Code n°154 – Quatuor

Quatuor le bon

Quatuor

 
 

NOTICE EXPLICATIVE

Dès que vous verrez le chiffre 4 dans les fictions traitant d’homosexualité, maintenant, vous tilterez tout de suite… Une fois qu’on le sait, on ne voit que lui !

 

Dans les œuvres homo-érotiques, il est très souvent signe d’androgynie et de mort. L’Androgyne – qu’on peut appelé aussi l’Homme invisible, le diable, puisqu’étymologiquement, il signifie « le Double », le « Divisé divisant » –, a tout, en termes de (bonnes) intentions, de Dieu. Selon la légende de Platon racontée dans le Banquet (-380 av. J.-C.), il a été coupé en deux, voire en quatre. Il reprend exactement les mêmes symboles iconographiques que le Christ, mais cette fois dans leur version agressive, autrement dit impuissante. Les quatre évangélistes entourant Jésus (cf. le Tétramorphe : saint Marc en lion, saint Jean en aigle, saint Matthieu en ange ou en homme, et saint Luc en bœuf) sont remplacés selon la légende androgynique par le chat-panthère, l’aigle noir, l’araignée, et enfin le taureau (codes référencés sur ce Dictionnaire des Codes homosexuels). Dans la fantasmagorie homosexuelle, le motif du quatuor et le chiffre 4 symbolisent généralement la destruction. L’Androgyne n’est pas, comme le Christ, diabolique d’être son extrême opposé : il est diabolique d’être en apparence son jumeau : je dis bien « en apparence », car il n’est que la photocopie, à défaut d’avoir pu être l’original, créature et non Créateur.

 

QUATUOR 1

Tétramorphe


 

Dans une logique très scientifiste (et pour le coup sentimentaliste et fusionnelle), deux plus deux font quatre, on sera tous quasiment d’accord. Un tel décompte marche pour les objets, pour les choses inanimées, pour les abstractions que sont les chiffres, pour le couple (de non-amour) où chacun des membres est considéré comme deux moitiés d’Homme. Mais du point de vue réaliste (et donc humain, idéaliste, aimant et non plus basiquement amoureux), deux plus deux font deux – un couple d’Amour vrai n’est formé que de deux personnes uniques et entières – voire au moins un : l’enfant/les enfants qui naîtra/naîtront de leur union. La logique du quatuor androgynique divise et disperse ; l’élan du quatuor christique unifie et s’ouvre vers la Vie.

 

Pour employer une image simple que permet de visualiser très vite pourquoi je dis que le chiffre quatre peut signifier la mort, pensez au nombre de croque-morts qu’il faut pour porter un cercueil ! Ça devrait suffire…

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Extase », « Amoureux », « Moitié », « Femme et homme en statues de cire », « Se prendre pour Dieu », « Chat », « Aigle noir », « Araignée », « Trio », « Liaisons dangereuses », « Lune », à la partie « Apocalypse » du code « Entre-deux-guerres », à la partie « Taureau » du code « Corrida amoureuse », et à la partie « Diamants » du code « Homme invisible », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

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FICTION

QUATUOR 2 Pierre et Gilles

Tableau « Perversion » de Pierre et Gilles


 

On retrouve le chiffre 4 dans beaucoup de fictions traitant d’homosexualité : le film « Four minutes » (2008) de Chris Kraus, la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel (c’est la quatuor d’homos seul sur scène), le roman La Quatrième Fille du Docteur Klein (2003) d’Élisabeth Brami, la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1967) de Copi (avec Garbo/Mme Simpson/Garbenko/Irina), le film « Frauensee » (« À fleur d’eau », 2012) de Zoltan Paul, la chanson « Quatre Vies » d’Emmanuel Moire, le film « Zodiac » (2012) de Konstantina Kotzamani, la comédie musicale Peep Musical Show (2009) de Franck Jeuffroy (avec quatre chanteurs sur scène : le curé, le marin, la prostituée, et l’actrice), la couverture de l’album Mirror Mirror du groupe Coop (avec les 4 visages coupés en 2 de Jamie McDermott), le film « X2000 » (2000) de François Ozon, le spectacle musical La Légende de Jimmy de Luc Plamondon (avec le quatuor clergyman/diva/groupie/teenager), la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy (avec Bill/Étienne/Solange/Delphine), le film « Claude et Greta » (1969) de Max Pécas, le roman Ma Forêt fantôme (2003) de Denis Lachaud, le film « Blunt : The Fourth Man » (1985) de John Glenister, le film « Quatre garçons dans le vent » (1964) de Richard Lester, le film « Male Bait » (1971) de Peter Curran, le film « Les Désarrois de l’élève Törless » (1966) de Volker Schlöndorff, le film « 2 by 4 » (1997) de Jimmy Smallhorne, le film « Le Quatrième Homme » (1983) de Paul Verhoeven, le film « Perdona Bonita, Pero Lucas Me Quería A Mí » (1997) de Félix Sabroso y Dunia Ayaso, le film « Quartetto Basileus » (1981) de Fabio Carpi, le film « Uomini Uomini Uomini » (1996) de Christian De Sica, le poème « Antoñito El Camborio » de Federico García Lorca (avec les quatre cousins), le film « Quartetto » (2000) de Salvatore Piscicelli, le film « Le Quatrième Protocole » (1987) de John Mackensie, la pièce Quartett (2008) d’Heine Müller, le roman Le Garçon sur la colline (1980) de Claude Brami (avec le quatuor de vaches), le film « Nen No Natsu Yasumi » (1988) de Shusuke Kaneko, le film « Disons, un soir à dîner… » (1969) de Giuseppe Patroni Griffi, le film « A Bigger Splash » (1974) de Jack Hazan, le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon (avec les 4 petites gravures envoyées par la cousine d’Alexandra, où sur l’une d’elles sont représentées 4 femmes), la pièce À toi pour toujours, ta Marie Lou (2011) de Michel Tremblay (avec la photo de Marie Lou et ses trois sœurs, en pantalon, masculinisés), la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez (dans laquelle la chambre de Vivi, le héros homosexuel, est orientée selon les 4 coins cardinaux), le film « Les Rencontres d’après-minuit » (2013) de Yann Gonzalez (avec la Chienne, la Star, l’Étalon et l’Adolescent), le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan (avec le problème de maths et les 4 boules de l’urne), la pièce Quartett (1980) d’Heiner Müller, etc.

