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Code n°10 – Androgynie bouffon/tyran

androgynie bouffon

Androgynie bouffon/tyran

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Vous vous souvenez des dessins animés de votre enfance, ou encore des B.D. dans lesquelles on voit un héros entouré de deux marionnettes – généralement un angelot et un diablotin – qui sont ses clones, et qui se disputent sans arrêt entre elles parce qu’ils ne sont jamais d’accord ? Vous visualisez les petites voix de la Conscience et de la Culpabilité qui se livrent bataille en lui pile au moment du choix cornélien, ou quand il est sur le point de faire une grosse bêtise ? Et bien je trouve que ces mises en scène de conflit intérieur entre deux personnages bouffon/tyran qui se mènent une vie impossible, mais qui pour autant restent inséparables (d’ailleurs, ils passent leur temps à s’échanger les rôles) sont typiques dans les œuvres artistiques traitant d’homosexualité. Sûrement parce que le désir homosexuel écartèle la conscience qu’il habite et la coupe en deux. Cette schizophrénie de l’âme, elle arrive généralement quand nos actes ne sont pas conformes à notre conscience et à nos bonnes intentions ; quand nous ne voulons pas assumer ce que nous faisons. Plus on se rêve éternelle victime – pour mieux mal agir en secret et en toute impunité –, plus on devient bourreau sans même s’en rendre compte. L’existence faite de dérision et de légèreté cache bien souvent des drames et des larmes invisibles. Derrière le Jean-qui-rie pleurniche Jean-qui-pleure (… et vice et versa). Comme le désir homosexuel est plus bien-intentionnel que fondé sur le Réel, il est logique qu’il nous encourage à vouloir porter les deux masques, en apparence antithétiques, de la clownesque bataille entre le valet lourdingue et son maître psychorigide. Dans les œuvres homosexuelles, ce duo fusionnel amusant est pourtant le signe d’un désir de viol chez celui qui les met en scène, la marque de l’écartèlement d’une conscience humaine en proie à ses désirs de rupture/fusion avec les autres. Il n’est pas rare que l’inconstance du désir homosexuel prenne, dans les créations artistiques, la forme de la farce sado-masochiste.

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Doubles schizophréniques », « Désir désordonné », « Violeur homosexuel », « Jumeaux », « Adeptes des pratiques SM », « Moitié », « Homosexuels psychorigides », « Liaisons dangereuses », « Promotion ‘canapédé’ », « Défense du tyran », « Clown blanc et Masques », « Douceur-poignard », « Homosexuel homophobe », « Femme et homme en statues de cire », « Femme fellinienne géante et pantin », à la partie « Amant-marionnette ou marionnettiste » du code « Amant diabolique », et à la partie « Je suis fier d’être un monstre » du code « Homosexualité noire et glorieuse », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) Le couple homosexuel explosif est composé de deux marionnettes grand-guignolesques figurant un tyran et un serviteur qui lui est soumis :

Vidéo-clip de la chanson "Optimistique-moi" de Mylène Farmer

Vidéo-clip de la chanson « Optimistique-moi » de Mylène Farmer


 

On peut retrouver ces personnages chamailleurs dans la pièce Bill (2011) de Balthazar Barbaut (avec le couple homo formé par Dieu et Satan, et entourant Bill), le spectacle-performance Golgotha (2009) de Steven Cohen (avec les ombres chinoises du tyran et du bouffon), le Muppet Show (avec les grands-pères Statler et Waldorf), dans le film « La Femme et le Pantin » (1931) de Josef Von Sternberg (avec le maire et son bras-droit, Alphonso et Pacco), la chanson « Egotrip » du spectacle musical Starmania de Michel Berger (avec Stella Spotlight et Zéro Janvier), le « Medley Cette Année-là » au concert des Enfoirés en 1998 (avec Pierre Palmade et Patrick Juvet), la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi (avec Cyrille, le héros homo, et Hubert, son journaliste-bras-droit), le film « My Beautiful Laundrette » (1985) de Stephen Frears (avec Omar et Johnny), le film « Vatel » (1999) de Roland Joffé, le tableau La Cour du roi doré (2007) de Thierry Brunello, le film « Sens unique » (1987) de Roger Donaldson, le film « Mont-Dragon » (1970) de Jean Valère (avec Madame la colonelle et sa servante), la pièce Le Cri de l’ôtruche (2007) de Claude Gisbert, le poème « República » de Néstor Perlongher, le roman La Terrasse du roi lépreux (1969) de Yukio Mishima, le film « Une étrange affaire » (1981) de Pierre Granier-Deferre (avec Louis et son rapport exclusif avec son supérieur, le film « Mauvaise Passe » (1998) de Michel Blanc (avec Pierre, le prof de lettres dépendant de Tom, l’escort boy), le film « Beau Travail » (2000) de Claire Denis (entre l’adjuvant et le jeune légionnaire), le film « La Fille de Monaco » (2008) d’Anne Fontaine (entre l’avocat et son garde du corps), la pièce Big Shoot (2008) de Koffi Kwahulé, le roman Prince et Léonardours (1987) de Mathieu Lindon, le film « Furyo » (1983) de Nagisa Oshima (Jack Celliers et le Capitaine Yonoi, jouant au chat et à la souris), le film « Une Affaire de goût » (1999) de Bernard Rapp (avec sa Majesté Frédéric et son goûteur Nicolas), la pièce Les Quatre Jumelles (1973) de Copi, la bande dessinée homo-érotique Batman (avec Batman et Robin en lutte contre le Joker efféminé), la chanson « L’Aventurier » d’Indochine (avec Bob Morane et Bill Ballantine), le téléfilm « Le Clan des Lanzacs » (2012) de Josée Dayan (avec Élisabeth, la veuve Merteuil et calculatrice, et Brahim son bras-droit homo), le film « Huit Femmes » (2002) de François Ozon (avec Louise et sa servante Gaby), les films du duo homo-érotique Laurel et Hardy (cf. le documentaire « The Celluloïd Closet » (1995) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman), la chanson « Ramon et Pedro » d’Éric Morena, le roman L’Agneau carnivore (1975) d’Agustín Gómez Arcos, la pièce Guantanamour (2008) de Gérard Gelas (avec le jeu ambigu entre le geôlier et le prisonnier), le film « Jan-Ken-Senso » (1971) de Shuji Terayama, le film « It’s Love Im After » (1937) d’Archie Mayo, le film « Holy Matrimony » (1943) de John M. Stahl, le film « Mon capitaine, un homme d’honneur » (1995) de Massimo Spano, les tableaux de Moktar, la pièce Macbeth (1623) de William Shakespeare (avec le couple criminel Macbeth-Lady Macbeth), la pièce Arlequin, valet de deux maîtres (2008) de Goldoni, le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot, la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias, le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon (avec le duo sadomaso formé par la grande Allemande robuste et sa compagne petite, toutes deux en couple lesbien, et qui violent les vierges), le film « Die Frau » (2012) de Régina Demina (avec le duo SM composé de la gouvernante stricte et de la femme-enfant ingénue), la comédie musicale Dr Frankenstein Junior (1974) de Mel Brooks (avec Igor et Freddie le Dr Frankenstein Junior), etc.

 

Par exemple, dans la pièce On vous rappellera (2010) de François Rimbau, les deux lesbiennes Lucie et Léonore doivent, lors d’un casting, interpréter une scène entre une Reine autoritaire et une servante. Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, François s’extasie devant Thomas, son amant qui l’a quitté, et se remémore « son air sournois et machiavélique qui lui va si bien ». Dans la pièce Coloc’ à taire ! (2010) de Grégory Amsis, Fred (le héros homosexuel) et Alice (la « fille à pédé(s) ») se chamaillent comme les deux moitiés schizophréniques d’une même personnalité déchirée : « Tu joues la meilleure amie, et puis après, tu joues la parfaite hystéro qui m’arrache la moitié du visage ! […] Arrête de me toucher ! J’vais finir en morceaux avec toi ! » (Fred) Dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi, les deux amants Jean et Luc se comportent comme de vraies girouettes qui s’insultent, s’adorent, se déchirent, disent qu’ils se taisent pour en réalité parler encore plus : « Je parlais pour parler. » (Jean) Dans le one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011) du travesti M to F Charlène Duval, Madame Raymonde et Charlène Duval disent s’adorer « comme des copines », mais en même temps s’envoient sans arrêt des vacheries dans la gueule. Dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, Sarah humilie son amante Charlène devant les autres camarades, la traite comme sa bouffonne et arrive à s’en victimiser : « Tu m’auras bien fait du mal en tous cas. En même temps, je ne mets pas tout sur le dos. Moi aussi, je me suis laissée faire. […] Putain, t’es forte. Tu fais encore ta petite victime. Tu prends ton air de chien battu. […] Avec toi, je me sens mal. Je mens. Je me sens dure. Tu me donnes le mauvais rôle. ». Dans la pièce Lettre d’amour à Staline (2011) de Juan Mayorga, des couples étranges se forment : d’abord entre le poète Boulgakov et sa femme – qui se met dans la peau de Staline – (« Tu es la femme que j’aime. Comment puis-je imaginer que tu es Staline ? »), et ensuite entre Boulgakov et un Staline homosexuel (« C’est toi le poète et moi le lutteur. » affirme impérieusement le dictateur). On peut également penser au passage célèbre de Sodome et Gomorrhe où la rencontre amoureuse entre le très aristocrate Palamède de Guermantes, baron de Charlus et le valet Lupien est racontée avec beaucoup d’humour. Ce n’est que lorsque ces duos apparaissent dans le scénario de cette pièce que les enjeux de pouvoir se modifient entre les personnages. Les combinaisons par binôme indiquent deux choses : l’émergence d’un désir sexuel ambigu (= homosexuel) d’une part, et de la violence destructrice d’autre part. Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, pendant le cours d’histoire, Nathan simule un malaise alors que le prof parle de l’accord (pacte de non-agression) entre Hitler et Staline pendant la Seconde Guerre mondiale, pour être amené à l’infirmerie par son futur amant Jonas, qu’il va draguer en même temps qu’humilier et manipuler.

 

Le dramaturge argentin Copi est le spécialiste des pièces où le personnage central est en proie à des voix intérieures délirantes, comme s’il ne s’éprouvait plus du tout jouer (d’ailleurs, quand Copi montait sur scène pour interpréter ses propres personnages, il arrivait qu’il soit complètement camé lui-même !). Il s’agit généralement d’un héros homosexuel hystérique et schizophrène, parfois transsexuel, semblant souffrir du syndrome Gilles de la Tourette : « Arrêtez ! Ma bonne m’assassine à coups de massue et mon chien afghan me mord les chevilles ! » (« L. », le héros travesti M to F en parlant de Goliatha, dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi) ; « Où est-elle, cette salope, que je la tue ! » (Jolie parlant de sa fille Graciela, dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, p. 75) ; « Ne tirez pas, Madame, je suis aveugle ! » (Fougère dans la pièce Les Quatre Jumelles (1973) de Copi) ; etc. Le bouffon et le tyran de Copi sont généralement un adulte-petite fille envoyé(e) faire le tapin par une mère-transsexuel despotique ; mais ils peuvent être également un rat et son maître-courtisan, ou bien une matrone bourgeoise et son domestique. Ces partenariats violents renvoient presque systématiquement à l’inceste, à l’homosexualité, au viol, à la prostitution.

 

L’androgynie entre le bouffon et le tyran peut s’observer entre frères, et indiquer une transgression de la différence des générations : cf. le roman J’ai tué mon frère dans le ventre de ma mère (2011) de Sophie Cool, la pièce Les Quatre Jumelles (1973) de Copi, le film « Les Enfants terribles » (1949) de Jean-Pierre Melville (avec Élisabeth et Paul, les frangins incestueux), etc. « Les jeux ne sont pas tout à fait faits, chère petite sœur. C’est toi ou c’est moi ! Puisque nous sommes jumelles ! On a commencé à se battre à l’intérieur du ventre de notre mère. » (la Comédienne s’adressant à Vicky, dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « Une dame ici ? Ce ne peut être que ma belle-sœur. Dites-lui que j’ai détesté sa robe de chambre et que je n’ai pas l’intention de les recevoir. » (Cyrille, le héros homosexuel de la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi) ; etc.

 

La dualité bouffon/tyran dans les œuvres homosexuelles fait également référence à la différence des espaces (on le voit plus largement dans le code « L’homosexuel riche/L’homosexuel pauvre » du Dictionnaire des Codes homosexuels), c’est-à-dire à la double appartenance du personnage homosexuel à des classes sociales dites « opposées ». « Quand c’est pas la Boche, c’est la Juive. » (Laurent Spielvogel imitant Marlène Dietrich puis Barbara, dans son one-man-show Les Bijoux de famille, 2015) ; « Mon frère homo va épouser un des sujets de sa majesté. » (l’avocat dans le film « Non-stop » (2014) de Jaume Collet-Serra) ; etc. À la fin du film « My Own Private Idaho » (1991) de Gus Van Sant, par exemple, la juxtaposition des deux enterrements (d’un côté les funérailles carnavalesques du père des parias homosexuels, Bob ; de l’autre la mise en bière totalement guindée et triste du Maire de la ville) montre la division intérieure vécue par le personnage homosexuel de Scott (Keanu Reeves), fils du maire côté jour et délinquant queer côté nuit. Dans le dessin animé South Park, Herbert Garrison discute à la façon d’un ventriloque avec une marionnette actionnée par sa main droite, qu’il appelle « M. Toque ». Pendant quelques épisodes, Garrison remplace « M. Toque » par « M. T-shirt », une simple brindille vêtue d’un T-shirt, qui porte sur elle le triangle rose, référence directe au symbole cousu sur la chemise des personnes homosexuelles sous l’Allemagne nazie. Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le couple homosexuel est composé d’un tyran et d’un bras droit qui lui est soumis… et bien sûr, les rôles s’interchangent : « J’attire sans souci les hommes des plus exigeants. » (Gatal, le héros homo, parlant à ses deux « pères ») ; « Tu seras mon soldat si tu veux bien. » (Gatal s’adressant à son fiancé, qui est aussi son directeur à qui il obéissait comme un subalterne). Le fiancé de Gatal, en lui tendant sa main, lui fait le salut nazi.

 

Film "Peter Pan" de Walt Disney

Film « Peter Pan » de Walt Disney


 

Un jeu d’honneurs à sauver s’instaure parfois entre les partenaires homosexuels. La paranoïa amoureuse aussi. L’amant gay n’accepte pas la Règle d’or de l’Amour qui consiste à consentir à appartenir, à se donner entièrement soi-même sans peur de mal se livrer : « Je l’aime beaucoup et c’est quelqu’un de très important pour moi. Mais ça ne lui donne pas le droit de régenter ma vie. » (Bryan à propos de son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 192) ; « Je suis voleur. Vous êtes Roi. Autrement dit, nous sommes deux frères. » (cf. le poème de Lacenaire adressé au Roi, dans la pièce Lacenaire (2014) de Franck Desmedt et Yvon Martin) ; etc. Par exemple, dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens, Jeanfi, le steward homo, met sur le même plan sa relation de subordination au commandant de bord de l’avion qu’il occupe avec la fellation : « Ben c’est le commandant… » dit-il avec un geste obscène.

 

Un bras de fer commence, en dépit du plaisir que les amants semblent partager ensemble. La comparaison (« je suis meilleur que toi/je suis un gros nul par rapport à toi ») est la condition de leur fusion, le centre névralgique de leur querelle. Ils ne peuvent rester ensemble que parce qu’ils se jaugent l’un l’autre et se reprochent sans cesse de trop se ressembler/de ne pas assez se ressembler. Leur conflit est par conséquent éminemment gémellaire, narcissique. Il suffit d’une pique de comparaison, d’une remarque-serpent où les points de suspension et les jugements implicites appuient là où ça fait mal (genre : « MOI, je suis aimable et attentionné. Contrairement à toi… ») pour réveiller l’autre de son sommeil et subir ses foudres. La comédie de pestes que se jouent le bouffon et le tyran, dans laquelle il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, nous montre que l’amour homosexuel n’est pas un lien valorisant, mais un amour de la comparaison dépréciative : « Je me sens toujours nul à tes côtés. » (Bryan s’adressant à son amant Kevin, idem, p. 218) ; « J’ai tout pouvoir sur toi ! » (idem, p. 163) ; « En général, elle se plie à ma volonté. » (Vera l’héroïne lesbienne parlant de son amante Lola, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Si je comprends bien, ma relation avec Lola est sous ton contrôle ? » (Nina s’adressant à Vera, idem) ; « Je me demande si tu ne manœuvres pas dans l’ombre pour manipuler Lola. » (Nina s’adressant à Vera, idem) ; « Ta dépendance et ta soumission avec cette fille me gêne profondément. » (Nina s’adressant à son amante Lola, idem) ; etc. Trop se comparer aux autres témoigne d’un gros complexe d’infériorité/de supériorité ; ne pas assez se comparer aux autres rend tout aussi orgueilleux et indifférent.

 

Un rapport de force s’établit très vite entre le maître et l’esclave : selon le schéma dialectique hégélien, l’esclave dépasse son bourreau et cherche à le soumettre. Montent chez le picaresque valet des désirs de symbiose avec son chef : « Voglio far il gentiluomo/Et non voglio più servir. » (« Je veux moi-même être le maître et ne veux plus servir. », c’est la première phrase de Leporello dans l’Acte I, scène I, de l’Opéra Don Juan de Mozart, 1787) Le tyran et sa laquais sont unis dans un mariage fictionnel grotesquement forcé, comme on peut le constater dans le roman Le Corps du soldat (1993) d’Hugo Marsan, le roman Pompes funèbres (1947) de Jean Genet, le film « My Beautiful Laundrette » (1985) de Stephen Frears, le film « Mon fils à moi » (2006) de Martial Fougeron, la bande dessinée Rocky & Hudson, les cowboys gays (2013) d’Adao Iturrusgarai, etc. On retrouve l’amour entre le prisonnier et le policier dans le film « East Palace West Palace » (1996) de Yuan Zhang, le film « Shoot Me Angel » (1995) d’Amal Bedjaoui, le film « Mambo Italiano » (2003) d’Émile Gaudreault, le film « Hellbent » (2005) de Paul Etheredge-Ouzts, le film « À couteau tiré » (1983) de Roberto Faenza, le film « Le dernier saut » (1969) d’Édouard Luntz, le film « Lang Tao Sha » (1936) de Wu Yonggang, etc. Le dominant et le dominé sont unis à l’amour à la mort ! : « Maître et esclave côte à côte : elle le maître et moi l’esclave. » (Laura par rapport à son couple avec Sylvia, dans le roman Deux Femmes (1975) de Harry Muslisch, p. 38) ; « Who is the master ? Who is the slave ? » (cf. la chanson « Voices » de Madonna) ; « Les garçons préfèrent toujours ceux qui les malmènent. » (Laurent Spielvogel imitant André, un homme gay d’un certain âge, dans son one-man-show Les Bijoux de famille, 2015) ; « On n’arrive jamais à s’aimer sans se marcher sur les pieds. Moi, je suis avec toi parce que tu m’fais du bien. Toi, tu te sers de moi pour arriver à tes fins. On fait tout ce qu’on peut pour pouvoir se rendre heureux mais on n’est jamais contents tous les deux en même temps. Ego trip, toi tu fais ton Ego trip. Ego trip, moi je fais mon ego trip. Comment veux-tu qu’on s’aime ? » (Stella Spotlight et Zéro Janvier, dans la chanson « Egotrip » de l’opéra-rock Starmania de Michel Berger) ; « Parfois je me demande si je suis un des acteurs du scénario ou si je suis en train de rêver. Suis-je une victime, pauvre victime innocente de l’intrigue ? Ou bien suis-je, à mon corps défendant mais à mon esprit consentant, en train de manipuler les autres ? » (François, un des héros homos du roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 109) ; « Toi et moi on est pareils. On se ménage parce qu’on joue chacun très bien au jeu de l’autre. Je connais très bien ton jeu. J’y joue très bien. Toi aussi d’ailleurs. Mais tu sais, je suis meilleur que toi. Je te bats quand je veux. Alors, ne me provoque pas. Je te préviens. » (Harold, le héros homo s’adressant à son colocataire gay Michael, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; etc.

 

Dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, la relation bouffon/tyran entre Omar et Hassan II est transposée sur le terrain amoureux, entre Khalid/Omar : « Je suis au pied du trône. Aux pieds de mon commandeur. Mon bonheur n’est plus. Mon amour n’est plus. Je suis un condamné. Un fou du Roi. » (Omar face à Hassan II, p. 13) ; « Dans la nuit du mardi au mercredi, le palais est venu à moi. Cela a duré toute la nuit. C’était comme dans une pièce de théâtre. Un casting était organisé afin de choisir un bouffon pour le Roi. Un fou du roi. On est venu me chercher. » (Omar, p. 24) ; « Non, je ne serais jamais un bouffon du roi. Pourtant, au fond de moi, j’aurais bien aimé le devenir. » (idem, p. 25) À la fin du roman, les rapports s’inversent : Karim, l’amant riche qui couchait avec Omar, le gars du peuple, finit par devenir le bouffon : « Je n’étais pas la victime de Khalid. J’étais son bourreau. » (idem, p. 171) Dans la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi, Jeanne n’arrête pas de demander au facteur de « cesser de la contredire ». Dans le film « The Servant » (1963) de Joseph Losey, on observe le même revirement brutal entre bouffon et tyran : un jeune et riche aristocrate engage un valet de chambre qui, peu à peu, exerce une totale domination sur lui. Les bourreaux et les victimes du film « Salò O Le 120 Giornate Di Sodoma » (« Salò ou les 120 Jours de Sodome », 1975) de Pier Paolo Pasolini se mélangent également, et collaborent en vue d’illustrer la dualité violente de la dictature de Salò. Dans le roman Radcliffe (1963) de David Storey, Léonard Radcliffe, soumis au joug de son amant Vic, avoue son propre despotisme sous-jacent : « Le pire dans tout ça, c’est qu’une partie de moi l’aime et l’autre partie de moi ne lui sera jamais soumise. » (Gregory Woods, Historia De La Literatura Gay (1998), pp. 132-133) D’ailleurs, à la fin de l’histoire, Léonard, jadis homosexuel soumis et passif, finit par tuer Vic et par devenir l’homosexuel actif et prédateur une fois incarcéré. Ici, le violé devient violeur. Presque systématiquement, l’androgynie bouffon/tyran n’est que la figuration fantasmatique d’un conflit paranoïaque et hystérique qui se joue à l’intérieur d’un même personnage, comme c’est le cas par exemple avec le protagoniste de la pièce Le Funambule (1958) de Jean Genet, qui rêve d’être « à la fois gibier et chasseur ». Dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton, c’est la guerre entre les deux rivales Doris (l’héroïne lesbienne) et Peggy/Truddy (qui se dit elle-même « schizophrène ») : Truddy se fait passer pour la secrétaire de Doris, avant de dévoiler sa véritable identité et son plan machiavélique pour humilier sa maîtresse : « Alors comme ça, je ne sais pas jouer ? […] Moi, je ne sais pas jouer. Mais j’ai su te réduire en poussière rien qu’en jouant. » (Truddy) ; « Il est clair, Truddy Hobson, que tu es folle comme un âne. » (Doris) ; etc. Dans le film « 22 Jump Street » (2014) de Phil Lord et Christopher Miller, Jenko (le grand beau gosse) et son collègue Schmidt (le gros petit) se disputent beaucoup : « Tu me tires vers le bas. » (Jenko) ; « Tu étais une petite fleur et je t’étouffais. » (Schmidt) Dans le film « L’Art de la fugue » (2014) de Brice Cauvin, Antoine vit en couple depuis longtemps avec Adar, un gars gentil mais fade, qu’il maltraite par son impatience, son exaspération croissante. Il le juge ennuyeux, empoté en voiture, un peu trop plat, et finit par le tromper. Louis, le frère d’Antoine, s’étonne que leur couple prétende encore en être un : « Je ne comprendrai jamais comment un type aussi gentil peut te supporter… »

 

ANDROGYNIE Guignol

 

Dans les fictions homo-érotiques, la présence du bouffon et du tyran démontre plus fondamentalement que le héros homosexuel vit un conflit spirituel, voire une possession diabolique. « Il faut au moins un mentor et un disciple pour réussir une quête. » (la voix-off d’Audrey, l’agresseur homophobe, parlant d’Anton ou de Vlad, dans le film « Stand » (2015) de Jonathan Taïeb) ; « Chacun de nous porte en lui le Ciel et l’enfer. » (Dorian dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Comme le diable et son valet, on marche ensemble. Nous sommes unis comme un vieux couple. Pour le meilleur… après le pire. » (Lacenaire s’adressant à son complice Avril, dans la pièce Lacenaire (2014) d’Yvon Bregeon et Franck Desmedt) ; etc. Par exemple, dans la pièce Nationale 666 (2009) de Lilian Lloyd, Sophie est en lutte entre ses deux consciences, Louise la diablesse et Angélique l’ange. Dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot, Maxence, le héros homosexuel, est entouré du diable et de l’ange. Dans la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes, le psy (Dr Apsey) comme l’amant (Jonathan) sont tous deux les petites « voix » diaboliques de la conscience torturée du héros homosexuel Frank. Dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi, à la fois le Rat est une simple marionnette en mousse inoffensive qui n’a que le pouvoir que Vicky, sa maîtresse, lui confère (« Ce Rat n’est qu’une marionnette, il est animé par une main, vous le savez mieux que personne, puisque vous l’avez fabriqué. Il serait incapable de tuer tout seul. » dira l’Auteur), mais il dépasse et domine Vicky qui soutient qu’il « a un esprit. C’est le Diable ! ».

 
 

b) Le bouffon :

La figure du bouffon, qui – soit dit en passant – est davantage une allégorie de la folie (dans le sens homosexuel du terme) qu’une allégorie de la joie, apparaît dans le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky (avec l’acrobate-paysan Uloomji), le film « Je vois déjà le titre » (1999) de Martial Fougeron (avec Paulo faisant le clown devant son amant), le film « Reflections In A Goldeneye » (« Reflets dans un œil d’or » (1967) de John Huston (avec Anacleton, le farfelu serviteur du Major), le film « Mort à Venise » (1971) de Luchino Visconti (avec les deux bouffons viscontiens face à la grande bourgeoisie), le film « Teorema » (« Théorème », 1968) de Pier Paolo Pasolini (avec le facteur fou), le roman Le Fou du Père (1988) de Robert Lalonde, le spectacle musical Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, le film « Le Fou du Roi » (1983) d’Yvan Chiffre, le film « Le Roi danse » (2000) de Gérard Corbiau (avec l’attachement de Lully à Louis XIV), le film « Casanova » (1976) de Federico Fellini, la pièce Bang, Bang (2009) des Lascars Gays, le film « Gosford Park » (2001) de Robert Altman (avec Arthur, le valet homo), la pièce Quand je serai grand, je serai intermittent (2010) de Dzav et Bonnard (avec Dzav déguisé en joker Jean Sans Peur), la comédie musicale La Belle au bois de Chicago (2012) de Géraldine Brandao et Romaric Poirier (avec Bernard, le héros homo déguisé en bouffon), la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade, etc.

 
 

Michèle – « Et vous Malcolm, que faites-vous ?

Malcolm – À vrai dire, en ce moment pas grand-chose, je distrais, comme dirait Adrien. »

(cf. le dialogue entre Malcolm, l’amant d’Adrien, et Michèle, dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 55)

 
 

Par exemple, dans le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz, Mrs Venable, en parlant du fauteuil de son fils homosexuel Sébastien dans lequel le Dr Cukrowiz s’assoit, signale que « c’est un siège de bouffon, très rare, qui date du XVe siècle ». Dans le film « Monsieur Max » (2007) de Gabriel Aghion, Max Jacob se définit comme un « clown triste », un « pitre ». Oscar est surnommé « bouffon » par Charles Newman, son patron, dans le film « Un de trop » (1999) de Damon Santostefano. Dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, le protagoniste homo Jason se présente comme un « bouffon » face à une Varia despotique. Dans le film « Saisir sa chance » (2006) de Russell P. Marleau, Chance, le héros homosexuel, est traité par Brad, le méchant du film, de « Cendrillon » et de « bouffon ». Dans la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy, le duo Bill/Étienne est qualifié de « lutins farfelus et fantoches ».

 

La figure du bouffon peut indiquer un désir de soumission ou l’impression de ne pas exister pour soi-même : « J’ai grandi en coulisses. Mon grand-père était un clown. » (le Machiniste de la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « J’ai besoin d’un mentor et j’ai besoin que tu m’épaules. » (Jean-Jacques s’adressant à son amant-bras-droit Jean-Marc, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis) ; etc. Par exemple, dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi, Yoann est l’assistant soumis de Julien, son maître qui le méprise : « Mais qu’il est con… » ; « Tu vas répondre, feignasse ?! » ; « Toi, t’es nul. » ; etc. Dans le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker, le cri final d’amour que pousse Rachel à Luce pour l’appeler en plein embouteillages est en réalité une insulte que son amante lui avait appris sur un stade de foot américain : « T’es qu’un branleur n°9 !!! » Le tout est filmé comme une magnifique déclaration d’amour…

 
 

c) Le maître cruel, le gendarme Flageolet :

N.B. : Je vous renvoie également au code « Homosexuels psychorigides » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

On retrouve le motif du méchant maître dans la pièce Les Bonnes (1947) de Jean Genet (avec la coalition explosive entre les deux servantes Solange et Claire, tramant une machination pour se débarrasser de « Madame », leur maîtresse despotique et invisible), le roman Mon valet et moi (1991) d’Hervé Guibert, le film « Reflection In A Goldeneye » (« Reflets dans un œil d’or », 1967) de John Huston (avec le glacial Major Weldon interprété par Marlon Brando), le film « Le Roi et le Clown » (2005) de Lee Jun-ik, le film « Burlesk King » (1999) de Mel Chionglo, etc.

 
 

Cyrille – « Comment me trouvez-vous, Hubert ?

Hubert – Effrayant, maître !

Cyrille – Vous serez toujours mon meilleur public. »

(Copi, Une Visite inopportune, 1988)

 
 

La tyrannie s’applique au moins à l’un des deux membres du couple homosexuel, sinon aux deux : « Nous sommes deux personnes. Nous sommes deux bourreaux aussi. » (Louis et son frère siamois, dans la pièce Doubles (2007) de Christophe et Stéphane Botti) ; « Vous savez ce que ça fait de vivre avec la Gestapo ? » (Larry, en parlant de Hank, son amant qui l’aime et qui ne supporte pas de le voir infidèle, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « J’avais l’impression d’avoir donné mon âme à un être qui met une fleur à sa boutonnière. » (Basile le peintre par rapport à Dorian Gray, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; etc. Le bouffon menteur est bien souvent le « tyran du tyran », comme c’est le cas du personnage homosexuel Frank de la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes : le Dr Apsey, qu’il mène en bourrique, avoue leur gémellité : « À vos yeux, je suis un tyran […]. Mais la restriction vient de vous. Pas de moi. » Les jambes de Flageolet flageolent face à son nouvel arroseur…

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

N.B. : Je vous renvoie également au code « Défense du tyran » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles se sont d’abord senties méprisées, considérées comme des pauvres types ou des bouffons. « J’étais le clown de service… […] On m’incluait dans l’équipe non parce que j’étais bon, mais parce que j’étais drôle. Ce rôle me plaisait, je l’entretenais. […] Être le Guignol de service, brouiller sans cesse mon identité, c’était insupportable. » (Brahim Naït-Balk, Un Homo dans la cité (2009), pp. 22-30) Dans son essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), Jean-Louis Chardans rappelle que « joker » a été, aux États-Unis, un des synonymes d’« homosexuel » (p. 271).

 

Une fois arrivées à l’âge adulte, pour se venger de ce ressenti ou de ce vécu honteux, certaines inversent la vapeur et se comportent en bouffons vengeurs. « Après dîner, nous faisons un enregistrement de L’École des femmes avec Jouvet. Cette pièce souvent si comique est proprement déchirante. Le vrai sujet est l’incompréhension humaine, Agnès victime et bourreau, ou précisément bourrelle de son bourreau. » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, mars 1981, p. 19)

 

Pièce Les Bonnes de Jean Genet

Pièce Les Bonnes de Jean Genet


 

La scission androgynique bouffon/tyran du psychisme homosexuel/humain est décrite par bien plus de célébrités homosexuelles qu’on ne pourrait le croire : « J’ai déjà un titre provisoire : Confession d’un masque, et je voudrais, en écrivant là mon premier roman autobiographique, me disséquer moi-même, avec la double résolution dont parle Baudelaire : être ‘et la victime et le bourreau’. » (Yukio Mishima, Correspondance 1945-1970 (1997), p. 73) ; « Je trouvais les personnages de valets de chambre fascinants. Ils vivaient dans l’intimité de leurs maîtres, connaissaient d’eux leurs caractéristiques les moins avouables. » (Jean-Claude Brialy, Le Ruisseau des Singes (2000), p. 277) ; « C’est lui-même qui sera en même temps le tribunal et l’accusé, le gendarme et le voleur. » (Jean-Paul Sartre en parlant de Jean Genet, dans la biographie Saint Genet (1952), p. 31) ; « Farceur et espiègle, mais avant tout irrévérencieux, il a quelque chose d’un fou du roi dont les grelots seraient fêlés. » (Thibaut d’Anthonay à propos de Jean Lorrain, cité dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, pp. 313-314) ; « Cette expérience m’était à tel point incroyable que, je préférais me taire, craignant sans doute de passer pour un être anormal et déséquilibré. Mais rien ne pouvait jamais m’ôter l’absolue certitude, que je n’avais pas rêvé ni été victime d’une hallucination. J’étais la victime et le témoin, c’est sûr, la cible d’un amour impossible. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 70) ; « Bien entendu, je ne suis pas dupe. Je sais très bien que je sers d’alibi au Système. À la limite je sais très bien que je sers d’alibi – je peux être méchant ? – à une société que je déteste. » (Jean-Louis Bory au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976) ; etc. Par exemple, Copi a joué à de nombreuses reprises Les Bonnes de Genet (et pas seulement en français ; il est allé les interpréter en italien à Turin). Dans le biopic « Noureev, le Corbeau blanc » (2019) de Ralph Fiennes, le danseur et chorégraphe homo Rudolf Noureev, très despotique (« Je préfère mourir qu’obéir. ») passe son temps à se faire passer pour la victime, en particulier de son mentor et amant Constantin Sergueïev (« Il m’opprime/m’oppresse. »).

 

Le présentateur homosexuel français Laurent Ruquier a quelque chose du bouffon toujours hilare… mais hilare de balancer les autres et d’organiser des arènes où sont dévorés ses invités.

 
 

Des rôles de bouffon/tyran, de dominé/dominant, de passif/actif, clairement identifiables dans le couple homo ?

Cette fusion entre le bouffon et le tyran n’est pas qu’identitaire. Elle a pu être relationnelle. Il est déjà arrivé dans l’histoire humaine que le serviteur et son maître « fricotent » ensemble. C’est le cas très connu des « mignons » efféminés qui entouraient rois et autres chefs. Par exemple, Lorenzo de Médicis (qui devint le personnage de la pièce d’Alfred de Musset Lorenzaccio en 1834) a été l’amant de son cousin Alexandre de Médicis, avant de l’assassiner par un complot. « La passion homosexuelle amène les accouplements les plus monstrueux. Le maître et son domestique, le voleur et l’homme sans casier judiciaire, le goujat en guenilles et l’élégant, s’acceptent comme s’ils appartenaient à la même classe de la société. Le millionnaire et le va-nu-pieds fraternisent ; le fonctionnaire et le repris de justice échangent leurs ignorantes caresses. » (cf. l’article « Criminel » de Michael Sibalis, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 111) ; « J’aime l’aventure, l’ambition. J’aime commander. Et les femmes soumises. » (Maïté, femme lesbienne, dans le documentaire « Les Homophiles » (1971) de Rudolph Menthonnex et Jean-Pierre Goretta) ; etc.

 

Hegel serait ravi de voir l’apparent équilibre qu’ont trouvé Hitler et Röhm à s’utiliser l’un l’autre comme tyran et bouffon. « Il y aurait une raison pour laquelle Hitler choisit et prend le risque d’utiliser Röhm à un si haut niveau. Comme le dira Franz Pfeffer von Salomon, un ancien chef des SA, Hitler préfère choisir des hommes avec des points faibles, de sorte qu’il puisse actionner le ‘frein d’urgence’ en cas de nécessité. Grâce au point faible de Röhm, mais aussi toute la clique homosexuelle de la SA seraient sous contrôle. Röhm est lui-même conscient de sa dépendance à l’égard d’Hitler, à cause de sa propre homosexualité. En 1932, dans un accès de profonde résignation, il avoue franchement à Kurt Lüdecke, un compagnon d’Hitler à Munich dans les années 1920 : ‘Je le reconnais, pour ma honte que la vulnérabilité que tu m’as mentionnée m’a livré entre ses mains. C’est une chose terrible… J’ai perdu mon indépendance pour toujours… Tu sais comme moi comment Hitler peut jeter quelqu’un par terre… Et c’est nous, nous-mêmes, qui avons fait de lui ce qu’il est… Ma position est si précaire… Je fais mon job, le suivant aveuglément, loyal jusqu’au bout – il n’y a rien d’autre que je puisse faire.’. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), pp. 229-230) ; « Jamais dans l’histoire de l’Allemagne un homosexuel avoué n’avait accédé à ce niveau du pouvoir suprême, tout fragilisé qu’il fût, nous l’avons dit, par d’éventuelles menaces de chantage suspendues par Hitler lui-même au-dessus de sa tête comme autant d’épées de Damoclès. Dès lors un combat mortel est engagé ente Hitler et son ‘second’. » (idem, pp. 243-244)
 

Beaucoup de personnes homosexuelles soupirent d’agacement dès qu’on aborde la question de la domination et de la soumission au sein de leurs couples. En général, pour imposer une censure sur leurs actes, elles préfèrent caricaturer la gêne de leur société par rapport à la pourtant très marquée inégalité des rôles sexuels pendant le coït génital homosexuel (« plus marquée » ? Assurément ! Il suffit de faire un petit tour sur les sites de rencontres Internet gays, où la mention de la « passivité » et de l’« activité » revient bien plus souvent que le « 50/50 » ou l’« auto-reverse », pour s’en convaincre : l’inégalité génitale dans les couples homos, quoi qu’on en dise, est plus marquée entre deux hommes ou entre deux femmes qu’entre une femme et un homme) sous forme de questions stupides – « Qui fait l’homme ? Qui fait la femme ? » – pour ne pas avoir à y répondre, ou pour aboyer que le couple homo est totalement démocratique, que la question n’est pas de savoir qui fait quoi au lit, qui pénètre qui, mais uniquement de « tout faire » sans se poser de question, d’« inventer », de ne pas s’attribuer de rôles précis, de « sortir des carcans hétérosexistes », d’« improviser ». Pendant le coït homosexuel, tout serait question d’« amour », d’« échanges ». Ce n’est pas aussi simple. On voit bien au niveau des pratiques déjà simplement génitales qu’à l’intérieur des couples homos, les face-à-face se font plus rares, les « emboîtements » corporels sont moins évidents, la « syntaxe naturelle des corps » s’opère avec moins de poésie, la réciprocité est encore moins marquée, le réel occupe à priori moins de place, que dans un couple qui intègre la différence des sexes. Le fantasme, le jeu puéril, la mise en scène violente et humiliante, la sexualité régressive, la bestialité (dans les positions – à quatre pattes, contre le dos de l’autre, en fœtus – tout comme dans les pratiques – suçons, morsures, masturbation, fellation, sodomie, parfois même fist-fucking, scatologie et coprophagie), prédominent. La ressemblance physique entre les partenaires rassure dans un premier temps, mais sans la bouffée d’oxygène et l’espace qu’offrent les différences – et notamment la différence des sexes –, l’air vient vite à manquer dans le couple homosexuel, y compris pendant les coïts génitaux ; et cette carence ressurgit en violence, en pratiques de bouffon/tyran concrètes. « Il y a toujours des bars fétichistes, des clubs SM, avec des donjons et des esclaves. » (Bryan Safi, homosexuel, dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture », « Out » (2014) de Maxime Donzel) Dans les films pornos gays, on ne voit quasiment pas de rapport égalitaire entre les partenaires : ils sont toujours de type soumission/domination (exactement comme dans le porno hétéro). Nous ne pouvons pas faire l’économie de parler également des rôles génitaux pris par chacun des membres du couple homosexuel lors des coïts (j’évoquais un peu plus haut les adjectifs substantivés « Actif », « Passif », « Auto-reverse »), que ces coïts soient gays ou lesbiens importent peu d’ailleurs… même si une certaine idéologie sexiste et misandre cherche de plus en plus à nous faire croire aujourd’hui que cette répartition n’est due qu’à une affaire de pénétration et de possession d’un pénis, et que donc la tentation des rapports de domination/soumission ne menacerait que les hommes homosexuels, et pas du tout les femmes lesbiennes. Rien de plus faux ! Un autre régime de pouvoirs s’installe entre les femmes lesbiennes, tout aussi malsain et déséquilibré que pour leurs homologues mâles. J’en tiens pour preuve la place prédominante que peut occuper le sadomasochisme dans les sphères relationnelles et conjugales lesbiennes. Les femmes ne sont pas naturellement plus douces et plus sentimentales d’être dépourvues d’un pénis ! Bien au contraire ! Mes amies lesbiennes vous confirmeront en masse que les femmes lesbiennes, en général, se comportent entre elles en vraies harpies et despotes ! Dans le secret de l’alcôve comme en société !

 

Pour revenir plus largement aux rapports de domination amoureux, il me semble que l’absence de la différence des sexes dans tout couple homosexuel incite les partenaires à « marquer la différence » autrement… et de manière justement pas très heureuse, pas très maîtrisée, au final. On voit que des mécanismes comportementaux étranges, agressifs, se mettent en place, sans que les acteurs les décident vraiment. « Pour le psychanalyste Alfred Adler, la tendance à la dépréciation du partenaire, généralement normal, ne manque jamais. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 197) Des fossés inédits, qui ne seront pas forcément sexuels ou physiques d’ailleurs, apparaissent entre les amants : chacun se place en victime et reconnaît de plus en plus en l’autre son tyran. Et se profile le début de la fin de la relation. Par exemple, dans l’autobiographie Une Mélancolie arabe (2008) d’Abdellah Taïa, les relations amoureuses se suivent et se ressemblent inlassablement. On dirait que l’écrivain se cherche toujours des couples qui obéissent au même fonctionnement bancal, où l’un des amants endosse le rôle de la victime passive et complaisante, et l’autre partenaire plutôt le rôle du dominateur (parfois dominé par sa ventouse d’amant puéril et trop maternant !) : « J’étais dans la dictature amoureuse. Je précipitais les choses. Je ne voulais pas attendre. Il fallait le forcer à se révéler. » (Abdellah à propos de Javier, p. 41) Le plus bizarre dans cet arrangement déséquilibré, c’est que chacun semble apparemment y trouver son compte : « J’étais heureux et j’avais peur. Tu étais l’homme, le roi. J’acceptais ton pouvoir. » (Abdellah s’adressant virtuellement à son « ex » Slimane, p. 114) On entend Abdellah Taïa s’exprimer comme une amoureuse éconduite casse-pied, possessive, « attachiante », saoulante… aussi tyrannique que ladite « tyrannie » qu’il dénonce chez Slimane : « Je dois toutefois avouer que, même en plein enfer, une partie de moi était heureuse, aimait ça, ce machisme, cette dictature… Je me disais alors : ‘C’est ça l’amour, c’est ça l’amour… j’ai de la chance… Il faut tenir le coup… C’est ça l’amour…» (idem, p. 117)

 

Dans la biopic « Yves Saint-Laurent » (2014) de Jalil Lespert, Yves Saint-Laurent consent à ce que, dans son couple chaotique avec Pierre Bergé, ce dernier prenne la place du dictateur : « Un tyran, ça me va. » Et lorsqu’il trompe Pierre avec Jacques (l’amant de Karl Lagerfeld), Jacques le rassure : « Avec Karl, je fais le clown. Toi, en revanche, tu m’inquiètes. Tu me troubles. » Ce à quoi Yves lui répond : « Quand on aime, on est en danger. Moi, c’est ça qui me plaît. » Pierre Bergé n’hésite pas à brider et à humilier Yves quand ce dernier ne répond pas comme il faudrait aux journalistes : « Si c’est pour dire des conneries pareilles… » Le duo Bergé/Saint-Laurent a vraiment fonctionné concrètement sur le modèle inversant du dominant/dominé.

