Code n°37 – Corrida amoureuse (sous-codes : Taureau / Rouge et Noir / Minotaure)

corrida

Corrida amoureuse

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 
 

Tauromachie et Homosexualité

 

Détruire l’autre, mais le faire avec une telle élégance, un tel art, que la splendeur étincelante de celle-ci ferait oublier l’horreur de la destruction : voilà la fusion entre éthique et esthétique que cristallise la tauromachie.

 

Il arrive plus fréquemment qu’on ne croit que les personnes homosexuelles sont étrangement fascinées par la violence/l’entièreté de la passion. Prisonnières de leurs bonnes intentions et de leurs prétentions artistiques, elles ne se voient plus agir en amour, et pensent qu’elles peuvent aimer et être aimées à n’importe quel prix, y compris en ayant recours à la brutalité et au meurtre. Il s’agit d’une croyance absurde, puisque l’Amour vrai, même s’il se manifeste parfois dans des situations d’épreuves, n’a jamais eu besoin de la souffrance ni de la mort pour exister. Mais elles s’obstinent à la rendre effective par l’intermédiaire de l’esthétique.

 

C’est pourquoi certaines d’entre elles arrivent à se passionner pour « l’art » de corrida, la mise en scène du risque qu’il représente, la sacralisation du danger (notamment sexuel).
 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Liaisons dangereuses », « Désir désordonné », « Amant diabolique », « Femme et homme en statues de cire », « Cheval », « Mort = Épouse », « Chat », « Aigle noir », « Araignée », « Quatuor », « Symboles phalliques », « Animaux empaillés », « Ennemi de la Nature », « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois », à la partie « Cowboy » du code « Don Juan », à la partie « Polysémie de l’adverbe ‘contre’ » du code « Fusion », à la partie « Sang » du code « Mariée », et à la partie « Femme en rouge » du code « Carmen », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) L’importance de la tauromachie dans le monde fictionnel homosexuel :

Tableau Study For Bullfight n°1 de Francis Bacon

Le Tableau Study For Bullfight n°1 de Francis Bacon

 

Dans les œuvres fictionnelles traitant d’homosexualité, bizarrement, il est énormément question de taureau, de tauromachie et de corrida : cf. le roman Les Bestiaires (1926) d’Henri de Montherlant, les romans La Torería (1909), La Noche De Walpurgis (1912), et El Martirio De San Sebastián (1917) d’Antonio de Hoyos, le vidéo-clip de la chanson « Memorabilia » (1991) de Marc Almond et Soft Cell, le film « Hôtel Woodstock » (2009) d’Ang Lee (avec les taureaux bravos), le film « Mon Père » (« Retablo », 2018) d’Álvaro Delgado Aparicio, le film « La Robe du soir » (2010) de Myriam Aziza, la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade (avec Benjamin, l’un des héros homos, habillé en matador), les films « Un autre homme » (2008) et « Comme des voleurs » (2007) de Lionel Baier, le one-man-show Le Jardin des dindes (2008) de Jean-Philippe Set (avec « Pierrot le taureau »), le one-man-show Jérôme Commandeur se fait discret (2008) de Jérôme Commandeur, la pièce Le Funambule (1958) de Jean Genet, le film « Hable Con Ella » (« Parle avec elle », 2001) de Pedro Almodóvar (avec Lydia, le torero professionnel), la chanson « Manolo, Manolete » de Vanessa Paradis, le film « De sable et de sang » (1987) de Jeanne Labrune, la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le film « Pourquoi pas moi ? » (1998) de Stéphane Giusti (avec José – Johnny Hallyday – en « homoparent » toreador), le roman La Corrida du premier mai (1957) de Jean Cocteau, le roman Le Faucon maltais (1930) de Dashiell Hammett (avec les personnages de Juana et Triasca), le roman El Misántropo (1972) de Llorenç Villalonga, la pièce D’habitude j’me marie pas ! (2008) de Stéphane Hénon et Philippe Hodora, le film « L’Assassinat de Trotsky » (1970) de Joseph Losey, le film « L’Arrière-Pays » (1997) de Jacques Nolot, la pièce Les Fugueuses (2007) de Pierre Palmade et Christophe Duthuron, le téléfilm « Louis(e) » (2017) d’Arnaud Mercadier (affiche dans le couloir), etc. Par exemple, dans la pièce Dans la solitude des champs de coton (1987) de Bernard-Marie Koltès, il est dit que le monde est tenu à la pointe de la corne d’un taureau. Dans le film « Rebel Without A Cause » (« La Fureur de vivre », 1955) de Nicholas Ray, Jim Stark imite le taureau. Dans le roman L’Amant de mon père (2000) d’Albert Russo, Éric, un des héros homosexuels, est un aficionado de corrida. Dans le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker, Heck, le mari de Rachel l’héroïne lesbienne, écrit sur les courses de taureaux à Pampelune.
 

