La violence anodine du travestissement

J’ai remarqué que le maquillage sur un homme, mais plus fondamentalement la négation de son sexe (je n’ai pas dit « la négation de son genre sexué », attention), et donc de l’image qui va avec, sont germes de violence. Lors d’une soirée bal costumé 100 % gay à laquelle j’ai assisté, un de mes proches amis s’était travesti en femme. Sur lui, la féminité forcée rendait hyper vulgaire. C’était, j’avoue, hyper drôle de le voir oser porter une perruque noire de poufiasse, des talons hauts, des bas résilles immondes, et une mini-jupe qui lui allait super mal. Mais blague mise à part, j’ai pu être témoin d’un phénomène assez fascinant et beaucoup moins amusant : beaucoup d’hommes qui se trouvaient à proximité de cet ami sur la piste de danse ont commencé à se précipiter sur lui comme des bêtes. C’est fou ce que le déguisement de travesti peut appeler de pulsionnel chez certaines personnes déjà imbibées d’alcool. Simplement parce que mon pote en question s’était appliqué sur lui-même la sur-femme médiatique, la femme-objet, tout d’un coup, il devenait aux yeux des autres un pur objet de consommation, une fille facile, une « femme à violer ». Les hommes précieux et délicats qui nous entouraient se sont peu à peu métamorphosés sans crier gare en grosses brutes machistes à partir d’une certaine heure, et se sont rués sur lui, l’ont tripoté, l’ont maltraité même. Mon ami s’est retrouvé pendant la nuit à sucer des bites dans les toilettes. J’avais entendu un jour un homme homosexuel faire le constat suivant : que le maquillage sur un garçon avait une forte charge érotique, et que lorsqu’un individu dans une boîte était maquillé, il arrivait à coucher plus facilement. Depuis ce jour-là, je cesse de prendre le travestissement à la légère, de le considérer comme une activité uniquement raffinée et ludique.