Ma visite du Grand Orient (Franc-Maçonnerie) hier aux Journées du Patrimoine : j’ai été le serphide officiel de Thierry Cuzin !

Je reviens de ma traditionnelle visite annuelle, pour les Journées du Patrimoine, au Grand Orient de France, la loge franc-maçonne la plus importante de Paris. Je me suis à nouveau régalé tellement les guides – pourtant très érudits – s’empêtrent dans leurs propres incohérences voire mensonges. Je vais essayer de les lister dans cet article. Car ce sont quand même les têtes pensantes de nos dirigeants ripoublicains ^^. En tout cas, j’en apprends toujours (et j’adore, quand je suis là-bas, jouer mon abruti, tout en foutant à un moment donné les pieds dans le plat en leur posant LA question qui fâche et sur laquelle ils bottent systématiquement en touche : les égrégores!)

Alors pour cette visite du 20 septembre 2020, j’ai eu la chance de faire partie du groupe tenu par Thierry Cuzin, chargé des publics au GOF (c’est un peu le « monsieur relations presse »), une pointure de la Franc-Maçonnerie. Et comme il a demandé à l’un des visiteurs d’être en queue de cortège pour le fermer et de veiller à ce que le groupe reste uni, il m’a désigné, avec mon accord, « serphide » (je crois que c’est un terme apicole). J’étais donc le serphide du groupe ! haha.

Les nouvelles infos :

Tout d’abord, en vrac, voici quelques remarques ou nouveautés que j’ai entendues sur la Franc-Maçonnerie (Toujours apprenti !^^) :

– Les francs-maçons ne sont pas contre la Foi ou contre la religion mais contre la primauté de celles-ci : « La foi ne doit jamais l’emporter sur la loi. » a déclaré Thierry Cuzin. Ils vouent un culte au légalisme, et prennent au pied de la lettre le « Rendons à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu » du Christ.

– Le site Cadet du Grand Orient s’arrange pour que les téléphones portables, où qu’on se trouve, n’aient aucun réseau. Ceux qui y rentrent se trouvent comme dans une étuve hermétique, avec aucun contact possible avec l’extérieur (chose qui ne risque pas d’arriver dans un lieu de culte catholique !).

– Les francs-maçons, contrairement à l’idée reçue, sont particulièrement déistes. J’ai appris que dans les obédiences régulières – les plus nombreuses par rapport aux obédiences libérales adogmatiques -, il est obligatoire pour les candidats de croire en Dieu et de le déclarer (et par « Dieu », ils n’entendent bien sûr pas « Jésus », mais juste un « principe énergétique méta-humain ou supra-humain, donc qui ne relève pas de l’Humain » : je cite Cuzin). Ils sont aussi tenus, en plus de ça, à croire en l’immortalité de l’Homme (concept qui s’oppose à l’éternité de l’Homme, puisque l’éternité induit la mort puis la résurrection de Dieu en personne : nous, catholiques, ne croyons pas en un Dieu immortel – vu que Jésus a accepté de mourir comme un Homme – mais en un Dieu éternel : c’est toute la différence !). C’est la raison pour laquelle Thierry Cuzin a mis un point d’honneur à expliquer que les francs-maçons « ne sont pas anti-religieux ». Et c’est vrai : ils sont juste contre la supériorité universelle de la religion catholique.

– L’axiome principal de la Franc-Maçonnerie, qui est celui de dire que « nous sommes tous et toujours apprentis » (c.f. la photo), même s’il se veut égalitaire et humble, est infantilisant et nous maintient finalement tous au statut d’élèves soumis et ignorants (… alors que dans la religion catholique, Dieu nous fait/fera la grâce de le dépasser, de faire des choses plus grandes que Lui, de connaître tout ce que Lui connaît. Nous ne sommes pas des perpétuels ignorants. Il nous fait prendre part à son Mystère. Il ne fait pas mystère de son Mystère, ne le garde pas jalousement. « Tout ce qui est à moi est à vous » nous a-t-Il dit.).

– Thierry Cuzin a souligné que les initiés francs-maçons ont « la transmission chevillée au corps » (ça, c’est une notion très macronniste, mais également très luciférienne : il faut apporter la lumière du savoir aux autres). Ils sont aussi très branchés « Dignité » (le mot qui ne veut rien dire… ou plutôt qu’on peut accoler à tout pour justifier n’importe quoi, comme par exemple l’euthanasie, transformé en « droit à mourir dans la dignité »).