Tableau de Christian Gaillard

Tableau de Christian Gaillard

 

Parfois, au détour d’une scène de film homo-érotique, il n’est pas rare de voir apparaître sur les murs de la chambre du héros homosexuel une affiche de corrida : cf. le film « Pôv’ fille ! » (2003) de Jean-Luc Baraton et Patrick Maurin, le film « Grande École » (2003) de Robert Salis, le film « La Meilleure façon de marcher » (1975) de Claude Miller, film « Good Boys » (2006) de Yair Hochner, etc.

 

Le personnage homosexuel, pour se grandir comme un dieu et s’inventer un destin grandiose, se met parfois dans la peau d’un grand toréador : « Je suis habituellement le personnage qui chante si j’aime ce qu’il chante – il faut me voir gesticuler avec ma cape pendant l’air de toréador. » (le narrateur homosexuel parlant de l’opéra La Bohème de Puccini dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 18)
 
 

b) Corrida amoureuse :

Diego dans le film "Matador" de Pedro Almodóvar

Diego dans le film « Matador » de Pedro Almodóvar

 

Souvent dans les fictions traitant d’homosexualité, le torero est soit l’amant faisant fantasmer le héros homosexuel, soit lui-même homosexuel : cf. le roman Adoration du torero (1930) de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, le roman Llanto Por Ignacio Sánchez Mejías (1935) de Federico García Lorca, la chanson « Le Tango » de Jeanne Mas, le film « Los Amantes Pasajeros » (« Les Amants passagers », 2013) de Pedro Almodóvar, la pièce Quartett (1980) d’Heiner Müller (mise en scène en 2015 par Mathieu Garling), etc. Par exemple, dans son one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011), Charlène Duval évoque une aventure qu’elle a entretenue avec un torero. Dans la pièce Hors-Piste aux Maldives (2011) d’Éric Delcourt, un des « ex » du personnage homosexuel de Francis, est Paco, un torero de Séville. Dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, Ben, l’amant de Michael, est comparé à un taureau (p. 21). Dans le sketch « Fabienne et Steph » des Petites Annonces d’Élie Sémoun et Franck Dubosc, l’une des deux lesbiennes (la plus butch) porte un tee-shirt avec une tête de taureau dessus. Dans le roman Le Joueur d’échecs (2007) de Stefan Zweig, Czentovic est associé à un taureau. Dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret, pendant un mariage, la mère de Clara, l’héroïne lesbienne, chante son amour des picadors et des toréadors. Dans le roman Alabama Song (2007) de Gilles Leroy, Scott, le héros homosexuel, est fasciné par Lewis, ce jeune « cadet si viril qui parle fort, écrit et boit sec, aime les corridas – ou les matadors, ou leurs couilles – et raconte sa participation à des conflits » auxquels Zelda, la femme de Scott, ne croit pas une seconde.

 

« À l’occasion d’une colonie de vacances, il rejoigna au péril de son quatre heures le front républicain contre la tauromachie, dont il devenait un adversaire acharné jusqu’à ce qu’il obtena les oreilles et la queue d’un matador. » (Essobal Lenoir parlant de lui à la troisième personne du singulier, dans sa nouvelle « Une Vie de lutte » (2010), p. 169) ; « Pour toi, je suis devenu un petit taureau. » (Fefe à son amant Pietrino dans le film « Toto Che Visse Duo Volte », « Toto qui vécut deux fois »(1998), de Daniele Cipri et Francesco Maresto) ; « Tes abdos pour ne pas oublier que t’es un taureau… » (Chloé s’adressant à Martin, le héros soupçonné d’être gay, dans la pièce Scènes d’été pour jeunes gens en maillot de bain (2011) de Christophe et Stéphane Botti) ; « Le garçon mugissait, écartelait sa croupe sur mon lutrin et contactait par intervalles cet étau de chair qui broya ma tête, au point que ce fut un centaure qui se releva et trotta vers le palier supérieur. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Au musée » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 110) ; « On n’agite pas un chiffon rouge devant un taureau enragé ! » (Guen, le héros homosexuel, dans la pièce Les Favoris (2016) d’Éric Delcourt) ; « Je veux redevenir taureau. » (Jerry travesti en Daphnée, dans le film « Certains l’aiment chaud » (1959) de Billy Wilder); etc.

