Archives par mot-clé : PMA

Les réactionnaires qui diabolisent la réaction (le cas d’Estrosi)


 

Christian Estrosi, maire Les Républicains de Nice, déclare à Paris le 20 novembre 2018 : « Blesser des millions de Français qui sont favorables à la PMA et surtout faire des références à l’eugénisme, au nazisme, me choque profondément. »
 

Atteignant le Point Godwin (toute analogie excessive et anachronique au nazisme historique) en feignant de le dénoncer chez les autres, il met sur le même plan le trafic humain qu’est objectivement la Procréation Médicalement Assistée (tri et destruction d’embryons humains) et le fait que la violence de cette pratique lui soit renvoyée, ou bien sa propre réaction indignée, ou bien encore les effets outrés qu’il prête à une foule soi-disant « blessée » qu’il victimise autant que lui.
 

Essuyer un refus, une contrariété, une entorse à sa volonté personnelle et à ses propres intérêts, ou se voir attribué une responsabilité pour une faute objective, est – c’est un comble – considéré par le despote immature, comme un crime à la hauteur – ou plus haut encore – de la gravité de son crime qu’il n’avouera pas. C’est le monde à l’envers. Et c’est le même sketch malhonnête que nous avaient servi ceux qui avaient imposé le « mariage gay » à tout le monde en trouvant dans l’opposition à leur imposition arbitraire une occasion de se faire passer quand même pour des victimes traumatisées. Le pire, c’est que ces réactionnaires – qui précisément surévaluent la réaction au détriment de l’action réelle – vont attribuer le titre de « réactionnaires » à ceux-là même qui dénoncent leur abus réactionnel. Scotchant.

Charles Consigny ou Charles Con-de-signer ?

 

Hier soir, la France-qui-se-couche-tard a pu assister à une scène d’injustice télévisuelle difficilement soutenable, lors de l’émission On n’est pas couchés animée par Laurent Ruquier sur France 2. On a vu l’homophobie gay friendly dans toute son horreur : Quatre personnalités homosexuelles (Muriel Robin, Laurent Ruquier, Charles Consigny, Marc-Olivier Fogiel… je ne compte même pas Christine Angot) se sont écharpées autour de la GPA (Gestation Pour Autrui).
 

 

À juste raison, Charles Consigny a condamné cet acte d’achat (d’enfants et de mères, et plus fondamentalement, de personnes homosexuelles) qu’est objectivement la GPA ; il a dénoncé les faits et un trafic honteux opéré au nom de l’homosexualité et du « bonheur d’être père » crié par Marc-Olivier Fogiel.
 

Contre toute attente, Muriel Robin a pris la défense de son collègue trafiquant, et au nom de la soi-disant « arrogance » de Charles Consigny – qui concrètement reste à prouver – elle s’est montrée odieuse (« On a envie de vous détester. ») et d’une arrogance, pour le coup, sans pareil, avec le jeune chroniqueur.
 

Et le pire, c’est que Laurent Ruquier, avec sa lâcheté habituelle et son arrivisme mondain de modérateur à la fois rigolard et paniqué, au lieu de soutenir courageusement son jeune poulain (car je pense qu’il n’est pas non plus, en off, favorable à la GPA), a suivi le mouvement, et l’a trahi, désavoué, recadré, lui a tapé sur les doigts comme un petit garçon « malpoli devant les invités » (« Charles, laissez parler Muriel Robin. », intercalait Ruquier, laissez parler la dame). Un Coup de Trafalgar d’une humiliation rarement vue à la télévision depuis Le Jeu de la Vérité avec Chantal Goya.
 

On voyait le visage de Charles Consigny se décomposer littéralement en direct, se liquéfier devant cette double trahison, cette coalition homophobe gay friendly réunissant trois de ses pairs. C’étaient hystérie odieuse de Muriel Robin, silence grinçant et coupable de Marc-Olivier Fogiel, lâcheté paternaliste de Laurent Ruquier, liguées contre l’audace timide de Charles Consigny.
 

Le jeune Rastignac doit être, en ce moment, révolté, dégoûté, écartelé intérieurement entre son arrivisme carriériste qui lui dit de rester (car, après tout, il a voulu la célébrité, il l’a eue ; et être chroniqueur chez Ruquier est une belle consécration), et l’amertume de cette fausse gloire qui lui commande de partir illico de ce milieu homosexualisé de pourris. Sans doute que cet épisode douloureux sera salutaire pour lui dans très peu de temps, car il lui fera voir les priorités et être courageux. Il découvrira qu’il a accidentellement – mais temporairement – changé de nom de famille à l’heure où je vous écris : il s’appelait « Con-de-signer » et avait perdu son vrai nom, « Consigny »…
 

 
 
 

N.B. 1 : Pour ceux qui veulent voir le pic de violence homophobe, il a été atteint à la 55e minute de cette vidéo :
 

 

N.B. 2 : Vous pouvez retrouver cet épisode reporté dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels, aux symboles « Duo totalitaire gay-lesbien », « Homosexuel homophobe », « Milieu homosexuel infernal », « Liaisons dangereuses », et la sous-partie « fragile » du code « Désir désordonné ». Je vous renvoie à l’interview très utile sur l’homophobie de La Manif Pour Tous.
 

N.B. 3 : Cet épisode télévisuel nous indique que nous sommes bien rentrés dans la « Fin des Temps pour Tous » (FDTT), et un climat de pré-guerre-civile. Avec ce genre d’injustices, je ne donne pas cher de l’avenir de l’Empire de Ruquier.

L’imposture des livres et conférences anti-PMA d’Aude Mirkovic


 

La malhonnêteté des juristes tels que Aude Mirkovic, qui savent pertinemment que c’est au nom de l’homosexualité que les lois qu’ils condamnent (PMA sans père, GPA) passent et sont défendues mollement par la société gay friendly, c’est de taire complètement le sujet, de parler d’autre chose (l’enfant, les aspects techniques et éthiques des lois, la « réalité » des conséquences de celles-ci…), de faire comme si la réalité affective, intentionnelle et sentimentale de notre monde n’existait pas. Au fond, Aude Mirkovic veut vendre ses livres et ses conférences, sans prendre de risque : c’est le business qui se cache vraiment derrière son combat apparemment « courageux » pour la sauvegarde de la famille, combat que seuls les catholiques pro-Vie applaudiront. Et personne (ou presque) ne verra que cette carriériste détourne en réalité le vrai enjeu du débat – en faisant diversion avec l’enfant – et même qu’elle nous fait perdre finalement le bon combat. Je ne voudrais pas être là quand la colère de Dieu s’abattra sur ces marchands du Temple homophobes et arrivistes, et que leur argent se transformera en rouille.

Le pseudo « courage » de Mgr Aupetit, et le fantasme d’une mobilisation de masse contre la GPA (dans l’imaginaire de Ludovine)


 

Concernant l’actualité de l’Église en France, les catholiques qui se gargarisent de voir en Mgr Aupetit un homme courageux et anti-PMA se trompent lourdement. Cet archevêque est pro-Union-Civile et confond la différence des sexes avec l’hétérosexualité, DONC il est pro-mariage-gay, pro-PMA et pro-GPA sans le savoir. N’avez-vous pas écouté ce que je vous avais expliqué à l’époque, et que je vous explique très clairement maintenant ? ? L’Union Civile et le « mariage gay » sont une seule et même loi, sont la même réalité affective (la justification de l’« amour homo » en tant qu’« amour universel non-homo »). L’hétérosexualité est le diable déguisé en différence des sexes. Vous vous égarez parce que vous ne m’écoutez pas.
 

 

Enfin, les catholiques qui en ce moment paniquent et agitent – avec la complicité des mass médias – un possible « retour » des Manifs Pour Tous et de la mobilisation de 2013, n’ont toujours pas compris que même l’avortement, la pédophilie, l’euthanasie, la PMA et la GPA, pourtant objectivement plus graves qu’un passage en mairie de deux personnes de même sexe, n’auront jamais la puissance de l’homosexualité, et que ce qui a permis de drainer deux millions de personnes en France en 2012-2013, mystérieusement, c’est l’homosexualité (je le démontre très clairement dans cette vidéo, et dans mes livres Homosexualité la Priorité niée et dans Homo-Bobo-Apo). Ludovine de la Rochère fait en ce moment des effets d’annonce absurdes, par carriérisme et, en réalité, homophobie. Mais elle leurre son monde. Il n’y aura jamais de manif multimillionnaire tant qu’il ne sera pas question d’homosexualité et tant que le mouvement de résistance sera porté par elle et non par des personnes homosexuelles, seules légitimes dans ces débats transhumanistes qui les impliquent prioritairement et à leur insu.
 

Le blabla habituel de François-Xavier Bellamy


 

N.B. : Pour compléter ce billet, un autre lien, cette fois sur la Réacosphère anti-papale.

Le « courage de nos évêques » et leur appel à « l’engagement » (au sujet de l’extension de la PMA à tous) font peur…

 

Le « courage » et « l’appel à l’engagement » de nos évêques au sujet de l’extension de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) font frémir… Tout le monde est capable de dénoncer les conséquences (PMA, GPA) d’un trafic d’enfants, de mères, de pères, manifeste. Y compris les promoteurs de la PMA. Cela n’a rien de courageux. Mais combien d’évêques et de catholiques chérissent la cause de ces conséquences (la croyance en « l’identité » homo et en « l’amour homo ») et ne la dénoncent pas? Quasiment tous! Qui voit que le principal trafic honteux de personnes qui est en train de se jouer sous nos yeux est le trafic des personnes homosexuelles, leur instrumentalisation éhontée par les gays friendly? Personne! Le vrai courage, le vrai engagement, ce serait de parler d’homosexualité, qui est l’alibi affectif de toutes les lois transhumanistes (même l’euthanasie et l’avortement), et surtout de laisser parler les personnes homos. Et ça, les évêques ne l’auront jamais. C’était au moment du « mariage gay », et surtout du PaCS, qu’il fallait parler.
 

 

Enfin, pour les catholiques qui en ce moment jouent les victimes, en miaulant que le CCNE (Comité Consultatif National d’Éthique) les aurait « censurés », je leur rappelle que pour qu’il y ait « censure » ou « erreur de restitution », il faut déjà qu’il y ait eu préalablement verbalisation du problème. Or, il n’en est rien. Ils ne font que récolter la monnaie de leur propre pièce, de leur homophobie (peur de parler d’homosexualité et de laisser les personnes homos en parler). Ils ne sont pas du tout victimes de ce qui leur arrive. C’est ça le pire. Ils ne sont même pas « censurés ». Ils se sont censurés tout seuls !