 

QUATUOR 3 Victor

Film « Victor, Victoria » de Blake Edwards


 

On entend le chiffre 4 en replay : « Un œil, quatre cheveux, un nez, une chaise : la femme assise. » (cf. l’article « La Femme assise » de Cavana dans la version manuscrite de la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi, p. 75) ; « Les 4 coins, les 4 souris. » (la figure d’Érik Satie jouant le morceau du char gazant les souris, dans la pièce Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou) ; « Nous sommes là, tous les 4, entre amis gays. » (Jean-Luc, Romuald, Heïdi, et Frédérique, les héros gay et lesbiens de la pièce Et Dieu créa les folles (2009) de Corinne Natali) ; « Je sais que vous aimez le cacao sucré, c’est pourquoi j’ai mis quatre morceaux de sucre. » (Puddle à Stephen dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 204) ; « J’ai eu quatre hommes dans ma vie. » (Harvey Milk dans le film éponyme (2009) de Gus Van Sant) ; « T’hésitais entre fraise et chocolat… et t’as pris la glace à 4 boules. » (Clothilde, la sœur lesbienne de Jean-Luc, le héros homo de la pièce Cosmopolitain (2009) de Philippe Nicolitch) ; « Le retour de mon mari scellerait notre union. » (Alexandra, la narratrice lesbienne s’évoquant elle-même en compagnie de ses deux bonnes/amantes et de son mari, dans le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 171) ; « Il était quatre heures du matin. J’étais seule et j’avais besoin de parler à quelqu’un… »  (cf. la chanson « Un Garçon pas comme les autres » de Marie-Jeanne, dans la comédie musicale Starmania de Michel Berger) ; « J’ai toujours rêvé d’habiter dans un 4 étoiles. » (Dany, le héros homosexuel du film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras) ; « Au pied du paravent, une borne kilométrique sur laquelle on lit : Aïn-Sofar 4km. » (cf. la didascalie du Premier Tableau de la pièce Les Paravents (1961) de Jean Genet) ; « Que des 4 ! … ‘44’. » (le commentateur de la loterie du village gallois, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « Il me manque 4 chansons maintenant. » (Tom, le fan de Mylène Farmer, dans la pièce Et Dieu créa les fans (2016) de Jacky Goupil) ; etc. Dans la chanson « Chroniques d’une famille australienne » de Jann Halexander, un couple bourgeois de crocodiles, Monsieur et Madame Hammer, ont « 5 enfants moins une infante » : Tino, Lino, Lucie, et Brutus. Dans son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca apporte un 4/4 à un anniversaire. Il est épaté de voir qu’un homme a coupé son gâteau sur le dessus, à l’horizontal : « Respect : il a pris les ¾ ! »

 

QUATUOR 2 2 fois 2

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Certains auteurs homos affectionnent le quatuor. Et on voit d’ailleurs que celui-ci articule et régit la distribution des personnages de beaucoup d’œuvres homo-érotiques. Je pense par exemple aux pièces de Bernard-Marie Koltès (Sallinger (1977), entre autres, reprend le thème des cartes, avec les 4 rois et les 4 reines) ; on peut citer aussi le film « Salò O Le 120 Giornate Di Sodoma » (« Salò ou les 120 journées de Sodome », 1975) de Pier Paolo Pasolini (avec les quatre vieilles divas, les quatre bourreaux) ; l’organisation de la comédie musicale HAIR (2011) de Gérôme Ragni et James Rado se fait également sur la base des quadrilles (avec le quatuor de femmes, ensuite le quatuor d’hommes, puis les figures du père et de la mère symbolisées par quatre géants sur échasses en blanc).

 

QUATUOR 3 Livre blanc

« Le Livre blanc » de Copi


 

On remarque que l’identification au quatuor donne au personnage homosexuel une illusion de toute-puissance : « Je vieillirai plus. J’ai quatre ans. Pour toujours. » (le héros dans le roman Le Crabaudeur (2000) de Quentin Lamotta, p. 11) ; « N’est-il pas incongru d’éprouver de tels émois lorsqu’on a quatre fois vingt ? Et que vient faire dans son existence finissante cette femme blonde, excessive, en âge d’être sa fille ? » (Gabrielle par rapport à sa jeune amante Émilie, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, pp. 12-13) ; etc. Le héros gay se prend parfois pour un veau d’or, une poule pondeuse d’œufs dorés : « Oh zut, j’accouche ! Un… deux… trois… quatre ! C’est des chauves-souris en or ! Oh mais les yeux c’est des petits rubis ! » (Loretta Strong dans la pièce éponyme (1978) de Copi) ; « Quatre rats ! » (idem) ; « Dieu que l’icône est classe. 4, 3, 2, 1. » (cf. la chanson « Méfie-toi » de Mylène Farmer) Lors de son show musical Charlène Duval… entre copines (2011), Charlène le travesti est entouré de ses quatre journalistes-danseurs ; à la fin de leur chorégraphie, au moment du salut final, il/elle glisse avec malice au public un remerciement très ambigu qui donne à croire qu’il/elle a œuvré à sa propre sacralisation : « Merci aux quatre garçons qui travaillent à la gloire… de moi-même. » Dans le film « Mon arbre » (2011) de Bérénice André, la jeune Marie se dessine elle-même au centre son arbre généalogique, écartelée par ses 4 « parents » homos : elle se prendra finalement pour la Vierge Marie ! Dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, le livre Le Quatuor d’Alexandre de Lawrence Durrell est l’un des romans préférés du protagoniste homosexuel Denis, un vrai dandy bobo. Dans le téléfilm Under the Christmas Tree (Noël, toi et moi, 2021) de Lisa Rose Snow, les deux amantes lesbiennes Charlotte et Alma se rendent à une fête de Noël démoniaque où l’une est déguisée en démon et l’autre en ange, et toutes deux se rendent ensemble voir une cartomancienne qui leur tire les cartes et associe Charlotte à « 4 oiseaux (le faucon, l’aigle, hiboux et la perdrix).

 

QUATUOR 4 poterie

Le Mythe d’Aristophane


 

Le personnage homosexuel se prend carrément pour l’Androgyne, qui s’est fait couper en 4 par Zeus. « Je me suis plié en deux… pour ne pas dire en 4. » (François, le héros homosexuel, dans le one-man-show Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton) ; « J’ai huit doigts et deux têtes. » (Marthe, la lesbienne du film « The Children’s Hour », « La Rumeur » (1961) de William Wyler) ; « On s’coupe en quatre, on s’casse en deux. » (c.f. la chanson « Presque oui » de Georges et Louis) ; etc. Dans la pièce Le Cri de l’Ôtruche (2007) de Claude Gisbert, Paul parle de la menace de se faire « couper deux fois la tête » sous la guillotine. On retrouve le même calcul dans la pièce La Journée d’une Rêveuse (1968) de Copi : « Je ne suis pas sûr qu’elle [Louise] ne soit pas morte ! Elle est très roublarde. Parlons bas ! Elle a quatre oreilles ! » (Jeanne au Marchand) ; « Combien font deux et deux et deux et deux ? » (Jeanne au Fils) Par exemple, dans la pièce La Famille est dans le pré (2014) de Franck Le Hen, Cindy, le prototype de l’hétérosexuelle, a joué pour les bienfaits de l’émission de télé-réalité voyeuriste Secret Story le rôle d’une lesbienne portant le secret suivant : « Je suis sortie avec une ancienne lesbienne bodybuildée et j’ai quatre orteils. » Et plus tard, l’animateur qui devait présenter l’émission Stars chez eux s’est coincé le pied dans la 4/4 de Graziella, la présentatrice psycho.