 

La résurgence de la corrida (pourtant mentionnée par des auteurs homosexuels qui veulent défendre la beauté de l’amour homosexuel : vrai paradoxe…) illustre le « rituel de la cruauté » instauré par une certaine drague homosexuelle : « Tu t’es retourné et m’as jeté un dernier regard, comme le matador avant de quitter l’arène qui regarde une dernière fois le taureau qu’il vient de terrasser, pour être certain qu’il est bien en train d’agoniser. Ne t’inquiète pas, je suis ce taureau, je suis dans le même état. Tu n’as pas raté ta cible. Tes paroles et tes gestes méprisants me transpercent toujours le cœur. Comme ce taureau, je vis mes derniers instants, je ne m’en relèverai pas. » (Bryan à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, pp. 306-307) ; « Mon lit est une arène. » (Mercedes, la nymphomane de la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet) ; « Je veux te voir […]rentrer dans son ventre, oh matador ! » (cf. la chanson « Je voudrais la connaître » de Patricia Kaas) ; « Dans un duel amour à mort, je serai le matador. » (cf. la chanson « Une Femme blessée » des L5) ; « Tous les matins, c’est la même corrida. Lever la tête, ouvrir les bras. » (cf. la chanson « C’est la vie » de Marc Lavoine) ; « Trop c’est trop. Il avance vers elle comme un torero. » (cf. la chanson « Emmène-moi vers les étoiles » de la comédie musicale Cindy (2002) de Luc Plamondon) ; « Dans la corrida qui m’oppose à toi, le taureau n’est pas celui que l’on croit. Dans la corrida qui te livre à moi, le taureau se cache sous ta peau de vache. » (cf. la chanson « La Corrida » du Teenager dans la comédie musicale La Légende de Jimmy (1992) de Michel Berger) ; « On dirait un ballet. Chacun se dérobe et puis revient. On se frôle. On repart. L’un plante une banderille. La muleta exécute une véronique. Olé ! Il faut maintenant porter l’estocade, lâcher la cape et brandir l’épée. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 116) ; etc.

 

Film "La meilleure façon de marcher" de Claude Miller

Film « La meilleure façon de marcher » de Claude Miller

 

Le couple homosexuel fictionnel s’annonce donc comme une dangereuse danse de courtisans, une corrida amoureuse fatale : cf. la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia (entre Didier et Bernard), la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphane Druet (avec la scène SM entre Álvaro et son amant transsexuel M to F Octavia/Roberto), la chanson « Tango » de Nicolas Bacchus, le roman Tengo Miedo Torero (2002) de Pedro Lemebel, la chanson « Duel au soleil » d’Étienne Daho, le vidéo-clip de la chanson « Take A Bow » de Madonna, la pièce La Ménagerie de verre (1944) de Tennessee Williams (avec le taureau furieux), etc. Par exemple, dans le film « La Meilleure façon de marcher » (1975) de Claude Miller, Philippe, le héros homosexuel condense à la fois la figure du toréador (au cours du bal masqué final, il se travestit en Carmen jalouse) et celle du taureau (il plante un couteau dans la cuisse de Marc, déguisé en toréador). Dans le vidéo-clip très marquant de sa chanson « Sans logique », Mylène Farmer déguisée en taureau embroche son amant-toréro efféminé. Dans le film « Matador » (1985) de Pedro Almodóvar, Maria tue ses amants à la manière d’un toréador. Dans le film « Prora » (2012) de Stéphane Riethauser, Matthieu joue au toréador avec Jan, son amant.
 

Vidéo-clip de la chanson "Sans logique" de Mylène Farmer

Vidéo-clip de la chanson « Sans logique » de Mylène Farmer

 

Les cornes du taureau (ou bien sa queue et son sexe), ainsi que le sabre planté en lui par le picador, sont des symboles phalliques très employés dans la fantasmagorie homosexuelle : cf. le vidéo-clip de la chanson « Sans logique » de Mylène Farmer, le film « Matador » (1985) de Pedro Almodóvar (avec, au début du film, la juxtaposition entre un coït amoureux humain et un cours de corrida), le film « Pink Narcissus » (1971) de James Bidgood, etc.

