Une nouvelle interview de moi, censurée cette fois par des protestants évangéliques, et qui s’intitulait « La division de l’Église à cause de l’homosexualité »

Icône mormone

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Jamais deux sans trois. Après le journal La Péniche de Sciences Po, puis un journal espagnol qui a failli ne pas publier mon interview sur Dolce & Gabbana (il a quand même censuré ma critique du natalisme hétérosexiste), c’est au tour d’un journal protestant évangélique de se rétracter après avoir essayé de faire passer mon texte en commission (Deux de ses membres, au moment de le mettre en ligne, ont, par peur, fait demi-tour). Quand je vous dis que la censure du message de l’Église ne vient pas des « médias » ni d’un gouvernement ni d’un lobby LGBT ni de personnes athées, mais des « croyants » eux-mêmes ! et que ce qui se passe dans notre société est à l’exacte ressemblance de ce qui se passe à l’intérieur de l’Église…

 
 
 
 

LA DIVISION DE L’ÉGLISE À CAUSE DE L’HOMOSEXUALITÉ

 
 

Pourquoi l’Église se déchire autour de la thématique du l’homosexualité ? Pour une raison toute simple : l’homosexualité (en tant que désir non-acté ou en tant qu’acte) est un mal (ou un signe de mal, concernant juste le désir) qui prend la forme d’un bien. Il lance donc forcément la communauté ecclésiale dans un dilemme entre forme et fond, entre jugement des actes et non-jugement des personnes, entre Charité et Vérité. De plus, ce sujet n’a pas encore été clarifié ni compris socialement, mondialement. Il bénéficie ainsi de l’ignorance populaire et du climat passionnel que celle-ci génère. Il y a par conséquent urgence à son identification. Il en va de l’Unité de l’Église et de l’amour des personnes homosexuelles, qui représentent malgré elles aujourd’hui l’amour universel de Dieu pour tout Homme.

 

 

1 – Un sujet injustement minoré socialement

 

Ceux qui minimisent l’importance de l’analyse de l’homosexualité, en se disant que ce n’est pas un sujet dont il convient de parler ou de faire trop de cas (car ça le justifierait, ça donnerait des mauvaises idées, ou bien sous prétexte qu’à d’autres époques on ne l’envisageait absolument pas comme une identité à afficher et dans laquelle s’installer), vont vite déchanter et se rendre compte qu’ils font erreur. Non pas qu’en lui-même le désir homosexuel soit une réalité qui devrait prédominer sur notre identité humaine, notre sexualité et notre mode de vie : mais parce que dans notre Monde actuel il est devenu le prétexte n°1, l’instrument de censure le plus utilisé (aux côtés de la rhétorique du racisme et du sexisme), l’alibi le plus courant, des discours, des actions et des décisions gouvernementales, qui eux sont concrets et ont des implications dramatiques sur la population entière, à échelle internationale. Ce sont bien les revendications pro-diversité, pro-choix, pro-LGBT (Lesbien-Gay-Bi-Trans), anti-discriminations et anti-homophobie, qui servent de fer de lance de toutes les lois libertaires et homicides menaçant aujourd’hui la famille, le mariage, le sens de la fin de vie et de l’adoption, la généalogie de l’être humain. Je n’y peux rien. Le bouclier a beau de pas être l’armure entière, elle protège celle-ci et la justifie presque complètement !

 

L’homosexualité, de par sa violence (éjecter, en amour et en sexualité, la différence des sexes, c’est violent et inhumain car sans différence des sexes, il n’y a pas d’humain), de par son statut de rideau à fleurs rose que personne n’ose soulever ni dénoncer, a aujourd’hui un pouvoir monumental et disproportionné par rapport à son insignifiance objective quand elle n’est pas pratiquée. Elle est, du point de vue de la sexualité, la planque mondiale préférée du diable, puisqu’elle est le mal (ou le signe de mal, concernant uniquement le désir non-acté) déguisé en bien : un bien surnommé « nature », « identité humaine indiscutable » ou « amour ». Le diable peut donc se servir tranquillement de l’homosexualité comme mot-slogan ou sophisme pour court-circuiter toute pensée d’opposition à lui, utiliser tranquillement les personnes homosexuelles comme chair à canon de sa structure mensongère de péché, comme speakerines souriantes ou éplorées que personne ne s’aventure à critiquer sous peine d’être accusé d’« homophobe », tout pendant que lui s’affaire à cacher tous ses forfaits, ses violences et les souffrances qu’il inflige à l’Humain, précisément derrière le rideau rose de l’amour universel « LGBT ». D’insignifiante, l’homosexualité, par l’usage rhétorique et mondialisé qui en est fait actuellement, devient pour nous tous une réalité incontournable.
 