20 conseils pour parler aux jeunes de l’homosexualité dans un contexte scolaire ou collectif

Pour éviter ce genre de décalages…


 

De plus en plus, les enseignants sont amenés à évoquer l’homosexualité en cours, soit parce qu’ils ont des élèves directement concernés, soit parce qu’ils doivent faire face à un harcèlement entre élèves relevant de l’homophobie, soit parce que le contenu du cours traite directement ou indirectement d’homosexualité ou que le sujet est évoqué explicitement par un ou plusieurs élèves. Alors, aux instits et au professeurs courageux qui ont décidé de ne pas se taire (et ils sont rares !), et qui voudraient en parler simplement et en vérité, sans tomber dans une indifférence gay friendly complaisante/validante, je vous donne ces quelques conseils :
 

1 – Faites parler une personne homosexuelle à votre place. Invitez-nous. Rien ne remplace le témoignage par la personne, et plus qu’un témoignage, l’analyse. Le reste n’est que littérature et psychologie de bazar. Les jeunes ne croient que ceux qu’ils voient. Surtout dans le domaine de l’homosexualité qui, dans leur esprit, est une personne réelle, en chair et en os, et une cause nécessairement juste. Tout discours rationnel sur l’homosexualité, fût-il juste, ne prend pas s’il ne vient pas d’une personne légitime et qui ressent cette tendance en elle.

2 – Formez-vous, lisez, intéressez-vous au sujet. Consultez par exemple mon Dictionnaire, bien documenté. Regardez mes vidéos. Avant de parler d’homosexualité, partez à notre rencontre. De toute façon, sans nous, personnes homosexuelles, vous ne pourrez rien faire (vous vous en rendez bien compte, d’autant plus en ce moment où la cathosphère panique et s’agite inefficacement autour de la PMA (sans père), alors que le centre du problème est le traitement de l’homosexualité : tant que vous n’aurez pas compris la gravité de l’hétérosexualité et de l’Union Civile – pourtant défendue par tous les opposants au « mariage gay », à commencer par Mgr Aupetit -, vous dénoncerez les conséquences dont vous chérissez inconsciemment les causes).

3 – Parlez directement du sujet, sans langue de bois. Pas de novlangue généraliste ni spiritualiste qui vous écarte du thème (tant de formateurs à l’affectivité détournent le sujet de l’homosexualité pour parler de « sexualité », d’« amitié », de « masculinité », de « féminité », de « paternité », de « complémentarité des sexes », du « corps », d’« identité », voire même de « chasteté » et de « sainteté, etc.) ! Sinon, vous jeunes vous tomberont dessus. De toute façon, désormais, vous êtes attaqués y compris quand vous ne dites pas de choses négatives sur l’homosexualité : ne pas en parler et ne pas encourager (au coming out ou à la pratique homo) est perçu comme de l’homophobie, comme suspect et comme un indice de catholicité. Alors autant y aller !

4 – Centrez votre discours sur les personnes (vos amis homos notamment): toujours. D’autant plus quand on vous lance sur le thème des lois (adoption, « mariage » gay, GPA, etc.) ou dans le débat d’idées, dans les concepts. Parlez des personnes homos, quitte à ne pas répondre directement à la question qui vous est posée. L’unique préoccupation des jeunes, c’est juste de savoir si vous nous aimez. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Et après avoir vérifié cela, ils vous écoutent. Pas avant.

5 – Soufflez le chaud immédiatement après avoir soufflé le froid, et vice-versa : on ne fait pas voir la lumière du jour à quelqu’un qui a été enfermé pendant longtemps dans une caverne… ou alors il verra la lumière comme une ennemie et réagira très mal. Quand vous dites par exemple quelque chose de dur concernant « l’identité » ou « l’amour » homos, complétez ensuite par une remarque gentille qui reconnaît au moins la sincérité des personnes ; quand vous dites quelque chose de positif sur l’homosexualité, nuancez juste après, de telle sorte que votre propos ne soit ni une justification de « l’identité » homo ni un encouragement à la pratique homo. Un exemple de soufflage de chaud puis de froid, c’est avec la question : « Comment on sait quand on est homo ? », souvent posée par nos jeunes. Dans ce cas-là, si vous en arrivez à dire que l’attirance homosexuelle peut être temporaire ou une mode à ne pas surévaluer/surinvestir, dites ensuite que vous la prenez quand même au sérieux dans certaines situations et qu’elle ne s’en va pas toujours dans un temps humain. Si au contraire vous êtes amenés à dire que c’est une tendance qui s’avère suffisamment enracinée pour compromettre un mariage ou un sacerdoce, donnez après des exemples de personnes homos qui ont réussi à se marier, à avoir des enfants ou à être des prêtres heureux.

6 – Parlez d’homophobie. C’est un super sujet. Et le mot « homophobie » est très signifiant (haine/peur du même + violence faite à l’encontre des personnes homos). En plus, les jeunes sont particulièrement sensibles à l’injustice. Et très sensibles aussi au fait que vous connaissiez des personnes qui ont souffert à cause de leur homosexualité et/ou du mauvais accueil social de l’homosexualité. Alors ils vous écouteront. Le thème de l’homophobie a ceci d’avantageux (contrairement aux sujets souvent trop identitaires et passionnels de l’hétérosexualité et de l’homosexualité) de recentrer les débats de l’homosexualité sur les faits et les actes, puis ensuite sur les personnes, en sortant des considérations politiques, militantes, idéologiques et désincarnées.

7 – Quand vous allez dire quelque chose de dur sur un mot déifié par notre époque (exemple : « égalité »), opposez immédiatement ensuite ce même mot à un autre terme tout aussi sacralisé par notre époque (exemple : « différence »), pour créer un choc frontal entre les deux qui atténuera et apaisera la « bombe » que vous avez lâchée. Ex : « Les hommes et les femmes ne sont pas égaux puisqu’ils sont différents. Et heureusement ! » C’est là que la pilule passe le mieux.

8 – Revenez sur un mot évident pour tous et diabolisé socialement, pour prendre par surprise et en défaut d’ignorance votre auditoire. Ex : les termes « discrimination », ou encore « jugement », presque systématiquement connotés péjorativement dans la bouche de nos contemporains. Expliquez qu’il y a des bonnes et des nécessaires discriminations. Par exemple, pour l’apprentissage de la lecture, il est nécessaire de discriminer – c’est-à-dire de distinguer – les phonèmes. Sinon, on ne saura jamais lire. Nous ne devons proscrire que la discrimination de valeur entre les personnes. Pas les discriminations en soi.

9 – Utilisez abondamment l’idolâtrie mondiale actuelle (et hétérosexualiste) pour les Différences. Usez et abusez de ce mot-là pour prendre les idolâtres à leur propre piège. Ex : « Non, toutes les différences ne sont pas bonnes ni tous les mélanges réussis. Et tout ce qui nous est présenté comme ‘différence’ ne l’est pas nécessairement. Par exemple, la différence homosexuelle n’est pas une personne ni une identité : une personne ne se réduit pas à un ressenti ni à une orientation sexuelle. Et l’acte homosexuel exclut la différence des sexes. » « L’Amour accueille la différence. À chaque fois qu’on n’aime pas, c’est qu’on rejette la différence, et à plus forte raison la différence des sexes dont nous sommes tous issus et qui est le ferment de notre identité. Voilà pourquoi on peut dire que l’union homo n’est pas de l’Amour. » Le discours sur les différences, franchement, ça marche à tous les coups. Le rappel que la tolérance peut être dans certains cas très intolérante et intolérable, ça fait aussi son petit effet.

10 – Le plus efficace (en plus de la présence de la personne homo) : attaquez l’hétérosexualité. Car ça, ça rassure tout le monde. Puisque bien souvent, les défenseurs aveugles de l’homosexualité confondent la différence des sexes avec l’hétérosexualité (une différence des sexes sans amour, pour le coup), veulent se venger du mariage homme-femme ou de l’Église, et cherchent à savoir si vous critiquez autant les couples homos que les mauvais couples homme-femme. Si tel est le cas, et s’ils vous entendent défoncer l’hétérosexualité, vos jeunes seront soulagés et auront la preuve que vous n’êtes pas homophobes, que vous ne dénoncez pas la pratique homo pour idéaliser le mariage procréatif traditionnel (auquel ils ne croient plus).

11 – Renvoyez la personne qui vous sort des mots impressionnants (« homo », « lesbienne », « gay », « homophobe », « mariage gay », « Manif Pour Tous », « sodomie », « enculé », « hétérosexualité », « bisexualité », etc.) à ce qu’elle a dit pour les lui faire préciser… car en général, ceux qui les emploient en ont une grande méconnaissance, et ne connaissent rien à l’homosexualité. Ex : « Tu connais des couples homos qui s’aiment ? » « Qu’est-ce que tu entends par ‘homophobie’ ? » « ‘Enculé’, ça veut dire quoi ? », etc. Cela permet à la personne de la mettre devant ses contradictions, ou bien de sortir du procès d’intention pour revenir ensemble aux faits, au sens des actes, et aux personnes homos.

12 – Ne soyez pas catégoriques et montrez que vous pouvez changer d’avis sur le sujet : avec des marqueurs de nuances (« peut-être », « certains », « souvent », « quelques », « assez », « presque », etc.) ou bien en parlant à la première personne. Ex : « Pour l’instant, je n’ai jamais rencontré de couples homosexuels durablement épanouis un minimum et qui s’aiment. Je ne dis pas que je n’en rencontrerai jamais. Mais au jour d’aujourd’hui, je n’en ai pas vus. Et si vous en connaissez, présentez-les-moi ! Je ne demande qu’à changer d’avis. » Vous découvrirez que dans 99,9 % des cas, nos jeunes défendent les « couples homos de la télé ».

13 – Reconnaissez la valeur (relative) des sincérités, ainsi que les bienfaits réels des « couples » homos (amitié, parfois fidélité, complicité, engagements sociaux, soutien mutuel dans l’épreuve, valeurs éducatives et adoptives, etc.). Ne noircissez pas le tableau de l’homosexualité, pour ne pas froisser les susceptibilités, et surtout parce que si vous le noircissez, vos jeunes ne vous croiront pas : face à l’actuelle propagande guimauve et gay friendly des séries et des réseaux sociaux, vos mises en garde ne font clairement pas le poids ! Ne projetez jamais une souffrance ou une violence ou un malheur sur l’homosexualité et sur les personnes homosexuelles, que vous ne puissiez prouver par un vécu personnel ; si vous vous retrouvez face à une personne homo (qui vous soutient par exemple que tout va bien dans sa vie et qu’elle est très heureuse ; ou bien que ses amis gays sont très heureux), ne parlez pas à sa place et ne lui inventez pas un malheur ou une insatisfaction de sa situation tant qu’elle ne l’a pas abordé elle-même. Et si vraiment, les constats négatifs ne sortent pas, usez de la béquille de votre expérience et de ce qu’ont vécu vos amis homos, en toute objectivité, et sans verser dans le misérabilisme ou le dolorisme. L’aveu du négatif ne peut venir que de l’autre. Pas de soi. Ce n’est pas à vous d’apprendre à autrui qu’il est malheureux, ou dans l’erreur et dans l’insatisfaction.

14 – Usez de l’humour, de la douceur, de votre sourire, de blagues, tout en restant fermes et sûrs de ce que vous défendez. Une personne mal à l’aise avec le sujet s’accuse elle-même d’homophobie à son insu.

15 – Rencontrez préalablement des personnes homos et vivez avec nous des amitiés authentiques. Ainsi, votre discours sur l’homosexualité et l’homophobie s’incarnera. Personne ne peut récuser des amitiés. Surtout pas les jeunes.