 

Film "Pink Narcissus" de James Bidgood

Film « Pink Narcissus » de James Bidgood

 

Le taureau symbolise la puissance génitale (certains disent bien « bander comme un taureau » !), et donc le fantasme de viol : « Mes sœurs salopes, prenez le taureau par les couilles ! » (cf. le conseil final de Gwendoline, la lycéenne travestie M to F, dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit) ; « Les vaches se déplacent à la recherche de semence de taureau qui manque sur la Voie Lactée. » (la Comédienne dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « Alors, depuis : scronch, scronch ; tchouk, tchouk, tous les samedis soir, ni vue ni connue au milieu des taureaux qu’elle ignore de toute la morgue de son ruminant ministère. » (cf. la nouvelle « Margot, histoire vache » (2010) d’Essobal Lenoir, pp. 119-120) ; « Il puait l’homme comme les hommes peuvent puer. Il me prenait comme le taureau prend une vache. […] Les hommes sont tellement bêtes. » (Petra, l’héroïne lesbienne parlant de son ex-mari Franck, dans le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant », « Les Larmes amères de Petra von Kant » (1972) de Rainer Werner Fassbinder) ; « Je viens de faire des politesses à un taureau… [la honte…] » (Guillaume, un peu troublé, dans la pièce En panne d’excuses (2014) de Jonathan Dos Santos) ; « Par le taureau qui me racheta, suis-je oui ou non le Maître de la Jungle ? » (Mowgli dans le roman Le Livre de la Jungle (1894) de Rudyard Kipling) ; etc. Par exemple, dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, Géraldine suspecte Mgr Lanu, le curé, d’homosexualité : « »

 

Film "Hable Con Ella" de Pedro Almodóvar

Film « Hable Con Ella » de Pedro Almodóvar

 

Le taureau renvoie aussi à la figure paternelle érotisée, ainsi qu’au parricide par la mère/la femme lesbienne. « Elle décida, sans rien en dire à personne, d’acheter dans le sud de la France une propriété où l’on élevait des taureaux. […]Le souhait caché de cette marquise était de pratiquer la même chose sur un homme. » (une marquise lesbienne officiellement « attirée par la castration », dans le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 211-212) Je vous renvoie à la nouvelle « À l’ombre des bébés » (2010) d’Essobal Lenoir (avec le père et « ses épaisses moustaches en forme de cornes de taureau », p. 29), au tableau Taureau ascendant balance (2007) d’Orion Delain, etc.

 
 

Kavanagh – « Papa, j’suis homo !!!

Son père – Eh bien moi, j’suis taureau et ta mère est balance ! »

(cf. le one-man-show Anthony Kavanagh fait son coming out (2010) d’Anthony Kavanagh)
 

 

Thésée et le Minotaure

Thésée et le Minotaure

 

En lien avec l’amant-torero ou l’amant-taureau, il est parfois fait référence au mythe paternel et incestueux du Minotaure, cet être mi-humain mi-taureau enfermé dans le labyrinthe où Thésée est perdu : cf. la chanson « Minotaure » de Niagara, la couverture du recueil de nouvelles Le Mariage de Bertrand (2010) d’Essobal Lenoir (avec le Minotaure homosexualisé), le recueil de poèmes Octavie ou la deuxième mort du Minotaure (1985) de Geneviève Pastre, la pièce Doubles (2007) de Christophe et Stéphane Botti, le film « Johnny Minotaur » (1971) de Charles-Henri Ford, le tableau Minotaures (1999) de Philippe Barnier, le tableau Thésée et Minotaure (1991) de Charles-Louis La Salle, etc. « Moloch me pénétra. » (la voix poétique parlant d’un Minotaure, dans le poème « The Howl » (1956) d’Allen Ginsberg). Par exemple, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., Jonathan dit qu’il se trouve enfermé dans sa relation de couple avec Matthieu « comme dans un labyrinthe ». Dans la pièce Jardins secrets (2019) de Béatrice Collas, Maryline, l’héroïne bisexuelle, décrit Gérard son mari violent et qui l’a violée comme « une espèce de créature mythologique mi-homme mi-taureau ».