 

Autre exemple, dans le documentaire « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy diffusé dans l’émission Tel Quel sur la chaîne France 4 le 14 mai 2012, Charlotte et Marion, en « couple », s’engueulent souvent parce que Charlotte ne se sent pas libre et que Marion veut l’aider ; même si elles veulent donner une image positive de leur couple, on les voit se prendre la tête devant les caméras : « Mais laisse-moi ! T’es chiante !! » (Charlotte)

 

Film "Les Enfants terribles" de Jean-Pierre Melville

Film « Les Enfants terribles » de Jean-Pierre Melville


 

L’échange des masques bouffon/tyran est parfois vécu dans le cadre de la relation simplement filiale, comme on le constate entre Didier Éribon et son père en fin de vie : « L’homme que j’avais connu, vociférant à tout propos, stupide et violent, […] dans les mois, les années peut-être, qui avaient précédé sa mort, avait cessé d’être la personne que j’avais détestée pour devenir cet être pathétique : un ancien tyran domestique déchu, inoffensif et sans forces, vaincu par l’âge et la maladie. » (Didier Éribon, Retour à Reims (2010), p. 31)

 

Quel que soit le type de relation (de parenté, amoureux, professionnel, politique…), on constate finalement que ces mises en scène bouffon/tyran, relatées très souvent par des personnes homosexuelles, visent à démontrer/occulter des réalités sexuelles et psychiques violentes telles que le viol, l’inceste, la prostitution, le sadomasochisme, l’infidélité, la schizophrénie, etc. Nous aurions tort de n’y voir qu’un vaudeville divertissant. Je pense aux violences conjugales vécues au sein de nombreux couples homos (par exemple, Sacha Buyse – de Secret Story 8 – qui s’est fait battre par son compagnon).

 
 

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Code n°42 – Défense du tyran (sous-codes : Grands Hommes / Fantasme pour les uniformes et les militaires)

Défense du

Défense du tyran

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Comment une victime peut-elle en arriver à défendre son bourreau ?

 

Défense du tyran (ou de celui qui est présenté et cru comme tel)

Défense du tyran (… ou de celui qui est présenté et cru comme tel)

 

L’amour de son bourreau qu’on appelle « Syndrome de Stockholm » ? ou bien le désir de viol qu’on surnomme poétiquement le désir homosexuel, cela vous dit quelque chose ? Si vous me regardez avec scepticisme et horreur, je vous engage déjà, avant de vous lancer dans la lecture de ce chapitre, dans la lecture des codes « Viol » et « Déni » parlant de cet incroyable désir de viol, dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels. Le traitement de la fusion (souvent complète dans les fictions, incomplète dans la réalité) entre la « victime » et le « bourreau » est plus approfondi dans le code « Androgynie Bouffon/Tyran », et surtout dans les codes « Homosexuels psychorigides » et « Hitler gay » (dans lesquels je traite des dictateurs homosexuels).

 

Quand les êtres humains n’arrivent pas à se retrouver sur un relatif pied d’égalité, ce qui arrive toujours un jour ou l’autre, chacun tient à l’égard des autres à la fois le rôle de bourreau et celui de victime. S’ils ne prennent pas conscience de ces deux masques qu’ils peuvent endosser du fait de leur liberté, et qu’ils choisissent de se vouloir éternellement victimes, ils ne se confesseront ni bourreaux ni finalement victimes, étant donné que leurs tendances de bourreaux leur interdiront d’élire pour destin une communion à celui de leurs victimes. C’est ce qui arrive à beaucoup de personnes homosexuelles, qui présentent les tyrans comme de gentils agneaux à prendre en pitié, et les victimes (qu’elles défendaient à l’origine) comme une impitoyable foule de monstres ricanants à ignorer/mépriser. Leur anti-conformisme de principe les amène à sacraliser ce qui est horrible, non parce qu’elles l’aiment vraiment, mais parce qu’elles s’imaginent que c’est diabolisé par les autres, donc désirable. La compassion homosexuelle pour le méchant, poussée à l’extrême, peut les conduire à la fascination des figures d’autorité qu’elles prétendent par ailleurs haïr. Dans leur adolescence, elles ont été très souvent éblouies par les leader de leur classe, ou bien par des grands hommes historiques (Louis XIV, Napoléon Bonaparte, Néron, Charles de Gaulle, etc.). Elles sont les premières à être profondément touchées par la blessure d’amour du mythique dictateur que tout le monde devrait éthiquement mépriser mais aussi saluer pour sa sincérité maladroite et blessée.

 

Comme les Hommes ne sont pas de la perfection dont elles avaient rêvée, elles préfèrent se rabattre sur celui qui est entier (quitte à ce que ce soit dans le mal !). Le mensonge sur la pureté est pour elles encore pire que la méchanceté affichée du tyran, qui, lui, a le mérite de jouer courageusement son rôle jusqu’au bout sans retourner sa veste. Elles vont donc très souvent vénérer/mépriser la trahison, en se montrant à elles-mêmes qu’elles peuvent héroïquement choisir pour modèle une personne qu’elles n’auraient (comme la « majorité ») a priori pas élu non plus, parce qu’elles se persuadent qu’elles se doivent d’être ouvertes, infidèles et anti-conformistes, y compris avec elles-mêmes ! Ainsi, à propos des nazis trahis en 1944 pendant la Libération par le peuple français qui avait auparavant collaboré avec eux, Jean Genet écrit en 1947 dans Pompes funèbres : « Ils ne furent pas seulement haïs mais vomis. Je les aime. » Certaines personnes homosexuelles assurent leur inconditionnel soutien aux célébrités réputées pourtant homophobes (Élisabeth Schwarzkopf, Brigitte Bardot, etc.), au souverain solitaire, ou bien, comme Jean Cocteau, au « gendarme incompris ».

 

Si les personnes homosexuelles sont tentées de soutenir le tyran et de s’y identifier, c’est bien parce qu’inconsciemment et en fantasmes, elles se reconnaissent dans les drames personnels qu’il a/aurait vécus (despotisme parental, solitude de cour d’école, non-reconnaissance des talents, profonde déception du monde, etc.). Elles savent très bien qu’avant de devenir ce qu’il est, il a été victime (à commencer de lui-même !). Malheureusement, elles gardent souvent une vision figée et révolue du dictateur quand il était encore beaucoup plus victime que bourreau, sans la connecter à ce qu’il est devenu par la suite : une version plus dommageable du bouc émissaire.

 

Généralement, le tyran incarne le mal qu’elles désirent mais qu’elles détestent assez pour ne pas l’imiter : le louvoiement avec le totalitarisme ou le terrorisme ne restera qu’un jeu ironique « second degré ». Par exemple, dans le roman À la recherche du temps perdu (1913-1927) de Marcel Proust, le baron Charlus se fait passer pour un espion allemand souhaitant passionnément la victoire de l’Allemagne, plus pour provoquer le chauvinisme ambiant que par conviction personnelle. Mais le problème, c’est que beaucoup de personnes homosexuelles ne maîtrisent pas autant leur jeu auto-parodique qu’elles le souhaiteraient, car elles ont pris le tyran en sincérité et en esthétique. C’est la raison pour laquelle elles vont parfois défendre concrètement les tyrans modernes. « Redevenir gendarme, chasser le voleur, consoler la victime. Subitement, je voudrais pratiquer l’abus de pouvoir par personne ayant autorité. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 44)

 

Le soutien mutuel entre homosexualité et dictature n’est pas toujours qu’une mise en scène sortie des cerveaux soucieux de cultiver l’amalgame entre homosexualité et monstruosité. Parfois, elle a été réalité. Comme le signale très justement Reinaldo Arenas, écrivain cubain incarcéré en tant qu’« homosexuel » dans les prisons de Fidel Castro, s’il y a bien une chose qui a développé la répression sexuelle à Cuba, ce fut précisément la libération homosexuelle : « Je crois franchement que les camps de concentration homosexuels et les policiers déguisés en jeunes hommes obséquieux pour débusquer et arrêter les homosexuels ne contribuèrent qu’à un développement de l’activité homosexuelle. » (Reinaldo Arenas, Antes Que Anochezca (1992), pp. 132-133)

 

L’amour entre le monarque et son mignon efféminé est historiquement connu (Edward II et Piers Gaveston, Louis XIII et son favori Charles Albert de Luynes, Hitler et Ernst Röhm ou bien Arno Breker, Napoléon Bonaparte et sa « Tante Urlurette » Cambacérès grâce à qui l’homosexualité ne fut jamais condamnée par le Code Civil, Pétain et sa « Guestapette » Abel Bonnar, Nelson Mandela et son chauffeur Cecil Williams, Louis II de Bavière et son mignon Ludwig, Staline et le frêle Arménien Mikoyan, etc.). Les tyrans qui ont le plus persécuté la communauté gay étaient particulièrement entourés de personnes homosexuelles. Dans le cercle politique proche de Fidel Castro, par exemple, Reinaldo Arenas atteste qu’il y a eu de nombreux hommes homosexuels (Armando Valladares, Alfredo Guevara, etc.). Rien que si nous regardons le gouvernement de Tony Blair en 1998, nous pouvions compter sur seize ministres quatre hommes homosexuels (Chris Smith, Ron Davies, Nick Brown, et Peter Mendelson), ce qui n’est pas une petite moyenne ! Beaucoup de personnes homosexuelles font partie de l’entourage proche des puissants. Fréquemment, homosexualité et Jet Set ne font qu’un. « Nous sommes un peu comme le Dom Juan de Molière : nous avons développé une morale progressiste, mais nous, nous sommes toujours du côté des maîtres. » (le metteur en scène Patrice Chéreau, cité dans l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, p. 109)

 

Beaucoup de personnes homosexuelles connaissent mieux que quiconque les mécanismes des systèmes dictatoriaux. Le seul problème, c’est qu’au lieu de les dénoncer, elles les adorent. Elles sont ces enfants des « démocraties » actuelles, qui, par manque de combats, cautionnent des systèmes répressifs qu’elles vomissent et pourtant attendent. « L’homo [dans le sens grec d’homme] democraticus entretient vis-à-vis du despotisme un rapport ambigu : il l’exècre mais regrette aussi sa disparition. À la limite, il semblerait presque inconsolable de ne pas être opprimé : alors, faute d’ennemis réels, il s’en forge des imaginaires ; il se délecte à l’idée qu’il vit peut-être vraiment sous une dictature, que le fascisme va lui tomber du ciel, perspective qui le remplit de crainte autant que d’espoir. » (Pascal Bruckner, La Tentation de l’innocence (1995), p. 135) Tout ce qui fait le décorum à paillettes dissimulant l’horreur du totalitarisme les époustoufle, les captive et les désarme. Par exemple, elles soutiennent artistiquement le kitsch, l’art totalitaire par excellence. Certaines se sont concrètement agenouillées devant les beaux soldats allemands, ce paquet cadeau doré de la dictature nazie – nombreux sont les intellectuels et les artistes homosexuels à avoir rempli les rangs des collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale –, et expriment parfois leur amour-répulsion pour le régime nazi, à la fois dans l’humour camp, mais aussi très sérieusement : « Je ne peux pas m’empêcher d’avoir pour Hitler une admiration pleine d’angoisse, de peur et de stupeur » déclarera André Gide dans son Journal, le 20 août 1940. Par exemple, au générique de son film « Passion » (1964), Yasuzo Masumara écrit le mot passion à côté d’une énorme croix gammée rouge : difficile d’être plus clair…

 

Dès que la corrélation entre homosexualité et totalitarisme est faite, cela provoque généralement un tollé dans la communauté homosexuelle. « Problème sociologique : pourquoi tant de pédérastes chez les collaborateurs ? » s’interroge Jean Guéhenno (cité dans l’article « Écrivains et collaboration » de Emmanuel Pierrat, sur le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2002) de Didier Éribon, p. 123). Certains intellectuels évacuent presque systématiquement le lien de coïncidence par le rejet pourtant justifié du lien de causalité. « Il est évident qu’il y avait des homosexuels parmi les nazis ou, inversement, des nazis parmi les homosexuels, mais cela ne signifie rien en soi. L’idée d’un lien intrinsèque entre adhésion au nazisme et orientation homosexuelle est si paradoxale… » (cf. l’article « Nazisme » de Michel Celse, op. cit., pp. 334-338) Ils s’imaginent qu’ils fuient l’extrémisme d’où ils viennent, en choisissant celui qui lui est opposé. En réalité, ils passent souvent d’un fondamentalisme à un autre, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Nous ne serons pas étonnés de lire André Gide écrire dans Morceaux choisis (1921) que « les extrêmes le touchent ».

 

Il y a quelque chose d’incompréhensible dans le soutien homosexuel au totalitarisme, une attitude de défense/déni comparable à celle du personnage de Molina dans le roman Le Baiser de la Femme-Araignée (1976) face au film nazi « Destino », ou au refus de Manuel Puig de prendre connaissance du contenu du livre de Susan Sontag sur le campC’est comme si j’en avais peur, ou peur de prendre conscience de certaines choses dont j’ai seulement l’intuition, ou peur de ne pas être d’accord et de sentir qu’elle tripote des choses que j’aime », cf. l’interview « El Folletín Rescatado, Entrevista A Manuel Puig » (1972) d’Emir Rodríguez Monegal, dans Revista De La Universidad De México, vol. XXVII, n°2, octobre 1975, pp. 25-35) : une curieuse fascination qui refuse de se rendre intelligible. Cette attraction homosexuelle vers la dictature suit majoritairement une logique esthétique (Le fantasme de l’uniforme et des attributs physiques de l’hyper-virilité nazie dans la communauté homosexuelle est assez marqué) et une logique intentionnelle plus qu’une dialectique d’amour et de Réalité. Vous connaissez sûrement la fameuse citation de Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ». Quand les personnes homosexuelles ne prennent pas conscience de la nature totalitaire et idolâtre de leur désir homosexuel, parce qu’elles confondent l’humilité avec l’humiliation, la Vérité avec la sincérité, ou bien l’autorité avec l’autoritarisme, il arrive qu’elles cherchent à imiter en actes l’image du tyran qu’en intentions elles prétendent sincèrement combattre. Ainsi, une minorité d’entre elles peut passer insensiblement de la douceur à la violence, autrement dit de « pédale douce » à « pédale dure », comme l’a filmé Gabriel Aghion.

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Don Juan », « Promotion ‘canapédé’ », « Viol », « Témoin silencieux d’un crime », « Déni », « Tomber amoureux des personnages de fiction ou du leader de la classe », « Super-héros », « Fresques historiques », « Reine », « Adeptes des pratiques SM », « Tout », « Patrons de l’audiovisuel », « Homosexuel homophobe », « Méchant Pauvre », « Androgynie Bouffon/Tyran », « Homosexuels psychorigides », « Douceur-poignard », « Hitler gay », à la partie « L’homo combatif face à l’homo lâche » du code « Faux révolutionnaires » et à la partie « Traître » du code « Homosexualité noire et glorieuse », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) Tyran, je t’aime ! :

Le Capitaine Crochet de Disney

Le Capitaine Crochet de Disney


 

Bien souvent, dans les fictions traitant d’homosexualité, le personnage homosexuel défend à la surprise générale le tyran qu’il prétend haïr, et fait même parfois partie de l’entourage de ce dernier : cf. la pièce Lettre d’amour à Staline (2011) de Juan Mayorga, le roman Un Assassin est mon maître (1971) d’Henri de Montherlant, le film « La Reine Margot » (1994) de Patrice Chéreau, la chanson « Mon Légionnaire » de Serge Gainsbourg, le film « My Beautiful Laundrette » (1985) de Stephen Frears, le roman El Ángel Descuidado (2002) d’Eduardo Mendicutti, le film « L’Assassinat de Trotsky » (1970) de Joseph Losey (avec la sacralisation du traître), le film « La Tendresse des loups » (1973) d’Ulli Lommel, le film « Sérénade au bourreau » (1951) de Jean Stelli, le film « Le Conformiste » (1970) de Bernardo Bertolucci, le film « Tendre voyou » (1966) de Jean Becker, le film « Bons baisers à lundi » (1974) de Michel Audiard, le film « Furyo » (1983) de Nagisa Oshima (où David Bowie et le Capitaine Yonoi mélangent des sentiments très ambivalents), le film « Mon capitaine, un homme d’honneur » (1995) de Massimo Spano, le film « Un Thé avec Mussolini » (1998) de Franco Zeffirelli, le tableau Le Bleu (1998) de Xavier Gicquel, le film « Broderskab » (« Brotherhood », 2009) de Nicolo Donato, la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener, le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie (Franck défend Michel, l’assassin, jusqu’au bout), le film « Free Fall » (2014) de Stephan Lacant, etc.

 

C’est surtout la beauté physique, la recherche d’une force masculine orgasmique, ou l’esthétisme de la contradiction, qui consolident le soutien ambigu du héros homosexuel à son despote. Par exemple, dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel, pénètre dans la villa d’un richissime homme politique d’extrême droite, Lefteris Christopoulos, pour lui soutirer de l’argent, et aussi parce qu’il le trouve physiquement attirant. Il le force d’ailleurs, sous la menace d’un révolver, à se mettre torse nu pour vérifier s’il a le torse aussi poilu que son père fantasmé… : « Je m’endormais sur son torse. Il était hyper poilu. » Dans la pièce Lacenaire (2014) de Franck Desmedt et Yvon Martin, le romancier Prosper Mérimée célèbre en la figure transgressive de Lacenaire « un salaud littéraire », « la force de l’impétueux ». Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le Père 2 (homosexuel) de Gatal (son fils homo aussi) écoute de la musique militaire (fanfares) bien fort dans l’appartement. Dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, le prochain roman de Jacques, écrivain homo, traite de l’Incendiaire de Belfort.

 

Film "Festen" de Thomas Vinterberg

Film « Festen » de Thomas Vinterberg


 

Il n’est pas rare que les tyrans fictionnels et leurs « victimes » louvoient ensemble : « Y’a des baisers volés dans des trains de tsarines. » (cf. la chanson « Gourmandises » d’Alizée) ; « La façon dont elles l’avaient traité ne le choqua point ; il trouvait les deux vieux travelos adorables, il se mit à bander. » (le Prince Koulotô se mettant à désirer ses violeurs, dans la nouvelle « Les vieux travelos » (1978) de Copi, p. 90) ; « On dit ‘la guerre ! la guerre !’… mais c’est surtout à la Libération qu’on en a bavé ! » (la femme collabo travesti M to F dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau) ; « Je préfère coucher avec les pédés. Les Français, quoi ! » (Hanna s’adressant à son frère Donnadieu, dans le film « Je suis à vous tout de suite » (2015) de Baya Kasmi) ; « J’ai pris ce que tu m’as donné, de mon plein gré. Ce n’est pas de ta faute, Thérèse. » (Carol, l’héroïne lesbienne consolant son amante Thérèse en pleurs, culpabilisant d’avoir couché avec elle, dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes) ; « En mode ‘tyrannie’ : j’adore ! » (Dallas, l’assistant de la couturière Cecilia qui vient de lui hurler dessus, dans l’épisode 98 « Haute Couture » de la série Joséphine ange gardien) ; etc. Par exemple, dans le roman Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, Ednar, le héros homo, couche trois fois à l’armée avec Octave, son violeur d’adolescence, comme pour se venger/justifier de sa propre culpabilité : « Je ressentais ce désir comme une sorte de revanche pour satisfaire égoïstement ma propre libido. » (p. 92) Dans son one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011), le comédien raconte qu’il s’est rendu sur un site de rencontres fictif Syndromedestockholm.com pour retrouver son violeur, et le draguer ouvertement. Dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, lorsque le groupe LGBT de Mark propose à ses militants homosexuels de s’associer au mouvement des mineurs gallois, l’un d’eux refusent car il voit en ces ouvriers les homophobes de son adolescence : « Ces types-là me tabassaient sur le chemin du retour de l’école… » Dans le film « Aishite Imasu 1941 » (2004) de Joel Lamangan, le personnage homo séduit un commandant japonais. Dans le film « Après lui » (2007) de Gaël Morel, une mère tombe amoureuse de l’assassin de son fils. Dans le film « Festen » (1998) de Thomas Vinterberg, Christian finit par excuser son père qui a jadis abusé de lui. Dans le film « Le Quatrième Homme » (1983) de Paul Verhoeven, le protagoniste sort avec un de ses agresseurs. Dans le roman Tanguy (1957) de Michel del Castillo, Tanguy tombe amoureux de Firmin, l’adolescent parricide. Dans la pièce Les Bonnes (1947) de Jean Genet, Solange et Claire ont beau préméditer le meurtre de leur maîtresse, elles échoueront, et quelque part, elles la célèbrent dans l’iconoclastie. Dans le film « Hôtel du Nord » (1938) de Marcel Carné, Adrien le confiseur entretient une liaison avec un lieutenant. Le film « Haltéroflic » (1983) de Philippe Vallois retrace la passion sadomasochiste et amoureuse entre un flic et un athlète. Dans le roman Hawa (2010) de Mohamed Leftah, Zapata, le héros homosexuel, est séduit par un flic. Dans la pièce Détention provisoire (2011) de Jean-Michel Arthaud, le gardien policier tombe sous le charme de Marina, le travesti, qui le drague avec insistance. Dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit, le Dr Katzelblum a écrit plusieurs livres sur le « Syndrome de Stockholm », le « transfert émotionnel ».

 

Le fantasme de l’uniforme militaire, voire carrément des soldats non-agréés (les militaires parallèles, les bad boys, les skins et ladite « racaille »), est très marqué chez certains personnages homosexuels : ils s’abaissent devant l’ennemi comme devant une idole : « Je crois en un dieu semblable à un cadet militaire soumis à ma folie de pédale. » (le narrateur de la nouvelle « El Marqués De Sebregondi Llega Y Retrocede » (1988) d’Osvaldo Lamborghini) ; « J’aime les voyous. Tu ne le savais pas ? » (Doumé, un des héros homosexuels du roman La meilleure part des hommes (2008) de Tristan Garcia, p. 79) ; « Les sales types, les voyoux comme Herbert, j’adore ça. » (Fabien, le jeune héros homosexuel, dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand) ; « Je veux devenir un playboy professionnel […], j’entrerai dans l’armée. […] Ce sera que pour fréquenter l’école militaire. Pour m’entraîner et avoir un corps magnifique. Je veux dire un corps rude et robuste comme le vôtre. » (Anamika, l’héroïne lesbienne s’adressant à Adit, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 206) ; « La police se ramollit. Pas de croix gammée au défilé. » (Mark, le chef LGBT regrettant ironiquement que la Gay Pride n’ait pas été attaquée par les forces de l’ordre britanniques, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « J’ai toujours trouvé les agents de police très attirants ! » (Christopher Wren, le héros homosexuel de la pièce The Mousetrap, La Souricière (1952) d’Agatha Christie, mise en scène en 2015 par Stan Risoch) ; « Oh tu sais, les gaillards musclés en uniforme, ça ne m’effraie pas exactement. » (André, homosexuel, dans l’épisode 367 de la série Demain Nous Appartient diffusé le 31 décembre 2018 sur TF1) ; etc.

 

Par exemple, dans son poème Le Condamné à mort (1952), Jean Genet fantasme sur les « beaux soldats ». Dans le roman Philippe Sauveur (1924) de Ramon Fernandez, Philippe, le héros homosexuel, poursuit des jeunes militaires dans les bas-fonds de Londres. Dans le film « Toute première fois » (2015) de Noémie Saglio et Maxime Govare, Nounours, le peintre homo d’art contemporain, se marie avec le flic noir, à la toute fin. Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, lors de ses fiançailles, Gatal jure fidélité à « son promis, qui sera son soldat pour la vie ». Dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, quand un vieux voisin de résidence menace Mark, le jeune activiste gay, de faire venir un policier pour stopper les nuisances sonores de leurs « orgies », ce dernier s’exclame de manière lascive et provocatrice au passage : « J’espère bien ! » Juste après, à la Gay Pride à laquelle Mark assiste, est écrit en gros sur une banderole : « Il est vraiment hétéro ce flic ! ». Dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis, Jean-Marc est attiré par le groupe de scouts paramilitaires des Virilius, et tombe amoureux de leur chef. Dans le film « Un Héros très discret » (1995) de Jacques Audiard, le Capitaine plaque tout pour suivre un bel Américain : « Il s’appelle Marlon, il a 20 ans, il vient de Virginie, il est beau comme un char d’assaut. Il me fait découvrir le jazz et le charme violent des armées victorieuses. Ah, Albert, l’amour, l’amour ! » Dans la pièce Qui aime bien trahit bien ! (2008) de Vincent Delboy, Sébastien dit être attiré par les militaires en entraînement. Dans son one-woman-show Betty speaks (2009), Louise de Ville rêve de se rendre à une « soirée pompières, policières, maîtresses nageuses ». Dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, Michael fait cyniquement remarquer à son pote efféminé et homo Emory que son terrain de prédilection est la musique militaire. Dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, certains personnages homos expriment leur attirance pour « les hommes en tenue militaire ». Dans le film « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » (1982) de Jean Yann, César (Michel Serrault) est moins sensible à la reine Cléopâtre qu’à ses gardes… Dans le film « Un Éléphant ça trompe énormément » (1976) d’Yves Robert, Daniel, le héros bisexuel, veut continuer de « siffler les militaires » même au moment de sortir avec une femme. Dans le film « Le Rebelle » (1980) de Gérard Blain, Beaufils exprime son goût de la marginalité et de la violence de la dénommée « racaille » : « Il n’y a que cela qui me fait bander. » Dans le film « Pas si grave » (2002) de Bernard Rapp, Leo est troublé par le beau policier espagnol qui, le soir venant, se travestit dans un cabaret. Dans la pièce Les Z’Héros de Branville (2009) de Jean-Christophe Moncys, Bertrand de la Morne s’acoquine sexuellement avec des militaires. Dans le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky, Timofei, le héros hétérosexuel, au moment où il découvre son homosexualité, se met à avoir des hallucinations, et notamment au volant de sa voiture : il s’imagine le temps d’un instant qu’un agent de la circulation lui fait de l’œil. Dans le film « Poltergay » (2006) d’Éric Lavaine, quand Marc, le protagoniste principal, menace la bande de fantômes gays qui hante la maison où il a emménagé avec sa femme, d’appeler la police s’ils ne débarrassent pas le plancher immédiatement, le chef de la troupe, loin d’être apeuré par les menaces, s’en va avertir ses copains de la bonne nouvelle d’une manière provocativement sautillante et communicatrice : « Les gendarmes ?!? […] Les gendarmes !!! Les gendarmes !!! Les gendarmes !!! » Dans la pièce Cachafaz (1978) de Copi, les deux amant Raulito et Cachafaz montent une boucherie humaine rien qu’avec la chair des flics qu’ils tuent : « Un’ fois vidé et bien grillé, c’est délicieux un policier ! » (le chœur des voisins) Dans le film « Les filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie, pour se séduire, les deux héroïnes se déguisent en militaires lors de leurs jeux amoureux. Dans la pièce Dernier coup de ciseaux (2011) de Marilyn Abrams et Bruce Jordan, Romain Canard, le coiffeur gay, dit son fantasme pour les flics en uniforme. Dans la comédie musicale Frankenstein Junior (2012) de Mel Brooks, Ziggy, le page homosexuel, drague le Gendarme à qui il colle aux basques. Dans le film « Pauline » (2009) de Daphné Charbonneau, la jeune Pauline, héroïne lesbienne, a choisi, pour son premier rôle théâtral, de rentrer dans la peau d’un homme en uniforme avec une cape. Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, une femme travesti en homme, « Virgo Fortis », est pourchassée par « des soldats qui veulent la violer ». Ces mêmes militaires, la narratrice F to M s’identifiant à Virgo Fortis cherche ensuite à les imiter vestimentairement et comportementalement, donc à devenir physiquement ses « violeurs ». D’ailleurs, elle s’imagine en pleine guerre de Vendée, dans la peau d’un soldat royaliste. Dans le film « The Cakemaker » (2018) d’Ofir Raul Graizer, Tomas, le héros homo allemand, est attiré par un beau soldat israélien en treillis dans un parc de Jérusalem.

 

Emprisonné par ses pulsions amoureuses et ses fantasmes esthétiques, focalisé sur les intentions plus que sur l’Amour en actes, le héros homosexuel en arrive parfois à acquitter le méchant de sa méchanceté, à l’innocenter en se disant que le « bien par le mal » ferait plus de bien que le Bien même, que la sincérité ou la beauté excusent tout ! « Je n’ai jamais laissé personne d’autre que toi me dévaster. » (Peyton, l’héroïne lesbienne, à sa compagne Elena, dans le film « Elena » (2011) de Nicole Conn) Il est touché par la blessure d’amour secrète et la maladresse destructrice de l’homme blessé, du dictateur, de la rose pleine d’épines du Petit Prince : « Je veux me délivrer de mon arrogance. » (Marie-Christine, la méchante reine, dans la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet) ; « Que ferait-on sans les Aubépine qui parsèment le plat pays de nos existences ? » (le narrateur homosexuel parlant d’Aubépine, la princesse méchante, dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, p. 439) ; etc. Par exemple, dans le téléfilm « Marie Besnard, l’Empoisonneuse » (2006) de Christian Faure, on retrouve un portrait – ambigu et presque ami – de Marie Besnard, la fameuse tueuse en série (1896-1980), présentée comme une valeureuse victime de la rumeur, et une digne servante de sa folie. Dans le film « New Wave » (2008) de Gaël Morel, Éric défend un cambrioleur. Dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco, Georges, de gauche, est en couple avec Édouard, homme politique de droite de plus en plus médiatisé, et qui va refouler son homosexualité pour rentrer dans le rang. Dans le film « The Talented Mister Ripley » (« Le Talentueux M. Ripley », 1999) d’Anthony Minghella, Dick est responsable du suicide d’une femme, Silvana, qu’il a mis enceinte et qui s’est suicidée par noyade. Tom, le héros homosexuel amoureux de Dick, se dévoue pour servir d’écran : « Je suis prêt à dire que je suis le coupable. »

 

L’anti-conformisme de principe que le héros homosexuel adopte pour cacher son manque de désir, de liberté, et de personnalité, le fait parfois chérir la contradiction du dictateur, opter pour la trahison à ses propres idéaux de pureté (par purisme ! voilà le paradoxe) et pour la collaboration : « À tous les méchants. » (Lucie, la maîtresse de cérémonie macabre, rendant hommage en chanson, dans la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « J’ai des fidèles ennemis. Parce que les gens ne me connaissent pas. » (Érik Satie dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou) ; « Les lettres que vous lisez sont la preuve de son innocence. » (le rat Gouri prenant la défense du criminel Emilio Draconi, dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 70) ; « Elle les aime autoritaires. » (Liam par rapport à Karma qu’il croit lesbienne mais qu’il drague quand même, dans la série Faking It (2014) de Dana Min Goodman et Julia Wolov, épisode 1 « Couple d’amies » de la saison 1) ; « La peinture qu’elle avait achetée se trouvait encore devant sa porte, mais Jane avait rechigné à se mettre au travail. Les mots seraient encore là même si elle appliquait une nouvelle couche de laque ; elle voulait que leur laideur reste gravée au fer rouge dans les souvenirs des Mann comme ils l’étaient dans les siens. La colère qu’elle avait pu ressentir vis-à-vis de la fille en rapport avec le graffiti avait disparu. Si c’était Anna qui avait dégradé sa porte, elle l’avait fait par désespoir et par peur de ce que les soupçons de Jane pourraient entrainer pour son père. Si c’était Mann, alors lui aussi était désespéré et effrayé. Cette idée la travaillait. » (Jane, l’héroïne lesbienne qui ne se décide pas à effacer le graffiti homophobe « Lesben Raus ! » qui figure à la peinture rouge sur le mur d’entrée de l’appartement qu’elle partage avec sa compagne Petra, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 155) ; etc. Par exemple, dans le film « L’Arbre et la Forêt » (2010) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Frédérick, le héros homosexuel, finit par aimer la musique de Wagner qui lui a été imposée dans les camps de concentration nazis : « Ils jouaient beaucoup Wagner aux camps. […] Quand j’écoute Wagner, je prends ma revanche sur les Nazis. » Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, Jean-Marc se force à aller voir un navet cinématographique, non par plaisir, puisqu’il exècre « la misogynie, la veulerie, la vulgarité » de l’acteur Eddie Murphy, mais par anti-conformisme de principe : « Encore une fois pour changer le mal de place. » (p. 45) Dans le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford, George, le héros homosexuel exerçant le métier de prof à la fac, défend l’antisémitisme des Nazis devant ses étudiants.

 
 

b) L’attirance pour les Grands Hommes et les monarques :

Très souvent, le héros homosexuel choisit pour modèle d’identification les grands personnages de l’Histoire, ayant un destin grandiose, wagnérien, mais aussi tragique : cf. la sculpture Napoléone d’Ange et Damnation, le roman Venus Bonaparte (1994) de Terenci Moix, le film « Uncut » (1997) de John Greyson (avec l’étudiant obsédé par l’ancien Premier ministre canadien Pierre Trudeau), le film « Les Rebelles du Dieu Néon » (1992) de Tsai Ming-liang (avec l’amour pour le chef de bande), le film « Adieu Bonaparte » (1984) de Youssef Chahine, le one-man-show Alex Lutz (2008) d’Alex Lutz (avec l’identification à Louis XIII), les romans Alexis ou le Traité du vain combat (1929) et Mémoires d’Adrien (1951) de Marguerite Yourcenar, la pièce Jules César (1599) de William Shakespeare, le roman Le Crépuscule des Bourbons (2012) de Philippe Gimet (avec les ébats du Duc de Richelieu et du jeune et beau Louis-Marie de Montédour-Trémainville), etc. « Tu as l’étoffe d’un homme politique. » (Jean-Marc parlant à son amant Jean-Jacques, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis) ; « J’aimerais savoir ce qui te rend aussi fort. […] J’ai besoin d’être un leader. » (Jean-Jacques à Jean-Marc, idem) ; « À un moment donné, elle [Stephen, l’héroïne lesbienne] avait beaucoup aimé qu’on lui fit la lecture ; elle aimait surtout les livres qui parlaient des héros ; mais à présent, de telles histoires stimulaient tellement son ambition qu’elle désirait intensément les vivre. Elle, Stephen, désirait maintenant être Guillaume Tell, ou Nelson, ou la charge de Balaklava tout entière. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 28) ; « La nuit, je restais éveillée dans mon lit, oubliant un moment la dure réalité de mes seize ans et de ma condition de faible femme dénuée de fortune, pour imaginer que j’étais l’homme des films. Je voulais la richesse, le pouvoir, la célébrité […]. » (Anamika, l’héroïne lesbienne du roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 24) ; « Après le repas, Ethan reste seul à la table du Samothrace. Il laisse son regard se perdre dans les fresques. Tout doucement, il s’imagine à la grande époque grecque, lorsque le sanctuaire des Grands Dieux était en activité sur l’île de Samothrace. Il se demande quelle place il aurait occupé dans cette société. Comme beaucoup de gens, il ne s’imagine pas en simple paysan travaillant la terre. Il aurait plutôt été de ceux qui gravitaient dans les hautes sphères du pouvoir. Sans doute aurait-il tenu le rôle de grand prêtre. […] Il s’imagine habillé comme dans les péplums, d’un minimum de tissu, tous muscles dehors et il serait entouré par des femmes aussi belles que les représentations d’Athéna. » (Jean-Philippe Vest, Le Musée des amours lointaines (2008), p. 64) ; etc. Par exemple, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, Khalid est attiré par la figure fantasmée d’Hassan II : « Je suis devant lui. Je rêve. […] Il a du charme. Détermination. Cruauté. Tendresse. Tout est là. Je le reconnais. […] Il m’attire, il me domine. Je suis à lui. Il est le Roi. Le roi Hassan II. Il est beau. Je l’aime. Sans douter, je l’aime. On m’a appris à l’aimer. À dire son nom. À le crier. Il est beau. Il est important. Tellement beau, tellement important. » (p. 9) Dans le roman Deux Garçons (2014) de Philippe Mezescaze, Philippe, le héros homo, s’identifie à Caligula, et joue le rôle au théâtre. Dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau, Jeanjean joue beaucoup avec ses excréments : il en fait des petits personnages, parmi lesquels un Louis XIV qu’il a façonné de ses mains. Dans le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, Guillaume, le héros bisexuel, se croit à la Cour de Sisi Impératrice et prend son père pour l’Empereur d’Autriche. Dans le film postiche « Servir et protéger » intégré dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, Billy Stevens, le héros homosexuel, s’adresse à la statue du président Lincoln comme si elle était vivante. Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Bram, le héros homo noir, se « déguise » en Barack O’Bama. Dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, au Musée Beaubourg, Arthur, le héros homo, scotche devant un tableau représentant un Napoléon stylisé. Dans le téléfilm « Un Noël d’Enfer » – « The Christmas Setup » – (2020) de Pat Mills, Hugo, le héros gay adulte, retrouve Patrick un ancien camarade de lycée (de 2 ans son aîné) dont il tombe amoureux : « Il est toujours aussi mignon. Voire encore plus qu’avant. Tout le monde adorait Patrick. En plus d’être super intelligent, il était ultra populaire et sûr de lui. Les profs disaient qu’ils seraient président. » (Hugo)

 

Le soutien aveugle du héros homosexuel au tyran résulte souvent d’un désir déçu d’héroïsme, d’un don de sa personne au mauvais maître. Il soutient un dieu bassement et uniquement mondain, télévisuel, historiquement médiatique, alors qu’il rêverait inconsciemment de suivre Jésus, le dieu divin et humain… mais son orgueil personnel l’empêche d’assumer sa soif de vraie grandeur.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud… :

DÉFENSE DU TYRAN Romero avec Trierveiler 3 sept 2014
 

Même si c’est désagréable de le reconnaître, bien souvent, on observe dans les rangs homosexuels une défense anti-conformiste (inconsciente ?) de celui que tous attaquent/attaqueraient : le tyran, le violeur, le dictateur. « Les femmes préfèrent les salauds, nous aussi parfois. » (Pascal Sevran, Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006), p. 75) ; « J’ai vu ses beaux yeux bleus, en effet, et j’ai fait comme tout le monde : j’ai oublié la démocratie. » (Philippe, le compagnon de Pascal Sevran, se mettant à défendre le beau dictateur de Syrie, op. cit., p. 90) ; « Philippe me tue. […] Ouf ! Sur ce ton-là nous nous retrouvons, Philippe et moi. Les dictateurs ont cela de bien qu’ils nous laissent des monuments grandioses et qu’ils sont très conservateurs. Oui, que Castro protège la ‘splendeur coloniale’ de La Havane et nous lui pardonnerons beaucoup. Philippe me tue. » (Pascal Sevran, op. cit., p. 199) ; « Je ne dormais pas. J’attendais. Couché sur le ventre, j’essayais de retrouver dans ma tête des images du chef barbu de la bande qui, je devais me rendre à l’évidence, m’avait séquestré. » (Abdellah Taïa racontant la scène de viol que lui a fait subir son cousin Chouaïb alors qu’il n’était qu’un adolescent, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 18) ; « Tout en lui rendant ses coups, tout en étant aussi malin et cruel que lui, je sentais bien dans mon cœur le faible que j’avais pour lui et je savais que je pouvais plus tard tomber sérieusement amoureux de lui. Le demander en mariage. Et être à lui. » (idem, p. 24) ; « J’aimais Chouaïb. À présent, je l’admirais. » (idem, p. 26) ; « Je dois toutefois avouer que, même en plein enfer, une partie de moi était heureuse, aimait ça, ce machisme, cette dictature… Je me disais alors : ‘C’est ça l’amour, c’est ça l’amour… j’ai de la chance… Il faut tenir le coup… C’est ça l’amour…’ » (Abdellah Taïa s’adressant à son ex-amant Slimane, avec qui il a vécu une longue liaison à l’âge adulte, op. cit., p. 117) ; « Dans cette fascination du chef et de la force, il y avait beaucoup de féminité latente, une certaine forme d’homosexualité. Au fond, chez la plupart de ces intellectuels fascistes, je pense à Brasillach, à Abel Bonnard, à Laubreaux, à Bucard, il y avait le désir inconscient de se faire enculer par les S.S. » (Emmanuel Berl s’adressant à Patrick Modiano, cité dans la biographie Ramon (2008) de Dominique Fernandez, p. 140) ; « Toute la vie de cet homme double a dû se jouer là, à Tiffauges. La grandeur guerrière et les déchirements entre les élans sexuels et mystiques. Qui lui jetterait la première pierre ? » (Julien Green à propos de Barbe Bleue, Gilles de Rais, dans son autobiographie L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, p. 33) ; etc.

 

Certaines personnes homosexuelles soutiennent à la surprise générale le tyran qu’elles prétendent haïr, et font même parfois partie de l’entourage de ce dernier. « Des questions qui n’ont peut-être pas de réponse. Comment expliquer que Proust, dont la mère est juive, ne semble pas gêner par l’antisémitisme de Léon Daudet ? Voilà quelque chose que j’ai du mal à comprendre. […] Comment comprendre l’indulgence de Proust pour Léon Daudet ? » (Pierre Dumayet cité dans l’article « Pierre Dumayet : Énigmes proustiennes » de Pierre-Marc de Biasi, sur la revue Magazine littéraire, n°350, janvier 1997, p. 37) ; « On s’étonne aujourd’hui de l’amitié de Barney pour D’Annunzio ou de son mépris pour la démocratie. » (cf. l’article « Natalie Barney » de Catherine Gonnard, sur le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 59) ; « Comme l’Italie était belle sous le fascisme. » (Pasolini, antifasciste pourtant, dans la première ligne d’un de ses Essais, cité dans le documentaire « L’Affaire Pasolini » (2014) d’Andreas Pichler) ; « Même l’écrivain français Brazillach, en dépit de ses penchants homosexuels, et de sa sensibilité à l’homo-érotisme nazi, admirera Hitler pour les sacrifices de ses plus chers camarades sur l’autel de la raison d’État. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 217) ; etc. Par exemple, on ne comprend pas pourquoi Elton John chante « Stan » en duo avec le rappeur « homophobe » Eminem au Grammy Awards en 2001. Charles Trénet imite le Maréchal Pétain. Magnus Hirschfeld milite contre la guerre avant 1914 mais une fois celle-ci déclenchée, il vient aider des milliers d’homosexuels à être des « soldats normaux ». Muriel Robin, l’humoriste lesbienne, se met, au nom de la légitime défense, de la victimisation et d’un féminisme d’arrière-garde, à prendre le parti de Jacqueline Sauvage, la femme battue qui avait tué son mari violent en 2012 et à qui François Hollande avait accordé éhonteusement la grâce présidentielle totale : Robin a d’ailleurs repris le rôle dans le téléfilm « Jacqueline Sauvage : c’était lui ou moi » d’Yves Resnier diffusé en 2018 sur TF1.
 

Dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, on nous raconte la rencontre entre Nicolaus Sombart et son amant beaucoup plus âgé que lui Carl Schmitt, un bourreau nazi. En 1984, Nicolaus Sombart sait bien qu’on va lui reprocher de glorifier un complice des crimes nazis. Il se défend : « » (p. 273)

 

C’est surtout la beauté physique, la recherche d’une force masculine orgasmique, ou l’esthétisme de la contradiction, qui consolident le soutien ambigu des personnes homosexuelles à un despote. « Je regarde les hommes mais je n’ai pas l’impression que c’est leur corps qui m’attirent mais leur énergie. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) Nous semblons partir à la conquête d’une force caricaturale parce que nous avons douté ou méprisé notre force naturelle. Étonnant. Les écrits et fantasmes d’Eddy Bellegueule – l’écrivain gauchiste au look « facho de droite », passant dans les bras d’un tyran à l’autre – en sont une belle illustration. Je vous renvoie à cet article sur l’État islamique parodié pour des soirées gays.

 

Il n’est pas rare que les tyrans et leurs « victimes » homosexuelles louvoient ensemble : « Ils se promènent, à la recherche d’aventures, sur les quais de la Seine, tout en ayant leurs grandes et petites entrées chez les puissants de ce monde. » (Jean-Louis Chardans évoquant les individus homosexuels, dans son essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 20) ; « J’étais un efféminé qui méritait les coups. Je ne voulais pas que la surveillante me retrouve dans le même couloir, recroquevillé, le regard implorant – même si, je l’ai dit, la plupart du temps j’essayais, sans toujours y parvenir, de garder le sourire quand ils me frappaient. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 88) ; « C’était une victime qui s’offrait à ses bourreaux. Comme s’il avait quelque chose à expier. » (cf. la voix-off parlant des œuvres provocatrices de Pier Paolo Pasolini, qui toute sa vie a cherché à se faire des ennemis partout, dans le documentaire « L’Affaire Pasolini » (2014) d’Andreas Pichler) ; « Après dîner, nous faisons un enregistrement de L’École des femmes avec Jouvet. Cette pièce souvent si comique est proprement déchirante. Le vrai sujet est l’incompréhension humaine, Agnès victime et bourreau, ou précisément bourrelle de son bourreau. » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, mars 1981, p. 19) ; « L’homosexuel fera tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer la puissance du chef de horde dont il tentera de prolonger le plus longtemps possible la durée du gouvernement qui seule lui assure la survie. » (Michaël Kühnen, 2004, p. 6) ; etc. Par exemple, Élisabeth Schwarzkopf, réputée homophobe, est paradoxalement une icône gay. Pascal Sevran défend Brigitte Bardot dans l’émission 93, Faubourg Saint-Honoré (2004) de Thierry Ardisson. Alberto Cardín est l’auteur de l’article (au titre provocateur) « Apología De Anita Bryant » dans la revue Diwan (n°8, 1978) : rappelons qu’Anita Bryant est connue médiatiquement pour avoir tenu des propos ouvertement homophobes. Truman Capote tomba amoureux de Perry, un dangereux criminel dont il s’est amouraché après avoir lu un article de journal sur lui (cf. le film « Scandaleusement célèbre » (2007) de Douglas McGrath retrace leur curieuse relation). Jean-Luc Lagarce, dans son Journal (2008), prend la défense d’un terroriste incendiaire. Dans son autobiographie Parloir (2002), Christian Giudicelli prend le criminel Kamel sous son aile, et ne comprend pas sa propre attitude inconsciente de soumission : « Je me maudis d’avoir minimisé la faute de Kamel. Comment ai-je pu supposer qu’on allait l’oublier, qu’il n’aurait pas à payer ? […] J’ai agi en irresponsable. » (p. 47)

 

DÉFENSE army

Film « The Raspberry Reich » de Bruce LaBruce


 

On nous parle du fantasme esthétique homosexuel pour les fascismes de Mussolini ou de Franco dans l’essai The Image Of Man (1996) de Gregory L. Mosse. Il est observable dans des œuvres telles que les poèmes de Stefan George, le film « ¡ Harka ! » (1941) de Carlos Arévalo, le film « A Mí La Legión » (1942) de Juan de Orduña, le film « Raza » (1942) de J. L. Saenz de Heredia, etc. Terenci Moix, Rafael de León, et bien d’autres, aiment beaucoup de divas du franquisme (Lola Flores, Juanita Reina, Concha Piquer, etc.). La B.D. La Verdadera Historia del Superguerrero del Antifaz, La Superpura Condesita Y El Super Ali Kan (1971) de Nazario reprend le mythe d’un super-héros qui symbolisait la Phalange pendant le franquisme. Concernant les autres collaborations esthétiques entre les personnes homosexuelles et les régimes totalitaires, je vous renvoie par exemple à la sérigraphie Mao (1973) d’Andy Warhol. Marguerite Radclyffe Hall, une des femmes lesbiennes les plus connues au monde, se rapproche clairement du fascisme.

 

Le fantasme de l’uniforme militaire, voire carrément des soldats non-agréés (les militaires parallèles, les bad boys, les skins et ladite « racaille »), est très marqué chez les personnes homosexuelles (cf. les représentations de la force virile exacerbée, dans les dessins de Tom of Finland, de Roger Payne, les films de Bruce LaBruce, de Jacques Scandelari, etc.) : « Cette virilité fasciste ou communiste est un fantasme d’homosexuels, Gide à Moscou, Brasillach à Berlin. Ce dernier ne s’est jamais inquiété des déportations d’homosexuels allemands par les nazis. » (Éric Zemmour, Le Premier Sexe (2006), p. 78) Elles s’abaissent devant l’ennemi comme devant l’idole de la violence conquérante : « Ces hooligans des beaux quartiers avaient une force, une originalité et une curiosité peu communes. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), p. 194) ; « Sa prédilection le porte vers l’uniforme et les mauvais garçons, loufiats ou cambrioleurs. » (Roger Stéphane, Parce que c’était lui (2005), p. 33) ; « Il est mignon Kamel, il correspond au look qui m’attire : le look racaille. Les garçons de mon milieu m’ennuient. » (Christian Giudicelli, Parloir (2002), pp. 95-96) ; « Ah ! Les culs virils, ce fut ma perte ! Que de fantasmes faits chair : tous ces ‘képis blancs’ moulés dans leurs pantalons au pli impeccable, ces martiaux ‘paras’ sculptés par leurs treillis de combat… » (Denis Daniel, Mon théâtre à corps perdu (2006), p. 79) ; « Je l’aimais, pour sa moustache, son blouson en cuir et pour ce vélomoteur, Peugeot 103, sur lequel il m’invitait chaque fois à monter. » (Abdellah Taïa à propos de son cousin Chouaïb dont il est amoureux, dans son autobiographique Une Mélancolie arabe (2008), p. 18) ; « Cette année, les cadets de cinquième année étaient d’une particulière beauté. Au moment d’aller à la douche, quand nous étions tous forcés de nous déshabiller, la beauté de leur corps athlétique imposait un silence presque religieux. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 194) ; « Lors du procès de Kuno von Moltke en 1907, un soldat nommé Bollhardt déclare à la barre que dans les régiments de Postdam, les relations sexuelles entre officiers et hommes du rang sont monnaie courante. Le tribunal est fasciné par le puissant sex-appeal que semble exercer l’uniforme des cuirassiers. Harden, quant à lui, déclare que ‘des régiments entiers de cavalerie étaient infestés d’homosexualité’. Des soldats allaient jusqu’à se prostituer eux-mêmes dans certains quartiers de Berlin, et même sur l’Avenue de la Victoire. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), pp. 52-53) ; « À l’âge de 15 ans, se souvient Karl Heinrich Ulrichs (1825-1895), il eut sa première éjaculation nocturne. À cet âge, il aurait été séduit par un homme de trente ans. Il était très attiré par des soldats de 20 à 22 ans, dont il faisait le portrait en secret, ce qui suffisait à l’enflammer. Selon lui, l’homosexualité était prédominante dans l’armée allemande. » (idem, p. 79) ; « Nul doute que Ramon Fernandez n’ait fréquenté les bars britanniques explorés par les personnages de son livre Philippe Sauveur et croisé, au moins dans la brume, les figures sculpturales de soldats et de marins évoqués avec tant de complaisance. » (Dominique Fernandez à propos de son père homosexuel Ramon, dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, p. 54) ; etc. J. R. Ackerley est attiré par les hommes des classes sociales défavorisées, et en particulier ceux revêtant l’uniforme (cf. le roman The Prisoners Of War, 1923). L’écrivain allemande Christa Winsloe, profondément anti-militariste et anti-prussienne, écrit pourtant la pièce de théâtre Jeunes filles en uniforme (1931). Dans le film « Chantons sous l’Occupation » (1976), Jean-Louis Bory condamne chez les hommes homosexuels « le goût de la botte, du cuir, du métal, et les fameuses messes de Nuremberg ».

 

Il y a dans ce fantasme de militarisme une résurgence du viol ou d’un inceste inconscient, comme le montrent les propos des tantes d’Alfredo Arias concernant leur neveu homosexuel, dans l’autobiographie de ce dernier, Folies-Fantômes (1997) : « Quand notre neveu [Alfredo] a fait le lycée militaire, il croyait voir parfois, entre ces hommes en uniforme, les fantômes d’une femme qui apparaissait et disparaissait. Laquelle d’entre nous était-ce ? Qui de nous trois pouvait-ce être ? » (p. 148)

 

Dans la biographie Ramon (2008), Dominique Fernandez fait la prouesse de retracer la vie de son père qui « a été un collabo, des plus notoires ». Mais bizarrement, au jour des funérailles, il finit par soutenir ce dernier et par dire qu’il en est amoureux : « Une sorte de miracle transforme les funérailles du traître en acte de rédemption. » (p. 18) ; « Amoureux de mon père, je l’ai toujours été, je le reste. Ma mère, je l’ai admirée, je l’ai crainte, je ne l’ai pas aimée. Lui, c’était l’absent et c’était le failli, l’homme perdu, sans honneur. C’était le paria. » (idem, p. 45)
 

Emprisonnées par leurs pulsions amoureuses et leurs fantasmes esthétiques, focalisées sur les intentions plus que sur l’Amour en actes, un certain nombre de personnes homosexuelles en arrivent à acquitter le méchant de sa méchanceté, à l’innocenter en se disant que le « bien par le mal » ferait plus de bien que le Bien même, que la sincérité ou la beauté excusent tout ! « Manuel Puig écrit sur la trahison du cinéma qui, en nous faisant rêver de l’impossible, nous empêche parfois de vivre nos possibles. Il brosse le portrait réaliste et impitoyable d’une société qui pratique toutes les hypocrisies, y compris sexuelle, et dont le cinéma des années 1930 et 40 est l’un des principaux modèles de conduite. Il entretient un rapport douloureux avec le cinéma qu’il aime. Expression parfaite de son idéal esthétique fait de kitsch et de glamour, le cinéma américain tout comme son contemporain allemand est, avant tout, cinéma de propagande. » (Lionel Souquet, Le Kitsch de Manuel Puig (1996), p. 174)

 

Film "Lili Marlen" de Rainer Werner Fassbinder

Film « Lili Marlen » de Rainer Werner Fassbinder


 

Certaines personnes homosexuelles disent être touchées par la blessure d’amour secrète et la maladresse destructrice de l’homme blessé, du dictateur, de la rose pleine d’épines du Petit Prince. C’est exactement le cas de Charles Trénet, qui a défendu Marie Besnard, l’empoisonneuse, au moment de son procès retentissant. Autre exemple, dans le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant » (« Les Larmes amères de Petra von Kant », 1972) de Rainer Werner Fassbinder, le réalisateur semble justifier le crime passionnel : Petra, dans sa folie d’amour possessif et destructeur, est prise en pitié. Dans le roman L’Autre (1971), Julien Green prend la défense de Karin, celle que tout le monde rejette parce qu’elle a pactisé avec l’ennemi allemand. Dans son film « Huit Femmes » (2002), le réalisateur François Ozon magnifie littéralement son personnage d’Augustine (Isabelle Huppert) qu’il rend touchante à force de la dépeindre détestable et capricieuse : « Vous pensez toutes que je vous déteste. C’est pas vrai. J’aime tout le monde. Mais personne ne comprend ma façon d’aimer. On croit que c’est de la haine ! »

 

Film "Huit femmes" de François Ozon

Film « Huit femmes » de François Ozon


 

L’anti-conformisme de principe que certaines personnes homosexuelles adoptent pour cacher leur manque de désir, de liberté, et de personnalité, les fait parfois chérir la contradiction du dictateur, opter pour la trahison à leurs propres idéaux de pureté (par purisme ! voilà le paradoxe) et pour la collaboration : Bola de Nieves n’a pas caché sa sympathie pour Mao Zedong et Fidel Castro ; en 1948, après son voyage aux États-Unis, Salvador Dalí revient en Espagne et se déclare en faveur de la politique de Franco ; Rafael de León se met également du côté de « Generalísimo ». Alfredo Nosteirín était à la fois homo et phalangiste ; Natalie Barney exprime une admiration sans bornes pour le « grand » Mussolini. « De temps en temps, par gentillesse, par ce côté qui est un peu lâche en moi parce que j’aime pas faire de la peine, il m’arrive d’être lâche. Et cette lâcheté peut m’amener à me conduire comme un petit salaud. C’est là que la question de ma dignité personnelle intervient. Mais c’est une affaire personnelle entre moi et moi. » (Jean-Louis Bory au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976)

 

La défense des tyrans par la communauté homosexuelle s’explique par la fragilité qu’est le désir homosexuel, et encore plus par la violence que constitue la pratique homosexuelle. Il est en effet facile de manipuler des gens fragiles. Ils sont plus influençables, plus agressifs, plus impressionnants. Il n’y a qu’à voir comment, en 2012-2013, les personnes homosexuelles pratiquantes ont massivement soutenu François Hollande (le tyran mou) et le « mariage pour tous » (loi qui, concrètement, va à l’encontre de leur réalité, de leur spécificité, et du respect de leur personne, loi qui les instrumentalise et les conduit à poser des actes graves et irréversibles : PMA, GPA, adoption, réduction de sa personne à ses pulsions sexuelles, encouragement à la pratique homo et enfermement dans celle-ci, etc.). Elles se laissent instrumentaliser et soutiennent un système libéral socialiste qui les broient, sans chercher à se révolter.

 
 

b) L’attirance pour les Grands Hommes et les monarques :

Charles de Gaulle (statue près des Champs-Élysée, à Paris)

Charles de Gaulle (statue près du Grand Palais, à Paris)


 

Très souvent, les personnes homosexuelles choisissent pour modèle d’identification les grands personnages de l’Histoire humaine, ayant un destin grandiose, wagnérien, mais aussi tragique : « Depuis longtemps, j’avais en tête l’idée de réaliser un film sur la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes. […] J’étais fasciné par le destin des personnages. Par Marie-Antoinette, en premier lieu, choisie à 14 ans, sur catalogue, pour devenir la femme du roi de France. Puis par sa vie à Paris, son amour de l’art et de la culture, sa frivolité, ses aventures, le monde totalement irréel et déconnecté du peuple dans lequel elle vécut… Jusqu’à ce que la réalité la rattrape avec ce périple qui l’obligea, pour la première fois, à agir en femme responsable, à peine sortie du rêve et obligée d’affronter la réalité. On imagine ce que furent les deux jours que dura le voyage. » (Jean-Claude Brialy, Le Ruisseau des singes (2000), pp. 374-375) ; « Je n’ai d’yeux que pour le pharaon. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), p. 48) ; « Je trouvais le leader des étudiants d’une grande beauté. » (Jean Le Bitoux concernant mai 1968, dans son essai Citoyen de seconde zone (2003), p. 64) ; « Finalement, à travers toutes ces figures de mon passé, je vois le désir d’être avant tout une femme solide et indépendante, comme Elisabeth première, mais en moins vierge, ou Margaret Thatcher, mais en moins idiote, et en moins laide aussi j’espère. » (cf. l’article « De la virilité des lesbiennes » posté par « Septembre », une femme lesbienne, sur le site Yagg, le 16 janvier 2010) ; « J’aimais les histoires de chevalier, je m’imaginais Robin des Bois. […] J’ai souffert des autres pendant cette période. […] J’ai compris à quel point le monde est injuste. […] Au début du collège, avec mes cousins, nous avons fondé une armée dont j’étais bien sûr un des généraux (il n’y avait que des officiers ou presque dans notre armée). » (Bab El, dans son article « Tom Boy à l’affiche ») ; « Pour la fête des Rois chez le couturier Paul Poiret, en 1923, il fallait se costumer. Maurice Sachs, dans son livre ‘Au temps du Bœuf sur le toit’, sorte de journal des Années folles, a fait la liste des invités ! » (Dominique Fernandez dans la biographie Ramon (2008), pp. 88-89) ; etc.

 

Certains auteurs homosexuels aiment les Grands Hommes et la Jet Set : c’est le cas de Stephen Frears, Bola de Nieves, Truman Capote, Jean Cocteau, Andy Warhol, Alain Pacadis, Elton John, etc. Par exemple, le héros préféré d’Horatio Alger est Abraham Lincoln. Andy Warhol a fait une sérigraphie de Mao Zedong en 1973. Dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, Rosario Miranda raconte que lors du carnaval de son village natal, il se déguisa en pharaon, car il rêvait d’être un puissant monarque (p. 228). Dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), Berthrand Nguyen Matoko est fasciné autant que rebuté par l’aura de son père, « proche du curé de son école, proche du directeur du centre de Louhoua ». Parmi les personnes homosexuelles, on compte un certain nombre de « biographes des stars » (Frédéric Mitterrand, Stéphane Bern, Michel Larivière, Jean-Claude Pascal, Cecil Beaton, Andy Warhol, etc.).

 

Stéphane Bern

Stéphane Bern


 

Dans le premier numéro du premier journal homosexuel en Allemagne Der Eigene, Adolf Brandt dédie le journal aux « individus forts » qui organisent leur vie selon leurs propres codes et refusent de se conformer à la morale des masses. Pendant la conférence « Différences et Médisances » autour de la sortie de son roman L’Hystéricon (à la Mairie du IIIème arrondissement, le 18 novembre 2010), le romancier français Christophe Bigot avoue devant toute l’assistance son attraction pour les « grands personnages » historiques. Déjà, quand il se trouvait à l’école primaire, il endossait le rôle du juge impitoyable : « Je faisais le bourreau du Tribunal révolutionnaire sur la cour d’école. » Adolescent, il s’est identifié très tôt – avant de le dés-idéaliser à l’âge adulte – au procureur Camille Desmoulins, figure du romantisme avant l’heure pendant la Révolution Française : « Il est jeune, courageux, fougueux, c’est un amoureux. J’ai voué un culte à Camille Desmoulins pendant toute mon adolescence. […] C’est un homme violent qui désigne, à la vindicte populaire, les contre-révolutionnaires. » Desmoulins, c’est la figure du traître par excellence.

 

Ce choix de modèles d’identification « forts » est illustré par les témoignages d’hommes homosexuels récoltés par Xavier Thévenot dans l’essai Repères éthiques pour un monde nouveau (1982) : ces derniers disent apprécier entre autres le Général de Gaulle, Napoléon Bonaparte, Néron, etc. Dans mon entourage homosexuel, je connais un certain nombre d’amis, parfois historiens de formation, possédant dans leur bibliothèque une ribambelle de biographies d’hommes politiques charismatiques, ou bien votant pour l’extrême gauche/l’extrême droite (étant même, pour certains, favorables à la restauration de la monarchie ! Je parle par exemple des cathos tradis royalistes, soit légitimistes, soit orléannistes), et qui se sont parfois déguisés en Néron ou en Jules César quand ils étaient enfants. Dans le cas des individus homosexuels moins sophistiqués et moins dandys, le goût des Grands Hommes se reportera sur les stars de cinéma, les chanteurs, et les héros de dessins-animés… mais c’est la même idolâtrie pour l’héroïsme narcissique ! et la même preuve de la carence du référent paternel, du transfert de sa propre force virile.

 

Lors d’une visite guidée du cimetière du Père-Lachaise de Paris, que j’ai faite début février 2012, j’ai appris directement par le guide (lui-même homosexuel, et qui m’a avoué qu’il vit depuis 20 ans avec un homme qu’il a justement rencontré il y a 20 ans dans ces mêmes lieux !) que ce cimetière était un véritable lieu de drague homosexuelle, et que le « coin » le plus fréquenté des visiteurs homosexuels était (comme par hasard !) celui des Maréchaux d’Empire (les Généraux Masséna, Lefebvre, Foy, Caron de Beaumarchais, etc.) ! Cherchez la coïncidence…

 

Le soutien aveugle de l’individu homosexuel au tyran résulte souvent d’un désir déçu d’héroïsme, d’un don de sa personne au mauvais maître. Il soutient un dieu bassement et uniquement mondain, télévisuel, historiquement médiatique, alors qu’il rêverait inconsciemment de suivre Jésus, le dieu divin et humain… mais son orgueil personnel l’empêche d’assumer sa soif de vraie grandeur.

 
 

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Code n°86 – Hitler gay (sous-code : Nazis homosexuels)

Hitler

Hitler gay

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 
 

Le Point Gaydwin :

Stratégie de ridiculisation méprisante et dévirilisante de l’ennemi

ou fond de réalité?

 

Ne fuyez pas en courant comme ça ! Ne criez pas avant d’avoir mal. Ce code n’a rien d’homophobe, de diabolique, de malsain. Pas la peine de coucher les enfants, de rentrer dans votre abris anti-nucléaire, d’appeler la police anti-extrémistes, ni de sortir vos crucifix. Cet article ne fait qu’œuvre de mémoire, et libère de certaines peurs, en plus. Une fois que vous l’aurez lu, je parie que vous baisserez la garde de votre scepticisme anti-homophobie (si jamais vous avez la chance de ne pas faire partie de cette énorme frange de la population française que sont les paranoïaques anti-fascistes), et vous me direz : « Et bien oui, en effet, il existe vraiment un lien entre Hitler et le désir homosexuel. On a tant à apprendre sur l’homosexualité ! On n’y connaît rien… ».

 

HITLER 2 Casquette rose
 

Car oui, ces liens de coïncidence sont criants, même s’ils sont peu connus. Pensez par exemple que dans les années 1930, les sections de S.A. en Allemagne ont été reconnues comme un foyer d’homosexualité ; la ville de Berlin était la capitale européenne la plus rainbow qui ait existé ; beaucoup de témoignages relatant des pratiques homosexuelles nous reviennent des prisonniers des camps de concentration ; toute la fantasmagorie nazie était centrée esthétiquement sur l’homosexualité ; on dit même qu’Hitler était homosexuel ; et encore aujourd’hui, le mouvement punk ou néo-nazi est affilié à la communauté homosexuelle ; la figure du soldat nazi reste une icône gay et lesbienne incontournable. Je vais aborder chacun de ces points plus en détail dans mon article. Mais vous voyez déjà qu’à eux seuls, ils appellent à beaucoup d’explications et d’étayage !

 

Je me souviens du jour (c’était le 14 octobre 2010) où j’ai parlé de ce code à l’émission Homo Micro, dans les studios parisiens de RFPP. Même si je m’y attendais un peu, j’avais été quand même frappé de l’ignorance, de la bêtise, et du déni des quelques chroniqueurs qui m’entouraient, et qui, quoi que je dise, n’avaient pas envie de se laisser surprendre… Notamment, il y a eu la réaction épidermique et gentiment suspicieuse de Séverine, la chroniqueuse juive. Je prononçais le mot « Hitler », et c’était comme si, à leurs yeux, je ressuscitais magiquement le personnage, je le défendais, pour un peu je l’incarnais ! Pour eux, il ne fallait pas que mon topo dure trop longtemps. J’en avais déjà trop dit. J’avais osé prononcer le mot diabolique : « Hitler ». Et c’était impardonnable. Ce rapport superstitieux au nazisme (je dis superstitieux car malheureusement, il n’est pas que naïf ; il dit l’obscurantisme anti-fascisant dans lequel notre époque s’engouffre petit à petit sans s’en rendre compte, en faisant lentement le lit des extrêmes), ce rapport blessé, lâche, m’énerve autant qu’il m’inquiète, car si vraiment nous ne rentrions pas dans le jeu actuel des nouveaux nazismes, nous oserions justement regarder le nazisme historique en face, nous n’en aurions pas peur. Oui : on peut posséder Mein Kampf dans sa bibliothèque (ce qui n’est pas mon cas) sans pour autant penser comme Hitler et épouser ses idées. Si si, je vous assure. Tout comme il est possible de rencontrer des personnes qui imitent en actes et en pensées Hitler alors même qu’elles s’affichent orgueilleusement anti-Hitler (je connais beaucoup de néo-fascistes de ce genre : à commencer par Hitler lui-même, qui voulait lutter contre une République de Weimar qu’il diabolisait). Et je vous rappelle aussi qu’Hitler est bien un homme, comme vous et moi : ce n’est pas le diable en personne, un animal, un esprit invisible, un nuage de fumée, ni un extra-terrestre, mais bien un être humain (je préfère vérifier cela avec vous en préambule au cas où, parce qu’un jour que je faisais cours à une classe d’élèves de terminale, je me suis amusé à leur demander s’ils pensaient qu’Hitler avait existé : une poignée d’étudiants reconnaissait timidement son incarnation humaine, mais beaucoup me soutenaient mordicus que ce n’était pas un être humain puisqu’il avait agi comme un monstre). Nos intentions anti-fascisantes et nos rêves totalitaristes d’éradication absolue du mal raccourcissent parfois notre mémoire et notre bon sens à une vitesse effrayante. Anders Behring Breivik nous l’a bien montré…

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Adeptes des pratiques SM », « Parodies de mômes », « Défense du tyran », « Homosexuel homophobe », « Homosexuels psychorigides », « Patrons de l’audiovisuel », « Androgynie Bouffon/Tyran », « Entre-deux-guerres » et « Milieu homosexuel infernal », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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1 – PETIT « CONDENSÉ »

 

Il suffit de s’intéresser un peu à la production artistique homosexuelle de la seconde moitié du XXe siècle, et même d’écouter les personnes homosexuelles d’aujourd’hui, pour être frappé d’une chose : ils se réfèrent tous énormément à la figure de l’Hitler gay. Que ce soit sur le mode de la diabolisation ou de la dérision, peu importe : le ridicule épouvantail à moineaux existe, et cache de nombreux secrets.

 

Pièce "The Producers" de Mel Brooks

Pièce « The Producers » de Mel Brooks


 

Surtout de nos jours, on ne prend malheureusement pas le phénomène assez au sérieux – ou bien, ce qui revient au même, on le prend trop au sérieux pour véritablement l’aborder avec dépassion et objectivité. En général, l’homosexualisation d’Hitler ou l’attrait pour les Nazis est présentée sur le mode de la farce, de la grosse blague potache (SM), voir comme une compromission politique (cf. la récente passion pour les cérémonies de commémoration des triangles roses) : on rabaisse le dictateur pour mieux démystifier le personnage. Alors, on me rétorquera que la dévirilisation d’Hitler dans les fictions – comme on peut la voir dans l’exemplaire film de Charlie Chaplin, « Le Dictateur », en 1940 – n’est pas à voir comme une Vérité sur Adolf Hitler : elle est surtout une technique bien connue de dévalorisation ou de ridiculisation de l’Ennemi. Certes. Je suis d’accord à 75%. Mais l’argument du « second degré » a bon dos. Je ne crois pas totalement à la toute-puissance démystificatrice de l’humour corrosif et militant, car derrière la caricature, il y a bien souvent une adoration muette, qui ne s’avoue pas à elle-même, une imitation et une collaboration secrètes qui en surprendra plus d’un. Certains faits parlent pour nous.

 

Film "The Dictator" de Charlie Chaplin

Film « The Dictator » de Charlie Chaplin


 

HITLER 14 Chaplin 2

Dans la blague, il y a toujours un fond de vérité. Et historiquement, la collaboration sérieuse avec Hitler et les Nazis a réellement existé. Oui. Les tyrans qui ont le plus persécuté la communauté gay étaient particulièrement entourés de personnes homosexuelles. Comme le dit Patrice Chéreau, « Nous sommes un peu comme le Dom Juan de Molière : nous avons développé une morale progressiste, mais nous, nous sommes toujours du côté des maîtres. » Beaucoup de personnes homosexuelles connaissent mieux que quiconque les mécanismes des systèmes dictatoriaux. Le seul problème, c’est qu’au lieu de les dénoncer, elles les adorent. Certaines se sont concrètement agenouillées devant les beaux soldats allemands (Maurice Sachs, Marcel Jouhandeau, Abel Hermant, Pierre Drieu la Rochelle, Abel Bonnard, Suzy Solidor, etc.), et expriment parfois leur amour-répulsion pour le régime nazi, à la fois dans l’humour camp, mais aussi très sérieusement : « Je ne peux pas m’empêcher d’avoir pour Hitler une admiration pleine d’angoisse, de peur et de stupeur » déclarera André Gide (cf. Journal, le 20 août 1940). Par exemple, au générique de son film « Passion » (1964), Yasuzo Masumara écrit le mot passion à côté d’une énorme croix gammée rouge : difficile d’être plus clair…

 

Par rapport à ce lien entre Hitler et l’homosexualité, en général, la communauté homo réagit mal. Très mal. En temps normal, par réflexe de survie, elle fait l’autruche (cf. l’édito « Hitler et les Talibans » de Thomas Doustaly, dans la revue Têtu, n°60, novembre 2001). Et puis, de temps en temps, elle s’insurge et sort les crocs sans chercher à comprendre la violence de son déni. Dès que la corrélation entre homosexualité et totalitarisme est faite, cela provoque un tollé fascinant dans les rangs de l’intelligentsia homosexuelle. « Problème sociologique : pourquoi tant de pédérastes chez les collaborateurs ? » s’indigne Jean Guéhenno (cf. l’article « Écrivains et Collaboration » d’Emmanuel Pierrat, dans le Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 123). Certains intellectuels évacuent presque systématiquement le lien de coïncidence homosexualité-nazisme par le rejet pourtant justifié du lien de causalité. « Il est évident qu’il y avait des homosexuels parmi les nazis ou, inversement, des nazis parmi les homosexuels, mais cela ne signifie rien en soi. L’idée d’un lien intrinsèque entre adhésion au nazisme et orientation homosexuelle est si paradoxale… » (cf. l’article « Nazisme » de Michel Celse, idem, pp. 334-338.). Ils s’imaginent qu’ils fuient l’extrémisme d’où ils viennent, en choisissant celui qui lui est opposé. En réalité, ils passent souvent d’un fondamentalisme à un autre, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Nous ne serons pas étonnés de lire André Gide écrire dans Morceaux choisis (1921) que « les extrêmes le touchent ».

 

Il faut avouer qu’il y a en effet quelque chose d’incompréhensible dans le soutien homosexuel au totalitarisme, une attitude de défense/déni comparable à celle du personnage de Molina dans le roman de Manuel Puig El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) face au film nazi « Destin » (pp. 58-59), une curieuse fascination qui refuse de se rendre intelligible :

 

Molina« Si l’on me donnait à choisir un film, rien qu’un film à revoir, c’est celui-là que je choisirais.

Valentín – Mais pourquoi ? C’est une ordure nazie. Tu ne t’en rends pas compte ?

Molina – Écoute… il vaut mieux que je me taise. »

 

Vidéo-clip de la chanson "Dégénération" de Mylène Farmer

Vidéo-clip de la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer


 

Cette attraction homosexuelle vers la dictature suit majoritairement une logique esthétique et intentionnelle plus qu’une dialectique intentionnée et raisonnée d’Amour et de Réalité. Tout risible qu’il soit, le fantasme de l’uniforme et des attributs physiques de l’hyper-virilité nazie dans la communauté homosexuelle est assez marqué : pensez à Helmut Berger dans le film « Les Damnés » (1969) de Luchino Visconti, à la getapiste lesbienne dans le film « Rome ville ouverte » (1945) de Roberto Rossellini, au film « Les Dieux du stade » (1936) de Leni Riefenstahl, aux sculptures d’Arno Breker, à la coupe érotique des uniformes S.S. reprise par Calvin Klein ou Hugo Boss, aux dessins de Tom of Finland ou de Roger Payne, aux films pornos mettant en scène des néo-nazis, etc. (même le vidéo-clip de la chanson « Alejandro » de Lady Gaga, ou bien celui de la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer, utilisent un traitement esthétique homosexualo-nazi). Vous connaissez sûrement la fameuse citation de Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ». Quand les personnes homosexuelles ne prennent pas conscience de la nature totalitaire et idolâtre de leur désir homosexuel, parce qu’elles veulent rester d’innocentes victimes responsables de rien, il arrive qu’elles cherchent à imiter en actes l’image du tyran qu’en intentions elles prétendent sincèrement combattre.

 

En effet, toutes ces images de l’Hitler gay rejoignent une certaine réalité fantasmée. Souvent dans l’histoire humaine, le dictateur et la personne homosexuelle ont fusionné concrètement. Par exemple, dans les années 1930, le régime nazi est touché de plein fouet par la découverte d’un foyer important de personnes homosexuelles au sein des Sections d’Assaut (Hitler en fait exécuter 150 le 30 juin 1934 pendant la Nuit des Longs Couteaux) : leur représentant le plus connu est Ernst Röhm. En Allemagne, les idées d’extrême droite et l’idéal homosexuel se marièrent très bien : pensons à Adolf Brand (qui fonda la revue homosexuelle Der Eigene), à la Communauté des Spéciaux (Gemeinschaft der Eigene), à l’Association masculine allemande (Männerbund) marquée par une esthétique-idéologie homo-érotique, à Hans Blüher qui projette la création d’une société fondée sur un État viril. Même si de fameux dictateurs ont persécuté les personnes homosexuelles, ils étaient contre toute attente eux-mêmes homosexuels. Ceux qui ont vécu les camps de concentration sont formels : beaucoup de leurs tortionnaires nazis étaient homosexuels (je pense au témoignage d’Aimé Spitz notamment). Toute la mystique hitlérienne était fondée sur l’homosexualité. L’historien italien Eugenio Dollmann aborde l’homosexualité d’Hitler dans Roma Nazista. Par ailleurs, en 2001, Lothar Machtan a consacré un ouvrage entier à l’homosexualité d’Hitler dans sa biographie La Face cachée d’Adolf Hitler. Cette thèse déchaîne bien évidemment les foudres de la communauté homosexuelle actuelle. À quoi bon montrer qu’Hitler était homosexuel ?, s’indigne-t-elle. Cela ne rajoute rien à l’horreur du personnage, et de surcroît, ne fait que charger inutilement la barque des personnes homosexuelles et convaincre l’opinion publique que l’homosexualité produit des dictatures et des monstres. On peut difficilement soutenir une telle affirmation. À mon sens, il importe peu que l’hypothèse soulevée par le livre de Lothar Machtan soit avérée ou non, puisque, même s’il est fort probable qu’Hitler a été une personne homosexuelle refoulée (quand on lit en intégralité la longue biographie en 2 tomes rédigée par l’historien Ian Kershaw – un ouvrage complètement neutre sur la question de l’homosexualité du Führer –, il ne fait aucun doute en effet que la vie d’Hitler comporte de nombreuses coïncidences de l’homosexualité relevées dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels), il est impossible d’assurer qu’il était l’incarnation humaine de « l’homosexuel » ou de « la personne homosexuelle » étant donné que ces deux personnages sont au mieux des mythes, au pire des réalités fantasmées que personne n’arrivera jamais à devenir complètement. C’est précisément le refus de la probabilité qu’Hitler ait pu être homosexuel, non pas parce qu’il était entièrement homosexuel mais simplement du fait de son humanité, qui est inhumain et homophobe. Comme le souligne très finement Gerald Messadié, « ce menteur dissimulait non pas un vice, mais ce qu’il était contraint de tenir pour un vice : son homosexualité. D’où son inhumanité ». Messadié soutient l’idée selon laquelle le rapport idolâtre d’attraction-haine concernant le désir homosexuel, c’est cela qui est inhumain et monstrueux, et non l’homosexualité en elle-même. Reconnaître les tendances homosexuelles d’Hitler, c’est finalement rendre l’homosexualité beaucoup plus humaine et moins monstrueuse que de la nier dans l’angélisme et la diabolisation d’un être humain historiquement figé au rang de « non-personne ». L’anti-fascisme homosexuel est une autre forme de négation du désir homosexuel. Il conduit tout autant à la dérive totalitaire et homophobe que le despotisme montré en tant que tel dans les manuels d’Histoire. Regardez le « milieu homosexuel » actuel, et ses chiens de garde hargneux…

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

Film "Grégoire Moulin contre l’humanité" d’Artus de Penguern

Film « Grégoire Moulin contre l’humanité » d’Artus de Penguern


 

On retrouve un lien entre homosexualité et Hitler dans la chanson « Le Bâtard de Rhénanie » de Jann Halexander, la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel, le film « Radiostars » (2012) de Roman Lévy, le film « Novembermund » (« Lune de novembre », 1984) d’Alexandra von Grote, le film « Croix de fer » (1977) de Sam Peckinpah (avec Maximilian Schell, le capitaine nazi), le vidéo-clip de la chanson « Alejandro » de Lady Gaga, le concert d’Indochine Météor Tour à Bercy le 16 septembre 2010 (où il est énormément question d’Hitler), le roman Les Nouveaux nouveaux Mystères de Paris (2011) de Cécile Vargaftig (avec les camps de concentration), le film « Horror Vacui, Die Angst Vor Der Leere » (1984) de Rosa von Praunheim, le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman (avec le salut nazi d’une Hitler-mère), le film « Megavixens » (1976) de Russ Meyer (avec Adolf Schwartz, sosie de Hitler, dévoré par un piranha), le tableau L’Énigme d’Hitler (1937) de Salvador Dalí, les films « Ilsa, She-Wolf Of The SS » (1974) et « Ilsa, gardienne du harem » (1976) de Don Edmonds, le film « K29 – Lager Di Sterminio » (1974) de Bruno Mattei, le film « Crime de David Levinstein » (1968) d’André Charpak (avec les tortionnaires nazis), le film « Chaque mercredi » (1966) de Robert Ellis Miller, le film « Chute libre » (1993) de Joel Schumacher, le film « American History X » (1998) de Tony Kaye (avec le personnage du néo-nazi), le film « Prinz In Hölleland » (« Prince en enfer », 1992) de Michael Stock (sur le néonazisme), le film « Oi ! Warning ! » (1999) de Dominik et Benjamin Reding, le film « Tu marcheras sur l’eau » (2005) d’Eytan Fox (avec le grand-père collabo), la chanson « Ce soir on danse au Naziland » de Sadia dans le spectacle musical Starmania de Michel Berger, le roman L’Autre (1971) de Julien Green, le film « Les Nuits fauves » (1991) de Cyril Collard (avec le traitement du néonazisme), le film « Allemagne année zéro » (1948) de Roberto Rossellini, le film « La Cinquième Colonne » (1942) d’Alfred Hitchcock, le film « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman, le film « Le Conformiste » (1970) de Bernardo Bertolucci, le film « Exodus » (1960) d’Otto Preminger, le film « Qu’as-tu fait à la guerre, papa ? » (1966) de Blake Edwards, le film « Gripsholm » (2002) de Xavier Koller, « L’Alcova » (1985) de Joe D’Amato, le film « La Niña De Tus Ojos » (« La Fille de tes rêves », 1998) de Fernando Trueba, le film « Sekret » (2012) de Prezemyslaw Wodcieszek, le roman Les Bienveillantes (2006) de Jonathan Littell, le roman Goodbye To Berlin (1939) de Christopher Isherwood, le film « La Folle Histoire de Max et Léon » (2016) de Jonathan Barré (avec le cabaret nazi), la chanson « Chanson de l’armée allemande » de Maurel et Vilbert, la chanson « Espionne » de Catherine Lara, etc.

 

Vidéo-clip de la chanson "Alejandro" de Lady Gaga

Vidéo-clip de la chanson « Alejandro » de Lady Gaga


 

Parfois, le thème d’Hitler semble tomber comme un cheveu sur la soupe dans l’intrigue homosexuelle d’un film ou d’un roman. « Les Français connaissent mal l’Autriche… à part Freud, Sissi, Hitler, Mozart, Mozart… Arnold Schwarzenegger ! » (Nicolas, l’un des héros homos du film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha) ; « La police se ramollit. Pas de croix gammée au défilé. » (Mark, le chef LGBT regrettant ironiquement que la Gay Pride n’ait pas été attaquée par les forces de l’ordre britanniques, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « Le véritable amour à ceci de commun avec le crime contre l’Humanité qu’il est imprescriptible. » (Guillaume, le héros homosexuel, parlant de son amour pour Michael et du nazisme, dans la pièce Commentaire d’amour (2016) de Jean-Marie Besset) ; « C’est la guerre. Vous êtes des Nazis. » (Madame Albright, la prof de théâtre lesbienne du lycée, s’adressant à ses élèves et à Simon, le héros homo, pendant qu’il joue la comédie musical Cabaret, dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti) ; « Ça fait Hitler qui va draguer un mec. » (l’humoriste « hétéro » Arnaud Demanche se mettant dans la peau d’un internaute, dans son one-man-show Blanc et hétéro, 2019) ; « L’oncle Adolf s’était déjà flingué, son Eva l’avait accompagné, des fois qu’il aurait voulu draguer. Qui sait si, Là-Haut, il n’y a pas de folles ! » (c.f. la chanson « Et mon père » de Nicolas Peyrac) ; etc. Par exemple, dans le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier, Loïc, le héros homosexuel inculte, venu visiter le Muséum d’Histoire Naturelle de sa meilleure amie Marie, prétend s’intéresser à « l’hitlérisme », et feuillette une encyclopédie pour rechercher des informations sur Hitler. Dans le roman Le Contenu du silence (2012) de Lucía Etxebarría, il est question de la présence nazie aux Canaries. Dans le film « ¿ Qué he hecho yo para merecer esto ? » (« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? », 1984) de Pedro Almodóvar, le Professeur propose à Antonio de réaliser une contrefaçon hitlérienne : « J’ai repensé aux fausses lettres d’Hitler et j’ai eu une idée de génie ! J’écris les mémoires d’un dictateur. Avec quelques retouches, ce dictateur pourrait être Hitler. J’écris le texte, ensuite vous le recopiez avec l’écriture d’Hitler. Quand ils apprendront que nous avons en notre pouvoir les véritables mémoires du Führer, on obtiendra ce qu’on voudra ! Je vous parle de millions, bien sûr ! » Dans la B.D. Pressions & Impressions (2007) de Didier Eberlé, un parallélisme entre les écrits nazis et la presse homosexuelle est fait : les collègues de Martial, le personnage « homophobe » qui rechigne à imprimer la revue gay que son entreprise d’impression doit tirer à des milliers d’exemplaires, lui font cette drôle de remontrance : « Ce n’est pas Mein Kampf non plus ! » (p. 3) La figure d’Hitler hante toutes les pages du roman La Vie est un tango (1979) de Copi, sans que le lecteur sache réellement pourquoi (car il n’est même pas fait véritablement mention des foyers d’expatriés nazis en Amérique du Sud…). À un moment, on nous informe qu’Hitler est en train d’envahir la Hollande. Un peu plus tard, le journaliste Semillita, caricaturiste du journal La Crítica, a une curieuse de manière de rendre hommage à la mort d’un homme appelé Silberman : « Silvano [le héros homosexuel] vit la caricature de Silberman à quatre pattes, le pantalon retroussé ; Hitler lui introduisait une croix svastique dans le postérieur. » (p. 72) Quand la deuxième proposition de dessin figurant Hitler arrive entre les mains d’Horacio, le directeur de rédaction, on craint l’infiltration nazie au sein du journal : « Nous ne pouvons pas titrer avec Hitler une deuxième fois dans la semaine ! » (Horacio, idem, pp. 35-36) Dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit, concernant l’échelle de Kinsey (barème d’homosexualité), Arnaud, l’un des héros homo, s’exclame : « C’est pas un truc inventé par les Nazis pour attraper les chiens errants ! » ; « Ça, c’est pas nazi ? » ; etc. Le Dr Katzelblum qui lui a soumis cette échelle qui va de 0 à 6, situe Arnaud à 6 parce que ce dernier ne s’assume pas homo : « Et vous, vous êtes un 6 allemand, un Nazi. » Dans le roman Les Bienveillantes (2006) de Jonathan Littell, Maximilian Aue, officier SS et grand massacreur de juifs, est homosexuel. Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, Thomas et François, les deux amants, reviennent de la « Soirée Mousse » organisée par leur ami Paul complètement bourrés : ils portent encore chacun sur le front le post-it du jeu auquel ils ont participé, et essaient de deviner quel personnage célèbre ils incarnent. À un moment, le jeu tourne mal puisque François porte le post-it « Adolf Hitler ». Thomas a tout le mal du monde à lui faire deviner qui il est : « Je suis une personne d’origine allemande. Et je porte des bottes en cuir. » François, sans le vouloir, confond le Führer et le couturier allemand homo Karl Lagerfeld : « Oh nan, pas lui ! Pas Karl Lagerfeld ! » Dans le film « Sing » (« Tous en scène », 2016) de Garth Jennings, Gunther, le cochon homosexuel, a un accent allemand prononcé. Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, pendant le cours d’histoire, Nathan simule un malaise alors que le prof parle de l’accord (pacte de non-agression) entre Hitler et Staline pendant la Seconde Guerre mondiale, pour être amené à l’infirmerie par son futur amant Jonas.