 

2 – Un sujet menaçant l’Unité de l’Église catholique

 

Tenons-nous-le pour dit : ce qui se passe à l’intérieur de la société est à l’exact reflet de ce qui se passe à l’intérieur de l’Église. Car l’Église est humaine, et l’homosexualité aussi. Même si ça rassure beaucoup de croyants catholiques et d’ecclésiastiques de minorer et d’extérioriser le phénomène de l’homosexualité en épiphénomène étranger, les faits nous prouvent que l’homosexualité est une réalité d’Église et surtout que, lorsqu’on demande aux fidèles catholiques de se positionner clairement sur le « mariage homosexuel » par exemple, les assemblées, voire même la Curie romaine (on l’a constaté au moment de la première étape du Synode en 2014 : le Pape François a carrément senti qu’il valait mieux reporter le traitement de la question plutôt que d’y répondre tout de suite tellement l’homosexualité est une patate chaude !) se scindent carrément en 3 groupes :
1) les catholiques light et gays friendly qui justifient l’« amour » homosexuel en soutenant que « Dieu ne juge personne et qu’il aime chaque Homme tel qu’il est » (ils se disent d’ailleurs contre l’Église-Institution) ;
2) les catholiques rigides et intransigeants qui lisent la Bible au pied de la lettre et mettent la Vérité avant la Charité (ils se disent en général sédévacantistes, hostiles au Concile Vatican II, et considèrent l’homosexualité comme un sujet à la fois insignifiant, méprisable et dangereux) ;
3) les catholiques qui ont compris le sujet de l’homosexualité et l’ont perçu comme un terrain important de sainteté universelle (via la défense et l’expérience de la continence), comme un prétexte puissant pour l’Unité de l’Église et la recherche de Vérité, comme une opportunité merveilleuse de Charité fraternelle.
 

Cette troisième catégorie est malheureusement une minorité marginalisée. Pourtant, ces catholiques visionnaires mériteraient une médaille car ils ont vu que l’homosexualité, en tant que pratique et aussi en tant qu’instrument rhétorique, menace sérieusement l’équilibre de l’Église toute entière. Un jour, un frère de saint Jean, grand connaisseur du monde monastique, m’avait dit en confidence : « Laisse l’homosexualité rentrer dans un monastère, et c’est le début de la fin pour cette congrégation fraternelle. »

 

L’homosexualité dans l’Église, c’est le secret de polichinelle qui lance tous les fidèles, concernés directement ou non par le sujet, dans une Guerre Froide institutionnelle larvée, d’autant plus violente que maintenant les mass médias s’en mêlent et cherchent à diviser les croyants entre eux, en demandant à chacun de se positionner dans le camp dit « du bien » (= pour le mariage homo, contre le supposé conservatisme de l’Église vaticane, différemment du catholique lambda) ou dans le camp dit « du mal » (= ceux qui sont contre le mariage homo et qui défendent les valeurs de l’Église catholique). Il est très facile, avec le mot « homosexualité », de faire parler tout le monde – et surtout ceux qui n’y connaissent rien – dans un concert babélique assourdissant et stérile. Il est très facile de créer la zizanie. C’est l’ignorance et une souffrance mal identifiée qui servent d’explosifs dans toute communauté humaine.

 

Le thème de l’homosexualité, s’il est ignoré ou traité superficiellement, constitue une menace très grave pour l’Église, d’une part parce qu’il est entouré de confusion (il est confusion, même !) et que la censure dont il fait l’objet témoigne précisément de l’existence d’une pratique homosexuelle de plus en plus accrue au sein de la communauté de croyants et des cercles cléricaux (pratique encore minoritaire mais quand même existante et qui peut s’étendre d’autant plus facilement qu’elle est invisible) ; et d’autre part parce que la pratique homosexuelle ou le désir homosexuel montre un manque de foi en l’Église, un éloignement concret des Hommes vis à vis de Dieu et de la différence des sexes qu’Il a créée. Si donc l’homosexualité commence à être justifiée par au moins la moitié des « fidèles » de l’Église (les chrétiens pro-lobby LGBT + les indécis qui ne veulent pas se positionner), c’est le début d’un schisme et d’un profond trouble au sein de l’Église. Nous le voyons déjà dans les communautés chrétiennes en déliquescence en Occident, déjà très partagées lors des Manifs Pour Tous de 2012-2014 en France. Tant que le Pape n’indique pas un cap clair et réaliste sur l’homosexualité, il laisse libre cours à toutes les interprétations, toutes les divisions et toutes les dérives au sein du troupeau qui lui est confié. Justifier une « identité homo » ou un « amour homo », cela revient à cautionner l’expulsion ou l’absence de la différence des sexes en amour, et donc à rejeter concrètement l’Église. Par voie de conséquence, l’enjeu et l’urgence autour de la parole de Vérité sur l’homosexualité sont forts. Mais ils doivent également nous réjouir. Car si nous parvenons à parler justement du désir homosexuel, nous contribuerons à renforcer encore plus l’unité et l’universalité de l’Église, et à convertir le cœur de millions d’âmes grâce à ce seul sujet.
 
