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LMPT : LES MARCHANDS DU TEMPLE NOUS VENDENT L’ABROGATION DU « MARIAGE POUR TOUS » SANS Y CROIRE EUX-MÊMES ET SANS S’EN DONNER LES MOYENS (Analyse du dernier livre de Liberté Politique consacré à l’Abrogation). ÇA SUFFIT !!!

La Grande Foire de l’Abrogation : nouvel attrape-nigauds de LMPT

 
Abrogation livre
 

En lisant la dernière parution de la revue (pourtant sérieuse) Liberté Politique, consacrée en février 2015 à la question « Comment abroger la loi Taubira ? », je suis dépité. Elle va d’ailleurs dans le sens de la prochaine CNR (Convention Nationale des Régions) de Ludovine de la Rochère les 13-14 juin 2015 prochain, axée, je vous le donne en mille, sur… l’Abrogation !
 

Je m’attendais, dans ce livre, à trouver de vraies propositions, une analyse concrète de la situation, du « mariage pour tous » puis des moyens réalistes d’y remédier. Pas du tout. Je me rends compte du retard colossal de nos intellectuels et hommes politiques cathos, qui non seulement pataugent dans la semoule, mais sont dans la fuite en avant, partent dans plein de directions souvent bien argumentées mais désincarnées, proposent des pistes intéressantes mais non-prioritaires ou irréalistes, prennent la place de ceux qui connaissent les véritables solutions aux problèmes qu’ils dénoncent. C’est révoltant !
 

Et le pire, c’est qu’avec l’arsenal discursif qu’ils mettent en place, ils sont partis pour nous mener en galère pendant des années et des années (s’ils ne s’épuisent pas avant), et faire couler notre néanmoins beau paquebot français. Cela pour une raison toute simple : ils n’ont toujours pas compris la gravité de la Loi Taubira et du PaCS, ni, plus profondément, le nœud idéologique qui les soutient – à savoir la BIPOLARITÉ HÉTÉROSEXUALITÉ-HOMOSEXUALITÉ – que pour le coup ils ne dénoncent toujours pas, et dont ils continuent de nourrir les conséquences, justifiant ainsi leur « commerce » de bazar et leur chaire d’experts universitaires. Qui forme intellectuellement et spirituellement ces intellectuels, ces hommes politiques et ces législateurs là ? Visiblement personne. Comment se fait-il qu’on en arrive à ce grand bordel des Marchands (cathos) du Temple du Mariage ? Il y a sûrement beaucoup d’orgueil, de peur et d’ignorance là-dessous.
 

Et ça me semble toujours incroyable qu’un livre qui se donne pour objectif de donner des clés pour abroger la loi Taubira soit capable de passer à côté de la clé principale – l’homosexualité – et qu’il ne propose nulle part une dénonciation de celle-ci… Mais sur quelle planète vivent ces auteurs ? Sérieux. Comptent-ils ignorer longtemps que la loi Taubira EST la justification de l’« amour homosexuel » ?? (Non parce que je le voudrais ou que je ferais une fixette sur l’homosexualité, mais parce que c’est la vérité factuelle et intentionnelle la plus évidente !) Et que le seul moyen de la neutraliser, c’est de briser le mythe qu’elle incarne ??
 

J’essaie de comprendre comment ces scribes fonctionnent, car ça m’intrigue. C’est tellement le souk, leur entreprise, qu’en réalité, il est facile de constater qu’ils n’ont aucune stratégie, ou alors une stratégie de l’urgence et de la peur qui rentre vite en contradiction avec elle-même. Aussi bien les partisans d’une abrogation dite « sèche » et « sans rétroactivité » de la loi Taubira, que ceux qui nous vendent plutôt une abrogation « douce » qui n’est en réalité qu’une réforme et réécriture de la loi, mènent la même danse sans s’en rendre compte : tous se sont mis d’accord pour renoncer à l’abrogation. Et ensuite, pour cacher leur compromission démissionnaire, ils se font des courbettes de courtoisie à n’en plus finir. « Il y a les partisans de la réforme de la loi, et les partisans de l’abrogation. Les deux mènent un combat complémentaire et tout à fait utile. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 73) Mais concrètement, comme il y a la boutique perso à faire tourner, la vitrine médiatique à parfaire et la place politique à conserver, c’est la précipitation, la langue-de-bois, la bousculade, la course au meilleur slogan, à la promesse lancée en l’air, à la formule qui fera date, aux fausses pistes, aux solutions par défaut. Ils se contredisent sans arrêt parce que leur discours n’est ni clair ni ancré dans la Vérité. À la fois ils cherchent à constitutionnaliser la définition du mariage pour préserver la filiation et transformer le « mariage Taubira » en Union civile, et ils demandent une abrogation sans rétroactivité de la loi tout en soutenant qu’en théorie ils sont contre l’Union civile. Ils veulent et vendent le beurre et l’argent du beurre ! Comment peut-on y croire une seconde ? Comment espèrent-ils qu’on va gober ça ?

 

Ils sont là, campés autour de la Citadelle sacrée de la différence des sexes. Ils croient la défendre mieux que les autres. Mais en réalité, ils lui font de l’ombre, ils bouchent son entrée. Ils sont plus occupés à bichonner leur pré carré, leurs stands, leurs poules, leur spécificité-maison. En ce moment, la babiole dernier cri qu’ils se sont promis d’écouler, c’est le mot « Abrogation ». Personne ne la vend sauf eux ! Approchez ! Approchez ! Promo ! C’est papal ! « Ça ne coûte pas très cher ! » balance le fromager Ben Sarko. Bien que concurrents, ils se disent « complémentaires » et « solidaires » entre eux pour ne pas freiner la compétitivité de leurs produits et ne pas révéler l’imposture de leur marché commun sans recette(s) (= la Droite). Ils se croient indéboulonnables. Et comme leur affaire ne marche pas (c’est vrai : La Manif Pour Tous se casse la gueule), ils mentent, essaient de garder ponctuellement leur clientèle à défaut de pouvoir la fidéliser en se politisant (le Syndicat LMPT ! le « Parti » ! : c’est nouveau, ça vient de sortir), présentent – pour cacher leur panique – le moindre concept nouveau comme une trouvaille « révolutionnaire » qui va tout changer.

 

Moi, face à cette grande foire de la parlotte, je n’ai envie que d’une chose : faire comme Jésus. Prendre des cordages, en faire un fouet, et balayer ces marchands du Temple, ces imposteurs. Du balai ! (Et je vous proposerais volontiers de rejoindre les rangs de CUCH – Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité – ou les rangs d’Abrogation Sans Concession, une association d’anciens membres de LMPT qui n’ont pas envie de rentrer dans la corruption des leaders actuels de LMPT et de leurs suiveurs. Parce que, voilà, ras-le-bol des mensonges, des non-dits et de l’homophobie, c’est-à-dire la peur des personnes homosexuelles et de l’homosexualité.)
 
 

Promo de printemps ! Les marchands cèdent sur le PaCS pour espérer nous vendre l’Abrogation comme une réalité à laquelle ils ne croient pourtant pas.

 
Jesus-chasse-les-marchands-du-temple
 

Je suis triste de constater que le dossier de Liberté Politique sur l’abrogation de la Loi Taubira, qui promettait d’être ambitieux, est un cortège de fausses solutions, un rafistolage de bout en bout. On voit tous ses contributeurs en train de justifier les uns après les autres leur future déclaration de forfait, et d’expliquer qu’après tout, le PaCS, il va falloir s’y faire, par « réalisme contextuel », par « humilité », par « éthique de la responsabilité », par « charité », pour « éviter d’être déçu » : « La question est malheureusement fort différente de celle qui était posée avant le vote de la loi. L’agir politique ne se déploie que dans la réalité des circonstances et ignorer leur force contraignante condamne à l’impuissance ou aux plus cruelles désillusions. » (Thibaud Collin, en préambule, p. 7) ; « L’abrogation pure et simple de la loi Taubira c’est-à-dire sans proposer un contrat aux couples homosexuels comme alternative (qui s’appelle union civile ou alliance) n’a aucune chance de réunir une telle majorité. Elle est contraire à l’éthique de responsabilité. Pas question cependant de transiger sur le mot « mariage » : c’est l’éthique de conviction. Il doit être exclusivement réservé aux couples hétérosexuels. Un mariage pour des couples de même sexe, outre que cela n’a aucun sens, aurait des conséquences sur la filiation. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », pp. 74-75)

 

Pour laisser peu à peu entrer et tolérer le PaCS, ils commencent par relativiser le « mariage pour tous » et lui enlever son importance, son exceptionnalité. Leur pensée démissionnaire consiste à considérer que « la loi Taubira n’est qu’un élément parmi d’autres » (Thibaud Collin, en préambule, p. 7), qu’il faut passer à autre chose, laisser les morts enterrer leurs morts. Ils n’ont pas compris le tournant extraordinaire et gravissime que constituent le PaCS et surtout la création de la bipolarité homosexualité-hétérosexualité à la fin du XIXe siècle. Ils n’ont pas compris que rien ne mobilisera autant le monde que l’homosexualité (ou l’opposition à celle-ci).

 

Ils nous suggèrent dans leur ouvrage collectif des solutions contre la loi Taubira qui ne tiennent pas debout, qui ne sont pas ancrées dans le contexte réel du monde contemporain, et qui ne prennent absolument pas le mal à la racine. Ce sont juste des « solutions d’ajout » n’ayant qu’un effet placebo limité : inscrire la définition de la famille naturelle dans le marbre de la loi française, organiser un référendum concernant la PMA et la GPA, durcir internationalement la prohibition de la PMA et GPA, apposer des alinéas à la Constitution, rajouter des astérisques conditionnelles, etc. Elles n’endiguent absolument pas l’avancée de la Mer « Égalité ». Par exemple, à quoi sert de nous faire un joli exposé sur les différentes conceptions de la famille au long de l’Histoire ? À rien, sauf à blablater sur des évidences, en les faisant écrire par des spécialistes qui sauront broder autour et apporter des nuances que nous ne connaissions pas. Génial… « Depuis trop longtemps, on n’a pas réfléchi à la famille du XXIe siècle. Des États généraux de la famille sont nécessaires et pourraient être suivis par l’organisation d’un référendum. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 74) À quoi sert de mettre le paquet sur la répression (des conséquences de la Loi Taubira) plutôt que sur l’éducation intellectuelle et la prévention ? « La consolidation des interdits concernant la PMA et la GPA peut rassembler davantage que la suppression du mariage entre personnes de même sexe. La France doit prendre la tête d’une action internationale d’envergure pour la prohibition de la GPA au nom de l’indisponibilité du corps humain. […]Il faut décourager les PMA et les GPA par une loi pénale claire et sanctionner ceux qui permettent le contournement des règles. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 75) À rien sinon à se victimiser et à diaboliser les faits au détriment de l’accueil des personnes. L’intimidation n’est qu’une dissuasion temporaire, qu’une illusion de contenu. Pas du tout une solution en profondeur.
 

En parfaits scribes, les contributeurs de ce numéro de Liberté Politique confèrent tous pouvoirs à la loi, au juridique : « Il n’y a pas d’autre choix que de graver explicitement le mariage et la famille naturels dans la Constitution. », Anne-Marie Le Pourhiet, « Rendre le mariage inaltérable », p. 65) Alors que c’est précisément là l’erreur. Se battre pour une définition de dictionnaire et l’inscription de celle-ci sur le marbre, pour y apposer une légalité, c’est rentrer exactement dans la même idolâtrie légaliste que nos opposants. D’un côté, c’est la Nature, de l’autre c’est l’Amour, que les uns et les autres invoquent et essaient d’enfermer dans les Tables de la Loi. Et le Réel dans tout ça ? Le dialogue et la réflexion de fond ? Constitutionnaliser la définition de la famille (idée qui avait déjà été lancée par Frigide Barjot, je le rappelle), l’enfermer dans une définition rigide et naturaliste, surtout à l’heure où le mot « famille » recouvre plein de sens différents, c’est un parfait non-sens.