16 – Montrez que le sujet ne vous fait pas peur. Sortez de la traditionnelle prudence dichotomique « Mieux vaut bien en parler ou ne pas en parler du tout »: dorénavant, nos jeunes vous mettent au pied du mur en vous interrogeant directement sur les 6 mots « homosexualité », « hétérosexualité », « bisexualité », « homophobie », « transidentité » et « Amour »… alors autant les affronter en face, sans prendre les devants ni les anticiper si ces sujets ne viennent pas de la bouche de vos jeunes.

17 – Mesurez la primauté de l’homosexualité, sans la dramatiser ni la surévaluer non plus. Ne minorez pas le phénomène et son impact émotionnel, affectif, médiatique, politique, collectif, mondial, eschatologique. L’homosexualité est le seul mal (ou « signe de mal » quand elle n’est pas pratiquée) que l’Humanité ne comprend pas. Alors le monde crie d’autant plus à son sujet. Ne perdez pas de vue qu’elle est une peur de la différence des sexes, même si, à l’âge adulte, cette peur se déguisera souvent en fierté ou en banalité.

18 – Ne méprisez pas la novlangue ni le langage de nos jeunes. N’esquivez pas le sujet et ne rejetez pas leurs mots, ne bottez pas en touche en disant que ce n’est pas important ni le vrai sujet. Ils ont soif de réponses. Et si vous ne le leur donnez pas, ils viendront les chercher avec insistance, et parfois dans l’agression.

19 – N’attendez pas l’aval de votre directeur ni des parents pour traiter d’homosexualité en cours… sinon, c’est un sujet tellement tabou, et avec lequel il est tellement facile de se trouver mille excuses prudentes pour l’esquiver, que vous n’en parlerez jamais.

20 – Lisez les quatre paragraphes du Catéchisme de l’Église Catholique pour bien vous en imprégner, et demandez à l’Esprit Saint de vous inspirer les paroles aimantes qu’il faut. Pour compléter, écoutez l’épilogue de mon livre Homo-Bobo-Apo, ainsi que mon document court « l’homosexualité expliquée à un ado de 11-17 ans ».
 

Plein de courage à vous ! Vos élèves vous le rendront.
 

 

N.B. : Vu que les établissements ne nous invitent pas – quand je dis « nous » je parle évidemment des personnes homosexuelles continentes vivant ce que demande l’Église – alors que pourtant les besoins sur ce sujet précis sont criants, j’en arrive quasiment à me dire que la prochaine fois que des groupes catholiques m’invitent pour donner un « témoignage » (à une session, dans une aumônerie, en paroisse, à un festival, dans un groupe de travail, sur un média pseudo « catholique »), je déclinerai l’invitation, et j’arrête définitivement les interventions publiques. Marre de cette mascarade des catholiques qui sont entrés durablement dans la peur et l’homophobie, et qui ne comprennent rien. Ils n’avaient qu’à se réveiller avant.

Guillaume Bernard ne se comporte pas en catholique (Michel Janva, encore moins)


 

Voyez quelles personnes pseudo « catholiques » nous représentent aujourd’hui dans les médias : Guillaume Bernard, votant Front National (même s’il s’en écarte et le conspue maintenant, à l’instar de tous les votants FN), partisan de la peine de mort pour les criminels. Je le cite, à la 12’26 : « Je suis parfaitement d’accord avec vous. Je pense qu’un prêtre pédophile, il faudrait le pendre. » (C’est du Florence Foresti – « Vous serez tous peeendus !! » sauf que là, c’est dit sérieusement). C’est une honte de tenir des propos pareils. De même que ce fut une honte que le père Pierre-Hervé Grosjean dise publiquement que ses collègues prêtres pédophiles étaient des (je cite) « salopards ». Ces catholiques en carton n’ont pas compris que l’amour du Christ va jusqu’à l’amour des ennemis. Que cela leur plaise ou non, les personnes pédophiles (et j’en connais pas mal) sont appelées à la sainteté, et sont parfois saintes (quand elles n’actualisent pas leur tendance, ou bien quand elles l’ont actée mais qu’elles s’en sont repenties). Ce n’est absolument pas catholique de la part de ces porte-parole chrétiens de jouer les justiciers-nettoyeurs sans concession, voire même les meurtriers, aux yeux du monde, pour d’une part faire bonne figure et d’autre part se désolidariser de l’Église et de ses pasteurs. Honte sur eux. Ils n’imitent pas le Christ, qui Lui est allé jusqu’à la Croix, non pas seulement pour les personnes qui le méritaient, mais surtout (et c’est pour cela que la Croix est un scandale, un geste fou) pour les personnes qui ne le méritaient pas (les criminels, les personnes pédophiles, les terroristes, les violeurs, et même le diable). Par ailleurs, Guillaume Bernard fait partie de cette école de pensée (la même que Jeanne Smits, Jean-Marie Le Méné ou encore Martial Bild) qui se plante de priorité, au nom d’un purisme de la vérité, en soutenant à tort que l’avortement est le problème de fond du transhumanisme, sans penser une seconde que c’est l’homosexualité qui est ce problème de fond (jamais vous n’obtiendrez de mobilisation massive des catholiques sur l’avortement, comme vous l’avez eue sur l’homosexualité).
 

 

Abstraction faite du discours haineux et anticlérical d’Alice Coffin (qui appelle carrément à ce que les catholiques ne soient plus invités sur les plateaux télé ni écoutés : belle illustration de l’ouverture des « tolérants » auto-proclamés…), admirez également la bêtise homophobe et misogyne d’un journaliste tel que Michel Janva, qui va d’emblée réduire une personne à son attirance homosexuelle, et associer, par pure lesbophobie, la femme voire « la » lesbienne, à l’hystérie. Psychiatrisation couplée à une diabolisation/spiritualisation, de l’homosexualité. Pauvre homme. Quand je pense qu’il lit mon blog et se permet de me citer sur le Salon Lège, ça m’écoeure. Dans le genre spécialiste des raccourcis et des points Godwin, on n’a pas trouvé mieux depuis Jeanne Smits.
 

Procès de Marc-Yvan Teyssier pour homophobie le 5 juillet 2018 : un simple beauf jugé comme un dangereux criminel


 

(Note de l’auteur : Je publie ce rapport d’audience avec l’aimable autorisation de Marc-Yvan. Aimable… que dis-je ? Plus qu’aimable : Humble. Car vu comment je ne l’épargne pas dans mon descriptif, il faut être sacrément humble pour accepter d’être charitablement humilié de la sorte. Rien que pour ça, chapeau bas Monsieur Teyssier. J’ai passé (sans rire) trois bonnes journées (et notamment mon trajet aller-retour de Paris à Hautecombe) à mettre en forme et rédiger cet article. Donc merci de l’honorer, sachant en plus que ce procès est un avant-goût d’autres procès dont nous, catholiques ou clercs opposés au « mariage gay », allons faire les frais très prochainement.)
 
 

I – UNE ERREUR JUDICIAIRE EN PASSE DE DEVENIR ORDINAIRE

C’était le 5 juillet dernier (2018 : voir la biographie). J’ai eu l’opportunité d’assister à l’audience publique du procès de Marc-Yvan Teyssier au Tribunal de Grande Instance de Paris pour homophobie, orchestré par l’association Mousse (collectif homo de Sciences Po Paris). Je n’ai pas perdu une miette de ce moment d’anthologie de ladite « Justice » française. Et je vais à présent, avec l’autorisation de l’intéressé, mettre par écrit et publier sous forme d’article, tout ce que j’ai entendu d’hallucinant de part et d’autre, pour rendre un peu justice à Marc-Yvan, le critiquer aussi (car son ignorance et sa beaufitude est à l’image de l’homophobie et de la bêtise de la très grande majorité des catholiques pro-Vie de La Manif Pour Tous), et montrer combien la Justice de notre pays est en train de marcher sur la tête et de devenir une injustice, une loi du talion.
 

Étaient présents dans la salle d’audience : au centre, les trois juges (trois femmes : Madame la juge-rapporteur, Madame le Président, une assesseur) ; sur la gauche, Madame la greffière ; sur la droite, Madame le Procureur ; derrière, Marc-Yvan Teyssier (l’accusé), les deux avocats (l’avocat de l’association gay Mousse – maître Étienne Deshoullères – et l’avocat de Marc-Yvan Teyssier – maître Salim Mamlouk) ; et enfin, dans la salle, une dizaine de personnes assises (toutes des hommes).
 

L’objet de l’accusation, ce sont cinq tweets écrits sur Twitter par Marc-Yvan Teyssier, sur un compte qui a été depuis effacé : le premier date du 25 février 2017 (« Les déviances promues par la LGBTise sont abominablement reprises par les médias preuves de leurs aberrations »), le deuxième du 26 février 2017 (« Bien sûr que je persiste. L’amour vers sert d’alibi pour justifier les abominations indignes de l’être humain, pas pour moi ! »), le troisième du 12 mai 2017 (« Résolument #EnMarge car les Français ne méritent pas le chaos qui approche. #EnLutte contre la pornographie, la LGBTise, l’euthanasie, l’IVG »), le quatrième du 14 juin 2017 (« Demain ? Pire que l’union de 3 hommes celui de 3 femmes… L’homosexualité n’est que la négation de notre humanité homme-femme »), le cinquième du 14 juin 2017 (« Humainement et dignement un enfant ne peut être aimé et choyé que par un homme et une femme. Tous les autres sont des imposteurs, des loups. »).
 


 

Maintenant, je vais vous résumer par ordre chronologique les discours qui ont été tenus pendant cette audience, de la manière la plus fidèle et synthétique possible.
 
 

II – DÉROULEMENT DU PROCÈS

1) La juge-rapporteur :
 

La juge-rapporteur a démarré les festivités. C’est celle qui, aux côtés de la juge-procureur (dont je parlerai un peu plus tard), s’est montrée la plus incisive et la plus idéologue.
 

Dans un premier temps, Marc-Yvan a été appelé par elle à la barre et elle lui a soumis un interrogatoire sur ses cinq tweets. Ça a été un vrai dialogue de sourds, un échange stérile et de mauvaise foi, mais à l’apparente neutralité puisque la juge-rapporteur n’a fait que citer ce qui avait été écrit et inscrit de source sûre par Marc-Yvan. Je dis « apparente neutralité », parce que d’une part nous n’avions pas accès aux tweets des internautes qui avaient suscité les réponses incendiaires de Marc-Yvan, d’autre part parce que la juge a, pour chacun des tweets, fait résonner les mots les plus impressionnants, pour les couper de leur contexte d’énonciation, les diaboliser et leur faire dire la haine des personnes homos qu’ils ne disaient pas.
 

