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Que penser du documentaire « Sacerdoce » ? (podcast)


 

Ça m’a pris 3 jours ! (piouf ! 😅)
 

Podcast « Quoi penser du documentaire ‘Sacerdoce’? » (cliquez ici).
 

J’y parle de la Franc-Maçonnerie inconsciente, ainsi que du coeur des abus sexuels sacerdotaux.
 

#prêtres #SAJE #CIASE #Pédophilie #Synod #Synode #Sacerdoce #LGBT #Église #Catholiques #Abussexuels #curés #Cinéma
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

N.B. : Pour les pauvres (ou les radins ! lol), pour ceux qui ne sont pas abonnés au podcast Spotify, mais qui veulent lire quand même (même si c’est moins bien que l’audio, et surtout, ça ne m’aide pas financièrement à sortir du RSA ni à valoriser mon travail), voici le texte :
 

En quoi le documentaire « Sacerdoce » (2023) de Damien Boyer, brossant le portraits de 5 prêtres français, pour montrer la beauté de leur célibat et de leur ministère d’hommes engagés au service des autres et du Christ, bascule sans s’en rendre compte dans la Franc-Maçonnerie ?

1) Parce que sa société de production (SAJE) est évangélique.

2) Parce qu’il présente des témoins vantant le sentiment amoureux.

3) Parce qu’il repose entièrement sur la franchise, la sincérité.

4) Parce qu’il développe les champs lexicaux de l’architecture et de la lumière, donc de l’auto-construction.
 

