbolique… » (Daniel Borrillo) ; « On n’est pas là pour dire ce qui est souhaitable ou non ! » (Esther Benbassa face au pédopsychiatre qui critiquait chez elle le discours relativiste et fuyant) ; « On ne règlera pas maintenant tous les problèmes psychologiques qui se posent. » (Esther Benbassa, niant les constats médicaux des professionnels de la santé).

 

Caroline Mécary, pour ne pas s’enfoncer davantage dans le déni de Réel, est restée particulièrement muette et concise pendant la seconde moitié de la conférence. Elle a dû sentir l’accumulation de bourdes de ses camarades, et a préféré s’éclipser peu à peu après sa première intervention. Et à sa place, j’aurais fait pareil ! : je me serais caché six pieds sous terre (… de honte !).

 

Didier Éribon, lui, n’a pas eu les mêmes états d’âme et la même distance. Tant qu’à être de mauvaise foi et à afficher la lâcheté, autant le faire en grand et avec du bruit ! Son relativisme sentait la démission intellectuelle et le désenchantement existentiel/amoureux à plein nez : À quoi bon débattre, disait-il, puisque « les arguments sont toujours réversibles » et qu’il n’y a pas d’« évidences » (sauf si on les rabaisse, comme lui le fait, au rang de « points de vue », de méprisables « opinions » subjectives, de « constructions culturelles patriarcales, hétérosexistes et judéo-chrétiennes ») ? « Qui peut définir ce qu’est une famille ? » lança-t-il orgueilleusement à la foule, sans attendre de réponse. L’Amour, messieurs dames. L’Amour. Mais c’est sûr que quand on connaît un peu ton histoire familiale, et surtout ton rapport blessé à celle-ci – j’ai lu en entier Retour à Reims (2009) –, on comprend que tu ne veuilles pas t’étendre sur cette question, que tu n’autorises personne à s’y étendre, d’ailleurs…

 

Au lieu d’apporter une parole forte et juste, et comme pour pallier le vide de prétention à débattre, nos quatre conférenciers s’appesantissaient à se faire des courbettes (j’aime beaucoup ta robe ; ton dernier livre, j’ai a-do-ré ; faut absssolument que tu me refiles la recette), à se congratuler entre eux, à se citer mutuellement. Par exemple, Esther Benbassa n’a pas boudé son plaisir en définissant, avec une audace frétillante, le Dictionnaire des cultures gaies et lesbiennes (2003) de Didier Éribon comme « une Bible… une grande Bible même » qui servait encore aujourd’hui à « réformer nos esprits » (au moins ça !… même si personnellement, j’aurais plutôt employé le verbe « formater », mais bon…).

 

Quant à l’issue du tour de table qu’elle était censée conclure, Madame le Sénateur a affiché un contentement forcé, alors même que les dossiers de fond avaient tous été survolés : « Bon… Tout le monde a dit presque tout, je crois… » Visiblement, le public d’anesthésiés (ou d’indignés muets !) n’a vu que du feu à cette mollesse et cette démission collective. On le roulait dans la farine et on lui servait de la soupe idéologique sans contenu, mais ça lui allait très bien, c’était ça le pire…

 

Sans le faire visiblement exprès, car ça se voulait à la base un compliment poli, l’intervention conclusive et convenue de Stéphane Corbin (le porte parole de la fédération Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) a fini de convaincre l’assistance qu’on venait de passer trois heures avec de faux intellectuels qui se défilaient sur les sujets qu’ils s’étaient initialement proposés de traiter : « Merci pour vos réponses… et vos non-réponses qui ont finalement été des ouvertures… »

 

Le débat, dans sa globalité, était en grande partie scénarisé. Par exemple, c’était gros comme une maison que Didier Éribon avait prévu de laisser le mot de la fin à un de ses potes homos présent au deuxième rang, vivant en Angleterre avec son copain, et censé par conséquent offrir un regard « pro-mariage » neuf, distancé, efficace (parce que minoritaire : qui, dans l’assistance, pouvait le contredire et lui parler du traitement de l’homosexualité en Grande-Bretagne en connaissance de cause?), exotique, rafraîchissant, beaucoup plus juste que toutes nos pauvres considérations de Français franco-centrés sur le mariage.

