Mesure-t-on le courage de la Vierge Marie ?


 

Mesure-t-on le courage de la Vierge Marie ? Peut-on seulement avoir idée de ce qu’impliquait son « Fiat » (son « Oui » d’accueillir en elle l’enfant Jésus, Dieu en personne, et de devenir la Theotokos – la « Mère de Dieu ») ? Plus qu’un « Oui » gentillet ou d’ignorance ou d’étonnement ou d’obéissance béate, comme on nous le présente si souvent, Marie a signé son déshonneur, sa honte, son exclusion sociale, et carrément son arrêt de mort ! Car à l’époque, les femmes étant identifiées comme « adultères », c’est-à-dire enceintes illégitimement, étaient non seulement répudiées, marginalisées et stigmatisées civilement, mais aussi carrément lapidées et mises à mort !
 

L’épisode de l’Annonciation (l’annonce de l’Ange Gabriel à Marie) a été, au fil des années, édulcoré et dédramatisé, dépouillé de sa charge tragique et fatale. On a peu à peu retiré à Marie son mérite et sa croix (la croix de la présomption d’adultère qui, pour beaucoup de gens du temps de Jésus, aurait mérité la condamnation à mort). La Vierge Marie a dû vivre toute sa vie avec l’étiquette de « la catin », de « la menteuse », de « la folle », de « l’orgueilleuse », de « l’hypocrite », de « celle qui a fait un bébé toute seule » ou qui « a cocufié Joseph ». Elle a dû endurer toute la haine que véhicule et porte la virginité : cette virginité/perfection/pureté déchaîne – on le voit bien aujourd’hui – les jalousies, la dérision, les sarcasmes, l’incompréhension, la suspicion, la persécution et même les souhaits de meurtre !
 

Voilà pourquoi son « Oui » à Dieu est héroïque et fait d’elle une femme à part. Elle est « bénie entre toutes les femmes » parce qu’en réalité elle est maudite par presque tous les Hommes. Et c’est aussi pour ça qu’elle incarne la Consolation parfaite : elle nous dit à nous tous pécheurs ces mots, en sourdine et par sa seule présence : « Je sais ce que c’est que de passer pour une prostituée, une impure, une folle. J’ai connu les pires humiliations et incompréhensions. J’ai pris les pires risques. Je suis l’Incomprise par excellence. Et je ne le dis même pas. Je l’incarne ! »
 

Pourquoi est-ce que le « Oui » de Marie a été si dur ? Pas seulement parce qu’elle a choisi de porter Dieu en personne, un Mystère qui la dépasse et qui la fera souffrir puisque la vie de Jésus ne sera pas de tout repos. Mais parce qu’elle a accepté de passer pour une folle, pour une femme adultère. Les 7 glaives perçant le cœur de Marie sont divers. Et on a tendance à oublier que Marie, en acceptant de porter Jésus, n’a pas seulement choisi d’avaler une couleuvre, de croire aveuglément en un Mystère immense qui la dépassait et qui l’effrayait de manière irrationnelle : elle a accepté de mourir, de risquer sa vie, elle a choisi l’humiliation maximale. C’est pour cette raison que le diable, face à la Vierge Marie, face à ce modèle exceptionnel de courage, d’abnégation et d’obéissance, n’aura plus rien à dire.