Les prêtres sont à poil


 

Dieu que c’est beau (j’en pleurais de joie hier soir) et tragique à la fois, cette grâce que Jésus me fait de recevoir les confidences des hommes de Dieu que sont les prêtres ! Ça fait un moment qu’ils me parlent spontanément et longuement, que je suis le témoin du courage (j’ose parler de sainteté) mais aussi de l’extrême isolement et désarroi de certains d’entre eux : ceux – très rares – qu’on pourrait appeler les « prêtres justes », qui ne sont pas carriéristes ni étroits d’esprit, qui aiment vraiment les gens et Jésus, et qui sont des esprits brillants du point de vue psychologique, relationnel, humoristique. Ils m’appellent au téléphone pour me décrire la violence des frondes injustes et parfois d’une violence psychologique inouïe dont ils sont l’objet (calomnie, diffamation, jalousies, enquête pour suspicion – qui se révèlera infondée – de pédophilie, etc.).
 

Ils ont très peu de personnes autour d’eux à qui parler, de qui ils peuvent être compris et qui peuvent les conseiller. Et je me rends compte, en les entendant, combien, à part l’armure invisible de la Grâce divine (ce qui n’est déjà pas mal !), ils n’ont quasiment aucune protection. Aucun garde-fou. Peu de vrais amis. Ils sont presque à poil ! En ce moment, ils ne sont quasiment pas soutenus par leur hiérarchie (gangrénée par la lâcheté, le goût du paraître et du pouvoir, la peur d’ « y passer » elle aussi), par leurs camarades prêtres, par leurs fidèles (déconnectés de leur intimité et de la réalité des combats qu’ils mènent) et par les institutions humaines (polices, thérapeutes, médias…).
 

Le cas de l’ami dont je vous parle est très parlant. Accusé à tort de pédophilie par un de ses collègues prêtres, puis par d’autres de ses ennemis, l’enquête l’a finalement blanchi. Mais malgré son innocence, il ressort meurtri de tout ça, et a mis plusieurs mois à pouvoir en parler, à se relever. Et le pire, c’est que son évêque et même les flics lui ont demandé d’étouffer l’affaire (comme si rien ne s’était passé), de ne pas porter plainte contre ses accusateurs et de ne pas se défendre, car la médiatisation de la présomption de pédophilie sacerdotale « le desservirait » et « le rendrait aux yeux du Monde coupable », bien que dans les faits il soit innocent. En gros, c’est le pouvoir de l’image et de la peur. Justice n’est pas faite, et le juste doit fermer sa gueule, encaisser. Le non-lieu est imposé, sans même que ceux qui ont créé ce faux scandale ne soient inquiétés.
 

Que signifie ce cas (qui à mon avis n’est pas isolé) ? Qu’aujourd’hui, un prêtre attaqué (judiciairement, médiatiquement) ne peut pas se défendre, et que même quand il est innocent, il doit laisser ses accusateurs (bien souvent des gens pédophiles ou pervers, pour le coup!) courir dans la nature. S’il ne se défend pas, il se fait bouffer et emprisonner. S’il veut se défendre et mettre ses calomniateurs hors d’état de nuire, son évêque prend peur, et même les forces de l’ordre lui imposent « par prudence » l’impunité des réels fautifs, le silence. Et ça, c’est pour le cas où le prêtre n’est vraiment pas du tout accusable. Je n’ose même pas imaginer le traitement du clerc qui s’est rendu un peu complice du délit dont on l’accuse (Là, il sera mis encore plus bas que terre !).
 

Cette absence quasi totale de protection autour des prêtres justes, en plus d’évoquer la nudité de Jésus juste avant la flagellation, me fait froid dans le dos. Bien que solides psychologiquement et forts (renforcés, à n’en point douter, par la Grâce divine et les Béatitudes énoncées par leur maître Jésus – surtout celles concernant les persécutions), je trouve que les prêtres aujourd’hui sont particulièrement nus, fragilisés et peu soutenus. Ils ont très peu de recours. Nous, petits laïcs, sommes à des lieues d’imaginer ce qu’ils endurent, les machinations qui se trament autour d’eux et qui en ont détruits beaucoup. Car toutes ces attaques sont bien sûr invisibles, sourdes, s’opèrent par derrière, et avec la complicité d’une grande majorité du clergé actuel. Dans ce cas précis des attaques contre le prêtre juste, il n’y a pas un mais deux camps ennemis qui lui tirent dessus : le camp de ses attaquants clairement hostiles, et le camp de ses soi-disant « amis » qui ont peur. Je suis, comme diraient les jeunes, « choqué ».