 

Tout le monde est ressorti de la salle sans orientation précise (et je doute que le « pot de l’amitié » final ait clarifié davantage les affaires…), sans même une date pour les États Généraux de la famille qu’Esther Benbassa a pourtant encouragé à organiser (« S’il n’y a pas d’États Généraux de la famille, on ne pourra pas avancer. »), plus par urgence et par pression sociale pour éviter le scandale que parce qu’elle désire véritablement un débat de fond sur le mariage en lui-même. D’ailleurs, concernant ces États Généraux, nous aussi, les opposants au projet de loi sur le « mariage pour tous ceux qui le désirent », nous les demandons (bien avant de passer à l’étape du référendum, ou même à celle de la manif’ dans la rue). Mais je crois, pour être tout à fait lucide, qu’Esther Benbassa et ses collaborateurs ne souhaitent pas ce temps de concertation pour les mêmes raisons que nous et pour poser les bonnes questions. À les entendre, ils veulent des États Généraux non pas consacrés au mariage ni au projet de son « ouverture » (pour eux, les dés sont déjà jetés, la promesse socialiste est irrévocable, et le mariage pour les couples homosexuels ne se discutera pas !) mais uniquement des États Généraux orientés sur les conséquences pratiques du mariage entre couples de même sexe (présomption de parentalité, examen des nouveaux devoirs conjugaux entre « conjoints » de même sexe, PMA, GPA, adoption, mise en place des droits de succession, etc. ; Exemples de fausses problématiques qui prennent le vrai débat sur le « mariage » à l’envers, et enserrent les États Généraux dans la voie du compromis et de la logique par défaut : « Facilitons la coparentalité pour garantir à l’enfant adopté un père et une mère ! » ; « Permettons aux enfants issus des GPA d’être inscrits sur les registres d’État Civil ! », etc.). Nous, nous voulons au contraire que le projet de loi en lui-même soit remis en cause et abandonné ! Je crois qu’il faut bien qu’on se mette d’accord ensemble sur les buts concrets de ces États Généraux, car ils sont pour l’instant très équivoques et divergents.

 
 

3 – Le mauvais traitement de l’auditoire

 

Quand je dis que l’esprit de cette réunion au Sénat n’était pas au débat, c’est qu’on sentait clairement (et sans paranoïa aucune de ma part) que certaines interventions orales étaient placées sous haute surveillance, que des personnes dans le public avaient été préalablement désignées pour poser telle question à tel moment, qu’une brigade spéciale de militants parsemés çà et là guettait, extincteur en main, le « subversif anti-loi-sur-le-mariage » pour l’encercler au plus vite et le mettre hors d’état d’incendier toute la salle. Si la discussion s’échauffait, les membres gays friendly de l’auditoire étaient prévus pour maîtriser les « gêneurs » en posant des questions inutiles et limite hors-sujet, en vue de détourner les conversations des sujets cruciaux. Devant moi, par exemple, un homme a volé la parole du pédopsychiatre Vincent Rouyer qui était en train de s’exprimer fort à propos sur les désastres concrets qu’impliquerait le « mariage pour tous », en lui emboîtant le pas (« On va changer de sujet! » a-t-il lancé précipitamment) ; puis il s’est chargé de faire diversion en interrogeant Esther Benbassa sur l’historique de l’élaboration du projet de loi (passionnant…). Le but de la manœuvre était claire : faire taire les opposants.