 

Quant au film « Prora » (2012) de Stéphane Riethauser, il a choisi comme cadre fictionnel de l’intrigue amoureuse homosexuelle entre les deux jeunes adultes Matthieu et Jan la station balnéaire désaffectée de Prora, fondée par les Nazis. Les amants figurent bien le double mouvement paradoxal qui caractérise le rapport idolâtre des personnes homosexuelles avec le nazisme : Matthieu (le Français) trouve Prora « beau » alors que Jan (l’Allemand) est révulsé par le lieu.

 

Dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, Petra, l’héroïne lesbienne allemande, sait que les sous-sol de l’immeuble où son frère Tielo et sa femme habitent sont d’anciens lieux de torture nazie : « Les nazis utilisaient le ‘Wasserturm’ comme prison pendant la guerre. Ils torturaient les gens dans le sous-sol. » (p. 36-37) L’idée qu’il puisse exister des fantômes nazis dans les catacombes d’habitations modernes fait froid dans le dos à son amante Jane (« J’aimerais pas être à leur place. ») qui se met à craindre pour leur immeuble berlinois à elle et Petra. Cette dernière lui rétorque agressivement : « Qu’est-ce que tu préfèrerais ? Qu’on se torture pour les péchés de nos ancêtres ? Mon grand-père était un nazi. Tu veux que je me suicide ? »

 

Il arrive que le personnage homosexuel soit comparé (ou se compare) à Hitler. « Mes initiales sont bizarres : S. S. » (Shirley Souagnon dans son concert Free : The One Woman Funky Show, 2014) Par exemple, dans la série Queer As Folk (version britannique, saison 3), l’efféminement d’Alexander est associé au dictateur : « Je te préviens : Alexander est un peu maniéré. Enfin, ‘un peu’… c’est comme dire ‘Hitler était un peu vache’. » Dans le roman Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, Valentín, au moment où il s’homosexualise progressivement, se défend de ressembler à Hitler : « Je ne suis pas un bavard qui parle politiquement dans les bars, non ? » (p. 46) Dans le film « Una Gionata Particolare » (« Une Journée particulière », 1977) d’Ettore Scola, la collaboration entre Mussolini et Hitler sert de toile de fond et de métaphore de l’homosexualité de Gabriele.

 

"Tilter"

« Tilter »


 

Très souvent, les Nazis ou Hitler sont féminisés ou homosexualisés : cf. le film « Les quatre cavaliers de l’Apocalypse » (1921) de Rex Ingram (avec les soldats allemands homosexuels), la pièce Dépression très nerveuse (2008) d’Augustin d’Ollone (avec l’Hitler homosexuel), la pièce Grand’ peur et misère du Troisième Reich (2008) de Bertold Brecht (avec l’allusion à l’homosexualité des S.A.), le film « Deseo » (2002) de Gerardo Vera (avec la lesbienne pro-nazie), la pièce Le Roi des Aulnes (1970) de Bernard-Marie Koltès (avec le héros nazi et homosexuel), le film « Rome ville ouverte » (1945) de Roberto Rossellini (avec la getapiste lesbienne), le film « La Grande Vadrouille » (1966) de Gérard Oury (avec le fils de Michèle Morgan travesti en bavaroise), etc. « Tu aurais pu être né en Bavière, en Basse-Saxe ou en Rhénanie, t’engager dans les Jeunesses avec tous les copains, te sentir très tôt un peu différent, caresser le torse imberbe de Franz sous les douches, le retrouver la nuit tombée dans sa couchette, devenir officier, ne jamais porter de triangle rose ou violet, être promu commandant, exterminer des homosexuels, coucher avec des garçons. Mais tu es né en France, tu es né juif, tu voulais être chimiste et rejoindre de Gaulle. » (Félix dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 110) ; « Les hommes à moustache sont des pédales ou des fachos, quand c’est pas les deux à la fois. » (Rossy De Palma en Juana dans le film « Kika » (1993) de Pedro Almodóvar) ; « Ma petite chochotte nazie ! » (Matthieu s’adressant à son futur amant allemand Jan, dans le film « Prora » (2012) de Stéphane Riethauser) ; « Les Nazis étaient des enculés. » (Kévin dans le film « Die Welle », « La Vague » (2009) de Dennis Gansel) ; etc.

 

Dans le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin, dans le club homo, il y a des soirées « Nuit de la Police » SM où tous les clients sont déguisés en flics, en Nazis. Dans le film « OSS 117 : Rio ne répond plus » (2009) de Michel Hazanavicius, on assiste à une scène de cabaret dans laquelle le méchant nazi, Heinrich, fait sa diva homosexuelle. Le film « Les Damnés » (1969) de Luchino Visconti dépeint les orgies homosexuelles des S.A. où certains soldats se travestissent. Dans la pièce Les Z’Héros de Branville (2009) de Jean-Christophe Moncys, il est question d’un « blondinet nazi en tutu ». Le film « Titler » (1999) de Jonathan Bekemeier montre la fusion étrange entre une cantatrice et le célèbre dictateur. Dans le film « The Producers » (« Les Producteurs », 1968) de Mel Brooks, deux escrocs montent une comédie musicale à Broadway, Springtime For Hitler, célébrant le grand retour d’un Hitler homosexuel gravitant dans un milieu artistique rempli de folles tordues. Dans son film « Salò O Le 120 Giornate Di Sodoma » (« Salò ou les 120 journées de Sodome », 1975), Pier Paolo Pasolini a souhaité faire de ses quatre bourreaux des répliques de chefs nazis : d’ailleurs, à la fin du film, on les voit se marier entre eux (ils sont déguisés en femmes mariées). Dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi, Freud est féminisé en despote nazi surnommé « Fraulein Freud », en travelo qui « descend le grand escalier des Folies Bergère » (p. 23). Dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou, Érik Satie est filmé avec un visage d’Hitler. Dans le film « Miss Congeniality » (« Miss Détective », 2001) de Donald Petrie, Vic, homosexuel, est le relookeur officiel du concours de Miss États-Unis ; tacitement homo, il est surnommé « la Follasse bavaroise ». Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le fiancé de Gatal, en lui tendant sa main, lui fait le salut nazi.

 

Film "Coming Out" de Matthias Freihof

Film « Coming Out » de Matthias Freihof


 

De manière apparemment paradoxale, le héros homosexuel se met à défendre Hitler et le nazisme. Par exemple, dans le téléfilm « Marie Besnard, l’Empoisonneuse » (2006) de Christian Faure, le bel Allemand Ady est protégé par Marie Besnard. Dans le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford, George défend l’antisémitisme des Nazis de manière ambiguë devant ses étudiants. Dans le film « L’Arbre et la Forêt » (2010) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Frédérick, pourtant ex-victime de la barbarie nazie, ancien Triangle rose des camps d’extermination nazis dans lesquels on diffusait de la musique wagnérienne, se met quand même, une trentaine d’années après, à défendre ses bourreaux et à rentrer dans leur moule puisqu’il est encore fan de Wagner : « Quand j’écoute Wagner, je prends ma revanche sur les Nazis. » Cette soumission s’opère pour des raisons purement esthétiques et sentimentales. Quand on dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions, on touche au cœur des mécanismes du diable… Dans le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1979) de Manuel Puig, Molina, le personnage homosexuel, illustre parfaitement cette ambivalence entre passion homosexuelle (esthétique) et raison humaine (éthique) : il sait très bien qu’il aime le film de propagande « Destin » – une vraie « ordure nazie » selon son compagnon Valentín – pour les mauvaises raisons, mais au moment où on lui demande de se justifier et d’arrêter de regarder ce type de films, il plonge dans le déni : « Écoute… il vaut mieux que je me taise. » (pp. 58-59)

 

Le soldat nazi, blond, musclé et vigoureux, représente l’archétype de la beauté qui fait fantasmer le héros homosexuel, le miroir narcissique androgynique dans lequel ce dernier peut se découvrir éblouissant ou bien Homme invisible : « Tu observes le bébé S.S. à la façon d’un diamantaire devant une pierre. » (Félix en parlant du jeune soldat blond, dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 148) ; « Tanguy se dit que leurs uniformes étaient plus beaux que ceux des Français et que les Allemands avaient plus d’allure. » (Michel del Castillo, Tanguy (1957), p. 50) ; « Nous sommes à Paris, depuis quelques mois occupé par les Allemands. Les troupes nazies paradent sous l’Arc de triomphe. […] Des soldats défilent, blonds et jolis garçons. » (Molina, le personnage homosexuel du roman Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 51) ; « Pendant la guerre, on a souffert. Enfin… surtout à la Libération ! Moi, j’ai été tondue. Je peux vous dire que je connus les Allemands de près, de très très près. Surtout Hans. Des Allemands, des aristocrates… d’une classe foooolle. Des gens qui gagnaient à être connus. » (la femme collabo interprétée par Didier Bénureau, dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons, 2012) ; etc.

 

Dans La Mort dans l’âme (écrit en 1949 et publié en 1954), Jean-Paul Sartre dépeint l’attrait homosexuel de son personnage Daniel pour les beaux soldats allemands arrivant à Paris. Dans le film « Chantons sous l’Occupation » (1976), Jean-Louis Bory condamne chez les hommes homosexuels « le goût de la botte, du cuir, du métal, et les fameuses messes de Nuremberg ». Dans la pièce Les Indélébiles (2008) d’Igor Koumpan et Jeff Sirerol, le fantasme de l’uniforme nazi est encore souligné.

 

Le Hitler homosexuel prend parfois le visage de l’amant : « Vous savez ce que ça fait de vivre avec la Gestapo ? » (Larry, reprochant à son amant Hank qui l’aime et qu’il trompe, de le faire culpabiliser de ses infidélités, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) Il arrive en effet que le personnage gay et le Nazi/Hitler fusionnent et se mettent en couple homo. Par exemple, dans le roman Le Monde inversé (1949) d’André Du Dognon, les patriotes français retournent leur veste pour s’allier sexuellement à l’ennemi allemand sous l’Occupation. Dans la comédie musicale Cabaret (1966) de Sam Mendes et Rob Marshall, le romancier Cliff se fait draguer et tripoter par un chef nazi homosexuel. Dans le film « Nous n’étions qu’un seul Homme » (1978) de Philippe Vallois, un homme sauvage vivant dans les Landes recueille un soldat de la Wehrmacht avec qui il va vivre une idylle sensuelle et génitale. Dans le vidéo-clip de la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer, les soldats allemands se roulent des pelles très librement, et leurs chefs nazis participent aussi à la partouze générale. Dans le film « Un Élève doué » (1999) de Bryan Singer, Ian McKellen est un ancien officier nazi vivant aux États-Unis sous une fausse identité et entretenant une relation avec un adolescent. Dans le film « Les Maudits » (1947) de René Clément, Michel Auclair joue le rôle du mignon de Forster, un responsable de la Gestapo, Nazi convaincu. Tout le film « Brotherhood » (2010) de Nicolo Donato se centre sur une histoire d’amour homosexuel entre deux hommes gravitant dans un groupe politique néo-nazi. Dans le film « Tras El Cristal » (1987) de Agustí Villaronga, un pédophile nazi paralysé vit une histoire d’amour avec l’infirmier qui s’occupe de lui. Dans le film « Grégoire Moulin contre l’humanité » (2001) d’Artus de Penguern, Jean-François (Didier Bénureau) sodomise un homme déguisé en Hitler lors d’un bal masqué organisé dans un hôtel particulier de Paris ; après avoir fait sa petite affaire, il se rend compte que Grégoire Moulin, qu’initialement il recherchait, a réussi à s’enfuir avec le déguisement d’Hitler volé à ce pauvre monsieur bâillonné au sol… mais il ne regrette pas pour autant d’avoir joui à l’intérieur de ce faux Hitler : « Écoutez, je suis navré. Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre. Ceci dit, c’était pas du tout désagréable. Vous allez me trouver un peu… mutin… mais j’ai bien envie de recommencer. Pas vous ? » Dans le roman Pompes funèbres (1947) de Jean Genet, Paulo baise avec Hitler, le fameux dictateur décrit comme une « mijaurée », et métamorphosé en « passive » : « Le petit gars de Paris accomplit son travail avec vaillance. D’abord il eut peur de faire du mal au Führer. Le membre était d’acier. De toute cette machine à supplice qu’était Paulo, la verge en était la pièce essentielle. Elle avait la perfection des rouages, des bielles fabriquées avec précision. […] Elle était également sans tendresse, sans douceur, sans le tremblement qui fait souvent frémir délicatement les plus violentes. […] Il fonça jusqu’au fond. Il éprouva une grande joie à sentir le tressaillement de bonheur de Madame. La reconnaissance de la beauté de son travail le rendit fier et plus ardent. Ses bras, par en dessous, près des épaules, s’agrippèrent au bras de l’enculé, et il fonça plus dur, avec plus de fougue. Le Führer râlait doucement. Paulo fut heureux de donner du bonheur à un tel homme. » (pp. 164-165) Ce même roman célèbre également l’histoire d’amour entre un Allemand nazi, Érik Seiler, et un milicien, Riton. Dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco, Georges et Édouard ont « flashé » l’un pour l’autre pour la première fois lors d’une conférence d’Édouard traitant de la « Montée du néo-nazisme en Europe occidentale » ; d’ailleurs, à un moment, Georges compare Édouard à « Hitler ».

 

Film "Brotherhood" de Nicolo Donato

Film « Brotherhood » de Nicolo Donato


 

Il est fréquent de voir dans les œuvres homosexuelles une sacralisation de la traîtresse collabo, qui va s’offrir en holocauste à la beauté nazie, et se mettre tout le monde à dos (cf. le poème « Canción De Amor A Los Nazis En Baviera » de Néstor Perlongher, le film « Lili Marleen » (1980) de Rainer Werner Fassbinder, le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau, etc.) : « Ma tante a toujours été proche des Allemands. » (Zize, le travesti M to F parlant de sa tante qui a été tondue à la Libération, dans le one-(wo)man-show Zize 100% Marseillaise (2012) de Thierry Wilson) ; « Ma grand-mère me lisait Mein Kampf avant de m’endormir. » (Mémé Huguette, personnage transgenre M to F de 98 ans, tondue à la Libération, dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit); etc. Dans le film « Stand » (2015) de Jonathan Taïeb, la vieille Olga raconte les horreurs de la Seconde Guerre mondiale à Katya et à Anton, le héros homosexuel, et dit qu’elle a connu les Nazis. Elle suscitera chez ce dernier une vocation : « Anton se bat contre le nazisme. » Dans le roman À mon cœur défendant (2010) de Thibault de Saint Pol, par exemple, Madeleine incarne tout à fait la comédie sincère de l’homosexualité collaboratrice : en effet, l’héroïne passe son temps à décrire ses sensations et ses bonnes intentions (« Je suis en danger. Où que j’aille, les nazis me rechercheront. », p. 78 ; « J’ai toujours été écœurée par le militarisme, et la tradition prussienne est ce qu’il y a de pire. Sa mécanique humaine est effrayante. Pourtant, ils sont beaux ces jeunes hommes dans leurs uniformes. », p. 49) pour finalement mal agir et coucher avec l’ennemi (« Je suis la maîtresse d’un espion, d’un traître, d’un ennemi ! […] Comment le sort a-t-il pu mettre un Boche sur ma route ? […] Comme je regrette ces nuits d’ivresse ! », p. 78 ; « J’étouffe ! Je me revois dans les bras de cette brute. », p. 86), et conclure en disant que cette trahison est finalement « quand même de l’amour » (« Il m’aime. Et je l’aime, malgré tout. », p. 201). En jouant le concerto violons de la grande folle perdue, de la vierge effarouchée (genre « Je ne suis pas celle que vous croyez… Lâchez-moi, espèce de sale pooorc ! »), la Tragic Queen homosexuelle se donne une excuse pour tomber concrètement et secrètement amoureuse de son bourreau nazi, et même lui faire un enfant !

 

On retrouve exactement le même cas de figure de l’identification du personnage homosexuel à la femme collabo tombant dans les bras d’un beau dirigeant nazi dans le roman Le Baiser de la Femme-Araignée (1976) de Manuel Puig. Molina, le personnage de la grande folle, raconte un film des années 1930, où Léni, une femme séduisante, est déchirée entre la fidélité à sa Patrie française, et sa passion pour un officier allemand… et là, pareil, c’est reparti pour les fausses questions existentielles, les esthétisations interrogatrices de la tragédienne, des questions sans but (si ce n’est celui de nier la collaboration en actes, puisque la femme fatale finira par trahir son camp) : « Alors Léni, restée seule, se demande si elle pourrait aimer un de ceux qui sont des envahisseurs de sa patrie. » (idem, p. 54) ; « Léni écoute fascinée, elle veut en savoir davantage ; en tant que femme, elle aimerait connaître le secret intime qui fait la force personnelle du Führer. » (idem, pp. 89-90) ; « Elle est effrayée, mais elle ne fait rien pour se défendre, elle est comme à la merci de ce qui va lui arriver. » (idem, p. 54)Les postures théâtrales homosexuelles visent à cacher l’objet d’indignation par l’indignation elle-même. On pleure et on gémit pour n’en faire qu’à sa tête et à ses pulsions.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

Je vous renvoie au documentaire « Männer, Helden Und Schwule Nazis » (2004) de Rosa von Praunheim (sur le néonazisme), au blog homo-érotique Mein Camp créé par le très queer BBJane Hudson (un site consacré au genre artistique homosexuel « camp »), à l’essai Le IIIe Reich et les homosexuels (2011) de Thomas Rozec.

 

HITLER 1 gay

 

L’homosexualisation d’Hitler et des Nazis (ces derniers d’ailleurs ne supportaient pas qu’on les qualifie ainsi) peut partir d’une provocation, d’une volonté de diaboliser et de ridiculiser d’autres personnes que celles singées. Par exemple, le 14 juillet 2013 à Paris (jour de la Fête nationale), quelques heures après le défilé sur les Champs-Élysées de François Hollande, les Hommen (= anti-mariage-gay) ont parodié le président en faisant défiler sa doublure masquée bras dessus bras dessous avec celles de Staline et d’Hitler, comme s’ils étaient le couple de l’année.

 

Le traitement comique ou agressif du lien entre désir homosexuel et nazisme donne à croire à certains que cette corrélation est absurde, voire que c’est elle et seulement elle qui pose problème, qui « crée un problème » qui sans elle n’aurait pas existé. Les choses ne sont pas aussi simples.

 

Téléfilm "Un Amour à taire" de Christian Faure

Téléfilm « Un Amour à taire » de Christian Faure


 

La dissociation radicale, manichéenne et victimisante, entre homosexualité et Hitler, est la spécialité de la communauté homosexuelle actuelle, même si elle rejoint un déni social plus large concernant la période 1930-1940, présentée comme apocalyptique et totalement étrangère à notre réalité contemporaine. On nous encourage à fermer les yeux sur la vie en Allemagne à cette époque-là (une époque tellement gémellaire à la nôtre !), à fuir le loup nazi et à le tenir bien loin de nous… si loin qu’on oublie qu’il a existé et qu’on peut, pour le coup, l’imiter, parce qu’on n’a pas décortiqué son fonctionnement, et qu’on l’a diabolisé. Les personnes homosexuelles s’étonnent de voir la tête hitlérienne montée sur ressorts sortir de la boîte de pandore où elles l’avaient soigneusement enfermée pour se donner bonne conscience.

 

C’est pourquoi, quelquefois, au détour d’une œuvre de fiction traitant d’homosexualité, on voit surgir inopinément le thème d’Hitler ou du nazisme, sans vraiment de lien logique avec l’intrigue en cours : « ‘Vous savez que Hitler vit toujours en Patagonie’, intervint soudain Alberto G., l’homme à la barbe rousse. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 240)

 

Mais il y a pire. C’est en tenant le « monstre » nazi bien à distance que certains individus homosexuels fusionnent identitairement avec lui, et agissent comme lui. Selon eux, inconsciemment, la substitution et l’incorporation au « diable » permettront son anéantissement total (en réalité, ils ne font que le cacher). On peut même entendre des personnes homosexuelles réelles se prendre pour le funeste dictateur : « Je deviendrais la plus célèbre vedette autrichienne après Hitler. » (Brüno dans le docu-fiction « Brüno » (2009) de Larry Charles)

 

HITLER 9 Affiche

 

N’en déplaise à l’opinion publique gay friendly, l’attraction homosexuelle pour les Nazis n’est pas du tout un mythe. Elle fut et reste une réalité. Déjà, pour commencer, beaucoup de personnes homosexuelles sont connues pour avoir collaboré pendant la Seconde Guerre mondiale : Jacques Chardonne, Gertrude Stein, Ramón Fernandez, Henry de Montherlant, Colette, Vénus Myrtille, Jean Genet, Gabriele D’Annunzio, Romaine Brooks, etc. « Les milieux homosexuels parisiens ont fourni de nombreuses et brillantes recrues. » (Jean-Paul Sartre cité dans le Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 420) ; « Certains homosexuels grenouillent, se corrompent et collaborent avec les nazis : le souvenir des trafics d’influence, du marché noir, des profits d’origine douteuse, des spoliations de biens juifs et autres activités peu recommandables seront, à la Libération, et lors des procès de l’épuration, associés au monde et aux mœurs des invertis. » (cf. l’article « Il faut en être ! » de Christian Mirambeau, cité dans l’essai Folles de France (2008) de Jean-Yves Le Talec, p. 169) ; « Nul doute que sur certains autres que Brasillach (Jouhandeau, Fraigneau, Bonnard, Cocteau, Montherlant, Benoist-Méchin) ne se soit exercé l’attrait érotique du blond aryen sportif. […] Sartre a eu beau vouloir faire de jean Genet un maudit, victime de la société bourgeoise, Pompes funèbres n’en reste pas moins une déclaration d’amour enflammée au nazisme. » (Dominique Fernandez, Ramon (2008), pp. 56-57) ; « Dans cette fascination du chef et de la force, il y avait beaucoup de féminité latente, une certaine forme d’homosexualité. Au fond, chez la plupart de ces intellectuels fascistes, je pense à Brasillach, à Abel Bonnard, à Laubreaux, à Bucard, il y avait le désir inconscient de se faire enculer par les S.S. » (Emmanuel Berl s’adressant à Patrick Modiano) ; etc. Par exemple, Claude-Michel Cluny a eu une aventure avec un soldat allemand quand il n’avait que 14 ans. En 1940, Suzy Solidor appelle à la collaboration avec les Nazis dans Radio-Paris. L’écrivain français Maurice Sachs, juif et homosexuel, rejoint les rangs nazis et devient indicateur de la Gestapo. Jean Cocteau trinque au champagne avec les Allemands et écrit sa « Lettre ouverte à Brecker » . Harald Kreutzberg sert la propagande nazie dans les pays occupés. L’esthète bourgeois Pierre Drieu la Rochelle ne cache pas son amour des occupants nazis (il assiste même au congrès de Nuremberg en 1935). Abel Hermant collabore sous Vichy, et sa passion pour les soldats de la Wehrmacht est de notoriété publique. Robert Brasillach avoue à ses amis sa fascination pour la virilité des soldats allemands. Violette Morris, l’athlète lesbienne, travaille pour la Gestapo. La sympathie de Philippe Jullian pour les Alliés et l’Angleterre ne l’empêche pas de « succomber aux charmes des beaux soldats allemands qui rôdent le soir dans certains quartiers », comme il l’écrit dans son Journal en 1941. Marcel Jouhandeau tombe désespérément amoureux du lieutenant allemand Heller (Didier Éribon, dans son Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes (2003), s’interroge d’ailleurs sur les paradoxes de l’écrivain français : « Il est difficilement compréhensible qu’un analyste aussi aigu du processus d’abjection dont est victime une catégorie d’individus ait pu, presque au même moment, publier un opuscule intitulé Le Péril juif (1937) dans lequel sont condensés tous les poncifs antisémites de l’époque », p. 273). Abel Bonnard, travaillant au côté de Philippe Pétain, a porté le sobriquet de « guestapette » (« Paradoxal de constater que le régime de Vichy, qui avait été à l’origine de l’aggravation des peines de prison pour les homosexuels, choisit Abel Bonnard, pédéraste, comme Ministre de l’Éducation nationale », écrit Michel Larivière dans son Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997), p. 71) Dans son « Domaine des Esprits » où il habitait, le chanteur homo Charles Trénet accueillait des mineurs pour des surprises-parties sexuelles. Il a été pris en flagrant délit avec 4 jeunes Allemands de 19-20 ans. Il fut condamné à la prison pour attentat aux mœurs, à Aix (France).

 

Luchino Visconti, quant à lui, a toujours été fasciné par l’Allemagne nazie : à la fois aristocrate et marxiste de salon, il s’est intéressé aux classes supérieures germaniques du IIIe Reich dans ses productions. Jean-Luc Lagarce, dans son Journal (2008), se passionne pour le procès de Klaus Barbie, et dit que sa fascination concernant le nazisme est « une chose indicible », inénarrable (d’ailleurs, il écrit qu’un de ses beaux amants homos a le visage « parfait » d’un Nazi). Une femme lesbienne du documentaire « Le Bal des chattes sauvages » (2005) de Véronika Minder avoue avoir partagé l’avis d’Hitler sur les personnes homosexuelles, avant de changer radicalement d’avis et de les idéaliser par la suite. Dans son essai Le Rose et le Brun (2015), Philippe Simonnot montre comment de nombreuses personnes homosexuelles ont contribuer à l’arrivée du nazisme et d’Hitler au pouvoir.

 
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Dans son essai Le Rose et le Brun (2015), Philippe Simonnot explique parfaitement que l’homo-érotisme a été la source d’inspiration et l’instrument du nazisme : « Les homosexuels ont-ils joué un rôle dans la montée du nazisme au Pouvoir ? Voilà une question tabou aujourd’hui, que personne n’ose poser, pas même évoquer. […] ce tabou qui a d’abord été mis en place par les nazis eux-mêmes. » (p. 11) ; « À partir de 1934, le lien entre homosexualité et nazisme est devenu le fonds de commerce de la propagande stalinienne au niveau mondial. Erich Fromm, de l’École de Francfort, prétendait trouver une relation entre l’homosexualité et les désordres sadomasochistes propres aux nazis. Encore dans les années 1970, la relation entre homosexualité et nazisme était fantasmée au plus haut niveau du Parti Communiste Français. » (idem, p. 15) ; « La libéralisation des mœurs était souhaitée par le nazisme. Le national-socialisme, en effet, s’est d’abord appuyé sur tout un courant de libération des pulsions sexuelles, et notamment des pulsions homosexuelles. Ces dernières, du reste, ne sont en rien causées par une vie conjugale répressive à en croire Hans Blüher et tant d’auteurs allemands de cette époque. Par conséquent chercher la naissance du nazisme (ou du fascisme) dans les berceaux de la famille patriarcale ne peut mener très loin. » (idem, p. 18) ; « L’effectivité de la culture nazie reposait sur l’abolition des tabous sexuels, l’émancipation de la vie érotique et l’appel au ‘droit de la nature’. » (idem, p. 19) ; « Le national-socialisme était pour la jeunesse des années 1920 et 1930 une forme de libération sexuelle, cohérent avec son paganisme foncier et son anti-christianisme viscéral. » (idem) ; « Le Führer était parfaitement conscient des avantages de la libération sexuelle pour le maintien de sa dictature. » (idem, p. 20) ; « Les nazis sont passés orfèvres dans l’effacement de leurs crimes, on le sait assez. À enfermer des homosexuels dans des camps de concentration, à les torturer et à les massacrer, n’est-ce pas une fois encore tout un pan de leur histoire originaire, de leurs racines homo-érotiques que les Hitlériens voulaient supprimer ? En fait, cet effacement de l’homosexualité nazie a commencé peu après l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Le 6 mai 1933, les nazis ont pillé l’Institut de Sexologie que Magnus Hirschfeld avait créé à Berlin en 1919 – une véritable innovation à l’époque – non pas seulement parce que Hirschfeld était juif, non pas seulement parce qu’il affichait son homosexualité et prétendait venir au secours des homosexuels, mais aussi et peut-être surtout parce que son Institut recevait des milliers de fiches d’homosexuels nazis qui étaient venus en consultation chez le sexologue vedette des années 1920. Et ce qui a été brûlé dans les premiers autodafés orchestrés par les chemises brunes en mai 1933, ce ne sont pas seulement des livres, mais aussi des fiches bien compromettantes pour ceux qui étaient maintenant au pouvoir et qui prévoyaient déjà de revenir publiquement à la norme hétérosexuelle. Du reste, une partie de ces fiches a été confiée à la police qui disposerait dorénavant de quoi faire chanter les malheureux clients, nazis ou pas, de l’Institut. » (idem, p. 21) ; « Ne serait-ce que pour ne pas rentrer dans le jeu de l’oubli sélectif, il nous paraît urgent d’au moins poser la question des origines homosexuelles d’une partie non négligeable du National-Socialisme. Manfred Herzer, l’auteur d’une biographie de Magnus Hirschfeld, un personnage central de notre enquête, l’admet volontiers : sur cette question, nous, homosexuels, nous faisons face à un vide que nous nous sommes imposés nous-mêmes dans notre connaissance, vide qui a pris les dimensions d’un tabou idéologiquement motivé. » (idem (2015), p. 23) ; « Hitler a renié et même massacré une partie de ceux qui l’avaient aidé dans sa ‘résistible ascension’. » (idem, p. 25) ; etc. Sous l’Allemagne nazie, les mouvements de jeunesse des Wandervögel (littéralement : Oiseaux migrateurs) étaient imprégnés d’homosexualité. Berlin était la capitale mondiale des moeurs légères, très « avancée » en matière de législations désincarnées (Le statut de ‘mère célibataire’ est inscrit dans le code civil allemand, par exemple). Avant de se durcir contre les personnes homosexuelles, Hitler, étonnamment, était très permissif en matière d’homosexualité, et défendait la séparation entre vie publique et vie privée, en soutenant que la sexualité c’était du domaine de l’intime : « Faites ce que vous voulez, mais ne vous faites pas prendre. » (idem, p. 246) Il a commencé à retourner sa veste quand son pouvoir et son image publique commençaient à être impactée négativement : « Les choses ont atteint un stade où des rumeurs courent maintenant dans les quartiers marxistes que vous seriez vous-même aussi homosexuel, mon très estimé Führer. » (cf. lettre de Paul Schulz adressée à Adolf Hitler le 2 juin 1932) Avant ça, contrairement à l’idée reçue, Hitler était très « moderne » pour son époque. Il serait même jugé laxiste et gay friendly aujourd’hui.
 

Face à autant de cas de collaboration, certains militants de la « Cause homosexuelle » s’indignent, ne veulent pas y croire : « N’aurions-nous donc, pour cette période terrifiante de l’histoire, que des héros ‘négatifs’, que des chroniques de massacres d’homos traqués et torturés, que des victimes impuissantes face à une haine des idéologies alors en cours dans la presque totalité de l’Europe ? » (Jean Le Bitoux, Les Oubliés de la mémoire (2002), p. 225) ; « Et que dire de la pénible fascination d’une partie de la mode masculine pour une esthétique évoquant immanquablement l’Allemagne nazie ? » (cf. l’article « Mode » d’Anne Boulay et Marie Colmant, dans le Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 325)

 

L’esthétique homosexuelle rejoint souvent le fascisme nazi : pensez au film « Le Troisième Sexe » (1959) de Veit Harlan (qui est bel et bien un film nazi !), à Marlon Brando dans le film « Le Bal des Maudits » (1958) d’Edward Dmytryk, à Helmut Berger dans le film « Les Damnés » (1969) de Luchino Visconti, à l’esthétisme soigné du film « Les Dieux du Stade » (1936) de Leni Riefenstahl, aux sculptures homo-érotiques d’Arno Breker, et plus récemment à la coupe érotique des uniformes S.S. reprise par Calvin Klein et Hugo Boss, aux dessins de Tom of Finland ou bien de Roger Payne, aux films pornos dits de « nazixploitation » mettant en scène des néo-nazis (« Skin Gang » (1999) de Bruce LaBruce, par exemple), le look skin adopté par certains hommes gay dans les années 1980, etc.

 

Pink Svastika

Pink Svastika


 

The Pink Swastika défend même la thèse selon laquelle le nazisme viendrait de l’homosexualité. D’autres intellectuels font aussi le rapprochement, non par mauvaise foi, mais parce qu’il existe vraiment : « Cette virilité fasciste ou communiste est un fantasme d’homosexuels, Gide à Moscou, Brasillach à Berlin. Ce dernier ne s’est jamais inquiété des déportations d’homosexuels allemands par les nazis. » (Éric Zemmour, Le Premier Sexe (2006), p. 78) Quelques personnes homosexuelles ne démentent absolument pas cette part d’ombre de leur désir homosexuel : « Dans mes fantasmes d’enfant, ces baraquements plein de femmes étaient à la fois angoissants et très séduisants, homo-érotiques. » (l’écrivaine Cécile Vargaftig en parlant des camps de concentration, à l’émission Homo Micro sur Radio Paris Plurielle, Paris, le 7 mars 2011)

 

Docu-fiction "Brüno" de Larry Charles

Docu-fiction « Brüno » de Larry Charles


 

Malheureusement, l’adhésion esthético-sentimentale des personnes homosexuelles pour Hitler a tendance à être atténuée et déproblématisée par les intentions, par l’excuse de la « provocation ». On prête par exemple beaucoup de second degré à un Salvador Dalí qui, dans son Journal, écrit son amour pour Hitler « de dos ». En 1966, Yukio Mishima réalise une œuvre (ironique ?), Mon ami Hitler, dans laquelle il affirme qu’« Hitler avait raison ». Pareil pour l’engouement sexuel qu’avancent les personnages des romans de Jean Genet pour le dictateur : « Cette toute-puissance du faible, Genet lui trouvera un symbole épique : Hitler. » (Jean-Paul Sartre, Saint Genet (1952), p. 149) À propos des Nazis trahis en 1944 pendant la Libération par le peuple français qui avait auparavant collaboré avec eux, Genet écrit en 1947 dans Pompes funèbres : « Ils ne furent pas seulement haïs mais vomis. Je les aime. » (cf. l’article « Physique de Genet » de Philippe Sollers, dans Magazine littéraire, n°313, septembre 1993, p. 41) La passion de l’écrivain pour Hitler n’est pas qu’un gentil rôle. Dans son autobiographie Le Journal du Voleur (1949), Genet se prend très sérieux quand il dit : « Je donnerais tous les biens de ce monde pour connaître l’état désespéré. Hitler seul, dans les caves de son palais, aux dernières minutes de la défaite de l’Allemagne, connut sûrement cet instant de pure lumière – lucidité fragile et solide – la conscience de sa chute. » (pp. 236-237)

 

Il y a une forme d’orgueil et de goût de l’image (que certains pseudo artistes militants appelleront pompeusement « anti-conformisme iconoclaste et révolutionnaire ») dans la sympathie homosexuelle envers Hitler. C’est parce qu’il n’est/ne serait désiré de personne que certains individus homosexuels se mettent précisément à le désirer. S’il était aimé et aimant, il perdrait tout intérêt. Au fond, ce n’est rien d’autre que la mort (du Désir) qu’ils célèbrent en lui… en plus de l’occasion que le funeste dictateur leur fourni de faire leurs intéressants et de se célébrer eux-mêmes dans une « homosexualité noire et maudite ».

 

Maintenant, en ce qui concerne l’homosexualité attribuée à Hitler et aux Nazis, je ne pense pas qu’elle soit une invention délirante. Par exemple, rien que si nous regardons la ville de Berlin en 1933, nous y dénombrons 130 bars homosexuels, … c’est-à-dire plus qu’aujourd’hui à Paris ! En Allemagne, les idées d’extrême droite et l’idéal homosexuel se marièrent très bien : pensons à Adolf Brand (qui fonda la revue homosexuelle Der Eigene), à la Communauté des Spéciaux (Gemeinschaft der Eigene), à l’Association masculine allemande (Männerbund) marquée par une esthétique-idéologie homo-érotique, à Hans Blüher qui projette la création d’une société fondée sur un État viril. Dans les camps de concentration et d’extermination nazis, l’activité homosexuelle a bien existé. « Au camp de Gross-Raming, les kapos étaient à 90% des invertis. » (Christian Bernadac, Des Jours sans fin, 1976) ; « Quand quelqu’un va s’attaquer à l’homosexualité sous l’Occupation, on va bien rigoler ! J’ai commencé à travailler sur l’homosexualité à Ravensbrück… Je peux vous dire… C’est une époque où il n’y a plus de frontières. Tout est décuplé. » (Marie-Jo Bonnet, en conclusion de sa conférence « Violette Morris, histoire d’une scandaleuse » du 10 octobre 2011 au Centre LGBT de Paris ; l’historienne lesbienne n’en revenait toujours pas de découvrir le nombre de confluences entre homosexualité et nazisme, même si elle ne s’est trahie qu’à la fin, car elle se gardait bien de faire le lien !) ; etc. Le résistant alsacien Aimé Spitz interné au camp alsacien du Struthof puis à Dachau assure que « les chefs de bloc et autres kapos étaient presque tous devenus homosexuels au cours de leur détention. » (Aimé Spitz cité dans Jean Le Bitoux, Les Oubliés de la mémoire (2002), p. 93)

 

La recrudescence de la pratique homosexuelle côté allemand pendant la Seconde Guerre mondiale est confirmée par de nombreux sociologues et historiens : « Heinrich Himmler (1900-1945), le chef de la Gestapo, recrutait exclusivement ses subordonnés dans les milieux homosexuels. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 212) ; « Quant aux généraux homosexuels de l’armée allemande, de l’époque hitlérienne, leurs noms sont sur les lèvres de tous… Goering, Himmler, Reohm, et même Hitler. » (idem, p. 217) ; « Si l’Occupation avait radicalement supprimé la progression de la drogue en France, elle y avait en revanche développé l’homosexualité. Assez répandue outre-Rhin, la pédérastie s’étendit à la suite du passage des soldats allemands dans notre pays. Jusqu’alors, elle était le fait de quelques intellectuels ou de quelques blasés qui constituaient une confrérie très fermée. Les véritables invertis physiologiques se montraient encore plus discrets. Bref, la pédérastie n’était pas descendue dans la rue. Par goût, par entraînement, par intérêt, par lâcheté, de nombreux jeunes gens, et des moins jeunes, subirent l’initiation germanique. À la Libération, l’arrivée des Nord-Africains, les difficultés économiques, la fermeture des bordels, encouragèrent cette vague d’homosexualité. Pour la première fois à Paris, il existait une prostitution masculine avouée sur les trottoirs de Saint-Germain-des-Prés. C’est pourquoi la loi d’avril 1946 sur la prostitution n’établit aucune distinction de sexe. » (André Larue, Les Flics, 1969) ; « Pendant l’Occupation, je fus, bien entendu, l’ami de nombreux officiers allemands. J’évitais ainsi la déportation et pus, grâce à mes relations, ouvrir mon premier magasin d’antiquités. Ces quatre années furent, quoique comparativement plus calmes, une longue suite d’aventures sentimentales, fort compliquées, selon ‘notre tradition’. Très vite, grâce au premier argent si généreusement laissé par mon attaché d’ambassade, je me fis un nom dans la hiérarchie des antiquaires. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 86) ; etc.

 

Comme je l’ai écrit dans le petit « condensé » de cet article, et comme je le développe dans la partie sur les dictateurs homosexuels du code « Homosexuels psychorigides » du Dictionnaire des Codes homosexuels, l’hypothèse de l’homosexualité du Führer n’est pas non plus à écarter. Elle est une réalité déjà iconographique, comme on a pu le voir dans la première partie de mon exposé (et vous savez l’importance que j’attache à cette phrase faite maison qui soutient qu’« il n’y a pas de cliché sans feu »). Par exemple, en 1933, la revue Fantasio présentait déjà Hitler comme une folle perdue. L’historien italien Eugenio Dollmann aborde également l’homosexualité d’Hitler dans Roma Nazista (1949). Pour ma part, j’ai fait l’effort de lire les deux pavés de la biographie (2000) rédigée par l’historien Ian Kershaw – un ouvrage complètement neutre sur la question de l’homosexualité du Führer – ; il ne fait aucun doute en effet que la vie d’Hitler comporte de nombreuses coïncidences de l’homosexualité relevées dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels : mère possessive, père tyrannique, profond isolement amical, vocation artistique contrariée (Hitler est recalé de l’École des Beaux-Arts), haine de son propre corps (il ne se mettait jamais en maillot de bain), passion pour le cinéma (il avait sa salle de projection privée) et les mythologies anachroniques (Wagner, Bavière, militarisme, etc.), anti-catholicisme féroce, sensiblerie nostalgique et confusion de l’art avec la vie (Herman Broch, dans son essai Création littéraire et connaissance (1966), assure qu’Hitler était un fervent partisan du kitsch), goût pour les corps athlétiques et les statues, aucune appétence pour les femmes (le mariage in extremis avec Eva Braun n’a été qu’une couverture), etc. « En ce qui concerne Hitler, il est quand même de nombreux témoignages qui concordent pour assurer que les femmes ne l’intéressaient guère, comme le prouverait l’absence dans sa vie de la moindre aventure amoureuse qui ait eu un développement complet. » (Jean Boisson, Le Triangle rose (1988), p. 19)

 

Certaines thèses vont dans le sens d’une dévirilisation forcée d’Hitler. Par exemple, dans l’essai Secret Weapons: Technology, Science And The Race To Win World War II (2013), Brian Ford raconte comment les Alliés auraient tenté d’administrer des œstrogènes dans les aliments d’Adolf Hitler pour provoquer chez lui « une transformation sexuelle qui le ferait devenir plus féminin et moins agressif ».