 

Hallucinant mais pourtant vrai. La totalité des scribes du dossier de Liberté Politique ne veut pas vraiment de l’abrogation. Et on le voit à un « détail » pourtant énorme : ils ne dénoncent pas clairement l’Union Civile. « Mais ce qui pose le plus de difficulté, outre le terme « mariage », est la filiation. Je pense donc sincèrement que les manifestants et au-delà les sympathisants de La Manif Pour Tous sont prêts à accepter l’union civile faute de mieux. Je le répète : faire penser qu’une abrogation pure et simple est possible, c’est leurrer les gens ! » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 76) Le seul qui le fait timidement, c’est Michel Pinton… et encore, il ne remet pas en cause le pilier idéologique de celle-ci : l’homosexualité. Alors sa radicalité finit par tomber à l’eau, résonne comme une promesse lancée en l’air (pour le panache…). À la fois il constate que le PaCS est LE noyau dur central du « mariage pour tous » : « En 1999, le PaCS. Lionel Jospin s’imaginait avoir trouvé un compromis prudent et définitif en inventant une forme d’union qui serait moins qu’un mariage mais plus qu’une liaison de fait. En réalité, il a cédé sur l’essentiel : pour la première fois, une loi admettait que, dans la vie conjugale, le sexe des conjoints n’avait pas d’importance. », Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », pp. 20-21). Mais ensuite, il se rétracte et fait demi tour : « Si nous voulons empêcher définitivement le mariage homosexuel, c’est sa racine que nous devons arracher, c’est-à-dire le PaCS. Nous pouvions le faire en 1999. C’est aujourd’hui au-dessus de nos forces. Même si son abolition doit rester notre objectif ultime, nous devons viser des résultats moins ambitieux. […]Nous avons gagné un répit, rien de plus. Comme l’utiliser ? D’abord en ne relâchant pas notre pression. » p. 22). C’est la fin des haricots de son argumentaire quand il auréole Frigide Barjot de la gloire médiatique de pacotille qui fut la sienne (« L’excellente Frigide Barjot », p. 21), alors que c’est quand même à cause de cette femme si notre opposition au « mariage pour tous » s’est encastrée dans la filiation, enfoncée dans l’ambiguïté et le slogan sans fond, engouffrée dans l’homophobie (elle refuse toujours de parler du « couple » homosexuel, encore aujourd’hui, et elle insulte en privé les personnes homosexuelles qui le font), a perdu toute crédibilité et cohérence.
 

C’est l’unité du mariage qu’une Frigide Barjot n’a intégrée ni dans sa tête ni dans son cœur (et beaucoup d’intellectuels catholiques font de même). En justifiant l’Union Civile, elle s’imagine qu’on peut saucissonner une union de deux personnes, et en retirer magiquement la différence des sexes, la filiation, l’adoption et la procréation, tout en justifiant cette union d’être quand même « de l’amour » et un « droit social » ?? Celle qui s’accapare toujours le Pape, qui se revendique toujours de son discours à lui, ferait mieux de l’écouter vraiment, car les restrictions qu’il pose concernant les unions homosexuelles comprennent également l’Union civile et pointent du doigt la malversation de l’agitatrice : « À ceux qui veulent procéder à la légitimation de droits spécifiques pour les personnes homosexuelles qui cohabitent, il faut rappeler que la tolérance du mal est bien autre chose que son approbation ou sa légalisation. » (Congrégation pour la doctrine de la Foi, « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles » (2003), p. 82) ; « Les législations favorables aux unions homosexuelles sont contraires à la droite raison car elles confèrent des garanties juridiques, analogues à celles de l’institution matrimoniale, à l’union entre deux personnes du même sexe. » (Congrégation pour la doctrine de la Foi, « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles » (2003), p. 83)

 

En ne se focalisant que sur la filiation pour désigner le « mariage pour tous » comme dangereux (ou en omettant de parler d’homosexualité, ce qui revient au même), nos intellectuels cathos coupent finalement la loi Taubira en deux : l’Union civile d’un côté et le « mariage pour tous » de l’autre… en justifiant finalement les deux tout en feignant de les opposer ou d’en neutraliser au moins un des deux. Sinon, l’autre astuce qu’ils trouvent pour couper la loi Taubira en deux afin de la justifier toute entière à leur insu, c’est de créer une frontière factice entre une homosexualité intime (celle-ci serait justifiable du fait d’être privée ou non-actée ou non-politisée, et mériterait donc l’Union civile, ou tout du moins une reconnaissance sociale, une équivalence, un lot de consolation légal) et une homosexualité sociale (celle-ci ne serait pas défendable, et ne mériterait donc pas le mariage ni l’Union civile) : « Les unions de même sexe relèvent de la plus stricte intimité, sans aucune conséquence sociale, la vie affective des particuliers ne regardant en rien la collectivité. […]L’État n’a pas à s’immiscer dans les préférences sexuelles des citoyens, étrangères à tout critère de notre tradition juridique. » (Joël-Benoît d’Onorio, « Abroger n’est pas réécrire », p. 60) Ils s’imaginent, comme beaucoup de cathos, que la politique n’a rien à voir avec la sexualité, ou bien que la sexualité relèverait de la sphère strictement privée, parce qu’ils confondent sexualité et génitalité. Or la sexualité n’a rien d’exclusivement privé. C’est une réalité de vie et de société qui concerne également l’État et la politique ! Il n’y a pas à privatiser la sexualité, et encore moins à privatiser l’homosexualité (pour mieux la justifier ou la bénir d’indifférence).

 

Pour le reste des contributeurs, la plupart d’entre eux justifient l’Union civile comme un moindre mal nécessaire. « Il restera le ‘PaCS’ qui est amplement suffisant. » (Joël-Benoît d’Onorio, « Abroger n’est pas réécrire », p. 60) Aucun ne traite ni n’analyse l’homosexualité. Aucun ne veut vraiment l’abrogation de la loi Taubira et n’y croit. Quelle arnaque de dossier ! Et le pire, c’est qu’ils jouent aux braves sans concession, qui doivent se battre pour la morale, la Vérité, l’Unité et contre l’injustice : « La tolérance du moindre mal en politique ne peut être qu’une étape vers l’abrogation totale des législations injustes. » (le fr. Sébastien Perdrix, op., « Résister à une loi injuste », p. 32) ; « Ma conviction est qu’il y faudra l’effort continu et patient de toute une génération d’hommes et de femmes inébranlables dans leur détermination. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », mot de la fin, p. 26) ; « L’enjeu de l’abrogation de la loi Taubira n’est pas d’abord politique ou juridique, mais bien moral. » (le fr. Sébastien Perdrix, op., « Résister à une loi injuste », p. 28) ; « Disons-le, une fois encore, la question de l’abrogation de la loi du ‘mariage pour tous’ ne se joue pas d’abord sur le plan politique et juridique, mais bien sur le plan éthique et culturel. » (idem, p. 33) ; « Résister en politique : un devoir moral » (idem, p. 29) ; « Il apparaît urgent de susciter des vocations pour les métiers touchant directement à la culture. » (idem, p. 36) ; « Travailler au réveil des forces morales » (idem, p. 35) ; etc.

 

Mais concrètement, ils jettent tous l’éponge. Ils se fichent des faits culturels de l’homosexualité, de l’homophobie et de l’hétérosexualité. Ils font même presque dire à Benoît XVI et Jean-Paul II qu’ils justifieraient le moindre mal de l’Union civile sous prétexte que, dans l’Encyclique Evangelium Vitae, il est conseillé qu’en cas de loi non-abrogeable, le mieux est d’« apporter licitement son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique » (Jean-Paul II, Lettre encyclique Evangelium Vitae, 25 mars 1995, n. 73) : « Le cardinal Ratzinger reconnaît qu’il sera difficile ‘d’abroger complètement une loi de ce genre’. » (le fr. Sébastien Perdrix, op., « Résister à une loi injuste », p. 31) ; « limiter les préjudices d’une telle loi » (idem, p. 31), « limiter les effets d’une loi injuste » (idem, p. 32) ; etc. C’est la « technique Ludovine de la Rochère » qui veut se justifier de dire « non » à l’Union Civile tout en la tolérant secrètement, au nom du mal irréparable que serait l’adoption du « mariage pour tous », et du « moindre mal » incontournable que serait l’Union civile.

 

Oui. Ils jettent l’éponge en justifiant l’Union civile, et ont le culot, en plus, de présenter ça comme une victoire sur le « mariage pour tous ». Le triomphalisme de Philippe Gosselin dans la lâcheté, c’est quand même génial (et du gros foutage de gueule en barres !) : « Cela ne s’est jamais fait de revenir sur une loi de société. Revenir sur cette loi serait révolutionnaire, y compris en la remplaçant par l’Union civile. Ce serait la preuve que la droite peut revenir sur une loi faite par la gauche, qu’il n’y a pas de sens de l’histoire. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 77) Vous vous rabattez sur l’Union civile pour neutraliser le « mariage pour tous », et ainsi vous serez des héros ! L’achat gagnant ! Les bras m’en tombent…

 

L’abrogation qu’ils nous proposent n’en est en réalité pas une puisque le mot « abrogation » signifie tout simplement « suppression » : pas « réécriture », comme ils le laissent entendre parfois, ni un ajout conditionnel sur la Constitution : « Le texte voté, la question est moins de supprimer ou de changer le texte, que d’assurer le rétablissement dans la loi du véritable mariage. » (cf. avertissement de la rédaction de Liberté Politique, p. 9). Ils cherchent à nous dissuader de demander l’abrogation : « Une action purement politique et menée exclusivement en vue de l’abrogation, n’aurait donc, à mon avis, d’autre effet que de préparer un choc en retour qui ruinerait pour longtemps les chances d’une cause juste. La bonne solution est autre. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 12) ; « Un piège à éviter : l’illusion d’un simple retour en arrière (abrogation pure et simple). » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 72) ; etc. Ce dossier de Liberté Politique est une fumisterie. Un troc. Une corruption.

 

Leur demande d’abrogation devient une absurdité et un Éverest décourageant uniquement du fait qu’elle ne s’appuie pas sur la réalité et qu’elle ne s’assume pas elle-même. Mais franchement, les gars, qu’est-ce qui est le plus difficile ? Être concret, aller jusqu’au bout de la réalité de ce qu’on demande (l’abrogation de la loi Taubira) et de réclamer une abrogation dite « sèche » (elle ne sera d’ailleurs plus sèche à partir du moment où le traitement de l’homosexualité va l’humidifier et la rafraîchir ; elle n’est sèche que d’être incomplétée par la demande cohérente de l’abrogation de l’Union civile, et par une adaptation au système de croyance de nos opposants) ? Ou demander une abrogation molle et graduelle qui n’est même pas une abrogation (mais un marchandage, un aménagement, un ajout, un pansement sur une blessure non-traitée) ? Tant qu’à faire, autant demander la grosse (et seule vraie) abrogation, car même la petite ne nous sera de toute façon pas accordée, ou nous sera tout aussi difficilement accordée !

 

« Il ne faut pourtant pas se bercer d’illusions. L’idéologie qui a présidé à l’élaboration et à la promulgation de la loi sur le ‘mariage pour tous’ n’est pas prête à baisser les armes. » (le fr. Sébastien Perdrix, op., « Résister à une loi injuste », p. 33) C’est logique, puisque cette idéologie est aussi la vôtre et que vous la cautionnez par votre langue-de-bois ! Du coup, en effet, elle ne risque pas de mourir de sitôt ! « Le processus conduisant à l’abrogation de la loi Taubira prendra du temps. » (idem, p. 32) Non. Il ne prendra que le temps que vous prendrez pour vous remettre en question et pour vous adapter aux logiques affectives de notre temps !
 