 

Globalement, pendant le « débat », j’ai été impressionné par la hargne des militants LGBT et friendly à l’encontre de ceux qui, comme moi, aspiraient à un échange serein et consistant. Ils préféraient maintenir leurs détracteurs dans des réactions que ces derniers n’ont jamais eues (le catastrophisme, l’énervement, le trouble, la peur, la rigidité, la superstition religieuse, etc.) plutôt que de reconnaître que celles-ci provenaient majoritairement d’eux (je les ai d’ailleurs sentis hyper nerveux, irritables, pas du tout à l’écoute, paniqués, pendant tout le temps des questions). Il n’y avait qu’à voir l’accueil qui a été réservé à l’emploi de l’expression « J’exige » (« exiger », c’est un verbe « nazi », il est vrai…) par l’une des personnes du public (le philosophe Gaultier Bès de Berc), pour comprendre la paranoïa anti-fasciste qui pesait dans la salle : « Il faut aller au-delà des conservatismes ! » a rappelé Esther Benbassa. Et il suffisait aussi d’écouter deux secondes Didier Éribon pour comprendre que le vrai homme superstitieux dans l’histoire, qui parle d’« Apocalypse » sans arrêt, qui use et abuse d’un lexique religieux anachronique qu’il attribue fiévreusement à ses « opposants », c’est lui ! Pendant le débat, il n’avait que le mot « conservateur » en bouche : « Il ne faudrait pas que notre pays des Droits de l’Homme devienne le pays le plus conservateur du monde ! »

 

Le respect de l’auditoire convié ce jour-là (auditoire qui avait pourtant des questions vraiment pertinentes à poser, des intentions pas du tout belliqueuses ni alarmistes, des témoignages de terrain intéressants à prendre en compte) n’a pas été au rendez-vous. C’est quand même embêtant pour un « débat », ce manque de fair play et d’écoute…

 

Les partisans du projet de loi ont préféré maintenir leurs « opposants » dans des schémas de pensée extrémistes et caricaturaux pour mieux se justifier de ne pas les laisser parler, et de répliquer avec la même violence que celle qu’ils leur attribuaient. [Moi, par exemple, je n’emploie pas l’expression « mariage homosexuel »… puisque c’est le « mariage » tout court que demandent la plupart des militants homosexuels. Je n’ai jamais dit que la différence des sexes était l’unique fondement solide du mariage… puisqu’il y a des couples qui intègrent la différence des sexes, qui se marient dans les règles, mais qui ne s’aiment pas pour autant. Je ne pense pas non plus que la condition sine qua non pour qu’il y ait mariage, c’est la procréation ou la présence physique des enfants, étant donné qu’il y a des familles qui peuvent procréer naturellement sans que l’enfant soit nécessairement aimé et bien élevé, et qu’il y a des couples femme-homme stériles qui s’aiment vraiment. De même, ce ne sont pas les évolutions du mariage ou de la famille qui m’inquiètent en soi : il existe des changements au sein des couples femme-homme qui sont salutaires, novateurs, qui ne remettent pas en cause la structure malléable du mariage et qui n’impactent pas l’équilibre d’une société, bien au contraire.] Mais je crois que cela arrange le totalitarisme et le réductionnisme intellectuel de ces orateurs que d’enfermer leurs contradicteurs dans une pensée simpliste et sans nuance. Derrière leur revendication agressive du droit au mariage ou à l’enfant, on lit une revanche à prendre et une jalousie mal dissimulée à l’encontre des couples femme-homme, voire des croyants en Dieu. Daniel Borrillo, par exemple, demande à ce que les unions femme-homme soient passées au crible des mêmes examens scrupuleux et odieux que les cruels sociologues et psychanalyses auraient infligés à la communauté homosexuelle depuis des siècles, « et on verrait, selon lui, que peu d’entre elles auraient l’accréditation et la légitimité pour élever/adopter des enfants et se marier aujourd’hui » ! Pour prouver que les personnes non-homosexuelles sont mal placées pour faire la leçon aux couples homosexuels en matière d’amour, de mariage, de fidélité, de procréation, de filiation et d’éducation, l’un des amis homos de Didier Éribon, présent dans la salle, a pris énergiquement la parole pour asséner que les familles classiques, de tout temps, n’avaient fait qu’engendrer malheur sur malheur (« Quand on pense à toutes les perversités qu’ils ont infligées à leurs enfants ! »). Et Éribon s’est contenté d’acquiescer ironiquement : « … et on va essayer de faire mieux ! »