 

Le quatuor peut également figurer l’amant homosexuel : « Collins avait maintenant un rival des plus sérieux, qui avait fait depuis peu son apparition aux écuries. Il ne possédait point de véritable genou de servante, mais, en revanche, quatre émouvantes jambes brunes… Il avait, de plus que Collins, deux jambes et une queue, ce qui n’était guère en faveur de cette dernière ! Ce Noël-là, quand Stephen avait eu huit ans, Sir Philip lui avait acheté un robuste poney bai. » (la voix narrative parlant de l’héroïne lesbienne Stephen, qui reporte son affection ambiguë pour sa nourrice Collins sur un cheval, dans le roman Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 53) ; « Ils se sont pliés en quatre pour monter Moloch au ciel. » (cf. le poème « Howl » (1955) d’Allen Ginsberg) ; « Tu étais si gentil dans ton costard 3 pièces. » (cf. la chanson « Tu étais si gentil » du Beau Claude) ; « Émile, François, Julien, Fabrice, souvent de l’un à l’autre je glisse. » (cf. la chanson « Ce je ne sais quoi. » du Beau Claude) ; « Nous sommes des dieux, Scrotes, et ces deux jeunes hommes sont nos jouets. » (Anthony s’adressant à son amant, par rapport au jeune couple homo naissant Jim/Doyler, dans le roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; etc.

 

Dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, Anamika, l’héroïne lesbienne, semble véritablement rechercher la divinité orgueilleuse du quadruple clonage, puisqu’elle vit en parallèle des relations amoureuses avec trois amantes différentes, Sheela, Linde, et Rani (et si on compte sa mère – avec qui elle maintient une relation très ambiguë –, ça fait quatre !) : « Dans le car qui me ramenait chez moi, je décidai que trois était le chiffre parfait. Avec deux liaisons, on était écartelé entre deux choix simples. Il y avait là quelque chose de linéaire. J’étais en train de lire un livre en vogue sur la théorie du chaos, d’après lequel le chiffre trois impliquait le chaos. Je désirais le chaos parce que grâce à lui je pourrais créer mon modèle personnel. Je regardais les beaux objets fractals illustrant le volume et voyais Sheela, Linde et Rani dans l’un d’eux, s’amenuisant au fur et à mesure, le motif se répétant à l’infini. Je refermai le livre, convaincue d’avoir choisi la façon de mener ma vie. Le chaos était la physique moderne, c’était la science d’aujourd’hui. » (pp. 64-65) ; « La tête me tourna en nous imaginant à dix ans de là, assises toutes les quatre sur un canapé, et Rani nous parlant d’égal à égal. […] L’électron pensant intitulé ‘assurer l’instruction de Rani’ avait sauté d’une tête à l’autre parce que nous avions été assises tout près. Nous étions toutes les trois les tranches d’un même cerveau. […] C’était un sentiment d’être bien davantage qu’un simple individu. Au bout du compte, elles étaient toutes raccordées à moi. » (Anamika parlant du quatuor qu’elle forme avec sa mère/Rani/Linde, idem, pp. 183-186)

 

Le chiffre quatre indique dans un premier temps une fuite du Réel. Par exemple, dans la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier, Lourdes-Marilyn, l’héroïne, « enlèverait le 4 de l’horloge… pour qu’il n’y ait plus de 4 heures. » Dans la pièce La Journée d’une Rêveuse (1968) de Copi, les 5 hommes-oiseaux devant Jeanne prétendent être le « vrai facteur » : « Moi ! Moi ! Moi ! C’est moi le vrai facteur ! C’est moi ! […] C’est moi. C’est lui. Moi. Moi. Lui. Moi. Lui. » On apprend par la suite qu’il n’y a qu’un seul « vrai facteur », et 4 « faux facteurs », le chiffre 4 étant donc celui du mensonge, de l’illusion identitaire.

 

Parfois, le quatuor représente un carré relationnel amoureux intenable, digne du roman Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos. « Trois marins et l’amour, ça fait quatre paumés. » (Solange dans la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy). Je pense par exemple au film « West-Side Story » (1961) de Robert Wise, au film « Grande École » (2003) de Robert Salis (avec le jeu malsain des stratégies et des échanges amoureux), au film « Ken Park » (2002) de Larry Clark, au film « Passion » (1964) de Yasuzo Masumara (avec les quatre amants qui s’auto-détruisent), au film « Quartet » (1981) de James Ivory (avec un quadrille amoureux entre Marya, Stefan, un mécène anglais et son épouse artiste peintre), à la pièce Missing (2008) de Nick Hamm (avec les quatre lycéens disparus, parmi lequel se cache un meurtrier), à la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio (avec le quatuor machiavélique Vera/Pierre-André/Nina/Lola), au film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino (Marzia/Chiara/Oliver/Elio), au film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button (avec Léonard/Vita/Harold/Virginia), au film « Plus on est de fous » (« Donde caben dos », 2021) de Paco Caballero, etc. Dans le film « Un Mariage à trois » (2009) de Jacques Doillon, les couples se font et se défont ; Harriet et Auguste ont été anciens amants et s’amusent à manipuler Fanny et Théo (« Pourquoi nous avons été si destructeurs ? » ironisent-ils) ; Harriet ne veut pas d’enfant ; Auguste charme Théo et se fait prendre à son propre jeu ; Fanny est présentée par Harriet comme sa « fille spirituelle » et les deux femmes finissent par s’embrasser sur la bouche. Harriet noie le poisson de l’inconstance amoureuse générale dans l’esthétisme sentimentaliste : « Ces quatuors, on va les jouer avec une intensité, une émotion… »

 

Le quatuor établit et prouve un parallélisme de violence entre hétérosexualité et violence. Par exemple, dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, le couple hétéro Lena/Révérend Ralph (homo secret) est mis en parallèle/opposition avec le couple homo Johnny/Romeo. Dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz, Sultana a l’idée de faire un double mariage : le sien avec le père de Chris, puis un mariage entre Marilyn et Chris. Dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, le quatuor Adèle/William/Gabriel/Pierre est réuni pour le procès de la bisexualité (autrement dit de l’hétérosexualité). Dans le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker, le couple lesbien Rachel/Luce et le couple hétéro Tessa/Ned (les parents de Rachel) s’embrassent simultanément au milieu de l’embouteillage. Dans le film « The Talented Mister Ripley » (« Le Talentueux M. Ripley », 1999) d’Anthony Minghella, le quatuor Meredith/Marge/Tom/Dick se centre autour de la machination machiavélique de Tom, le héros homosexuel, qui brise tous les couples par « amour » passionnel pour Dick qu’il finira par assassiner. Dans la pièce Les Favoris (2016) d’Éric Delcourt, les trois héros bi-homosexuels (Camille, Ninon et Guen) méprisent le seul héros hétéro de la pièce, Stan, et organisent sa mort sociale, et presque physique. Dans la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn, le groupe d’Olivia, Anwar (dandy homo), Ruby (la pimbêche) et Aimee (l’idiote), s’amusent dans leur lycée à critiquer tout le monde (« On balance un tas de trucs odieux sur tout le monde. » dit Ruby) et à former des couples postiches pour humilier leurs camarades rejetés : par exemple, dans l’épisode 5 de la saison 1, il fait croire à Harriett, une élève laide, que Jordan, un mec populaire du lycée, en pince pour elle ; et elle se prend un râteau monumental. « C’est un vrai crash-test. » rigole Anwar.