Réponse : 3. Parce qu’il repose entièrement sur la franchise, la sincérité. Au passage, dès les premières images, on peut constater que le film bascule dans l’intention : celle de se défendre contre la présomption de pédophilie et de frustration sexuelle pesant sur les prêtres catholiques, et celle de l’intention de redorer le blason catastrophiquement menacé de la curie mondiale actuelle. Autrement dit, l’intention prend le pas sur l’être, l’image et la réputation prennent le pas sur les gens et leur vie, l’argument ou le but prend le pas sur la personne et sa réalité pécheresse : comme dans le sketch du « Métro » d’Élie et Dieudonné : « Non, nous ne sommes pas des voleurs, non nous ne sommes pas des violeurs. », le documentaire « Sacerdoce » ne commence même pas par un bonjour ou une présentation de soi : c’est direct « Excousez-moi, messieurs dames, de vous déranger. Je ne suis pas ce que vous croyez. Je vais tout vous expliquer ! » Ça démarre mal. C’est la franchise avant la Vérité. Alors, j’ai identifié 3 types de franchise dans « Sacerdoce », sachant que la franchise (le remplacement de la Vérité-Amour par l’intention et l’image de cette Vérité-Amour) est la base de la Franc-Maçonnerie : il y a 1) la franchise de la pseudo « Nature » ; 2) la franchise de la pseudo « Force » ; et enfin 3) la franchise de la pseudo « Justice ». Commençons, comme je viens de vous le proposer, par la franchise de la pseudo « Nature ». « Sacerdoce », c’est vraiment le catholicisme à la sauce Yann Arthus Bertrand ou Nature et Découverte ou Rendez-vous en terre inconnue : on veut nous prouver que les prêtres sont naturels, simples, écolos, en communion avec la Nature autant qu’avec les Hommes, des humains comme les autres (ce qui n’est, en réalité, pas vrai : ils deviennent hommes et Dieu, après leur ordination. Mais bon, bref, passons). On voit ces soi-disant « Messieurs tout le monde » marcher au milieu des champs de blé, sous une averse de neige filmée au ralenti, on les voit aussi à la fête au village (« Du côté de chez vous : Leroy-Merlin »), ou bien, au sommet des cîmes, ou au cœur des bidonvilles (« La Cité de la Joie »). « Ce qui me plaît, c’est cette vie de village, dit le père Paul, vivre des passions et des activités comme les autres, ça me rend humain et accessible pour les personnes. » Okayyy. Leur naturalité est tellement exposée qu’elle en devient, à force, superficielle. Elle vire à la carte postale naturaliste, au folklorisme, à l’exotisme bobo, à la grossièreté même et à la fausse camaraderie bien démago. Il faut absolument prouver qu’un prêtre n’est pas coincé, qu’il est cool, proche des jeunes et des peuples, qu’il parle en verlan ou « djeunes », est mobile et nomade dans sa caravane, fait du skate ou du sport de haut niveau… et tout d’un coup, on bascule dans la posture sincère de coolitude, et une forme de mimétisme hybride – entre Église et loges télévisuelles ou cinématographiques – qui finit par foutre le malaise ou le doute : sortent les « potes », les « Ça roule ? », les tee shirts « Je suis ton père. » de Star Wars (saga complètement maçonnique), le « Yes ! » collectif à l’arrivée au sommet de la troupe des boy scouts, le prêtre qui te tutoie, etc. Le portrait-confidence se veut sans filtre, direct, nature, le curé qui fixe la caméra comme s’il s’adressait à toi, alors qu’en réalité, c’est l’effet selfie narcissique de l’influenceur avec un col romain qui prédomine. Ce culte de la Nature aboutit à une double franchise : celle de la gravité pathos et celle de la joie singée ou de la paix surjouée. En fait, les mecs ne sont pas du tout naturels. On assiste par exemple aux fausses visites improvisées chez l’habitant (alors que tout est scénarisé). Et puis, surtout, ils n’ont aucun humour. Ils sont d’une sincérité froide effrayante. Ce qui m’a marqué, c’est la scène, pourtant digne d’un bêtisier, où le réchaud du père Gaspard se casse la gueule dans la neige en pleine interview. On n’entend même pas de « Oh merde !! » de sa part, ni de fous rires, comme il eût été complètement logique. La séquence laisse les protagonistes de marbre. Super, l’ambiance de tournage et l’esprit du film… Y’a pas d’humour. Seulement des simulacres de joie. Pas de blagues, d’ironie, d’autodérision, y compris de jeu grinçant sur le cliché du prêtre cucul, illuminé, coincé ou du prêtre tradi has been. Tout est filmé au premier degré. Je peux vous dire qu’au tournage de mon documentaire « Les Folles de Dieu », plus artisanal et moins scénarisé, plus dans la spontanéité et le don entier de soi sans fioritures ni désir de bien paraître, presque toutes les séquences avaient leur part de drôlerie, de naturel, et pouvaient figurer dans un bêtisier ! Passons maintenant à la deuxième catégorie de franchise qu’on trouve dans « Sacerdoce » : la franchise de la pseudo « Force ». C’est celle qui fait de l’Église une vitrine d’action sociale, une ONG, une équipe de warriorsOn va en baver ! » dit l’un d’eux) ou de « champions » (« L’objectif, c’est d’être champion de France du clergé. » dit l’autre), bref, une équipe de winners (Dommage pour eux : la vraie équipe de Jésus n’est formée que de losers… mais bon… les réalisateurs de ce documentaire n’ont visiblement rien compris aux vrais prophètes et aux vrais prêtres, et sont à côté de la plaque). Et croyez-moi qu’ils ont l’air d’en faire, des choses et des exploits d’Hercule, les curés d’aujourd’hui ! : de la moto, du skate-board, du tir à l’arc, du rugby, de l’aviation, du cyclisme, du basket… Ils sont trop utiles, trop efficaces, trop actifs, ils sont trop sportifs ! Ils savent même comment on dresse une tente, un bivouac. Ils sont trop fooorts, ces architectes… euh, ces curés 2. 0 !! Euh… y’a comme une confusion inconsciente entre « sainteté » et « héroïsme » (j’dis ça, j’dis rien). Les prêtres triés sur le volet, ils sont surtout bien hétéros ! Il faut absolument qu’ils prouvent à un moment donné dans le documentaire leur désir pour les femmes ! Moi, perso, c’est mon cauchemar. Elle est où, Alizée ? « Sacerdoce » défend tacitement le mythe du « prêtre fort et pur (même s’il est parfois tenté, éprouvé, fragilisé, mais pas trop quand même) ». Ce film, c’est un peu l’Instagram de l’Église. Un miroir embellissant où les protagonistes sont avant tout applaudis pour leur apparence, leurs goûts, leur charisme, leurs actions, leurs performances, leur marque de singularité (le col romain, et leur statut de clergyman des temps modernes), et pas tant par leur sobriété, leurs mots, ni pour la nouveauté et le risque de leurs propos, ni pour Jésus, ni pour leur réalité plus générale, ordinaire et plus ingrate de prêtres. On ne nous montre que des prêtres dans des situations exceptionnelles, des prêtres de l’extrême, des aventuriers certes éprouvés face à une adversité mais pas broyés. On ne nous montre pas des curés représentatifs de tous les curés, ni des curés vieillissants, ou peu sportifs, ou pas gravures de mode, ou peu dynamiques, ou pas mondains, ou en paroisses avec 36 000 clochers, ou isolés, ou vivant une vie activement chiante. Et encore moins des prêtres pécheurs (matant leur porno chez eux, ou bien malades, alcooliques, criblés de dettes, homosexuels en cachette, etc.). Ce film doit d’ailleurs faire beaucoup de mal aux prêtres lambda, ceux qui ne sont pas formatés Instagram, justement, et qui doivent complexer grave face à la vitrine idyllique nommée « Sacerdoce ». Et il ne convertira pas beaucoup de non-cathos. Le curé en mobylette, la démagogie bobo, ça ne convainc que les catholiques convaincus… et encore. Y’a même pas de failles où s’engouffrer, dans lesquelles entrer ou auxquelles s’identifier ! Y compris quand on est catho de naissance. On nous présente un prêtre totem, fétiche ou monument, toujours debout (malgré ses chutes en vélo), symbole de la solidité de la franchise franc-cathonnique. D’ailleurs, les expressions du jargon maçonnique de l’énergie, de l’architecture et du soleil, émaillent çà et là « Sacerdoce » : le père Gaspard parle de « Sommet fraternel », fait chauffer le poêle et appelle ses jeunes « au dépassement de soi », tout en leur faisant ériger un autel en glace (c’est vraiment la publicité Manpower) ou en les soumettant à une Chaîne d’Union digne du « Cercle des Poètes disparus » ; le père Paul nous appelle à « œuvrer ensemble à restaurer la confiance » ; le père Mathieu, lui, nous enjoint à aider les pauvres et à construire un Monde plus fraternel ; et le dieu « Soleil », évidemment, est omniprésent et bénit tous ces chantiers architecturaux symboliques. En fait, dans ce reportage, les prêtres sont toujours finalement montrés comme forts. Ils sont tout juste ébranlés ou affectés par les faiblesses de leurs coreligionnaires, et à peine par leurs propres imperfections et tentations à eux, et surtout jamais par leurs chutes. Certes, ils vont jusqu’à évoquer leurs désirs d’abandon, de rupture du célibat, leurs envies de suicide… mais ça ne va pas plus loin qu’un vertige passager. Ils ne sont pas du tout montrés dans leurs faiblesses graves, leurs péchés. Ils sont montrés avec des faiblesses mais des faiblesses surmontées. Ce ne sont pas les vrais prêtres, ceux qui n’arrivent plus à prier, ceux qui sont à deux doigts de quitter le navire, ceux qui vivent des échecs irréversibles, des menaces de mort, des déceptions sacramentelles énormes, des problèmes apparemment insurmontables ou irréparables. « Je suis pas quelqu’un de parfait. » dit l’un d’entre eux : certes mais tu ne te reconnais pas comme pécheur ni criminel pour autant : le Christ, lui, a eu plus de couilles ! Il est allé jusqu’à s’identifier aux criminels et au diable pour les libérer, pour leur faire croire à la Croix que le premier et le pire des criminels c’était lui (alors que c’était pas vrai). « Il faudrait qu’on puisse voir un homme qui est donné. » affirme le père François : OK. Mais aussi donné dans ses blessures, et laideurs et péchés ! Je cite des aveux de faiblesse égrainés à certains rares moments du film : « Des fois, y’a des douleurs, des frustrations. C’est pas facile à vivre. Ça me fait mal. Y’a des nuits courtes, des tentations de suicide. » C’est un peu comme dans « Robin des Bois » : « Dans la vie, y’a des hauts, y’a des bas »… Ok les gars. Mais à vous entendre, y’a pas de péché. C’est juste des humeurs. Moi, je veux voir un film avec le père Philippe Rittershaus, ou le père Yannick Poligné, ou le père Ronan de Gouvello, ou le père Preynat au micro, sous le feu des projecteurs ! Tous ces curés avec une foi ardente, pris en faute pour homosexualité ou pédophilie ou trafic de drogues ou viol avéré, et piétinés en ce moment en place publique, sans possibilité de s’exprimer, de se défendre et de se rattraper ! En fait, malheureusement, les réalisateurs cathos ne choisissent que les purs, les curés corporate, les beaux (le père Paul, c’est le nouveau Richard Chamberlain), les relativement parfaits, les cools, les peu amochés, les vertueux, les exemplaires. Mais qui ça convainc ? Certes, ça rassure. Mais ça ne convainc et ne convertit quasiment personne ! Vous entendez, les gars hétéros d’Anuncio ? Tu entends, Émile Duport ? Les prêtres pécheurs et criminels ont des choses 100 fois plus belles, poignantes, délicates, subtiles et importantes à dire, y compris sur le sacerdoce et la formation (ou déformation) des futurs prêtres au séminaire ! Un cœur broyé par les péchés et transpercé de glaives saigne plus et irrigue bien plus de monde qu’un cœur intact, fût-il battant et en parfait état de marche ! Les prêtres Mère Teresa sont certes « admirables » mais chiantissimes. On n’a retenu quasiment aucune de leurs phrases (à part celle du renoncement – partagé avec les hommes mariés – à 99% des femmes sauf une. Merci : super…). Au fond, les curés de « Sacerdoce » se donnent à moitié, ou petitement, rationnellement, prudemment, méthodiquement. Ils ne donnent même pas leur nom entier : alors le vrai don, où est-il donc ? On nous parle de « faiblesse », de « combat », de « difficulté » : mais concrètement, on ne la voit pas ; ou en tout cas, pas la faiblesse plus honteuse, dévirilisante et désacerdotalisante. Ex-communiante. À ce propos, c’est le grand tabou de l’homosexualité sacerdotale. En fait, j’ai l’impression que la majorité des catholiques (laïcs, médias et clergé confondus) sélectionne les « épreuves des prêtres » (en focalisant – c’est bien commode – sur les abus sexuels, donc la présomption de pédophilie sur tous les prêtres, ainsi que sur le renoncement au mariage et à la sensualité conjugale), ils sélectionnent aussi les « épreuves des jeunes » (en focalisant sur le harcèlement sexuel, et en ce moment dans les sphères cathos, surtout, sur le porno). Et après, ils se gargarisent, comme le père Mathieu, d’avoir traité courageusement et sans langue de bois des sujets les plus urgents et tabous : « Aujourd’hui, on parle sans problème. » dit-il. Pour résumer, en ce moment, « la merde qui tient chaud » des prêtres, ce sont les abus sexuels (ça ressemble à un mea culpa qui se suffit à lui-même) ; la « merde qui tient chaud » des ados et des hommes pré-adultes, c’est le porno et la masturbation (on nous décrit les dégâts du porno : on nous parle – en cercle de parole – de son aspect culpabilisant, en cercle de parole). Ces merdes servent d’écran à d’autres tentations ou péchés bien plus répandus et urgents qui assaillent les prêtres et les jeunes d’aujourd’hui : homosexualité, addictions aux drogues, libertinage, adultère, vols, viols, prostitution, et même crimes… En fait, les catholiques et le clergé se limitent à traiter de leurs petits problèmes de riches, ou de problèmes secondaires, périphériques, et faussement « impressionnants », ou bien, quand ils se risquent à toucher des sujets graves, s’épanchent sur les problèmes des autres. La monstration de la faiblesse sacerdotale est toujours quand même au final au profit d’un triomphalisme héroïste et viriliste, voire paternaliste bien sûr, en mode « Cercle des Poètes disparus », ou bien « combat et dépassement de soi » (donc « performance »), en mode « victoire épique ». Pas de défaite, d’impureté, d’infamie, au tableau ! On finit même par un « Amen de Gloire ! » Ou on débouche la bouteille de champagne sur le podium ; ou on arrive au sommet de la montagne enneigée gravie ; ou on expose le lumineux Saint Sacrement en mode « Mission » au cœur des favelas du bout du Monde. Sur fond de Epic Music. C’est insupportable. C’est les camps virilistes du père Loiseau, du père Philippe de Maistre, ou le pélé de Chartres. Petits joueurs. Et surtout, grands hypocrites ! J’en peux plus de ces films cathos hétérosexuels ! Voilà. Les prêtres homos ou criminels sont abandonnés, cachés, alors qu’ils constituent quasiment la moitié des troupes cléricales réelles, et finalement la plus prophétique, la pierre d’angle. Et eux, vous les laissez complètement tomber, alors qu’ils pourraient sauver l’Église bien mieux que les prêtres parfaits, tirés à quatre épingles, dans les clous, et filant droit ! Troisième et ultime franchise observée dans le documentaire « Sacerdoce » (sans doute la pire, car elle s’avance sous la bannière de l’amour, de l’humilité et de la compassion pour les victimes) : c’est la franchise de la justice. Justice en général qu’on fait par soi-même et au nom de Dieu. Donc – autant vous dire – une cata. On ne sort pas de la logique binaire victimes/sauveurs. Avec les victimes bien séparées de leurs sauveurs, bien sûr. Et les sauveurs et victimes bien séparés des bourreaux par une frontière étanche. Une véritable absurdité anthropologique et spirituelle ! sans cesse contredite par le terrain ! Dans « Sacerdoce », on nous montre à énormément de reprises la scène du prêtre interprétant le rôle de « l’écoutant », du « psy thérapeute », qui acquiesce systématiquement et de manière un peu trop compassée pour être crédible (c’est ça avec le père Paul, et surtout avec le père Antoine, qui enchaîne les « oui » automatiques : « Mon père, j’ai été violée par mon frère. » « – Oui. » « et violée par mon mari. » « – Oui, tout à fait, je vous écoute. » « et violée par mon curé. » « – Oui, d’accord. C’est très émouvant. Oui oui. »). « Curé : le pouvoir de dire OUI ! » On a même droit au diagnostic du père Mathieu sur les mécanismes psychologiques victimaires du viol et de l’abus sur les enfants, dans son cabinet… pardon, dans son bureau. Ce ne sont plus des prêtres, mais des psys, des maîtres de sagesse de cercle de parole de développement personnel. Et bien sûr, les réels mécanismes du viol ou des abus dont on fait tant cas dans le documentaire, ils ne sont jamais abordés (l’homosexualité, notamment ; mais pas que ; il y a aussi la vraie contrition et idéalement la démarche audacieuse de chacun des prêtres de se reconnaître comme le pire des criminels et des pédophiles que leurs collègues pédophiles et/ou homosexuels officiellement incriminés… et de ça, on en est très loin !). Les gars, ce n’est pas à cause des abus sexuels que les gens ne croient plus au sacerdoce. C’est à cause du fait que vous, les prêtres, ne vous avouez pas pécheurs et criminels vous-mêmes (j’ai bien dit « vous-mêmes » : pas « les autres », ni « vos pairs » P.A.I.R.S., ou « coreligionnaires »). Face à la problématique et au raz-de-marée des abus et des scandales sexuels dans le clergé actuel, le prêtre Mathieu, depuis Manille, affiche à plusieurs reprises sa circonspection sincère : « Je n’ai pas d’explication. » Je je… je ne comprends pas. Les bras m’en tombent ! « Les pauvres ont l’impression qu’ils ne sont pas les bienvenus dans l’Église. » renchérit-il : À qui la faute ? À l’écran, on n’est pas face à des prêtres pauvres, véritablement piteux et honteux, véritablement contrits et salis par leurs propres péchés ! Vraiment piteux et honteux ! Ils sont « salis » par ceux des autres, peut-être, mais qu’est-ce qu’on s’en fout, en fait ! Les autres connaissent leurs péchés. Les pauvres connaissent leurs péchés ! En revanche, ces derniers veulent connaître les péchés des prêtres ! et leur humilité à les reconnaître, à se savoir pécheurs comme eux, voire plus pécheurs qu’eux, puisqu’ils sont prêtres et censés être plus purs qu’eux et purs comme Jésus ! Et alors, le clou du spectacle de cette franchise de la justice, c’est qu’elle se finit lamentablement sur l’accusation justicière, accusation basculant sans crier gare dans l’injure et la récrimination. En effet, les prêtres du documentaire « Sacerdoce » ne se contentent pas d’afficher leur honte et leur affliction face aux dérapages sexuels graves des prêtres de par le Monde : ils devancent la tribunal populaire en frappant eux-mêmes ou en crachant sur leurs collègues prêtres qui ont été accusés d’abus ou de viols, et qui ont eu le « culot » de salir leur propre réputation « sacrée » ! À l’instar du jeune prêtre versaillais Pierre-Hervé Grosjean, qui en conférence publique, a traité les curés pédophiles et ou homosexuels de « salopards », le père Mathieu, en grand justicier nettoyeur et vengeur, se lâche dans « Sacerdoce », en les appelant « les pervers », et en annonçant qu’il sera sans pitié avec ces derniers : « Au moindre truc, on dégaine. On les attend. » Wow… Propos véridiques. C’est dans le film. C’est scandaleux. C’est facile d’aimer les victimes et de maudire les bourreaux. Mais tellement plus difficile, saint et sacerdotal d’aimer les victimes mais de leur préférer leurs bourreaux (parce que eux, à cause de ce qu’ils ont fait, personne ne les aime !). Je suis prêt à parier que ces jeunes prêtres « exemplaires » ne s’entendent pas afficher leur vengeance et leur désir de purge, ne s’entendent même pas maudire les ennemis, et que peu de spectateurs cathos qui auront vu le film les entendent maudire les pécheurs, et s’en offusquent. Dans la franchise, il y a une violence et une entièreté, une intention désespérée, qui séduit les masses, qui est éclatante et faussement victorieuse. Avec moi, désolé, non seulement ça ne prend pas, mais pire, ça m’écœure. Là-Haut, on va avoir des grosses surprises ! Les sacerdoces les plus courageux, les plus humbles et les plus aimants ne seront pas ceux qu’on a crus à l’image. Je termine enfin mon plaidoyer pro-curés-violeurs-et-pédophiles en signalant l’injonction paradoxale qui vient clore le documentaire : celle du chant final « Regardez l’humilité de Dieu », interprétée par les petits chanteurs à la gueule de bois, en grandes pompes, avec orchestre symphonique et musique grandiloquente en renfort, chanson spatiale qui nous casse les oreilles… et qui au bout du compte casse l’humilité de Dieu, justement, alors qu’elle prétend sincèrement illustrer et honorer cette dernière. Voilà, en quelques secondes, tous les paradoxes de la franchise et de ce documentaire ! À trop être franc et bien intentionné, on en devient faux et sincèrement menteurs.