 

L’impasse totale par Liberté Politique sur l’homosexualité et l’hétérosexualité

 
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Concrètement, concernant le « mariage pour tous », l’ensemble des contributeurs du livre de Liberté Politique (au titre défensif et non offensif : Abrogation : protéger le mariage après la loi Taubira), à savoir des personnes souvent très bien (Thibaud Collin, Michel Pinto, Sébastien Perdrix, Roland Hureaux, Joël-Benoît d’Onorio, Anne-Marie Le Pourhiet, Philippe Gosselin), parlent d’abrogation mais ne l’assument pas elle. Ils tournent autour du pot en dénonçant des problèmes annexes, des causes lointaines (avortement, moyens de contraception, libéralisme, individualisme, etc.), en proposant des concepts nouveaux (le « néo-catharisme », le transhumanisme, l’abrogation, etc.). Non pas que les réalités qu’ils soulèvent soient fictives, absurdes et n’aient pas besoin d’être citées (j’avais déjà parlé des liens entre notre époque et le catharisme dans mes écrits aussi, et ce sera l’un des sujets de mon prochain livre sur les bobos). Ce qu’ils dénoncent comme sources du problème, stricto sensu, sur la copie, est vérifiable et sensé. Le problème, c’est que ce n’est pas sur ça que bute l’esprit de nos contemporains ! Les problématiques que nos intellectuels cathos soulèvent nous amènent trop loin, nous éloignent du sujet et des préoccupations des gens d’aujourd’hui. Ce n’est pas en des termes comme l’avortement, les moyens de contraception, le transhumanisme, le Gender, le néo-catharisme, que le péquin lambda peut remettre en cause ses mythes affectifs personnels (le fascisme, l’homosexualité, l’amour, le racisme, l’homophobie, l’hétérosexualité, la tolérance, l’égalité, le progrès, etc.). Ce n’est pas non plus en termes que nous, opposants à la loi Taubira, pouvant nous responsabiliser et arrêter de nous victimiser. Il n’y a qu’un mot que le « citoyen du monde occidental » tolère et qui l’anesthésie (parce qu’il ne connaît rien à la réalité à laquelle il renvoie) : c’est le mot « homosexualité ». J’ai testé pour vous. Ce concept est l’Opium n°1 du Peuple.

 

Nos porte-parole cathos ne veulent toujours pas l’admettre. Ils regardent ailleurs. Pire. Ils cautionnent à leur insu l’homosexualité en validant, par leur silence, sa jumelle « hétérosexualité ». Mis à part le frère Sébastien Perdrix, Michel Pinton et Thibaud Collin qui ne tombent pas dans le panneau, le pompon chez nos intellectuels cathos (et aussi la preuve qu’ils n’ont rien compris à l’Union civile et à la loi Taubira), c’est leur croyance en l’hétérosexualité, qui prouvent leur retard énorme sur la question de l’homosexualité et de la sexualité en général. Leur idéologie nataliste ne convainc évidemment personne (cette dérive a depuis longtemps été dénoncée par le pape Benoît XVI, d’ailleurs) : « Le Conseil constitutionnel aurait dû juger que la définition hétérosexuelle du mariage était déjà un principe à valeur constitutionnelle. » (Anne-Marie Le Pourhiet, « Rendre le mariage inaltérable », p. 64) ; « couples hétérosexuels » (idem, p. 66) ; « En témoigne par exemple le fait que la propagation du Sida par la voie hétérosexuelle est aujourd’hui beaucoup plus faible en Europe et en Amérique du Nord qu’en Afrique subsaharienne. » (Roland Hureaux, « L’Archaïsme du mariage libertaire », p. 57) ; « Le mot ‘mariage’ doit être exclusivement réservé aux couples hétérosexuels. Un mariage pour des couples de même sexe, outre que cela n’a aucun sens, aurait des conséquences sur la filiation. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », pp. 74-75) ; etc.

 

Le seul qui remonte à la croyance lointaine qui sous-tend le PaCS et le « mariage pour tous », c’est Michel Pinton : la déconnexion entre le corps et l’esprit, ou encore la croyance selon laquelle « dans le mariage, le corps n’a aucune importance » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 13) Mais le problème, c’est que Pinton ne dit pas le point concret par lequel s’incarne et se cristallise aujourd’hui cette croyance : ce point, c’est le mythe de l’« amour homosexuel ». La contraception, le néo-catharisme et la Théologie du Corps, désolé mais ce n’est pas ça qui fait bugger la raison et le cœur des gens. Dans leur esprit, ce qui les empêche d’identifier le problème, c’est juste le flou et le chantage affectif autour de l’homosexualité. Pinton devine bien que c’est autour de l’homosexualité que se concentre le dénouement du problème : « Déjà on enseigne dans les lycées que ‘l’homosexualité, c’est bien’ ; les lois qui répriment « l’homophobie » sont de plus en plus sévères. » (idem, p. 21) Mais il ne va pas plus loin et ne le dénonce pas en des termes concrets. Il ne fait qu’effleurer que c’est « la légalisation des agissements homosexuels » (idem) qui fait barrage à une avancée de notre combat contre le « mariage pour tous ». Et puis il s’évade vers la théologie tout de suite après. Il ne trouve rien de mieux à faire que de renvoyer Roselyne Bachelot à la lecture de Jean-Paul II (idem). Très efficace. Son erreur, c’est qu’il s’appuie sur ce qu’il sait (et qui est d’ailleurs souvent bien senti et vrai) : pas sur ce que les gens (qui sont maintenant nos dirigeants) comprennent ; pas sur les inconnues qui sont les leurs et qui entravent leur jugement : l’homosexualité et l’homophobie. Pire. Il méprise l’homophobie – le terme et la réalité souffrante à laquelle il renvoie. Liberté Politique avait fait de même lors de la sortie de mon dernier livre L’homophobie en vérité (2013), en laissant le critique Yves Floucat pourrir – de manière non argumentée – le seul livre qui aurait pu les aider à comprendre l’homophobie (Honte aux rédacteurs de Liberté Politique, au passage). Pinton déplace ensuite le problème de l’homosexualité uniquement sur le terrain de la génération : « Au terme de ces glissements successifs, un bouleversement institutionnel, qui va bien au-delà de la question homosexuelle, se dessine : la « filiation volontaire ». Un jour, l’État ne reconnaîtra plus la famille comme réalité objective et stable fondée sur l’union d’un homme et d’une femme. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 21) Alors que depuis le départ, le mouvement de la Manif Pour Tous n’a fait que traiter des conséquences de la loi Taubira matin midi et soir, Pinton se propose d’en remettre encore une couche ! « Notre contre-offensive politique doit s’étendre à un autre terrain, qui a été négligé jusqu’ici. Je veux parler des conséquences sociales et économiques de la loi Taubira. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 23) ; « Les néo-cathares taisent ou nient les maux sociaux. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 24) ; « Un brouillard épais entoure les conséquences sociales du mariage homosexuel. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 21) Il me fait penser à ceux qui disent : « C’est en montrant qu’il y a des divorces de couples homos qu’on invalidera le mariage homo. » Devant les inconséquents, à quoi bon les mettre devant leurs conséquences ???

 

Chez ces marchands intellectuels du Temple, curieusement, il n’est jamais question de briser les idoles des autres (homosexualité, homophobie, hétérosexualité) et encore moins leurs propres idoles (Différence des sexes, Enfant, Famille, Mariage, Hétérosexualité, Écologie, Théologie du Corps, et à présent Abrogation). Ils ne font que lutter contre les caricatures d’idoles qu’ils attribuent aux autres en les théorisant : GPA, PMA, Gender, et maintenant transhumanisme et néo-catharisme… sans nommer les vraies idoles : homosexualité, homophobie, hétérosexualité. Parce qu’ils partagent les mêmes, au fond !

 

Pour éviter de voir cela, ils se placent en victimes incomprises et irréprochables : « Bon nombre de ceux qui ont pris part aux manifestations contre le ‘mariage pour tous’ ont été traités comme des citoyens de seconde zone. » (le fr. Sébastien Perdrix, op., « Résister à une loi injuste », p. 27). Ils regardent la « disqualification politique » ( idem, p. 28) dont ils auraient été les objets comme un trophée et un passe-droit pour mépriser ou baisser la garde. Par exemple, ils se créent de faux ennemis ou bien des ennemis-concepts. Ils parlent de « l’idéologie libertaire » ( idem, p. 29), de « la progression du nombre des ‘LGBT’ » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 25), de la « pression du lobby LGBT » (Anne-Marie Le Pourhiet, « Rendre le mariage inaltérable », p. 68). En réalité, le « lobby LGBT » n’est que le lobby hétéro gay friendly ! Et sa puissance n’existe pas. Ou bien si elle existe, c’est celle qu’ils lui donnent en ne traitant pas du masque concret qu’il porte : « J’ai voulu que nous connaissions notre adversaire et que nous mesurions sa puissance. Il a l’habileté d’avancer masqué. Il se drape dans les droits de l’homme et se compose un air de compassion pour certaines victimes supposées de la société. Ne tombons pas dans ses pièges. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 16) Or ce masque s’appelle « amour homosexuel » et hétérosexualité !
 

Ils nient également le statut (pas simplement rhétorique et de mauvaise foi) de victimes qui revient aux personnes homosexuelles, à leurs souffrances réelles (car nul ne réclame des droits inutiles et irréalistes s’il ne souffre pas vraiment et n’est pas victime, quelque part, de lui-même et des autres !). Ils voient pourtant surgir des victimes de partout… « La ‘société des droits de l’homme’ que le néo-catharisme a commencé de construire, est, dans sa réalité, une société de marginalisés, de précarisés, d’éliminés et, dans ses manifestations les plus récentes, de terroristes et de tueurs en série. » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 25) Et en même temps, ils nient à certaines personnes – et en premier lieu aux personnes homosexuelles (utilisées dans l’histoire du « mariage pour tous », et exploitées dans le coming out et leurs pratiques sexuelles) – le fait d’être aussi des victimes, les premières victimes du « mariage pour tous » ! : « L’abrogation se heurte sûrement à leur ire obsessionnelle par voie de recours de toutes sortes, arguant une prétendue ‘discrimination’. » (Joël-Benoît d’Onorio, « Abroger n’est pas réécrire », p. 61). Pourtant, cette discrimination est bien là. Et elle vient de ces intellectuels cathos et des leaders LMPT aussi !

 

Ils nous bassinent avec des concepts ecclésiaux qui font jolis et suffisamment profanes pour ne pas les mettre en danger, et qui surtout ne verbalisent pas les vrais problèmes : la « dignité du corps », l’« écologie », le « transhumanisme », la « vie », la « culture de vie », les « valeurs », etc. Tous ces mots qui « font papal sans le dire ». C’est la bouillie qu’ils comptent nous servir pendant 5 ans. Préparez-vous.

 

J’ai souvent remarqué ça. À chaque fois que la plupart des militants cathos LMPT veulent se donner l’impression de mener un combat d’avant-garde et l’illusion d’avancer, ils sautent sur le premier mot ou concept nouveau qui leur est présenté par les leaders qu’ils se sont choisis comme la panacée. Ça a déjà marché avec « Gender », avec « PMA » et « GPA » (et maintenant, on a droit à la mode du « transhumanisme » et de l’« abrogation ») : des mots que ceux qui les pratiquent ne connaissent même pas. Par exemple, les pro- Gender ne savent toujours pas ce qu’ils défendent, n’ont pas conscience de ce qu’est le Gender, ou disent carrément que ça n’existe pas ou qu’ils sont contre le mot. C’est dire si la méthode actuelle des cathos, consistant à sauter sur les premiers slogans rhétoriques qui font universitaires, sans chercher à retraduire ces mêmes concepts selon les bonnes intentions et la grille de compréhension de ceux qui les actualisent, est bonne…
 

Récemment, j’ai entendu une homélie d’un prêtre – pourtant en général très bon orateur – qui mettait en garde pendant la messe sur les dangers du transhumanisme. De manière subtile, en plus : il veillait à ce qu’on ne diabolise pas la technique et la Science non plus. Mais il employait des mots nouveaux (« transhumanisme », « homme augmenté », « Cyborg »…) qui avaient de quoi ébahir et flatter la culture de son assistance néophyte, en même temps que de l’alarmer sagement, sans catastrophisme. Avec toujours ce même laïus sur la nécessité de rester « centré sur l’Humain », d’« accepter nos limites et nos vulnérabilités », de ne pas se prendre pour Dieu. Bref. Un topo bien huilé, qu’on va nous servir à toutes les sauces pendant des années dans les paroisses les plus « in », et qui ne règle absolument pas les problèmes étant donné que nos contemporains lancés dans la course au transhumanisme ne l’appellent pas comme ça, ne le comprennent et ne le traduisent pas comme ça, et sont gênés par d’autres utopies bien plus sucrées (l’« amour homosexuel » en première ligne) qui les empêchent de se révolter contre leurs propres actes mauvais. Rien ne sert de dénoncer le transhumanisme si on ne décèle pas ses raisons, ses affections, ses racines pétries de bonnes intentions, si on n’explique pas pourquoi les gens tombent dedans et à cause de quels mythes et quels mots à eux (et pas que nos mots à nous !).