 

QUATUOR 5 Salo

Film « Salò ou les 120 journées de Sodome » de Pasolini


 

En réalité, dès que le chiffre 4 apparaît dans les œuvres homosexuelles, c’est mauvais signe… : « Déjà quatre hivers à ne savoir que faire. » (cf. la chanson « Quatre Hivers » d’Étienne Daho) ; « La mort déversait lentement dans le corps de ma sœur sa lymphe empoisonnée afin que celle-ci puisse l’apprécier chaque jour de sa jeunesse, elle avait glacé son sang, durci ses veines et dessinait sur son visage à l’encre indélébile des fissures au coin de sa bouche, quatre étincelles étirant la fente de ses yeux et, sous son cou, une nouvelle peau, pendante et rugueuse coupée en son milieu par deux cordes de muqueuses blanches. » (Nina Bouraoui, La Voyeuse interdite (1991), p. 30) ; « L’absence de Tchang dépasse bientôt les quatre mois, si bien qu’à plusieurs reprises le village sans nouvelles craint sa disparition, et même sa mort. » (Chris dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 141) ; « Comme une rengaine, le mot ‘rien, rien, rien…’ t’étourdit, ses quatre lettres finissent par n’avoir plus de sens. » (Félix, idem, p. 104) ; « Je vous embrasse quatre fois sur les deux joues, Maître. Je vais me blottir, dormir avec les miens. À un de ces quatre jours. Votre Gouri. » (Gouri à Copi le Traducteur, dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 65) ; « Les deux chefs des armées russe et américaine, assez semblables entre eux, blonds, s’avancèrent se tenant par le bras. Deux interprètes du sexe féminin brunes les suivaient. » (la voix narrative parlant des deux amiraux Smutchenko et Smith, idem, p. 113) ; « Il se passe des phénomènes extraordinair’ par ici. […] Ce matin, on a vu tomber d’un nuage quatre scorpions. » (le chœur des voisines dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi) ; « Je te lui [l’agent] ai foutu mon couteau dans le bidon et dans l’épaule. Quatre balafr’ dans les bacchantes et je lui ai ouvert le cœur. » (Cachafaz à Raulito, idem) ; « On entendit un hurlement derrière la porte. […] Quatre folles, le torse nu, traînaient une des leurs par les pieds. » (la voix narrative parlant du cadavre de L’Islandais assassiné, dans la nouvelle « Virginia Woolf a encore frappé » (1983) de Copi, p. 88) ; « les quatre folles qui ont tué l’Islandais sous nos yeux » (idem, p. 91) ; « Quatre pygmées l’ [Christian] immobilisèrent, s’agrippant chacun à un de ses membres, un cinquième lui assena un coup de karaté sur la nuque. Il s’évanouit l’espace d’un instant. » (cf. la nouvelle « La Césarienne » (1983) de Copi, p. 71) ; « Puce poussait le corps du pied. On entendit une sirène de police. Sans trop y penser on prit le corps, lui par les aisselles et moi par les jambes et on le cacha derrière le comptoir : un réflexe de peur. Quatre portières de voiture claquèrent en même temps dans la rue. Je poussai le corps de Mme Ada contre le fond derrière le comptoir et me coinçai assis en tailleur entre elle et la grosse poubelle en même temps que la porte s’ouvrait et que quatre inspecteurs en civil faisaient calme irruption dans le café. Puce servit quatre pastis d’une main tremblante. » (Ahmed caché avec le corps de Mme Ada pendant qu’arrivent les flics, dans la nouvelle « La Baraka » (1983) de Copi, pp. 44-45) ; « Il parvient au centre de la piste, au cœur du cyclone où la musique se multiplie par elle-même, propulsée des quatre points cardinaux par quatre haut-parleurs géants qui enfoncent les temps dans les oreilles comme des coups de marteau. » (le héros homo se trouvant malgré lui à l’intérieur d’une boîte gay qu’il décrit comme un enfer, dans le roman Gaieté parisienne (1996) de Benoît Duteurtre, p. 59) ; « Se mouvant avec raideur, les paupières rougies et les yeux larmoyants, les quatre femmes avalèrent de grandes tasses de café ; puis telles qu’elles étaient, elles se couchèrent sur le plancher, enveloppées dans leur trench-coat et dans leur couverture militaire. Elles s’endormirent en moins d’un quart d’heure, bien que la villa fût secouée et ébranlée par le bombardement. » (Marguerite Radclyffe Hall, Le Puits de solitude (1928), p. 370) ; « Acte IV : Scène finale. » (Jack à son amant Paul, juste avant de se suicider devant lui à la fin de l’Acte, dans la pièce La Dernière Danse (2011) d’Olivier Schmidt) ; « Je me réveillais souvent vers quatre heures du matin, en nage et toujours ce même cauchemar. Je te cherchais désespérément partout. Quand enfin je te trouvais, tu te retournais… Et là, horreur ! Ce n’était pas toi ! » (Bryan à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 44) ; « Moi, le premier jour, je me suis dit : ‘Tiens, il est beau !’ Le lendemain aussi… Le troisième je te cherchais partout, et le quatrième tu me manquais déjà. Ensuite, tu m’as pourri la vie ! » (idem, p. 112) ; « Au matin, les hommes de la Chevra Kadisha se mirent au travail pour apprêter le Rav. Ils se retrouvèrent dans la petite antichambre proche du cimetière. Ils étaient quatre : Levisky, Rigler, Newman et Dovid. Dovid avait passé la nuit auprès du corps, à réciter des psaumes. » (le quatuor entourant la dépouille du Rav, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 37) ; « Il me reste deux rues à traverser pour atteindre Lyon Perrache, lorsque quatre hommes surgissent et s’approchent rapidement de moi. Avant que je n’aie eu le temps de réagir, ils me poussent à terre. Aussi surprise qu’épouvantée, j’appelle à l’aide de toutes mes forces. Cela n’effraie pas mes agresseurs. » (Madeleine violée par les quatre exécutants du méchant Nazi Heinrich, dans le roman À mon cœur défendant (2010) de Thibaut de Saint-Pol, p. 56) ; « Quatre… Comme c’est cocasse. Quatre couverts alors que nous ne sommes que trois… » (Jules, le héros homosexuel, juste avant que Lucie la serveuse et maîtresse de cérémonie macabre interprète sa chanson « La Mort », dans la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « Chez les 4 Jean, on a un baptême du feu spécifique. » (Jean-Jacques, Jean-Édouard, Jean-Henri et Jean-Paul, évoquant le viol ou la soumission comme bizutage d’intégration de leur groupe-commando, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis) ; « Et si on construisait une maison à deux niveaux avec Aysla et Dom ? » (Marie s’adressant à son mari Bernd, concernant le couple hétéro Dom/Aysla, alors que Marie a une liaison lesbienne secrète avec Aysla, dans le téléfilm « Ich Will Dich », « Deux femmes amoureuses » (2014) de Rainer Kaufmann) ; « Heureusement, 4 sont mortes. » (Hugues, le héros homo parlant des cousines Noémie et Alfonsine, qui étaient à la base 6, dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand) ; etc.