Pendant qu’au Synode des Jeunes ça blablate sur la vocation, voilà ce qui se passe réellement dans nos abbayes et monastères actuels et dans la vraie vie des jeunes cathos…


 

Pendant qu’au Synode des Jeunes ça blablate sur l’engagement, la sainteté et la vocation (notamment religieuse et sacerdotale), voilà ce qui se passe réellement dans nos monastères et quel est l’isolement criant dans lequel vivent beaucoup de nos religieux. Je me permets de vous le partager, car c’est à la fois très grave et très beau.
 

J’ai reçu ce matin un mail d’un moine d’abbaye, fortement tenté par des hommes avec qui il discute (notamment de foi) sur les sites de rencontres, en se faisant passer pour quelqu’un d’autre et en s’inventant une identité de laïc. Il me dit qu’il se rend régulièrement en ville pour des études de théologie, et qu’alors, hors du monastère, il « dérape » sur Internet (porno et chat gay) comme si, à ce moment-là, sa facette « LGBT » se lâchait, explosait. Et il suffit qu’il parle un peu de religion/de prière avec des inconnus dans un contexte profane d’excitation pour qu’il s’en émeuve et se fasse des gros films à leur encontre. « Je ne sais pas trop quoi faire de ces histoires, je ne sais pas bien comment le Seigneur me parle à travers. D’un côté ce serait plus simple de tout couper, de l’autre peut-être que je peux en apprendre beaucoup et vivre mon homosexualité en me confrontant au réelle d’une relation amicale : mais ça voudrait dire de révéler qui je suis vraiment (parce que je ne souhaite pas du tout quitter la vie monastique). Donc je suis un peu perdu et ce n’est pas avec le Père Abbé que je vais gérer ça ! » m’écrit-il.
 

Je lui ai conseillé deux choses par rapport aux rares contacts de qualité qu’il a établis avec ces hommes homos croyants : OUI pour maintenir un lien amical et fraternel qui puisse l’aider à comprendre le sens surnaturel (et même eschatologique et saint) de son homosexualité (permise par Dieu) puisqu’il y a sur les sites de très belles personnes ; et NON pour projeter quoi que ce soit d’amoureux avec elles (et qui l’entraînerait à des dérapages inutiles et douloureux, et même fatals), car hors d’une amitié, ces relations deviennent toxiques.
 

Sans doute que ce genre de mirages amoureux que ces religieux expérimentent pourrait être évités s’ils étaient moins isolés avec ce sujet de l’homosexualité, et surtout formés sur la question. Un meilleur accompagnement ou une meilleure voie d’expression leur permettrait d’être plus solides, plus réalistes et moins ébranlés dès qu’ils entendent parler de Jésus et de foi dans un contexte aux antipodes de leur vie monastique, d’être moins à fleur de peau et de moins croire au « miracle d’exception d’amour homo », au « prince charmant des saunas et des sites gays » qui exceptionnellement croirait en l’« amour » avec eux et au nom de Jésus. Au passage, j’en veux vraiment aux gens d’Église actuels de minorer le phénomène de l’homosexualité et de m’isoler, de mettre à l’index mon blog et mes écrits, et de laisser un certain nombre de religieux et de prêtres dans une solitude extrême et mortifère. Les consacrés homosexuels ne peuvent en général parler de leurs tentations homos à personne – pas même à leur père abbé ou à leur mère abbesse, ni à leur confesseur, sont complètement livrés à eux-mêmes, et sont tacitement encouragés à ne vivre de l’homosexualité que les aspects négatifs, humiliants, frustrants, et pas du tout les aspects saints, enthousiasmants, libérants. Ça m’écœure. J’ai entendu encore dernièrement un prêtre diocésain, la cinquantaine, qui vient de déraper avec un jeune paroissien d’une vingtaine d’années : il jure que l’homosexualité lui a sauté à la figure et s’est réveillée seulement maintenant, et qu’avant, il ne la soupçonnait pas du tout en lui… Nos responsables d’Église n’ont toujours pas compris le climat explosif dans lequel nous vivons mondialement, ni l’importance de l’homosexualité dans la sexualité humaine, ni le dicton « Mieux vaut prévenir que guérir ». C’est affolant. Je le dis sans peur et sans détour, et parce que je connais suffisamment de religieux homosexuels terrés dans leur silence (et parfois dans une pratique homo ponctuelle cachée) : « Vous, pères abbés, mères abbesses, responsables de séminaires, évêques et cardinaux, et même Pape, vous ne connaissez pas vos frères de communauté. VOUS NE LES CONNAISSEZ PAS COMME VOUS CROYEZ LES CONNAÎTRE. Réveillez-vous ! »
 