 

« Dignité », « écologie », « euthanasasie », « Espérance », « transhumanisme », « bien commun », « Homme augmenté », « GPA », « intérêt supérieur de l’enfant », « abrogation »… Le pire, c’est que nos intellectuels cathos se rendent bien compte qu’ils saoulent tout le monde avec leurs pétitions et leur proposition de « Charte de la famille » (Anne-Marie Le Pourhiet, « Rendre le mariage inaltérable », p. 66). Ils voient bien qu’ils ne passionnent pas les foules et épuisent leurs troupes avec leur verbiage bavard, leur conférences creuses sur la GPA, et leurs concepts qui n’ont d’efficaces que leur « nouveauté » et apparente complexité. « J’observe un phénomène de lassitude. Des citoyens, même opposés à cette loi, considèrent qu’on a passé beaucoup trop de temps pour ces questions, et qu’il est temps désormais de se consacrer exclusivement à l’économie et au social. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 77) ; « La dignité, en effet, est malheureusement devenue aujourd’hui une auberge espagnole où chacun met ce qu’il veut, de telle sorte que cette notion est utilisée à des fins totalement contradictoires pour invoquer une chose et son contraire absolu. » (Anne-Marie Le Pourhiet, « Rendre le mariage inaltérable », p. 70) Le seul mot qui ne fait pas auberge espagnole (parce qu’il est dur à dire, à comprendre, et à assumer, y compris par ceux qui se ressentent homos), c’est « homosexualité ». Je n’y peux rien. Je le constate lors de mes conférences. Donc j’ai envie de dire aux intellectuels catholiques : « Arrêtez avec votre ‘bien commun’, vos ‘valeurs’, votre ‘conscience’, votre ‘écolo attitude’, votre sempiternel usage du mot ‘abrogation’ ! Le discours familialiste est obsolète, même s’il a sa cohérence, sa vérité et sa raison d’être, même si je ne doute pas de votre bonne foi et de la qualité de votre expertise pour d’autres combats que le mariage pour tous. Il est temps de rejoindre le Peuple et nos opposants dans ce qu’ils comprennent de notre charabia verbeux ! »

 

Le pire du pire, c’est quand nos chercheurs cathos, en dernière instance, se barricadent derrière la Théologie du Corps de Jean-Paul II et le vernis ecclésial du Catéchisme de l’Église catholique, pour se persuader d’avoir pensé « vrai » : « Alternative : la théologie catholique du corps. Comment lutter contre la foi néo-cathare ? Comment réduire sa puissance ? Le combat politique, à lui seul, ne peut y réussir. On ne fait reculer l’emprise d’une religion sur les esprits qu’en leur proposant une religion plus attrayante, avec une idée de l’homme plus véridique et des principes de vie plus solides. En France, cette autre religion existe. Elle s’appelle l’Église catholique. Sa doctrine s’oppose radicalement au néo-catharisme. Ne proclame-t-elle pas que le corps humain a une dignité infinie puisqu’il est appelé à une plénitude éternelle ? » (Michel Pinton, « Abroger les racines de la loi », p. 17)

 

Pour feindre qu’ils parlent d’homosexualité et pour colmater « discrètement » les brèches de leur dossier fissuré et à côté de la plaque, ils recrachent en annexe finale le Catéchisme de l’Église catholique, et un texte de la Congrégation Pour la Doctrine de la Foi qui date de 2003 et signé du cardinal Ratzinger (pas encore Benoît XVI à l’époque) ! C’est vrai que depuis, pas de changement ni de temps écoulé. Au passage, le texte final de la Congrégation souffre d’anachronismes et de grosses erreurs sémantiques (par exemple le terme « hétérosexualité » vient remplacer celui de « différence des sexes » ; ou bien le désir homosexuel est substantivé et essentialisé sous forme d’espèce « les homos » : ça ne va pas). Parachuter ces deux textes ecclésiaux censés faire autorité, ça ratifie l’hypocrisie et la présomption d’homophobie. « Vous pourrez pas dire qu’on n’en a pas parlé » Et bien si, je le dis. Vous n’en avez pas parlé !

 

Le drame, c’est que, de tous les contributeurs du dossier de Liberté Politique sur l’abrogation, Michel Pinton est le seul à avoir essayé de parler d’homosexualité. Et en plus, il en parle mal puisqu’il dit que le seul souci de l’homosexualité, c’est sa pratique et sa politisation ; pas l’attraction non-actée (comme si le désir homosexuel, qui est une peur et une blessure, n’était pas déjà un problème !). « Je laisse la plume à Louis Massignon, qui savait de quoi il parlait : ‘L’attrait homosexuel, écrivait-il, n’est pas condamnable en lui-même.’ Il est même ‘une idée pure’. Mais s’il s’avilit si des gestes charnels le précipitent’. » ( idem, p. 22) Pinto doit comprendre que le désir homosexuel est signe de péché, et qu’en cette qualité, il pose déjà individuellement et socialement problème ! L’essayiste clôt rapidement le sujet par un optimisme désincarné et appris : « Le même renouvellement intellectuel touche l’homosexualité. Le retard a commencé d’être comblé. Tout porte à croire qu’avec le pape François l’effort ira à son terme. » (idem, p. 18) Une chose est certaine : si le retard commence à être comblé, ce n’est certainement pas grâce à lui ni aux participants de ce livre sur l’abrogation ! Et concernant le Pape François, sans vouloir être défaitiste, je crois qu’il lui reste encore énormément de travail pour arriver à être un minimum au point sur la question de l’homosexualité et plus inventif que Benoît XVI ! D’après ces dernières déclarations sur le sujet, ça me semble compromis, et il ne mérite pas encore notre assurance (il le sent d’ailleurs, puisqu’il a reporté le traitement du sujet à la prochaine étape du Synode). Soyons dans l’Espérance bienveillante mais aussi dans le réalisme.

 

Un grand vide intellectuel entoure le thème de l’homosexualité (je suis bien placé pour m’en rendre compte !). Le frère dominicain Sébastien Perdrix (le seul du lot qui a un discours exigeant et réaliste) a bien l’intuition que c’est l’identification morale du vrai ennemi qui doit être faite : « Sans l’accord du plus grand nombre sur une morale commune tirant ses principes de la nature humaine et non de l’opinion majoritaire, il ne sera pas possible de ‘revenir en arrière’. Actuellement, à vues humaines, toute évolution législative en matière de mœurs est quasi-irrévocable. Le chrétien, s’il est réaliste, a donc bien des raisons de se résigner. » (le fr. Sébastien Perdrix, op., « Résister à une loi injuste », p. 28) Philippe Gosselin a vaguement la même intuition que lui : « Pour modifier les choses, il faudra trouver un dénominateur commun qui puisse avoir le soutien d’une majorité politique en 2017. » (Philippe Gosselin, « Revenir sur la loi Taubira sera révolutionnaire ! », p. 73) Moi, je vous le dis parce que c’est vrai : tant qu’ils n’identifieront pas que ce dénominateur commun est la dénonciation de la bipolarité homosexualité/hétérosexualité, nous n’avancerons jamais ! Ne laissons pas les marchands LMPT transformer notre combat en folklore commercial ou groupes d’Anciens Combattants illégitimes et politiciens. Ne les laissons pas blaser les nombreux manifestants qu’ils ont réunis en 2013. Ne les laissons pas enterrer discrètement la loi Taubira !
 
 

P.S. : Je vous renvoie à deux articles complémentaires de cette critique : mon article « J’accuse » et le mot de CUCH sur la caricature du Refuge.
 

P.S. 2 : Toujours la même rengaine : pour ne pas écouter, on me prête une arrogance, une complexité, une irréalité, que je n’ai pas. Coeurs de pierre et lentissimes à comprendre! L’impression, avec les leaders LMPT, d’avoir affaire à des gamins de 12 ans. (cf. ci-dessous, sur Twitter, des réactions de followers à chaud)
 
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J’accuse

 

Quand est-ce que nous, Français, et notamment les catholiques, ouvrirons les yeux sur nos richesses et nos responsabilités ? Quand est-ce que nous assumerons notre identité de Fille aînée de l’Église, notre liberté authentique (celle qui repose sur la Vérité-Charité) ? Quand allons-nous nous relever après la chute civilisationnelle qu’a été le vote – vu comme anodin par beaucoup – du « mariage pour tous » en mai 2013 et qui continue son effet-dominos effréné ? C’est très simple. L’hémorragie s’arrêtera à partir du moment où nous regarderons nos erreurs et nos peurs en face, en les assumant humblement, sans les projeter sans cesse sur nos prétendus « ennemis » pour nous victimiser et nous reposer sur nos certitudes.
 

Car il suffit de retourner lucidement sur notre combat contre la Loi Taubira pour voir combien nous l’avons construite et soutenue en faisant semblant de nous y opposer, combien nous avons exactement imité ceux qui nous l’ont imposée sans trop d’efforts. Et sur ce coup-là, je n’hésite pas à faire comme saint Paul ( = dénoncer le mal et les faux prophètes) ou Émile Zola ( = accuser).

 

Oui. J’accuse la très grande majorité des catholiques de France, de s’être cachés et reniés pour draguer les médias, d’avoir eu honte de leur foi, de Jésus, de la mauvaise image qu’il leur aurait donnée publiquement, de l’universalité d’amour de leur Église. Qu’ils ne viennent pas pleurer la christianophobie actuelle : ils l’ont amplement nourrie par leur propre peur du Christ ! par leur diabolisation de la politique, des médias, de la sexualité, du soi-disant « lobby LGBT » qui n’est en réalité que le lobby hétéro gay friendly/homophobe qu’ils composent.
 
J'accuse Jésus
 

J’accuse les leaders de la Manif Pour Tous d’homophobie. Vous avez, par vos manifestations anti-mariage-pour-tous, fait de la différence des sexes, du mariage, de la famille et surtout de l’enfant, une idole. Et qu’on ne vienne pas me dire que je vous insulte vous. Je ne parle que de vos actes et de votre peur réelle de l’homosexualité. Je me contente de parler du rejet réel que moi et mes frères homosexuels avons subi concrètement alors que nous défilions à vos côtés, de la censure que vous nous avez imposée. Qu’on ne vienne pas non plus me dire que je serais insupportable et que je ferais ma diva en m’exprimant ainsi. C’est l’ensemble de la population française, à commencer par les personnes homosexuelles et tous ceux qui ne rentraient pas dans votre case « mariage » ou « famille traditionnelle » (= les célibataires, les ados, les divorcés remariés, les séparés, les femmes qui ont avorté, les couples femme-homme stériles, tous les gens indécis et bien-intentionnés, l’ensemble des cathos, etc.), que vous avez ignorés, craints, balayés, comptés pour rien, au nom du respect de la « vie privée », de votre conception nataliste et familialiste de la « Vie », de votre « crédibilité médiatique », de votre « stratégie » politique, de la prétendue absence de l’amour et de la sexualité dans le mariage, de votre prétendue « non-homophobie » !
 

