Les rues de Paris, deux jours après les attentats

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Paris brûle-t-il ? Voici les nouvelles du front. J’habite encore (et peut-être plus pour très longtemps) à Paris. Et ce matin, en marchant dans le centre ville, j’ai pu prendre la température et voir comment réagissaient les Parisiens, deux jours après les attentats.
 

Les Français ne savent plus s'exprimer en français : ce n'est pas "JE SUIS PARIS" mais "JE SUIS À PARIS" qu'il convient de dire

Les Français ne savent plus s’exprimer en français : ce n’est pas « JE SUIS PARIS » mais « JE SUIS À PARIS » qu’il convient de dire 🙂


 

Eh bien dans les rues, il y a beaucoup moins de monde que d’habitude. Les terrasses sont moins fréquentées. Les gens s’observent davantage. Comme dans les films d’action : on se met à scruter tout le monde, à penser aussi à quelle image on renvoie, on se met à imaginer – sans y croire – que le type qui sort un briquet de sa poche va dégainer un flingue. Et puis surtout, on voit partout (sur le sol, sur les vitrines, sur les trottoirs, sur les écrans) cette dégoulinade de bonnes intentions, à la fois guimauve et noire, qui ne laisse présager aucune prise de conscience collective de ce qui se passe vraiment, aucune amélioration de la situation pour l’avenir.
 
Not Affraid
 

Car la seule réponse que les Français fournissent aux attentats, c’est une peur, mal masquée par des slogans sans fond. Les étrangers me demandent par internet : « Comment ça va ? Comment réagit le peuple français ? ». Et je leur réponds : « Mal. J’ai l’impression qu’ils ne retiennent pas les leçons des actes qu’ils vivent. C’est du premier degré de chez premier degré. C’est affligeant. On se croirait sur une cour de collège. »
 

Certains partent dans des extases incantatoires aux dieux Éther... (ils commencent juste à cuver)

Un des nombreux poètes qui fait des incantations funèbres sur ses cadavres de bouteilles de Bastille (et accessoirement sur les cadavres humains… Ils commencent juste à cuver)


 

Alors que le contexte concret des attentats d’il y a deux jours prouve de manière claire et nette leur hypocrisie (il fallait le faire, quand même : les islamistes ont répondu à la « Journée de la Gentillesse » du 13 novembre par une attaque musclée le soir-même, preuve que la parure de gentillesse affichée par la France est d’une violence sans nom), les Français persistent à re-afficher à la fois le rose de la gentillesse et du plaisir hédoniste, à la fois le noir de la simulation de résistance (cf. je vous renvoie à l’identité totalement floue dudit « terrorisme » et dudit « État Islamique » que personne ne sait définir : à partir de la 10e minute). Sur le sol de Paris, apparaît çà et là le mot « Liberté » marqué en peinture rouge façon street art grâce à des pochoirs : what’s the fuck ? Aucun rapport avec la choucroute. Les bobos français ne voient pas plus loin que le bout de leur nez : ils ne pleurent même pas les morts réels, mais uniquement la mort de leur « liberté » (d’expression, de jouir sans entrave), la mort de leur insouciance, la mort de leur confort, la mort de leur bien-être qu’ils appellent le « vivre ensemble », la mort de leur indifférence qu’ils appellent la « paix ». Douze ans d’âge mental. Ils n’identifient pas les causes et les ressorts réels des attentats.
 
Pray for Paris
 

Comme ils n’ont pas les clés pour comprendre que la guerre que nous vivons est une guerre civile et surtout spirituelle/eschatologique (puisqu’ils ne croient ni en Jésus ni au diable ; s’ils croient de plus en plus à la fin du monde, ils ne croient ni en la fin des temps ni en l’Apocalypse christique), ils se mettent à courir dans tous les sens, à se lamenter, à perdre toute espérance, à passer à l’état du dépressif Jean-qui-rit-Jean-qui-pleure. Et leur espérance se dilue en espoir, en slogans identitaires d’une fierté creuse qui n’a rien à dire, rien à défendre : « JE SUIS PARIS, JE SUIS LIBRE, JE SUIS FORT, J’AI PAS PEUR, JE SUIS GENTIL (pour la petite histoire, dans ma pièce de théâtre, j’avais pastiché CHARLIE HEBDO en GENTIL HEBDO et en slogan JE SUIS GENTIL avant l’heure), JE SUIS FRANÇAIS, JE SUIS RÉPUBLICAIN, et même JE SUIS CROYANT/PRIANT ». Ils ont oublié, pour compléter la liste « JE SUIS CON ET BOBO ».
 

Prêtez attention aux symboles francs-maçons de cette affiche.