 

QUATUOR 6 Cavaliers

Les 4 Cavaliers de l’Apocalypse


 

Le chiffre 4 est généralement synonyme de mort, d’enfer, de diable, de viol, et de fin du monde, dans les œuvres homosexuelles : c’est le cas dans le film « Wolves Of Wall Street » (2002) de David DeCoteau, le film « Avant le Déluge » (1953) d’André Cayatte, le film « Démons » (1982) de Lars Norén, le film « Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse » (1921) de Rex Ingram, le film « Quatre Mouches de velours gris » (1971) de Dario Argento, le film « La Vie privée de Sherlock Holmes » (1970) de Billy Wilder (avec les 4 nains dans le cimetière), le roman La Meilleure part des hommes (2008) de Tristan Garcia (Leibowitz, Doumé, et Liz sont tous les trois centrés sur Willie, le personnage qui mourra du Sida à la fin et qui signera leur propre perte), le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus (avec le titre d’un des chapitres – « Quatre fois deux » – symbolisant le couple homo narcissique et fallacieux parce qu’il est le produit d’une rencontre Internet trouble), le roman Les Nettoyeurs (2006) de Vincent Petit (avec le quatuor médisant, Ondine/Ivan/Eva… et Antoine, prisonnier à son insu d’un cercle de Précieuses de Salons modernes), la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi (et les 4 « gouines armées » avec, à leur tête, Sapho), la pièce Ma Double Vie (2009) de Stéphane Mitchell (avec le gang homophobe composé de quatre « Dalton » autour de la méchante Angélique), le film « Le Marginal » (1983) de Jacques Deray (avec le bar cuir gay Le Carré d’As), la pièce Les Quatre Jumelles (1973) de Copi (évoquant clairement la schizophrénie), la pièce Inconcevable (2007) de Jordan Beswick (où le quatuor va finir par étouffer le coming out du héros), le film « Magnum Force » (1973) de Ted Post (avec les quatre policiers fascistes), le film « Quatre mariages et un enterrement » (1993) de Mike Newell, la pièce String Paradise (2008) de Patrick Hernandez et Marie-Laetitia Bettencourt (avec les quatre call girls camouflant par tous les moyens le meurtre de leur patron), le film « Huit Femmes » (2002) de François Ozon (avec les deux duos de quatre femmes criminelles cherchant à tuer l’Homme invisible), le vidéo-clip de la chanson « Love » du groupe Kazaky (avec le quatuor diabolique), la chanson « Dile A Tu Amiga » de Dalmata (avec le diable, le couple de lesbiennes et le chanteur), le vidéo-clip de la chanson « Foolin » de Devendra Banhart, le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, etc.

 

QUATUOR 7 Vincent Maloi

Film « Society » de Vincent Moloi


 

Dans la pièce Démocratie(s) (2010) d’Harold Pinter, par exemple, la femme violée en arrière-plan est cachée par quatre personnages situés en avant-scène. Dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit, au bout de quatre viols (ou « passes »), le Pass Navigo parisien devient gratuit. Dans le one-man-show Tout en finesse (2014) de Rodolphe Sand, Joyce, la lesbienne, soutient qu’elle « n’est pas malade » et qu’elle « veut juste un gosse »… mais on découvre qu’elle donne des croquettes à ses enfants, les fait coucher dans des litières, et dit d’un air très pince-sans-rire qu’« elle adore les enfants » et qu’elle « en a déjà mangé 4 ». Dans le film « Vacation ! » (2010) de Zach Clark, des vacances entre 4 amies de collège dégénèrent, et se concluent tragiquement. Dans la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade, Benjamin, Pierre son compagnon, Isabelle et Sylvie, forment un quatuor malsain prospectant pour un enfant-objet. Dans la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez, les quatre amis homosexuels (Nono, Stef, Norbert et Vivi) braquent un supermarché. Dans le film « Somefarwhere » (2011) d’Everett Lewis, le chiffre 4 signifie « mort » et se rapporte à un homme décédé étendu sur une civière. Dans le film « Mascarade » (2012) d’Alexis Langlois, au bord d’une falaise, trois hommes nus exécutent une étrange cérémonie : une créature surgit et assassine froidement les trois païens. Chez le roman Dracula (1897) de Bram Stoker, le personnage de Lucie devient un polyandre parce qu’elle est transfusée par quatre hommes. Dans le roman L’Autre Dracula contre l’Ordre noir de la Golden Dawn (2011) de Tony Mark, les héros vivent à 4 dans un manoir. Dans le film « The Return Of Post Apocalyptic Cowgirls » (2010) de Maria Beatty, les quatre femmes lesbiennes « s’aiment » dans un cimetière d’avions : le désir lesbien couronne une humanité dissoute. Dans le film « Society » (2007) de Vincent Moloi, quatre femmes noires (dont un couple de lesbiennes), anciennes camarades de classe, sont réunies autour de la mort de leur cinquième amie. Dans le film « Adieu ma concubine » (1993) de Chen Kaige, Dieyi et Xialou, face au Maître Yuan, expliquent qu’ils veulent reconstituer leur troupe après une dizaine d’années de séparation. Le maître explique cette rupture par une allusion au chiffre quatre : « Je comprends. Tout ça, c’est à cause de la bande des quatre. » Les deux acteurs acquiescent : « Certainement. À cause de la bande des quatre… ». Dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder, Véra, Léopold, Ana et Franz compose le quatuor libertin qui entraînera Franz jusqu’au suicide… et Léopold, l’amant de Franz, est le maître diabolique de ce carré amoureux. Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le quatuor composé de quatre homosexuels (Gatal, ses deux « pères » et Négoce l’entremetteur) met à mort le fiancé de Gatal à cause de son infidélité. Dans le film « La Mala Educación » (« La mauvaise éducation », 2003) de Pedro Almodóvar, Ignacio Rodríguez est en réalité mort depuis quatre ans. Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, trois hommes masqués (avec des têtes d’animaux : notamment le tigre) sont au service du méchant gourou de l’histoire : ils violent (la scène du viol de la femme rousse dans la forêt est d’anthologie) et kidnappent tous les « gentils » (À un moment du film, le spectateur voit un grand « N°4 » inscrit sur un immeuble). Dans le thriller noir « The Owls » (2010) de Cheryl Dunye, quatre OWLs (Older Wiser Lesbians = lesbiennes de plus de 40 ans ; traduction : « les chouettes ») tuent accidentellement une autre jeune lesbienne. Dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, le quatuor Tatiana/Clothilde/Richard/Adrien symbolise la mort prochaine d’Adrien, qui sera assassiné. Dans le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia, Bilal réalise une toile dans lequel il se dessine lui-même agressé par quatre hommes. Dans la nouvelle « La Queue du diable » (2010) d’Essobal Lenoir, le diable permet la fusion d’un trio vivant un coït homosexuel extatique et violent : « Nos trois sexes formaient un seul canon, qui traversait nos corps encastrés, dirigés par un cerveau unique. Nous éjaculâmes en rafale, le garçon de derrière, puis moi, puis l’ange. À l’instant où ce dernier déchargeait cette accumulation de nos énergies vitales, une forme hideuse jaillit de l’ombre. […] Un rai de lumière dévoila cette créature. » (p. 116) ; « Aussitôt nous fûmes embrochés comme des infidèles, et son sperme ardent traversa nos trois corps comme un fluide électrique. » (idem, pp. 117-118) Dans une autre nouvelle du même auteur, intitulée « Au Musée » (2010), l’amant homosexuel semble réagir comme tous les animaux du quatuor : « Il trépignait, glapissait, miaulait ; puis il meugla, hennit, barrit, avant de blatérer, raire, ululer, et de jouir de concert avec moi. » (pp. 111-112) Dans le roman Le Musée des amours lointaines (2008) de Jean-Philippe Vest, les membres de « La Guilde », sorte de secte vouée à l’effigie d’une sculpture diabolique, sont au nombre de quatre ! D’ailleurs, je vais vous citer un extrait de ce livre pour que vous compreniez l’analogie voilée entre le chiffre quatre et le diable (ici, une ombre noire mi masculine mi féminine) : « Un homme s’avance dans les salles à peine éclairées du musée. Son ombre glisse sur chaque tableau, le visiteur nocturne sait qu’il ne sera pas inquiété. […] Il a les cheveux longs, légèrement ondulés. Il est habillé tout de noir et a gradé son imperméable. […] Il a l’air de parler tout seul, mais cette impression est la conséquence des nouvelles technologies, qui rendent les téléphones portables presque invisibles. […] La Mission commence. […] La femme qui vient à la rencontre de l’homme énigmatique, dans la salle numéro cinq, sait très bien, elle aussi, ce que la ‘Mission’ recouvre comme réalité. […] Le Maître est le numéro un d’une organisation plus ou moins secrète, dont le nom complet est : La Guilde de Saint Dibutades. […] La Guilde a rompu ses liens avec l’Église à la fin du seizième siècle, lorsque ses membres ont canonisé Dibutades, contre l’avis de la papauté. Aujourd’hui encore, la puissance de l’organisation s’étend à la planète entière, mais seuls le Maître et ses proches associés en connaissent la véritable ampleur. » (pp. 15-16) Dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot, quatre comédiens représentent l’enfer du sauna… et la voix-off caressante et sournoise qui les guide, c’est celle d’un diable invisible, parlant en régie. Dans la pièce Le Songe d’une nuit d’été (1596) de William Shakespeare, le diabolique Obéron, le Prince des Nuits, habillé de rouge, englobe à lui tout seul un bestiaire complet : on voit entre autre en lui un « guépard aux mains tachetées, et même un monstre répugnant. » Dans le roman Le Bal des Folles (1977) de Copi, le quatuor Michael/Copi-personnage/Patrizia/Laure symbolise la fusion d’un même Homme invisible multi-facettes comme le diamant travaillé : « Je mets Michael et Patrizia à la porte avec leur part de diamants. » (la voix narrative, p. 145) Dans le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, Guillaume, le héros bisexuel, tombe dans un traquenard qui ressemblait à un savoureux « plan cul » au départ : en boîte, il rencontre Karim, un Arabe, qui l’entraîne chez lui et le propose à deux autres de ses potes qui rêvent de se « taper un rebeu ». Dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez, Suki, Juna, Rinn et Kadojo, compose le club des quatre Gothic Lolitas qui s’autodétruisent par la magie noire, autour de la grande sœur invisible (morte) de Juna.