 

Plus crédible et le travail de Lothar Machtan qui, en 2001, a consacré un ouvrage entier à l’homosexualité d’Hitler dans sa biographie La Face cachée d’Adolf Hitler. Cette thèse déchaîne bien évidemment les foudres de la communauté homosexuelle actuelle. À quoi bon montrer qu’Hitler était homosexuel ?, s’indigne-t-elle. Cela ne rajoute rien à l’horreur du personnage, et de surcroît, ne fait que charger inutilement la barque des personnes homosexuelles et convaincre l’opinion publique que l’homosexualité produit des dictatures et des monstres. On peut difficilement soutenir une telle affirmation. À mon sens, il importe peu que l’hypothèse soulevée par le livre de Lothar Machtan soit avérée ou non, puisque, même s’il est fort probable qu’Hitler a été une personne homosexuelle refoulée (quand on lit en intégralité la longue biographie en 2 tomes), il est impossible d’assurer qu’il était l’incarnation humaine de « l’homosexuel » ou de « la personne homosexuelle » étant donné que ces deux personnages sont au mieux des mythes, au pire des réalités fantasmées que personne n’arrivera jamais à devenir complètement. C’est précisément le refus de la probabilité qu’Hitler ait pu être homosexuel, non pas parce qu’il était entièrement homosexuel mais simplement du fait de son humanité, qui est inhumain et homophobe. Comme le souligne très finement Gerald Messadié, « ce menteur dissimulait non pas un vice, mais ce qu’il était contraint de tenir pour un vice : son homosexualité. D’où son inhumanité ». Messadié soutient l’idée selon laquelle le rapport idolâtre d’attraction-haine concernant le désir homosexuel, c’est cela qui est inhumain et monstrueux, et non l’homosexualité en elle-même. « Un vaste courant pseudo-historique voudrait faire croire qu’Hitler fut l’incarnation suprême du Mal, pourvu qu’elle fût supranaturelle, donc incompréhensible. L’inconscient collectif l’a investi d’un prestige sinistre, Antéchrist ou Satan, qui paradoxalement magnifie le personnage. Le travail de Machtan, au contraire, révèle un immonde et délirant minable qui se méprisait lui-même, parce que, dans son for intérieur, il portait une tare honteuse pour ses contemporains. Ainsi culpabilisé, il chercha des boucs émissaires : c’étaient ceux qui ‘dévirilisaient’ la nation : les communistes, les Juifs, les gitans, et, bien sûr, les homosexuels. » (la préface de Gerald Messadié, dans l’essai La Face cachée d’Adolf Hitler (2001) de Lothar Machtan, p. 11) Reconnaître les tendances homosexuelles d’Hitler, c’est finalement rendre l’homosexualité beaucoup plus humaine et moins monstrueuse que de la nier dans l’angélisme et la diabolisation d’un être humain historiquement figé au rang de « non-personne ». Je citerai deux ouvrages (le premier, C’est pour ton bien (1984) d’Alice Miller ; le second, La Fessée (2001) d’Olivier Morel), qui montrent combien il est important, au lieu de se désolidariser de certains actes odieux que l’on réduit à l’état de personnes diaboliques isolées, de les porter comme si nous aurions pu les commettre, au moins pour exercer notre propre humilité et nous empêcher de les reproduire par excès de bonnes intentions « démocratiques » : « Toutes les victimes ne deviennent pas bourreaux. Mais tous les bourreaux ont été victimes. » (Alice Miller) ; « Hitler, Staline, Ceaucescu, Mao, Saddam Hussein et Milosevic sont devenus ce que l’on sait à cause d’une enfance maltraitée et/ou vécue dans une atmosphère de froideur affective, sans rien ni personne pour compenser brutalité des coups et manque de tendresse. Des personnalités de ce type ont retenu de leur éducation que pour être il faut dominer les autres. » (Olivier Morel, p. 50) Bref, revenons à la genèse des dictatures humaines, toutes époques et pays confondus : la haine de soi due à un viol.

 

Revue homo et skinhead

Revue homo et néo-nazie


 

Et pour finir de convaincre les esprits étroits qui prendraient mon exposé sur Hitler pour un absurde passéisme anachronique totalement déconnecté de notre réalité homosexuelle actuelle, je mentionnerai les liens étroits qui existent aujourd’hui entre homosexualité et néonazisme. « Aujourd’hui encore, certains groupuscules néonazis entretiennent une forme d’ambiguïté. De nombreuses histoires circulent, sur fond de messes noires ou de satanisme. Dans leur esprit, nazisme et homosexualité participent de la même ambiance, d’une même esthétique. » (Philippe Broussard, Le Monde, 18 juin 1997) Je parle plus largement des liens entre extrême droite et homosexualité dans le code « Homosexuels psychorigides » du Dictionnaire des Codes homosexuels. Mais concernant spécifiquement les néo-Nazis, on a déjà de quoi dire ! Visiblement, beaucoup de ces fanatiques sont attirés par le « milieu homosexuel », puisqu’ils y multiplient les visites agressives/amoureuses. À titre d’exemples, je peux rafraîchir certaines mémoires : le 14 août 2007, des skinheads agressent les clients du Privé, une discothèque de Besançon (France) ; en octobre 2010, trois légionnaires néo-nazis s’attaquent à une boîte gay de Nîmes (France), le Lulu Club ; plus récemment, le 8 août 2011, en Angleterre, la librairie londonienne Gay’s The Word est saccagée par des néo-nazis. J’imagine qu’il doit y avoir de nombreux autres cas d’accrochages ambigus entre néo-Nazis et personnes homos. Et déjà, on dénombre dans les rangs néo-nazis un certain nombre de personnes homosexuelles : Nicky Crane, Michael Kühnen, Michel Caignet, etc.

 

Par ailleurs, et j’en terminerai là, il est intéressant de remarquer que l’accusation de « Nazi », tout comme celle de « Raciste » ou d’« Homophobe », est à la mode, dès qu’on veut descendre quelqu’un rapidement sans avoir à se justifier de le faire. Par exemple, en mai 2011, le directeur chrétien de l’American Family Association (AFA), Bryan Fischer, s’en est pris aux personnes homos, les traitant de « Nazis » dans son émission de radio Focal Point, diffusée via les 180 stations dans 40 États américains. Cette grotesque accusation reposait sur la dénonciation du terrorisme intellectuel exercé par certains militants LGBT actuels… donc quand même sur un substrat de réalité. Le plus amusant, c’est que le camp homosexuel et le camp non-homosexuel se traitent mutuellement de « Nazis » ou d’« Homophobes » pour se neutraliser, sans mesurer que ces mots agissent comme des miroirs de ce qu’ils cherchent à imiter ensemble en imaginant naïvement que seul l’autre camp ennemi le fait !

 
 

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Code n°91 – Homosexuels psychorigides (sous-codes : Père tyrannique / Militaire / Femme-paon / Architecte / Maniaque de la propreté / Dictateur gay / Mappemonde)

Homosexuels psycho

Homosexuels psychorigides

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Le fascisme homosexuel… ou la discordance entre la fin et les moyens

 

PSYCHORIGIDES Char rose

 

Les entendez-vous, ceux que la haine d’eux-mêmes a parfois transformé en agressifs révoltés ? Moi, oui. Je les vois même très clairement. Ils arrivent, les dictateurs homosexuels et le totalitarisme arc-en-ciel, trônant sur des chars peinturlurés en rose (mais des chars quand même !), sous la bannière de la démocratie égalitiste (mais, je vous le demande, quel fascisme, tout au long de l’Histoire humaine, ne s’est pas valu de la « nature », de l’« amour », de la « différence », de la « tolérance », de l’« égalité », du « progrès », de la « fête », des « discriminations », pour s’imposer avec une incroyable violence ?), se plaçant sincèrement en éternelles victimes d’une société qu’ils haïssent et qu’ils cherchent à détruire, assoiffés de vengeance d’un faux/vrai viol qu’ils auraient/ont subi, mais surtout qu’ils ne dénoncent pas en tant que tel.

 

Ces despotes d’opérette plumés sont-ils une réelle menace pour la société ? Je ne le crois pas. Des haut-parleurs ne font qu’amplifier un message qui ne vient pas d’eux. Ils sont d’abord et surtout une menace pour eux-mêmes (c’est bien là le drame de leur fausse révolution). Et ensuite, pas de quoi diaboliser le fameux « lobby gay » non plus. Ce ne sont que les désirs homosexuel et hétérosexuel actés qui constituent une menace pour l’Humanité ; pas les personnes homosexuelles en elles-mêmes. Leur existence n’est que le signe d’une dictature qui les dépasse et qu’elles alimenteront comme des moutons si et seulement si elles s’adonnent à leur désir homosexuel. La communauté homosexuelle, qu’on peut aisément qualifier actuellement de mini-dictature (quand bien même elle soit composée de membres très variés), n’est que le voyant rose d’un totalitarisme social beaucoup plus étendu et dangereux que lui : l’idéologie homophobe, angéliste, asexualisante, matérialiste, individualiste, athée, sentimentaliste, désincarnée, de la bisexualité universelle obligatoire.

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Parodies de mômes », « Homosexuel homophobe », « Androgynie bouffon/tyran », « Douceur-poignard », « Tout », « Hitler gay », « Reine », « Se prendre pour Dieu », « Se prendre pour le diable », « « Je suis différent » », « Différences culturelles », « Promotion « canapédé » », « Faux révolutionnaires », « Patrons de l’audiovisuel », « Bourgeoise », « Entre-deux-guerres », « Violeur homosexuel », « Milieu homosexuel infernal », « Parricide la bonne soupe », « Liaisons dangereuses », à la partie « Misanthropie » du code « Solitude », à la partie « Laverie » du code « Innocence », et à la partie « Fantasme pour le uniformes et les militaires » du code « Défense du tyran », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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1 – PETIT « CONDENSÉ »

 

La métamorphose de la victime innocente en bourreau révolté

 

Pierre et Gilles

Pierre et Gilles


 

Quand les êtres humains n’arrivent pas à se retrouver sur un relatif pied d’égalité, ce qui arrive toujours un jour ou l’autre, chacun tient à l’égard des autres à la fois le rôle de bourreau et celui de victime. S’ils ne prennent pas conscience de ces deux masques qu’ils peuvent endosser du fait de leur liberté, et qu’ils choisissent de se vouloir éternellement victimes, ils ne se confesseront ni bourreaux ni finalement victimes, étant donné que leurs tendances de bourreaux leur interdiront d’élire pour destin une communion à celui de leurs victimes. C’est ce qui arrive à beaucoup de personnes homosexuelles, qui présentent les tyrans comme de gentils agneaux à prendre en pitié, et les victimes (qu’elles défendaient à l’origine) comme une impitoyable foule de monstres ricanants à ignorer/mépriser. Leur anti-conformisme de principe les amène à sacraliser ce qui est horrible, non parce qu’elles l’aiment vraiment, mais parce qu’elles s’imaginent que c’est diabolisé par les autres, donc désirable. La compassion homosexuelle pour le méchant, poussée à l’extrême, peut les conduire à la fascination des figures d’autorité qu’elles prétendent par ailleurs haïr. Dans leur adolescence, elles ont été très souvent éblouies par les leader de leur classe, ou bien par des grands hommes historiques (Louis XIV, Napoléon Bonaparte, Néron, Charles de Gaulle, etc.). Elles sont les premières à être profondément touchées par la blessure d’amour du mythique dictateur que tout le monde devrait éthiquement mépriser mais aussi saluer pour sa sincérité maladroite et blessée.

 

Comme les Hommes ne sont pas de la perfection dont elles avaient rêvée, elles préfèrent se rabattre sur celui qui est entier (quitte à ce que ce soit dans le mal !). Le mensonge sur la pureté est pour elles encore pire que la méchanceté affichée du tyran, qui, lui, a le mérite de jouer courageusement son rôle jusqu’au bout sans retourner sa veste. Elles vont donc très souvent vénérer/mépriser la trahison, en se montrant à elles-mêmes qu’elles peuvent héroïquement choisir pour modèle une personne qu’elles n’auraient (comme la « majorité ») a priori pas élu non plus, parce qu’elles se persuadent qu’elles se doivent d’être ouvertes, infidèles et anti-conformistes, y compris avec elles-mêmes ! Ainsi, à propos des nazis trahis en 1944 pendant la Libération par le peuple français qui avait auparavant collaboré avec eux, Jean Genet écrit en 1947 dans Pompes funèbres : « Ils ne furent pas seulement haïs mais vomis. Je les aime. » (cf. l’article « Physique de Genet » de Philippe Sollers dans le Magazine littéraire, n°313, septembre 1993, p. 41)

 

Si les personnes homosexuelles sont tentées de soutenir le tyran et de s’y identifier, c’est bien parce qu’inconsciemment et en fantasmes, elles se reconnaissent dans les drames personnels qu’il a/aurait vécus (despotisme parental, solitude de cour d’école, non-reconnaissance des talents, profonde déception du monde, etc.). Elles savent très bien qu’avant de devenir ce qu’il est, il a été victime (à commencer de lui-même !). Malheureusement, elles gardent souvent une vision figée et révolue du dictateur quand il était encore beaucoup plus victime que bourreau, sans la connecter à ce qu’il est devenu par la suite : une version plus dommageable du bouc émissaire.

 

Généralement, le tyran incarne le mal qu’elles désirent mais qu’elles détestent assez pour ne pas l’imiter : le louvoiement avec le totalitarisme ou le terrorisme ne restera qu’un jeu ironique « second degré ». Par exemple, dans le roman À la recherche du temps perdu (1913-1927) de Marcel Proust, le baron Charlus se fait passer pour un espion allemand souhaitant passionnément la victoire de l’Allemagne, plus pour provoquer le chauvinisme ambiant que par conviction personnelle. Mais le problème, c’est que beaucoup de personnes homosexuelles ne maîtrisent pas autant leur jeu auto-parodique qu’elles le souhaiteraient, car elles ont pris le tyran en sincérité et en esthétique. C’est la raison pour laquelle elles vont parfois défendre concrètement les tyrans modernes. « Redevenir gendarme, chasser le voleur, consoler la victime. Subitement, je voudrais pratiquer l’abus de pouvoir par personne ayant autorité. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 44)

 

Le soutien mutuel entre homosexualité et dictature n’est pas toujours qu’une mise en scène sortie des cerveaux soucieux de cultiver l’amalgame entre homosexualité et monstruosité. Parfois, elle a été réalité. Comme le signale très justement Reinaldo Arenas, écrivain cubain incarcéré en tant qu’« homosexuel » dans les prisons de Fidel Castro, s’il y a bien une chose qui a développé la répression sexuelle à Cuba, ce fut précisément la libération homosexuelle : « Je crois franchement que les camps de concentration homosexuels et les policiers déguisés en jeunes hommes obséquieux pour débusquer et arrêter les homosexuels ne contribuèrent qu’à un développement de l’activité homosexuelle. » (Reinaldo Arenas, Antes Que Anochezca (1992), pp. 132-133)

 

L’amour entre le monarque et son mignon efféminé est historiquement connu (Edward II et Piers Gaveston, Louis XIII et son favori Charles Albert de Luynes, Hitler et Ernst Röhm ou bien Arno Breker, Napoléon Bonaparte et sa « Tante Urlurette » Cambacérès grâce à qui l’homosexualité ne fut jamais condamnée par le Code Civil, Pétain et sa « Guestapette » Abel Bonnar, Nelson Mandela et son chauffeur Cecil Williams, Louis II de Bavière et son mignon Ludwig, Staline et le frêle Arménien Mikoyan, etc.). Les tyrans qui ont le plus persécuté la communauté gay étaient particulièrement entourés de personnes homosexuelles. Dans le cercle politique proche de Fidel Castro, par exemple, Reinaldo Arenas atteste qu’il y a eu de nombreux hommes homosexuels (Armando Valladares, Alfredo Guevara, etc.). Rien que si nous regardons le gouvernement de Tony Blair en 1998, nous pouvions compter sur seize ministres quatre hommes homosexuels (Chris Smith, Ron Davies, Nick Brown, et Peter Mendelson), ce qui n’est pas une petite moyenne ! Beaucoup de personnes homosexuelles font partie de l’entourage proche des puissants. Fréquemment, homosexualité et Jet Set ne font qu’un. « Nous sommes un peu comme le Dom Juan de Molière : nous avons développé une morale progressiste, mais nous, nous sommes toujours du côté des maîtres. » (Patrice Chéreau cité dans l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, p. 109)

 

Beaucoup de personnes homosexuelles connaissent mieux que quiconque les mécanismes des systèmes dictatoriaux. Le seul problème, c’est qu’au lieu de les dénoncer, elles les adorent. Elles sont ces enfants des « démocraties » actuelles, qui, par manque de combats, cautionnent des systèmes répressifs qu’elles vomissent et pourtant attendent. « L’homo democraticus entretient vis-à-vis du despotisme un rapport ambigu : il l’exècre mais regrette aussi sa disparition. À la limite, il semblerait presque inconsolable de ne pas être opprimé : alors, faute d’ennemis réels, il s’en forge des imaginaires ; il se délecte à l’idée qu’il vit peut-être vraiment sous une dictature, que le fascisme va lui tomber du ciel, perspective qui le remplit de crainte autant que d’espoir. » (Pascal Bruckner, La Tentation de l’innocence (1995), p. 135) Tout ce qui fait le décorum à paillettes dissimulant l’horreur du totalitarisme les époustoufle, les captive et les désarme. Par exemple, elles soutiennent artistiquement le kitsch, l’art totalitaire par excellence. Certaines se sont concrètement agenouillées devant les beaux soldats allemands, ce paquet cadeau doré de la dictature nazie – nombreux sont les intellectuels et les artistes homosexuels à avoir rempli les rangs des collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale –, et expriment parfois leur amour-répulsion pour le régime nazi, à la fois dans l’humour camp, mais aussi très sérieusement : « Je ne peux pas m’empêcher d’avoir pour Hitler une admiration pleine d’angoisse, de peur et de stupeur » déclarera André Gide dans son journal au 20 août 1940. Par exemple, au générique de son film « Passion » (1964), Yasuzo Masumara écrit le mot passion à côté d’une énorme croix gammée rouge : difficile d’être plus clair…

 

Dès que la corrélation entre homosexualité et totalitarisme est faite, cela provoque généralement un tollé dans la communauté homosexuelle. « Problème sociologique : pourquoi tant de pédérastes chez les collaborateurs ? » s’interroge Jean Guéhenno (cf. l’article « Écrivains et collaboration » d’Emmanuel Pierrat, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 123). Certains intellectuels évacuent presque systématiquement le lien de coïncidence par le rejet pourtant justifié du lien de causalité. « Il est évident qu’il y avait des homosexuels parmi les nazis ou, inversement, des nazis parmi les homosexuels, mais cela ne signifie rien en soi. L’idée d’un lien intrinsèque entre adhésion au nazisme et orientation homosexuelle est si paradoxale… » (cf. l’article « Nazisme » de Michel Celse, op. cit., pp. 334-338) Ils s’imaginent qu’ils fuient l’extrémisme d’où ils viennent, en choisissant celui qui lui est opposé. En réalité, ils passent souvent d’un fondamentalisme à un autre, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Nous ne serons pas étonnés de lire André Gide écrire dans Morceaux choisis (1921) que « les extrêmes le touchent ».

 

Il y a quelque chose d’incompréhensible dans le soutien homosexuel au totalitarisme, une attitude de défense/déni comparable à celle du personnage de Molina dans le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) face au film nazi « Destino », ou au refus de Manuel Puig de prendre connaissance du contenu du livre de Susan Sontag sur le campC’est comme si j’en avais peur, ou peur de prendre conscience de certaines choses dont j’ai seulement l’intuition, ou peur de ne pas être d’accord et de sentir qu’elle tripote des choses que j’aime. », Manuel Puig à Emir Rodríguez Monegal, « El Folletín Rescatado, Entrevista A Manuel Puig » (1972), dans la Revista De La Universidad de México, vol. XXVII, n°2, octobre 1975, pp. 25-35) : une curieuse fascination qui refuse de se rendre intelligible. Cette attraction homosexuelle vers la dictature suit majoritairement une logique esthétique et intentionnelle plus qu’une dialectique d’amour et de Réalité. Vous connaissez sûrement la fameuse citation de Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ». Quand les personnes homosexuelles ne prennent pas conscience de la nature totalitaire et idolâtre de leur désir homosexuel, parce qu’elles confondent l’humilité avec l’humiliation, la Vérité avec la sincérité, ou bien l’autorité avec l’autoritarisme, il arrive qu’elles cherchent à imiter en actes l’image du tyran qu’en intentions elles prétendent sincèrement combattre. Ainsi, une minorité d’entre elles peut passer insensiblement de la douceur à la violence, autrement dit de « pédale douce » à « pédale dure », comme l’a filmé Gabriel Aghion.

 
 

Les Dictateurs homosexuels : César, Néron, Hitler, Mao, Fidel, Staline, Oussama, and Cie

 

Au départ, on donnerait le bon Dieu sans confession à ces crèmes d’Hommes ultra-sensibles homosexuels qu’un rien ne semble ébranler. Et voilà qu’au bout d’un moment, en vivant avec eux, nous les voyons parfois se transformer en petits despotes insupportables. Ceci est illustré dans l’iconographie homo-érotique par la présence des personnages homosexuels psychorigides, exerçant quelquefois le métier d’architecte, détestant ce qui n’est pas carré, rangé, propre ou absolument pur. Certaines personnes homosexuelles deviennent ces « dames de fer » que décrit Yongyooth Thongkonthun, qui nous font bien rire sur le moment alors qu’elles devraient plutôt nous inquiéter sur la durée. Marguerite Duras n’avait pas tort de dire qu’elle voyait « dans l’apparente douceur de l’homosexualité une provocation à la violence » (Marguerite Duras citée dans l’article « Marguerite Duras » de Louis-Georges Tin, sur le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin., p. 137). Il n’est pas anodin d’observer au théâtre qu’une des astuces pour incarner au plus près un rôle de délicieux méchant est de cultiver une préciosité masculine, donc une homosexualité. Iconographiquement, l’homme-paon caressant, le versant masculin de la femme-paon – personnage de cabaret très présent dans la fantasmagorie homosexuelle – symbolise parfois le dictateur. Sur scène et au cinéma, les artistes homosexuels interprètent souvent des rôles de dictateurs ou de méchants crapuleux. Les dictateurs à l’écran sont à maintes reprises montrés comme homosexuels.

 

Ces images rejoignent une certaine réalité fantasmée. Souvent dans l’histoire humaine, le dictateur et la personne homosexuelle ont fusionné concrètement. Par exemple, dans les années 1930, le régime nazi est touché de plein fouet par la découverte d’un foyer important de personnes homosexuelles au sein des Sections d’Assaut (Hitler en fait exécuter cent cinquante le 30 juin 1934 pendant la Nuit des Longs Couteaux) : leur représentant le plus connu est Ernst Röhm. Même si de fameux dictateurs ont persécuté les personnes homosexuelles, ils étaient contre toute attente eux-mêmes homosexuels. « En contradiction avec ses propres pratiques, Mao Zedong ordonna la persécution des homosexuels et instaura la peine de mort pour sodomie. » (Michel Larivière, Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997), p. 236) Ceux qui ont vécu les camps de concentration sont formels : beaucoup de leurs tortionnaires nazis étaient homosexuels (Aimé Spitz cité dans l’essai Les Oubliés de la mémoire (2002) de Jean Le Bitoux, p. 93). Le goût de Benito Mussolini pour l’Antiquité et sa fascination des beaux athlètes (pensez au Stadio dei Marmi qu’il a fait construire pour le dixième anniversaire de la Marche sur Rome) ou bien d’Hitler pour les beaux sportifs ne font aucun doute. « Toute la mystique hitlérienne était fondée sur l’homosexualité. » (idem, p. 194 ; voir également l’article « Hitler était-il homosexuel ? » dans la revue VSD, du 17 au 23 octobre 2002, pp. 63-65) Lothar Machtan a consacré un ouvrage entier à l’homosexualité d’Hitler dans sa biographie La Face cachée d’Adolf Hitler (2001). Cette thèse déchaîne bien évidemment les foudres de la communauté homosexuelle actuelle (cf. l’édito « Hitler et les talibans » de Thomas Doustaly, dans la revue Têtu, n°60, novembre 2001). À quoi bon montrer qu’Hitler était homosexuel ?, s’indigne-t-elle. Cela ne rajoute rien à l’horreur du personnage, et de surcroît, ne fait que charger inutilement la barque des personnes homosexuelles et convaincre l’opinion publique que l’homosexualité produit des dictatures et des monstres. On peut difficilement soutenir une telle affirmation. À mon sens, il importe peu que l’hypothèse soulevée par le livre de Lothar Machtan soit avérée ou non, puisque, même s’il est fort probable qu’Hitler a été une personne homosexuelle refoulée (quand on lit en intégralité la longue biographie en deux tomes (1999) rédigée par l’historien Ian Kershaw – un ouvrage complètement neutre sur la question de l’homosexualité du « Führer » –, il ne fait aucun doute en effet que la vie d’Hitler comporte de nombreuses coïncidences de l’homosexualité relevées dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels), il est impossible d’assurer qu’il était l’incarnation humaine de « l’homosexuel » ou de « la personne homosexuelle » étant donné que ces deux personnages sont au mieux des mythes, au pire des réalités fantasmées que personne n’arrivera jamais à devenir complètement. C’est précisément le refus de la probabilité qu’Hitler ait pu être homosexuel, non pas parce qu’il était entièrement homosexuel mais simplement du fait de son humanité, qui est inhumain et homophobe. Comme le souligne très finement Gerald Messadié dans sa préface de la biographie La Face cachée d’Adolf Hitler (2002) de Lothar Machtan, « ce menteur dissimulait non pas un vice, mais ce qu’il était contraint de tenir pour un vice : son homosexualité. D’où son inhumanité » (pp. 7-8). Messadié soutient l’idée selon laquelle le rapport idolâtre d’attraction-haine concernant le désir homosexuel, c’est cela qui est inhumain et monstrueux, et non l’homosexualité en elle-même. Reconnaître les tendances homosexuelles d’Hitler, c’est finalement rendre l’homosexualité beaucoup plus humaine et moins monstrueuse que de la nier dans l’angélisme et la diabolisation d’un être humain historiquement figé au rang de « non-personne ». L’anti-fascisme homosexuel est une autre forme de négation du désir homosexuel. Il conduit tout autant à la dérive totalitaire et homophobe que le despotisme montré en tant que tel dans les manuels d’Histoire.

 
 

Le lobby gay :

la dictature Rainbow souriante

 

Qu’en est-il aujourd’hui de la communauté homosexuelle et de cette fusion entre dictature et homosexualité ? Ne concerne-t-elle que les fascismes du passé ? Bien évidemment que non, puisque le désir homosexuel, lui, ne change pas, et est indéfectiblement attiré par le viol, la violence, et le totalitarisme.

 

Si pendant des siècles les personnes homosexuelles rasaient les murs ou bien habitaient secrètement les palaces, maintenant, elles s’exposent de plus en plus au grand public, et se s’organisent sous forme d’un lobby conquérant, motivé, fier de ce qu’il est, soucieux de tourner la page à un passé diabolisé. Ce n’est qu’après avoir posé les bases d’une dictature communautaire minoritaire que le ghetto gay cherche à s’étendre mondialement, d’une part pour extérioriser ses embarrassants problèmes internes, et d’autre part pour assurer sa survie. Certaines personnes homosexuelles tentent de créer une nouvelle dictature, d’autant plus invisible et violente qu’elle s’affiche comme une anti-dictature.

 

La minorité « culturelle » homosexuelle actuelle offre une version peu ou prou similaire des anciens totalitarismes du début du XXe siècle. L’Histoire humaine nous montre que de tout temps il n’y a pas eu une seule dictature qui ne se soit pas revendiquée de la démocratie, du progrès, de la justice, de la liberté, et de l’amour, pour asseoir son redoutable humanisme. Les fascismes traditionnels des années 1920-1940 se caractérisaient idéologiquement par le paternalisme, le nationalisme, la négation du pluralisme social, le militarisme, le culte de l’unité et de l’autorité, l’interventionnisme dans la vie privée des individus, le conservatisme religieux, une politique économique d’inspiration corporatiste, etc. Mais chez les terrorismes contemporains (dont la communauté homosexuelle fait souvent partie), nous identifions exactement l’arsenal des anciens fascismes, cette fois remplacé par sa caricature inversée : le matriarcat, la toute-puissance de ceux qui s’étiquettent victimes, le culte du divertissement et de la jouissance orgasmique, l’individualisme infantilisant, l’égalitarisme uniformisant, la « contre-culture » (Michel Foucault, Dits et écrits I (2001), p. 1250) assénant comme poncifs le relativisme culturel et l’acceptation des différences (celles-ci seront généralement niées), le néo-paganisme, l’internationalisation anti-patriotique, la célébration d’un Homme nouveau (« l’homosexuel » dans le cas de la communauté homosexuelle) reposant sur la diabolisation d’un autre Homme nouveau présenté comme préhistorique (« l’hétérosexuel » ou « l’homophobe »), le remplacement des traditions par des mythologies historicistes archaïsantes, l’apolitisme encourageant le développement des extrêmes et « la tyrannie d’une majorité de minorités » (Michel Schneider, Big Mother, Psychopathologie de la vie politique (2002), p. 290), l’anti-totalitarisme moralisant (celui-ci est « le fondement de la censure d’aujourd’hui », comme l’a souligné avec pertinence Élisabeth Lévy dans son essai Les Maîtres Censeurs (2002), p. 19), le rejet systématique du personnalisme politique et du capitalisme libéral pour prescrire un capitalisme permissif et hédoniste fondé sur la libre concurrence et la compétition à outrance (avec à la tête de ce nouveau système « anti-hiérarchique » un roi/reine bourgeois invisible – l’androgyne – que les masses cherchent à imiter collectivement et à détruire symboliquement pour le rendre réel).

 

Afin de s’imposer, les fondamentalismes actuels font de principes humanistes tout à fait défendables quand ils sont vraiment mis en application (le respect des autres, l’acceptation des différences, la défense des victimes, le partage, la tolérance, le partage égalitaire, etc.) des mots d’ordre qui dictent le Bien et le mal, et qui permettent à ceux qui s’annoncent sous des hospices apparemment démocratiques de se ranger dans le camp qu’ils auront imposé comme « bon » pour se venger d’ennemis imaginaires diabolisés, et se transformer en petits despotes. Par exemple, à force de vouloir à tout prix, pour reprendre les termes de Bertrand Delanoë, « marteler que la diversité est une source inépuisable d’enrichissement collectif » (cf. la préface du Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2002) de Didier Éribon, p. 7), la communauté homosexuelle en oublie parfois que seuls le respect et la douceur et peuvent laisser aux différences reconnues leur espace d’expression et d’existence. L’accueil des différences, la promotion de la diversité : très bien. Mais à une condition : que soient respectées ces deux notions fondamentales de la Réalité qui lui sont concomitantes : l’unité et l’identité. Sinon, la défense totalitaire des différences nous entraîne vers l’uniformité, paradoxalement au nom de la lutte contre l’uniformel par la vénération poétique de différences abstraites. Nous ne reconnaissons rien et n’unissons rien si nous ne dissocions pas. Par l’emploi du terme flou d’« égalité » (mot absolutisé par les militants homosexuels qui nous parlent souvent d’« égalité totale », « absolue », « pleine »), on remarque une confusion récurrente et dangereuses entre la notion d’« égalité de droits » (légitime à demander, comme nous l’apprennent les Droits de l’Homme) et celle d’« égalité des identités » (illégitime puisque nous sommes chacun et chacune uniques, différents, et n’avons pas les mêmes besoins). C’est ce qui explique que Xavier Lacroix définisse à juste raison l’argument de l’égalité, devenu la marotte du militantisme homosexuel actuel, comme un « rouleau compresseur », un disque uniformisant et diabolisant la légitime hiérarchisation induite par nos préférences et nos distinctes réalités/besoins.

 

Il est clair que depuis un certain temps, les membres de la communauté homosexuelle n’arrivent pas la fleur au fusil, même si en apparence, ils annoncent les couleurs. Dans l’emblème choisi par les personnes homosexuelles pour les représenter – le fameux Rainbow Flag (le drapeau arc-en-ciel) –, nous retrouvons l’idée de fascisme, avec la décomposition colorée du spectre de la lumière blanche (rappelons que le mot fascisme provient du romain fascio qui signifie « faisceau »). Plus ça va, et plus nous percevons au loin des bruits des bottes et les roulements de tambour de leurs petits soldats de bois : les armées cinématographiques ou musicales « gay » se multiplient dans les fictions homo-érotiques. Leurs chants deviennent de plus en plus belliqueux (« Allons, allons, gays enfants de la patrie, le jour de gloire est bientôt arrivé… », cf. le slogan inscrit sur la pochette de la série de courts-métrages « Courts mais gays » tome 8, 2004) et leurs discours se radicalisent. « Uraniens de tous les pays, unissez-vous ! » (cf. le documentaire-fiction « Race d’Ep » (1978) de Lionel Soukaz et Guy Hocquenghem) Nous les entendons nous prévenir qu’« il faut se méfier des minorités silencieuses » comme la leur (Karin Bernfeld, Apologie de la passivité (1999), p. 30). Même si les militants homosexuels assurent dans un premier temps que leur démarche se situe bien « loin d’une quelconque volonté subversive et révolutionnaire » (cf. l’article « San Francisco » de Cyril Royer, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2002) de Didier Éribon, p. 418), à d’autres moments, ils parlent le plus sérieusement du monde de l’extraordinaire horizon civilisationnel dont ils seraient les dignes représentants : « On voit les immenses possibilités qui s’offrent à nous et nous emportent bien loin des recherches menées en biologie sur le clonage et autres technologies de la reproduction. Nous sommes à un tournant de l’histoire. Depuis la découverte de la pilule et la maîtrise de la fécondité par les femmes elles-mêmes, plusieurs choix s’offrent à nous. Le développement des techniques reproductrices, et leurs insolubles conflits éthiques (comment refuser le ‘progrès’ ?), mais aussi la possibilité de donner d’autres buts à la sexualité que la reproduction. Aujourd’hui, ce n’est plus la survie des sociétés qui est en jeu, mais celle de la planète. Il va falloir réorienter la libido autrement, vers un nouveau rapport à la nature, aux animaux, à l’environnement. Après le matriarcat il y eut le patriarcat. Et après le patriarcat, qu’est-ce qu’il y aura ? Une nouvelle civilisation que nous pouvons déjà pressentir à travers les motivations de nos désirs profonds. » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (2004), p. 129) Dans leur discours, ils passent en deux temps trois mouvements de la victimisation à la menace expansionniste mégalomaniaque, comme l’illustrent ces propos d’un étudiant français de Sciences Po : « C’est bien de dire ‘Oui, il y en a partout’. Maintenant, on va vous montrer qu’en effet y’en a partout. Et que ces homos parfois qui vous font tant peur, ils arrivent sur le marché du travail et pas n’importe lequel. Et que c’qu’on nous a pas donné, on va peut-être le prendre. Donc s’il s’agit d’avoir un p’tit peu peur pour certains, pourquoi pas ? En tout cas, on arrive, ouais. » (Alex, un témoin homosexuel, dans l’émission Zone interdite, sur la chaîne française M6, en mai 2000) Même si c’est d’abord par l’image que se manifeste le terrorisme, l’objectif de certains est de créer une force politique intimidante dont les personnes transsexuelles seraient les « redoutables » porte-drapeaux : « Ce qu’il faut maintenant, c’est réussir à effrayer à nouveau les gens. Ils se sont habitués aux drags. C’est la seule chose qui m’inquiète. Il faut trouver de nouveaux trucs. » (John Waters dans le documentaire « God Save The Queens », à la Nuit gay de Canal +, le 23 juin 1995)

 

Conjointement à la demande d’indifférence mutuelle et à la consolidation souterraine, viennent l’exigence de l’ouverture internationale de la communauté homosexuelle et une évangélisation musclée. Les réunions associatives de ses adhérents s’achèvent souvent par des conclusions dignes des grands meeting politiques du Parti Communiste : « Courage mes frères ! La lutte continue ! » (cf. le slogan venant clore le débat sur l’homoparentalité organisé au barLe Cargo d’Angers en 2002) Le lexique du combat y est omniprésent. Des mots d’ordre concis font figure de programme politique. Par exemple, dans le premier numéro de la revue Têtu (juillet 1995), la consigne de l’édito est plus que claire : « Soyez têtus ! » L’appel à l’action s’accompagne de l’idée de dette patriotique : « Maintenant que nous avons fait notre travail et lancé Têtu, à vous de confirmer que la communauté gay et lesbienne existe. » L’identité homosexuelle regarderait tout le monde. Mieux : elle serait tout le monde ! La communauté homosexuelle prend appui sur la fameuse légende qui stipule qu’il y aurait forcément dans tout groupement humain au moins 10% de personnes homosexuelles, pour justifier son prosélytisme mondial. « Il ne faut pas libérer l’homosexuel ; il faut libérer l’homosexuel qu’il y a en chacun ! » (cf. le slogan du groupe Eros en Argentine, dans les années 1970) Elle insiste sur l’urgence de l’action, par exemple dans les milieux scolaires, en se rendant déjà coupable de non-assistance à personnes en danger si elle ne fait pas ce que lui ordonnent ses larmes intérieures. « Ne pas aider les jeunes gays et lesbiennes à accepter leur homosexualité, c’est les livrer à l’homophobie de leurs copains, à l’angoisse d’être différents, voire à la tentation du suicide… C’est surtout manquer gravement à l’éducation affective et sexuelle des adultes de demain. Il y a urgence : les récents actes homophobes nous le rappellent. » (cf. l’article « L’Homosexualité à l’école : Faut-il en parler ? », dans la revue DJ Actu, avril 2004, n°109, p. 3) Il est déjà trop tard pour agir (il aurait fallu prendre « les homos » au berceau…), donc à présent, il s’agit de limiter la casse… et de faire vite ! « Action = Vie » comme dirait Act-Up. Certains militants gay font de leur cas une généralité, de l’exception un exemple, une priorité politique nationale, mais paradoxalement dans une perspective non-universelle, individualiste. C’est là toute la contradiction/l’hypocrisie de leur combat. Le fait de se persuader d’être homos les pousse à en voir partout, ce qui explique qu’ils ne peuvent que penser leur combat pour l’acceptation de l’homosexualité comme juste et majoritaire, même si intellectuellement, ils restent attachés à l’idée de minorité vivant en autarcie en dessous et surtout au-dessus des autres.

 

À l’extérieur, ils mènent donc une politique expansionniste à travers diverses actions militantes. Rien qu’en France, ils investissent tous les terrains sociaux imaginables : scolaire, associatif, sexuel, économique, religieux, ethnique, professionnel, universitaire, etc. Il faut le reconnaître : la communauté homosexuelle est une franc-maçonnerie comme une autre, avec ses ramifications. Elle possède ses propres librairies, entreprises, musées, villes, quartiers, rassemblements, Jeux Olympiques, etc. Que ce phénomène de lobbying à l’américaine s’explique par une oppression sociale ou un instinct de survie ne change rien à cet état de fait : le sentiment d’exclusion conduit n’importe quel groupe à des unions créant des réseaux de pouvoir. À tous les « paranos » qui les soupçonnent de fomenter un coup d’État mondial, certaines personnes homosexuelles répondent en pouffant nerveusement de rire que le « lobby gay » n’existe pas. Mais, comme au bout d’un certain moment, elles ne peuvent pas nier qu’il y a bien une activité associative homosexuelle relativement importante, elles finissent parfois par avouer à demi-mots que le lobby homosexuel existe très certainement, mais tout de suite après, elles embrayent sur la justification de sa présence par de jolis principes démocratiques et la victimisation, en soutenant qu’il ne dépassera jamais en importance et en cruauté le « lobby non-homosexuel » et qu’il procède d’un processus logique de résistance. « Évidemment, il existe un lobby gay, comme il existe un lobby franc-maçon ! Il est normal qu’une minorité qui a été opprimée s’entraide et se serre les coudes ! » (Pierre Bergé dans l’article « Y a-t-il une culture gay ? », sur la revue TÉLÉRAMA, n°2893, le 22 juin 2005, p. 18) La maxime tacite pour justifier l’établissement d’une force politique gay est donc que la fin (= rendre justice aux victimes que seraient les personnes homosexuelles) justifie les moyens. À partir de là, les membres actifs des commandos homosexuels ne considèrent pas les méthodes expéditives qu’ils mettent en place (zap, dying, interruption de messes, opérations « coup de poing » dans les lieux publics, entartages, outing, Marche des Fiertés, interventions en milieu scolaire, etc.) comme des atteintes à la liberté d’autrui puisqu’elles seraient nées des intentions les plus pures.

 

Face à ses ennemis, la communauté homosexuelle sait parfois se montrer plus subtile et souriante pour s’imposer. Elle pratique une forme démocratique du totalitarisme : la simulation émotionnelle du sacrifice solidaire. Toute bonne croisade se justifie par le prétexte de la libération des victimes, mais aussi des bourreaux, « dominés eux-mêmes par leur domination » (cf. l’article « Hétérosexisme » de Louis-Georges Tin, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003), p. 210). Même si certaines personnes homosexuelles pensent qu’elles détestent « les hétéros », elles ont quand même la prétention d’être plus charitables qu’eux : elles ne désirent pas les écraser complètement comme eux les ont/auraient jadis soi-disant écrasées, histoire de bien leur montrer que rien n’égalera leur inhumanité. En fin de compte, leur élan vers les personnes dites « hétérosexuelles » n’équivaut pas à un geste de pardon, mais plutôt à un accueil condescendant. Elles les utilisent souvent à des fins pédagogiques et publicitaires. Par exemple, elles aiment montrer des modèles de personnes « homophobes » repentantes faisant leur mea culpa larmoyant devant les caméras en se frappant la poitrine pour toutes les injustices qu’elles leur ont/auraient infligées. Dans certains films, nous assistons à de véritables mises en scène de l’apprentissage : ce sont les personnages homosexuels, en bons maîtres, qui donnent une leçon d’humanité au pseudo « hétérosexuel » aveugle qui recouvre miraculeusement la vue : nous en trouvons une belle illustration avec la scène d’écoute de Maria Callas dans le film « Philadelphia » (1993) de Jonathan Demme. Les militants homosexuels, loin de dénigrer leurs opposants réactionnaires, s’émeuvent à les utiliser pour la propagande, à les convertir. Par exemple, l’article de Libération composé des lettres d’insultes envoyées à Noël Mamère après le mariage de Bègles (cf. l’article « Homophobes en toutes lettres » de Blandine Grosjean, dans le journal Libération, le 22 juin 2004) finit par la remarque attendrissante et insipide d’une mamie de 83 ans (« La démocratie, c’est de ne pas condamner et ne pas s’occuper de la vie privée des gens quand ils ne font de mal à personne. ») … comme pour prouver aux « vieux cons hétérosexuels » qui la lisent qu’il existe parfois des exceptions de « vieux cons » dont ils peuvent exceptionnellement faire partie (s’ils restent sages et obéissants, bien sûr !).