 

Il faut savoir, pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas bien Didier Éribon, que son disque anticlérical, anti-scientifique et victimisant, nourri par les philosophes structuralistes soixante-huitards (Michel Foucault en tête), tourne en boucle depuis trente ans… Il n’a pas l’air de s’en lasser, visiblement (nous, si…) : « La psychanalyse a joué un rôle terrible dans toute cette histoire. » ; « Il faut lutter contre la psychiatrisation de l’homosexualité ! » ; « Dieu soit loué, l’Église ne fait pas régner sa loi en France ! » ; etc. Didier Éribon voit du « discours chrétien » partout, même là où il n’apparaît pas explicitement. Je ne pense pas, par exemple, que les croyants chrétiens aient le monopole de la défense de la famille naturelle traditionnelle et aimante, ou bien que tous les opposants à l’« ouverture » du mariage, à la PMA ou à la GPA soient catholiques ou le fassent pour des raisons strictement religieuses (j’en connais même un grand nombre qui sont athées !). Il faut arrêter qu’il arrête son délire. Ce que les promoteurs du « mariage pour tous » ont du mal à comprendre, c’est que c’est juste humain de s’insurger contre les conséquences graves de certaines lois déconnectées du Réel, de certaines pratiques et manipulations génétiques qui concernent la vie et les êtres humains les plus fragiles. Cela relève du bon sens. Mais non ! Didier Éribon, en bon paranoïaque, refuse d’entendre raison ! La confiance, c’est la soumission ! Son ennemi de toujours, celui auquel il tient énormément, c’est et ce sera le discours « christiano-psychiatrique » (je n’avais jamais entendu cette expression avant… personnellement, j’ai adoré…). De toute éternité ! Comme son ami Daniel Borrillo, il lance sa croisade athée contre les intellectuels, les savants et les psychiatres. Il a même poussé le cri-qui-tue devant toute l’assistance : « Je ne veux pas être pathologisé !! » Du savoir scientifiques, des faits réels, de l’apport des sciences humaines, de l’expérience clinique, du témoignage de terrain à propos de l’encadrement de la petite enfance, nos quatre intervenants font table rase ! « Halte aux études !! » s’est écrié à un moment donné Daniel Borrillo au sujet de la légitimité des statistiques sur l’homoparentalité. Voilà ce qui s’appelle tout simplement de la censure.

 


Civitas, qui se présente comme « chrétien » et maintenant comme « catholique »
 

Néanmoins, le pompon de paranoïa « anti-fasciste » du débat n’est pas venu, comme je l’attendais, de notre quatuor à cordes dissonant préféré, mais d’un de ses alliés, un certain Édouard, jeune homme de 20 ans de l’ENS, placé tout devant, au look paradoxalement très catho intégriste (genre militaire Waffen-SS), que je voyais déjà ricaner pendant la seconde moitié de la conférence dès qu’il entendait un soubresaut de lexique « familialo-judéo-christiano-maçonnique » de la part du public, et dont l’esprit s’est échaudé rapidement suite aux interventions contestataires dans l’auditoire. On l’a vu se lever promptement de son siège, pour faire un esclandre qui restera, j’espère, dans les annales ! Non seulement il s’est mis à bannir purement et simplement tous les gens de la salle qui voulaient juste débattre (les mots de censure qu’ils employaient étaient clairs mais ne se dirigeaient pas à quelqu’un en particulier : « Vous ne faites pas partie du débat !! Vous êtes hors débat !!! »). Le plus drôle, c’est que dans son pétage de plombs tonitruant, il s’est mis à voir des gens de l’Institut Civitas partout (« On voit que Civitas est bien représenté dans la salle !!! »), limite en les pointant du doigt (Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas, Civitas est une communauté chrétienne dissidente de l’Église, lefevriste, anti-catholique, qui n’obéit ni au Pape ni à Rome). Mes amis présents dans la salle et moi, des catholiques ordinaires (et extraordinaires quand on se laisse habiter par Dieu), on était pris entre rire et consternation. Il était évident qu’il n’y avait pas un seul membre de Civitas présent parmi nous tous (s’il y en avait eu un, on l’aurait déjà entendu au début du temps d’échange !). L’unique individu de l’assistance qui, à la rigueur, aurait eu le look et l’attitude pour faire partie de Civitas (coupe saint Cyr, chemise à carreaux, boy scout blondinet agressif…), c’était bien Édouard (cf. mon N.B. final) ! C’est dur d’être un catho refoulé, quand même…