– J’ai été étonné de voir l’attitude intransigeante et parfois agressive de Thierry Cuzin qui, derrière un relativisme de façade apparemment ouvert à tout (car le culte maçonnique pour le symbolisme à la fois accueille en principe toute interprétation… et bannit toute interprétation trop universaliste et unitaire), décrétait que nous avions « tort ou raison », « tout faux ». Il lui arrivait de s’énerver dès que l’un des visiteurs le remettait en question ou exprimait un désaccord ou n’avait pas SA bonne réponse à lui. Les francs-maçons sont très OUVERTS… mais attention : qu’avec les gens qui pensent comme eux et qui pensent « bien ». D’ailleurs, Cuzin nous a appris qu’au GOF, il y avait 3000 admissions par an à peu près, mais que l’un des critères de refus de candidature (appelé « ajournement »), c’était l’appartenance au FN (ou RN). Bravo l’ouverture…

– J’ai été étonné de voir que les francs-maçons s’interdisent de parler du CŒUR (Vous vous souvenez que je vous avais dit qu’ils veulent remplacer le cœur de chair de l’être humain en cœur de pierre : la Pierre philosophale aurique). Lorsque Thierry Cuzin a employé une expression où il était quasiment obligé de dire le mot « cœur », il s’est repris et l’a remplacé in extremis par le mot « conviction » : « Dans le secret de votre… conviction ». Il a filé ensuite la métaphore en enjoignant à « se forger une conviction » (Il n’a pas dit « valeur » – le concept très bobo en vogue – mais ça ne m’aurait pas étonné !) Bref, les francs-maçons remplacent le cœur par la conviction. En d’autres termes, ils ont quitté l’Amour pour lui préférer la volonté personnelle.

Si vous voyez dans les temples maçonniques les lettres J et B sur les deux colonnes d’airain de l’entrée du Temple de Salomon, ça renvoie à Jakin et à Boaz (dans le premier livre des Rois, de la Bible).

– Thierry Cuzin nous a sorti de manière quasi automatique un poncif de la pensée manichéenne : « L’intelligence surgit du contradictoire. » C’est très luciférien, en fait, d’ériger la contradiction ou le paradoxe en dieu, en critère de vérité absolue.

– J’ai appris que les Templiers avaient disparu officiellement en 1314. Mais qu’en revanche, ils inspirent fortement la Franc-Maçonnerie moderne depuis 1720, et que les obédiences actuelles s’inspirent beaucoup de la chevalerie des Templiers, en sont les résurgences. Par ailleurs, il a distingué (de manière furibonde) les francs-maçons des Illuminati, en disant que ces derniers n’avaient rien à voir, qu’ils étaient une société initiatique opposée aux francs-maçons, qui a disparu en 1785, et qui défendait un « symbolisme universel ». Personnellement, j’ai été peu convaincu par cette distinction : d’une part parce que les obédiences maçonniques ont pour particularité de s’opposer entre elles, d’autre part parce que les francs-maçons vouent aussi un culte à la lumière luciférienne, même si ensuite ils rejettent toute prétention à l’universalité et au prosélitisme puisqu’ils défendent un individualisme universel.

– J’ai appris que le compas ne sert pas à faire des cercles : son usage, c’est surtout de reporter des mesures. Donc en gros, c’est de faire de la copie conforme, de la reproduction.

– J’ai appris qu’à Boboland (Lyon), il y avait actuellement 25 temples maçonniques. Ce qui n’est pas une petite moyenne. Bordeaux et Lille, d’autres Boboland français, sont aussi bien lotis.

– J’ai visité dans le Musée du Grand Orient l’expo photographique éphémère de Marie Vidal intitulée Pierre et Lumière. Ça c’est vrai que c’est pas du tout illuminati… Je rappelle à ce propos que l’un des champs lexicaux les plus caractéristiques de la FM est celui de la lumière (mais la lumière physique, énergétique : or, soleil, électricité), et celui de la pierre (L’idée, c’est que l’Homme se construirait lui-même par sa propre quête de connaissance).

– Dans mon groupe de visiteurs, il y avait manifestement deux jeunes hommes super gays (en couple?). Je vous renvoie à mon article sur les liens entre Franc-Maçonnerie et homosexualité.