 

Certes, parler de dictature en ce qui concerne la communauté homosexuelle peut paraître excessif, voire paranoïaque, quand dans la réalité, les personnes homosexuelles sont loin de faire numériquement l’unanimité dans les sociétés où elles vivent. Mais ne nous y trompons pas. Un désir totalitaire de domination peut exister à l’état de fantasme, avec ou sans réalisme, et donc tout à fait émaner d’une minorité, surtout celle qui a actuellement une influence non négligeable dans le monde des symboles sociaux, et donc des désirs collectifs à échelle nationale et internationale. À mon avis, il convient d’ouvrir l’œil sans catastrophisme, de surveiller que la minorité culturelle homosexuelle reste dans des sentiers démocratiques, et de ne pas baisser nos exigences concernant les personnes homosexuelles, non pas parce qu’elles seraient potentiellement dangereuses en elles-mêmes, mais parce qu’elles méritent ces exigences du fait de notre commune humanité, et de leur liberté.

 
 

Faut-il avoir peur du Gay Power ?

 

Tout au long de mes écrits sur les liens non-causaux entre désir homosexuel et viol, j’ai essayé de montrer en quoi beaucoup de personnes homosexuelles, en cherchant à tout prix à être innocentées d’un crime qu’elles ont/auraient subi, sont devenues parfois bourreaux des autres et surtout d’elles-mêmes. Comme l’affirme à juste raison Frédéric Martel dans son essai Le Rose et le Noir (1996), « la dictature de la majorité n’est pas plus enviable que la dictature des minorités. » (p. 713) En apparence, elles ne sont donc pas du tout à plaindre par rapport à des Hommes plus désemparés qu’elles, matériellement du moins. Cependant, je crois qu’elles font partie d’une nouvelle catégorie de personnes violées, non moins importante que les vrais miséreux ou les laissés-pour-compte audiovisuels, puisqu’elle se compose de victimes qui ignorent qu’elles le sont à force d’espérer se substituer aux autres. Elles sont pauvres de la « pauvreté d’Occident » dont parle Mère Teresa, celle qui se subit en se choisissant, et qui concerne le manque de désir du Désir. Elles ont apparemment tout pour elles, mais il leur manque l’essentiel : le manque et l’acceptation de celui-ci. C’est pourquoi elles sont définies à juste titre par Gian-Luigi Simonetti comme des « martyres à la fois symboliques et réels » (cf. l’article « Pier Paolo Pasolini » de Gian-Luigi Simonetti, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 307). Elles ne maîtrisent pas leur identification à la victime et au bourreau cinématographiques, et actualisent parfois imparfaitement sur elles-mêmes ces deux personnages, de manière souvent inconsciente et violente. Leur entreprise de destruction est dirigée essentiellement vers elles-mêmes. Voilà le drame. « Cet isolement, c’est une sauvagerie, rien d’autre. Oui, une barbarie. Mais inoffensive. À la fin, ça ne détruira que moi. Ce qui m’attend, c’est de me consumer, de m’annuler. » (Leo, l’un des personnages homos du roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, p. 66) Si elles ont vengé leur sexe en ordonnant l’assassinat – symbolique et parfois réel – de l’homme (dans le cas des femmes lesbiennes), ou de la femme (pour les hommes gays), le prix de la rébellion sociale par la transgression sexuelle qu’elles ont malgré tout désirée est souvent l’isolement. C’est une réalité déplaisante à voir : beaucoup de personnes homosexuelles relativement âgées se retrouvent finalement toutes seules, sans enfants, sans compagnon de vie, parfois après des années de bons et loyaux services pour la cause gay. Elles préfèrent ne pas se retourner sur leur passé par peur d’éprouver le vertige existentiel qui les a menacées depuis les premiers jours de la découverte de leur liberté. À travers leurs mots, elles expriment souvent un cri semblable à la plainte de Molina dans le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) de Manuel Puig, celle de l’enfant qui en elles ne demande qu’à naître : « Et ma vie, quand est-ce qu’elle commencera ? Quand est-ce que ce sera mon tour d’avoir quelque chose à moi ? » (p. 239)

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

a) Le père militaire :

 

PSYCHORIGIDES douche

 

Avant de se durcir et de choisir la voie du despotisme, le héros homosexuel montre des antécédents familiaux qui semblent l’avoir prédestiné. Il est en effet fréquent de voir que son père ou/et sa mère se sont comportés en tyrans, ou bien ont exercé le métier de militaire. On trouve la figure du père tyrannique dans le roman Adrienne Mesurat (1927) de Julien Green, le film « Le Cercle des poètes disparus » (1989) de Peter Weir, le roman Dream Boy (1995) de Jim Grimsley, le film « Postcards From America » (1994) de Steve McLean, le film « Dorian Blues » (2005) de Tennyson Bardwell, le film « Une Famille allemande » (2004) d’Oskar Roehler, le film « Footing » (2012) de Damien Gault (le père de Marco est un gendarme à la retraite), la pièce The Importance To Being Earnest (L’importance d’être Constant, 1895) d’Oscar Wilde (avec le père de Jack qui est lieutenant-colonel), etc. « Comme mon père, j’ai horreur d’avoir tort. Mais comme cela n’arrive jamais, je suis finalement très sociable. » (Jarry dans son one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « C’était un militaire, un homme dur. » (Joe en parlant de son père, dans la comédie musicale Angels In America (2008) de Tony Kushner) ; « Mon père voulait que je devienne militaire de carrière. » (Damien, le travesti M to F, dans la pièce Brigitte, directeur d’agence (2013) de Virginie Lemoine) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Saisir sa chance » (2006) de Russell P. Marleau, le père de Chance est militaire : ses enfants l’appellent même « chef ». Dans le film « Le Jupon rouge » (1986) de Geneviève Lefebvre, Manuela est traitée de « fille de fasciste ». Dans la pièce très autobiographique Mi Vida Después (2011) de Lola Arias, le père de l’héroïne lesbienne, Vanina, est policier militaire, et a participé au régime de la junte militaire de 1976-1983 en Argentine. Dans le film « Catilina ou le venin de l’amour » (2012) d’Orest Romero, Catalina, fils d’un ancien militaire propriétaire d’un supermarché, décide de se faire passer pour son père pour conquérir Marcus, un jeune garçon qui vient d’être embauché. Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Lefteris Christopoulos, le père de Dany (le héros homosexuel) et de son frère Ody serait un homme politique d’extrême droite. Dans la pièce Un Tango en bord de mer (2014) de Philippe Besson, le beau Vincent raconte que la première fois qu’il a couché homosexuellement, c’était dans un coin reculé d’une plage, à l’âge de 15 ans, avec un homme de 20 ans, Sébastien, qui s’est fait sauter la cervelle un an après avec l’arme de service de son père qui était gendarme. Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le Père 2 (homosexuel) de Gatal (homo lui aussi) écoute de la musique militaire (fanfares) bien fort dans l’appartement… et ordonne à son fils de devenir dur comme lui : « Tu vas me faire le plaisir de t’endurcir, mon fils ! » Dans le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel, Stéphane, le père de Nathan, est un CRS. Dans la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn, Monsieur Groff, le proviseur du lycée de Moordale, est le père d’Adam, l’un des héros homosexuel : il est très froid avec son fils, ne lui témoigne aucune affection, et lui rappelle sans cesse l’ordre : « Tu connais les règles. » (c.f. épisode 1 de la saison 1).

 
 

b) Le comportement de vieux gars tyrannique et inflexible :

Film "The Colonel's Outing" de Jacqui Stanford

Film « The Colonel’s Outing » de Jacqui Stanford


 

Le manque d’amour et de tendresse parentale peut avoir des retombées sur le caractère du héros homosexuel, qui pour le coup devient un « vieux garçon » irascible, qui ne supporte pas de se plier à d’autres désirs que les siens : cf. le film « Oublier Chéyenne » (2004) de Valérie Minetto (avec le personnage de Chéyenne), le film « Une Affaire de goût » (1999) de Bernard Rapp (avec le personnage de Frédéric), le film « Rien sur Robert » (1998) de Pascal Bonitzer (avec Michel Piccoli en écrivain misanthrope et caractériel), le film « Personne n’est parfait(e) » (1999) de Joel Schumacher (avec le personnage de Walt Koontz), le film « Jan-Ken-Senso » (1971) de Shuji Terayama, le film « Menmaniacs » (1995) de Jochen Hick, le film « Crush, le Club des Frustrées » (2001) de John McKay, le film « Au secours, j’ai 30 ans ! » (2004) de Marie-Anne Chazel (avec l’homo vieux gars), le film « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ! » (1982) de Coline Serreau, le film « Swimming Pool » (2002) de François Ozon (avec la rigide romancière Sarah Morton), le film « Dirty Talk » (2012) de Jeff Sumner (avec Nathan, le prof d’anglais secrètement homo et plutôt conservateur), la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco (avec Édouard, le héros gay, homme politique de droite, refoulant son homosexualité et montré comme guindé), le film « Indian Palace » (2011) de John Madden (avec Graham, le magistrat rigide et homosexuel), etc.

 

Lui ou bien son entourage le décrit comme un garçon manquant de souplesse, transi de peurs et de complexes : « Ça fait des années qu’on parle : il est psychorigide. » (Manu par rapport à Philippe, dans le film « Comme les autres » (2008) de Vincent Garenq) ; « J’suis insomniaque, psychorigide, maniaque. » (l’un des personnages homosexuels de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Ta belle-fille est d’extrême droite ? Sois pédé ! » (cf. un couplet de la chanson « Sois pédé » de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Pierre est un vieux garçon, homosexuel. » (Lili dans la pièce Le Clan des joyeux désespérés (2011) de Karine de Mo) ; « Nous, les fiottes, aussi aigres que des griottes, aussi raides que des balais de chiottes… » (les quatre personnages homosexuels de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Elle [Gabrielle] sait que de tout temps, on l’a considérée comme une femme dure, autoritaire, inflexible et, bien que parfois il lui soit arrivé d’en souffrir, elle en retire aujourd’hui le délicieux bénéfice d’avoir su protéger ses sentiments. » (Élisabeth Brami, Je vous écris comme je vous aime (2006), p. 14) ; « D’ailleurs, je suis facho. » (Suzanne, l’héroïne lesbienne du roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 345) ; « J’ai des acouphènes en avion. » (Jean-Paul, le pédé bourgeois du film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian Clavier) ; « La musique ethnique… une de tes spécialités… comme la musique militaire. » (Michael parlant à son pote Emory, homo comme lui, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « J’ai jamais vu un mec qui avait l’air aussi propre sur lui et qui était autant bordélique. » (Polly parlant de son meilleur ami gay Simon, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 13) ; « Claude ne sait exister que dans la colère. » (Mike par rapport à Claude, son amie lesbienne, op. cit., p. 107) ; « Tu es absolument paranoïaque. » (Michael, le héros homosexuel s’adressant à son coloc gay Harold, un vieux gars précieux, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « Efficacité allemande typique » (Jane se moquant de la maniaquerie de Petra son amante, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 91) ; etc.

 

Par exemple, dans la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez, Norbert, le compagnon de Victor, est un vieux gars, ultra-organisé, ingénieur en poêles à frire, coincé, ordonné, ne voulant jamais sortir, regardant Thalassa chaque vendredi soir. Dans le film « Como Esquecer ? » (« Comment t’oublier ? », 2010) de Malu de Martino, Julia, l’héroïne lesbienne, décrit son meilleur ami homo Hugo, comme « un tyran » ; elle-même apparaît aux yeux de ses proches comme une femme inflexible, « tendue », intello. Dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, on dit de Jason, l’un des deux héros homosexuels, qu’il est un « petit tyran » (p. 461) : « Dans son obsession du contrôle il avait besoin de prévoir l’imprévisible jusque dans ses moindres détails. » (p. 377) D’ailleurs, Colette, l’héroïne qui lui fait office de grand-mère, l’encourage à être plus flexible, car visiblement, il a du mal à (se) faire confiance : « De la superficialité, bon sang de bonsoir ! De la souplesse ! » (p. 462) Dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, tous les personnages sont intraitables, orgueilleux (par force ou par faiblesse) : en particulier le personnage de Vincent Garbo, l’arrogance incarnée du séducteur froid (« Vincent Garbo se réserve jusqu’au bout le droit d’écarter les gêneurs. », p. 18), ainsi le personnage d’Emmanuel Montier, vieux gars qui n’a toujours pas « baisé à trente-trois ans » (p. 151), qui a « la manie du rangement des désordonnés profonds » (p. 152). Dans la pièce Carla Forever (2012) de Samira Afaifal et Yannick Schiavone, Christophe, le « copain d’un soir » du héros homo, a voté Le Pen en 2002. Dans le film « Minuit à Paris » (2011) de Woody Allen, les artistes lesbiennes Gertrude Stein, Djuna Barnes…) sont présentées comme des femmes à poigne, capables d’être désagréables. Dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, Georges est officier ministériel, notaire, obéissant aux règles et aux protocoles. Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, Stella est taxée de « gouine coincée » par Thor. Dans le film « Imitation Game » (2014) de Mortem Tyldum, le mathématicien homosexuel Alan Turing est un homme inhumain, autoritaire, asocial, se mettant tout le monde à dos : « Plus insupportable que ce type, ça n’existe pas. » (le flic s’adressant à l’inspecteur de police à propos de Turing) Dans la pièce Les Faux British (2015) d’Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields, Thomas, le héros homosexuel, est décrit comme invivable : « Quel insupportable bonhomme ! » s’exclame Helmer.

 

Dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder, les deux membres du couple homo, Franz et Léopold, se transforment l’un au contact de l’autre en despotes car ils n’osent pas s’avouer qu’ils n’ont rien à faire ensemble et qu’ils s’insatisfont : Franz a des troubles obsessionnels de femme au foyer (« Il y a encore quelque chose qui ne va pas !! » « Dois-je faire encore quelque chose ??? »), il tourne en rond dans l’appart, et ne sait pas comment contenter son amant Léopold ; quant à ce dernier, il manipule complètement son cercle libertin – composé d’Ana, de Véra et de Franz – et ne fait pas secret de sa rigidité : « Je suis toujours aussi épouvantablement nerveux. »

 

Dans le film « Noureev, le Corbeau blanc » (2019) de Ralph Fiennes, le danseur et chorégraphe homo Rudolf Noureev est montré comme un génie parce qu’inflexible, intraitable et maniaque. C’est un peu hallucinant. Par exemple, il fait une scène dans un restaurant de luxe spécialisé dans la gastronomie russe, parce qu’il refuse de manger de la viande avec de la sauce au poivre… : « Je déteste la sauce !!! ». Il pique une crise pour que son amie Clara Saint se plaigne auprès du restaurateur à sa place.
 
 

c) Esprit de conquête et orgueil :

Film "Avant la nuit" de Julian Schnabel

Film « Avant la nuit » de Julian Schnabel


 

Le mal-être existentiel du héros homosexuel peut prendre chez lui la forme de l’orgueil offensif : « J’étais Marlon Brando. Un vieil homme qui avait de la classe et de la cruauté. Un vieil homme irrésistible, généreux, impitoyable, sanguinaire. » (Omar après avoir tué son amant Khalid, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 168) ; « Ce costume n’a pas assez d’ampleur. Je voudrais une traîne de 2 mètres. Et une capeline avec une violette qui me couvre jusqu’aux chevilles. Je parlerai à l’intérieur dans un micro. Je serai trop intimidée. » (la Comédienne dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « Quand je prends une décision, je suis pire que Napoléon. » (cf. la chanson « No Hay Marcha En Nueva York » du groupe Mecano) ; « J’aime soumettre. J’aime imposer. » (Simone dans la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer) ; « Je n’admets pas qu’on menace mes résolutions. » (cf. la chanson « Sans contrefaçon » de Mylène Farmer) ; « J’aime pas quand on m’impose un truc. » (Pierre, le héros homosexuel de la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade) ; « Je suis un homme hyper nerveux. » (la figure d’Anton Tchekhov, dans la pièce Anton, es-tu là ? (2012) de Jérôme Thibault) ; « Tu n’as pas le goût du pouvoir ? » (Horacio s’adressant à Silvano qui ne se laisse pas draguer par lui, dans la pièce La Vie est un tango (1979) de Copi) ; « Cocteau est décidément une brute, un saligaud ! » (Érik Satie dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou) ; « C’est Claude que je trouve minable. Elle ne sait exister que dans la colère. » (Mike, le narrateur homosexuel parlant de son amie lesbienne, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 107) ; etc.

 

Le héros homosexuel a tendance à tenir le discours de la conquête (en général la conquête par la voie de la séduction). C’est le cas par exemple dans la pièce Dialogue aux enfers (1864) de Maurice Joly, avec l’ambigu et diabolique Machiavel cherchant à convaincre Rousseau. C’est parfois le feu dévorant de son amour passionnel et possessif qui pousse le protagoniste à se braquer : cf. le film « Charlotte dite ‘Charlie’ » (2003) de Caroline Huppert (avec l’envahissante et rigide Charlotte), le film « Je te mangerais » (2007) de Sophie Laloy (avec Julie en proie aux griffes d’Emma, son oppressante colocataire), le film « Intrusion » (2007) d’Artemio Benki, le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki (avec Stella et la vénéneuse Lorelei), etc. Dans le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant » (« Les Larmes amères de Petra von Kant », 1971) de Rainer Werner Fassbinder, plus Petra prétend aimer Karin, plus elle entre dans la spirale du despotisme. Dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, le pasteur Ralph, marié avec enfants, fait des prêches d’autant plus virulentes qu’il masque sa pratique homosexuelle privée. Dans le film « Avant la nuit » (2000) de Julian Schnabel, Johnny Depp joue deux rôles différents, celui de Bonbon le travesti M to F puis celui du lieutenant inflexible et homophobe. Dans la série House of Cards, Kevin Spacey, homosexuel, joue le président des États-Unis.

 

Photo Le Festin des Barbares de Rancinan

Photo Le Festin des Barbares de Rancinan

 

En amour comme en société, le protagoniste homosexuel prétend avoir tous les pouvoirs : « C’est bien le curieux de la nature humaine qui porte souvent plus d’intérêt à la conquête qu’à ce qui pourtant déjà existe, si beau, dans sa maison. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 70) ; « Malgré les bonheurs que Marie me donnait tous les jours, ce bel amour simple ne me suffisait déjà plus. Cette inclination que j’ai pour la conquête est sans doute le pire. Je me sens toujours amoureuse du plus difficile, de l’impossible même, et donc condamnée à n’être jamais comblée. » (idem, p. 204-205)

 

Par exemple, dans le roman Le Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, Suzanne, l’héroïne lesbienne, évoque « sa tendance à tout régenter » : « La seule différence entre maintenant et ma lointaine enfance, c’est que je domine plus subtilement. J’ai acquis du savoir-faire. » (p. 25)

 

Certains personnages homosexuels sont attirés par le terrorisme : cf. le film « Hantise » (1998) de Jan De Bont, film « Tu marcheras sur l’eau » (2005) d’Eytan Fox (avec les attentats contre les néo-Nazis), le film « Matador » (1985) de Pedro Almodóvar, le film « Tesis » (1996) d’Alejandro Amenábar, le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde (Dorian Gray, par sa beauté, inspire la « terreur » à Lord Henry), le one-woman-show Femmes de pouvoirs, pouvoirs de femmes (2013) d’Océane Rose-Marie, etc. « Je voulais une panique. Je voulais que ça flambe et que les gens aient vraiment peur. » (Julien Brévaille, le personnage homosexuel incendiaire du roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, p. 136)

 
 

d) L’architecte :

Le personnage homosexuel est tellement soucieux de tout contrôler dans sa vie et ses amours qu’il exerce souvent le métier d’architecte : cf. le film « It’s My Party » (1996) de Randal Kleiser, le film « Le Tuteur » (1996) de Fabien Onteniente, le film « Un de trop » (2000) de Damon Santostefano, le film « Cat People » (« La Féline », 1942) de Jacques Tourneur, le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) de Manuel Puig, le film « Le Vent de la nuit » (1998) de Philippe Garrel, la pièce Le Roi Lune (2007) de Thierry Debroux, le film « Hammam » (1996) de Ferzan Ozpetek (avec le film Francesco), le film « Poséidon » (2005) de Wolfang Petersen, le film « Un Couple presque parfait » (2000) de John Schlesinger, le film « La Souris » (1997) de Gore Verbinski, le film « Clara Es El Precio » (1975) de Vicente Aranda (avec Juan, l’architecte homosexuel), le film « You Belong To Me » (2009) de Sam Zalutsky, le film « Les Biches » (1967) de Claude Chabrol (où le jeune architecte Paul est au centre de l’amour lesbien entre Why et Frédérique), le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford (Jim, le copain de George, était architecte), la pièce Cosmopolitain (2009) de Philippe Nicolitch (avec le personnage de Jean-Luc), la pièce Perthus (2009) de Jean-Marie Besset, le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta (où Luther, l’un des héros homos, est architecte), le film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian Clavier (avec Kim, l’héroïne lesbienne, qui est présentatrice télé et anime une émission d’architecture Des Maisons et des Hommes), le film « Frauensee » (« À fleur d’eau », 2012) de Zoltan Paul (avec Kirsten, la maîtresse de Rosa, qui est une architecte de renom), le téléfilm « Ich Will Dich » (« Deux femmes amoureuses », 2014) de Rainer Kaufmann (avec Marie, l’héroïne lesbienne architecte), l’épisode 91 « Retour vers le futur : 1998-2018 » de Joséphine ange gardien (avec Ismaël, l’ange gardien gay), etc. « Si un architecte a bâti une maison et qu’elle s’écroule, entraînant la mort de celui qui l’habite, l’architecte sera mis à mort. » (Laura à son amante Sylvia, dans le roman Deux femmes (1975) de Harry Muslisch, p. 88) ; « J’adore l’ARCHITECTURE de la bibliothèque. » (Bosley dans le roman Le Musée des amours lointaines (2008) de Jean-Philippe Vest, p. 45) ; « Il est architecte. Il va faire l’architecte. » (Sara en parlant de son fils gay Malik aux tantes de ce dernier, dans le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia) ; « J’étais chez Marmeladi. […] Il m’a dit qu’avec le temps tu étudieras l’architecture. En tout cas, tu as des dons pour ce qui est décoratif. Tu as de la chance. » (Mirna à Ernestito, homosexuel, dans l’autobiographie Folies-Fantômes d’Alfredo Arias, p. 267) ; « À l’époque, je rêvais d’être architecte. » (Damien, le héros travesti M to F parlant de son enfance, dans le pièce Brigitte, directeur d’agence (2013) de Virginie Lemoine) ; « Les architectes adorent le cinéma. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; « Smokrev revint fréquemment dans la boutique. Il achetait toujours quelque chose : un jour une collection de gravures sur l’architecture viennoise, le lendemain, une biographie des compositeurs d’opéras italiens, etc. » (Pawel Tarnowski, homosexuel continent, dans le roman Sophia House, La Librairie Sophia (2005), p. 299) ; « Restez, ordonna Smokrev avec une sévérité efféminée. » (idem, p. 481) ; « J’voulais faire une école d’archi… mais faut le bac pour ça. » (Victor, le héros homosexuel ado, qui finira à l’âge adulte par devenir architecte, dans le téléfilm Fiertés de Philippe Faucon, diffusé sur Arte en mai 2018) ; « En fait, je suis architecte. » (Tareq, le héros homosexuel syrien, dans le film « A Moment in the Reeds », « Entre les roseaux » (2019) de Mikko Makela) ; etc.

 

Par exemple, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, Ronit, l’héroïne lesbienne, cherche à provoquer des convives à un dîner, en leur annonçant abruptement son homosexualité par l’entremise d’un mensonge : elle fait croire qu’elle a « une amante architecte imaginaire » (p. 140) : « En fait, je suis lesbienne. Je vis avec ma compagne à New York. Elle s’appelle Miriam. Elle est architecte.’ Ce n’est pas vrai. Ça n’a jamais été vrai. J’ai connu une Miriam, il y a longtemps, mais nous n’avons pas vécu ensemble. Quant à l’architecte, c’était une autre femme. » (p. 123)

 

Dans la pièce The Mousetrap (La Souricière, 1952) d’Agatha Christie (mise en scène en 2015 par Stan Risoch), Christopher Wren, le héros homosexuel hyperactif, est architecte et dit qu’il doit son nom au célèbre architecte du même nom. Ce jeune homme est présenté comme « un jeune architecte très prometter qui a conçu la Cathédrale de Saint Paul à Londres ». Pour la petite histoire, l’acteur qui joue l’architecte dans le film « Titanic » (1997) de James Cameron, Victor Garber, est gay. Dans le téléfilm nord-américain The Christmas House (Duel à Noël chez les Mitchell, 2022) de Rich Newey, Jake, le mari de Brandon, est architecte.

 
 

e) Maniaque de la propreté :

Major Weldon dans le film "Reflets dans un œil d’or" de John Huston

Major Weldon dans le film « Reflets dans un œil d’or » de John Huston


 

Par ailleurs, un certain nombre de personnages homosexuels se montrent hyper maniaques et obsédés par la propreté : cf. la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer (avec Simone, la maniaque du rangement), le film « La Ley Del Deseo » (« La Loi du désir », 1986) de Pedro Almodóvar (avec le personnage hypocondriaque et hygiéniste d’Antonio), le film « Reflection In A Goldeneye » (« Reflets dans un œil d’or », 1967) de John Huston (avec l’inflexible major Weldon, homosexuel très refoulé, ventant les mérites d’un monde aseptisé), la pièce Attachez vos ceintures (2008) de David Buniak (avec le vendeur en prêt-à-porter), le film « Les Derniers Aventuriers » (1969) de Lewis Gilbert (avec les lesbiennes auto-stoppeuses agressives et obnubilées par la propreté), la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy (avec le couple homosexuel déguisé en femmes de ménage maniaques de la propreté, les « Blues Brosseuses » : « On nettoie tout, tout, tout. ») ; « Personne n’a une porte de vestiaire aussi nickel que toi, Romain ! » (Martial se moquant de Romain, le héros homosexuel, dans la B.D. Pressions & Impressions (2007) de Didier Eberlé, p. 11) ; « Il était conscient de cet arôme qu’il dégageait […], mais cela allait-il jusqu’à la hantise, jusqu’à la propreté maniaque ? » (Jean-Marc par rapport à son amant Michael, dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 223) ; « C’est un cauchemar, la ligne 13… Et puis l’odeur… C’est une horreur. » (Samuel Laroque dans le one-man-show Elle est pas belle ma vie ?, 2012) ; « Sylvia présenta bientôt les symptômes d’une manie de nettoyage. » (Laura à propos de son amante Sylvia, dans le roman Deux femmes (1975) de Harry Muslisch, p. 121) ; « J’aime être propre : avant et après. […] La douche, c’était le grand moment. » (Eloy, le prostitué homosexuel, un fou des douches, et racontant ses habitudes en amour, dans le film « Esos Dos » (2012) de Javier de la Torre) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian Clavier, Jean-Paul, le prototype du pédé nouveau riche bobo, pro-humanitaire en théorie mais pas du tout en pratique, refuse de quitter son petit confort bourgeois pour partir à l’étranger accompagner le couple lesbien dans sa démarche d’adoption : « T’as plongé dans cette eau dégueulasse ??? » Dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, Anamika, l’héroïne lesbienne, se bat pour que les femmes s’épilent sous les aisselles. Dans le film « Les Garçons et Guillaume, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, lorsque le héros raconte son deuxième « plan cul », il dit qu’il est tombé sur un mec qui lui a fait prendre une douche avant de faire l’amour parce que « c’était plus hygiénique », et qui l’a fait languir pendant un long moment parce qu’il a lui aussi pris une douche interminable : il est tombé sur un véritable « Monsieur Hygiène ». Dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., Jonathan est ultra-maniaque, veut toujours avoir une haleine fraîche, est très sensible aux odeurs : « Pourvu qu’il y ait pas d’odeur… » dit-il après avoir chié juste à côté de son copain. Dès le début de la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia, Bernard, le héros homosexuel, débarque sur scène avec son plumeau rose qu’il passe dans tout l’appartement. Dans la pièce Un Cœur en herbe (2010) de Christophe et Stéphane Botti, Jacques, l’écrivain homosexuel quinquagénaire, évoque « son obsession pour le rangement, le ménage ». Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, Frankie, le héros homosexuel, a du mal à se tenir droit, et à rester droit… si bien qu’il se croit atteint de vertiges et de signes physiques montrant qu’il est malade du Sida. Son hypocondrie le pousse à voir des risques de contagion partout. Il se scrute sans arrêt la peau dans le miroir pour y voir des taches. Dans son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca, homosexuel, est très à cheval sur l’hygiène. Dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza, Damien, l’un des héros bisexuels, est un maniaque de la propreté. Il fait d’ailleurs de régulières rencontres troublantes avec Rémi dans une laverie.

 

Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Rudolf, l’un des héros gays, autrichien, est un homme maniaque : il aspire méticuleusement la poussière sur chacun des livres de sa bibliothèque, vénère les principes (il parle de « son obsession des règles » et sort cette maxime : « L’ordre, c’est la beauté. »), se présente comme quelqu’un d’intransigeant (« Je suis très rigoureux et organisé. »). Ses amis homos Nicolas et Gabriel apprennent à faire avec : « C’est moi ou sa peine de cœur le rend encore plus psychorigide ? » demande Nicolas ; ce à quoi Gabriel lui répond « Il est un peu névrosé, c’est tout ».

 

Chez l’homosexuel fictionnel, la faute de goût ou de « savoir-vivre » peut être décisive dans le choix ou l’abandon de l’amant : « J’aime qu’elles sachent manger. […] Le test de la table sert à donner des indications sur la sensualité. » (Suzanne en parlant de ses amantes, dans le roman Le Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 237) ; « J’ai l’amour de la netteté et de la fraîcheur. Or, la vulgarité des hommes m’éloigne ainsi qu’un relent d’ail, et leur malpropreté me rebute à l’égal des bouffées d’égouts. » (Renée Vivien, La Dame à la Louve (1904), p. 24) ; « C’est pas que je sois obsessionnel mais chez moi, c’est ‘no concession’ sur la propreté ! » (Jarry dans son one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman)

 
 

f) Le militaire homosexuel :

Film "East West Palace Palais" de Zhang Yuan Zhang Yuen

Film « East West Palace Palais » de Zhang Yuan Zhang Yuen


 

Souvent, dans les fictions homo-érotiques, le militaire ou le flic est homosexualisé, présenté comme une grande tapette : cf. le film « New York City Inferno » (1978) de Jacques Scandelari (avec le flic voyeur en train de se rincer l’œil en observant les coïts homos dans les docks), le one-man-show Le Comte de Bouderbala (2014) de Sami Ameziane (avec le flic homo), le film « Cibrâil » (2010) de Tor Iben, la chanson « La Folle du régiment » de Michel Sardou, la pièce Les Z’héros de Branville (2009) de Jean-Christophe Moncys (avec l’amour entre les deux militaires, le colonel Crevard et le Vieux Con), la série Les Bleus, premiers pas dans la police (2006-2010) d’Alain Robillard (avec Kévin et Yann, les deux flics en couple), le film « Freier Fall » (« Free Fall », 2014) de Stéphane Lacant (avec le couple de CRS à l’allemande, Engel et Marc), le film « Hard » (1998) de John Huckert, le film « Túnel Russo » (2008) de Eduardo Cerveira, le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill (avec Kettle, le militaire homo efféminé), le film « Pauline » (2009) de Daphné Charbonneau (avec Pauline, l’héroïne lesbienne déguisée en soldat marin), la pièce L’Homosexuel et la difficulté de s’exprimer (1971) de Copi (avec Garbenko et Pouchkine, les militaires à la sensibilité de jeune fille), le film « RTT » (2008) de Frédéric Berthe (avec les deux flics « homos » ; l’un finit par se prendre à son rôle), le film « L’Immeuble Yacoubian » (2006) de Marwan Hamed (avec le flic militaire homo), la pièce Et Dieu créa les folles (2009) de Corinne Natali (avec Frédérique policière lesbienne), le film « Mambo Italiano » (2003) d’Émile Gaudreault (avec Nino, le policier homosexuel), le film « Fiesta » (1995) de Pierre Boutron (avec le colonel Masagual, un officier franquiste pédéraste), le sketch du « Colonel » de Pierre Palmade, la pièce Tante Olga (2008) de Michel Heim (avec le lieutenant Kalashnikov), le roman La Nuit du décret (1981) de Michel del Castillo (avec le policier franquiste homo), le film « Haltéroflic » (1982) de Philippe Vallois (avec le personnage du flic homo), le film « Sergent » (1967) de John Flynn, le film « Magnum Force » (1973) de Ted Post (avec les quatre policiers fascistes), le film « Y’a plus de trou à percer » (1971) de J. Johnsone (avec le policier homo), le film « La Bidasse » (1982) d’Howard Zieff, le film « Colonel Redl » (1985) d’Istvan Szabo, le film « Spionage » (1955) de Franz Antel, le film « Les Hommes de sa Majesté » (2001) de Stefan Ruzowitzky (avec l’équipe travestie de soldats américains), le film « Operación Gonada » (2000) de Daniel F. Amselem (avec le militaire fasciste et homo), le roman Dix Petits Phoques (2003) de Jean-Paul Tapie (avec l’adjuvant Diaz, homosexuel homophobe), le film « La Perm » (1990) d’Eytan Fox (avec le lieutenant macho), le film « Un Chant d’amour » (1950) de Jean Genet (avec le flic homo), la pièce La Estupidez (2008) de Rafael Spregelburd (avec le couple des deux flics gay Wilcox et Zielinsky), le film « Nous étions un seul homme » (1978) de Philippe Vallois, le film « Caballeros Insomnes » (« Les Chevaliers insomniaques », 2012) de Stefan Butzmühlen et Cristina Diz (avec le jeune policier homosexuel, Juan), la chanson « Marcel » de Bobby Lapointe (dans laquelle « faire le coup du légionnaire » se réfère à la sodomie), la chanson « Mathématiques souterraines » d’Hubert-Félix Thiéfaine (avec la flic lesbienne), le film « Private Romeo » (« Soldat Roméo », 2011) d’Alan Brown (Huit cadets sont livrés à eux-mêmes dans un camp d’entraînement militaire), la série In Traitement (2008) de Rodrigo Garcia (avec Alex, le policier militaire gay), le roman Une Histoire d’amour radioactive (2010) d’Antoine Chainas (avec les deux flics homos), le film postiche « Servir et protéger » dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz (avec les deux militaires Dany et Billy), le film « Hôtel Woodstock » (2009) d’Ang Lee (avec Wilma, le flic travelo), le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs (avec les deux flics homos en uniforme, Ted et Roberto, qui vivent en couple), la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand (avec l’adjuvant qui est un homme travesti, portant des talons hauts et du rouge à lèvres), etc.

 

Film « Honeypot » (2010) de Nghi Huynh

 

« Les deux chefs des armées russe et américaine [les amiraux Smutchenko et Smith], assez semblables entre eux, blonds, s’avancèrent se tenant par le bras. Deux interprètes du sexe féminin brunes les suivaient. » (Copi, La Cité des Rats (1979), p. 113) ; « Jane se demanda s’il était homo. » (Jane, l’héroïne lesbienne face à un policier, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 151) ; « Je rêve d’être policier. » (Frank, le héros homosexuel, dans le film « Glückskinder », « Laissez faire les femmes ! » (1936) de Paul Martin) ; etc.

 

Par exemple, dans la comédie musicale Frankenstein Junior (2012) de Mel Brooks, Ziggy, l’homosexuel de service, est le bras droit du gendarme boiteux. Dans la nouvelle « Mémoires d’un chiotte public » (2010) d’Essobal Lenoir, deux flics, nommés Pastis et Pandrax (un duo de vigiles de la brigade du S.A.C.Sécurit Alarme Cabinet) s’envoient en l’air dans des toilettes publiques : « Nos deux superflics s’embrassaient sur la bouche à la russe. » (p. 91) Dans le film « 30° Couleur » (2012) de Lucien Jean-Baptiste et Philippe Larue, le flic au commissariat martiniquais se travestit. Dans le film « Un Héros très discret » (1995) de Jacques Audiard, le Capitaine plaque tout pour suivre un bel Américain : « Il s’appelle Marlon, il a 20 ans, il vient de Virginie, il est beau comme un char d’assaut. Il me fait découvrir le jazz et le charme violent des armées victorieuses. Ah, Albert, l’amour, l’amour ! » Dans le film « Pas si grave » (2002) de Bernard Rapp, Leo est troublé par le beau policier espagnol qui, le soir venant, se travestit dans un cabaret. Dans le roman La Conjuration des imbéciles (1981) de John Kennedy Toole, le premier homosexuel qu’Ignatius, le héros, voit dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans est marin : pour lui, c’est la preuve que tous les militaires sont des homos.

 

Le militaire gay est souvent une projection du héros homosexuel lui-même, qui lui attribue ses propres fantasmes de dictature et de luxure. On le voit très clairement dans le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky, quand Timofeï, le héros découvrant son homosexualité, s’imagine, pendant qu’il est en voiture, un agent de la circulation lui faire de l’œil. Dans le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald, Stella, l’une des deux héroïnes lesbiennes, traite le flic Tommy de « suceur de bites ». Dans le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin, sont filmées des soirées « Nuit de la Police » SM où tous les clients homos sont déguisés en flics, en Nazis ; et les flics se font traiter de « pédés » par les travestis (à raison parfois car certains se font passer pour des policiers sur les lieux de drague homo pour « tirer leur coup » incognito…). Dans son one-woman-show Wonderfolle Show (2012), Nathalie Rhéa, l’héroïne lesbienne, compare le flic qui l’arrête en bagnole à un viril chanteur des Village People. Dans le film « L’Homme blessé » (1983) de Patrice Chéreau, sur les lieux de drague homo, et notamment les gares, Jean, le héros homosexuel, fait semblant de « faire flic » pour se prostituer et détrousser ses amants de passe.

 

Bien des personnages homosexuels se voient dans la peau d’un militaire ou d’un policier (figure parfois allégorisée par une femme fatale incestueuse) : « La femme démente avec une tenue incroyable… c’est la police. » (cf. une réplique de la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand) ; « J’étais devenu flic pour retrouver ma mère. » (Steven, l’un des héros homos du film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenne Ficarra et John Requa) ; « J’me serais très bien vu en militaire. » (Zaza Napoli dans la pièce La Cage aux folles (1973) de Jean Poiret) ; « Pédépolis : tout le monde est gay, même la police. » (l’un des personnages homosexuels de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Salut les gouines ! » (Anthony Kavanagh saluant deux femmes flics, dans son one-man-show Anthony Kavanagh fait son coming out, 2010) ; « Je veux devenir un playboy professionnel […] j’entrerai dans l’armée. […] Ce sera que pour fréquenter l’école militaire. Pour m’entraîner et avoir un corps magnifique. Je veux dire un corps rude et robuste comme le vôtre. » (Anamika, l’héroïne lesbienne, à Adit, le père de son meilleur ami, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 206) ; « J’m’en fous, j’suis goudou. » (la contractuelle dans « Very Bad Blagues » : Quand on prend une amende ») ; etc.

 
 

g) Le soldat-paon :

Le "Livre blanc" de Copi (Geraldas von Stroessner, ex-dictateur latino-américain)

Le « Livre blanc » de Copi (Geraldas von Stroessner, ex-dictateur latino-américain)

 

L’identification au despote orgueilleux se fait par le biais du sentiment amoureux esthétisé sous la forme d’un animal : le paon : cf. la couverture du premier album de Christophe Willem (où le chanteur apparaît déguisé en militaire bobo, entouré de plumes de paon), le one-man-show Comme son nom l’indique (2008) de Laurent Lafitte (avec Michael, le chorégraphe despotique très plumé), le spectacle musical Yvette Leglaire « Je reviendrai ! » (2007) de Dada et Olivier Denizet, la couverture de l’album Histoires naturelles de Nolwenn Leroy, le roman Le Cri de l’ôtruche (2007) de Claude Gisbert, la comédie musicale Panique à bord (2008) de Stéphane Laporte (avec la « dame à plumes »), la chanson « Mon truc en plume » de Zizi Jeanmaire, la pièce À trois (2008) de Barry Hall, le roman Les Paons (1901) de Robert de Montesquiou, la nouvelle Les Paons (1968) de Yukio Mishima, la pièce Morir Por Cerrar Los Ojos (1968) de Max Aub (avec la description du sergent-paon, se pavanant de manière très efféminée), le one-woman-show Vierge et rebelle (2008) de Camille Broquet (et la Tata Louise autoritaire, avec « sa plume dans le cul »), le film « Œufs de l’autruche » (1957) de Denys de La Patellière, la pièce Les Œufs de l’autruche (1948) d’André Roussin, le film « Une Poule, un train et quelques monstres » (1969) de Dino Risi, le spectacle de marionnettes L’Histoire du canard qui voulait pas qu’on le traite de dinde (2008) de Philippe Robin-Volclair (avec les deux marionnettes plumées Édouard et Luigi), le tableau Messe en sol mineur (1972) de Jacques Sultana, le film d’animation « Là-haut » (2009) de Pete Docter et Bob Peterson (avec Kévin, l’homme-paon), le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot (avec Myosotis, l’homme-paon), la pièce La Cage aux folles (1973) de Jean Poiret (avec Jacob, le domestique, imitant le paon), le film « Hôtel Woodstock » (2009) d’Ang Lee, la pièce Dans la solitude des champs de coton (1987) de Bernard-Marie Koltès (à un moment, l’un des héros homos est comparé à une poule), le one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011) de Charlène Duval, la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi (avec le Jésuite et sa plume de paon), le recueil d’illustration Un Livre blanc (2002) de Copi (avec Geraldas Von Stroessner, ex-dictateur latino-américain, s’attaquant à un paon), la nouvelle « Virginia Woolf a encore frappé » (1983) de Copi (avec les hommes portant des masques de plume dans la boîte gay), le one-man-show Ali au pays des merveilles (2011) d’Ali Bougheraba (avec la chambre de son héros homosexuel, Fayssal, avec « des plumes, des plumes partout »), la comédie musicale La Belle au bois de Chicago (2012) de Géraldine Brandao et Romaric Poirier (avec Philippe qui fait le pompier-paon), le vidéo-clip de la chanson « It’s OK To Be Gay » de Tomboy, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré (avec l’homme aux 100 yeux, qui se métamorphose en paon), le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson (avec les plumes de paon traînant dans les loges des danseurs homosexuels), le film « Certains l’aiment chaud » (1959) de Billy Wilder, la pièce Drôle de mariage pour tous (2019) de Henry Guybet (c.f. le tableau du paon ou de l’autruche accroché au mur du salon), le film « Le Bal des 41 » (« El Baile de los 41 », 2020) de David Pablos (avec les paons peints sur le paravent de la maison d’Ignacio, ainsi que les plumes de paon sur la coiffe de la cantatrice gay travestie), le film « Miss » (2020) de Ruben Alves (avec le tableau final du concours de Miss France), etc.