 

L’amalgame (recherché ?) entre les membres de Civitas (adeptes d’un prosélytisme religieux musclé et ultra-politisé) et les vrais catholiques (pas toujours fins, mais au moins appelés à l’être) arrange deux camps : ceux qui diabolisent l’homosexualité (Civitas en première ligne) en se centrant sur quelques ennemis grossiers – le « relativisme laïcard » et « l’accusation d’homophobie », plutôt que sur « l’homophobie » elle-même – ; puis ceux qui à l’inverse sacralisent l’homosexualité et qui, en invitant Civitas sur les plateaux télé par exemple, ont trouvé leur épouvantail à moineaux idéal, leur proie facile sur qui taper sans passer pour des fachos eux-mêmes, leur « caricature de ‘cathos’ » vivante qui justifiera aux yeux du monde que leur combat pour les droits LGBT est juste, et qu’à l’inverse le discours « ecclésial » sur l’homosexualité est totalement archaïque, inique, bête et méchant. En plus, la communauté homosexuelle a tout à gagner à inviter les chrétiens fondamentalistes intégristes à parler d’homosexualité : au moins, comme ça, le sujet (et toutes les souffrances/violences qu’il recèle) n’est pas traité ; on rigole bien et on s’offusque bien, aussi ; et en plus, ça fait d’excellents audimat ! Bingo ! Vive ces cons du FN et de Civitas ! On va organiser un dîner friendly avec eux !

 

Le pire, c’est que pendant ce « débat », la chasse à l’homme diabolique ne s’est pas limitée à « l’ennemi extérieur ». Selon la logique paranoïaque, l’ennemi extérieur se mute toujours en ennemi interne, deux fois plus traître et plus pernicieux encore que le premier ! D’ailleurs, ne croyez pas que nos quatre théoriciens de l’Amour soient venus la fleur au fusil et qu’ils marchaient main dans la main avec leurs chefs politiques, leurs juges, leurs législateurs, leur président, et même leurs sympathisants. Au contraire ! Ils n’ont pas arrêté, du début à la fin de la conférence, de torpiller « discrètement » leur propre camp politique (= la gauche), de présenter le projet sur le mariage comme une loi-sanction qui lui était destiné, une revanche à prendre face à « l’incompétence » des socialistes qui les ont précédés, un ultimatum, une menace qu’ils n’hésiteront pas à mettre à exécution si par malheur ils ne voyaient pas tous leurs vœux exaucés à la lettre ! Le président Hollande a/aurait promis un cadeau : il n’a plus le choix ! Pistolet dans la tempe, il doit le donner. Et interdit de se rétracter ! : « Il s’est engagé. Sans ambiguïté aucune. Il a réitéré son engagement. » rappelle fermement Caroline Mécary en début de débat. Dans le discours d’Éribon, Benbassa, Mécary et Borrillo, on sentait aussi une pression et un mépris assumés du président et de tous ses ministres : « Il existe du conservatisme à gauche ! […] Qu’on stimule le gouvernement, c’est notre rôle ! Les socialistes avant ne l’ont pas fait ! » (Esther Benbassa) Ils les aimeront tant qu’ils leur seront soumis. Moi, à la place de nos gouvernants, je ne tolèrerai pas un tel chantage.