 

Sculpture du Minotaure

Sculpture du Minotaure


 
 

c) En rouge et noir :

En écho lointain à la passion amoureuse destructrice que figure le corps à corps entre le torero et le taureau (d’aucun se serviraient de la béquille artistique de l’alliance entre Éros et Thanatos, ou entre l’Amour et la mort, pour l’interpréter), on retrouve énormément le cliché romantique stendhalien du rouge et du noir dans la fantasmagorie homosexuelle. « L’encre sur le papier si blanc. Je la vois rouge. Je sais qu’elle est noire mais je la vois rouge. Ce rouge, tout ce rouge, c’est un peu de mon sang, on dirait. Sang d’encre. Se demander pourquoi l’expression signifie si couramment la noirceur. » (Vincent Garbo dans le roman éponyme (2010) de Quentin Lamotta, p. 11)

 

Un grand nombre de héros homosexuels, ou leur(s) compagnon(s), sont habillés en rouge et noir, ou parle de ce duo de couleurs. Cela rajoute un zeste de mystère sulfureux à leur personnage : cf. la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen (avec le très homosexuel Baron Osvald Lovejoy), la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi, la pièce Et Dieu créa les folles (2009) de Corinne Natali, le film « Belly Dancer » (2009) de Pascal Lièvre, le film « Bettlejuice » (1988) de Tim Burton (avec le personnage homosexuel d’Otho), la pièce On la pend cette crémaillère ? (2010) de Jonathan Dos Santos (avec le personnage homo de François), la comédie musicale Folles Noces (2012) de Catherine Delourtet et Jean-Paul Delvor (avec le personnage bisexuel de Jean-Paul), le film « Morrer Como Um Homem » (« Mourir comme un homme », 2009) de João Pedro Rodrigues (avec le personnage de Tonia), la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias (avec les personnages inquiétants du Coryphée et de « la Téré »), le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot, la pièce La Rose tatouée (1950) de Tennessee Williams, le roman La Rose noire (1950) de Tyrone Power, l’album Le Noir et le Rose (1983) de Jean Guidoni, le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger, le roman L’Ombre ardente (1897) de Jean Lorrain, le film « Rojo Y Negro » (1942) de Carlos Arévalo, le film « Beautiful Thing » (1996) d’Hettie Macdonald, le film « La Couleur pourpre » (1985) de Steven Spielberg, la pièce À plein régime (2008) de François Rimbau, la chanson « En rouge et noir » de Jeanne Mas, la série Orange Is The New Black (2013) de Jenji Kohan, le film « Fresa Y Chocolate » (« Fraise et Chocolat », 1993) de Tomás Gutiérrez Alea et Jual Carlos Tabio, le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le film « Huit femmes » (2002) de François Ozon (surtout avec les personnages de Chanel et Pierrette), le film « Le Jupon rouge » (1987) de Geneviève Lefebvre, le film « L’Auberge espagnole » (2002) de Cédric Klapisch, le film « Rouge » (1988) de Stanley Kwan, l’affiche du film « Tacones Lejanos » (« Talons aiguilles », 1991) de Pedro Almodóvar, la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman (avec le binôme Salomé/Élisabeth), le film « Gone With The Wind » (« Autant en emporte le vent », 1939) de Victor Flemming, la pièce Une Rupture d’aujourd’hui (2007) de Jacques-Yves Henry, la pièce La Femme assise qui regarde autour (2007) d’Hedi Tillette Clermont Tonnerre, le one-man-show Élie Kakou au Point Virgule (1992) d’Élie Kakou en curé-prof de lettres enseignant Le Rouge et le Noir de Stendhal, le film « Nuits rouges de Harlem » (1971) de Gordon Parks, le film « House Of The Black Rose » (1969) de Kinji Fukasaku, la photo En Rouge et Noir (1979) d’Orion Delain, la pièce Juste la fin du monde (1999) de Jean-Luc Lagarce, la chanson « La Femme-chocolat » d’Olivia Ruiz, la pièce Folles Noces (2012) de Catherine Delourtet et Jean-Paul Delvor (avec Jean-Paul, le héros homo), le film « Die Frau » (2012) de Régina Demina (avec un enlacement lesbien entre une femme en burka noire et une autre en rouge), etc. Par exemple, dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, Arlette est « habillée d’un fourreau de percale noire et d’un boa rouge » (p. 102). Dans le film « RTT » (2008) de Frédéric Berthe, Peyrac, le flic qui va s’homosexualiser au fur et à mesure de l’histoire, se vêt en rouge et noir. Dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret, Clara et Sonia, les deux futures amantes, sont habillées pareil et avec les mêmes couleurs : rouge et noir.