 

Le "Livre blanc" de Copi

Le « Livre blanc » de Copi


 

Le totalitarisme du personnage homosexuel psychorigide s’annonce par la voie de la douceur du paon plumé, de la séduction caressante du travesti (cf. je vous renvoie au code « Douceur-poignard » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Il est tout mielleux et doucereux avant de frapper : « J’ai un pillow en plumes en forme de lune, en forme de dune, refais le geste. » (cf. la chanson « Appelle mon numéro » de Mylène Farmer) ; « Le huitième jour, une odeur de vanille fait surgir l’image de ta mère. Lorsque l’effluve s’agrémente d’un soupçon de bois de rose, l’image prend du relief. Statufié dans ton sommeil, tu jurerais qu’elle te fait face, que ses boucles noires titillent tes joues comme des plumes. » (cf. la description de la mère de Félix, le héros homosexuel, dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 167) ; « Nous vîmes de notre cachette […] un thon à pieds de cochon et tête de mule, un éléphant à tête d’homme dont la trompe finissait par un ongle, un crapaud à queue de paon et tête de dinde, un griffon tel quel, une femme à queue et tête de kangourou portant un grand scorpion à tête de coq dans sa poche, et parmi eux le Dieu des Hommes avec les deux têtes du caniche et du fox-terrier à la place de la sienne, et une queue de lézard, et j’en passe des plus bizarres, telle une tortue de mer à tête de queue de poisson. » (Gouri décrivant le « Dieu des Hommes », dans le roman La Cité des rats (1979) de Copi, p. 135) ; « Je commence à m’arrêter de plus en plus souvent, dès que je vois une branche de libre. Et j’y trouve des gens qui me ressemblent, des camarades qui ont des muscles meurtris à force de voyager. Et je reste avec eux, piailler, sautiller, changer de branche quand le temps nous le concède. Alors il pleut souvent. Nos plumes deviennent grises. Alors, peu à peu, je viens chez vous. » (Copi, La Journée d’une rêveuse, 1968) ; « Goliatha, vous êtes une autruche ! » (« L. » dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi) ; « Personne n’est un paon royal. » (Cachafaz, l’un des héros homosexuel de la pièce Cachafaz (1993) de Copi) ; « Hier soir j’étais sorti de mon œuf… Je crois bien que c’était un œuf, alors ils m’ont dit : tu iras à la guerre ! […] Moi, la guerre, je n’en connaissais rien. Je ne savais même pas où ça se passait ! […] Alors je me suis mis à voler. J’y prends un plaisir fou […] moi je planais comme un dingue. […] Mais cette vie-là ça m’a fatigué vite. Je commence à m’arrêter de plus en plus souvent, dès que je vois une branche de libre. Et j’y trouve des gens qui me ressemblent, des camarades qui ont des muscles meurtris à force de voyager. Et je reste avec eux, piailler, sautiller, changer de branche quand le temps nous le concède. Alors il pleut souvent. Nos plumes deviennent grises. Alors, peu à peu, je viens chez vous.é (Copi, La Journée d’une rêveuse, 1968) ; « Le Marais, c’est un peu comme une grande ferme où y’a de la dinde en batterie. » (Samuel Laroque dans son one-man-show Elle est pas belle ma vie ?, 2012) ; « J’ai mis Mister Wren dans la chambre rose. Il aimait bien le baldaquin. » (Mollie à propos de Mister Wren, le héros homo, dans la pièce The Mousetrap, La Souricière (1952) d’Agatha Christie, mise en scène en 2015 par Stan Risoch) ; « Maman, quand je serai grand, je voudrais être un paon. » (Jarry dans son one-man-show Atypique, 2017) ; etc.

 

Film "Reflets dans un oeil d'or" de John Huston

Film « Reflets dans un oeil d’or » de John Huston


 

Par exemple, dans la pièce Des bobards à maman (2011) de Rémi Deval, après s’être comparés à des poules, Max panique auprès de son copain Fred face à la mère de ce dernier qu’ils ont comparée à un renard : « On va se faire plumer !!! » Dans le film « Ma vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh dresse le portrait de Liberace, un pianiste virtuose absolument tyrannique autant que doucereux avec ses amants qu’il infantilise et exploite en les traitant tôt comme des dieux (il dira « Mon Sauveur !!! » à Scott) tantôt comme des diables qui lui ont pourri la vie.

 

La « follitude » (la féminité fatale singée par le personnage homosexuel) est souvent appréhendée comme un instrument de pouvoir, de propagande, et de soumission :

 

Cyrille – « Pourquoi est-ce que vous ne m’appelez pas ‘maître’ ?

Le Journaliste – Je n’en ai pas l’habitude, maître.

Cyrille – Vous êtes intimidé ? Vous n’aviez jamais rencontré une folle sublime dans la vie privée ? »

(Copi, Une Visite inopportune, 1988)

 

Le personnage homosexuel s’identifie à la féminité psychorigide de la bourgeoise un peu facho : « Vous pensez que je suis folle, je suis juste sous l’emprise de mes hormones, je veux diriger l’empire des sens, être votre maîtresse à tous ! […] Oui, c’est ça dont on manque, de folie… de folles… Oui, c’est pour ça que moi je suis gay, voilà j’ai réussi à le prouver ! La folie, c’est la seule chose qui ne soit pas mondialisée. La folie c’est la véritable différence entre les gens, c’est la vérité. C’est quand on est fou qu’on est différent. La reine des folles, c’est moi ! Voilà ce qu’il nous faut : Une folle présidente ! » (la folle militante dans la pièce La Fesse cachée (2010) de Jérémy Patinier)

 

Par exemple, dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi, la Doctoresse Freud, une poupée que L. prénomme « Fraulein Freud », incarne un despotique transgenre : « Vous lui agrafez trois plumes d’oiseaux du paradis soutenues par un gros strass sur le front, comme si elle allait descendre le grand escalier des Folies Bergère ! » Dans la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias, la Téré, la directrice despotique de la volière, est définie comme un « oiseau qui chante, ou un paon qui se pavane ».

 

Harold, le cynique homo du film "Les Garçons de la bande" de William Friedkin

Harold, le cynique homo du film « Les Garçons de la bande » de William Friedkin


 

D’ailleurs, il n’est pas anodin que, très souvent dans les fictions homo-érotiques, ce soit les personnages transsexuels que l’on présente comme les « sublimes » instruments du terrorisme homosexuel : cf. le film « Dragzilla » (2002) de Lola Rock ‘N’ Rolla, le film « Priscilla, folle du désert » (1995) de Stephan Elliot, la comédie musicale Big Manoir (2007) d’Ida Gordon et Aurélien Berda, le film « L’Honneur du dragon » (2005) de Prachya Pinkaew, le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman, le film « Who’s Afraid Of Vagina Wolf ? » (« Qui a peur de Vagina Wolf ? », 2013) d’Anna Margarita Albelo, la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias (avec le Coryphée, cet homme travesti M to F, despotique et plumé), etc. Par exemple, dans la B.D. La Foire aux Immortels (premier tome de la Trilogie Nikopol) d’Enki Bilal, Jean-Ferdinand Choublanc, « Gouverneur de la cité autonome de Paris » est manifestement homosexuel : les adhérents au parti sont tous sans exception très fortement maquillés, il s’adresse à ses maquilleurs en les appelant « les filles » et à son intendant en l’appelant « chéri », intendant avec lequel il partage son bain.

 

Le transsexuel ou l’homosexuel efféminé joue souvent le rôle du cerbère terrorisant du ghetto homo censé s’étendre et convertir les autres protagonistes non-homosexuels : « Je suis comme une sorte de terroriste queer comme j’oblige les hommes hétéros de se rendre compte que tout le monde est pédé, quoi, parce que tout le monde bande pour n’importe qui. » (Cody, le héros homosexuel nord-américain s’adressant à son pote gay Mike, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, pp. 98-99) ; etc. Par exemple, dans la pièce Brigitte, directeur d’agence (2013) de Virginie Lemoine, Damien, le travesti M to F, fait peur à son huissier Monsieur Alvarez quand il se travestit en « Brigitte ».

 
 

h) Le despote homosexuel :

Vidéo-clip de la chanson "Relax" de Frankie Goes To Hollywood

Vidéo-clip de la chanson « Relax » de Frankie Goes To Hollywood


 

Mais allons plus loin dans l’étude des dictateurs homosexuels, et observons les nombreux cas fictionnels d’homme de pouvoir qui sont présentés comme des homosexuels, ou qui le sont vraiment : cf. le vidéo-clip de la chanson « Trust Me » de Matt Zarley, le film « Bulldog In The Whitehouse » (« Bulldog à la Maison Blanche », 2008) de Todd Verow (avec le président des USA homosexuel), le film « Les Adieux à la reine » (2011) de Benoît Jacquot (avec Marie-Antoinette lesbianisée), le vidéo-clip de la chanson « Gay Bar » du groupe Electric Six (avec le président des USA homosexuel), l’opéra King Arthur (2009) d’Hervé Niquet (avec un Roi Arthur super efféminé), le vidéo-clip de la chanson « Tainted Love » du groupe Soft Cell, etc. « À la mairie de Paris, y’a vraiment beaucoup de pédés ! » (Laurent Violet dans le one-man-show Faites-vous Violet, 2012) ; « Ils [les hommes politiques] en sont tous. » (un des héros homosexuels de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Le président se faisait sodomiser par le pape de l’Argentine » (la voix narrative du roman L’Uruguayen (1972) de Copi) ; « Les balles avaient été réalisées avec la peau des boules authentiques de Fidel Castré. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « L’Apocalypse des gérontes » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 131) ; etc. Je vous renvoie également à la partie « Grands Hommes » du code « Défense du tyran » ainsi qu’au code « Promotion « canapédé » » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Certains personnages homosexuels sont même des dictateurs : cf. le roman Les Maîtres du monde (1996) de Gilles Leroy, le film « The King » (1968) de Looney Bear, le film « King Girl » (1996) de Sam Miller, le film « Sacré Graal » (1974) de Terry Gilliam et Terry Jones (avec le prince Herbert), le film « Le Petit César » (1930) de Mervyn LeRoy (avec le personnage de Rico), le film « Marche triomphale » (1976) de Marco Bellocchio, le roman Les Aigles foudroyés (1997) de Frédéric Mitterrand, la chanson « Princes Of The Universe » du groupe Queen, le roman Le Monarque (1988) de Knut Faldbakken, la chanson « Les Gens stricts » du groupe Animo, le film « Blanche » (2001) de Bernie Bonvoisin (avec José Garcia en Louis XIV de pacotille), le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman (avec le « cruel » Dr Franck-N-Furter), le film « Tan De Repente » (2003) de Diego Lerman (avec Lénine et Mao, les deux héroïnes lesbiennes), le film « La Passion » (2004) de Mel Gibson (avec l’empereur Néron en grande tapette), le roman El Príncipe Que Quiso Ser Princesa (1920) d’Álvaro Retana, le film « Le Roi et le Clown » (2005) de Lee Jun-ik (avec la figure du roi despotique), le film « Les Week-ends de Néron » (1956) de Steno, le film « Fiddlers Three » (1944) d’Harry Watt (avec l’empereur Néron en homosexuel), le dessin animé « South Park, plus long, plus grand et pas coupé » (1998) de Trey Parker (avec le couple gay Saddam Hussein/satan), le film « The Singing Forest » (2003) de Jorge Ameer, le film « Girl King » (2001) d’Ileana Pietrobruno, le film « La Racine du cœur » (2000) de Paulo Rocha (avec le dictateur nommé Caton), le spectacle d’imitations L’Électron libre (2008) de Dany Mauro (avec Sarkozy en talons aiguilles), le vidéo-clip de la chanson « Relax » du groupe britannique Frankie Goes To Hollywood (avec l’empereur décadent), le film « La Jeunesse de la bête » (1965) de Seijun Suzuki (avec le tyran homo), la photo Adam et Ewald (2008) de la photographe iranienne Sooreh Hera (représentant deux amants homosexuels talibans), le film « Fiesta » (1994) de Pierre Boutron (avec le tyran homo franquiste), le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot (avec Papito, le tyran homosexuel), la B.D. Batman (avec le méchant clown, fardé comme une folle), le film « Furyo » (1982) de Nagisa Oshima (avec le capitaine japonais homosexuel), la pièce Jules César (1599) de William Shakespeare, la pièce El General Poder (1960) de Copi, etc.

 

Par exemple, dans le film « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » (1982) de Jean Yann, Jules César (interprété par Michel Serrault) est plus attiré par ses gardes que par Cléopâtre. Dans son one-man-show Atypique (2017), Jarry, en policier du GIGN, porte une cagoule de Ben Laden. Dans le film « Serp I Molot » (1994) de Sergei Livnev, Staline promeut la transsexualité. Dans la pièce Yvonne, Princesse de Bourgogne (2008) de Witold Gombrowicz, Ignace, le monarque gay, fait des avances à son bras droit Chambellan. Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, le couple Catherine/Muriel est associé à l’improbable duo despotique Marie-Antoinette/Cléopâtre (p. 294), ou bien au couple Marc-Antoine/Louis XVI. Dans la pièce El Campo (1967), Griselda Gambaro aborde l’homosexualité refoulée de son personnage Franco. Dans son film « Salò O Le 120 Giornate Di Sodoma » (« Salò ou les 120 journées de Sodome », 1975), Pier Paolo Pasolini déguise les quatre dictateurs en folles ou en mariées. Dans les romans El Color Del Verano (1982) et El Palacio De Las Blanquísimas Mofetas (1982), Reinaldo Arenas décrit un Fidel Castro homosexuel fréquentant les pissotières. Dans la pièce Elvis n’est pas mort (2008) de Benoît Masocco, John, la lesbienne asociale, se fait baptiser par erreur « Lénine » (« comme le dictateur » dit-elle) au lieu de « Lennon ». Dans le one-man-show Varón Mayor De 30 Años (2007) de Javier González Traba, le magicien compare sa femme à un Guardia Civil à moustache. Dans la pièce À plein régime (2008) de François Rimbau, Luc, le héros homosexuel a choisi pour pseudo Internet « Benito », comme Benito Mussolini. Dans la comédie musicale Angels In America (2008) de Tony Kushner, Roy Cohn s’exprime comme un dictateur. Le roman Un Rajah blanc à Bornéo (2002) de Nigel Barley raconte la vie de Sir James Brook, homosexuel psychorigide, ayant pris le pouvoir sur l’île de Borné, et déchiré entre son statut de colon anglais méprisant et son appel à aimer physiquement l’étranger qu’il cherche à soumettre. Dans la pièce Lettre d’amour à Staline (2011) de Juan Mayorga, l’écrivain Boulgakov, sous l’emprise d’un Staline homosexuel, rejette sa femme Boulgakova, et ne ressent plus rien au lit avec elle : « Tu te sens coupable d’être avec moi plutôt qu’avec elle… » lui susurre Staline. Dans son sketch « Le 11 septembre », l’humoriste Dieudonné dévirilise les talibans ; il joue le rôle d’un Ben Laden haranguant les hommes de son commando kamikaze en les présentant comme des bisexuels refoulés : « On n’est pas des travelos, les mecs ! » ; « Pourquoi y’aurait pas des hommes ? 50/50 ? » Dans la pièce Les Favoris (2016) d’Éric Delcourt, Guen, le héros homosexuel, appelle au téléphone son amant Brice qui ne le reconnaît pas tout de suite, alors ça l’agace, et il se fait passer cyniquement pour Vladimir Poutine : « Tu pensais que t’allais tomber sur quoi ? Poutine ?! Non, désolé, il a piscine. » Dans le film « Moonlight » (2017) de Barry Jenkins, Chiron, le héros homosexuel, a placé une couronne royale sur le tableau de bord de sa bagnole. Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, Thérèse, l’héroïne lesbienne, ne lésine pas sur les moyens qu’elle n’a pas : elle veut la suite présidentielle comme chambre d’hôtel. Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, pendant le cours d’histoire, Nathan simule un malaise alors que le prof parle de l’accord (pacte de non-agression) entre Hitler et Staline pendant la Seconde Guerre mondiale, pour être amené à l’infirmerie par son futur amant Jonas, qu’il va draguer en même temps qu’humilier.

 

« Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway

« Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway


 

Dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, Sergueï Eisenstein, homosexuel, se compare au tsar de Russie : « Je me suis assis, comme le Tsar, sur le Trône d’Hiver. » Plus tard, quand la bourgeoise Mary Sinclair débarque dans sa chambre et le découvre cul nu, Eisenstein ose dire qu’il fait un hommage à Staline : « Les Russes ne portent pas de pyjama. Staline n’en porte pas non plus ! » Hunger attribue à ce capricieux un « comportement puéril », « une longue aventure irresponsable », « des exigences exorbitantes ».
 

Roger Payne

Roger Payne


 

« Je serai pour toi un pur César du bidonville au bord du fleuve. » (Cachafaz à son amant Raulito, dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi) ; « J’adore te voir en colère, on aurait dit… Jules César… ou Alexandre le grand… Ouais c’est ça… plutôt Alexandre, partant en guerre. J’ai cru que t’allais me frapper ! » (Bryan s’adressant à son amant Kévin dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 158) ; « On aurait dit la branche homosexuelle d’Al-Qaïda. » (Ali Bougheraba parlant des amis de son quartier qui se fringuaient comme George Michael pendant les années 1980, dans son one-man-show Ali au pays des merveilles, 2011) ; « Il y a un point commun entre Al Qaïda et nous : on aime se faire sauter. » (le narrateur homosexuel du one-man-show Elle est pas belle ma vie ! (2012) de Samuel Laroque) ; « Quand Mark parle, on obéit. C’est comme ça. » (un militant LGBT présentant le jeune leader du mouvement LGBT londonien, à Joe le novice, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « Elle commence vraiment à me gonfler, la Kim Jong-Un de la natation ! » (Damien, personnage homo, par rapport à Fred, son co-équipier trans M to F dirigeant la choré de leur équipe de water-polo, dans le film « Les Crevettes pailletées » (2019) de Cédric le Gallo et Maxime Govare) ; etc.

 

Scar dans "Le Roi Lion" de Walt Disney

Scar dans « Le Roi Lion » de Walt Disney


 

Pas étonnant que les méchants des dessins animés (travaillés pour la plupart par les studios Disney), pour accentuer leur cruauté et leur violence de despotes, cultivent justement des attitudes précieuses et homosexuelles : je pense par exemple au Dr Facilier, le « Maître des ombres » efféminé du film d’animation « La Princesse et la Grenouille » (2009) de Ron Clements et John Musker, à Skar dans le film d’animation « The Lion King » (1994) de Roger Allers et Rob Minkoff, à Jafar dans le film d’animation « Aladdin » (1992) de John Musker et Ron Clements, au prince Jean dans le film d’animation « Robin Hoods » (« Robin des bois », 1973) de Walt Disney, etc.

 

Le Prince Jean dans "Robin des Bois" de Walt Disney

Le Prince Jean dans « Robin des Bois » de Walt Disney


 
 

i) L’armée homosexuelle :

La fusion entre totalitarisme et homosexualité ne se limite pas aux monarques d’antan. Elle s’élargit aux tenants de la culture homosexuelle contemporaine : militants d’association LGBT, mais aussi couples homosexuels dits « ordinaires » et célibataires occasionnels. En ce qui concerne le despotisme homosexuel à échelle communautaire, je vous renvoie au code « Milieu homosexuel infernal » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Le personnage homosexuel décrit souvent le « milieu homosexuel » comme une dictature, un paradis de la consommation et de l’apparence, avec des légions de clones militaires : cf. le film « À cause d’un garçon » (2001) de Fabrice Cazeneuve, le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure, le film « Fast Forwad » (« D’un trait », 2004) d’Alexis Van Stratum, le vidéo-clip de la chanson « Dile A Tu Amiga » de Dalmata, le vidéo-clip de la chanson « Alejandro » de Lady Gaga, le vidéo-clip de la chanson « Go West » des Pet Shop Boys, le vidéo-clip de la chanson « Du temps » de Mylène Farmer, le film « Un Año Sin Amor » (2005) d’Anahi Berneni, le film « La Parade » (2011) de Srdjan Dragojevic, etc.

 

Pierre Fatus dans Arme de fraternité massive (2015)

Pierre Fatus dans Arme de fraternité massive (2015)


 

On retrouve l’armée ou la police homosexuelle dans beaucoup d’œuvres homo-érotiques : cf. la pièce Jeffrey (1993) de Paul Rudnick (avec les Panthères roses), le vidéo-clip de la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer (avec les prisonniers), le film « Salò O Le 120 Giornate Di Sodoma » (« Salò ou les 120 Journées de Sodome », 1975) de Pier Paolo Pasolini (avec l’armée décadente), le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz (avec l’armée gay, composée des anciens amants de Sébastien), les vidéo-clips des chansons « Pourvu qu’elles soient douces » et « Sans contrefaçon » de Mylène Farmer (avec les soldats de plomb), le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger (avec les soldats), les armées cinématographiques de Youssef Chahine ou de Bruce LaBruce, la B.D. La Guerre des pédés (1982) de Copi, le film « The Virgin Soldiers » (1969) de John Dexter, le film « Our Miss Fred » (1971) de Bob Kellett, le film « Lady Oscar » (1978) de Jacques Demy, le film « Marche triomphale » (1976) de Marco Bellocchio, le film « Les Amazones » (1974) de Terence Young, le film « Tank Girl » (1994) de Rachel Talalay, le film « Armée d’amants » (1976) de Rosa von Praunheim, le film « Les Chevalières » (2002) de Barbara Teufel, le film « Johanna d’Arc Of Mongolia » (1988) d’Ulrike Ottinger, le film « Kyokon Densetu » (1993) de Nakamura Genji, le film « Kamikaze Girls » (2004) de Tetsuya Nakashima, le ballet Alas (2008) de Nacho Duato (avec le bruit des bottes), le film « Poo Kor Karn Rai » (« The Terrorists », 2011) de Thunska Pansittivorakul, le vidéo-clip de la chanson « Only Gay In The World » de Ryan James Yezak, la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi (et les 4 « gouines armées » avec, à leur tête, Sapho), etc.

 

Par exemple, dans le film « Dérive » (1983) d’Amos Gutmann, la grand-mère de Robbie qualifie les homos de « terroristes ». Dans le roman Des chiens (2012) de Mike Nietomertz, le groupe de rock de Polly, l’héroïne lesbienne, s’appelle les Lesbians Warriors. Dans le film « Surfing Gang » (2006) de Katrina del Mar, le gang de méchantes filles lesbiennes, avec leur drapeau pirate, sème la terreur sur la plage de Rockaway Beach. Dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis, les Hommens pro-life sont parodiés en groupe paramilitaire sado-maso de puceaux homosexuels refoulés, vomissant du slogan hétérosexiste : « Attention = HÉTÉROSEXUALITÉ EN DANGER ! […] On vaincra ! On a un phallus ! […] Voici ce qui se passe quand on laisse sortir les femmes de la cuisine ! […] Nous devons sanctuariser la famille hétérosexuelle ! ». Dans le film « Les Crevettes pailletées » (2019) de Cédric le Gallo et Maxime Govare, le cri de guerre de l’équipe de water-polo gay s’achève en mimant une décapitation : « On va vous décortiquer ! On est les crevettes pailletées ! Argh…. ! »

 

Dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi, ce sont les travestis qui prennent la place des policiers persécutant les homos dans les parcs : « Les jardins du Sacré-Cœur sont bien gardés par les flics ! Vous ne me faites pas peur ! […] Vous, les travestis troupières, vous venez nous faire la guerre à nous, pédés pacifistes, nous traitant de jeunes filles tristes quand tout ce que nous cherchons, c’est simplement un garçon (si c’est possible un artiste) idéaliste, simple et bon qui reste garder la maison quand nous faisons secrétaires ! vous voulez nous effrayer, affublées de vos perruques, habillées comme des perruches. » (Pédé)

 

Dans le roman Des chiens (2011) de Miko Nietomertz, Polly soupçonne son ami gay Simon de désigner le « milieu homo » comme une « fausse démocratie »… parce qu’elle sent bien qu’il a raison : « En fait, t’es en train de nous dire qu’il y a autant de personnels armés en France que de gays et de lesbiennes ? Si je suis ton raisonnement, on pourrait faire une révolution gays-lesbiennes contre les uniformes armés, pour obtenir le pouvoir ? » (p. 30)

 
 

j) La politique expansionniste du milieu homo : le fascisme gay

Il arrive que les personnages homosexuels des fictions ne se fassent pas à l’idée que, selon eux, le monde soit « non-homosexuel » ou ne soit pas « hétérosexuel ». À les entendre, tout le monde serait homo quelque part. « Tout le monde est gay de nos jours. » (Mr Chapiro, dans le film « L’Objet de mon affection » (1998) de Nicholas Hytner) ; « On est partout, tu sais ? » (Éric le héros homo s’adressant à Otis, dans l’épisode 1 de la saison 1 de la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn) ; etc. Pour « libérer » chez tous ceux qui ne voient pas la sexualité comme eux « l’homosexuel qui serait en eux », beaucoup partent en croisade pour l’« amour libre » (homo, hétéro, bi, peu importe) : cf. le film « Papa faut que j’te parle » (2008) de Philippe Becq et Jacques Descomps, le film « Were The World Mine » (2010) de Tom Gustafson (où la communauté homo essaie de rendre gay tous les hétéros), le roman Hétéro par-ci, homo par le rat (2000) de Cy Jung, le film « In & Out » (1997) de Frank Oz (avec le coming out généralisé final), la chanson « You Are Unstoppable » de Conchita Wurst, etc.

 

Cette homosexualisation de la terre entière commence par la blagounette… et puis la blague devient parfois beaucoup plus sincère que prévu. Par exemple, l’affiche d’Élisabeth Ohlson Wallin pour Equal Program (2004) représente sur fond ténébriste et apocalyptique un homo, une lesbienne et un transsexuel M to F déguisés en l’autre trinité autoritaire qu’ils prétendent remplacer : l’armée, l’Église, et la police. Dans la pièce My Scum (2008) de Stanislas Briche, il est question d’installer les femmes puissantes et des homosexuels au pouvoir pour exterminer tous les hommes sexués et « détruire le sexe masculin ». Cette œuvre théâtrale promeut un monde asexué, imposant le totalitarisme ascétique de l’orgasme : « La sexualité est une activité totalement inutile. […] Le sexe est le refuge des débiles. »

 

Les slogans des héros homosexuels deviennent de plus en plus menaçants, belliqueux, victimisants : « Réécrire l’Histoire, à nos étendards… Soldats de la rue ou anges déçus… Oh, debout et le poing levé ! » (cf. la chanson « Réévolution » d’Étienne Daho) ; « Je suis un nom, sommes légion… et de lumière sur les pavés coule le ré de rébellion de nos prières. » (cf. la chanson « Réveiller le monde » de Mylène Farmer) ; « Ce n’est qu’un début. Continuons le combat ! » (cf. la dernière phrase du film anti-sarkoziste « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, scandé par un groupe de militants petits-bourgeois de gauche) ; « Les victimes d’aujourd’hui seront-elles les bourreaux de demain ? » (Joachim dans la pièce Entre vos murs (2008) de Samuel Ganes) ; « On va faire un putsch ! » (Stephany, la lesbienne du film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « C’est pas la guerre mais c’est l’invasion. » (Jefferey Jordan parlant des personnes homos dont il fait partie, dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole, 2015) ; « Aide-les à construire une Nation : celle du cœur. Vous êtes un Peuple fier et ancien. Aide ces garçons à construire leur propre Nation. » (Scrotes s’adressant à son amant Anthony, à propos du couple homo naissant Jim/Doyler, dans le roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; « Couchons-nous et demain, lesbiennes et pédales seront le genre humain. » (Cf. la reprise parodique de l’Internationale, dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini) ; « Ce qui est chiant avec vous les gays, c’est que vous voyez des gays partout. » (le Dr Katzelblum s’adressant à ses deux patients en couple homosexuel Benjamin et Arnaud, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) ; etc.

 

Dans le film « L’Ultime souper » (1996) de Stacy Title, un groupe de cinq étudiants « libéraux » décident d’éliminer tous ceux qui représentent selon eux des menaces pour la démocratie : les extrémistes, les fascistes, les racistes, les homophobes. On a affaire ici à un programme de nettoyage ethnique inversé.

 

Certains personnages communautaires homosexuels ne se contentent pas de fermer les portes de l’enfer de leurs pratiques sexuelles autour d’eux : ils veulent l’étendre au reste du monde, en cherchant – pour les plus extrémistes – à homosexualiser la Planète entière, et – pour les encore plus extrémistes et les plus bobos d’entre eux – à bisexualiser/asexualiser tous les êtres humains : « Je pense à toutes ces situations que la plupart des femmes ne connaîtront jamais, par ce manque de courage qu’elles ressentent pour assumer leurs goûts au regard des conventions imposées. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 71) ; « Je compris que les amies allemandes de ma cousine étaient mues par une force invisible qui exigeait que le plaisir qu’elles prenaient des femmes se répandît, si possible, dans l’univers entier, et que pour parvenir elles comptaient beaucoup sur la contagion. » (idem, p. 110) ; « De toute façon, le vingt-et-unième siècle sera bi ou ne sera pas ! » (Claude, une des héroïnes lesbiennes du roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 63) ; « R. me dit qu’il est peut-être bi, qu’il sait pas et que dans le fond, il s’en branle, il veut avoir tous les choix. Moi ça m’effraie qu’il ne choisisse pas son camp. Polly dit que la sexualité, de toute façon c’est dans la tête, et en réinterprétant Freud, On est tous des bisexuels qui faisons des choix. » (Mike, le narrateur homosexuel, op. cit., pp. 67-68) ; « Toutes les femmes sont des lesbiennes dans l’âme ! » (les filles lesbiennes du film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; etc. Par exemple, dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza, Danny, l’un des héros homosexuels, dans son synopsis cinématographique, veut créer « un univers où tout est inversé, un monde gay où les hétéros sont une minorité ». Dans le film « Were The World Mine » (2010) de Tom Gustafson, le but affiché des protagonistes homosexuels est « de rendre gays tous les hétéros ». Dans son one-woman-show Chatons violents (2015), la compagne d’Océane Rose-Marie a un pote qui fait de la bande dessinée. Océane s’énerve contre lui parce qu’il n’est pas homo : « Il ne peut pas être pédé comme tout le monde ? » Dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, Géraldine, la bourgeoise découvrant avec horreur que tout son entourage, et même son mari, devient homo, s’insurgent : « On n’est pas tous pédés !! »

 

La politique expansionniste homosexuelle ne s’appuie pas uniquement dans la défense ouverte d’une identité ou d’un amour homosexuel(-le). L’autoritarisme des personnages homosexuels peut prendre des détours et se valoir de la défense des enfants (« mariage pour tous », PMA, GPA, adoption) ou des pauvres (« la solidarité ») pour asseoir son pouvoir : « Je veux un enfant et je l’aurai ! » (Claire et sa compagne Suzanne dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener)

 
 

k) Mappemonde : It’s a Small World

Film "Le Dictateur" de Charlie Chaplin

Film « Le Dictateur » de Charlie Chaplin


 

La vision de l’existence qu’adoptent certains héros homosexuels étant homosexualo-centrée, narcissique, faussement humaniste (puisqu’elle est déconnectée du réel et très liée à la pulsion fantasmatique), médiatique, il arrive qu’ils le réduisent à une mappemonde, à un petit écran de télévision ou d’ordinateur portable, à un miroir d’eux-mêmes ou de l’être aimé, à un globe terrestre qu’ils peuvent tenir dans leurs mains en se prenant pour les Créateurs du Monde : « L’Univers, c’est la personne. » (cf. une réplique de la pièce Howlin’ (2008) d’Allen Ginsberg) ; « J’imaginais le corps de Linde et la carte du pays fusionnant les limites entre plusieurs États afin qu’ils se chevauchent. » (Anamika, l’héroïne lesbienne parlant de son amante Linde, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 57) ; etc. Par exemple, dans le ballet Alas (2008) de Nacho Duato, le héros désire « s’identifier au monde ». Dans le film « L’Homme de sa vie » (2006) de Zabou Breitmann, le mot « Univers » apparaît en ombre au dos de Frédéric au moment où il entre dans le bar et que Hugo tombe amoureux de lui. Dans le film « Como Esquecer ? » (« Comment t’oublier ? », 2011) de Malu de Martino, Julia dit que le corps d’Antonia « était une carte qui n’avait aucun secret pour elle ». Dans le film « L’Objet de mon affection » (1998) de Nicholas Hytner, George, le héros homosexuel maître d’école, explique à toute sa classe de primaire, avec un globe terrestre, à quoi ressemble la Planète. Le monde miniature à portée de main symbolise au fond l’étroitesse de la conception libertine de l’Amour. Dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa, Phil, le héros homo, a dans sa chambre une immense mappemonde accrochée au-dessus de son lit. Et elle s’anime en décor lumineux sur lui. D’ailleurs, même le titre du film illustre qu’il se prend pour le monde et qu’il est dans son monde.

 

Le monde mondialisé/érotisé sous forme de mappemonde, possédé avec jouissance par le dictateur homosexuel, apparaît dans un certain nombre de fictions homo-érotiques : cf. le film « My Summer Of Love » (2004) de Pawel Pawlikovsky, le film « Le Dictateur » (1940) de Charlie Chaplin (avec le dictateur efféminé face à sa mappemonde), la pièce Le Roi des aulnes (1970) de Bernard-Marie Koltès (avec le gyroscope), le film « Pink Narcissus » (1971) de James Bidgood (avec le globe terrestre), le film « Star Maps » (1997) de Miguel Arleta, la pièce La Reine morte (1942) d’Henry de Montherlant (avec l’astrolabe), le film « Queen Of The Whole Wide World » (2001) de Roger Hyde, le film « Mathi(eu) » (2011) de Coralie Prosper (avec la mappemonde affichée dans la chambre de Mathilde), le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi (avec les planètes comparées à des oranges), la pièce Dans la solitude des champs de coton (1987) de Bernard-Marie Koltès (avec le monde tenu à la pointe de la corne d’un taureau), etc.

 

« Il est à moi, le Monde, il est à moi, le Monde ! » (cf. la chanson « Dessine-moi un mouton » de Mylène Farmer) ; « Le monde m’appartient ! » (la voix narrative, du haut de sa fenêtre, dans le roman La Voyeuse interdite (1991) de Nina Bouraoui, p. 99) ; « Et dans mes mains le monde tournera. Je suis la Reine ! » (cf. la chanson « La Reine » de Lorie) ; « Comment on voit le monde quand sur son planisphère tout est à l’envers ? » (Lourdes dans la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier) ; « Rakä […] essayait de trouver notre position sur une mappemonde échappée par fortune au supplice des livres. » (Gouri dans le roman La Cité des rats (1979), p. 124) ; « Essaie de voler, mon petit. Tu vas voir comme ce n’est pas difficile. Je te donnerai un sucre. Je te montrerai l’Afrique, tu vas voir, c’est comme un mouchoir. Je te montrerai le monde, il est comme une boule de billard bleue avec des puces dessus. » (le Vrai Facteur dans la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi) ; « Le monde, ma chérie amie, c’est fini, archi-fini, c’est une carte postale du Sacré-Cœur en ovale juste bonne pour les touristes ! » (Fifi à Mimi dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) La mappemonde dans les œuvres homosexuelles traduit en général une conception plate, caricaturale, mégalomaniaque, désenchantée de la vie.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Le père militaire :

Avant de se durcir et de choisir la voie du despotisme, un certain nombre de personnes homosexuelles montrent des antécédents familiaux qui semblent les avoir prédestinés. Bien sûr, ceux-ci expliquent mais ne justifient rien, n’impliquent aucun déterminisme. Cependant, j’annonce tout de suite que ce code que je traite ici, loin de devoir culpabiliser la communauté homosexuelle (tant j’insiste ici sur les circonstances atténuantes et les possibles violences qui ont pu survenir en amont dans le passé des individus homos), est d’abord là pour aider les personnes homosexuelles à identifier leurs vieux démons et la haine de soi dont le désir homosexuel est le signe, pour éviter précisément les reproductions mimétiques inconscientes de schémas totalitaires parentaux et sociaux.

 

Car oui, certaines parmi elles ont reçu une éducation trop stricte, soit parce que trop laxiste, soit parce que trop exigeant. Elles ont vécu l’éducation de leurs parents comme une tyrannie (parce que parfois elle en était une). Dans son essai Man, Morals And Society (Homme, morale et société, 1945), J.-C. Flugel écrit que les individus homosexuels qui, dans leur enfance, se sont identifiés avec des modèles paternels ou maternels très sévères auront tendance à embrasser en grandissant des causes conservatrices et à être fascinés par les régimes autoritaires. Beaucoup de sujets homosexuels ont un père militaire de carrière (Érik Rémès, Jean Le Bitoux, Renaud Camus, Graham Chapman, Bai Xianyong, Luis Cernuda, Bernard-Marie Koltès, Rupert Everett, Havelock Ellis, Pier Paolo Pasolini, Hélène de Monferrand, etc.) ou un géniteur particulièrement autoritaire (James Baldwin, Julien Green, Serguei Esenin, Louis II de Bavière, Virginia Woolf, Élia Kazan, etc.). « Le capitaine n’était pas un joyeux drille. Le nez droit, l’œil sévère, militaire à la maison comme à la caserne, il aimait l’ordre et l’obéissance et il nous faisait baisser la tête… » (Jean-Claude Brialy parlant de son père, dans son autobiographie Le Ruisseau des singes (2000), p. 25) ; « Notre maison regorgeait de livres, des jeux de société, ainsi que des décorations militaires qui peuplaient le salon. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 18)

 
 

b) Le comportement de vieux gars tyrannique et inflexible :

Le manque d’amour et de tendresse parentale peut avoir des retombées sur le caractère de certains individus homosexuels, qui pour le coup deviennent des « vieux garçons » irascibles, qui ne supportent pas de se plier à d’autres désirs que les leurs (cf. je vous renvoie également au code « Parodies de mômes » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Eux ou bien leur entourage les décrivent comme des hommes ou des femmes pas faciles à vivre, manquant de souplesse, transis de peurs et de complexes, bref, psychorigides : « Lire la biographie de Carson McCullers, de Tennessee Williams ou de Truman Capote, c’est lire la vie d’éternels enfants terribles, de monstres sacrés, de sacrés monstres, empêtrés dans leurs contradictions, englués dans leur narcissisme d’adolescents égoïstes. » (Georges-Michel Sarotte cité dans la biographie Carson McCullers (1995) de Josyane Savigneau, p. 210) ; « J’espère que dans ses biographies elle ne sera pas dépeinte par la postérité toute de blanc vêtue ou avec une auréole. C’était une garce, et je ne veux pas qu’elle apparaisse comme un ange. » (Robert Walden à propos de Carson, p. cit., p. 317) ; « Marcel est génial, mais c’est un insecte atroce, vous le comprendrez un jour. » (Lucien Daudet à propos de Marcel Proust, cité dans Le Passé défini (1953) de Jean Cocteau) ; « Il avait beau être un tyran, on finissait par l’aimer pour cela, quand on en connaissait les raisons. » (Céleste, la nourrice de Marcel Proust, citée dans l’article « Sainte Céleste » de Diane de Margerie, sur le Magazine littéraire, n°350, janvier 1997, p. 44) ; « Je devins bientôt un enfant brillant mais de caractère difficile. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 12) ; « Sur un plateau [en tant que metteur en scène], je suis un emmerdeur. » (Copi cité dans l’article « Copi en forme » de Jean-Pierre Thibaudat, dans le journal Libération du 10 octobre 1983) ; etc.

 

Dans l’article « Rainer Werner Fassbinder » de John Tain (publié sur le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, pp. 188-190), le réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder est défini comme un « petit dictateur » boulimique. Dans sa biographie La Jeunesse d’André Gide (1963), Jean Delay en arrive à traiter le célèbre romancier français de « pédéraste arrogant ». Miguel de Molina est présenté comme un homme ultra-maniaque, capricieux, sauvage, dur, têtu, snob, et méprisant envers les sujets homosexuels (cf. l’article « Miguel De Molina, Tan Grande, Tan Andaluz » (1997) d’Ángel Berlanga). Dans le film biographique « Yves Saint-Laurent » (2014) de Jalil Lespert (qui veut pourtant donner une image positive de l’homosexualité), Pierre Bergé apparaît comme « un nerveux » colérique, un maniaque, un gestionnaire calculateur et volage : « T’aboies tout le temps » lui reproche par exemple Victoire. Et le compagnon de Bergé, Yves Saint-Laurent, dans un autre style, n’est pas plus souple : dans le documentaire « Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé : l’Amour fou » (2010) de Pierre Thoretton, il s’associe volontiers à la « grande famille des nerveux » décrite par Marcel Proust.

 

La présomption d’homosexualité rigide planant sur certains individus encore célibataires à 30 ans n’a pas à nous choquer ou à être moralisée, car elle se limite pas à une simple obsession sociale du mariage : elle peut dire aussi un assèchement du cœur chez pas mal de sujets homosexuels dont la vie n’est pas pleinement donnée à la bonne personne. « Cette absence de reconnaissance s’est parfois incarnée, au XIXe siècle, dans la figure de la ‘vieille fille’, grande et maigre come la Miss Harriet de Maupassant (Miss Harriet, 1883). […] C’est le cas par exemple de la Lisbeth Fischer de Balzac (La Cousine Bette, 1847). […]. Derrière l’archétype de la ‘vieille fille’ se cache celui de ‘la’ lesbienne – et plus généralement des femmes qui font preuve d’indépendance. » (Natacha Chetcuti, Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010), pp. 100-101) ; « Quand nous étions ensemble, Martine et moi, nous étions seules. Nous avions essayé de nous tenir chaud, de nous réconforter l’une à l’autre, mais la solitude était toujours là et ce n’était pas la vie. Martine et moi étions deux vieux garçons misogynes, mais à qui était-ce la faute ? » (Paula Dumont, La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), p. 134)

 

Le despote homosexuel version réel (même s’il ne s’actualise jamais complètement), c’est en général l’homme hétéro donjuanesque et libertaire qui se bisexualise et s’homosexualise en assumant (un peu mais pas trop) l’étiquette de l’homosexuel pour la nier la plupart du temps (il est donc homophobe), et surtout pour nier ses actes homosexuels et la responsabilité qu’ils lui confèrent. Par exemple, dans le documentaire « Cet homme-là est un mille-feuilles » (2011) de Patricia Mortagne, le père de Patricia, homosexuel tardif, est présenté comme un tyran qui, parce qu’il a toujours cherché dans ses relations le confort de la fusion, qu’il n’a jamais su couper les liens avec ses proches (ses enfants, sa femme, ses amants avec qui il vit dans la même propriété : « Tu l’as bien dit toi-même : je ne sais pas couper les liens que j’ai avec les autres. »), et qu’il s’est créé « sa petite cour », est pourri « gâté », « possessif »… même s’il niera mollement qu’il a agi comme un despote : « J’ai pas l’étoffe d’un tyran. »

 

Dans mon entourage amical, j’ai un ami homosexuel, sensiblement dans la même situation, hébergeant dans sa baraque son jeune amant, mais aussi son ex-compagne et le fils qu’ils ont eu ensemble… Et j’entends parfois son copain lui reprocher son statut de pacha pourri gâté, qui n’a renoncé à rien, qui « a tout » (le beurre et l’argent du beurre), qui n’a pas choisi de donner son cœur entièrement à une seule personne. Oui : l’homosexualité et bisexualité pratiquées, c’est le summum de la tyrannie du désir homosexuel.