Tout d’abord, Marc-Yvan a été interrogé scolairement sur la culture G (G comme « Gay », bien entendu…). Pour commencer, la juge lui a demandé, de manière très infantilisante, s’il savait décliner le sigle LGBTSavez-vous ce que signifie le sigle LGBT ? »), comme si nous, personnes homos, nous réduisions à un sigle, et que connaître celui-ci était un gage d’amour et d’intérêt basique pour les personnes homos (Ça m’a fait penser à la question qui était posée systématiquement aux candidats à la présidence en 2017 pour savoir ce que symbolisait les couleurs du drapeau français, dans le but de vérifier s’ils feront de bons présidents ou non, et qui parmi eux serait le « mauvais élève » non-patriote et la risée de tous s’il ne savait pas « ça »…). Entre parenthèses, chercher à piéger Marc-Yvan sur une appellation somme toute très récente de la communauté homo, et avoir surtout la naïveté de croire que l’homophilie passerait par la connaissance d’un sigle – à rallonge en plus ! –, c’est un peu le bossu qui se moque du chameau, ou l’ignorant qui érige quelques éléments culturels en « évidences » et en « savoir universel » qu’ils ne sont pas… parce que si j’interrogeais la juge-procureur sur la vraie culture homosexuelle, je suis persuadé qu’elle n’y connaîtrait pas grand-chose et qu’elle blêmirait à la lecture de mon Dictionnaire des Codes homosexuels… Mais passons.
 

La juge-rapporteur ne s’est pas cantonnée au sigle « LGBT ». Elle a essayé de piéger Marc-Yvan sur des mots qu’il a parfois employés ou qu’elle lui a attribués (« Pensez-vous qu’il s’agisse d’une mode ? »), des concepts très relatifs et difficiles à définir (Qui, par exemple, saurait me définir ce qu’est une « mode » ? ou la « Vérité » ? Et concernant plus particulièrement l’homosexualité, s’il y a bien quelque chose qu’on ne connaît pas, c’est précisément sa genèse et sa durabilité…).
 

La magistrate a eu la malhonnêteté de faire les questions et les réponses à Marc-Yvan pour lui attribuer ses propres amalgames à elle, et donc pour le coincer : « ‘Abomination’, pour vous, c’est le mariage homo ? » Est-ce ça, le rôle d’un juge ? Elle a fait une fixette sur des mots impressionnants quand ils sont coupés de leur contexte biblique ou psychanalytique : « Qu’entendez-vous par ‘déviances’ promues par la LGBTise ? par ‘abominations indignes de l’être humain’ ? » ; « Quand vous parlez de ‘chaos’, de quoi s’agit-il ? ». La même erreur de lecture et extrapolation avaient été faites dans le cas du procès de Christine Boutin par rapport au mot « abomination ». Stigmatiser quelqu’un pour son seul usage de termes bibliques tels qu’« abomination », « chaos » et « déviances », c’est comme traîner en procès nos ancêtres pour des mots qui ont pris avec le temps des connotations bien différentes de leur création et emploi d’origine. Je pourrais prendre l’exemple du mot « perversion », qui dans le langage commun a pris une teinte extrêmement péjorative et limite insultante, alors que dans le jargon psychanalytique, « perversion » signifie « non-contrôle de pulsions » : quand Freud écrivait que l’enfant était un « pervers polymorphe », jamais il n’a induit que c’était un futur psychopathe ! Le discours de cette juge-rapporteur est l’illustration du travers nominaliste et sentimentaliste dans lequel nos institutions judiciaires sont en train de tomber. La magistrature française se remplit de gens pour qui les mots sont déjà les choses auxquelles ils renvoient ainsi que les conséquences (dramatiques et supputées) de ces choses.
 

De plus, la juge-rapporteur a posé à Marc-Yvan des questions sur des thèmes complexes qui ne réclament pas deux petites phrases de réponse pour être résolus (j’en sais quelque chose puisque j’en ai écrit plusieurs livres ! Et ce n’est pas fini !). Tout cela pour le pousser aux amalgames et les lui imputer ; « Pour vous, c’est sur le même plan, l’euthanasie, la pornographie, l’IVG ? Quelle est la logique ? » Au passage, face aux réponses de Marc-Yvan, elle ne se positionnait jamais. Elle se drapait dans un relativisme subjectiviste, en se contentant de répondre laconiquement et dédaigneusement : « C’est votre point de vue. » (traduction : cause toujours, tu m’intéresses). Ou bien elle assénait ses propres avis par une hypocrite posture questionnante, qui affirmait plus qu’elle n’écoutait et n’attendait de réponses.
 

La juge-rapporteur a infantilisé Marc-Yvan quand ce dernier a essayé de dire (avec des mots maladroits et mal choisis, j’en conviens) que dans cette histoire il a été attendu au tournant, surveillé, piégé sur son pire défaut (l’impulsivité). En effet, Marc-Yvan lui a déclaré textuellement qu’« il avait été poussé à la faute ». Et la juge-rapporteur a pris cette phrase pour une tentative chez l’accusé de nier sa responsabilité, pour l’attitude puérile qu’elle n’était pas… parce qu’en réalité, c’est elle qui le traitait comme un gamin : « Vous êtes majeur, que je sache, Monsieur Teyssier… »
 

À un moment, l’interrogatoire fut assez glaçant : la magistrate s’est mise – sans doute à son insu – à reprendre mot pour mot les paroles de Ponce Pilate (« Qu’est-ce que la Vérité ? » Jn 18, 38) face au Christ, pendant le procès de ce dernier : « C’est quoi, la Vérité ? (…quand vous parlez de ‘vérité’ dans votre tweet.) » Le procès a pris alors une tournure eschatologique que personne n’avait vu venir.
 

Plus flagrant était le chantage aux sentiments instauré par la juge-rapporteur. Son discours transpirait la spéculation sur les effets et les impressions générés par les fameux « tweets de la Honte », ainsi que la confusion (objectivement homophobe puisque nous, personnes homos, ne sommes pas un sigle mais des personnes) entre le sigle LGBT et les personnes homos : « ‘LGBTise’ : Ne pensez-vous pas que certaines personnes, en lisant ce néologisme, pourraient le percevoir de manière douloureuse ? » ; « Est-ce que vous pensez qu’une personne homosexuelle qui élève des enfants ne soit pas blessée par vos propos ? » ; « Comment pensez-vous que ces tweets peuvent être perçus ? » La juge-rapporteur a associé abusivement des actes – dénoncés par Marc-Yvan – et un collectif de personnes, pour ensuite attribuer son abus de langage à l’accusé : « Vous croyez vraiment que pour l’association Mousse, tout s’achète et se vend ? » En gros, elle a tenté de faire du débat légitime sur la PMA (Procréation Médicalement Assisté) et la GPA (Gestation Pour Autrui) une affaire d’attaque de personnes. Quelle malhonnêteté ! Elle a même déformé un des tweets de Marc-Yvan, pour le rendre homophobe et le convertir en agression personnelle (alors que par exemple, on peut tout à fait s’opposer à l’homosexualité en tant qu’actes : ce n’est pas de l’homophobie) : « L’homosexuel [à la place de « l’homosexualité »] n’est que la négation de l’Humanité homme-femme. »
 

Elle a également essayé de prendre Marc-Yvan au piège de son créationnisme… parce qu’au fond, c’est aussi elle qui essentialisait – et ça c’est ultra homophobe – le désir homosexuel en espèce (« les » homos), sous couvert de foi, et sous-entendait que « les homos seraient des créatures divines » : « Les personnes homos ont été elles aussi créées par le Créateur, non ? ».
 

Moment sidérant : elle a défendu (toujours en prêtant ses interprétations personnelles à la logique créationniste de Marc-Yvan, pour ne pas les assumer elle-même) que l’Humanité initiale créée par Dieu aurait été à la base asexuée, donc angélique, androgyne et/ou unisexuée. En se basant sur une lecture très personnelle et revisitée des Saintes Écritures, et en particulier de la Genèse, la juge a postulé que l’Humanité créée par Dieu (avant l’existence de « Ish » et « Isha ») était originellement asexuée : « Cette humanité est d’abord créé sans cette différenciation sexuelle. » Donc que la glorification de la différence des sexes par Marc-Yvan ne tenait pas debout et n’était même pas biblique… Ça sortait d’où, ce nouveau récit des origines de l’Homme formé par Dieu ? De la Kabbale ? De quelle version de la Bible ? Pas la catholique, en tout cas. Il s’agissait plutôt de la version luciférienne (Ish et Isha sont décrits comme des « êtres de feu » par les rosicruciens).
 

Comme elle n’était pas à une approximation près, la juge-rapporteur s’est également mise à défendre « l’homoparentalité » sous prétexte qu’elle ne croyait pas en la prévalence de la différence des sexes pour aimer, pour procréer et éduquer au mieux tout enfant (alors que l’Amour véritable, c’est par définition l’accueil de la différence des sexes). Et pour pousser une nouvelle fois Marc-Yvan à l’amalgame, elle lui a prêté un discours généraliste et simpliste, sans nuances, comparant pour le coup les couples homos avec les couples « hétéros », pour justifier par défaut les adoptions dites « homoparentales » : « Pensez-vous que tous les enfants qui ont un père et une mère sont choyés par leurs parents ? »
 

À la fin, en vraie midinette (je parle toujours d’une juge et d’une audience au Tribunal de Grande Instance, si si : pas du café du commerce), la juge-rapporteur s’est faite le chantre de l’Amour, en utilisant le Christ pour justifier tous les sentiments amoureux humains : « Il me semble que le message du Christ était un message d’Amour, non ? »
 

Et comme elle n’assumait pas ce qu’elle défendait, elle a tenu exactement le discours bobo-bisexuel qui, au nom de « l’amour », nie les étiquettes « hétéros, homos, bis, trans » (LGBT, en somme) qu’il a préalablement créées : « Est-ce que vous pensez qu’avoir une orientation sexuelle, ça se sépare ? » Là encore, elle nous a fourni une nouvelle preuve d’homophobie gay friendly, qui efface verbalement l’homosexualité tout en promotionnant sa pratique.
 
 

2) Marc-Yvan Teyssier :
 

Marc-Yvan est l’archétype de ce que j’ai l’habitude d’appeler le bobo catho anar d’extrême droite. Autrement dit, un franc-maçon de droite (pléonasme) qui s’ignore. D’ailleurs, ce n’est pas pour des prunes qu’il exerce le métier d’agent immobilier et qu’il habite Lyon (Boboland). Je rappelle, pour ceux qui ne savent pas détecter les francs-maçons « cathos », que leur discours repose sur les trois champs lexicaux de la Franc-Maçonnerie actuelle (lumière-tissu + architecture + humanisme intégral), et qu’ils y rajoutent un messianisme christocentré et un millénarisme transformant Jésus en puissance, en force lumineuse, en racines, en conquête, en croisade identitaire, en culture à transmettre, en patrimoine civilisationnel traditionaliste à rebâtir, en groupe armé des armes humaines, en géniteurs voués prioritairement au mariage procréatif ou au célibat consacré ascétique et abnégationniste.
 

Et avec Marc-Yvan, on retrouve presque tous ces ingrédients. Pendant son procès, il a d’ailleurs défendu ses points de vue et ses tweets au nom d’une radicalité sans concession, d’un jusqueboutisme à ses yeux « héroïque et saint » : « C’est spontané. Je l’exprime de façon honnête et cohérente. » Or la Franc-Maçonnerie, comme l’étymologie l’indique, est précisément fondée non sur la Vérité-Charité mais sur la franchise, la sincérité, la bonne (et parfois mauvaise) intention.
 