 

QUATUOR 8 Kaboom

Film « Kaboom » de Gregg Araki


 

Comme je vous le disais dans la notice explicative, l’Androgyne diabolique s’entoure des mêmes personnages que le Christ (cf. le Tétramorphe : saint Marc en lion, saint Jean en aigle, saint Matthieu en ange ou en homme, et saint Luc en bœuf), mais dans leur version violente et agressive (cf. le chat-panthère, l’aigle noir, l’araignée, et enfin le taureau survolté des corridas). On retrouve ce quatuor christique inversé dans le film d’animation « God, Guns And Queers » (2010) de Tom de Pékin (avec notamment une belle femme-araignée, entouré de trois autres figures proches du quatuor). On le voit aussi chez Pasolini : « Quatre ou cinq enfants apparurent, dans la peau de tigre des champs. » (Pier Paolo Pasolini, cité sur une plaque circulaire que j’ai aperçue au Métro Bibliothèque François Mitterrand à Paris) Dans l’œuvre de l’écrivain argentin Copi, la figuration du quatuor androgynique est particulièrement saisissante : « Portrait-robot du Gronz : tête de hibou, buste de bœuf, arrière-train de dragon. Méfiez-vous, ils sont très excitables à la vue de la couleur verte. Ne portez pas de vert et camouflez votre végétation derrière des paravents. » (la Comédienne dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) Dans le roman La Cité des Rats (1979), le personnage du rat Gouri donne même le quarté du tétramorphe dans l’ordre ! Juste hallucinant ! Le chat-panthère, le taureau, l’aigle, et l’araignée, y sont présents (et il y a une chance sur un milliard que Copi se soit calculé aussi précisément !) : « Je rêvai que j’étais moi-même mais que ma queue finissait en une tête de CHAT qui essayait de m’attraper le museau, et je tournais en cercles sur moi-même de plus en plus vite pour lui échapper. Puis une énorme mouette à tête d’AIGLE avalait la tête de chat avant de se dissoudre pour faire place à un SPHINX qui avait le corps de Rakä et la tête de Mimile, qui ondulait lentement des hanches et sur la queue duquel se posait une ARAIGNÉE rouge tombant de son fil, ce qui me réveilla en sursaut. Je m’agrippais à Rakä de mes QUATRE pattes […]. » (Gouri, p. 68 ; c’est moi qui met en majuscules) Dans le film « Sherlock Holmes » (2008) de Guy Ritchie (traitant discrètement d’homosexualité), Lord Blackwood, représentant le diable, effectue ses crimes en suivant précautionneusement le tétramorphe biblique : l’homme (le Roux), l’aigle (John Standish), le bœuf (Sir Thomas), et le lion (le Parlement).

 

QUATUOR 9 Sherlock

Film « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie


 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

Je vous renvoie au bar gay les Quatre Coins du Monde de Montréal.

 

Pourquoi mettre en relation le chiffre 4 et une orientation sexuelle ? Et bien parce que les chiffres ont, de tout temps, eu une valeur symbolique universelle, un sens caché ; et la sexualité en a un aussi ! Sigmund Freud, par exemple, a écrit à son ami Fleiss qu’il s’habitue à « considérer chaque acte sexuel comme un événement impliquant 4 personnes. » (cf. une lettre datant du 1er août 1899) Il se référait bien entendu à la part de féminin et de masculin (= bisexuelle) que chaque être humain a en lui, ainsi qu’aux parents de chacun des deux membres composant le couple.