Les 2 plus gros bobards de cette année :

Enfin, question mensonges éhontément proférés pendant cette visite, et qui sont aussi énormes que l’année où ils m’avaient sorti en gloussant que « la Franc-Maçonnerie n’avait aucune espèce de liens de proximité avec la sphère politique » (… alors que dans les couloirs il y avait des affiches qui annonçaient la venue de la ministre Marlène Schiappa à une tenue blanche privée ! LOL), les deux meilleurs que j’ai entendus cette année, c’était le bobard sur les égrégores et l’autre sur le circuit des temples.

 

Alors concernant les égrégores, qui ont lieu à travers la fameuse Chaîne d’Union mise en scène à chaque réunion de la loge (les membres associent leurs intelligences pour vivre, main dans la main, en cercle, une expérience électrique de décorporation collective, en fait : Thierry Cuzin a parlé textuellement d’un « moment d’élévation vers un idéal commun ». C’est une expérience luciférienne, au sens lumineux, énergétique et angélique du terme), j’ai, comme à mon habitude, mis le sujet sur le tapis. Parce que je sais que les initiés sont très mal à l’aise pour en parler, puisque c’est un peu le centre de leur « secret maçonnique » tacite bien gardé, de leur pratique magique méconnue du grand public et qu’ils ne veulent pas dévoiler… et on comprend pourquoi : elle est luciférienne (même si eux ne croient pas en l’existence du diable). Face à ma question, Thierry Cuzin s’est montré au départ imperturbable (les années précédentes, j’avais eu droit à des réactions de guides plus médusées et déconcertées). Notre guide s’est juste gaussé face au possible amalgame entre égrégore et occultisme, en assurant bien sûr que « les égrégores n’avaient absolument rien à voir avec une pratique occulte ». Il m’a juste renvoyé la question : « Alors qu’est-ce que c’est, selon vous, un égrégore ? ». Et quand il a vu que je répondais bien (« C’est la somme des intelligences de l’ensemble d’un groupe réuni. » ai-je récité comme le meilleur élève de la classe), il a donné sa propre définition puis est passé à un autre thème. Il pensait en avoir fini avec moi, mais j’ai remis le couvert lorsque nous étions dans une autre salle, en lui demandant : « Excusez-moi… Je reviens sur l’égrégore. Vous nous avez dit que c’était un moment d’élévation énergétique vers un idéal. Mais est-ce que vous pouvez nous décrire vos propres sensations lors d’un égrégore ? Et qu’est-ce qui est vécu par le groupe ? ». Là, ce fut une fin de non-recevoir. Il a refusé catégoriquement de me répondre, en avançant (de manière contrariée et sèche) que c’était de l’ordre de l’intime, que « c’était son jardin secret » et que pour le coup, même si la Franc-Maçonnerie est basée sur la franchise, là, bizarrement, il s’annonçait fièrement comme « un ennemi de la transparence ». En fait, chez les francs-maçons, c’est la franchise ou la transparence quand ça les arrange ! Sinon, qu’ils le veuillent ou non, ils passent leur temps à cacher des choses… en particulier en ce qui concerne les égrégores et leurs activités paranormales. Donc même s’ils jurent leurs grands dieux que les égrégores ne sont pas de l’occultisme, ils les occultent tellement qu’ils les désignent à leur insu comme de l’occultisme ! (Au passage, vous ne verrez jamais aucun prêtre catholique ni aucun fidèle jouer le mystère ou avancé l’argument du « jardin secret » ou de « l’intimité » quand vous l’interrogez sur la prière ou sur les sacrements : rien n’est caché dans la religion catholique, contrairement à la Franc-Maçonnerie, où le secret et le mensonge occupent une place centrale… parce que derrière, finalement, Satan est à l’œuvre).

Pour le second mensonge gros comme une maison que j’ai entendu d’hier, là, Thierry Cuzin m’a vraiment pris pour le premier des cons. Ça fait au moins la 5e fois que je viens faire une visite guidée au Grand Orient, et on nous fait voir exactement les mêmes temples (on en voit 4 ou 5 grand max). Quand j’ai demandé – et c’était la dernière question de la visite – pourquoi on faisait toujours le même circuit et pourquoi, vu qu’il y a 21 temples en tout sur le site Cadet, ils ne variaient pas les plaisirs en nous montrant les 17 autres salles (21 temples : il y a quand même l’embarras du choix), Thierry Cuzin a nié en bloc : « Nan nan. Ce ne sont pas toujours les mêmes temples ! » ; « À chaque fois on en montre des différents. ». Hmmm… Tu me prends pour un con ou tu me prends pour un con ?

 

Voilà donc, pêle-mêle, les quelques observations que j’ai pu faire lors de cette Journée du Patrimoine.