 


 
 

4 – Le mépris des bénéficiaires officiels du débat

 

Enfin, pour terminer ce compte-rendu d’un « débat qui n’a pas eu lieu », je vous parlerai du point le plus important. Celui qui, à mes yeux, saute aux yeux, qui est le plus choquant. Je veux parler du mépris des « victimes » que ces idéologues-magistrats prétendent aider, mais qu’ils enfoncent encore davantage par des propositions de loi comme celles-ci. Comme dans tout système sectaire et propagandiste de censure, le « débat » proposé au Sénat ce mardi 11 septembre n’avait rien d’un échange démocratique. Et en effet, comment pouvait-il en être autrement, quand même les sujets qu’il s’était proposé d’honorer (les personnes homosexuelles en première ligne ; les enfants dans un deuxième temps) n’ont pas eu le droit à l’expression, à la reconnaissance, n’ont pas été consultés, ou bien ont été sommés d’adopter le discours policé du déni de souffrance et du déni de Réel ? Les rares témoins dans la salle qui ont parlé publiquement des enfants se sont fait renvoyer sévèrement paître. Et les rares personnes homosexuelles qui ont pu s’exprimer devant tout le monde n’ont pas pu/voulu parler de leur homosexualité, de leur mode de vie, des situations complexes que vivent les couples homosexuels en général : elles se sont axées uniquement sur « l’avancée légale de leurs droits » et sur leur « capacité indéniable à se marier et à adopter ». Bref, elles ont joué le rôle qu’on attendait d’elles : celui des victimes « agressivement heureuses d’aimer » et « éternellement insatisfaites ».

 

Pour rentrer dans le détail, j’ai compris avec tristesse en ressortant du Sénat, que les grands oubliés du « débat », les vrais exclus de nos « considérations d’adultes entre adultes », avaient bien été les enfants. Voilà pourquoi les échanges m’avaient paru sur le coup d’une violence objectivement révoltante. En vérité, je peux témoigner que les militants pro-mariage présents dans la salle empêchaient de parler concrètement des enfants. Dès qu’il était question de ces derniers dans la bouche d’une personne du public, cela déclenchait systématiquement chez eux des éclats de rire forcés, une hilarité hystérique, des sarcasmes, des échanges de regards hallucinés, une agressivité incontrôlée, des mystérieuses extinctions de micro. Rien de d’entendre le mot « enfant » (et surtout la périphrase « souffrance de l’enfant ») les insupportait au plus haut point, arrivait à leurs oreilles comme une insulte, même si ensuite, ils lui faisaient les yeux doux dès que celui-ci prenait la forme abstraite du « droit en faveur des homos » : « En tant que législateurs, nous faisons de notre mieux pour que l’enfant soit protégé. » (Esther Benbassa…). C’est le sort réservé à l’enfance qui m’a, je dois l’avouer, le plus choqué lors de cette conférence. C’est le peu de place laissé au traitement des souffrances (paradoxal venant de ceux qui s’en déclarent les ennemis et qui se présentent comme des justiciers sociaux) qui m’a le plus ébahi.