En tout cas, pour terminer sur une note positive, en lisant ce mail, et en voyant l’improbable croisée des chemins entre ce consacré et moi, je me dis vraiment que les voies du Seigneur sont impénétrables ! ^^ Et que Jésus a énormément d’humour et le sens de la surprise. Le Seigneur m’a utilisé et a utilisé le fait que je sois retourné sur les sites de rencontres pour que finalement je puisse conseiller un peu plus tard un frère moine lointain qui frappe à ma porte. C’est quand même fort de café ! Je suis dans la louange ^^ (et pas dans l’euphorie, je précise, car je sais au fond de moi que ce moine est fragile, isolé et pas toujours dans l’obéissance et la continence ; que ma présence sur les sites démontre également que je me mets moi-même en danger et que je suis fragile, isolé, et pas toujours dans l’obéissance, la cohérence et la continence non plus…). Mais je suis si heureux qu’on s’épaule et chemine ensemble quand même ! Et épaté que le Seigneur Jésus se serve de notre faiblesse commune pour nous racheter. C’est bien un signe de Fins des Temps.

La situation est réellement chaotique / La situación es realmente caótica

La situation est réellement chaotique
 

 

Pendant que les cardinaux progressistes ou modérés refusent de voir la priorité de l’homosexualité dans les débats d’Église et dans le monde, et de nommer les vraies urgences (l’homosexualité mériterait à elle seule un Synode, à la place de tous les Synodes-bidon sur « la Vie », « la sainteté », « l’écologie », « la famille », « la vocation », « la sainteté », « les jeunes », « la vie consacrée », etc.), les seuls cardinaux à deviner la priorité de l’homosexualité sont les mauvais (cardinal Napier, cardinal Sarah, le cardinal Morlino, etc.) : ils la traitent mal, arrivent en shérifs, en justiciers, en grands nettoyeurs, en éradicateurs de « fléau », de « lobby gay », de « mafia rose infiltrée parmi eux ». Et ils sont relayés par une presse catholique traditionaliste réactionnaire, composée de mouchards paranoïaques et de journalistes malveillants (Jeanne Smits, Réinformation TV, Salon Beige, Riposte Catholique, etc.). Le danger est vu, mais mal dénoncé, et sans proposition heureuse de résolution : l’intuition n’est pas l’intelligence… et la délation encore moins. Dans les deux cas, progressistes comme conservateurs, il n’y a aucun traitement de l’homosexualité, aucune considération des personnes homos, aucune vision de la primauté joyeuse de l’apostolat par l’homosexualité continente, aucune Bonne Nouvelle annoncée. La primauté de l’homosexualité est vue par le mauvais camp. Les seuls qui osent traiter ouvertement d’homosexualité publiquement sont les pires clercs qu’on pouvait imaginer puisque c’est la Brigade des mœurs, moraliste, anti-Pape François, et homophobe. La situation est réellement chaotique.
 

 

La situación es realmente caótica
 

Mientras que los cardenales progresistas o moderados se niegan a ver la prioridad de la homosexualidad en los debates de Iglesia y en el mundo (véanse mi libro Homosexualidad : la Prioridad negada), y a nombrar las verdaderas urgencias (la homosexualidad merecería por sí misma un Sínodo entero, en lugar de todos los Sínodos baratos dedicados a la « Vida », « santidad », « ecología », « Familia », « vocación », « santidad », « juventud », « vida consagrada », etc.), los únicos cardenales en adivinar la prioridad de la homosexualidad son los malos (el cardenal Napier, el cardenal Sarah, el cardenal Morlino, etc.) : la tratan mal, llegan como sheriffes, justicieros, grandes limpiadores, erradicadores de una « plaga », de un « lobby gay », de una « mafia rosa infiltrada entre ellos ». Son apoyados por una prensa católica tradicionalista reaccionaria, compuesta por periodistas soplones, paranoicos y malintencionados (Aciprensa, Actuall, Religión y Libertad, InfoCatólica , etc.). Se identifica el peligro, pero está mal denunciado, sin una propuesta feliz de resolución : la intuición no es la inteligencia… y la delación, aún menos. En ambos lados, progresistas como conservadores, no hay tratamiento de la homosexualidad, ni consideración de las personas homosexuales, no hay ninguna visión de la primacía alegre del apostolado de la homosexualidad continente, no se proclama la Buena Nueva. La primacía de la homosexualidad es vista por el bando malo. Los únicos que se atreven a hablar públicamente de homosexualidad son los peores clérigos que podíamos imaginar, ya que es la Brigada antivicios, moralista, anti-Papa Francisco, y homófoba. La situación es realmente caótica.
 

 

Le boom des pastorales d’accompagnement des personnes homosexuelles dans l’Église Catholique

 

C’est marrant, en ce moment, c’est la mode. On assiste à un véritable BOOM des groupes de parole, d’écoute, dans l’Église Catholique autour de l’homosexualité : tout le monde se bouscule au portillon pour nous accompagner. Ils se disputeraient presque ! Les cathos nous draguent. Nous, personnes homos cathos, devenons la poule aux œufs d’or (sauf quand nous sommes célibataires et vivant la continence : là, tout de suite, nous devenons à leurs yeux de « dangereuses exceptions » et des « diables » : les fidèles catholiques – qu’ils soient progressistes ou tradis d’ailleurs – n’aiment que les homos qui défendent le couple homo ou qui se cachent !). Tout le monde (et personne !) nous veut !!!
 

J’ai relevé 15 caractéristiques de ces groupes d’accompagnement pour expliquer ce curieux foisonnement catho-gay friendly :
 

1) INDÉPENDANCE : Ces groupes ne se revendiquent pas nécessairement des associations chrétiennes officielles (DUECDevenir Un En Christ -, Courage, David et Jonathan, Communion Béthanie), même s’ils peuvent en inviter un des membres : c’est plus sournois et lâche que ça. Ce sont des groupements marginaux, parfois paroissiaux ou organisés autour d’un seul curé, qui poussent comme des champignons, qui sont des initiatives privées incontrôlables et au contenu plus que creux ou discutable, puisqu’ils défendent la pratique homo ou ne la dénoncent pas, et ils le font par le biais de l’émotion. Le nombre de curés qui célèbrent déjà des bénédictions de couples homos « en privé » (c’est le cas du curé de la cathédrale de Lille) aurait de quoi filer le vertige.
 

2) HYSTÉRIE : Pour monter leurs conférences, ces groupes de parole invoquent l’« urgence » de la situation, le soi-disant « rejet inadmissible des personnes homos dans l’Église » (jamais d’« homophobie », comme par hasard…). Ils se valent de la « détresse des parents concernés par le sujet », du « malaise des personnes homos pendant les messes », du nombre (qu’ils gonflent) des fidèles catholiques dans les paroisses.
 

 

 

 

 

 

 

3) NOM FLOU (VERBES À L’INFINITIF) : Ce sont des groupes au nom très flou. En général, des verbes à l’infinitif : S’accueillir en Loire-Atlantique et à Poitiers – créée par Mgr James -, Se parler dans le Val de Marne et à Créteil, En parler à Lyon, Oser en parler de Philippe Auzenet, Oser vivre en vérité à Lille, etc. (je leur proposerais bien un groupe Savoir aimer… en hommage à saint Florent Pagny). C’est finement joué, car effectivement, il est plus difficile de traîner en procès un verbe à l’infinitif qu’un groupe clairement identifié avec un responsable identifiable. Ces associations se cachent aussi derrière un terme générique qui ne nomme pas directement l’homosexualité (« Famille », « Courage », « Pastorale de la santé ou des familles », « L’Avenir pour tous », etc.) ou bien derrière un sigle où on ne peut pas reconnaître l’homosexualité ni la confession de ses membres (exemple : C.A.D.O.S.), pour s’imposer sans faire de vagues.
 

 

4) ORDRE DE MISSION FLOU : Ces groupes se disent « chrétiens » (et non « catholiques »), « spirituels » (ils défendent toutes les « spiritualités » et « croyances »). Ils se revendiquent de la « pastorale diocésaine » (et vaguement d’un évêque ou du Pape : ils s’appuient beaucoup sur l’encyclique Laudato Si ou sur la fameuse phrase du Pape « Qui suis-je pour juger ? »). Ils se réclament de la « Nouvelle Évangélisation » et se présentent comme d’humbles mandatés du Vatican pour mettre en place une pastorale papale orientée vers l’inclusion des minorités invisibles de l’Église.
 