Prêtez attention aux symboles francs-maçons de cette affiche.


 
Prière laïque
 

Car oui. La réponse française aux attentats de vendredi a aussi des accents de Gouvernance mondiale, des accents spiritualistes de Nouveau Culte Mondial (cf. mon article sur l’Antéchrist, et aussi la recrudescence des « prières laïques »), d’œcuménisme New Age désinstitutionnalisé, de paganisme bourgeois-bohème (voire de paganisme catholico-catholique : je reviens dessus en fin d’article). Ce matin, tout en marchant, je voyais sur les panneaux publicitaires de la capitale, des affiches Blédina vantant la sortie de la crise par l’empirisme angéliste et l’expérimentalisme démoralisé (le fameux « savoir-faire » sur lequel reposera l’Humanisme intégral du Gouvernement Mondial), ainsi que des affiches de films tels que « Les Suffragettes » (des féministes avec les vraies gueules « pas baisantes/lesbiennes/sexistes » de l’emploi : les petites connes qui te regardent de haut, sur fond noir, et venues mater le machisme islamiste avec leur bienpensance LGBT atlantiste) ou encore des affiches d’expo « Osiris » à la lisière entre la science et le surnaturel (cf. la panmythologie que je décris dans mon article sur l’Antéchrist), et toujours des pubs pour le site libertin de rencontres « Adopte un mec » (parce que, pour le bobo, les attentats c’est choquant… mais pas le « mariage gay », pas les avortements, pas la pornographie, pas la prostitution, pas la PMA, pas l’infidélité).
 

"La Solution est féminine"...

« La Solution est féminine »…


 
Essayer c'est grandir
 

J’ai même été surpris de constater que, dans un Paris qui ressemble à une ville-fantôme (et encore plus le dimanche… et encore plus un lendemain d’attentats qui ressemblent à une cuite qui a mal tourné), le seul lieu parisien qui comme par hasard ne désemplit pas – au contraire : les mecs étaient obligés de se mettre sur le trottoir tellement c’était blindé – c’est l’Espace Beaubourg à l’angle de la rue saint-Merri et de la rue Renard, juste à côté du Centre Pompidou (= Temple du Boboïsme), où énormément d’hommes d’origine étrangère parient de l’argent sur des courses hippiques. Le jeu, l’argent, le pain, le cul, c’est comme cela que les Français « gèrent » les attentats. La pure fuite.
 
Osiris
 

Oui, Paris fume ses shit et affiche sa peace & love attitude pour ne pas affronter ce qui s’est passé il y a deux jours. Et la France s’engage sur le chemin de la résolution de ce qu’elle appelle « la guerre » (nouveau mot dans son lexique) par la voie de la raison, de la science (gnose), du spiritualisme désincarné, du rejet capricieux de la guerre (je dis « capricieux » car la paix demandée n’est qu’un appel à l’indifférence/l’indifférenciation, et pas du tout la seule vraie Paix du Christ ; et dire « merde » à la « guerre » n’est pas une véritable militance : Miss France en est capable).
 
merde à la mort
 

Sur les réseaux sociaux, la digestion des événements ne se passe guère mieux. C’est l’hystérie collective pour la PAIX. Tous les articles qui commencent à arriver suintent le témoignage adulescent bobo totalement à côté de ses pompes (cf. l’article de Slate) : les bougies aux fenêtres, les hommages musicaux « Imagine » au piano, les drapeaux tricolores sur la gueule, les appels agressifs à défendre la PAIX (MAIS VOUS ALLEZ ÊTRE POUR LA PPPPPPPAAAAAAAIIIIIIIXXXXX BORDEL DE MERDE !!!). Best-of de l’immaturité sincère des gauchistes : Anne Hidalgo (= la maîtresse d’école) qui est triste et bouche bée parce que les « lieux du vivre ensemble » de sa ville ont été attaqués. Nous sommes encerclés par les sentimentalo-bobos. Je ne sais pas si les étrangers mesurent le niveau ras des pâquerettes des réactions françaises…
 
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Les rares qui pourraient lire les événements avec la bonne grille (à savoir la foi catholique) ne le font pas vraiment. Les catholiques français s’enferment soit dans le même boboïsme que les athées (cf. le troisième « Nota Bene » de mon article sur les attentats ; cf. le discours de Mgr Pontier à Lourdes ; cf. l’article d’Alexandre Meyer sur Aleteia, complètement dans le sens du vent I-Télé), soit dans un spiritualisme démissionnaire (qu’ils nomment parfois « prière »), une victimisation béate et chagrine, une « Espérance » qui n’est qu’une résignation face à des violences qui les confortent dans leur désir croissant de rupture avec leur époque. L’optimisme est la marque de fabrique du boboïsme catho : Koz Toujours nous délivre ce message si fort et plein d’Espérance (à relayer, comme une grande chaîne de Paix) : « La vie continue. »
 