En vrai franc-maçon de droite, il a plaidé pour la construction et la perduration d’un système théocratique d’inspiration catholique, d’une civilisation. Il l’a soutenu pendant l’audience : le chaos, à ses yeux, c’est « tout ce qui ne va pas dans le sens d’un maintien de la civilisation ». Dans ses réponses, il a démontré qu’il sacralisait la différence des sexes en elle-même, en la vidant d’Amour et du célibat consacré, et donc en l’hétérosexualisant et en la décatholicisant : « L’abomination, c’est tout ce qui est hors du mariage homme-femme. » C’est une vision pas catholique et particulièrement hétérosexuelle de la vocation chrétienne, étant donné que la spécificité de l’Église Catholique, c’est précisément de ne pas proposer comme unique horizon de bonheur et de don entier à Dieu le mariage procréatif ; c’est aussi de proposer le célibat consacré (chose que ne font pas les autres religions monothéistes telles que l’islam ou le judaïsme). Marc-Yvan, au contraire, s’est fait le défenseur d’un « ordre naturel » (la présence des deux parents biologiques auprès d’un enfant) qu’il a présenté comme « l’Idéal » planétaire par excellence. Quand il a donné sa définition de la « Vérité », il a déclaré : « C’est l’union homme-femme. C’est la loi naturelle. C’est l’ordre des choses. Il y a des évidences. » Il a fermé le débat par un dogmatisme et un naturalisme spiritualiste qui vidait la différence des sexes d’Amour. C’était dramatique… et un terrible contre-témoignage. En plus, preuve qu’il a érigé la loi naturelle en idole, c’est qu’il l’a comparée au « Graal ». Ce naturalisme mystique est typiquement franc-maçon… même si c’est du maçonnisme à la sauce catholique (N’oublions pas que les francs-maçons sont fascinés par la Quête du Graal…). Pour son malheur, Marc-Yvan est un pragmatique machiavélique (au sens historique de l’adjectif). Il estime que la défense de la Vie, de la Vérité et de l’ordre naturel (incarné par le mariage femme-homme et la famille… et accessoirement par l’Église Catholique pré-Concile Vatican II) autorise tous les actes et les propos : « C’est un idéal qui justifie une certaine violence. » C’est une reprise de « La fin justifie les moyens » de Machiavel…
 

Concernant les lois transhumanistes, Marc-Yvan est tombé dans le créationnisme le plus archaïque : « C’est la logique d’exemption du Créateur. On repousse nos limites. On se coupe du Créateur. » Il fait partie de ces catholiques qui n’ont pas appris à justifier leurs points de vue sur des faits sociaux et sur la vie autrement que par des arguments spiritualistes (c’est une hérésie spirite qui pourrait être qualifiée de « spiritualisme intégral » : le cardinal Sarah nous en offre régulièrement l’illustration…). C’est une foi désincarnée, qui méprise notre époque et qui ne s’adapte pas aux personnes qui ne croient pas en Dieu. En somme, c’est du pharisaïsme, de l’hermétisme (… et Dieu sait si les francs-maçons sont disciples de l’hermétisme !).
 

La plus grosse bourde qu’il ait faite (alors que pourtant, je l’avais prévenu : si le mot « hétérosexualité » sort en tant que synonyme de « différence des sexes », tu es foutu), c’est de se présenter comme hétérosexuel : « Moi, je suis hétéro. » Même si après il a exprimé une vérité (« Distinguer l’hétérosexualité et l’homosexualité, c’est une bêtise. »), elle a été préalablement invalidée par le fait qu’il se soit défini comme « hétéro » juste avant (car ainsi, il a essayé de se démarquer de l’homosexualité… donc il a bien créé une distinction entre hétérosexualité et homosexualité, quoi qu’il en dise…).
 

Marc-Yvan est l’archétype de l’hétérosexuel gay friendly : il confond la différence des sexes avec l’hétérosexualité (sachant que l’hétérosexualité est le pilier du lobby LGBT, contrairement à l’idée reçue que ce groupe reposerait uniquement sur la défense de l’homosexualité), et en plus il observe (comme tous les gays friendly) un respect d’indifférence à l’égard des personnes homos (donc un respect en carton, très proche de l’homophobie) : « Pour moi, ça [l’homosexualité] n’a pas d’importance. » Étonnant mais pourtant vrai : le boboïsme d’extrême droite reprend en fait les arguments du boboïsme gauchiste. Par exemple, pendant l’audience, j’ai halluciné mais Marc-Yvan a défendu sa « liberté de penser » (Florent Pagny le Retour !). Depuis quand, nous, catholiques, défendons la « liberté de penser » ? Nous pensons (comme nous pouvons), tout simplement.
 

Il faut le dire : Marc-Yvan a été particulièrement nul pour se défendre (j’ai compris pourquoi cette fois-ci il avait loué les services d’un avocat, même incompétent…). Par exemple, il a nié qu’en parlant des loups (par une animalisation) dans ses tweets, il effaçait l’humanité des personnes homos… alors que c’est vraiment l’impression que donnait un de ses posts. Et il eût été honnête de le reconnaître. Quand je dis que Marc-Yvan a une fois de plus raté son oral, c’est qu’hormis le martèlement de ce créationnisme naturaliste, et quand il ne se justifiait pas par des arguments natalistes péremptoires, bizarrement, Marc-Yvan ne répondait pas directement aux questions concernant les points de morale soulevés par la juge-rapporteur, et esquivait les réponses en extériorisant au contexte de rédaction des tweets. Il ne fournissait pas d’explications aux questions de morale sexuelle formulées par la juge-rapporteur. Par peur, je crois, d’aggraver son cas. Mais c’est ainsi, par ces non-dits, qu’il a aggravé son cas !
 

Je vais être sévère mais réaliste. La seule chose intelligente que Marc-Yvan ait sortie pendant son procès (et d’ailleurs, ce fut l’unique moment suspendu où il a été vraiment écouté par tous, où on entendait les mouches voler dans la salle d’audience), c’est quand il a expliqué que l’homosexualité était un prétexte qui instrumentalisait les personnes homos, et le cheval de Troie des lois transhumanistes telles que le « mariage gay » et la GPA… ce qui, sur le terrain, se révèle très vrai : « Les personnes homos sont les victimes. […] Je suis contre la GPA, y compris pour les couples hétérosexuels. […] La victime, c’est l’enfant. » Mais sur la totalité d’un oral raté, ce moment de grâce et de Vérité a de grandes chances de tomber aux oubliettes. Et en plus, croire que les seules victimes du « mariage gay » sont les enfants, c’est négliger que les premières victimes (bien avant les enfants, les mères et les pères) sont d’abord et surtout les personnes homosexuelles.
 

À la fin de son interrogatoire ubuesque (digne du procès d’Alice dans « Alice au pays des merveilles » de Walt Disney), j’ai compris que Marc-Yvan a été transformé par ses auditeurs en non-personne. La preuve, c’est qu’au moment où sa « personnalité » a été déclinée par la juge-rapporteur, il n’était question que d’un descriptif d’État Civil on ne peut plus neutre : « Il est agent immobilier. Marié avec 9 enfants. » Point. Ça s’est arrêté là. C’est ça, la « personnalité » d’un individu, dans le jargon juridique français : un portrait-robot complètement désincarné, une nomenclature scientifique glaciale. À ce moment précis, j’ai réalisé l’inhumanité de notre système judiciaire.
 
 

3) Madame le Président :
 

Après l’« échange » entre la juge-rapporteur et Marc-Yvan, Madame le Président a pris brièvement la parole, en arrivant à la conclusion d’une « stigmatisation de certaines personnes » concernant l’affaire Teyssier. Bref, elle est rentrée dans le jeu idéologique et personnaliste de la magistrate assise à sa droite : les questions de la juge-rapporteur – qui d’une autre manière stigmatisait tout autant les personnes homos que les tweets de Marc-Yvan – ont eu leur petit effet. Madame le Président a cependant eu l’intelligence – ou la nuance – d’interpréter le mot « abomination » utilisé par Marc-Yvan non par rapport aux personnes homos mais en relation avec les « conséquences sociétales » de certaines lois. Mais cela va-t-il peser sur la décision finale ?… J’ai vraiment des doutes.
 
 

4) Maître Étienne Deshoullères (le petit bonhomme de Mousse)
 

Ensuite, ce fut au tour de l’avocat de l’association Mousse, Étienne Deshoullères (déjà contacté dans le cadre du procès beaucoup médiatisé contre Christine Boutin), de s’exprimer.
 

Sa plaidoirie fut spectaculairement courte : c’est une technique très courue de ceux qui croient trouver raison dans la concision… mais dans le cas précis de maître Deshoullères, c’est plutôt parce qu’il n’avait pas d’arguments : ce genre de personnes ne parlent jamais de l’homosexualité, de l’homophobie, ni de la pratique homosexuelle en tant que telles : pour eux, elles ne sont pas des sujets et ne doivent en aucun cas être problématisées, questionnées, entachées de négativité.
 

D’emblée, il a démarré en se justifiant de ne pas faire ce qu’il faisait : « Il ne s’agit pas d’un procès contre la religion ou par rapport à l’opposition à la GPA. » Ah bon ? Pourtant, les deux uniques alibis des tweets de Marc-Yvan étaient objectivement la Foi catholique et l’opposition à la GPA. Et Marc-Yvan siégeait au banc des accusés non pas uniquement à propos de la façon d’exprimer certaines idées, mais pour les idées en elles-mêmes (l’opposition à l’homosexualité en tant que pratique, la critique du lobby LGBT et des lois et droits soi-disant portés par la majorité des personnes homos, sa vision créationniste et catholique de l’amour et de la famille, etc.). Et ça, l’avocat de l’accusation s’est bien chargé de le lui faire comprendre, quand c’était possible, au moyen du chantage émotionnel et de la menace.
 

Effectivement, l’argumentaire de maître Deshoullères était presqu’exclusivement basé sur les « effets » (supposés « blessants ») surévalués des mots et des tweets. Il a répété ce terme plusieurs fois : « Ces mots ont des effets sur les personnes gays, bisexuels, lesbiennes, transsexuelles. » De quels « effets » parlait-il, au juste ? Il s’est bien gardé de les décrire, pour laisser tout imaginer, et a fortiori le pire (vague de suicides, dépressions, meurtres homophobes venus presqu’uniquement de l’extérieur, etc.). Maître Deshoullères a ainsi exprimé tacitement une absurdité : que les tweets de Marc-Yvan auraient tué. Et le pire, c’est qu’il présentait ces effets « désastreux » comme des preuves factuelles irréfutables, alors qu’en réalité, ils étaient le pur produit de son imagination (Si je me trompe, que les individus connaissant des personnes s’étant suicidées à cause des tweets de Marc-Yvan se signalent !). Maître Deshoullères, en plus de tomber dans l’amalgame – pourtant simpliste à éviter – entre faits et effets, a manifestement versé lui aussi dans le nominalisme (le mot qui remplacerait et créerait la réalité qu’il nomme). Et ce nominalisme est par essence psychotique : il brouille la frontière entre le mot et la chose (par exemple, pour la personne psychotique, le mot « chien » peut mordre). Venant d’un magistrat, ce genre de raccourcis est plus que limite…
 

Mais la paranoïa de l’avocat de Mousse ne s’est pas arrêtée là. Il s’y est pris de différentes manières pour justifier ses fantasmes personnels. D’abord, il a intériorisé l’ennemi pour mieux le grossir, surévaluer son influence et appuyer son propre complotisme. Il a parlé de « l’homophobie intériorisée » (et de son analogue tout aussi indémontrable : « la haine de soi »), ce nouveau concept très en vogue chez les militants homosexuels qui s’inventent un traître interne pour rendre dangereux tout opposant homosexuel à la boulimie de « droits homos » actuelle, un traître d’autant plus dangereux qu’il serait invisible et semblable à eux-mêmes ! : « L’homophobie blesse les gens principalement parce qu’elle est intériorisée. » ; « Les personnes vont intérioriser une haine d’elles-mêmes. » ; « Il convient de condamner l’appel à la haine de soi. » ; etc. Ensuite, il a utilisé l’homophobie comme un concept non-étayé et péjoratif – ce qui fait injure aux personnes homosexuelles et aux attaques réellement homophobes dont elles font l’objet –, tout ça pour stigmatiser une personne et exagérer la violence des actes dont il l’accusait. Et ça, c’est malhonnête. L’adjectif « homophobe » (exemple : il a parlé des « propos homophobes » de Marc-Yvan) n’est pas un argument, et encore moins un bout de scotch discursif qu’on colle sur la bouche de quelqu’un qu’on veut faire taire et attaquer. L’homophobie, ce sont des faits autrement plus lourds !
 