 

5) EXCUSE DE L’OFFICIALITÉ ECCLÉSIALE : Ces groupes se parent d’un événement d’Église officiel pour en faire un ordre de mission : par exemple les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), le Synode sur la famille, le Synode des Jeunes, la sortie d’une encyclique (Amoris Laetitia, Laudato Si…), etc.
 

6) COMPLICITÉ DES ÉVÊQUES : Les évêques ne contrôlent pas ce qui se montent dans leur diocèse, voire carrément ils l’encouragent et signent en bas : Mgr Aupetit, Mgr di Falco, Mgr Papin, Mgr Dagens, Mgr Lovey, etc. Certains préfacent même des ouvrages écrits par DUEC (Mgr Daucourt), invitent des associations laïques (Di Falco reçoit le Refuge) ou des psys névrosés (par exemple, Michel Anquetil, ou encore Yolande du Fayet de la Tour qui justifie l’homosexualité pour cacher/justifier son divorce est désormais invitée quasiment partout en France, et s’en fout plein les poches sur le dos des personnes homos). Les radios chrétiennes déroulent le tapis rouge à DUEC, au Refuge, à la Communion Béthanie, sans problème. Courage ne compte aucun témoin homo pour oser parler devant les micros (et a honte de moi). L’abbaye de Solesmes reçoit DUEC… et personne ne dit rien.
 

 

 

7) PUBLIC VISÉ PAS DIRECTEMENT INVITÉ (EXCUSE DE L’ACCOMPAGNEMENT) : Ces groupes sont des démarches tellement lâches que ce ne sont même pas les personnes homos qui sont directement invitées, mais les « personnes concernées par l’homosexualité » (nébuleuse indéfinie, peuplade fourre-tout) et les « accompagnants » (nous, les personnes homos, sommes remplacées par nos accompagnants). Exemple : Les sessions jésuites de Manrèse « Accueillir l’homosexualité d’un(e) proche ».
 

 

 

8) INVITATION DE PERSONNALITÉS ECCLÉSIALES GAYS FRIENDLY : Ces groupes ne sont pas portés par des personnes homosexuelles visibles, qui donnent leur nom et prénom publiquement. Pas du tout. Ils sont portés par des prêtres jouant les désintéressés, les pasteurs-accompagnants, et taisant leur orientation sexuelle : le frère dominicain Adriano Oliva (thomiste), le père James Martin, l’ex-père Krystof Charamsa, l’ex-frère Jean-Michel Dunand (le fondateur de la Communion Béthanie), le père Christophe Vairon (accompagnateur du groupe DUEC), l’ancien moine Claude Besson, le pasteur Philippe Auzenet, le père Daniel Digou (curé de saint Merry à Paris), le père Joël Pralong (suisse), la sœur dominicaine Véronique Margron, etc. Le plus pervers dans l’histoire, c’est que ces personnes qui se présentent comme « accueillants » ne diront jamais qu’elles sont eux-mêmes homosexuelles. L’accueil leur servira d’alibi et de couverture pour promouvoir l’homosexualité (et même draguer) sans être inquiétées, et en faisant peser leur titre ecclésiastique de pasteur sur la balance de leur complaisance muette !
 

 

 

 

 

9) CULTE DE L’ORALITÉ ET DE LA DIVERSITÉ : En général, ces groupes sont centrés sur la parole (Accueil et Parole en Gironde, les conférences « Homosexualité : Parlons-en ! » de Yolande du Fayet de la Tour, En parler et Oser en parler, La Parole libérée à Lyon, etc.) – comme si l’oralité était bonne en soi… (ils sont donc évidemment férus des témoignages de vécus individuels : c’est l’occasion de s’épancher comme dans les talk-shows sur le récit de vie des personnes). Ou bien ils sont centrés sur le concept d’hétérosexualité – dans le sens d’« idolâtrie pour les différences » – traduit généralement par le mot « diversité » (exemple à Nîmes : le groupe C.A.D.O.S. qui signifie « Chrétiens s’Accueillant dans leurs Différences d’Orientations Sexuelles » ; exemple à Nantes : les « Jeudis de la différence »). Et paradoxalement, c’est parce que l’oralité y est célébrée comme une déesse que précisément ces rassemblements se caractérisent par un non-dit assourdissant sur la pratique homosexuelle et l’homosexualité dans son ensemble.
 

 

10) NOVLANGUE PUDIBONDE : Ces groupes se caractérisent par la langue de bois homophobe gay friendly. Ils inaugurent une novlangue qui induit le traitement de l’homosexualité sans citer explicitement le mot. Ça donne des périphrases du type « personnes concernées par l’homosexualité », « pastorale d’accueil », « cheminement/parcours », « accompagnement », « écoute », « partage », « entrée en dialogue », « aller aux périphéries », « aimer en vérité », etc. Ils diluent la question de l’homosexualité (qu’ils ne traitent jamais, et qu’ils ne remettent jamais en cause en tant qu’« identité » ou qu’« amour ») sur des thèmes qui lui sont liés mais qui font diversion (crises dans les familles, porno-dépendance, dépression, suicides, restauration de l’identité masculine ou féminine, guérison, sainteté, chasteté, fraternité, amitié, sexualité, théologie du corps, etc.). L’hétérosexualité, l’homosexualité, l’homophobie, sont des mots bannis. La dimension politique, médiatique, universelle, eschatologique, de l’homosexualité, y est carrément gommée. Courage n’a même pas le courage de prononcer le mot « homosexualité » ! Ils excellent dans l’art de l’euphémisme langagier pudibond pour contourner le mot fatidique « homosexualité » qui soi-disant « enfermerait les personnes » (« personne à attirance pour le même sexe » « couples de même sexe », « personne concernée par l’homosexualité », « personnes homosensibles », « apostolat à l’égard des personnes avec tendance homosexuelle », etc.). Pirouettes juste ridicules. Selon eux, l’« homophobie » n’existe pas : c’est au mieux une irréalité (qui les fait pouffer de rire), au pire le diable en personne.
 

11) MÉTAPHORES POÉTIQUES : Les organisateurs de ces groupes sont des grands poètes. Ils nous invitent à des « marches spirituelles », à des retraites en abbayes, à des veillées de prière aux noms tous plus bucoliques les uns que les autres. En général, c’est le silence, le soleil, la terre, la lumière, l’arc-en-ciel, les oiseaux, l’amour, les p’tits cœurs, qui nous invitent… alors difficile de résister ! Ils filent les métaphores poétiques Laudato Si : celle de la montagne à gravir, du bateau qui part au large et qui doit maintenir son cap dans la tempête et arriver à bon port, du chemin escarpé et du voyage semé d’embûches, du pont à construire et à traverser (par exemple, le père James Martin, aux États-Unis, a écrit un livre au titre top franc-maçon Building a Bridge -, etc.). Bizarrement, la seule « métaphore » qui manque, c’est celle de la Croix… Et le mot qui fait peur, c’est « conversion ».
 

12) FAUX QUESTIONNEMENTS : Ces groupes débattent de fausses questions, dont on connaît déjà la réponse (« Homosexualité, est-ce une réalité de nos familles et de nos paroisses ? » « Doit-on accueillir les personnes homos dans l’Église ? » « Peut-on être homo et catho ? » « Est-ce que l’homosexualité est incompatible avec une vie de foi, de communauté ? »), et qui évacuent LA seule vraie réponse (= « Le couple homo est incompatible avec la pratique religieuse catholique. »). Juste pour le plaisir de se raconter, de s’émouvoir sur des témoignages de vie, de raconter sa douleur, de s’afficher, de faire genre « on va aux périphéries ». Il y a derrière ces postures questionnantes une démagogie et surtout un anti-cléricalisme sous-jacent.
 

 

13) HAINE OU MÉPRIS DE LA CONTINENCE : En France, en gros, dans les mouvements d’accompagnement chrétien des personnes homos, il existe deux écoles (c’est la continence qui fait la césure) : les « gentils » (David et Jonathan, DUEC, Contact, etc.) et puis les « méchants » (Courage). Dans les groupes tels que DUEC ou Communion Béthanie, la continence est envisagée comme une « option respectable » (ou une élection divine réservée à une élite) mais pas comme LA voie générale pour toute personne durablement homosexuelle. Y compris à Courage, qui parle de « continence » alors qu’elle ne met en place qu’une « abstinence » (la continence induit le témoignage public et mondial de l’homosexualité). Le père Louis-Marie Guitton (j’étais à un mètre en face de lui : je sais de quoi je parle) a carrément dénigré le mot « continence » lors du premier parcours « Courage » de Paray-le-monial… alors que la continence est « un peu » la seule chose qui distingue(rait) Courage de DUEC !
 