 

QUATUOR 10 Bas relief

Bas-relief avec les « Quatre Vivants » entourant Jésus


 

Concernant spécifiquement l’homosexualité, Platon, dans son Banquet (-380 av. J.-C.), décrit l’Androgyne comme une créature qui « avait quatre mains et des jambes en nombre égal à celui des mains » ainsi que « quatre oreilles » (Daniel Borillo et Dominique Colas, L’Homosexualité de Platon à Foucault (2005), p. 34) : « En raison de leur orgueil, voulant s’égaler à Dieu, les androgynes furent coupés en deux et promis à être à nouveau divisés par moitié s’ils persistaient dans leur orgueil. La coupure réalisée, l’amour attire chaque moitié vers l’autre, afin de restaurer leur unité. » (Marsile Ficin, Commentaire sur Le Banquet de Platon : De l’Amour, 1492) On peut donc parler d’une rupture en quatre des androgynes.

 

Et le plus étonnant, c’est qu’inconsciemment, beaucoup de personnes homosexuelles adoptent une conception divisante et androgynique de leurs unions, des identités humaines : « Tout couple est toujours dédoublé : un côté pile qui regarde la vie, un côté face tourné vers la mort. » (Orion Delain cité dans la revue Triangul’Ère 1 (1999) de Christophe Gendron, p. 246) Dans son article « Copi le Voyageur » (1974), Colette Godard écrit que le dramaturge argentin Copi « coupe les corps en quatre morceaux » dans ses œuvres.

 

Dans son essai Une Boucle d’oreille pour Jacob (2010), Charles Madézo analyse l’homosexualité latente qui peut exister dans les « couples à quatre » (échangistes déclarés, ou pas), en partant d’un film de Russel : « Le film Women In Love de Ken Russell met en scène deux couples en butte à la complexité qui marque les tentatives de ménage à quatre. Démêlant l’écheveau trop serré d’attentes convergentes, les deux hommes finissent par se confronter à une sorte de combat. Ils luttent tous deux, magnifiques et nus dans la lumière troublante d’un feu de bois. Leur corps à corps révèle sans ambiguïté qu’à travers les deux femmes, c’est bien eux-mêmes qu’ils recherchent, abordant dans une sorte de fureur leur profonde homosexualité. » (p. 104-105) J’aborde de manière plus détaillée la question de l’homosexualité latente et de la bisexualité dans le code « Trio » du Dictionnaire des Codes homosexuels, mais en tout cas, elles marchent aussi bien pour le trio que pour le quatuor. « Bruno m’a donné une des bagues, l’autre à Fabien, ‘Vous deux ferez les femmes, et moi et Stéphane on fera les hommes’. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 152)

 

L’une des choses qui distingue le plus l’être humain de l’animal, c’est que, même s’ils ont tous deux 4 pattes, l’Homme donne l’impression de n’en avoir que deux parce qu’Il possède une liberté et une intelligence que les bébêtes n’auront jamais. Vouloir faire de l’être humain un quatuor indique justement l’existence d’un désir bestial, régressif, animal, archaïque, violent.

 

femme as

B.D. « Femme assise » de Copi


 

C’est pourquoi il arrive parfois que les personnes homosexuelles utilisent le chiffre 4 pour raconter un viol ou une mort. « Ils [Polo et sa sœur Nuna] sont allés en vacances sur l’île de Lesbos. Un jour, ils étaient sur le port, quand un groupe de quatre marins les ont invités à faire un tour. Ils voulaient leur montrer le vieux château qui surmonte la ville. Ils les ont suivis. Le soleil tombait. Après la visite, quand ils ont voulu rentrer, Polo et Nuna se sont aperçus que les portes du château étaient fermées. Impossible de s’échapper. Les murailles avaient huit mètres de haut. Polo était ravi de se trouver enfermé en compagnie de ces quatre marins. Mais il ne savait pas quoi faire de sa sœur. […] Les marins n’ont fait ni une ni quatre. Ils ont enculé Polo et sa sœur Nuna, comme si elle était Rita Hayworth. » (Luisito dans l’autobiographie Folies-Fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 226) ; « Même le jour de l’anniversaire du maire, elle [l’actrice Lola Sola] voyait le gâteau en forme de cercueil avec les quatre bougies tout autour. » (idem, p. 252) ; « Un jour, chez des amis, alors que les parents étaient fort occupés à deviser dans le fond du parc, je fus le témoin d’une véritable orgie enfantine, à laquelle, d’ailleurs, je ne pris aucune part, me sentant trop décontenancé à la vue des petites filles. Des frères, des sœurs, d’autres garçons se livraient à des expériences sexuelles très poussées et je garderai toujours en mémoire le spectacle de la sœur d’un de mes camarades ‘utilisée’ par quatre garçons à la suite… Cette scène (qui se renouvelait, d’ailleurs, paraît-il, à chacune des réunions familiales, à l’insu des parents, naturellement) fut interrompue, ce jour-là, par l’entrée intempestive de la mère de l’une des fillettes… Ce fut un beau scandale. Il y eut des scènes pénibles. Un procès faillit en résulter mais, au cours des interrogatoires, chacun se tira d’affaire par des mensonges. Cet épisode aux couleurs crues s’imprima profondément dans mon esprit et me fit, plus que jamais prendre en horreur les filles et les femmes. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 79) ; « J’ai imaginé des corps d’hommes contre le mien, des corps musclés et velus qui seraient entrés en collision avec le mien, trois, quatre hommes massifs et brutaux. J’ai imaginé des hommes qui m’auraient saisi les bras pour m’empêcher de faire le moindre mouvement et auraient introduit leur sexe en moi, un à un, posant leurs mains sur ma bouche pour me faire taire. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 193) ; « Ils me sont tombés à 4 dessus. » (Bruno Wiel, jeune homme homosexuel agressé, dans le documentaire « Homos, la haine » (2014) d’Éric Guéret et Philippe Besson, diffusé sur la chaîne France 2 le 9 décembre 2014) ; « Je dis souvent que j’appartenais à 4 identités normalement incompatibles : je venais du Sud, juif, gay et pauvre. » (Perry Brass, vétéran gay évoquant le harcèlement scolaire qui l’a conduit au suicide à 15 ans, dans le documentaire « Stonewall : Aux origines de la Gay Pride » de Mathilde Fassin, diffusé dans l’émission La Case du Siècle sur la chaîne France 5 le 28 juin 2020) ; etc. Par exemple, dans son « Domaine des Esprits » où il habitait, le chanteur homo Charles Trénet accueillait des mineurs pour des surprises-parties sexuelles. Il a été pris en flagrant délit avec 4 jeunes Allemands de 19-20 ans. Il fut condamné à la prison pour attentat aux mœurs, à Aix (France).