 

3 – Pourquoi cette menace de division communautaire par l’homosexualité guette encore plus les églises protestantes-évangéliques que l’Église catholique ?

 

Si la thématique de l’homosexualité parvient même à faire trembler les murs de la maison religieuse la plus solide et durable que l’Humanité n’ait jamais comptée, à savoir l’Église catholique, je n’ose même pas imaginer dans le cas des demeures confessionnelles aux murs imprécis (les églises protestantes/évangéliques), éclatés (l’Islam), disloqués ou trop rigides (la religion juive). Face au tsunami rose-bonbon LGBT, la menace de division et d’écroulement de la bâtisse est déjà forte pour le catholicisme, qui pourtant repose sur le Roc (le Christ + la Bible + les Sacrements + les ministres institués par Jésus + la Vierge Marie + l’Esprit Saint + la Communion des Saints + la foi individuelle du croyant). Mais pour le protestantisme, par exemple, dont les fondations ne reposent principalement que sur la Bible et la foi individuelle du croyant avec Dieu, les dégâts sont encore plus grands. Il n’y a qu’à regarder la crise que traversent actuellement les églises anglicanes : d’ailleurs, beaucoup de fidèles, déçus par la trajectoire gay friendly de leur épiscopat, changent de crèmerie et rejoignent les bancs de l’Église catholique. Et on comprend pourquoi ! Beaucoup d’Églises protestantes bénissent déjà officiellement/officieusement des unions homosexuelles et ont même des pasteurs homosexuels en « couple » ou qui ont fait leur coming out. Le protestantisme oscille entre les extrêmes : la condamnation et la complaisance. Étant donné que les églises protestantes n’ont pas de chef unique (à part Jésus) auquel obéir, ni de dogmes et de sacrements auxquels se raccrocher et qui pourraient incarner leur foi, ni d’Institution humaine faisant autorité et servant d’intermédiaire entre les fidèles et Jésus, chacune des assemblées voit un peu midi à sa porte, chacun des responsables des confédérations protestantes est livré à lui-même. Il est encore plus difficile pour les églises protestantes de resserrer leurs rangs, de contrôler leur famille recomposée, de faire efficacement face à l’ambiguïté et à la vague de sentimentalisme spiritualisé pro-gay.

 

De plus, détail ô combien important, les églises évangéliques sous-estiment la Vierge Marie et sa place de Reine des Saints et du Ciel. Ils se privent ainsi de la compréhension, de l’expérience et des apports de l’unique bouclier efficace contre la propagande LGBT qui sévit aussi bien à l’extérieur que dans l’Église : la continence (= abstinence pour Jésus et pour son Église). La continence – j’en sais quelque chose ! – est le seul rempart pour permettre la fidélité à Jésus, et un langage de Vérité-Charité sur l’homosexualité. Comment connaître et expérimenter la force de la continence sans la Sainte Vierge et sans les sacrements de l’Église catholique ? Franchement, je ne vois pas… Ce n’est qu’à l’école de la Vierge et grâce à Elle (et un peu grâce aux prêtres, aux frères consacrés, aux moniales et aux sept sacrements de l’Église catholique) que j’ai compris/expérimenté la grâce de la continence, que je peux parler en Vérité de l’homosexualité. Ce n’est pas la lecture de la Bible ni les invocations à l’Esprit Saint qui vont pallier à eux seuls cette fragilité de l’Église face à l’homosexualité, pallier ce manque de foi en Marie, en la Communion des Saints, en l’Humain sacré et institué par Dieu. Ce n’est pas non plus un discours appris et focalisé sur la guérison de l’homosexualité – une guérison perçue par beaucoup de protestants comme définitive et magique – qui va résoudre le problème et colmater les brèches. Avant de s’évertuer à demander la guérison, il faut déjà savoir ce qu’il y a à guérir, et comprendre les diverses formes de guérison que Jésus choisit pour les personnes (durablement ou pas) homosexuelles. Donc oui, nous pouvons nous faire du souci sur l’avenir des églises évangéliques/protestantes, mises à rude épreuve de l’homosexualité.