 

La combinaison chromatique rouge/noir est bien évidemment un code classique de la féminité fatale, ou du machisme diabolique : il symbolise la passion androgynique expulsant/vénérant excessivement la différence des sexes (cf. Je vous renvoie aux codes « Carmen », « Se prendre pour le diable » et « Femme-Araignée » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). « Regardez ma robe ! Vous m’avez tachée de sang ! En plus, je vous ai dit du noir. » (Evita s’adressant à l’infirmière, dans la pièce Eva Perón (1969) de Copi) ; « L’hortensia avait poussé à la diable, le sol était trop humide pour y ramper. Je n’aurais pu m’asseoir en dessous, même si je l’avais voulu. D’ailleurs, j’étais beaucoup plus grosse qu’à l’époque. Je suis pourtant restée longtemps accroupie, les paumes appuyées contre le sol humide, les ongles enfoncés dans la terre. Je me suis finalement relevée et, tandis que je retournais chez Esti [l’amante cachée de Ronit] et Dovid [le mari d’Esti] , je tentais de gratter la ligne de terre emprisonnée sous mes ongles. Et plus je grattais, plus elle s’enfonçait, le noir s’incrustait dans le rouge. » (Ronit, l’héroïne lesbienne du roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, pp. 212-213) ; « Je porte le slip de Khalid. J’ai mis du rouge à lèvres. Je suis Omar. Je ne suis ni garçon ni fille. […]Mes lèvres sont rouges. Dieu les aime-t-il comme ça ? Mes yeux sont rouges. Sont-ils des amis de Satan ? Mon sexe est rouge. Il fait froid. Il n’est plus à moi. […]Je suis prêt. Assis en plein milieu de la chaussée. Sur le goudron noir. » (Omar, le héros homosexuel parlant de son amant Khalid qu’il vient d’assassiner, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 179) ; « Le rouge, le noir… le blues, l’espoir, noir ! » (c la chanson « Double Je » de Christophe Willem) ; « Voici la vive couleur de son sang ! Pas d’hydropisie ni de jaunisse en lui, mais la fraîcheur d’un rouge écarlate, auquel se mêle toute la brume de cette nuit obscure et meurtrière. » (Garnet Montrose, le héros homosexuel du roman Je suis vivant dans ma tombe (1975) de James Purdy, p. 159) ; « Je n’aime pas les roses noires. » (Jules, le héros homosexuel de la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « Mon cœur est si noir qu’il est pourpre. » (Romeo s’adressant à son amant Johnny, dans le film « Children Of God », « Enfants de Dieu » (2011) de Kareem J. Mortimer) ; « Dans un jardin de roses noires résiste ma peau. » (cf. la chanson « Madre Amadísima » de Haze et Gala Evora) ; « Rouge, noir, rouge, noir. C’est pas possible… On est tombé sur la machine de Jeanne Mas ! » (Damien découvrant un soutien-gorge et une culotte féminine oublié dans une machine à laver de la laverie, dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza) ; etc. Par exemple, dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphane Druet, Alba et Yolanda, les deux femmes lesbiennes indépendantes qui jettent les hommes dont elles ont été jadis amoureuses, portent des œillets rouges dans les cheveux et sont habillées en rouge et noir.

 

La combinaison des deux couleurs rouge et noir, que le héros homosexuel présente parfois comme une opposition chromatique, peut renvoyer aussi à un sentiment d’homophobie, ou à un viol réellement vécu par lui : « Aujourd’hui, je suis un rose parmi les bruns. On ne peut pas mélanger le rose parmi les bruns. » (Jean-Marc, le héros homosexuel de la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis) ; « Anna portait encore son manteau rouge mais ses talons hauts avaient laissé la place à une paire d’escarpins noirs bien sages. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 29) ; « Le couteau tremblait dans les mains de Jane. Mann agrippait sa cuisse au-dessus de la blessure. Il portait un pantalon noir mais celui-ci devait être trempé de sang car autour de lui, le sol était tout rouge. » (idem, p. 234) ; etc.
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 
 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 

a) L’importance de la tauromachie dans le monde homosexuel réel :

CORRIDA Tapette

 