 

Il est extrêmement difficile d’avoir un dialogue raisonnable et constructif avec des gens qui ont quitté à ce point le Réel, qui tournent en dérision des évidences anthropologiques, qui se moquent même du bon sens, qui foncent tête baissée dans le déni de souffrances (parce qu’en réalité, ils ont beaucoup de comptes à régler avec leur propre famille). Par exemple, le fait qu’une personne de l’assistance ose affirmer que le couple homosexuel n’est pas procréatif par nature et qu’il faut nécessairement une gamète mâle et une gamète femelle pour concevoir un enfant, cela déclenchait le sarcasme forcé des « pro-mariage-pour-tous » ; quand on leur rappelait que les divorces créent des dommages dramatiques sur les enfants qui les subissaient sans avoir rien demandé, ils pouffaient de rire (y compris Benbassa et Éribon !) ; et lorsqu’il leur était rappelé que la pluri-parentalité, dans les cas de séparations, risquait à coup sûr d’amplifier chez l’enfant éduqué par deux « papas » et deux « mamans » le drame du divorce, ils tournaient l’exagération de leur détracteur – en réalité, leur propre excès inconscient – en remarque grotesque et « apocalyptique » (Didier Éribon). Bienvenue dans la quatrième dimension… Vous comprenez pourquoi, en ressortant de la salle René Coty, il y avait de quoi avoir les crocs ?

 

Même les professionnels de l’accompagnement de l’enfance ont été la risée de la salle. Quand une intervenante extérieure a osé affirmer, avec une gravité de circonstance, concernant le fait qu’un enfant naisse au sein d’un couple homosexuel, que : « Croyez-moi : les enfants vivent très mal ça… », Didier Éribon s’est contenté de lui répondre cyniquement : « … ça, c’est leur problème ! » Lorsqu’une autre jeune femme de l’assistance, faisant partie de l’association Le Droit de te connaître et travaillant depuis deux ans auprès d’enfants à Paris, a pris la parole pour souligner les graves troubles du langage qu’elle rencontrait quotidiennement chez les jeunes élevés dans des familles « homoparentales » (« Je tire la sonnette d’alarme… », s’est-elle permise de dire), un tonnerre de grommellements bougons et sceptiques l’a accueillie. Allô ? Y avait-il une conscience dans la salle ?

 

Les militants « pro-mariage pour tous ceux qui le désirent » détournent les yeux des vrais problèmes (crise, pauvreté, maladie, souffrance, injustices, deuil, guerres, etc.), pour les remplacer par des soucis annexes qui tiennent majoritairement du caprice, de la plainte déplacée, de l’hypocrisie, de la réclamation « universaliste en intention/particulariste dans les faits ». Concrètement, peu de couples homos auraient voulu se marier, car pour eux, le mariage, c’est le summum de l’institution bourgeoise, du carcan social destructeur, de l’hypocrisie religieuse. Et les rares militants qui le recevront (si la loi vient, par malheur, à passer) le réclament plus par prosélytisme agressif et par sincérité, que par vérité, par conviction personnelle et par respect de la réalité du mariage. Il ne s’agit absolument pas pour eux d’honorer et de perpétuer des traditions qu’ils respecteraient : il s’agit plutôt de travestir et d’affadir les traditions en les substituant par leurs parodies sincérisées.

 

Pourquoi le projet de loi sur le mariage et l’adoption est non seulement inadapté mais en plus dangereux pour les individus directement concernés par lui (= les personnes homosexuelles et les enfants) ? Pour une vulgaire histoire d’attachement angoissé et infondé à des petites représentations mentales figées de la morale, de la vie, de la famille, du bien-être de l’enfant ?? Pas du tout ! Moi, je pense d’abord à la sécurité et à la liberté des personnes homosexuelles elles-mêmes ! Car, à n’importe quelle époque que ce soit, il a toujours été dangereux et dramatique de jouer au jeu de la victimisation, surtout quand nos souffrances tiennent autant de la douleur réellement subie que de l’exagération pour se rendre plus malheureux qu’on ne l’est déjà. Je regrette, mais quand Madame Benbassa annonce comme une évidence que « le refus du droit au mariage est une vraie discrimination », j’ai envie qu’elle aille faire un tour en Haïti, ou dans un pays en guerre, ou même tout simplement qu’elle regarde la France en pleine crise économique, l’Europe du chômage… et après, on verra si elle classe le droit au mariage pour les couples homosexuels qui le « voudraient » (splendide conditionnel employé accidentellement par Didier Éribon… j’adore les lapsus révélateurs…) au rang des priorités et des urgences de la Nation ! Nous rendons-nous compte des priorités, justement ? Il a l’air de quoi, le pataquès autour de ce pauvre projet de loi sur le mariage, loi ne concernant objectivement qu’une poignée d’intéressés, qui, il y a dix ans de cela, ne souffraient absolument pas de ne pas pouvoir se marier et de ne pas avoir d’enfants, avant que le phénomène ne devienne à la mode et ne se radicalise en slogan politique pro-gay, en plainte singée de la « discrimination homophobe » ? Mais dans quel monde virtualisé vivons-nous ?