église-saint-Eugène
 

Justement, ce matin, j’ai eu la mauvaise idée de me rendre, pour faire plaisir à une amie, à la messe en forme extraordinaire de la paroisse Saint-Eugène Sainte-Cécile (la paroisse tradi de Paris). J’ai supporté les deux heures de messe, mais c’était la B.A. du mois ! La première et la dernière fois que je me rends là-bas, aussi. Si, concernant la France athée, je dénonce les désastres de l’HUMANISME INTÉGRAL, parce que ce dernier comporte des risques réels de déshumanisation au nom de l’Homme, je pourrais tout autant mettre en garde un certain milieu pharisien « catho » (pas spécialement parisien, d’ailleurs) qui déshumanise l’Homme au nom de Dieu et de l’intuition de l’arrivée des fins dernières, par un SPIRITUALISME INTÉGRAL ! En effet, notre monde n’est pas encore passé. Et il n’y a pas à construire le Ciel par nos forces humanistes, et encore moins à chercher à Le faire advenir par nos forces spirituelles ! C’est Lui qui vient à nous et quand Il veut.
 

« Les structures de péché nous donnent l’illusion de vouloir un humanisme intégral : c’est cela leur projet affiché. Or l’humanisme intégral ne sera effectif que dans la gloire ! En attendant, sur la terre, l’humanisme n’est pas intégral puisqu’il va falloir souffrir et mourir ! » (le frère Samuel, dans les Attaques du démon contre l’Église, Actes du colloque de Banneux, Éd. Bénédictines, Paris, 2009, p. 80)
 

Ce matin, à la messe de saint-Eugène, en dépit de mes critiques sur la forme (une forme qui a l’air parfaite, de qualité, scrupuleusement fidèle, extraordinaire – c’est le cas de le dire – mais qui en réalité est froide, sans âme, sans vulnérabilité, sans Charité : c’est fastueux et somptueux sans être beau, c’est spiritualiste sans être spirituel, bref, c’est beau ET chiant ; c’est pharisien), en dépit de mon habituelle admiration pour Mgr Batut (évêque de Blois qui fait souvent des superbes homélies, mais qui ce midi, alors qu’il présidait la messe, a botté en touche dans la démission déguisée en « Espérance » éteinte, dans la résignation spiritualiste qui soutenait à peu près ceci : « Face aux attentats et à la situation de la France, fuyons, réfugions-nous dans l’éloignement et la rupture avec ce monde qui passe, dans la posture ‘priante’ des saints anticonformistes et décalés avec les réalités terrestres, orientons-nous vers les réalités d’en-haut » : pas folichon ni courageux), j’ai senti que l’excès inverse (et gémellaire) de l’humanisme intégral, excès qui guette dangereusement les cathos, c’est, pour faire contre-poids, le spiritualisme intégral. Parce qu’on veut le Ciel, on ne L’accueille plus (d’ailleurs, aujourd’hui, alors que dans le rite ordinaire le texte du jour était particulièrement adapté à notre contexte – Marc 13, 24-32 -, un texte hors sujet nous a été servi à la place – Luc 14, 26-33) et on pense le construire à coup de prières humaines, de jolies liturgies, de refuges rigides institutionnels élitistes (chapelles CATHOLIQUES à la Civitas ou à la « saint Nicolas du Chardonnet qui ne s’assument pas »… bref, « à la bobos cathos tradis »), à coup de postures priantes hiératiques, de résignation spiritualiste. « Je ne sais plus pour qui voter, le monde part en sucette, le paganisme se généralise, la violence aussi… alors je me crispe sur mon chapelet et je m’enfonce dans la désespérance avec mon p’tit Dieu céleste qui doit arriver !!! ».
 

Personnellement, j’attends des saints et des compagnons de combat spirituel un peu plus « fun », à la fois lucides sur ce qui se passe et croyants en Dieu, à la fois drôles, doux, pêchus, plein d’Espérance, brûlants d’amour. Les grenouilles de bénitiers chagrines ou les bobos superstitieux athées, ce ne sont pas des extrêmes qui respirent l’amitié sainte et qui me donnent envie de vivre les fins dernières avec l’énergie qu’elles méritent. Je veux du feu, je veux de la Foi, je veux des partenaires de tranchée drôles et incisifs, je veux des Amis de Guerre Sainte ! Et ce n’est pas trop demander !