L’homosexualité de certains toreros est de notoriété publique : pensons par exemple à Jesulín de Ubrique, José Ortega Cano, Francisco Rivera Ordoñez («Paquirri »), César Lácar, etc. D’ailleurs, l’habit de lumière du matador, même s’il sert le folklore d’un « sport » particulièrement machiste et réservé à la gent masculine, est esthétiquement très androgyne. L’efféminement des toreros ressort dans l’iconographie traditionnelle romantique et néo-baroque : cf. les tableaux d’Ignacio Zuloaga, le tableau Le Toréador (1985) de Pierre et Gilles, le tableau Torero hallucinogène (1969-1970) de Salvador Dalí, les dessins de Paul Boulitreau, le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud (avec Barbara, la femme cornue déguisée en taureau), etc. Et il fait partie des blagues courues du « milieu ».
 

Rudolph Valentino et Pola Negri

Rudolph Valentino et Pola Negri

 

Un certain nombre de personnes homosexuelles s’intéressent à la corrida : Federico García Lorca, Pedro Almodóvar, Jean-Michel Othoniel, Michel Leiris, Jean Cocteau (avec notamment un texte dans Mon Premier Voyage, 1936), Francis Bacon, Bernard Rapp, Henri de Montherlant, Álvaro Retana, Èjzenštejn, Santi Vila, etc. « C’est un beau garçon, d’une trentaine d’années, passionné par les taureaux. » (Ricardo Berdejo Arigo parlant de son amant, dans une lettre datant de novembre 1928) ; « Durant le trajet, Miranda nous a expliqué que le Syndicat international des nains s’était dernièrement occupé de démonter un réseau d’exploitation de créatures de petite taille, qui sévissait en Espagne et dans le sud de la France. L’imprésario impliqué était espagnol. Il organisait des corridas avec des nains toreros. Il avait des contacts dans divers pays d’Europe et d’Amérique latine. Le réseau accueillait les enfants nains des familles pauvres. Cet imprésario les formait à l’art de la tauromachie. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 299)

 

James Dean, notamment, aimait se déguiser en torero, et il n’était pas rare de le voir traîner, une muleta négligemment posée sur l’épaule, dans les bars d’Hollywood Boulevard ; il se faisait appeler « Drugstore Matador ». Quelques individus homosexuels sont même sortis avec les maîtres de la tauromachie : « C’est vers l’Espagnol viril, le légendaire torero que se tourne son désir : le beau Raphaël Rodriguez Rapyz, de 14 ans son cadet, sera son amour le plus fort. » (Michel Larivière parlant du poète espagnol Federico García Lorca, dans son Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997), p. 154) Par exemple, le transformiste Modesto Mangas avoue avoir été l’amant secret d’aristocrates et de toreros célèbres.

 

 

b) Corrida amoureuse :

Vous vous douterez bien que le rapprochement entre le monde homosexuel et la tauromachie n’a pas de quoi nous rassurer quant à la nature même du désir homosexuel, qui est un élan plus incontrôlable, emprisonnant, refoulé (et donc homophobe) que libre et aimant : « L’homosexualité et la masturbation proviennent en partie des conditions de la captivité. […]On retrouve les mêmes réactions chez les bêtes à cornes parquées (béliers ou taureaux). » (Paul Guillaume, La Psychologie des singes (1942), cité dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 274). Quand Berthrand Nguyen Matoko, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), raconte son entrée dans le milieu prostitutif homosexuel, il choisit de devenir un électron libre lancé aveuglément dans une arène : « Je m’engageais comme un taureau que rien ne peut retenir dans sa course. » (p. 100)
 

CORRIDA Dans le mille

 