14) ATTITUDE PATHOLOGIQUE DES CONTRADICTEURS DE CES MOUVEMENTS PASTORAUX (Riposte catholique, blog de Jeanne Smits, Médias Presse Infos, Salon Beige, etc.) : soit l’indignation accusatrice (ils brûlent en place publique James Martin, révèlent au grand jour les scandales internes liés à l’homosexualité, ne proposent rien de positif à la place, ne soutiennent jamais les personnes homos continentes, et dans leur paranoïa pathologique, voient toute valorisation de l’apostolat ou de la sainteté par l’homosexualité comme une odieuse promotion de l’homosexualité), soit la schizophrénie silencieuse (certains cathos conservateurs sont contents de savoir que des témoins homos continents existent, et nous ont jeté aux oubliettes aussi vite qu’ils ont aperçu notre photo : ils sont persuadés que nous sommes encore invités à droite à gauche, alors que nous ne sommes plus invités du tout !). Nous leur faisons peur ou bien ils nous méprisent. Clairement, nous les agaçons. Par ailleurs, zéro évêques pour nous soutenir : ils se cachent sous les jupons de Courage, qui est une asso salon de thé d’homos planqués. Même les évêques les plus « courageux » et « médiatiques » font profil bas : Mgr Aillet, Mgr Rey, Mgr Barbarin, etc. Ils ont trop peur d’être étiquetés « parrain d’un homo catho médiatique » (la honte…). Et les rares fois où nous, témoins homos continents, sommes invités, c’est en tant que « témoins » et non en tant qu’« analystes » d’un thème qui ne se traite pas en une simple heure et demi. Donc nous passons pour des fouteurs de merde qui semons la zizanie et la confusion sur notre passage. Enfin, vu le climat de délation actuelle, les groupes de thérapies réparatives plus conformes à l’Église se retrouvent désormais dans des catacombes et n’osent plus faire d’annonce publique de leurs réunions, de peur des représailles et du lynchage médiatique (on a vu ce que ça a donné avec Torrent de vie, Courage à Pau et à Bayonne, moi à Barcelone et à Lille).
 

15) PEUR ET CONTRADICTION : Courage se défend de ne pas proposer de thérapies. Or, concrètement, c’est ce qu’ils font. Qu’au moins ils assument ! Ils ont peur de tomber sous le coup de la loi (dans certains pays, les thérapies de restauration ou de conversion sont interdites : c’était le cas de Malte en 2016 ; et ça fait deux semaines qu’elles sont interdites dans toute l’Europe). Même les prêtres d’accord avec le discours ecclésial de l’Église Catholique sur l’homosexualité présentent la continence comme une possibilité parmi d’autres de vivre sa tendance homo, et se valent de la « liberté d’expression » pour défendre timidement la continence comme une « option ». Or elle n’est pas une option… même si elle ne peut pas s’imposer.
 
 

Cet article bénéficiera bientôt d’une vidéo sur Youtube, intégrant une série de 15 entretiens tournés en avril 2018 à Lourdes avec la journaliste Nathalie Cardon, et dans le droit fil de mon livre Homo-Bobo-Apo. Voici les articles de chacun d’eux :
 

1 – « Les 11 messages subliminaux diffusés dans l’émission ‘The Voice’ »

2 – « Le Synode des jeunes : la cata »

3 – « Le raz-de-marée de la transidentité » (transsexualité)

4 – « Le Boom des pastorales d’accompagnement des personnes homosexuelles dans l’Église »

5 – « Mylène Farmer, Grande Architecte de la Franc-Maçonnerie gay friendly »

6 – « Pourquoi La Manif Pour Tous est un vrai désastre »

7 – « Pourquoi parler d’homosexualité dans les établissements scolaires est Mission Impossible »

8 – « L’homosexualité dans la série de TF1 Demain Nous Appartient »

9 – « Je me suis ridiculisé publiquement : Comment vivre avec cette honte ? »

10 – « L’Hétérosexualité est la Bête de l’Apocalypse »

11 – « Les 4 armées de la Bataille finale d’Armageddon »

12 – « Visite maçonnique de Macron aux Bernardingues »

13 – « Les 12 obsessions des cathos bobos de la Réacosphère »

14 – « Homosexualité, la priorité niée dans l’Église »

15 – « Définition de la bisexualité »

Vidéo Twitch 1 – « Homosexualité et Église : Le cardinal Sarah, c’est quoi le problème avec lui ? »

 

Je rajoute mes notes pour les dix dernières minutes, car les coupures ont bouffé des séquences… :
 
 

Il y a des vrais silences (celui de l’humiliation consentie est pour moi le plus beau), et puis il y a des parodies piétistes du silence, des discours qui parlent du silence mais qui sont du vide. Le cardinal Sarah ne semble pas dans la démarche de renonciation de sa popularité, dans l’acceptation de ce silence d’humiliation.
 

Enfin, je préviens le cardinal Sarah : nous, en France, on n’est pas bêtes. On sait réfléchir. Et quand on nous sert de la merde, quand on nous raconte des méta-vérités pour nous acheter ou pour s’acheter une respectabilité, on n’avale pas.
 

N.B. : Je vous renvoie à mon article : « Cardinal rouge, qu’avez-vous fait du blanc ? » sur mon blog, ainsi que l’article « Quelque chose en toi ne tourne pas rond » Et bien sûr, je vous conseille de lire les passages de mon nouveau livre HOMO-BOBO-APO dont certains traitent du cardinal Sarah.

Ma réponse « Synode et homosexualité » sur Boulevard Voltaire (Bonus ici : article en intégralité)

Vous pouvez lire ma tribune sur l’homosexualité (cliquez sur le rouge) dans Boulevard Voltaire, en réponse à l’article de la militante féministe Élise Elisseievna « Église et homosexualité : la Tentation Lyssenko ».
 
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Par ailleurs, voilà, ci-dessous, la version intégrale et non-tronquée de l’article :
 

L’intérêt pour ce que dit vraiment l’Église sur l’homosexualité… plutôt que pour la « tentation Lyssenko »

 

Dans son récent article, la militante féministe Élise Elisseievna nous parlait de la tentation Lyssenko à laquelle l’Église catholique aurait succombé pendant cette deuxième partie du Synode romain sur la famille, traitant ces jours-ci de l’homosexualité. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, la tentation Lyssenko (à ne pas confondre avec l’agence de crédits Sofinco, attention…), c’est de faire de la science une idéologie voire une religion, et, dans le cas de l’Église catholique, de « naturaliser la Bible ». J’aurai envie de demander à Élise : quel est le rapport entre la théorie de Lyssenko et l’Église catholique ? Personnellement, je n’en vois aucun… à moins d’un détournement caricatural du « Croissez et multipliez » de la Genèse. Car en aucun cas l’Église ne dit que l’homosexualité est une essence biologique, et ne la condamne du simple fait qu’elle ne serait pas conforme à la « loi naturelle » ni « procréative ». Le postulat de l’auteure part déjà d’un fantasme personnel. Elle n’a pas compris ce que dit l’Église sur le lien entre mariage et fécondité.

 

Le catholicisme « obnubilé par la procréation » est majoritairement une légende noire créée de toutes pièces par les libertins sentimentalistes qui n’accueillent paisiblement ni le mariage, ni la différence des sexes, ni la maternité, ni la beauté du célibat, une pure projection de fantasmes personnels, comme le montrent les propos de l’actuel Pape Benoît XVI (encore Cardinal Joseph Ratzinger à l’époque) dans sa Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde (2004) : « Même si la maternité est un élément fondamental de l’identité féminine, cela n’autorise absolument pas à ne considérer la femme que sous l’angle de la procréation biologique. Il peut y avoir en ce sens de graves exagérations, qui exaltent une fécondité biologique en des termes vitalistes et qui s’accompagnent souvent d’un redoutable mépris de la femme. […] Ce n’est pas en se contentant de donner la vie physique que l’on enfante véritablement l’autre. La maternité peut trouver des formes d’accomplissement plénier même là où il n’y a pas d’engendrement physique. »

 

Ensuite, dans le titre racoleur choisi par la journaliste, il est facile d’identifier ce besoin très bobo de sortir le nom d’un scientifique – aussi peu connu que la théorie qui lui est attribuée – pour en foutre plein la vue et se donner l’air de psychologiser le débat de manière profonde et érudite, à l’instar de ceux qui se réfugient derrière les adjectifs « kafkaïen », « pavlovien », « dantesque », ou derrière leur « Point Godwin », leur « Complexe œdipien » et leur « Syndrome de Stockholm », pour se justifier de tomber dedans mais « pas comme les autres »… car bien sûr, au passage, ils vouent Freud et son école psychanalytique à la géhenne ! La tentation de Lyssenko (faire de la science une vérité totalitaire et un alibi dogmatique pour ne pas penser), ce n’est pas l’Église catholique qui y succomberait, mais précisément l’auteure du précédent article.