Oui. Pendant ces trois années, les Frigide Barjot, Xavier Bongibault, Ludovine de la Rochère, Albéric Dumont, Tugdual Derville, Koz Toujours, le collectif Homovox et tant d’autres qui ont même été auditionnés à l’Assemblée Nationale en tant qu’experts, c’est vous qui avez confisqué le débat (en collaboration avec nos gouvernants socialistes à qui vous avez facilité la tache de censure), c’est vous qui avez empêché de parler d’homosexualité, vous qui avez pris la place de ceux qui pouvaient le faire, vous qui n’avez donné le micro qu’aux personnes homosexuelles dont vous étiez sûrs qu’elles n’en parleraient pas et qu’elles se contenteraient de se présenter comme « homos » et de taper sur le « lobby LGBT » ou sur les journalistes. Vous pouvez vous cacher maintenant. Votre peur et vos interventions médiatiques mielleuses retombent sur vous comme une honte. Car les pro-mariage-pour-tous, malgré tout ce que vous pouvez dire, malgré votre mépris du mot « homophobie » que vous continuez de réduire à une insulte proférée par des fashion victims ou à une présomption infondée, avaient raison… même s’ils n’ont ni les mots ni les bons arguments pour s’en expliquer. Celle-ci est bien réelle. À l’instar des défenseurs de « l’identité » et de « l’amour » homosexuels que vous cautionnez dans le privé, vous méritez largement cette accusation d’homophobie. Vous avez eu peur de l’homosexualité alors qu’elle était le centre idéologique de l’Union civile et du « mariage pour tous » (et elle continue de l’être). Vous avez eu peur du même – car beaucoup de personnes homosexuelles défilaient en semblables et en frères à vos manifs. Par orgueil et pour vous mettre en avant, vous nous avez utilisées puis vite jetées… en gardant sous le coude votre caution morale homo (Jean-Pier Delaume Myard chez LMPT, Xavier Bongibault chez l’Avenir Pour Tous) qui se cantonnerait à ne traiter que des conséquences de la Loi Taubira sur la filiation, mais jamais de la loi en elle-même ni du PaCS. Vous vous êtes tous tacitement mis d’accord pour cautionner, soit par un « oui » public soit par un « non » timide et non-étayé, l’Union Civile, en vous disant qu’elle valait toujours mieux que le « mariage pour tous », qu’elle était un « moindre mal » nécessaire, et qu’elle vous exempterait d’avoir à parler d’homosexualité, et donc, selon vos vues, d’être accusés d’homophobie (votre plus grande hantise !). Mais en réalité, c’est ainsi que vous avez démontré votre homophobie réelle (et que, par la même occasion, vous avez trahi les manifestants de bonne foi que vous avez réussi à rallier à votre cause) ! Les désastres de l’Union civile, l’insulte qu’elle est pour toutes les personnes homosexuelles dans le privé, la justification de la violence des actes homosexuels qu’elle constitue, vous n’en avez rien à faire. Du moment que l’homosexualité ne se politise pas, n’éclabousse pas votre petite famille et votre petite image publique, ne se voit pas, et ne concernerait que les « couples » homosexuels « chastes et cachés », elle ne vous « dérange pas » ! Vous dormez tranquilles. Vous ne voyez toujours pas l’absurdité de demander l’abrogation du « mariage pour tous » tout en faisant l’économie de parler de l’homosexualité et de remettre en cause l’Union civile… alors que concrètement, l’Union civile EST le « mariage pour tous ». Elle est même la base du transhumanisme qui vous condamnez tant ! La bipolarité hétérosexualité/homosexualité, que vous ne dénoncez jamais, EST également la colonne vertébrale de toutes les ramifications légales transhumanistes (Gender, GPA et PMA, Loi Santé, euthanasie…) contre lesquelles vous prétendez lutter. Et celui qui, comme moi, vous montre depuis des années votre incohérence, vous vous arrangez pour le mettre en quarantaine, le juger « limite » voire « dangereux » (l’accusateur serait forcément le diable). Mais qui est dangereux dans cette histoire ? Je vous le demande !
 
J'accuse Braz
 

Vous refusez d’entendre cette homophobie et l’incohérence de votre dossier-qui-présente-bien (parce qu’il est peint en rose LMPT, en vert Écologie Humaine, en noir Chrétiens d’Orient et Kenya, en bleu marine FN ou en bleu feutré UMP). À l’heure du dépôt de bilan, vous suppliez à présent que ceux qui ont compris votre manège, votre censure, votre phobie et votre peur vis-à-vis de l’homosexualité et de nous personnes homosexuelles, se taisent, passent à autre chose, ne révèlent pas le scandale qu’est votre attitude d’autruches. Comble du comble : vous les faites passer, dans le privé, pour les scandaleux qui créeraient de la division, mettraient de l’huile sur le feu, tireraient sur l’ambulance LMPT, et donneraient à nos « ennemis » pro-gays du grain à moudre pour discréditer notre « beau » mouvement de « conscience » qui s’est levé en 2012-2014 contre le « mariage pour tous ». On croit rêver. Qui sont les victimes et qui sont les bourreaux ? Les personnes homosexuelles qui vous accusent à raison d’homophobie sur la base de faits indiscutables, de rejets d’indifférence réels que vous leur avez fait subir, parfois même de vos insultes clairement homophobes dans le privé, ou bien vous ? Vous prenez « les bobos », « les homos », « la gauche », « les lobbyistes », les dirigeants du Gouvernement, pour des abrutis, des censeurs, des idéologues et des destructeurs d’Humanité. Mais concrètement, qui la détruit, l’Humanité ? Au bout d’un moment, il va falloir passer à l’examen de conscience personnel et collectif ! Pour avancer enfin et cesser les postures.
 
 
 

P.S. : Si vous voulez relire ce texte en Veillée des Veilleurs, vous serez bien inspirés. J’en porte l’entière responsabilité.
 

P.S. 2 : Pour creuser le sujet de l’homophobie au lieu de le considérer toujours avec mépris, trois liens : mon livre L’homophobie en vérité ou encore ce court article, puis cet article de CUCH.

Mon copain ou mon fiancé ou mon mari m’aime mais passe à l’acte homo : Que faire ? Je me sens impuissante

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Deux impuissances qui se font miroir…

 

En accompagnement personnel d’hommes et de femmes touchés dans leur couple par l’homosexualité, je croise parmi la population homo-bisexuelle souvent le même profil de personnes : des garçons très intelligents, sociables, parfois engagés en Église et vivant en maisonnée, parfois mariés avec une femme qu’ils prétendent sincèrement aimer, pères de famille ayant un boulot dans lequel ils se donnent à fond mais où le moindre temps mort les entraîne dans des tentations charnelles et un isolement extrêmement puissants qu’ils n’arrivent pas toujours à contrôler sur la durée (rassurez-vous, j’en connais qui contrôlent très bien « la bête intérieure » quand même, et beaucoup plus souvent qu’on ne le croit).
 

Perfectionnistes, grands idéalistes, ils mettent un point d’honneur à se maîtriser, à ne pas décevoir, à plaire à Dieu, aux hommes, à leur femme, à leurs amis, à leur communauté religieuse. Ils incarnent l’archétype du gendre ou du prêtre idéal. Certains sont même prêtres en vrai, ou continuent d’être taraudés toute leur vie par la vocation religieuse. C’est la raison pour laquelle, quand ils chutent, ils ne se le pardonnent pas facilement et sentent que « quelque chose les dépasse ». Ils ne savent plus par quel bout prendre leur tentation/addiction.
 

L’homosexualité, ils ont bien compris que ce n’était pas pour eux, que ce n’était ni leur identité profonde, ni un couple à vivre, ni un chemin à suivre. Ça, au moins, ça a le mérite d’être clair. Mais l’ont-ils accueillie vraiment ? Tolérée ? Supportée ? Non. Ils la vivent comme une profonde vexation, une injustice, une honte monumentale, une défaite cuisante qu’ils n’ont pas digérée. Le rejet de celle-ci reste pour eux une intuition et un devoir moral abstrait plus qu’un pas réconciliateur émanant du cœur, qu’un acte libre et concret. Du coup, leur sortie de l’homosexualité se transforme en projection, même s’ils se persuadent du contraire. Et factuellement, leur homosexualité devient un fantasme et une pulsion, et quand ils se sentent débordés par elle et qu’ils s’y adonnent, elle se mute en défouloir, en aberration dans leur existence : comment eux, les rois du self control, les enfants de chœur, les héros bien-aimés de Jésus, peuvent-ils être capables, sur un coup de tête, de mater du porno en grande quantité ou bien de vivre des « plans cul » dont ils n’attendent absolument rien et qu’ils vivent dans un anonymat frisant la schizophrénie ? Ils sont les premiers navrés que la psychothérapie, la prière, leurs efforts pour satisfaire leur « épouse en Dieu », les retraites spirituelles, les Sessions Agapê , n’aient pas réussi à faire disparaître complètement leurs tendances.

 

Ce que je décris là, c’est un type d’homosexualité que je regarde, intrigué, car il m’est en partie étranger, j’avoue. Sans doute parce que je l’ai en partie résolu par le Verbe ( = témoignage), par l’action de sainte Marie et des sacrements en moi, et par l’expérience concrète de la continence. Mon homosexualité tient davantage de l’impuissance – et de la peur de l’impuissance – que d’une libido débordante, assaillante, conquérante, active (parce que refoulée)… même si moi aussi, à la base, j’ai une grosse libido, je suis un grand charnel et des fantasmes sexuels qui peuvent se révéler forts. Je n’ai pourtant pas le profil comportemental de l’obsessionnel addictif ni de l’homme alcoolique. Quelque part, mon travail d’analyse sur l’homosexualité et ma visibilité homo-catholique m’aident énormément à ne pas vivre les affres de la double vie ou du dilemme crucifiant qu’est le passage à l’acte homo.
 

En revanche, l’homosexualité de ces hommes-là, qui ne se disent pas homosexuels mais qui pratiquent par à-coup l’homosexualité dans des moments ponctuels et dans des sphères anonymes, est très instinctive, compulsive, animale, machiste, dépressionnaire, bipolaire. Chez eux, ce n’est pas vraiment la peur de ne pas pouvoir assurer techniquement la pénétration génitale avec la femme avec qui ils essaient d’être en couple stable, qui les malmène intérieurement (d’ailleurs, s’ils veulent « faire l’amour », ça marche souvent). C’est autre chose. Sans doute qu’ils canalisent mal leur énergie et ne s’acceptent pas vulnérables. Et leur manière de s’auto-punir de se découvrir faibles et imparfaits, c’est de foncer dans le rideau rouge qu’ils feignent de refuser, quitte à tout gâcher de ce qu’ils ont construit auparavant. On voit à travers eux que l’homosexualité est bien une blessure d’orgueil, et de refoulement combattif (fantasmé) des souffrances !
 

Ce sont des gars super sensibles, capables de dissimuler extrêmement bien, et qui, malgré les apparences, se laissent débordés par leurs pulsions du moment et surtout par leur imaginaire. Ils croient d’ailleurs n’avoir aucune emprise sur leur imaginaire (croyance fausse, car le travail de prise de conscience du Réel s’apprend : il y a des techniques pour ça. Avant de cliquer, de tomber amoureux, ou de se retrouver nu dans un sauna, il y a un laps de temps, quand même…). Un mail, un lien internet, une opportunité physique, un garçon qui passe sur un lieu abandonné, un instant de vide dans leur journée de travail ou dans leur temps de respectabilité sociale, un moment d’isolement… et la peur de se confronter à leur espace psychique intérieur ressurgit soi-disant « en un fragment de seconde ». Orgueil de vouloir tout contrôler, peur de se retrouver face à soi-même, précipitation et absence de vie intérieure : voilà ce qui explique techniquement la (re)chute. En réalité, ils sont plus libres qu’ils ne l’imaginent. Ils ne se laissent juste pas le temps de le réaliser. Ils s’engouffrent dans un mutisme et un isolement programmés. Ils s’extériorisent fiévreusement parce qu’ils ne se sont jamais vraiment intérioriser.