La présence de la corrida dans la vie des personnes homosexuelles ne nous apaisera pas davantage concernant leurs amours. Certaines projettent sur la corrida leurs propres tourments/déboires sentimentaux, ou bien envisagent la relation amoureuse avec leur compagnon comme un combat à mort : « Il faisait l’amour avec un mélange d’innocence et de fougue que je l’avais surnommé ‘mon petit taureau’. » (Denis Daniel, Mon Théâtre à corps perdu (2006), p. 81) ; « N’en pouvant plus d’attendre une lettre de lui, j’avais décidé d’aller me distraire aux courses de taureaux. La bête qu’on tue, c’est moi. » (Jacques Laval, Les Degrés du cœur (1985), p. 110) ; « Sert [le peintre] pense que je suis bête, et je pense qu’il est bête. Je le giflerai le premier, car je sens de l’amour pour lui. Sert m’abattra si je le gifle. Sert a du sang espagnol. Les Espagnols aiment le sang du taureau, c’est pourquoi ils aiment les assassinats. Les Espagnols sont des gens affreux, car ils commettent des assassinats de taureaux. L’Église, le pape en tête, ne peut pas arrêter le taureaucide. Les Espagnols croient que le taureau est un fauve. Le toréador pleure avant l’assassinat du taureau. On paie beaucoup le toréador, mais il n’aime pas cette activité. Je connais beaucoup de toréadors à qui le taureau a décousu le ventre. J’ai dit que je n’aimais pas le massacre des taureaux, alors on ne m’a pas compris. Diaghilev [l’ancien amant de Nijinski] disait à Massine que la corrida était un art magnifique. Je sais que Diaghilev et Massine diront que je suis fou et qu’on ne peut pas m’en vouloir, car Diaghilev recourt toujours à cette astuce intellectuelle. Lloyd George fait la même chose avec les hommes politiques. C’est un Diaghilev, car il pense qu’on ne le comprend pas. Je les comprends tous les deux, c’est pourquoi je les défie en combat, un combat de taureaux et pas de beuglements. Je beugle mais je ne suis pas un taureau. Je beugle, mais le taureau tué ne beugle pas. Je suis Dieu et Taureau. » (Vaslav Nijinski, Cahiers (1919), pp. 74-75) ; « Il avait une trentaine d’années. […]Son tee-shirt arborait une tête de loup à la gueule immense. En repensant à ce tee-shirt il me semble hideux et vulgaire. Mais ce soir-là il m’impressionnait énormément. Son souffle était celui d’un bœuf, puissant, odorant (l’odeur du pastis), et je le sentais dans ma nuque. » (Eddy Bellegueule face à un homme qui l’attire et le drague dans les méandres du labyrinthe humain d’une discothèque, dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 177) ; etc.

 

CORRIDA Event

 

L’allusion au taureau peut symboliser chez l’individu homosexuel l’ambiguïté sexuelle androgynique, une bisexualité asexualisée. Par exemple, dans la mise en scène (2010) d’Adrien Utchanah de la pièce La Pyramide (1975) de Copi, le vendeur d’eau, déguisé en moitié-homme moitié-femme, porte un casque avec une corne de taureau.
 
 

c) En rouge et noir :

CORRIDA Dégâts

 

Le rouge et le noir sont des couleurs qui font partie du langage que certains intellectuels homos actuels emploient pour parler de la communauté LGBT. En premier lieu, on pensera bien évidemment à l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel. Mais également à l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot. Dans son autobiographie Flamand noir (2004), Bertrand N’Guyen Matoko raconte qu’il a été dès sa naissance baptisé comme un flamant rose qui finalement deviendra, dans sa maturité d’adulte, noir.
 

Mais il y a autre chose : la mise en scène des représentations publiques de l’homosexualité tourne très souvent autour du rouge et du noir. Par exemple, je me suis rendu au spectacle très gay Rouge et noir interprété par So Show ! à la « Soirée Années 80 » organisée au Réservoir à Paris, le 3 mars 2010. Pour son one-man-show Petit cours d’éducation sexuelle (2009), Samuel Ganes choisit de se mettre en scène tout de rouge et de noir vêtu. La pièce musicale Confessions d’un vampire sud-africain (2011) de Jann Halexander adopte également une ambiance « drap rouge sur piano noir ». Je pense à la tenue des comédiens-chanteurs du spectacle musical Une Étoile et moi à la « Soirée Judy Garland » organisée au Palace, à Paris, le 22 juin 2009. Il y en a même qui vont jusqu’à soutenir, comme Michel Larivière dans son Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997), que Stendhal, l’auteur du fameux Rouge et le Noir (1830), était homosexuel (p. 25) ! « On passait des heures devant les agneaux à deux têtes. Il était bouleversé. Nous étions en plein syndrome de Stendhal. Ivres de beauté. Il voulait vivre là. À côté. Et moi j’étais là, sans savoir quoi faire. C’est dans un musée que j’ai senti que mon fils était un homme. » (la voix-off de la mère de Bertrand, dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud) Quoi qu’il en soit, le symbolisme des couleurs rouge et noir renvoie à l’association amour/mort, et peut être un clin d’œil à la corrida, au cinéma, et au théâtre, tous ce espaces rouges et noirs dans lesquels la violence est rejouée… et parfois actualisée.

 
 

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