 

Mais venons-en au sujet de l’homosexualité. Contrairement à ce que dit Élise Elisseievna, l’Église catholique ne considère pas les actes homosexuels comme une abomination du fait qu’ils s’opposeraient au schéma de couple et de famille de l’hétérosexualité. D’ailleurs, l’Église n’a jamais défendu l’hétérosexualité : Elle ne défend que la différence des sexes couronnée par l’amour, que celle-ci soit vécue dans le mariage ou dans le célibat. Et la Curie s’oppose encore moins aux actes homos du fait qu’ils sont stériles biologiquement parlant. Trouvez-moi un prêtre qui condamnerait les coïts homos au nom de l’absence d’enfants et en brandissant l’argument de la « loi naturelle » : vous aurez du mal ! Non. L’Église s’oppose aux actes (sentimentaux compris) homosexuels parce que ceux-ci rejettent, plus ou moins consciemment, la différence des sexes. Et que sans l’accueil de cette différence fondatrice de notre existence et de notre personne, il n’y a pas d’amour possible. Il n’y a même pas d’amitié vraie possible. L’amour, c’est l’accueil de la différence des sexes. Cela n’a rien à voir avec une obligation à se marier ou à procréer, ni avec une idéalisation de tous les couples intégrant la différence des sexes : il existe des couples femme-homme qui incorporent celle-ci, mais qui ne l’honorent pas. On le voit suffisamment autour de nous, et même dans l’Église ! Cette vérité inconditionnelle de l’accueil de la différence des sexes pour qu’il y ait de l’Amour concerne déjà tout rapport humain (amitié, existence, célibat) et toute amitié.

 

Ce qui est très énervant avec des articles tels que « l’Église catholique et la Tentation Lyssenko » qui, comble du comble, se donnent la forme de la « parole d’expert », c’est qu’ils font dire à l’Église ce qu’Elle n’a jamais dit, mais en plus, ils se servent d’une part de vérité pour ensuite lui prêter des gros mensonges. Certes, à propos de l’homosexualité, les textes de l’Église catholique ne sont pas encore suffisamment étayés. Mais pas dans le sens que l’auteure le prétend. En effet, l’article d’Élise Elisseievna sous-entend que l’essentialisme spiritualiste (ou le présupposé nataliste sacralisé) qu’adopterait l’Église la conduirait, au bout du compte, vers une homophobie, malgré sa distinction – jugée implicitement hypocrite et inefficace – entre la personne homo et l’acte génital, entre la personne homo et sa tendance, et malgré son appel scolaire à la « charité » et au « non-jugement » : « Les textes de l’Église catholique sur l’homosexualité ne sont pas suffisamment clairs pour éviter la répulsion envers les homosexuels. »

 

Si les textes de l’Église catholique ne sont pas suffisamment clairs, ce que j’admets volontiers (je m’époumone suffisamment en ce moment pour me faire entendre de la Curie !), c’est principalement sur deux points qu’Élise Elisseievna n’identifie pas du tout, soit parce que cette auteure justifie l’hétérosexualité – en la confondant avec la différence des sexes – soit parce qu’elle méprise le célibat. À mon avis, c’est les deux. Dans les débats sur l’homosexualité, le premier point sur lequel l’Église manque de clarté, c’est effectivement l’hétérosexualité, qui n’est pour l’instant pas encore condamnée clairement en tant que diable déguisé en différence des sexes. Le deuxième point, c’est au sujet de la forme concrète que prend la « chasteté » demandée aux personnes durablement homosexuelles, à savoir le célibat continent. La Curie romaine est tétanisée à l’idée d’avoir à renvoyer toutes les personnes à l’orientation sexuelle profondément enracinée à la joie et à l’exigence de leur propre célibat sacerdotal (mais, en plus, sans le sacrement de l’ordre !), tétanisée de proposer un célibat que bien des célibataires consacrés n’expérimentent pas et auquel ils croient de moins en moins. En effet, c’est bien beau de dire « On vous accueille et on ne vous juge pas »… mais ensuite, quel chemin vocationnel concret de Vérité et de Sainteté est proposé aux personnes homos, à part les concepts flous d’« amitié » et de « chasteté » ? L’Église n’a pas encore trouvé sa précision et son audace pour annoncer la couleur de la Croix spécifique offerte aux personnes durablement homosexuelles. Mais ça, l’article d’Élise Elisseievna ne le signale pas du tout. Au contraire, il se contente de traîner insidieusement l’Église en procès d’homophobie inconsciente et bien-intentionnée, tout en cultivant l’amalgame entre chasteté et virginité (or la chasteté des couples mariés n’est pas la continence) ou entre amitié et amour. Désolé, mais c’est malhonnête. J’aurais préféré l’expression d’une prière à l’Esprit Saint pour inspirer les cœurs des participants d’un Synode qui n’est pas terminé.
 

Philippe Ariño, essayiste

 
Bd Voltaire photo Église

Tableau-Récap pour le traitement synodal de l’homosexualité

 

Voici un tableau récapitulatif de mes conseils et surtout des prévisions que je donne pour les 2 jours du Synode qui vont concerner spécifiquement l’homosexualité (20 et 21 octobre 2015). Puisse-il parvenir d’une manière ou d’une autre à sa Sainteté le Pape… (car je n’ai pas de contacts directs, et je ne compte pas trop sur l’entourage franc-mac des cardinaux francophones pour m’y aider…).
 
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Je vous renvoie par ailleurs à mon article « Qu’est-ce que vous voulez de plus ? » et à mon article sur la chute de Radio Notre-Dame (mais de tout le monde médiatique « catho » actuel : on peut mettre RCF, la chaîne télé KTO et l’univers de la chanson « chrétienne », dans la boucle). Enfin, pour comprendre la mini-polémique qui se passe à Courage, voici ce court résumé.

La « bonne » planque de la Famille, du Mariage et de la Différence des sexes

 

Je reçois à l’instant ce mail condescendant (d’un journaliste ?) – qui en gros me demande, à propos du Synode, de la fermer – parce que je me centrerais égocentriquement sur « mes » petits sujets « annexes » pour faire parler de moi et créer du scandale. La « fixette ». On se croirait revenu au bon vieux temps de la Manif Pour Tous quand les débats s’étaient crispés sur la Famille et l’Enfant (#horreurmalheur) pour ne pas aborder les vrais problèmes (identité, génitalité, affectivité, foi, sens existentiel/sacré du célibat…).
 

Slt,

t’as l’air d’en vouloir pas mal à ton église, et de reprocher au synode de ne pas traiter TES sujets… bref, tu fais comme plein de journalistes.

Petit rappel: le thème du synode, c’est « La mission de la famille dans le monde contemporain »…

Donc, pas le problème de la communion pour des divorcés remariés, ni l’homosexualité.

Porte toi bien 🙂
 

Alors, que répondre à ça ? (car ce monsieur ne doit visiblement pas être le seul à penser ce qu’il « pense »)
 

1) J’aime l’Église-Institution plus que tout au monde. C’est justement pour cela que je préviens du péril fort qui La menace (péril que je ne souhaite absolument pas et que je n’alimente pas, mais que je vois) et qui risque d’arriver si c’est la soupe sur la famille qui est resservie à tout le monde (« sacralité de la sponsalité du couple femme-homme dans le mariage », « sacralité de la Sainte Famille à l’image de toutes les familles humaines », « nécessité des bonnes prépas mariage », etc.). Botter en touche sur des thématiques cruciales comme le célibat consacré, l’hétérosexualité ou l’homosexualité, alors que ce sont les alibis majeurs (y compris dans la Curie) pour attaquer la famille, c’est tout simplement suicidaire. Et en général, l’enlisement du Synode sur sa thématique officielle (« la Famille » avec un F majuscule) aboutit systématiquement – il suffit d’ouvrir les yeux – au même faux débat entre Occident et Orient, entre progrès et modernité, et à la même conclusion crispée « l’Église n’a pas à changer et à se prostituer à l’esprit du monde ». Super… On avance vachement…
 

2) L’hétérosexualité, l’homosexualité et le célibat ne sont pas « mes » thématiques, mais les mots qui reviennent en premier en coulisses concernant l’Église et la famille (même quand il s’agit d’avortement, de contraception, de clonage, de Troisième Guerre mondiale et d’immigration. Le Gender est à peine prononcé). Il suffit de sortir de chez soi et d’écouter les gens réels!
 

3) Merci. Je sais lire. Je me tue à dire qu’entre l’écriteau officiel indiquant « Synode sur la famille » et la réalité, il y a un monde (et un monde réel, qui ne fera pas de cadeau). La famille n’est pas un paravent ni un cache-misère.

« Vous voulez rajouter quoi, au juste, à la parole ecclésiale déjà très claire et suffisante sur l’homosexualité ? C’est quoi votre problème ? »

La planque de la Sainte Famille

La planque de la Sainte Famille


 

Depuis l’ouverture de la deuxième partie du Synode sur la Famille (du 5 au 25 octobre 2015), un certain nombre de cathos viennent vers moi en privé pour me demander, plus ou moins gentiment : « C’est quoi, le changement que vous voulez, au juste ? La Révolution que vous attendez n’arrivera pas. Adaptez-vous plutôt. ». Je dis « plus ou moins gentiment » parce que, souvent, nous, personnes homosexuelles croyantes, passons pour des fouteurs de merde jamais contents et qui faisons notre petit caprice égocentrique (« narcissique ») sans regarder que nous avons déjà la solution que nous réclamons à cor et à cri dans notre assiette : c’est juste que nous n’accepterions pas humblement la radicale solitude de la Croix universelle que nous propose l’Église et que nous souhaiterions qu’Elle la vive à notre place.