Le plus grave – car ça c’est la base de l’homophobie -, c’est que maître Deshoullères, sous couvert de nous défendre et de lutter contre l’homophobie, a brillé par son homophobie puisqu’il nous a réduits – nous personnes homosexuelles – à notre homosexualité, à nos actes et nos comportements amoureux et génitaux, à notre tendance sexuelle : « Viser un comportement sexuel qui est inhérent et constitutif des personnes homosexuelles, c’est viser les personnes homosexuelles. » Il a même imposé une censure sur tout discours et analyse de l’homosexualité : « Critiquer l’homosexualité, c’est critiquer un groupe de personnes. » Sous-entendu on ne peut plus dire du mal de l’homosexualité ni dénoncer les mauvaises pratiques posées par une personne homo, sous peine d’être jugé homicide et homophobe. Je ne savais pas que nous, personnes homosexuelles, étions des anges et des animaux, à l’abri de tout mal… Je ne savais pas non plus qu’il était interdit de parler d’homosexualité, et que cette interdiction était légale parce que « gay friendly »…
 

La vision cauchemardesque de l’homophobie adoptée par maître Deshoullères contrastait totalement avec un optimisme progressiste qui édulcorait celle-ci dans le même mouvement. Ses constats sociologiques étaient d’ailleurs des plus douteux : « La société est moins homophobe » : De quelle société parlait-il ? Celle du monde publicitaire et législatif, ou la société réelle ? Et sur quoi se basait-il pour avancer cette amélioration ? Parce que sur le terrain, je constate au contraire une recrudescence des actes homophobes, en particulier dans les pays dits « gays friendly » où les lois pro-gays sont passées contre l’avis d’une large partie de la population.
 

En guise de conclusion de sa démonstration bâclée, maître Deshoullères a réclamé contre Marc-Yvan « une sanction exemplaire ». Cette assertion prouve deux choses effrayantes : 1) Premièrement, que dans cette affaire, ce n’est pas Marc-Yvan qui a été véritablement jugé (en gros, ce dernier paye pour « les autres », et en particulier pour une catégorie de la population dont les contours sont très flous et dont l’existence reste à démontrer, à savoir « tous les homophobes invisibles », tous les « contre-exemples ») ; 2) Deuxièmement, la fonction majoritairement et purement symbolique du procès, procès qui pour le coup ne repose plus sur le Réel, mais sur un modèle qu’on veut appliquer à ce dernier. Ce type de réclamations et d’accusations ne brille pas par son professionnalisme ni par sa justesse.
 
 

5) Madame le Procureur :
 

Madame le Procureur est venue enfoncer le clou, en renfort de ses camarades gays friendly en robe. D’un côté, elle a avancé que « chacun a le droit d’exprimer ses opinions », de l’autre elle a placé arbitrairement les propos de Marc-Yvan hors du cadre acceptable et tolérable de la « liberté d’expression ». Autrement dit, si dans un premier temps elle a concédé à Marc-Yvan le bénéfice du contexte objectivement violent des réseaux sociaux (qui rendent quasiment impossible, surtout sur Twitter, la sérénité des débats), ça a été pour mieux invalider ensuite cette circonstance atténuante dans le cas précis de Marc-Yvan, et pour que l’argument du contexte ne soit plus pris en compte, tout comme l’argument de la liberté d’expression, et même l’argument de l’objet des tweets (à savoir l’opposition à la PMA et à la GPA) : « Ce n’est pas vraiment la PMA et la GPA qui sont visées » par la plainte de Mousse, a-t-elle décrété. Pourtant, les intentions réelles de Marc-Yvan, elles, visaient bel et bien la PMA et la GPA, et non les personnes homos. Je connais Marc-Yvan : je ne l’ai jamais vu s’en prendre à moi ou à une personne homosexuelle.
 

Madame le Procureur a continué à étoffer la corde sensible des lecteurs homosexuels ou gays friendly des tweets de Marc-Yvan, en faisant clairement du procès d’intentions pour nous victimiser : « Dans le cas de Monsieur Teyssier, c’est plus que de la maladresse. Il y a une intention de blesser. » Est-elle, elle aussi, dans l’esprit de Marc-Yvan ? « Comment une personne, à la lecture de ces tweets, ne puisse pas être blessée par des propos qui sont naturellement outrageants, qui peuvent blesser n’importe quelle personne homosexuelle normalement constituée ? » Ces magistrats ne restent pas à leur juste place : ils cherchent à rentrer dans notre tête et dans le ressenti des personnes homos, en extrapolant notre sensibilité et notre ressenti, nos blessures, nos impressions. Car par ces phrases lapidaires sur l’« idéologie LGBT », Marc-Yvan voulait-il sciemment nous blesser ? Non. On ne peut pas mettre sa bourrinerie du côté de la vengeance ou du calcul. Elle se situe plutôt dans l’impulsivité narcissique et dans la paranoïa conspirationniste.
 

De plus, à l’instar de maître Deshoullères, Madame le Procureur a eu l’homophobie de nous réduire, nous personnes homosexuelles, à notre homosexualité, comme si nous ne nous définissions que par notre tendance érotique, par les personnes qui nous attirent sexuellement, par nos sentiments et par nos actes génitaux ou corporels, par un groupe politique et par des lois qui passent en notre nom… : « L’acronyme LGBTise renvoie de facto aux personnes homosexuelles elles-mêmes. » ; « Ça renvoie à un groupe de personnes. » ; « ‘Tous les autres’, ce sont bien les personnes homosexuelles. » ; « Il y a quelque chose de très artificiel à distinguer l’homosexualité et les personnes homosexuelles. » Par ses tweets, Marc-Yvan aurait, selon elle, touché « à notre être, à notre vie » : là, on nageait en plein délire…
 

Enfin, loin d’observer le droit de réserve qui sied à son rang de magistrate, loin de rester neutre, Madame le Procureur a endossé son masque de passionaria gay friendly, s’est carrément montrée favorable aux droits pro-gays (« Ces droits devraient leur être accordés. ») et a demandé en conclusion « une peine d’amende de 5000 euros » contre Marc-Yvan. Bonjour l’impartialité !
 
 

6) Maître Salim Mamlouk :
 

Pour clôturer le tour de parole de cette belle chaîne d’union gay friendly, ça a été le jeune avocat de Marc-Yvan, maître Salim Mamlouk, qui s’est exprimé. Et concrètement, ce fut un désastre. Non seulement il n’a pas aidé son client, mais en « l’excusant » mal, il l’a inconsciemment enfoncé encore plus. Marc-Yvan a été dépersonnalisé par son seul « soutien » de l’audience.
 

Déjà, d’entrée de jeu, maître Mamlouk s’est mis à relativiser le délit d’homophobie, en soutenant qu’il s’agissait d’un « contentieux plus rare que l’antisémitisme ou le racisme ». En quoi – même si c’était vrai – la rareté d’une violence la rendrait moins grave que d’autres ? Objectivement, je ne vois pas…
 

Ensuite, il a folklorisé Marc-Yvan, comme s’il n’était plus une personne mais un personnage archétypal, excusable parce que « caricatural et typique socialement ». À entendre maître Mamlouk, « Monsieur Teyssier » (comme il n’arrêtait pas de l’appeler) représente un pan assez large et respectable de la population française, à savoir les catholiques opposés au « mariage gay ». C’est un personnage tout droit sorti de la collection des livres pour enfants Monsieur Madame : « Mon client n’est pas en marge : il représente l’un des visages de la France, de la Manif Pour Tous. » « Monsieur Teyssier » serait un cas parmi d’autres : pourquoi le pénaliser lui plus que les autres conservateurs, après tout ? « Monsieur Teyssier » représenterait l’un des visages du christianisme. Cette exotisation, ça s’appelle du racisme social positif. Et c’est tout bonnement du relativisme culturel et de la victimisation de bas étage, cette victimisation catastrophique qui fabrique le bouc émissaire et qui agit inconsciemment comme un appel à attaquer encore plus ce dernier. Il s’agissait pour maître Mamlouk de déresponsabiliser au maximum Marc-Yvan : « Monsieur Teyssier est responsable de ce qu’il écrit. Pas de ce qui est compris. » Traduction : Excusez-le… il est responsable mais pas coupable (de tout)… les torts sont partagés… Pour résumer, aux yeux de maître Mamlouk, Marc-Yvan est « un 15% », un quota à prendre en considération (15% de la population française n’admettrait pas l’homosexualité). Il est déjà en marge (c’est un père de famille de 9 enfants : on n’en croise plus beaucoup, des pater familias comme lui !), il est une espèce en voie de disparition. Vous n’allez pas le marginaliser encore plus… L’ours est un animal dangereux, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut le tuer. Alors ne tuez pas non plus Monsieur Teyssier. Les dangereux de son espèce, qui sait, sont peut-être utiles à l’écosystème et à la biodiversité démocratique, malgré les apparences. Sur un malentendu.
 