 

Quand on se pose en victimes alors qu’il y a largement plus malheureux et nécessiteux que nous, et que nous sommes bien souvent les artisans de notre propre malheur (la communauté homosexuelle en est le parfait exemple : cf. je vous renvoie aux codes « milieu homosexuel infernal » et « homosexuel homophobe » de mon Dictionnaire des codes homosexuels), quand on prend la place des vrais pauvres de la société, des sans-voix, on s’expose sur le long terme non seulement au ridicule mais aussi (beaucoup plus grave) aux jalousies, aux critiques, à la dette, à la soif de vengeance de ceux qu’on a écrasés pour que notre dossier soit placé sur le haut de la pile dans le bureau du magistrat (magistrat qu’on a préalablement soudoyé par nos larmes de crocodile, qu’on a menacé en brandissant sur lui le spectre de l’« homophobie »), à la vindicte populaire, à un retour de bâton sans précédent sur la communauté homosexuelle. Comprenez bien que c’est d’abord au nom de la menace grandissante d’homophobie qui pèse sur les personnes homosexuelles (la vraie, celle qui tue vraiment des personnes homosexuelles au fin fond d’une cave ou dans coin de jardin public, celle qui est portée par exemple par des courants fondamentalistes islamistes, entre autres ; pas « l’homophobie catholique » qu’on nous montre bêtement à la télé), et non au nom d’un attachement arbitraire à de « jolis » principes familialistes et religieux ancestraux, que je m’oppose fermement à ce projet d’« ouverture » du mariage à toutes les personnes qui le désirent (y compris aux personnes non-homosexuelles irresponsables !). Car si nous fuyons le Réel et nions les souffrances humaines – ce que fait concrètement ce pré-projet de loi de Madame Taubira, il faut le dire –, l’écrin d’Amour qu’aurait dû être (et qu’est dans certains cas de couples femme-homme qui s’aiment vraiment) le mariage, se métamorphosera en boîte de Pandore. Par la violence déraisonnée qui s’est déchaînée lors de ce débat au Sénat mardi (et qui s’est conclue par la rigolade sinistre d’un « verre de l’amitié »…), nous en avons l’illustration. Ne laissons pas nos législateurs jouer par « compassion » aux savants fous flattant les intérêts particularistes d’une minorité de la population qu’ils manipulent et qui ne travaille pas assez au bien commun. C’est l’avenir de l’Humanité dont il est question.

 

(Et je rappelle à ceux qui trouveraient ma dernière phrase risible, grandiloquente, alarmiste, millénariste, que le mot « Humanité » n’est pas référencé comme un gros mot ou une insulte dans nos Dictionnaires de langue française. En tous cas pas encore…)

 
 

N.B. daté du 14 janvier 2014 : Un peu plus d’un an et demi après, je découvre que celui qui s’était hystérisé contre les Civitas et que j’avais totalement par hasard rebaptisé « Édouard » pour cet article n’était autre que le véritable Eddy Bellegueule, le jeune romancier qui a écrit le roman En finir avec Eddy Bellegueule, et qui s’est choisi comme pseudonyme d’auteur « Édouard Louis ». Incroyable intuition ou ironie du sort, non ?