Ma lecture et mon analyse du roman Père Elijah à Jérusalem de Michael O’Brien


 

Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas posé une soirée entière chez moi, dans mon lit, sans écran ni ordi ni télé, pour lire un livre ! Et il me restait le 3e volet de la trilogie des Père Elijah (après La Librairie Sophia, Père Elijah, une Apocalypse) à lire : Père Elijah à Jérusalem.
 

J’en attendais beaucoup. En particulier par rapport au projet d’installation de l’Antéchrist (le diable humanisé décrit par saint Jean dans l’Apocalypse, ou encore par le prophète Daniel dans l’Ancien Testament) en Terre Sainte et sur le trône des trônes : celui du Messie/de Jésus dans son Temple Saint, à savoir le sanctuaire du Troisième Temple de Jérusalem, sur le Dôme du Rocher et l’actuelle Esplanade des Mosquées. Et j’avoue que dans Père Elijah à Jérusalem je n’ai pas appris grand-chose ni de scoop (contrairement au Père Elijah, une Apocalypse) concernant le déroulement des Fins dernières, et que je suis assez déçu.
 

Je ne décrirais donc pas cette lecture comme incontournable. Elle m’apparaît plus comme du réchauffé, une suite forcée et bavarde du Père Elijah, une Apocalypse (suite qui fait plein de digressions narratives qui sont plus au service de la fiction émotionnelle visant à prouver une sainteté d’un saint finalement fictif, que de l’information eschatologique urgente et utile à tous), et un prophétisme dont l’excès est même dénoncé à la fin par le héros lui-même : en effet, le père Elijah fait son mea culpa de s’être orgueilleusement pris, lui et son ami Enoch, pour les résurgences vivantes des « deux témoins » défiant l’Antéchrist annoncés dans L’Apocalypse de saint Jean. « Mon petit frère [Enoch] est mort ! Je l’ai tué. Dans mon orgueil, je l’ai tué car j’ai cru que nous étions les deux témoins ! » Orgueil faussement humble et saint, quand tu nous tiens !
 

Néanmoins, ce roman a toujours, comme les deux autres volets qui l’ont précédé, le mérite de nous ouvrir un peu plus à la compréhension des Fins dernières, des Signes des Temps, de nous mettre en appétit par rapport aux grandes prophéties eschatologiques (Akita, Daniel, Ezékiel, Élie, l’Apocalypse, Jésus…), de réveiller notre courage à affronter l’Antéchrist et notre goût du prophétisme et du martyre. C’est aussi une bonne photographie des tensions religieuses en Terre Sainte et de la corruption de l’Église-Institution catholique. Et quand je parle de « réveil », c’est parce que la lecture du Père Elijah à Jérusalem, même si elle s’enlise dans des longueurs narratives qui ne donnent aucune info prophétique de première main sur les Fins dernières, a eu le mérite de me donner envie d’écrire un nouveau prochain livre centré précisément sur l’Antéchrist et la Franc-Maçonnerie (encore meilleur que Homo-Bobo-Apo !), qui s’intitulera sans doute Comment démasquer la Franc-Maçonnerie et l’Antéchrist (surtout en soi-même, et ensuite dans l’Église et dans le Monde), avec pour sous-titre Dictionnaire des Codes apocalyptiques. Et ça, ce n’est pas rien ! Le plan détaillé de ce prochain livre m’est apparu en détail tout seul ! Alléluia !
 

Enfin, pour terminer, je vous ai sélectionné les seuls passages dignes d’intérêt que j’ai relevés dans Père Elijah à Jérusalem. J’en ai vus 7 :
 

– Concernant la manière dont le clergé et les fidèles catholiques vont se sentir faussement reconnus par l’Antéchrist et vont donc adhérer à sa Nouvelle Religion mondiale : « Parmi les musulmans, le Président [l’Antéchrist] était sérieusement considéré comme le grand prophète longtemps attendu, l’imam Mahdi. Parmi les juifs, les hommes instruits et les leaders spirituels, il éait le messie enfin venu. De nombreux hindous croyaient qu’il était Krishna dans une nouvelle incarnation annoncée de leur dieu suprême, Vishnou. Certains bouddhistes citaient l’enseignement de leur maître selon lequel un autre après lui viendrait qui vaudrait dix mille Bouddhas. Pour les adeptes du Nouvel Âge post-chrétien, il était la venue du Christ Cosmique. Pour les laïques, il était le plus grand être humain dans l’histoire des espèces, catalyseur auto-actualisé et facilitateur de l’évolution de l’homme. » (p. 33) ; « Derrière, des dizaines de piédestaux avaient été érigés le long du Mur et des employés s’affairaient pour terminer d’installer les derniers. Au sommet de chacun, un grand symbole doré représentait une religion du monde : un bouddha assis, une memorah, une roue du dharma, un lotus avec une flamme à l’intérieur, un croissant de lune avec une étoile, le yin et le yang, et ainsi de suite – et près du bout à gauche, une simple croix. À côté se trouvait ce qu’Elijah prit d’abord pour une Étoile de David, le Maghen ou bouclier de David. Puis il remarqua un cercle autour de l’étoile à six branches, ce qui en symbolique occulte en faisait un hexagramme entouré de l’anneau magique du pouvoir. De l’autre côté de la croix se dressait la sculpture d’un bouc qui s’élevait ou se métamorphosait à partir du corps d’un poisson. Tandis que l’un après l’autre on érigeait ces symboles, Elijah n’en reconnut presque aucun. » (p. 237).
 

– Concernant la bombe atomique en Iran : « Le Jour 4 : Le Président s’envole pour Téhéran où il rencontre les leaders d’Iran et d’Amérique. L’arrêt du projet d’armes atomiques et le désarmement de tous les groupes terroristes seront annoncés. Normalement des relations entre les deux nations. » (p. 37).
 

– Concernant le zoroastrisme en tant que « Nouvelle Religion mondiale » soi-disant « originelle » et « Mère des autres religions » : « Le Président cherche à éliminer les différences qui divisent l’homme en posant pour principe que toutes les religions sont des préfigurations imparfaites. Et il orientera l’humanité vers une nouvelle source unique de transcendance. » (p. 62).
 

– Concernant le Troisième Temple de Jérusalem : « Le Mur est un prélude, un prélude essentiel. Le jour suivant, le huitième jour, le Monde entier y participera. L’Esplanade du Temple deviendra la fondation du nouveau Temple, en quelque sorte, afin que toute l’humanité soit libérée pour adorer en esprit et en vérité. » (Archevêque collabo, p. 126) ; « La bête qui joue à l’agneau approche du sanctuaire pour le détruire et prendre le trône de Jésus, le véritable Agneau de Dieu. Elle réussira pour un temps à obscurcir la lumière du Ciel dans de nombreux lieux. » (p. 145).
 

– Concernant le danger du pacifisme mondain prôné et incarné par l’Antéchrist : « Ce boss du Monde réalise des choses que mon peuple a toujours ardemment désirées. Tout le monde en ville croit que le moment est venu où la souffrance arrive à son terme. Plus de terroristes, plus d’intifada. Seulement la paix ! Et maintenant tout le monde va vivre ensemble et sera heureux. J’ai jeté beaucoup de pierres quand j’étais jeune et je le regrette. Ils disent qu’il n’y aura plus de pierres, plus de gaz lacrymogènes en pleine figure. Plus d’enterrements d’enfants. Mais j’ai de mauvais pressentiments. Je pense qu’il n’est peut-être pas un homme bon. C’est fou, je sais. Peut-être que je suis fou. » (Amal, p. 197).