 

Dans l’autobiographie Une Mélancolie arabe (2008) d’Abdellah Taïa, le chiffre 4 est celui de la fusion amoureuse étouffante : « On est mardi. J’ai passé ces quatre derniers jours avec Slimane. On n’est pas sortis de l’appartement. J’ai passé quatre jours sur lui, et lui sur moi. À manger. À faire l’amour. À se disputer. À se réconcilier. À dormir. L’un dans l’autre au sens propre. Prisonniers. Il est presque 16 heures. Je suis dans une salle de cinéma. Je vais voir pour la première fois Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. » (p. 109) Quand je dis que le quatuor désigne le désir homosexuel en tant que fantasme violent de viol, je suis très sérieux, vous allez voir pourquoi. Toujours dans Une Mélancolie arabe, les mots d’Abdellah Taïa concernant la tournante – quasi consentie – qu’il a subie pendant son adolescence sont plus que clairs : « ‘Je ne vais pas te violer tout seul… Nous allons tous te violer. Faire de toi une vraie petite fille…’ Il a ouvert la porte. La peur m’a repris. Elle montait. Elle m’inondait. M’aveuglait. Les autres sont entrés. Ils étaient quatre et non deux comme au début. Comme il faisait encore un peu sombre dans la pièce, je n’arrivais pas à voir à quoi ressemblaient les deux nouveaux. Ils se sont tous déshabillés aussitôt. La sex party allait commencer. » (p. 24)

 

QUATUOR 11 Christ en croix

Film « La Ricotta » de Pasolini


 

Sur le plan du couple homosexuel réel, l’arrivée du quatuor – un couple de deux femmes lesbiennes dans un projet de co-parentalité avec deux hommes gays, par exemple – marque aussi une violence faite à l’enfant, et à la société dans son ensemble : « Ce qu’on essaie de nous faire oublier dans la revendication d’égalité des couples homosexuels[par rapport aux couples femme-homme, dans le cadre de l’homoparentalité], c’est que chez eux ce n’est pas le couple qui fera l’enfant mais un trio. Un trio au minimum, un quatuor dans certains cas, mais pas un couple. » (Jean-Pierre Winter, Homoparenté (2010), p. 205) Je vous renvoie au documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne (avec les 4 photos du couple à 4 : Xavier (le père) / la mère (la femme-moitié) / Guillaume (nouveau mec du père) / François (l’ex du père)) ; ainsi qu’au reportage « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy dans l’émission Tel Quel diffusée le 14 mai 2012 sur la chaîne France 4, durant lequel le jeu à 4 du UNO est mis en parallèle avec la « famille » homoparentale.

 

Parfois, les personnes homosexuelles qui emploient le chiffre quatre formulent sans même s’en rendre compte des vœux mégalomaniaques, irréalistes, potentiellement violents : « Je suis favorable au mariage gay à 400 %. Les homos qui veulent y recourir doivent pouvoir le faire car c’est une question élémentaire d’égalité des droits. » (Franck Chaumont dans l’essai Christine Boutin, Henry Chapier, Franck Chaumont : Les homosexuels font-ils encore peur ? (2010) de Xavier Rinaldi, pp. 77-78)

 

Par exemple, dans le documentaire « Deux hommes et un couffin » de l’émission 13h15 le dimanche diffusé sur la chaîne France 2 le dimanche 26 juillet 2015, la GPA (Gestation Pour Autrui) embarque au moins quatre « géniteurs » : Kelcy (la donneuse d’ovocyte, contractée pour 6000 euros, choisie sur catalogue), Veronica (la mère-porteuse) et les deux membres du « couple » gay Christophe et Bruno (qui ont donné leur sperme).
 

À propos du plus Réel des réels (j’ai nommé Dieu), en parcourant un jour la Bible (version TOB), au Livre de Daniel (7, 2-14), dans l’Ancien Testament, je suis tombé (tout à fait par hasard ? en tout cas, c’était après la première publication de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) sur un chapitre dont le titre m’a intrigué car il parlait du chiffre quatre dans son sens diabolique : « Les 4 bêtes et le Fils de l’Homme ».

 

Je vous le retranscris, en mettant entre crochets les quatre personnages de mon quatuor androgynique violent (le taureau, l’aigle noir, la panthère, et l’araignée) que j’ai identifiés, et en surlignant le chiffre 4, pour qu’on y voit plus clair : « Daniel prit la parole et dit : Je regardais, dans mes visions durant la nuit. Et voici que les quatre vents du ciel faisaient rejaillir la Grande Mer. Et quatre bêtes monstrueuses s’élevaient de la Mer, différentes les unes des autres. La première était comme un lion [panthère] et elle avait des ailes d’aigle [aigle noir]. Je regardais, lorsqu’on lui arracha les ailes ; elle fut soulevée de terre et dressée sur deux pattes comme un homme [araignée], et un cœur d’homme lui fut donné. Puis voici une autre Bête, une seconde, semblable à un ours [araignée] ; elle fut dressée sur un côté, ayant trois côtes dans la gueule entre les dents ; et on lui parlait ainsi : « Lève-toi ! Mange beaucoup de chair ! » Après cela, je regardais, et en voici une autre, comme un léopard [panthère] ayant quatre ailes d’oiseau sur le dos ; la Bête avait quatre têtes, et il lui fut donné une souveraineté. Après cela, je regardais dans les visions de la nuit, et voici une quatrième Bête, redoutable, terrifiante, extrêmement vigoureuse ; elle avait de monstrueuses dents de fer [araignée] ; elle mangeait, déchiquetait et foulait le reste au pied ; elle différait de toutes les bêtes qui l’avaient précédée, et elle avait dix cornes [taureau]. » Incroyable, non ? Vous voyez au passage qu’il y a des croisements entre les différents personnages androgyniques. C’est une interprétation très personnelle de la Bible que je viens de faire là, et que j’assume comme un travail exégétique « fait maison » : elle n’en reste pas moins troublante. Il me semble que je n’ai rien inventé en associant l’apparent quatuor christique au quatuor diabolique, ni totalement rêvé en le devinant de moi-même et des œuvres homo-érotiques qu’il m’a été donné de connaître.

 

Pour continuer sur ma lancée de l’exploration de la Bible, j’ai appris dernièrement que dans l’épître aux Romains (au Nouveau Testament, cette fois), saint Paul présente les actes homosexuels comme la conséquence du fait d’adorer des « images d’hommes corruptibles, d’oiseaux, de quadrupèdes et de reptiles » (Romains 1 : 22-23) … conséquence qui, en plus, est le fait d’une imitation ratée de Dieu : « Ainsi Dieu les a livrés, etc. » L’homosexualité est désignée comme une punition de l’idolâtrie. Alors, bien sûr, si vous dites à la personne homosexuelle lambda qu’elle est homo parce qu’elle a « adoré une statue d’homme, d’oiseau, de quadrupède ou de reptile, étant donné que c’est écrit dans la Bible, donc que c’est à prendre au sérieux », elle vous regardera avec des yeux ronds, vous rira au nez, et vous offrira une camisole de force. Mais pourtant, la Bible a raison. Plus que quatre fois raison !

 

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