L’avion dans l’Église ou l’Église dans l’avion : une inquiétante confusion des espaces célestes… (Ce matin, messe de confirmations covidée en présence de Mgr Rougé)


 

Ce matin, je me trouvais à la messe de confirmation de 34 confirmands du diocèse des Hauts de Seine, qui se tenait à l’église de l’Immaculée Conception de Boulogne. J’étais parrain de confirmation de Jeanika. Cette célébration était présidée par celui qu’on pourrait appeler l’ « Emmanuel Macron épiscopal » : Mgr Matthieu Rougé. Même si l’Esprit Saint est descendu (et c’est forcément beau, émouvant, et tout ce que je vais dire n’enlève rien à la grandeur de l’effusion reçue), il y 3 choses qui m’ont sidéré lors de cette célébration très plate et trop aseptisée pour une messe de confirmation.
 

C’est d’une part que j’avais l’impression d’être dans un avion plus que dans une église : les équipes de préparation étaient aux petits soins avec nous, elles ont fait plusieurs passages pour nous expliquer les consignes de sécurité anti-COVID, elles avaient leur badge et nous prêtaient une assistance quasi individuelle et clinique, il y en a même une – une Noire qui faisait très hôtesse de l’air – qui nous a indiqué où se trouvaient les toilettes. Il ne manquait plus que la ritournelle des masques de ventilation en cas de dépressurisation de l’appareil et l’indication des issues de secours avec les gestes-à-la-con des stewards, et on y était (… dans l’avion !). D’ailleurs, pour une église qui s’appelle l’Immaculée Conception, la Vierge y occupe une place tout à fait dérisoire (il y a juste une simple statue de Marie dans le fond de l’église, qu’on remarque à peine). Vive les églises COVID-19…
 

D’autre part, l’autre chose qui m’a scié les pattes, c’est la nullité de l’homélie de l’évêque franc-maçon Matthieu Rougé. Elle a duré 5 minutes à tout casser. J’ai essayé de prendre des notes, mais il y avait tellement rien à gratter que j’ai laissé tombé. Moi, j’avais jadis le souvenir d’homélies de messes de confirmations plus longues qu’à l’habitude, puisque les évêques, en général, prenaient même le temps de caser quelques citations de lettres de confirmands qui les ont touchés pour illustrer leurs propos. Là, que dalle ! Pas une phrase profonde ! Pas une anecdote qui resterait en tête ! RIEN ! J’ai même fait un petit sondage à la fin de la messe auprès de certaines personnes pour savoir s’il y avait telle ou telle idée qui les aurait marqués dans l’homélie : c’était le désert de Gobi. Le gars, pendant son « speach » (ce n’était pas une homélie), il n’avait même pas de papier, a fait quelques pas avec son micro sans fil genre one-man-show improvisé et détendu (bobo, quoi) ou stand-up macroniste publicitaire, avec un enthousiasme trop travaillé pour être naturel. Et pendant la consécration, Mgr Rougé a pris un ton compassé et dramaturgique (à la Hollande) que je trouve absolument détestable et faussement introspectif. Chez moi, en tout cas, ça ne prend pas du tout. Connaissant les ambitions carriériste de cet « évêque des politiques », je ne suis pas non plus tombé de ma chaise face à la vacuité de son cinéma.
 

En revanche, la dernière chose qui m’a scié et beaucoup plus démoralisé, c’est l’anesthésie générale de l’assistance, l’atrophie des cerveaux face à cette baisse qualitative objective. Je n’ai vu personne mécontent de l’arnaque à laquelle on venait d’assister. Personne ne semblait choqué ni insatisfait. Tout le monde, à la fin, se forçait même à dire que ça « avait été une belle messe ». J’étais dans l’incapacité d’acquiescer. Je me suis demandé en moi-même : « Est-ce que c’est moi qui ai un coeur noir, trop critique et biaisé sur Mgr Matthieu Rougé, qui m’empêche de rentrer dans la joie et l’émerveillement simple de l’événement ? Est-ce moi qui ai un problème et qui ne sais pas voir le positif, ou qui deviens anticlérical, amer et haineux ? » Pourtant, je n’ai aucune haine contre les prêtres, et pas même contre Mgr Rougé (Ce n’est que bien tard que je l’ai reconnu, d’ailleurs). C’est contre sa comédie (de l’enthousiasme ou de la piété intérieure) que je ressens un écoeurement. Mais pourtant, je n’ai pas rêvé : on n’a pas eu d’homélie ; les gens avaient l’air triste (et pas seulement à cause du masque) ; même le chant d’envoi (de l’Emmanuel) « Je veux chanter ton amour Seigneur », censé être pêchu, était complètement éteint, plombé et avait perdu son allure de fête.
 

En fait, je ne suis non seulement inquiet de la mollesse croissante que j’observe dans l’Église (a fortiori lors d’événements ecclésiaux exceptionnels tels que les messes de confirmation d’adultes) mais inquiet de l’absence totale de prise de conscience et de dénonciation de cette mollesse flagrante.