 

Alors, comment on fait quand on est comme ce que je viens de décrire ? Et comment on fait quand on est une femme qui vit avec ce genre d’hommes homo-bisexuels ? Déjà, dans un premier temps, on voit bien qu’il ne suffit pas de savoir, de comprendre, de « communiquer », d’intellectualiser, de verbaliser le problème, de vouloir que ça change, ni même de croire en Dieu et de vivre de Ses sacrements, pour pouvoir s’en sortir. Ce qui touche au cœur, aux pulsions et aux blessures de l’affectif ne se résout pas toujours par l’intellect ou la prière sincère. Et cela crève les yeux : ça turbine cérébralement très bien chez ce genre d’hommes ; et à les écouter, ce sont des champions de la prière, de la méditation et de la lectio divina. Donc le problème est ailleurs : dans la gestion émotionnelle. De plus, le spirituel mal compris peut être une extériorisation de soi, une échappatoire de plus qui n’aide pas du tout à affronter sa propre réalité, sa propre unicité, sa propre inactivité, son propre vide intérieur. Et l’amour d’une femme, même compréhensive, l’accompagnement d’un père spirituel, même intelligent et avisé, la fréquentation régulière des sacrements, ne résoudront pas le problème et ne combleront pas toujours ce vide affectif béant ressenti.

 

Je crois que, pour ce type de profils d’homosexualité, à l’instar des personnes alcooliques ou porno-dépendantes, tant que ces hommes homosexuels n’auront pas rencontré en face à face un groupe de frères qui, comme eux, ressent dans sa chair ces pulsions qui leur apparaissent indépassables, tant qu’ils ne les voient pas évoluer positivement avec, ils ne croiront pas en eux et seront longtemps habités par la même peur et croyance qu’ils sont les marionnettes de leurs appétits corporels, qu’ils sont des faux prophètes, des maris indignes, des menteurs qui ne méritent que le suicide.

 

C’est étrange de penser, surtout par les temps qui courent où l’on mise tout sur le Couple ou sur Dieu, qu’un lien comme la fraternité ou l’amitié (de misères), qui est objectivement moins entier que l’amour conjugal ou l’amour spirituel, puisse dans ces cas-là très précis être temporairement plus efficace que le lien conjugal ou le lien spirituel. Mais j’ai croisé des gars alcooliques qui ont lâché la bouteille grâce aux Alcooliques Anonymes et à leurs jumeaux de « condition » ; des personnes droguées, qui avaient touché le fond, et qui se sont miraculeusement relevées au contact d’autres amis drogués, au Cenacolo ; et des gars homosexuels qui, grâce à des groupes comme Courage (calqués sur les méthodes des A. A. , qui ont de vrais résultats), sont parvenus, sinon à ne plus ressentir un désir homosexuel, du moins à dompter la soi-disant « pulsion indomptable » en devenant continents. Je crois énormément en l’Incarnation et en l’Amitié. Une femme ayant un copain/mari homosexuel, ou un père accompagnateur suivant un homme pieux homosexuel, n’est pas toujours la personne la mieux placée pour convaincre par toute sa personne que la condition homosexuelle est réelle, incarnée, intérieure, prégnante, oppressante, et donc corporellement sublimable ou dépassable. En revanche, un ami à notre hauteur, qui nous comprend non seulement intellectuellement, compassionnellement, mais aussi corporellement et émotionnellement, a parfois plus de chances de nous délivrer de notre combat intérieur charnel et de nous élever, qu’une personne extérieure, aussi qualifiée soit-elle.

 
 

P.S. : Je vous rappelle la date du « Parcours homosexualité » à la dernière session de Paray-le-Monial cette année, pour toutes personnes intéressées par l’accompagnement des personnes homosexuelles : 15-20 août 2015.

Une nouvelle interview de moi, censurée cette fois par des protestants évangéliques, et qui s’intitulait « La division de l’Église à cause de l’homosexualité »

Icône mormone

Icône mormone

Jamais deux sans trois. Après le journal La Péniche de Sciences Po, puis un journal espagnol qui a failli ne pas publier mon interview sur Dolce & Gabbana (il a quand même censuré ma critique du natalisme hétérosexiste), c’est au tour d’un journal protestant évangélique de se rétracter après avoir essayé de faire passer mon texte en commission (Deux de ses membres, au moment de le mettre en ligne, ont, par peur, fait demi-tour). Quand je vous dis que la censure du message de l’Église ne vient pas des « médias » ni d’un gouvernement ni d’un lobby LGBT ni de personnes athées, mais des « croyants » eux-mêmes ! et que ce qui se passe dans notre société est à l’exacte ressemblance de ce qui se passe à l’intérieur de l’Église…

 
 
 
 

LA DIVISION DE L’ÉGLISE À CAUSE DE L’HOMOSEXUALITÉ

 
 

Pourquoi l’Église se déchire autour de la thématique du l’homosexualité ? Pour une raison toute simple : l’homosexualité (en tant que désir non-acté ou en tant qu’acte) est un mal (ou un signe de mal, concernant juste le désir) qui prend la forme d’un bien. Il lance donc forcément la communauté ecclésiale dans un dilemme entre forme et fond, entre jugement des actes et non-jugement des personnes, entre Charité et Vérité. De plus, ce sujet n’a pas encore été clarifié ni compris socialement, mondialement. Il bénéficie ainsi de l’ignorance populaire et du climat passionnel que celle-ci génère. Il y a par conséquent urgence à son identification. Il en va de l’Unité de l’Église et de l’amour des personnes homosexuelles, qui représentent malgré elles aujourd’hui l’amour universel de Dieu pour tout Homme.

 

 

1 – Un sujet injustement minoré socialement

 

Ceux qui minimisent l’importance de l’analyse de l’homosexualité, en se disant que ce n’est pas un sujet dont il convient de parler ou de faire trop de cas (car ça le justifierait, ça donnerait des mauvaises idées, ou bien sous prétexte qu’à d’autres époques on ne l’envisageait absolument pas comme une identité à afficher et dans laquelle s’installer), vont vite déchanter et se rendre compte qu’ils font erreur. Non pas qu’en lui-même le désir homosexuel soit une réalité qui devrait prédominer sur notre identité humaine, notre sexualité et notre mode de vie : mais parce que dans notre Monde actuel il est devenu le prétexte n°1, l’instrument de censure le plus utilisé (aux côtés de la rhétorique du racisme et du sexisme), l’alibi le plus courant, des discours, des actions et des décisions gouvernementales, qui eux sont concrets et ont des implications dramatiques sur la population entière, à échelle internationale. Ce sont bien les revendications pro-diversité, pro-choix, pro-LGBT (Lesbien-Gay-Bi-Trans), anti-discriminations et anti-homophobie, qui servent de fer de lance de toutes les lois libertaires et homicides menaçant aujourd’hui la famille, le mariage, le sens de la fin de vie et de l’adoption, la généalogie de l’être humain. Je n’y peux rien. Le bouclier a beau de pas être l’armure entière, elle protège celle-ci et la justifie presque complètement !

 

L’homosexualité, de par sa violence (éjecter, en amour et en sexualité, la différence des sexes, c’est violent et inhumain car sans différence des sexes, il n’y a pas d’humain), de par son statut de rideau à fleurs rose que personne n’ose soulever ni dénoncer, a aujourd’hui un pouvoir monumental et disproportionné par rapport à son insignifiance objective quand elle n’est pas pratiquée. Elle est, du point de vue de la sexualité, la planque mondiale préférée du diable, puisqu’elle est le mal (ou le signe de mal, concernant uniquement le désir non-acté) déguisé en bien : un bien surnommé « nature », « identité humaine indiscutable » ou « amour ». Le diable peut donc se servir tranquillement de l’homosexualité comme mot-slogan ou sophisme pour court-circuiter toute pensée d’opposition à lui, utiliser tranquillement les personnes homosexuelles comme chair à canon de sa structure mensongère de péché, comme speakerines souriantes ou éplorées que personne ne s’aventure à critiquer sous peine d’être accusé d’« homophobe », tout pendant que lui s’affaire à cacher tous ses forfaits, ses violences et les souffrances qu’il inflige à l’Humain, précisément derrière le rideau rose de l’amour universel « LGBT ». D’insignifiante, l’homosexualité, par l’usage rhétorique et mondialisé qui en est fait actuellement, devient pour nous tous une réalité incontournable.
 
 

2 – Un sujet menaçant l’Unité de l’Église catholique

 

Tenons-nous-le pour dit : ce qui se passe à l’intérieur de la société est à l’exact reflet de ce qui se passe à l’intérieur de l’Église. Car l’Église est humaine, et l’homosexualité aussi. Même si ça rassure beaucoup de croyants catholiques et d’ecclésiastiques de minorer et d’extérioriser le phénomène de l’homosexualité en épiphénomène étranger, les faits nous prouvent que l’homosexualité est une réalité d’Église et surtout que, lorsqu’on demande aux fidèles catholiques de se positionner clairement sur le « mariage homosexuel » par exemple, les assemblées, voire même la Curie romaine (on l’a constaté au moment de la première étape du Synode en 2014 : le Pape François a carrément senti qu’il valait mieux reporter le traitement de la question plutôt que d’y répondre tout de suite tellement l’homosexualité est une patate chaude !) se scindent carrément en 3 groupes :
1) les catholiques light et gays friendly qui justifient l’« amour » homosexuel en soutenant que « Dieu ne juge personne et qu’il aime chaque Homme tel qu’il est » (ils se disent d’ailleurs contre l’Église-Institution) ;
2) les catholiques rigides et intransigeants qui lisent la Bible au pied de la lettre et mettent la Vérité avant la Charité (ils se disent en général sédévacantistes, hostiles au Concile Vatican II, et considèrent l’homosexualité comme un sujet à la fois insignifiant, méprisable et dangereux) ;
3) les catholiques qui ont compris le sujet de l’homosexualité et l’ont perçu comme un terrain important de sainteté universelle (via la défense et l’expérience de la continence), comme un prétexte puissant pour l’Unité de l’Église et la recherche de Vérité, comme une opportunité merveilleuse de Charité fraternelle.
 

Cette troisième catégorie est malheureusement une minorité marginalisée. Pourtant, ces catholiques visionnaires mériteraient une médaille car ils ont vu que l’homosexualité, en tant que pratique et aussi en tant qu’instrument rhétorique, menace sérieusement l’équilibre de l’Église toute entière. Un jour, un frère de saint Jean, grand connaisseur du monde monastique, m’avait dit en confidence : « Laisse l’homosexualité rentrer dans un monastère, et c’est le début de la fin pour cette congrégation fraternelle. »

 

L’homosexualité dans l’Église, c’est le secret de polichinelle qui lance tous les fidèles, concernés directement ou non par le sujet, dans une Guerre Froide institutionnelle larvée, d’autant plus violente que maintenant les mass médias s’en mêlent et cherchent à diviser les croyants entre eux, en demandant à chacun de se positionner dans le camp dit « du bien » (= pour le mariage homo, contre le supposé conservatisme de l’Église vaticane, différemment du catholique lambda) ou dans le camp dit « du mal » (= ceux qui sont contre le mariage homo et qui défendent les valeurs de l’Église catholique). Il est très facile, avec le mot « homosexualité », de faire parler tout le monde – et surtout ceux qui n’y connaissent rien – dans un concert babélique assourdissant et stérile. Il est très facile de créer la zizanie. C’est l’ignorance et une souffrance mal identifiée qui servent d’explosifs dans toute communauté humaine.