La plaidoirie de maître Mamlouk était nullissime et stérile puisqu’il n’a fait que resservir exactement les mêmes arguments sabrés quelques minutes avant par les autres intervenants (la liberté d’expression, la pluralité des avis, le contexte d’Internet, la catholicité culturelle des réactions du client, etc.). « Il est fondamental que toutes les opinions puissent s’exprimer. » ; « Ses propos relèvent du débat d’idées circonstancié. » ; « Ses propos relèvent de la liberté d’expression. » ; « Je vous demande de relativiser. Au nom de la liberté d’expression. » ; etc. Par exemple, il a dissocié les associations LGBT des personnes homos, le monde réel du monde virtuel, les pensées (ou idées ou mots) des personnes, etc. « Monsieur Teyssier est sur le terrain des idées. Pas des personnes homosexuelles spécifiquement. » Le problème, c’est qu’une fois fait ces distinguos d’usage, il n’a jamais parlé du fond. Il en est resté aux intentions, aux circonstances, au système intérieur de Marc-Yvan. Tout comme maître Deshoullères, il a prétendu rentrer dans la tête des autres, et en particulier de son client : l’expression « Dans l’esprit de Monsieur Teyssier » ou « Pour Monsieur Teyssier » revenait en boucle dans sa bouche. Ça faisait vraiment discours du traducteur infantilisant et psychologue « Le Monsieur a voulu dire que… », « Dans sa tête, ça fonctionne comme ça. », « Ce sont les idées de Monsieur Teyssier ». La Justice française est devenue de la psychologie de l’introspection : une psychologie, par conséquent, de bazar, intrusive, et basée sur le fantasme, le sentiment et la pulsion, l’INTÉRIORITÉ. Maître Mamlouk s’est comporté en psy, pas en avocat. Il n’a pas défendu la part de Vérité du discours de Marc-Yvan, mais uniquement la logique et la cohérence d’un avis qui lui était extérieur : « Ça fait partie des combats de Monsieur Teyssier. » C’est son avis. C’est son fonctionnement. Les tweets cadrent avec le système de croyance des catholiques conservateurs. « Monsieur Teyssier est le produit de son histoire et de ses convictions religieuses. La Bible ne tombe pas sous le coup de la loi 1881. »
 

L’ironie de la situation, c’est que maître Mamlouk n’a pas défendu Marc-Yvan comme si ce dernier n’avait pas tort (Étonnant pour un avocat…). Au contraire, il est parti implicitement du principe que son client avait tort, et que par conséquent il fallait limiter les dégâts, atténuer la sentence ou nuancer les erreurs, et surtout ne pas rentrer dans la compréhension et la défense des idées de Marc-Yvan.
 

Le pire, c’est qu’il apparaissait gros comme une maison que maître Mamlouk était pro-gays, pro-amour homosexuel, en faveur des lois gays friendly… et que donc il ne soutenait absolument pas Marc-Yvan sur le fond. Concernant la législation en matière de sexualités (je mets à dessein le pluriel à « sexualité »), il a admis qu’« il y avait des avancées dans le sens de l’ouverture. » Son travail de défense n’a consisté qu’à un hypocrite exercice de cosmétique, pour atténuer les effets d’une accusation qu’au fond il cautionnait. En effet, contre toute attente, comme tous les gays friendly homophobes, maître Mamlouk a défendu la diversité, la liberté individuelle, le pluralisme, le progrès : « C’est comme cela que le débat public avance. » Il a reconnu, pour nuancer, la nécessité d’encadrer cette liberté, pour qu’elle ne soit pas « absolutisée » et qu’elle soit un minimum règlementée, mais en aucun cas il ne l’a remise en cause dans le cas de la législation pro-homosexualité. Le pompon, ça a été quand il a confondu, comme tout gay friendly idéologisé qui se respecte, la différence des sexes avec l’hétérosexualité : « les personnes, qu’elles soient hétérosexuelles ou homosexuelles » ; « Pour Monsieur Teyssier, l’homosexualité est la négation de l’hétérosexualité, puisqu’il a parlé de l’Humanité homme/femme. » Car l’hétérosexualité est le soutien caché de l’homosexualité : toutes les lois pro-gays passent en son nom.
 

 

Le seul apport pertinent de l’argumentaire de maître Mamlouk a été de resituer la comparaison des promoteurs du « mariage gay » à des « loups » dans le tweet de Marc-Yvan par rapport au contexte biblique des « faux prophètes » (Mt 7, 15) : effectivement, Marc-Yvan n’a pas cherché à animaliser les personnes homosexuelles ou gays friendly, mais se référait, en parlant des loups, au déguisement des faux prophètes.
 

Mais excepté ce beau coup de maître, maître Mamlouk a défendu son client sans y croire. Comble du relativisme : pour dédramatiser les tweets de Marc-Yvan, il a pris une comparaison avec les propos de Christian Vanneste à l’époque de son procès en 2005 (ce dernier avait déclaré que « l’homosexualité était inférieure à l’hétérosexualité »), propos qu’il a présentés comme « autrement plus graves que ceux de son client ». Pourquoi ? On ne saura jamais. Ça, j’ai envie de dire, c’est « dans la tête de Monsieur Mamlouk »…
 
 

III – À L’ISSUE DE L’AUDIENCE


 

Après le sketch vivant qu’a constitué cette audience, j’ai pris un pot avec Marc-Yvan et un autre ami homo, non loin du Tribunal de Grande Instance, pour faire un débriefing du procès. Sans du tout me faire son coming out (car il est bien peu homosexuel), Marc-Yvan m’a avoué : « C’est bête qu’on me juge pour homophobie. Parce que l’homosexualité, vraiment, ça m’intéresse. » Et je crois que c’est on ne peut plus sincère. Ce qui ne transparaissait absolument pas dans les tweets litigieux, et qui n’a pas du tout été perçu ensuite par les juges du procès, c’est cet intérêt réel de Marc-Yvan pour l’homosexualité. Une fascination intellectuelle, et pourtant quasi irrationnelle. J’oserais même dire qu’il s’y intéresse davantage que bien des défenseurs gays friendly des lois pro-gays, qui sont « pour » l’homosexualité par idéologie, aveuglement et indifférence bienveillante. Sinon, jamais il n’aurait lu avec attention (même s’il ne m’a toujours pas compris) mon livre Homosexualité : la Priorité niée. Et surtout, il ne se serait pas rué à corps perdu (et quasiment à pure perte !) dans l’arène de Twitter précisément sur ce sujet-là.
 

En regardant, après le procès, Marc-Yvan, je me suis dit en moi-même : qu’il ait un côté beauf de droite, bourrin, sanguin, pas fin, et même bobo franc-mac d’extrême droite, c’est indéniable. Mais qu’il soit considéré comme un assassin, là, c’est du grand n’importe quoi. C’est un rapport pathologique aux réseaux sociaux que ce procès aurait dû sanctionner, et non une homophobie. C’est aussi cette loi sur l’homophobie (telle qu’elle est comprise par la Justice française) qui devrait être totalement revue voire abrogée, à la lumière d’une analyse de la véritable homophobie (à savoir « l’identité » et la pratique homos).
 
 

IV – CONCLUSIONS : LE DÉCLIN DE LA JUSTICE FRANÇAISE

Pour résumer dans les grandes lignes les idées fortes que l’on peut tirer de cette affaire Teyssier qui en apparences ne mérite pas de rester dans les annales, je dégagerais cinq grands enseignements :
 

Le PREMIER, c’est que nous nous retrouvons manifestement face à un procès perdu d’avance. La décision du délibéré tombera le 18 octobre 2018. Mais à mon avis, c’est mort de chez mort pour Marc-Yvan. Les dés sont déjà jetés, car la partie était inégale dès le départ. Maître Mamlouk n’a pas défendu en profondeur son client : tous les arguments qu’il a présentés ont été préalablement listés et déconstruits par Madame le Procureur, la juge-rapporteur et maître Deshoullères. De plus, il a relativisé des accusations qu’il a par défaut appuyées (parce qu’il ne les a pas contredites et n’est pas rentré dans le débat de fond, c’est-à-dire ce qu’est vraiment l’homophobie). Les plates excuses et promesses de Marc-Yvan, dignes des plus mauvaises supplications du cancre de la classe (« Hey M’dame, sur la tête de ma mère que j’le rfrai plus ! R’gardez, j’ai déjà payé. J’ai compris ! J’arrête, j’arrête, j’arrête ! ») ne sont pas crédibles pour un sou. Dire « J’ai compris » et assurer que la première sanction a été efficace et que les prochaines seront forcément inutiles, alors que la récidive démontre factuellement le contraire, ça revient à s’enfoncer davantage. Marc-Yvan a perdu toute crédibilité. C’est déjà son 4e procès pour homophobie (le premier à Paris en 2016 lui a coûté 3000 € d’amende ; au 2e à Lyon en 2016, il a été relaxé ; le 3e à Lyon en 2018 lui a valu 5000 € d’amende ; ici le 4e à Paris en 2018 se présente très mal ; et un 5e l’attend à Lyon, qui est un procès en appel qu’il a interjeté suite au 3e procès. À noter au passage que les 2e, le 3e et 5e procès sont à l’initiative de l’État français, carrément ! Marc-Yvan a été ou va être cité à comparaître par le Procureur de la République en personne, et non simplement par une association). Que risque Marc-Yvan ? Dans le pire des scenari, au pénal, 6 mois de prison avec sursis, plus 35 000 € d’amende ; au civil, 5000 € de dommages et intérêts, 3500 € de frais d’avocat, un condensé du jugement dans cinq journaux de France ou étranger à hauteur de 2000 € par publication. Mais ce ne sont pas les sanctions en soi qui sont impressionnantes dans cette affaire (il n’y a ni emprisonnement, ni peine de mort, et Marc-Yvan a de quoi payé les amendes, même si ça le fait suer). Le plus embêtant, c’est la symbolique. C’est la mutation de notre Justice, qui bascule vers les idéologies multiculturalistes et sentimentalistes sans aider vraiment les personnes réelles qui les portent ou représentent.
 

DEUXIÈME conclusion que nous pouvons tirer de l’événement : c’est que le procès de Marc-Yvan Teyssier s’est basé sur les fantasmes plus que sur le Réel. L’erreur judiciaire criante de cette audience, à mon sens, c’est l’omission du contexte d’énonciation des tweets. Un jugement juste (c’est une banalité de le dire mais bon…) eût été de replacer les propos de l’accusé dans un contexte de discussion internétique. Selon toute vraisemblance, Marc-Yvan a été pris dans le tourbillon réactionnel de Twitter. Et certainement que notre homme a le profil psychologique du réactionnaire, au sens étymologique du terme : le réactionnaire, au lieu de réfléchir avant d’agir, (sur-)réagit, et ce, de manière généralement impulsive, pulsionnelle, compulsive, mécanique. La longanimité, le silence, tourner deux fois sa langue dans sa bouche avant de se taire, concéder à l’autre le point final, se taire, il ne sait visiblement pas faire… Cela dit, ce qui frappe dans les arguments employés par l’accusation, c’est leur subjectivité et leur pauvreté. Ils sont le fruit au mieux de spéculations hasardeuses, au pire de fantasmes paranoïaques. Dans les tribunaux réels mais aussi virtuels, il existe désormais non plus des délits pour des faits réels, mais des délits pour des conséquences et des effets supposés réels et en général tragiques. Par exemple, Christine Boutin a été condamnée pour « incitation à la haine ». Quésaco ??? Et maintenant, une nouvelle typologie de délits condamnables émerge sous des appellations presque risibles tellement elles confinent au procès d’intentions et de réception, à la sensiblerie, à la douilletterie, à l’alarmisme, aux fantasmes : « préjudice d’angoisse ou moral », « injure publique » « provocation à la haine », « non-dénonciation », etc. C’est affolant. Nos magistrats semblent oublier qu’émotion n’est pas raison, semblent ignorer que l’homophobie est bien autre chose qu’une simple insulte ou un tweet : elle est les viols, les meurtres, les suicides, la prostitution et le tourisme sexuel, les agressions physiques, les passages à tabac, les chantages, les déportations et crimes de guerre, etc.
 