 

Pour ce qui est de mes attentes, je vais vous répondre en fin d’article. Et pour les comprendre, il faut déjà être capable de reconnaître l’inachèvement et les manques de la parole ecclésiale actuelle sur le sujet de l’homosexualité, et ne pas simplement s’en tenir au discours (certes vrai d’un point de vue éternel, d’un point de vue spirituel, mais incomplet d’un point de vue temporel, incomplet du point de vue de la Charité) « Tout est déjà dans la Bible ! Tout est dans la vie du Christ ! Tout est déjà clairement énoncé dans le catéchisme ! Qu’est-ce que vous voulez de plus ?? »

 

Apparemment, le Catéchisme aurait déjà tout dit sur l’homosexualité. Nous sommes d’accord. La forme concrète de la chasteté demandée aux personnes durablement homosexuelles est a priori la même que celle demandée aux personnes consacrées dans le sacerdoce, aux célibataires, aux personnes séparées ou divorcées remariées, aux veufs, aux enfants, bref, à tous ceux qui ne sont pas mariés dans la différence des sexes. Simplement, il est faux de nous faire croire que par l’usage du terme « chasteté », qui renvoie à une vertu universelle, les personnes hors mariage pourraient vivre les formes de la chasteté du couple marié (génitalité, sentimentalité, procréation), ni même la chasteté officiellement consacrée des prêtres (car les personnes homosexuelles durables n’ont pas accès au sacerdoce, au sacrement de l’ordre). Nous, personnes homosexuelles, sommes donc face à un grand vide vocationnel, un grand vide de propositions parce que notre handicap empêche la plupart d’entre nous d’avoir accès aux deux seuls chemins de vie comblants indiqués par l’Église. Nous ne savons toujours pas où aller concrètement pour être heureux et fidèles en Église. C’est également nous tromper sur la Croix que de nous dire que, si nous sommes des personnes durablement homosexuelles, nous pourrons suivre l’Église tout en étant en « couple » ou en rêvant d’en former un avec une personne de même sexe, tout en étant dans un célibat sans autre encadrement ecclesial que « la fraternité, l’amitié et la chasteté ». La forme concrète de la sainteté, du bonheur plein et de la chasteté pour les personnes homosexuelles durables porte un nom : célibat continent (du point de vue personnel), fraternité sainte (du point de vue mondial). Ce n’est pas parce que je le souligne que j’en fais un particularisme fermé.

 

Par ailleurs, il y a un vrai manque de parole ecclésiale concernant l’homosexualité, concernant cette forme de célibat spécifique. Vous regardez le Catéchisme de l’Église catholique… et il n’est question que de « chasteté » (la mention de la continence apparaît plus loin, dans le chapitre des situations hors mariage… mais pas dans le chapitre de l’homosexualité, même si, bien entendu, elle devrait déjà être induite.) Mais concrètement, textuellement, verbalement et dans le cœur des gens (y compris les gens d’Église), la chasteté des personnes durablement homos est laissée sans forme, à l’implicite, ou reléguée à l’amitié (terme très ambigu pour notre époque) désintéressée et à la Croix du Christ. C’est court. Pour l’instant, c’est un chemin vocationnel encore très flou qui est tracé par l’Église, un chemin dont les modalités (le célibat pour les personnes durablement homos; le mariage femme-homme pour les personnes dont l’homosexualité est peu profonde) ne sont ni décrites précisément (personne dans l’Église ne parle encore de célibat, de continence), ni joyeuses (personne ne parle de don entier de sa personne et de son homosexualité aux autres, de don de son homosexualité aux autres et à l’Église), ni saintes (pour l’instant, les discours sont orientés vers la maîtrise et l’extinction de la tendance – « Tu n’es pas que ça » ; pas son recyclage et son offrande), ni vocationnelles (pas de consécration en vue, pas de grands projets proposés : juste un « faire avec » dans la discrétion). Il y a donc une Bonne Nouvelle à annoncer, même si Benoît XVI a déjà décrit et orienté les choses à 80%. Le tout, c’est de le faire bien, et que l’audace soit évangélique. Pas mondaine. Enfin, il y a une vraie blessure mondiale à régler avec l’analyse et la dénonciation de l’hétérosexualité. Car le gros du sentiment d’injustice et de frustration ressenti par les personnes homosexuelles croyantes ou non, c’est ce silence complice de l’Église qui ne dénonce pas la violence de l’hétérosexualité.

 

En clair, s’il n’en tenait qu’à moi, 1) je suis d’avis, en effet, que globalement, l’Église ne va et ne doit en apparences pas changer grand-chose à ce qu’Elle a déjà très bien dit sur l’homosexualité dans le Catéchisme, et donc ne doit pas nous promettre monts et merveilles ; 2) il manque quand même dans Son discours 3-4 paroles nouvelles et courageuses : une parole amère sur « l’amour homo » (dire que ce n’est pas de l’amour, et expliquer pourquoi ; expliquer la violence et l’insatisfaction de ces « amitiés amoureuses » confuses), une parole exigeante sur le cadre concret de la chasteté demandée aux personnes durablement homos (oser parler de célibat, de continence, annoncer la couleur et la matière de la Croix !), et surtout une parole proposante et positive (oser parler de la Joie dans la continence – qui est bien autre chose que l’abstinence ! –, oser parler de la vocation à la sainteté spécifique à la condition homosexuelle, oser parler carrément de consécration et de fondation d’une fraternité ecclésiale spécifique, oser parler de l’évangélisation dans le cadre de l’homosexualité, oser parler de don entier de son homosexualité au monde, bref, oser proposer GRAND, JOYEUX et SAINT !).

 

Je crois que s’il n’en tenait qu’au Pape François, à sa personnalité de fond et à sa fougue prophétique, au départ, il aurait été du genre à rajouter au message prudent et sage de Benoît XVI cette grande valeur ajoutée de l’offrande mondiale de l’homosexualité, de la Joie accueillante qui embrasse toute la personne homosexuelle et encourage toute la plénitude de sa personne, cette impulsion un peu folle mais confiante de la proposition GRANDE et JOYEUSE de la sainteté dans le cadre de l’homosexualité non-actée. Il aurait été prêt à franchir le pas. Mais le sujet de l’homosexualité est tellement mal compris dans l’Église (on s’en méfie, globalement, on la prend pour un non-sujet), les gens d’Église sont tellement loin de comprendre la puissance de la dénonciation de l’hétérosexualité (sans renoncer à l’expliquer en détails !), les clercs sont tellement tétanisés de sortir des clous et de tenir un discours qui risquerait d’être trop complaisant ou mal compris ou jugé « trop positif pour être honnête et inspiré », que la sobriété semble s’imposer. François préfère se racheter une confiance et une légitimité papale à bas prix en se cachant derrière un discours familialiste certes beau mais figé et austère, à côté de la plaque.
 

Bulle papale : "... Je fais la gueule pour rassurer..."

Bulle papale : « … Je fais la gueule pour rassurer… »


 

Par rapport à l’homosexualité, l’enthousiasme du Pape François a été refroidi et s’est éteint dès le début du Synode. Il a dû se faire tirer sévèrement les oreilles un peu avant ! Pour l’instant, il a prévu de ne rien annoncer de vraiment nouveau sur le sujet. Pas de prise de risques inutile et non-orthodoxe. On ne sonne pas trompettes. On ne formule pas de promesses. On n’exhibe pas un enthousiasme paternel et fraternel trop suspect. Pour éviter les coups d’éclats et les fausses espérances. A priori, ça sécurise tout le monde, ça favorise l’« Unité », ça réaffirme une assise et une fidélité doctrinale qui rassurent. On la joue prudents. Mais le cœur, la joie de la Bonne Nouvelle, la folie de la confiance, la force que donnent l’exigence et la réalité, la proposition grande, n’y sont pas. Manque d’audace, langue-de-bois et repli, pas de carton de mariage personnalisé pour savoir où est la place concrète des personnes homos au banquet de l’Église, peur de l’homosexualité et de s’adresser aux personnes homosexuelles avec un autre discours appris que « Tu n’es pas que ça. », « L’Église t’aime et ne te juge pas. », « Tu es appelé à la chasteté et à la charité. » (comprendre : « Repassez dans cinq ans. On vous rappellera. Arrêtez de réclamer, et obéissez plutôt à l’amour universel de l’Église pour vous. En gros, vos gueules ! »). On pourrait se dire qu’un tel statut quo n’est pas grave, que l’Église a déjà survécu avec ces non-dits depuis des années sans que cela ne pose trop problème. Mais c’est oublier que le monde a soif et explose en ce moment de manière anormalement violente à cause de l’homosexualité et de l’hétérosexualité. Et qu’il ne le Lui pardonnera pas.
 
 
 
 

Je vous renvoie aussi aux textes suivants : article 1 sur Charamsa, article 2 sur Charamsa la suite, article 3 sur la place de l’homosexualité dans le Synode, article 4 sur le mépris ecclésial du traitement de l’hétérosexualité, article 5 sur l’homophobie dans l’Église, et article 6 sur les cardinaux africains. Par ailleurs, la traduction ESPAGNOLE de cette page se trouve sur ce lien. Enfin, voici le tableau-récap de ma proposition au Pape.