 

Le thème de l’homosexualité, s’il est ignoré ou traité superficiellement, constitue une menace très grave pour l’Église, d’une part parce qu’il est entouré de confusion (il est confusion, même !) et que la censure dont il fait l’objet témoigne précisément de l’existence d’une pratique homosexuelle de plus en plus accrue au sein de la communauté de croyants et des cercles cléricaux (pratique encore minoritaire mais quand même existante et qui peut s’étendre d’autant plus facilement qu’elle est invisible) ; et d’autre part parce que la pratique homosexuelle ou le désir homosexuel montre un manque de foi en l’Église, un éloignement concret des Hommes vis à vis de Dieu et de la différence des sexes qu’Il a créée. Si donc l’homosexualité commence à être justifiée par au moins la moitié des « fidèles » de l’Église (les chrétiens pro-lobby LGBT + les indécis qui ne veulent pas se positionner), c’est le début d’un schisme et d’un profond trouble au sein de l’Église. Nous le voyons déjà dans les communautés chrétiennes en déliquescence en Occident, déjà très partagées lors des Manifs Pour Tous de 2012-2014 en France. Tant que le Pape n’indique pas un cap clair et réaliste sur l’homosexualité, il laisse libre cours à toutes les interprétations, toutes les divisions et toutes les dérives au sein du troupeau qui lui est confié. Justifier une « identité homo » ou un « amour homo », cela revient à cautionner l’expulsion ou l’absence de la différence des sexes en amour, et donc à rejeter concrètement l’Église. Par voie de conséquence, l’enjeu et l’urgence autour de la parole de Vérité sur l’homosexualité sont forts. Mais ils doivent également nous réjouir. Car si nous parvenons à parler justement du désir homosexuel, nous contribuerons à renforcer encore plus l’unité et l’universalité de l’Église, et à convertir le cœur de millions d’âmes grâce à ce seul sujet.
 
 

3 – Pourquoi cette menace de division communautaire par l’homosexualité guette encore plus les églises protestantes-évangéliques que l’Église catholique ?

 

Si la thématique de l’homosexualité parvient même à faire trembler les murs de la maison religieuse la plus solide et durable que l’Humanité n’ait jamais comptée, à savoir l’Église catholique, je n’ose même pas imaginer dans le cas des demeures confessionnelles aux murs imprécis (les églises protestantes/évangéliques), éclatés (l’Islam), disloqués ou trop rigides (la religion juive). Face au tsunami rose-bonbon LGBT, la menace de division et d’écroulement de la bâtisse est déjà forte pour le catholicisme, qui pourtant repose sur le Roc (le Christ + la Bible + les Sacrements + les ministres institués par Jésus + la Vierge Marie + l’Esprit Saint + la Communion des Saints + la foi individuelle du croyant). Mais pour le protestantisme, par exemple, dont les fondations ne reposent principalement que sur la Bible et la foi individuelle du croyant avec Dieu, les dégâts sont encore plus grands. Il n’y a qu’à regarder la crise que traversent actuellement les églises anglicanes : d’ailleurs, beaucoup de fidèles, déçus par la trajectoire gay friendly de leur épiscopat, changent de crèmerie et rejoignent les bancs de l’Église catholique. Et on comprend pourquoi ! Beaucoup d’Églises protestantes bénissent déjà officiellement/officieusement des unions homosexuelles et ont même des pasteurs homosexuels en « couple » ou qui ont fait leur coming out. Le protestantisme oscille entre les extrêmes : la condamnation et la complaisance. Étant donné que les églises protestantes n’ont pas de chef unique (à part Jésus) auquel obéir, ni de dogmes et de sacrements auxquels se raccrocher et qui pourraient incarner leur foi, ni d’Institution humaine faisant autorité et servant d’intermédiaire entre les fidèles et Jésus, chacune des assemblées voit un peu midi à sa porte, chacun des responsables des confédérations protestantes est livré à lui-même. Il est encore plus difficile pour les églises protestantes de resserrer leurs rangs, de contrôler leur famille recomposée, de faire efficacement face à l’ambiguïté et à la vague de sentimentalisme spiritualisé pro-gay.

 

De plus, détail ô combien important, les églises évangéliques sous-estiment la Vierge Marie et sa place de Reine des Saints et du Ciel. Ils se privent ainsi de la compréhension, de l’expérience et des apports de l’unique bouclier efficace contre la propagande LGBT qui sévit aussi bien à l’extérieur que dans l’Église : la continence (= abstinence pour Jésus et pour son Église). La continence – j’en sais quelque chose ! – est le seul rempart pour permettre la fidélité à Jésus, et un langage de Vérité-Charité sur l’homosexualité. Comment connaître et expérimenter la force de la continence sans la Sainte Vierge et sans les sacrements de l’Église catholique ? Franchement, je ne vois pas… Ce n’est qu’à l’école de la Vierge et grâce à Elle (et un peu grâce aux prêtres, aux frères consacrés, aux moniales et aux sept sacrements de l’Église catholique) que j’ai compris/expérimenté la grâce de la continence, que je peux parler en Vérité de l’homosexualité. Ce n’est pas la lecture de la Bible ni les invocations à l’Esprit Saint qui vont pallier à eux seuls cette fragilité de l’Église face à l’homosexualité, pallier ce manque de foi en Marie, en la Communion des Saints, en l’Humain sacré et institué par Dieu. Ce n’est pas non plus un discours appris et focalisé sur la guérison de l’homosexualité – une guérison perçue par beaucoup de protestants comme définitive et magique – qui va résoudre le problème et colmater les brèches. Avant de s’évertuer à demander la guérison, il faut déjà savoir ce qu’il y a à guérir, et comprendre les diverses formes de guérison que Jésus choisit pour les personnes (durablement ou pas) homosexuelles. Donc oui, nous pouvons nous faire du souci sur l’avenir des églises évangéliques/protestantes, mises à rude épreuve de l’homosexualité.

Documentaire « Vivant ! » de Vincent Boujon : la timide évasion

Vivant 2

 

Je suis allé voir le film « Vivant ! » de Vincent Boujon, tout juste sorti en salle, et racontant le saut en parachute de cinq hommes homosexuels séropositifs. Un film qu’on nous présente comme une expérience de « courage » extraordinaire et poétique, de dépassement de soi, de retrouvaille du « goût de la vie ». En réalité, quelle pauvreté dans les idées et les échanges !
 

Je savais déjà, avant de le voir, que j’allais y retrouver les messages indigents que je tente de décrypter dans mon prochain livre sur les bobos (dans celui-ci, j’ai d’ailleurs tout un chapitre sur la phrase « Je suis vivant », qui est un leitmotiv du boboïsme : « Je suis vivant », pour le bobo, c’est « j’ai vibré », et non pas « j’ai aimé pleinement ».) Mais voilà : dans « Vivant ! », tous les ingrédients du boboïsme y étaient : la promotion de l’expérience sensitive sur la raison, la promotion de l’homosexualité, le remplacement de l’amour par l’amitié, la référence à la Nature et les rayons de soleil, les messages creux sur l’estime de soi et la fidélité à soi-même, la déculpabilisation sans la reconnaissance de la faute, etc. Pour le bobo, la liberté est extériorisation et oubli de soi, pur processus d’extase et de fuite de soi : « Il faut tout lâcher, il faut lâcher prise, il faut accepter ses limites, il faut que ça sorte, il faut communiquer, il faut vivre les choses. » C’est du Anthony de Mello frelaté. Mais si on ne dit pas comment ni pour qui il faut faire tout ça, je vous assure tout de suite qu’on ne sort pas de la carte postale peu nourrissante.

 

Mon exigence passera aux yeux de certains pour une arrogance odieuse. Car au final, le film est assez prenant, n’a pas de longueurs, raconte une belle « aventure humaine » qui a permis à de belles amitiés de se tisser. Il porte en plus un message de combativité et d’optimisme dans l’épreuve de la séropositivité et de l’homosexualité. Il comporte de l’humour, en plus, et fait sourire parfois. Il propose de la confidence, de la convivialité, de l’effort (du « challenge », comme on dit à tout bout de champ dans le jargon bobo). Le critiquer, ce serait, aux yeux de certains, aussi injuste que de tacler un reportage sur les personnes handicapées ou sur les enfants des cités qu’on amènerait en vacances à la mer.
 

Mon exigence passera même pour un procès d’intentions. Alors que les bonnes intentions, la sincérité, d’un tel documentaire, c’est peut-être la dernière chose que je traînerais en procès.
 

Non, ce qui pose problème, c’est qu’on nous vend du faux rêve, de l’amitié à moitié, du faux amour, de l’aventure gentillette, de l’effort sans réel autre but que lui-même et une réflexion peu poussée sur le « vivre avec le VIH ». On nous fait croire que la vraie liberté, ça se limite à témoigner de ce qu’on ressent, à prendre un risque (mortel), à vivre une sensation forte (de préférence inédite et collectivement individuelle), à faire ses expériences jusqu’au bout et à tester le maximum de choses, expériences qui te font sentir « vivant » et qui t’arrachent quelques secondes à ton humanité et à tes soucis. Mais la vraie liberté, ce n’est pas ça. La vraie liberté est liée à l’accueil de la différence des sexes et à l’accueil de Dieu.
 

La pseudo « liberté » que promeut le documentaire, c’est la philosophie de l’individualisme-émotionnel-à-plusieurs, où la seule conclusion « profonde », c’est qu’« on a partagé quelque chose de FORT » et d’indicible, qui nous a rendu « vivant » et heureux l’espace d’un stage. Super… Et des films comme « Vivant ! » essaient de muscler ce message hédoniste sans fond par une comparaison doloriste « saut en parachute = découverte de sa séropositivité », comparaison qui n’apporte pas grand-chose, qui ne donne pas plus de sens au reportage, et qui n’aide pas à vivre l’amour, l’homosexualité ni la maladie, sur la durée. Une vague poésie, un semblant de « positive attitude ». Mais quoi ??? Si on ne parle pas de la différence des sexes, si on ne parle pas de Dieu, comment on avance ? Comment on décolle vraiment ? Comment on aide vraiment les gens à trouver le sens plénier de leur existence et des épreuves qu’ils vivent ??? Autant je ne déconseillerai pas ce film, autant je ne peux pas dire qu’il répond à beaucoup d’attentes et qu’il assure une véritable évasion. C’est un pansement sur une plaie ouverte. C’est de la fausse évasion, enrobée d’un narcissisme « vert ». C’est un mensonge de plus et une fausse tribune verbale laissée aux personnes homosexuelles. C’est d’autant plus rageant, cruel, ces essais ratés de main tendue, qu’ils sont pourtant urgents pour elles.
 

La quintessence du bobo (= la fuite)

La quintessence du bobo (= la fuite)

Articulo « Sin Pelos en la Lengua » por Remedios Falaguera para INFO CATÓLICA

INFO CATÓLICA
 

Aquí tiene el artículo « Sin pelos en la lengua » de la periodista catalana Remedios Falaguera en la revista INFO CATÓLICA.
 
 
 

P.S. : D’autres liens renvoyant à des interviews qui sont sorties dans des revues en espagnol, français ou italien (dont une inédite à INFO CATÓLICA, et trois sur l’affaire Dolce & Gabbana) : 1 – Entrevista « Sin pelos en la lengua » de Remedios Falaguera en la revista INFO CATÓLICA ; 2 – Interview « Entrevista con Philippe Ariño ‘Dolce y Gabbana son unos hipócritas: defienden la diferencia de sexos, pero la difuminan en su pareja’ » sur ALFA Y OMÉGA par JM Ballester (en espagnol ; traduction française) Cette interview arrive après l’article de Jean-Pier Delaume-Myard qui se dit « homo mais pas gay » et qui offre du prêt-à-penser aux anti-mariage-pour-tous qui veulent un discours anti-lobby-LGBT, nataliste, hétérosexiste, le plus simpliste possible ; 3 – Entrevista « Philippe Ariño: un omosessuale « atipico » » en ZENIT ITALIA por Franco Olearo (en italiano ; traduction en français) ; 4 – Ma critique « La Décharge des stylistes Dolce & Gabbana contre le mariage gay et l’adoption : la fausse solution. » ; traducción española « Descarga de los estilistas Dolce & Gabbana contra el matrimonio gay : la falsa solución. ») suite à l’annulation puis la substitution de mon interview à RADIO VATICANA par celle, affligeante, de Jean-Pier Delaume-Myard)
 

Entrevista explosiva « Dolce & Gabbana » en ALFA Y OMÉGA por el periodista José María Ballester Esquivias (traduction en français)

 

Entrevista « Dolce & Gabbana » en ALFA Y OMÉGA en este link.
 
Alfa y oméga imagen
 
 
 

TRADUCTION FRANÇAISE
 

Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez appris l’affaire déclenchée par les déclarations favorables á la famille de Dolce & Gabbana?
 

