Les 30 « Glorieuses » épiscopales (ou le rétropédalage gouvernemental sur les messes à 30 célébré en magnifique « Reconquête » des évêques français)


 

La limite de 30 personnes par messe annoncée par Emmanuel Macron était une connerie totalement irréaliste et maladroite puisqu’elle partait d’une bonne intention et se voulait une fleur présidentielle offerte aux catholiques. Elle était tellement irréalisable que le Gouvernement s’en serait de toute façon rendu compte et aurait vite fait de réévaluer son offre sans même que les responsables de culte ne s’en gendarment et n’aient à bouger le petit doigt. Donc rien de « courageux » ni d’« exceptionnel » ni de « révolutionnaire » dans la réaction des évêques de France ni dans ce réajustement/rétropédalage de l’Elysée. Juste une réparation logique d’une connerie évidente. Point.
 

 

Mais là où personnellement on a du souci à se faire, c’est pour l’état du journalisme « catholique » et du clergé actuels. Faire de ce « couac » présidentiel – et de la correction évidente de son absurdité – une merveilleuse RECONQUÊTE ÉPISCOPALE, un acte de bravoure et d’autorité, tragique autant qu’époustouflant, de la part de nos évêques (il n’y a qu’à lire l’article dithyrambique, théâtral – et honnêtement grotesque – de Jean-Marie Guénois dans Le Figaro, présentant l’événement comme une spectaculaire Prise de la Bastille : N.B. : Petit jeu = Relevez le champ lexical de l’électricité et du feu, pour voir que ce genre de textes sont carriéristes, démagogiques et maçonniques mais à la sauce « catho »), on va se calmer deux secondes. Quoi qu’en disent les journalistes carriéristes ou les prêtres lèche-culs organisant cette salve d’applaudissements disproportionnée, nul courage de la part de nos évêques français (toujours aussi mous du genou et agonisants, je vous rassure) dans cette affaire. Au contraire : c’est le fait même qu’on présente ce soubresaut de révolte épiscopale/cardinalice comme un signe de vitalité, comme la « résurrection ecclésiale » qu’il n’est pas, qui prouve que le journalisme et le clergé catholiques sont – c’est le cas de le dire – à l’article de la mort. Et le croque-mort du clergé français, c’est Mgr Aupetit (dont quasi personne ne se méfie).
 

Ouvrons les yeux, amis catholiques, et sortons de cette pathétique démagogie cléricaliste. Rien n’a changé depuis le temps de Jésus : les disciples de Jésus étaient nuls ; nos évêques continuent de l’être. Et c’est vraiment pas grave. C’est même normal. Ce qui est en revanche grave, c’est de faire de ces nuls des héros courageux, et que cette entreprise mensongère ne soit ni vue ni dénoncée par la majorité des catholiques aujourd’hui.
 

 

Par ailleurs, je crois que le combat pour les messes – organisé par les pharisiens ritualistes (plus attachés au culte qu’aux personnes, et ayant fétichisé/circonscrit le Christ sous la forme de l’Eucharistie ou du rituel de la messe) – est un faux combat (et c’est pourtant celui qui a chanté l’horrible « À la messe » qui vous le dit…). Nous ne devons pas nous battre pour un sacrement ou pour un rituel – fût-il beau, vital et essentiel (« vital », bon, ça, ça reste à voir : c.f. mon article « La messe, une question de survie? Vraiment ?? »). Nous devons, sans nous conformer ou nous résigner à une censure injuste, aimer les autres et « faire avec » César, sans courber l’échine ni prendre de fausses postures rebelles. Jésus est certes présent dans l’Eucharistie et pendant les messes de manière privilégiée, mais il ne se trouve pas que là. Il se trouve dans infiniment d’autres lieux et sous d’autres formes. Et le rappeler n’est pas du protestantisme. Le protestantisme, il est plutôt du côté des pharisiens ritualistes, civilisationnistes et christocentrés, sur ce coup-là. La messe ou le Christ n’est pas un objet ou un droit fondamental qu’on réclame comme des enfants capricieux ou rebelles (« Rendez-nous la messe !!! »), mais un don qu’on doit désirer, sous toutes ses formes.