TROISIÈME conclusion que je ferais de ce procès : on a deux homophobies qui se font face et miroir. Certes, l’homophobie la plus évidente, c’est celle de Marc-Yvan, qui visiblement ne sait pas dire aux personnes homosexuelles qu’il les aime fraternellement. Il les transforme en complot et en lobby. Mais plus subtile et invisible est l’homophobie de la magistrature ainsi que des accusateurs pour « homophobie » de Marc-Yvan. Concernant l’homophobie de la magistrature, il est assez sidérant comme les juges gays friendly nous réduisent – nous personnes homosexuelles – à notre orientation sexuelle, à notre pratique sexuelle, à un lobby politique qui nous représenterait, en pensant nous respecter. Et par ailleurs, il est flagrant comme la magistrature, dans son ensemble, est ignorante du sujet de l’homosexualité et comme elle est inconsciemment homophobe (au sens premier du terme : elle a peur de l’homosexualité). Le cas du procès de Marc-Yvan Teyssier révèle une nouvelle fois combien les avocats chargés de défendre une personne accusée d’homophobie se défilent. Marc-Yvan a eu un mal de chien à trouver un avocat qui veuille bien plaider sa cause ! Maître Mamlouk a été le troisième avocat proposé. Et à l’évidence, ce jeune premier est apparu comme l’archétype de l’avocat-exécutant, qui a défendu son client comme un bon petit soldat qui devait accomplir sa tache, effectuer un exercice rhétorique ou une corvée, faire marcher sa boutique, mais qui aurait pu tout aussi bien défendre l’association Mousse. J’ai su d’ailleurs par Marc-Yvan qu’avant l’audience, maître Mamlouk lui avait conseillé de ne jamais prononcer le mot « homosexualité » pendant son procès, afin d’éviter tout dérapage. C’est dire si l’homophobie est profondément enracinée chez nos juges « anti-homophobie » !
 

Quant à l’homophobie des plaignants pour « homophobie » – l’association Mousse en l’occurrence –, ce collectif est un groupe sans visage et sans nom : il y a plus assumé, comme personnes homosexuelles et fières de l’être… Il me fait penser à ces mouchards masqués ou paparazzis justiciers qui vendent leurs clichés et leurs captures d’écran pour s’inventer des combats, des adversaires et une légitimité, et surtout pour empocher du fric et créer du buzz victimisant. Le drame, dans toute cette parodie d’héroïsme et de justice, c’est que la réelle homophobie (suicides, meurtres en lien avec la croyance en « l’identité et l’amour homos » et avec la pratique homo-bisexuelle) court toujours et n’est toujours pas identifiée/analysée/sanctionnée. On se trouve temporairement des boucs émissaires caricaturaux tels que Marc-Yvan à se mettre sous la dent, pour justifier/camoufler la grossièreté des procès pour « homophobie », et pour couvrir les réels homophobes, ceux qui nous tabassent et nous tuent vraiment. Le procès à l’encontre de Marc-Yvan n’a donc même pas été un procès pour homophobie puisque l’homophobie n’a jamais été réellement définie : il est juste induit que le concept d’homophobie englobe tout fait ou toute personne qui contrarie ou blesserait fortement les personnes homos. Spectaculaire réductionnisme !
 

QUATRIÈME malheureuse leçon que nous pouvons tirer de ce procès Teyssier : Il n’y a de moins en moins de justice digne de ce nom dans notre pays. Ce qui auparavant aurait été réglé à l’amiable par la concertation (et je crois que dans le cas précis de Marc-Yvan, la mesure la plus sage à prendre eût été l’interdiction pure et simple d’utilisation de Twitter, pour quelqu’un dont la pathologie bourrine – mais pas dangereuse – est décuplée par les réseaux sociaux. Personnellement, si j’avais été un juge chargé de l’affaire, j’aurais délivré à Marc-Yvan un certificat d’inaptitude à utiliser Twitter, ou mieux, je lui aurais offert une semaine de stage intensif d’études de l’homophobie, l’homosexualité et surtout de l’hétérosexualité) est désormais réglé par l’émotion, la vengeance et l’argent. On transforme un beauf en criminel. C’est là une erreur d’appréciation et de jugement grave et inquiétante pour la Justice française. Résultat des courses : des beaufs condamnent d’autres beaufs (les bobeaufs barbus ricanants et ignorants de ce qu’est réellement l’homophobie, il n’y avait quasiment que ça dans la salle d’audience). La voie du dialogue est délaissée au profit de la résolution expéditive de la sanction. C’est un échec désolant pour notre démocratie.
 

Je rajouterais, pour corroborer ce constat, que nous avons affaire à une justice partiale, à deux vitesses, et qui ne fait pas ce qu’elle dit et qui ne reconnaît pas les faits qu’elle dénonce. Preuve de cela : la parité n’était pas du tout respectée. Pendant ce procès, le déséquilibre entre les sexes était flagrant. C’étaient les femmes qui jugeaient et qui détenaient le pouvoir de décision finale, tandis que les hommes se trouvaient sur le banc des accusés, des accusateurs, des défenseurs et des spectateurs (… de la « justice » de ces dames). Pas des décideurs. Autre exemple du deux poids deux mesures et de cette Justice française déséquilibrée : c’est l’absence totale de jugement et de visibilité des tweets qui ont suscité les cinq réponses litigieuses de Marc-Yvan… alors que pourtant, ils étaient tout aussi orduriers et condamnables que ceux de l’accusé (Parmi eux, il y a des comptes ouvertement satanistes et anticléricaux). Mais là encore, la réalité même du dialogue internétique a été effacée. Quelle belle objectivité ! Français, vous pouvez dormir tranquilles avec une « Justice » partisane pareille !
 

 

CINQUIÈME et dernier constat que je ferais sur ce procès Teyssier : Les catholiques ne sont pas là. Ils ne se soutiennent pas entre eux. Et j’ai su qu’ils se sont désolidarisés complètement de Marc-Yvan, qu’ils le regardent de travers, qu’ils se sont éloignés de lui (par protection)… alors que pourtant, bien des gens de La Manif Pour Tous lui ressemblent et ont tenu des propos similaires, voire bien pires que les siens (sauf que dans leur cas, ça n’a pas été enregistré sur Twitter). Alors que son audience devrait servir de leçon à beaucoup de catholiques et est riche d’enseignements sur la manière des gens d’Église de traiter de l’homophobie, sur les prochaines persécutions anti-chrétiennes qui sont à nos portes ! Si j’ai pris la peine d’écrire ce descriptif de jugement, ce n’est pas seulement pour rendre justice, à ma mesure, à Marc-Yvan ; c’est aussi parce que je veux lutter contre le sceau de l’infamie de l’homophobie que beaucoup de catholiques et d’opposants au « mariage gay » portent et cautionnent, au point de rentrer concrètement dans le jeu de la présomption d’homophobie qui pèse sur eux. Je ne souhaite qu’une chose : que la très probable condamnation de Marc-Yvan Teyssier ne reste pas lettre morte et serve au moins à accroître chez un maximum de monde et de catholiques l’intérêt pour l’homosexualité et les personnes homosexuelles.

Document de Pièces et Main d’oeuvre contre la PMA pour les couples lesbiens


 

Voici un article typique des dénonciateurs de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) concocté par des intellectuels de droite (qui renient la droite et l’extrême-droite), qu’aurait pu tout à fait écrire un Thibault Collin, une Aude Mirkovic ou encore des Jacques de Guillebon et Falk van Gaver, mais qui est signé par un collectif grenoblois flou (de « résistance », de « réinformation », de « contre-pouvoir », de tout ce que vous voudrez) au nom très franc-mac : Pièces et Main d’oeuvre. Vous le trouverez en pdf en cliquant ici : « Reproduction artificielle ‘pour toutes’: le stade infantile du transhumanisme »
 

Je vois bien, dans ce document à charge contre le transhumanisme comme dans beaucoup d’autres études critiques de la lamentable Manif Pour Tous (en panique en ce moment devant leur vacuité), la démarche de révolte à l’encontre de l’homosexualité et de l’homophobie en tant qu’alibis malhonnêtes pour imposer une censure et une dictature-lobby. Mais le drame de ce genre d’articles (j’ai rencontré en personne Élisabeth Schemla, donc je suis bien placé pour le dire : elle confond la différence des sexes avec l’hétérosexualité, et par conséquent elle justifie le « mariage gay » qu’elle croit dénoncer), c’est qu’ils ne traitent jamais de l’homosexualité, de l’hétérosexualité et de l’homophobie en tant que telles ; et pire, ils enjoignent à une haine des personnes homos confondues avec une poignée de militants agressivement gays friendly hauts placés du lobby hétérosexuel. Ces documents sont stériles autant que dangereux, même s’ils feignent de mettre les pieds dans le plat. Tant que l’hétérosexualité ne sera pas dénoncée/expliquée, l’homosexualité sera justifiée. #SauvezLesLyonnaisFaitesQuelqueChose

La philosophe Catherine Clément au Quai Branly remplace le débat sur la PMA par une biographie d’André Gide…


 

Je reviens de la conférence « Famille je vous hais » de Catherine Clément, philosophe soixante-huitarde, bouffeuse de curés et féministe gay friendly, au prestigieux amphi Lévi-Strauss du Quai Branly (archi-plein). De ces « philosophes » qui vous racontent les anecdotes de leur vie mondaine-bohème avec les grands du monde passé au lieu de traiter des sujets graves (mariage gay, PMA, GPA, familles en crise, etc.) qui leur incombaient. Une honte. On a eu droit à une élogieuse biographie d’André Gide, à une défense assumée de la pédophilie, des « familles homos » et « des » homos qui « FONT FAMILLE », à la place d’une vraie réflexion sur les lois transhumanistes qui nous arrivent à grands pas. Et pour couronner le tout, Catherine Clément n’a pas arrêté de vanter la franchise (qui, je le rappelle, est LA Signature inconsciente des francs-maçons, aux côtés de l’hétérosexualité). Je les ai comptées, toutes les fois où la vieille bourgeoise (qui essayait à tout prix de faire cool et pas « catho coincée ») a employé les mots « franc » et « franchise »… Un vrai sketch de sincérité mensongère : « Gide a abordé l’homosexualité avec une rare franchise. » ; « Pardon de dire franchement ce que je pense » ; « Soyez aussi francs que je l’ai été. » (au public) ; etc. Il faut dire aussi, aux vues de la programmation néo-nazie (au sens internationale-socialiste) du Musée du Quai Branlette – avec notamment une conférence d’Irène Théry pour la promotion de la PMA pour les « couples » lesbiens – qu’on pouvait difficilement s’attendre à autre chose. En revanche, ce qui choque et qui devient impressionnant, c’est la haine ouvertement exprimée contre les catholiques (dans la blague grivoise et la « bonne humeur », évidemment), c’est aussi l’affluence importante autour de ces « raconteuses d’histoires » auto-proclamées, et la montée en puissance des idées francs-maçonnes (j’ai pas dit « des loges francs-maçonnes ») dans la sphère publique.