 
 

c) Esprit de conquête et orgueil :

Le mal-être existentiel de certaines personnes homosexuelles peut prendre chez elles la forme de l’orgueil offensif, de la fierté mal placée, de la carcasse de suffisance : « Général, empereur, Byron, ou rien. » (Jean-Luc Lagarce dans son Journal, 1992) ; « J’aime les tsars et les aristocrates, mais leurs actions ne sont pas bonnes. […] Le président Wilson n’est pas un danseur. Wilson est dieu dans la politique. Je suis Wilson. Je suis un politique raisonnable. » (Vaslav Nijinski, Cahiers (1918-1919), p. 66) ; « Je jouais plusieurs rôles, y compris mon préféré, celui de leader suprême. Où que je fusse, je parvenais toujours à former une bande, une bande où j’étais le chef. » (Gore Vidal, Palimpseste – Mémoires (1995), p. 124) ; « J’ai toujours eu l’habitude de faire ce que je voulais. » (Catherine, intervenante lesbienne, dans l’essai L’Homosexualité dans tous ses états (2007) de Pierre Verdrager, p. 63) ; « Comme ma mère, je suis têtu, dictateur, quand je le veux. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), p. 119) ; « Je suis pour l’ordre. Vive l’ordre ! … Évidemment, l’ordre le plus raffiné est celui qui fait la plus grande place au désordre ! » (Renaud Camus dans le documentaire « L’Atelier d’écriture de Renaud Camus » (1997) de Pascal Bouhénic) ; « Face aux autres, Wilde montrait un masque trompeur, fabriqué pour étonner, amuser ou parfois exaspérer. Il n’écoutait jamais et il prêtait à peine attention à un avis autre que le sien. À partir du moment où il n’était pas le seul à briller, il s’éclipsait. » (André Gide dans « Masques de Oscar Wilde ») ; « J’ai une haute opinion de moi, c’est vrai. C’est effrayant d’être ainsi infatué de soi-même. […] Rien ne me décourage plus que de percevoir en moi cette suffisance (qui n’est pas de la confiance en soi). » (Yukio Mishima, Correspondance 1945-1970 (1997), p. 66) ; « Je suis un peu obstiné, c’est mon côté breton, sale gosse. […] Je suis très orgueilleux. » (Christophe Honoré cité sur le site www.e-llico.com, consulté en juin 2005) ; « Je possède un orgueil que je crois terrible. » (la chanteuse Mylène Farmer citée dans la biographie Ainsi soit-elle (1991) de Philippe Séguy) ; « Ton destin de souveraine est la volonté de Dieu. » (la voix-off s’adressant à Christine, dans le docu-fiction « Christine de Suède : une reine libre » (2013) de Wilfried Hauke) ; « Elle a été élevée pour régner. On l’a formatée pour commander. » (la biographe Marie-Louise Rodén parlant de Christine, idem) ; « Il me faut d’abord être couronnée roi ! » (Christine, idem) ; « J’ai peur de découvrir mes limites. » (Alexandre, jeune témoin homo de 24 ans, dans l’émission Temps présent spéciale « Mon enfant est homo » de Raphaël Engel et d’Alexandre Lachavanne, diffusée sur la chaîne RTS le 24 juin 2010) ; etc.

 

Quand Oscar Wilde débarque à New York le 2 janvier 1882 devant une meute de journalistes et que le douanier lui demande s’il a quelque chose à déclarer, il répond : « Rien d’autre que mon génie. » (François Dupuigrenet-Desroussilles, « Chronologie », dans le Magazine littéraire, n°343, mai 1996, p. 20) Dans l’affiche de son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca se représente avec une couronne de roi. Dans mon entourage amical proche, je connais un ami homosexuel qui se déguisait en Néron pendant son adolescence.

 

En amour comme en société, certaines personnes homosexuelles prétendent avoir tous les pouvoirs : « J’étais toujours le chef, et mon frère, docile et effacé, faisait office de chauffeur, de secrétaire et d’adjoint, toujours prêt à participer aux jeux fantastiques dont j’avais le secret. » (Jean-Claude Brialy, Le Ruisseau des singes (2000), p. 33) ; « Enfant, j’aimais les costumes, les déguisements et les cérémonies militaires. » (idem, p. 24) ; « J’aime l’aventure, l’ambition. J’aime commander. Et les femmes soumises. » (Maïté, femme lesbienne, dans le documentaire « Les Homophiles » (1971) de Rudolph Menthonnex et Jean-Pierre Goretta) ; etc. Dans l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, Guy Hocquenghem, l’un des pères du militantisme homosexuel français dans les années 1970, est décrit comme un orateur despotique et imbu de sa personne.

 

Lors de la conférence « Différences et Médisances » autour de la sortie de son roman L’Hystéricon, à la Mairie du IIIe arrondissement, le 18 novembre 2010), quand Christophe Bigot raconte sa petite enfance, on ne peut que penser qu’il a confondu cour d’école et cour de justice : « Je faisais le bourreau du Tribunal révolutionnaire sur la cour d’école. » D’ailleurs, il avoue s’être identifié très tôt (avant de le dés-idéaliser) au procureur Camille Desmoulins, figure du romantisme avant l’heure : « Il est jeune, courageux, fougueux, c’est un amoureux. J’ai voué un culte à Camille Desmoulins pendant toute mon adolescence. […] C’est un homme violent qui désigne, à la vindicte populaire, les contre-révolutionnaires. »

 

« Pourquoi donc les pédérastes feraient-ils de meilleurs chefs et de meilleurs éducateurs ? » Hans Blüher répond : « Bien qu’il n’y ait pas de différences essentielles entre homosexuels et non homosexuels, il y a des différences marquées dans l’efficacité de l’éducation et de l’enseignement de la jeunesse. Maintes et maintes fois, des cas historiques ont montré que l’efficacité d’un chef était directement proportionnelle au degré de son inversion sexuelle. […] Du point de vue éducatif, il y a cinq types sexuels d’hommes, depuis l’hétérosexuel exclusif jusqu’à l’homosexuel complet. L’homme hétérosexuel exclusif est le moins bien habilité à enseigner la jeunesse. La seconde catégorie, à savoir des hommes qui satisfont leurs besoins sexuels avec des femmes, mais sont socialement dépendants de leur propre sexe, fait d’excellents éducateurs, de même que les bi-sexuels. […] Un quatrième type, c’est l’homme qui satisfait ses besoins sexuels avec des hommes, mais remplit la plupart de ses besoins sociaux avec des femmes. . […] Le cinquième et dernier type d’homme est l’homosexuel exclusif. De tels hommes sont le point focal de toutes les organisations de jeunesse, et sont souvent des figures révolutionnaires. » (Hans Blüher dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, p. 149)
 
 

d) Architecture et homosexualité :

Même si, à l’évidence, le trio homosexualité-architecture-totalitarisme reste difficile à prouver, il existe et certaines personnalités du monde homosexuel en font mention inconsciemment : « Décidément, les dictateurs ont un goût très sûr en architecture. » (Pascal Sevran, Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006), p. 201) Je vous renvoie à l’essai Queer Space: Architecture and Same-Sex Desire Hardcover (1997) d’Aaron Betsky.

 

On rencontre d’ailleurs des architectes homosexuels ou tout du moins un attrait des dictateurs bisexuels pour l’architecture. Par exemple, Hitler était fasciné par l’architecture viennoise.

 
 

e) Maniaque de la propreté :

Certaines personnes homosexuelles sont tellement soucieuses de tout contrôler dans leur vie et leurs amours – parce qu’au fond on ne leur a pas donné assez d’amour et de confiance – qu’elles mettent le paquet sur le matériel, les apparences, les mondes figés. Elles se montrent souvent hyper maniaques et obsédés par la propreté : « Ranger, ranger encore. Mon obsession. […] Mettre de l’ordre, ne rien laisser traîner après moi. » (Pascal Sevran, Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006), p. 148) ; « Ma douce folie du ménage est un plaisir, presque une joie, dont je ne me lasse pas. Un besoin impérieux. » (idem, p. 188) ; « Exagération dans la propreté corporelle » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 378) ; « Beaucoup de professeurs signalent, au long des cours qu’ils font à de futurs médecins, comment la peur des maladies vénériennes pousse certains individus vers la pédérastie. Cette crainte agit naturellement sur les esprits faibles. On sait que Henri III ne devint pédéraste qu’à son retour d’Italie où il avait contracté une maladie vénérienne. Diderot, dans ses œuvres, signale qu’une des causes de l’immense développement, en son temps, de l’homosexualité, n’était autre que l’effroi produit par les maladies vénériennes. Beaucoup d’hommes sont devenus des invertis par peur de la syphilis. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p.218) ; « J’suis un peu maniaque. Dès qu’il y a une mèche qui va pas… » (Laura, homme M to F, dans l’émission Zone interdite spéciale « Être fille ou garçon, le dilemme des transgenres » diffusée le 12 novembre 2017 sur la chaîne M6) ; etc.

 

Par exemple, le romancier homosexuel Marcel Proust, sous prétexte de son asthme, il ne supportait pas les parfums, les plantes, les bruits (il avait tapissé sa chambre de plaques de liège).

 
 

f) Le militaire homosexuel :

Il n’est pas rare que certains individus homosexuels aient trouvé dans les métiers militaires et para-militaires un bon compromis entre leur recherche puriste de rigueur et leurs pulsions esthético-sexuelles : cf. le documentaire « Ma Vie (séro)positive » (2012) de Florence Raynel (avec Kévin, le trentenaire, ex-officier de police), l’autobiographie Folies-Fantômes (1997) d’Alfredo Arias (racontant la liaison entre le prof d’art dramatique et l’un de ses élèves cadets du lycée militaire), l’association Flag ! (créée en 2001) réunissant des policiers et des gendarmes homosexuels en France, etc.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Les liens entre l’armée et l’homosexualité ont beau être passés sous silence (« Don’t ask, don’t tell » comme a dit Bill Clinton), ils existent : pensons au maréchal Lyautey, au général Montgomery, Cambacérès, Mauricio Ruiz, Maurice Pinguet, Roger Vandenberghe, etc. « Il y a beaucoup d’homophiles dans l’armée. Nous accueillons dans notre club jusqu’au grade de colonel. » (Abraham, responsable homo du Club 58 en Suisse, dans le documentaire « Les Homophiles » (1971) de Rudolph Menthonnex et Jean-Pierre Goretta) Par exemple, Blücher (l’adversaire de Napoléon pendant la campagne de France en 1814 et à Waterloo en 1815) avait la réputation d’être un homosexuel chevronné. Quant aux généraux homosexuels de l’armée allemande, de l’époque hitlérienne, leurs noms sont sur les lèvres de tous… Goering, Himmler, Roehm, et même Hitler. Le scandale du Général Eulenburg dans l’armée du Kaiser Guillaume II sous le Deuxième Reich, ou bien l’affaire des cadets du collège militaire en Argentine en 1942, ont bel et bien fait date. Le comportement erratique de l’ancien commandant en chef de l’Armée suisse Roland Nef serait lié à une homosexualité réprimée. Le film « Der Fall Des Generalstabs-Oberst Redl » (1931) de Karl Anton raconte la vie d’un militaire homosexuel, Alfred Redl, ayant réellement eu des pratiques homosexuelles. En 1946, le gouverneur militaire de Melilla est homosexuel et force Juan Soto à coucher avec lui (Fernando Olmeda, El Látigo Y La Pluma (2004), p. 89). « Il avait dix-sept ans à présent, presque dix-huit, comme moi. Nous avions tous deux connu cinq ans de souffrance dans ce lycée militaire où nos familles respectives nous avaient envoyés, avec l’espoir que cette éducation virile anéantirait notre imaginaire. Dans un esprit de pédagogie et de feinte gentillesse, ils avaient formé le plan de nous éliminer. Nous avions construit, Ernestito et moi, un jeu de miroirs qui allait devenir notre planche de salut : chacun de nous était tantôt le personnage, tantôt le reflet, et nous ne nous quittions pas. Ce rituel allait nous permettre de survivre aux innombrables épreuves d’humiliation auxquelles cette ‘formation’ se prête volontiers. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), pp. 189-190)

 

Le militaire ou le flic homosexuels apparaît maintenant dans bien des publicités et des discours : pensons aux flics des dessins pornographiques homosexuels de Roger Payne ou de Tom of Finland, au personnage du policier dans le groupe des Village People, à la publicité pour la voiture Renault Clio (2010), etc.

 

Le militaire gay est souvent une projection des communautaires homosexuels eux-mêmes, qui attribue aux corps armés leurs propres fantasmes de dictature et de luxure (des fantasmes prenant parfois la forme allégorique de la femme fatale incestueuse) : « Les militaires aussi sont des folles, c’en est même incroyable, ce sont les plus folles de tous ! Sadiques. Elles organisent des séances de torture, et tout ça… Et puis elles sont mariées avec les femmes les plus laides du monde, les plus monstrueuses. Elles ne les baisent jamais, d’ailleurs, on s’en doute. » (Copi dans son interview par Alberto Cardin, dans le journal Libération du 10-11 juin 1978) ; « Quand notre neveu [Alfredo] a fait le lycée militaire, il croyait voir parfois, entre ces hommes en uniforme, les fantômes d’une femme qui apparaissait et disparaissait. Laquelle d’entre nous était-ce ? Qui de nous trois pouvait-ce être ? » (une des 3 tantes d’Alfredo Arias, dans l’autobiographie de ce dernier Folies-Fantômes (1997), p. 148)

 

D’ailleurs, sur certains lieux de drague homosexuelle, il arrive que des hommes homosexuels se déguisent en flics pour satisfaire leurs appétits sexuels et pratiquer les actes homosexuels sans craindre d’être découvert : « Ces ‘tasses’ restent le lieu de prédilection des invertis. C’est là que se nouent les idylles, là que l’on s’échange les adresses de rendez-vous ; c’est là aussi qu’opèrent les faux frères, les truqueurs, les faux policiers : tout y est permis puisque, en général, les victimes, par crainte du scandale, ne portent pas plainte. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 24) ; « Des fois il y en a qui attaquent tout de suite en disant ‘Tu prends combien ?’, mais ceux-là, je ne leur réponds pas, j’ai toujours peur que ce soient des flics. » (Pierre Benichou parlant de l’ambiance dangereuse des lieux de drague homo, dans le journal Le Nouvel Observateur, p. 44)

 
 

g) Le soldat-paon :

Illustration d'Aubrey Beardsley pour "Salomé" d'Oscar Wilde : "la Robe de Paon"

Illustration d’Aubrey Beardsley pour « Salomé » d’Oscar Wilde : « la Robe de Paon »


 

L’identification au despote orgueilleux se fait parfois par le biais du sentiment amoureux esthétisé sous la forme d’un animal : le paon. Par exemple, dans son recueil de poèmes La Danse de Sophocle (1912), Jean Cocteau s’illustre en animal mi-homme mi-paon. On retrouve la femme-paon chez Alfred Hitchcock, l’humoriste Jarry, ou bien chez Thierry Le Luron (qui imite Line Renaud). Il est curieux d’observer qu’en Espagne la culture de la frivolité camp féminisante qui a émergé sous le franquisme et qui perdure aujourd’hui soit appelée « la Pluma » (traduction : « la plume »). Au Venezuela, quand on suspecte quelqu’un d’être homo, on lui dit qu’on lui voit les plumes : « Se le salen las plumas… »

 

Femme paon thierry-mugler-haute-couture-spring-summer-1997

Collection Spring Summer de Thierry Mugler

 

La « follitude » (la féminité fatale singée) est souvent appréhendée comme un instrument de pouvoir, de propagande, et de soumission : « Une nouvelle surprise m’attendait : mon gitan ‘grand et beau’, une fois la lumière éteinte, s’avéra une triste ‘lopette’ plus efféminé qu’il n’est permis de l’être. Poussant des cris de paon, il provoqua presque un scandale dans l’hôtel. » (Jean-Luc, 27 ans, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 109) ; « La folle est une forme de concession à la répression, afin d’en atténuer les effets. » (Jean-Yves Le Talec, Folles de France (2008), p. 36. C’est moi qui surligne.) ; « Ce qui comptait, c’était de se pavaner comme un paon. » (Steve Blame parlant du vent de « liberté » homosexuelle au Studio 54 à New-York à la fin des années 1970, interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte)

 
 

h) Le despote homosexuel :

B.D. "Le Monde fantastique des gays" de Copi

B.D. « Le Monde fantastique des gays » de Copi


 

Il serait bien sûr erroné de penser que les caricatures des despotes mondiaux en homosexuels sont soit totalement révélatrices (l’homosexualisation des hommes de pouvoir qu’on veut discréditer, affaiblir, ridiculiser, est une stratégie bien connue de dévalorisation : même le Pape en fait les frais…) soit totalement infondées. Car en effet, dans l’Histoire mondiale internationales, il y a eu des cas avérés de dictateurs et d’hommes politiques – ce qui ne va pas nécessairement ensemble, je me permets de le dire – qui ont été bisexuels voire homosexuels pratiquants : Néron, Frédéric II de Prusse, Édouard II (amoureux de son favori Gaveston) et Jacques Ier d’Angleterre, Henri III, Rodolphe II, Alexandre de Macédoine, le Sultan Mehmet Fatih (Mehmet II, le conquérant de Constantinople), le Sultan Suleyman Kânouni, Mustapha Ataturk de Turquie, Louis II de Bavière, etc. Pour de plus amples détails, je vous conseille la lecture du Dictionnaire des chefs d’État homosexuels ou bisexuels (2004) de Didier Godard, du Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997) de Michel Larivière, ou bien de la partie « Grands Hommes » du code « Défense du tyran » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) Hitler (cf. la biographie La Face cachée d’Hitler (2002) de Lothar Machtan), Charles XII de Suède, Christian VII de Danemark et de Norvège, Guillaume III d’Orange-Nassau, Édouard VIII de Grande-Bretagne, José Antonio Primo de Rivera, Tibère, Jules César, Agélisas II, Caligula, etc.

 

« Si l’on brûlait tous ceux qui font comme eux, dans bien peu de temps, hélas, plusieurs seigneurs de France et prélats d’importance souffriraient le trépas. » (cf. la chanson « La Complainte de Chausson et Fabbri », tous deux exécutés pour sodomie en 1661) ; « Il existe, chez les grands meneurs d’hommes, un tel sens de la virilité que, souvent, cette prédilection pour la beauté et la force physique du mâle dégénère en un attachement contre nature. Il n’y a pas lieu, ici, de condamner ou d’approuver. On se borne à constater cette particularité et à relever quelques-uns des plus frappants exemples de l’histoire. Au-delà de l’histoire, cependant, la légende ! Car la légende, avant l’histoire, est fertile en témoignages sur les penchants homosexuels des conducteurs de l’humanité. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 213) ; « [Au Grand Siècle français] L’homosexualité reparaît, plus triomphante que jamais, sous Louis XIII et Louis XIV. Un grand nombre de hauts personnages s’y livrèrent ouvertement et l’on compte parmi eux le frère de Louis XIII, Gaston d’Orléans, et ses familiers : le duc de Bellegarde, le chevalier de Lorraine ; Monsieur, frère de Louis XIV, le duc de Vendôme, qui fut accusé du ‘ragoût d’Italie’, dit Tallemant des Réaux ; le fils du maréchal de Villars, surnommé ‘l’ami des hommes’ ; le Grand Condé, le duc de Vermandois, le prince de Conti, le Grand Dauphin, ainsi que le comte de Gramont. Le vice contraire fut fort répandu parmi les dames de la cour. Madame de Maintenon et Ninon de Lenclos, Adelaïde de Savoie, la Princesse de Monaco et Christine de Suède en furent très longtemps les championnes. » (idem, p. 140) ; « Catherine de Russie, la Grande Catherine, sur ses vieux jours, après avoir épuisé plusieurs centaines d’amants, préféra les femmes et ses maîtresses furent aussi nombreuses que les premiers. Édouard II et Jacques Ier, en Angleterre. » (idem, p. 141) ; « Guillaume II est superficiel et agité, incapable de travailler sérieusement, sentimental et théâtral, arrogant et parfois même violent, et il recherche les applaudissements comme un homme de théâtre. » (Baechler cité dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, pp. 48-49) ; « Je suis une terroriste du Genre ! » (Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla) ; « On est une armée, un mouvement pour faire bouger les choses. » (Ann Northrop, activiste d’Act-Up aux États-Unis, dans le documentaire « Lesbiennes, gays et trans : une histoire de combats » (2019) de Benoît Masocco) ; etc.

 

L’abbé séculier Brantôme, chroniquant les mœurs légères de la cour française au XVIe siècle dans La Vie des dames galantes, nous a dressé le portrait de beaucoup de dames de compagnie qui, jour et nuit, au nombre de deux ou trois cents, s’unissaient corporellement. « À cette époque (1596), Paris aussi bien que la Cour regorgeait de femmes lesbiennes, que les maris tenaient d’autant plus chères qu’avec elles, ils vivaient sans jalousie. Les unes, sans s’en cacher, nourrissaient des belettes, dont les Anciens usaient comme des lettres hiéroglyphiques pour signifier des tribades ; les autres s’échauffaient avec leurs adorateurs, sans consommer l’acte d’amour, et sans pour autant vouloir les contenter puis venaient se rafraîchir avec leurs compagnes. » (Henri Sauval, Amours des Rois de France, 1739)

 

Des hommes politiques tels qu’Héliogabale, Jules César, Henri III, Catherine II, Néron, se sont vraiment travestis. « Néron s’habillait non seulement en femme, le plus souvent en courtisane de basse classe, poussant son vice jusqu’à épouser un esclave affranchi. Héliogabale, un des derniers empereurs romains, multiplia les extravagances et se prostitua dans les bas quartiers de Rome. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 285) Christine de Suède (1626-1689), par exemple, refusa de se marier et passa une bonne partie de sa vie habillée en homme.

 

La bisexualité de Mao Zedong – qui a pourtant persécuté de son vivant les personnes homosexuelles – est abordée par exemple dans l’essai Assises de la mémoire gay, gays et lesbiennes en Chine (2004) des Actes des troisièmes assises internationales (p. 57). En 2017, le président des Philippines, Rodrigo Dutertre, a avoué sa bisexualité.

 

Yukio Mishima

Yukio Mishima


 

L’écrivain homosexuel japonais Yukio Mishima est allé jusqu’à fonder un régime militaire et sa propre secte mystico-militaire qu’il a baptisée « la Société du Bouclier » : « Je me suis fait réprimander en ces termes : ‘Dis donc, tu ne serais pas un peu facho ?» (Yukio Mishima, Correspondance 1945-1970 (1997), p. 93) D’ailleurs, dans son récit de la journée du putsch raté de l’écrivain le 25 novembre 1970, Marguerite Yourcenar compare Mishima à un dictateur à son balcon (cf. l’article « Yukio Mishima, La nostalgie du Japon classique » de Marguerite Yourcenar, cité sur le site www.islaternura.com, consulté en janvier 2003).

 

Mohammed Atta

Mohammed Atta


 

Plus proche de nous, Mohammed Atta, l’un des 4 terroristes du 11 septembre 2001, et membre d’Al Qaïda, était homosexuel. En 2011, des rebelles libyens ont découvert des DVD pornos gay dans le bureau de la villa de Saadi Kadhafi, le 3ème fils du colonel. Certains jeunes islamistes (Omar Mateen et tant d’autres) s’attaquent aux personnes homos parce qu’ils sont eux-mêmes homos pratiquants. Sur l’édito « Hitler et les talibans » de Thomas Doustaly, dans la revue Têtu (n°60, novembre 2001), il est question d’études sociologiques qui ont été faites sur l’homosexualité chez les talibans (données qui sont évidemment méprisées et caricaturées par la comité de rédaction de Têtu). Je vous renvoie à tous les cas d’homophobie actuels dans lesquels est systématiquement observable l’homosexualité refoulée (mais aussi célébrée !) des persécuteurs des personnes homosexuelles (cf. je vous renvoie au code « Homosexuel homophobe » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).

 

PSYCHORIGIDES Taliban

 

Ce n’est pas un hasard si ce sont souvent les milieux sociaux les plus stricts, où le culte de la personnalité est un objectif, où la différence des sexes est très marquée ou paradoxalement gommée – le sport, la mode, l’art, la politique, la télé, la religion, la danse, etc. – qui accueillent le plus de personnes homosexuelles. « Dans les pays fascistes, l’homosexualité, ruineuse pour la jeunesse, fleurit impunément. Dans le pays où le prolétariat s’est audacieusement emparé du pouvoir, l’homosexualité a été déclarée crime social et sévèrement punie. » (Gorki, Humanisme prolétarien, 1934)

 

Le totalitarisme, fort heureusement, ne débouche pas toujours sur une dictature nationale réelle, mais reste à l’état de fantasme inassouvi chez la majorité des personnes homosexuelles, fantasme qui sera d’autant plus actualisable qu’il n’est pas souvent conscientisé et reconnu humblement par ces dernières : « Je sais que c’est moi le dictateur, moi qui ne laisse aucun espace pour la contradiction. […] Je ne suis pas un metteur en scène, je suis un contremaître. […] Suis-je devenu en deux films un cinéaste de droite ? » (Christophe Honoré dans son autobiographie Le Livre pour enfants (2005), pages 116, 125, puis 141) ; « Mon premier soin, quand je serai dictateur, ce sera de faire pendre haut et court un psychiatre, de préférence un psychanalyste. » (Marcel Arland dans l’autobiographie Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006) de Pascal Sevran, p. 204) ; « Ami du théâtre, bonjour ! Voici une pièce où joue un copain de lycée, Alexis Wininger surnommé par moi Anicétus à l’époque où je me prenais pour Néron 😉 Si tu peux la voir, dis-moi ce que tu en penses. » (cf. le mail d’un ami homo, Sylvain, 32 ans, reçu en novembre 2010) ; etc. Par exemple, dans son documentaire « Des filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon, la réalisatrice lesbienne Jeanne Broyon se met le masque de Ben Laden sur le visage. Les artistes homosexuels interprètent à maintes reprises des rôles de dictateurs (Tim Curry, Marlon Brando, David Bowie, Elton John travesti en Marie-Antoinette, Freddie Mercury déguisé en roi lors des concerts de Queen, etc.). L’acteur Maurice Escande, par exemple, joue exclusivement les personnages de monarques dans des films historiques. Dans le spectacle musical Un Mensonge qui dit toujours la vérité (2008) d’Hakim Bentchouala, Jean Cocteau raconte son goût pour le terrorisme : il aime à se déguiser en fantômes pour faire peur aux autres.

 
 

i) L’armée homosexuelle :

La fusion entre totalitarisme et homosexualité ne se limite pas aux monarques d’antan. Elle s’élargit aux tenants de la culture homosexuelle contemporaine : les militants d’association LGBT, les couples homosexuels dits « ordinaires » et les célibataires occasionnels, mais aussi les personnes transsexuelles (particulièrement utilisées comme épouvantails à moineaux sociétaux) : cf. le documentaire « La Terreur transsexuelle » (2007) d’Aykut Atasay, le documentaire « Transexual Menace » (1995), au film « Brüno » (2009) de Larry Charles, et au documentaire « Armée d’amour » (1978) de Rosa von Praunheim, etc. « Rien ne nous arrêtera ! » (Conchita Wurst, le chanteur autrichien barbu travesti M to F, après sa victoire à l’Eurovision en juin 2014) Par exemple, Michel Dorais propose très sérieusement d’organiser une « Gayrilla » (2005) contre l’homophobie. Pendant la soirée thématique « La Représentation LGBT à la télévision française » organisée au Centre LGBT de Paris le 24 juin 2010, l’homme transsexuel M to F Pascale Ourbih n’arrête pas d’employer le lexique du combat : « Tant qu’on n’a pas gagné sur tous les fronts, c’est le même combat. » Dans le militantisme homosexuel français s’illustrent différents « groupes commandos » tels que le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (1971), les Groupes de Libération Homosexuelle (1974), le Comité d’Urgence Anti-répression Homosexuelle (1979), Act-Up (1987), etc. Les Panthères roses, SOS Homophobie, Ni Putes Ni Soumises, et Act-Up constituent une forme de « police rose ».

 

En ce qui concerne le despotisme homosexuel à échelle communautaire, je vous renvoie au code « Milieu homosexuel infernal » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels. Beaucoup de personnes homosexuelles décrivent le « Milieu homosexuel » comme une dictature, un paradis de la consommation et de l’apparence, avec des légions de clones militaires.

 
 

j) La politique expansionniste du milieu homo : le fascisme gay

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Il arrive que certains individus homosexuels ne se fassent pas à l’idée que, selon eux, le monde soit « non-homosexuel » ou ne soit pas « hétérosexuel ». Pour « libérer » chez tous ceux qui ne voient pas la sexualité comme eux « l’homosexuel qui serait en eux », beaucoup partent en croisade pour l’« amour libre » (homo, hétéro, bi, peu importe) : « Pour moi, j’imaginais que les gars devaient tous être homosexuels quelque part au fond. Je n’arrivais pas à croire que l’on puisse avoir du désir pour une femme, seulement pour une femme. Je me disais que c’était une bande de menteurs. Moi, au moins, j’étais honnête. » (un témoin interviewé dans l’essai Mort ou fif (2001) de Michel Dorais, p. 90) ; « La France est homosexuelle. » (Jeanne Broyon, la réalisatrice lesbienne du documentaire « Des filles entre elles », 2010) ; « Faire du monde ‘réel’ un monde tout homo. […] Comme l’écrivait déjà Gilles Deleuze dans Proust et les signes, ‘l’homosexualité est la vérité de l’amour’. C’est une telle expansion de l’homo-érotisme loin des petits sujets désirants, par-delà les labels d’homo ou d’hétéro, et peu à peu jusqu’aux plantes, aux mots perdus et même aux courants d’air, jusqu’au flou d’une complète indéfinition, qui fait de Proust à son insu le maître à penser, le plus grand répétiteur de toute la doctrine queer. » (François Cusset, Queer Critics (2002), pp. 166-167) ; « Oui, oui. On est mal-baisés ! Oui. On avait un humour époustouflant ! À partir de ce moment-là, j’étais persuadée que tout le monde était homosexuel. » (une témoin lesbienne de 70 ans, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Nous, le féminin, nous allons occuper votre espace. Nous allons faire de nos corps des armes. » (Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla) ; etc. Par exemple, dans l’émission de Patrick Buisson traitant du « communautarisme gay » sur la chaîne LCI en 2003, Alain Soral définit le mouvement gay de « réactionnaire » (il parle « tapettocentrisme »)… et au même moment, l’écrivain homosexuel Guillaume Dustan soutient qu’« il faut démocratiser l’homosexualité car tout le monde est bisexuel ».

 

Cette homosexualisation de la terre entière commence par la blagounette… et puis la blague devient parfois beaucoup plus sincère que prévu. « La queerisation tant souhaitée de la société, autrement dit l’éradication des ‘catégories sexuelles’, si elle se réalise jusqu’au bout, sera aussi un grand moment de criminalisation générale et de nettoyage des derniers résidus du vieux monde. Un grand épisode d’épuration. Ni homme ni femme nulle part, mais des Vigilants et des Dénonçants partout. Plus de sexes mais du sexe. Du sexe partout parce que plus de sexes. » (Philippe Muray, Festivus festivus : Conversations avec Élisabeth Lévy (2005), p. 68) ; « Cette subversion vise à terme à instaurer la dictature d’une minorité. » (Élizabeth Montfort, Le Genre démasqué (2011), p. 43) ; « On ne s’arrêtera jamais. Le progrès de la démocratie, c’est ça. » (Louis-Georges Tin dans le documentaire « Homo et alors ?!? » (2015) de Peter Gehardt) ; etc. À présent, des intellectuels (de droite comme de gauche, homosexuels ou non) décrivent la dérive totalitaire de la communauté homosexuelle actuelle (cf. l’essai Les Maîtres Censeurs (2002) d’Élisabeth Lévy, l’essai Épître à nos nouveaux maîtres (2002) d’Alain Minc, l’essai La Tentation de l’innocence (1995) de Pascal Bruckner, l’essai Big Mother (2002) de Michel Schneider, l’essai Les Martyrocrates (2004) de Gilles William Goldnadel, l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, etc.). Dans le documentaire « Act-Up – On ne tue pas que le temps » (1996) de Christian Poveda, la fameuse association activiste homosexuelle Act-Up est accusée de « totalitarisme intellectuel » par le ministre de la santé Hervé Gaymard… ce que ses militants ne semblent pas démentir en actes et en discours : « Act-Up, c’est une société de nettoyage en quelque sorte. » ; « J’ai eu l’impression d’être dans un mouvement qui n’avait plus rien à voir avec la lutte contre le Sida, un mouvement qui disait le bien et le mal de manière totalement totalitaire. » (Pierre Kneip au sujet d’Act-Up, cité dans l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, p. 526)

 

Les slogans des militants homosexuels deviennent de plus en plus menaçants et belliqueux. Ils prennent des tournures qui suggèrent le caprice mégalomaniaque victimisant : « L’homosexualité n’a pas de frontières » (pour la Journée Internationale contre l’Homophobie de 2009 en France) ; « Le changement c’est maintenant ! » (cf. slogan indigent de la campagne de François Hollande aux élections présidentielles françaises de 2012) ; « L’Égalité n’attend plus ! » (pour la Gay Pride parisienne en juin 2012) ; « La France est toujours à la traîne. » (Florence d’Arthuy souhaitant élargir la pratique de la PMA et la GPA à toute la Nation française, dans son documentaire « Homos, et alors ? » diffusé dans l’émission Tel Quel, sur la chaîne France 4, le 14 mai 2012) ; « Les gouines, les pédales, seront le genre humain ! » (cf. le détournement de l’International par quelques Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, dans le documentaire « Et ta sœur ! » (2011) de Sylvie Leroy et Nicolas Barachin) ; « Avec une mentalité pareille, ce n’est pas demain qu’on va prendre en main les commandes de la planète ! » (p. 235) (Paula Dumont critiquant les femmes « hétérosexuelles », dans son autobiographie La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), p. 235) ; « Nous, gays et lesbiennes, les masses de marginaux et des laissés-pour-compte, dissidents, hétérodoxes et non-conformes de tout poil, nous sommes le vecteur d’une nouvelle et inédite organisation de l’humanité. Rebellons-nous contre ceux qui nous divisent ! Ce que nous avons entendu ici ce soir, il faut le crier sur les toits ! » (Marisol, le transsexuel M to F, dans l’article « Crónica Auténtica De Lo Acontecido En Un Pub De Chueca Una Noche De Verano » de J. A. Herrero Brasas, dans l’ouvrage collectif Primera Plana (2007), p. 123)

 

Les soirées-débats organisées par des associations homosexuelles classiques finissent parfois par des envois de ce type : « Courage mes frères. La lutte continue ! » (cf. la phrase de Bruno venant clore le débat sur l’homoparentalité, organisé au bar Le Cargo d’Angers (France) en 2002) ; « Il nous faut suivre le ‘Droit Chemin’ de l’homosexualité. » (cf. la phrase de conclusion de l’exposé de l’homme transsexuel Natacha aux JAR de l’association David et Jonathan au Mont Dore, en 2004) Dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture, Out » (2014) de Maxime Donzel, il est question de « faire vivre cette culture dont la portée ne cessera jamais d’être politique » : cette culture libertaire, cela va de soi. Lors de sa conférence pour présenter son essai Délinquance juvénile et discrimination sexuelle au CGLBT de Paris en janvier 2012, Sébastien Carpentier a encouragé fortement les interventions en milieu scolaire : « Les interventions en milieu scolaire, il faut vraiment les développer. […] Il faut vraiment sensibiliser les parents. » ; il justifie le plus sérieusement du monde que le « Genre » soit une « police ». Dans le documentaire « La Grève des ventres » (2012) de Lucie Borleteau, le Collectif « Grève du ventre » (homo ? bi ? en tous cas, « queer ») est un groupe commando menant une politique expansionniste pour que les femmes « arrêtent de faire des enfants ». Dans l’essai Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas, le lexique guerrier est omniprésent dans tous les articles. En parcourant l’univers documentaire de la communauté homosexuelle, on tombe souvent sur de véritables films de propagande, des reportages résonnant comme des appels à la violence proférés par des militants homosexuels zélés tenant un discours belligérant. Par exemple le reportage « The Edge Of Each Other’s Battles : The Vision Of Audre Lorde » (2002) de Jennifer Abod nous montre une Audre Lorde qui se comporte comme un vrai gourou, une femme-dictateur prônant le féminisme noir lesbien. Saisissant.

 

Les militants homosexuels deviennent de plus en plus gourmands de droits, parce qu’ils ne veulent pas régler la question de la haine de soi, si centrale dans la communauté homosexuelle. « Ainsi glisse-t-on, sans crier gare, du PaCS – évident – au droit à l’adoption – plus complexe. De la répression des discriminations – impérative à la revendication de la spécificité – inacceptable – […] de la solidarité entre brimés – naturelle – à la transformation en un appareil de pouvoir – illégitime. » (Alain Minc, Épîtres à nos nouveaux maîtres (2002), p. 54) ; « Vous êtes une maçonnerie comme une autre. […] Est-ce un procès en sorcellerie ? Autant que pour les autres confréries ; ni plus, ni moins. Le sentiment d’exclusion conduit à des réflexes de solidarité et ceux-ci engendrent tout naturellement des réseaux de pouvoir. » (idem, p. 74) ; « Les plus radicaux ne se cachent pas, d’avoir une conception très extensive de la pénalisation de l’homophobie, et ne se gênent pas pour écrire qu’elle ‘ne doit pas se limiter aux seules insultes ou violences, mais doit être élargie à l’homophobie discursive de certain(e)s intellectuel(s) supposé(e)s bien-pensant(s).’ Il s’agit donc bien d’une loi des suspects destinée à interdire toute expression jugée non correcte et même à bâillonner tout contradicteur potentiel, si possible avant même qu’il se soit manifesté, fût-ce de manière discursive. » (Philippe Muray, Festivus festivus : Conversations avec Élisabeth Lévy (2005), p. 127)

 

Généralement, les personnes homosexuelles ou gay friendly nous rient au nez quand on leur parle de « lobby gay » (cf. la conférence « Le Lobby gay… Un bruit de couloir » à l’Amphithéâtre Érignac à Sciences Po Paris le mardi 22 février 2011), alors que pourtant, il existe bien, ce groupe de pression, qui, au moins dans la sphère médiatique, a su s’imposer massivement depuis quelques décennies, au point que maintenant, dans les pays occidentaux, plus beaucoup de personnes se choquent de légaliser le mariage homosexuel.

 

PSYCHORIGIDES Drapeau

 

La communauté homosexuelle, depuis les années 1960-1970, s’est transformée en police de la pensée et de la bonne intention. « Maintenant est venu le moment de continuer à défendre la Société de l’Arc-en-ciel : une société ouverte, plurielle, métisse, où tout le monde sans exception à sa place. […] Plus que jamais, nous devons être actifs dans la lutte pour la liberté, l’égalité et la fraternité. » (Pedro Zerolo cité dans l’ouvrage collectif Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas, p. 50) ; « Nous sommes particulièrement fiers de programmer une séance d’éducation à l’image réservée aux collégiens afin de les sensibiliser aux questions de genre et au problème de l’homophobie. » (l’acteur transsexuel M to F Pascale Ourbih, éditorial de la plaquette du 17e Festival Chéries-Chéris, le 7-16 octobre 2011, au Forum des Images de Paris) ; etc. C’est l’idéologie de la « diversité, de l’hétérogénéité, de l’hétérodoxie » (Juan A. Herrero Brasas, Primera Plana (2007), p. 9), mise paradoxalement à plat par le désir insistant d’égalité, qui est matraquée. Par exemple, dans l’article « Esta Batalla La Vamos A Ganar » tiré du même essai d’Herrero Brasas, la militante lesbienne espagnole Boti García Rodrigo arrive quand même à employer le mot « égalité » rien moins que 26 fois ! (sur un espace textuel de seulement 7 pages, il fallait le faire !). En réalité, l’éloge de la diversité et de l’égalité n’est souvent qu’une façade, un désir d’uniformité énonçant que tous les homos sont les mêmes ou bien que tout le monde est homosexuel. C’est la chasse au Réel, et à l’Amour pour le coup, qui est lancée. Par exemple, dans la devise inscrite sur le guide Gay-Friendly France (2000) édité par l’Office français du Tourisme (« Égalité, Fraternité, Diversité »), le pluralisme uniformisant – appelé « Diversité » – a pris bizarrement la place de la Liberté… En octobre 2004, les slogans choisis pour l’ouverture de la chaîne Pink TV en France étaient « Le Liberté, ça se regarde » ainsi que « Liberté, Égalité, Télé ». Le mot « Fraternité » a été éjecté au profit de l’image médiatique, de la machine.

 

La communauté homosexuelle fictionnelle élève le culturel sur un piédestal, sans penser que tout système totalitaire est aussi culturel que les cultures humanistes (puisque tout ce qui est humain est à la fois naturel et culturel). Elle cherche à s’imposer par le sentiment et des concepts fleur bleue déconnectés du réel, vides de sens (« la tolérance », « l’égalité », « la liberté », « l’amour »…). Or, comme l’explique à juste titre Pierre Jourde dans son essai La Littérature sans estomac (2002), « il n’y a guère de dictatures qui ne se réclament de la démocratie et de la liberté. » (p. 48) L’enfer totalitariste est réellement pavé de bonnes intentions !

 

L’homophobie (réelle mais surtout fantasmée) sert d’alibi à beaucoup de personnes homosexuelles pour justifier leurs actes homosexuels les plus violents et les plus hypocrites, justifier tous leurs caprices : « Il n’y aurait pas eu toutes ces manifs pour tous, je crois que je ne me serais pas mariés. C’est plus un acte militant [contre l’homophobie] qu’un mariage d’amour. » (Pierre parlant de son « mariage » avec Bertrand, dans l’émission Infra-Rouge du 10 mars 2015 intitulée « Couple(s) : La vie conjugale » diffusée sur France 2)
 

Le plus inquiétant, c’est qu’actuellement, le lobby hétéro gay friendly sait très bien jouer sur l’ignorance populaire en matière d’Histoire (ignorance qui a atteint les hautes sphères du pouvoir politique), sur la culpabilité mondiale et la corde sensible de l’homophobie, du machisme ou de l’esclavagisme, pour asseoir sa bien-pensance. Tout l’art des groupes féministes, marxistes, et maintenant LGBT. Les prétentions anti-esclavagistes de ces nouveaux mouvements esclavagistes prêteraient presque à sourire si ces derniers n’étaient pas aussi sérieux et intolérants aux différences fondatrices (différence des sexes + différence Créateur/créatures) et aux personnes, dans les faits…
 

"Décolonisez vos corps" (... car la sexuation naturelle, c'est l'Esclavage colonialiste, bien sûr...)

« Décolonisez vos corps » (… car la sexuation naturelle, c’est l’Esclavage colonialiste, bien sûr…)


 
 

k) Mappemonde :

La vision de l’existence qu’adoptent beaucoup d’individus homosexuels étant homosexualo-centrée, narcissique, faussement humaniste (puisqu’elle est déconnectée du réel et très liée à la pulsion fantasmatique), médiatique, il arrive qu’ils le réduisent à une mappemonde, à un petit écran de télévision ou d’ordinateur portable, à un miroir d’eux-mêmes ou de l’être aimé, à un globe terrestre qu’ils peuvent tenir dans leurs mains en se prenant pour les Créateurs du Monde : je vous renvoie à tout l’univers visuel des premières années de la chaîne télévisuelle franco-allemande ARTE (particulièrement gay friendly), à l’esthétique de Philippe Decouflé.

 

PSYCHORIGIDES Livre blanc roi seul

 

Le monde miniature à portée de main symbolise au fond l’étroitesse de la conception libertine de l’Amour, la brutalité anesthésiante et amnésique du viol : « J’étais dans le sommeil. Je flottais. Le monde était devenu bleu et moi, petit et grand, bientôt très grand, bientôt avec une autre image de moi-même. Me construire autrement, dans une autre vie. » (Abdellah Taïa décrivant ses impressions pendant qu’il se fait violer, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 17) ; « J’ai couché avec la terre entière. Enfin, j’ai fait ce que j’ai pu. C’est une phrase un peu donjuanesque. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) ; etc.

 

"Le Livre Blanc" de Copi

« Le Livre Blanc » de Copi


 
 

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