 

J’ai eu deux réactions. D’abord la lamentation : « Pauvre Pape François ! Il n’est vraiment pas aidé. Si même les catholiques ne portent pas le message de l’Église sur l’homosexualité, et se rabattent sur les conséquences du ‘mariage pour tous’ pour ne pas traiter de la loi en elle-même, il va être bien seul ! » Puis la peur : « Zut ! La Manif Pour Tous italienne surfe sur la vague d’homophobie populaire la plus facile : l’anti-lobbyisme LGBT (Lesbien-Gay-Bi-Trans). Elle est en train de tomber dans le même piège que LMPT française : le combat contre le ‘mariage pour tous’ s’enferme dans l’argumentaire uniquement focalisé sur la filiation et non sur l’homosexualité, et dans la tentative de diabolisation/de division de la communauté gay, tentative qui ne fait absolument pas avancer les débats et qui vise à abriter tous les couples homos ‘chastes, discrets et non-revendicatifs’. Le mariage gay risque fort de passer en Italie à cause de cette erreur stratégique grossière : le natalisme. ».

 

Y a-t-il d’autres homosexuels qui pensent comme Dolce et Gabbana?

 

 

J’ose le dire : au fond, TOUTES les personnes homosexuelles pratiquant leur homosexualité et croyant en l’« amour » homosexuel pensent finalement comme Dolce & Gabbana ! Y compris Elton John… même si dernièrement il se contredit lui-même, par démagogie, et surtout parce qu’il n’a plus rien à perdre : le mal est fait, il n’a pas d’autre solution que de l’assumer publiquement à fond ! En réalité, dans le privé, quasiment tous les individus homos sont contre les droits irréalistes qu’on leur fait porter et qu’ils font semblant de vouloir, par peur de passer pour homophobes et « traîtres à leur propre camp ». Ils se disent tous « hors milieu », en faveur du « droit au mariage » mais contre ses conséquences (adoption, PMA, GPA), contre le militantisme LGBT, et aussi, au bout du compte, contre le mariage. Ils ne veulent que du « droit au mariage », pour mieux se venger du mariage réel (l’union d’amour entre l’homme et la femme), et obtenir ensuite le « droit de le refuser ».

 

Que pensez-vous de l’appel au boycott lancé par Elton John? Agressivité habituelle du lobby gay ou bien une preuve de nervosité de ce même lobby qui voit que tout n’est pas aussi bien réglé qu’il le pensait?

 

 

Je comprends cet appel, mais je ne le justifie pas. Je le comprends car il y a une réelle contradiction aussi (même si concrètement elle est moins grave et moins spectaculaire que celle d’Elton John) et une hypocrisie dans l’attitude de Dolce & Gabbana. Ils défendent la primauté de la différence des sexes dans la famille, mais évacuent concrètement la différence des sexes en amour et dans leur(s) couple(s), dissociant ainsi le couple de la famille ou de la filiation. Cette dissociation entre amour et famille est choquante et pas du tout catholique, bien qu’elle s’en donne l’apparence. Elle ne fait même pas entièrement honneur à la différence des sexes.

Enfin, selon moi, le problème principal du conflit entre Dolce & Gabbana et Elton John ne se situe pas dans la découverte et la dénonciation de la division dans le « milieu homosexuel ». Cette tension interne existe, en effet. Mais à quoi sert de la relever si on ne l’explique pas et on n’en montre pas l’origine ? Si encore cette violence communautaire était identifiée comme la pratique homosexuelle elle-même, ou l’identité homo ou l’amour homo, ça serait super et constructif ! Mais ce n’est pas du tout le cas dans la bouche de ceux qui prennent actuellement parti pour Dolce & Gabbana et qui ne cherchent qu’une chose : diviser pour mieux régner, ne surtout pas parler d’homosexualité ni remettre en cause l’« amour » homosexuel, centrer les débats d’opposition au ‘mariage pour tous’ sur la filiation, et alimenter une haine qui existe déjà depuis le début de l’existence de la « communauté homosexuelle » entre les personnes homosexuelles. Cette démarche de dévoilement des divisions internes entre frères homosexuels ne sert à rien d’autre qu’à faire diversion. Une fois que les partisans pro-famille-naturelle catholiques arguant #JeSuisDolce&Gabbana auront prouvé, à l’instar du comité Homovox en France, que « toutes les personnes homosexuelles ne sont pas d’accord avec les lois qui passent en leur nom », qu’auront-ils gagné, à part une réponse laconique des pro-mariage-pour-tous « Ce n’est pas parce que tous les homos ne sont pas d’accord avec cette loi, et qu’une extrême minorité d’entre eux refusent un droit qui ne retirera rien à personne, qu’il faut le refuser à ceux qui le veulent vraiment ! » ??

 

Peut-on parler d’un début de scission ou de dissension internes au sein du lobby gay?

 

Non. C’est une simulation de guerre, simulation très fréquente dans le « milieu homosexuel ». Cette orchestration tente de couvrir une défense commune et généralisée de l’« amour » homosexuel, de l’« identité » homosexuelle, et des actes homosexuels, parmi les individus « intra » et « hors milieu gay ». Inconsciemment, les personnes homosexuelles pro-mariage-pour-tous et anti-mariage-pour-tous font semblant de s’écharper sur la question de la filiation et des conséquences du « mariage pour tous » pour que, par le concert assourdissant de leurs parlementations, personne ne remette en cause leur pratique amoureuse privée. En réalité, les deux camps homosexuels qui se chamaillent travaillent main dans la main en faveur de la même cause idéologique. Ils jouent les jumeaux terribles pour tromper leur monde et faire diversion.

 

Pensez-vous qu’il y aura un avant et un après Affaire Dolce et Gabbana?

 

Non. Tant que le mythe de l’« amour homosexuel », de l’« identité homosexuelle », et surtout de l’hétérosexualité, ne sera pas démasqué ni expliqué, l’affaire Dolce & Gabbana ne restera qu’un feu de paille inutile qui aura exacerbé les passions, renforcé chez les pro comme chez les anti-mariage-pour-tous le sentiment d’être victimes de l’autre camp, et conforter les râleurs des deux côtés. La loi du « mariage pour tous » est argumentativement et intentionnellement fondée sur l’« amour homo », non sur la famille ou la procréation : je le rappelle à tout hasard… La polémique Dolce & Gabbana tire à côté de la cible.

 

Que reste-t-il à faire maintenant?

 

 

Prier pour qu’en Italie, une personne homosexuelle continente se lève, mette publiquement les sujets de l’homosexualité et surtout de l’hétérosexualité sur le tapis, et les démystifie. Car si l’argumentaire d’opposition à la loi du « mariage pour tous » continue de se centrer sur l’enfant (un être qui, cela va de soi, est quasiment muet et n’a pas les épaules assez solides pour porter à lui tout seul le mariage de ses parents biologiques), et de se priver d’une réflexion vraie sur l’homosexualité et l’hétérosexualité, je prédis une défaite retentissante de La Manif Pour Tous italienne, comme ce fut le cas en France. L’enfant n’est pas un objet (rhétorique, politique) et n’a pas à le devenir, y compris du côté des opposants au mariage-pour-tous. Que les catholiques m’entendent !
 
 
 

P.S. : D’autres liens renvoyant à des interviews qui sont sorties dans des revues en espagnol, français ou italien (dont une inédite à INFO CATÓLICA, et trois sur l’affaire Dolce & Gabbana) : 1 – Entrevista « Sin pelos en la lengua » de Remedios Falaguera en la revista INFO CATÓLICA ; 2 – Interview « Entrevista con Philippe Ariño ‘Dolce y Gabbana son unos hipócritas: defienden la diferencia de sexos, pero la difuminan en su pareja’ » sur ALFA Y OMÉGA par JM Ballester (en espagnol ; traduction française) Cette interview arrive après l’article de Jean-Pier Delaume-Myard qui se dit « homo mais pas gay » et qui offre du prêt-à-penser aux anti-mariage-pour-tous qui veulent un discours anti-lobby-LGBT, nataliste, hétérosexiste, le plus simpliste possible ; 3 – Entrevista « Philippe Ariño: un omosessuale « atipico » » en ZENIT ITALIA por Franco Olearo (en italiano ; traduction en français) ; 4 – Ma critique « La Décharge des stylistes Dolce & Gabbana contre le mariage gay et l’adoption : la fausse solution. » ; traducción española « Descarga de los estilistas Dolce & Gabbana contra el matrimonio gay : la falsa solución. ») suite à l’annulation puis la substitution de mon interview à RADIO VATICANA par celle, affligeante, de Jean-Pier Delaume-Myard)
 

Articolo su ZENIT Italia (traduzione in francese / traduction en français)

Articolo su ZENIT Italia (20 de marzo 2015) : qui.
 

Interview à Philippe Ariño par Franco Olearo

 
Capture d'écran 2015-03-20 14.27.46
 

Philippe, dimanche prochain, 22 Mars, nous aurons le plaisir de te avoir à Rome, où tu présenteras ton livre Omosessualità controcorrente qui a déjà été vendu en France à plus de 10.000 exemplaires. Dans ce livre, tu analyses avec lucidité et clarté ce que signifie être une personne qui ressent des désirs homosexuels et tu conclues que l’interprétation la plus correcte de ce phénomène est celle de l’Église Catholique. La semaine dernière, on a beaucoup parlé dans les journaux de l’interview accordée à Stefano Gabbana et Domenico Dolce. Je suis sûr que pendant ta présentation à Rome, on traitera de ce sujet.
 

Les deux designers n’ont pas parlé de l’homosexualité, mais ont fait la défense de la famille composée d’un père, une mère et des enfants nés de leur union. « Procréer doit être un acte d’amour » disaient-ils. Êtes-vous d’accord avec leur déclaration clairement contre toute forme de génération « artificielle » comme la GPA ou la PMA?

 

On peut penser que c’est très courageux de la part de Dolce & Gabbana de dire une vérité, de surcroît impopulaire médiatiquement. Mais à mon avis, le plus important n’est pas d’énoncer certaines choses justes, mais aussi de les vivre, de les mettre en pratique et d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Sinon, on finit par se contredire. Or Dolce & Gabbana ont déjà envisagé la procréation médicalement assistée il n’y a pas si longtemps (en 2006, dans le magazine Vanity Fair, Stefano Gabbana confiait qu’il avait demandé à l’une de ses proches de porter son enfant). De plus, en ne parlant absolument pas de l’homosexualité, alors que c’est au nom de celle-ci que le “mariage gay” est demandé, ils défendent ce dernier par omission, même s’ils dénoncent courageusement certaines de ses consequences. Et enfin, leur critique du “mariage gay” ne tient pas la route car ils n’abordent qu’une seule dimension de cette loi (= la filiation), c’est-à-dire la dimension la plus lointaine, secondaire, optionnelle et improbable dans l’esprit des militants LGBT qui n’envisagent le mariage que comme une affaire de couple et d’amour à deux, déconnectée de l’enfant, de la famille. Comment croire deux ex-amants qui prétendent inclure la différence des sexes dans une famille qu’ils ne composeront jamais ensemble, alors qu’ils la rejettent dans leur(s) couple(s) ? Je comprends les sarcasmes et le scepticisme de leurs confrères homos!

 

Les deux designers n’ont pas parlé de l’homosexualité, mais ont fait la défense de la famille composée d’un père, une mère et des enfants nés de leur union. « Procréer doit être un acte d’amour » disaient-ils. Êtes-vous d’accord avec leur déclaration clairement contre toute forme de génération « artificielle » comme la GPA ou la PMA? Si la seule famille juste est composée d’un homme, une femme et des enfants qu’ils ont générés (ou adoptés), alors nous devons conclure qu’un couple homosexuel ne peut pas élever d’enfants parce que leurs droits seraient bafoués? ou est-ce qu’il y a une autre raison plus profonde qui rend l’amour homosexuel différent de l’amour entre un homme et une femme?

 

D’abord, je ne crois pas que l’union homosexuelle puisse être qualifiée d’“amour”. Je vous expliquerai longuement lors de ma conférence de dimanche à Rome pourquoi je dis cela et pourquoi mon jugement n’a rien de sévère. L’amour véritable accueille la difference, et surtout la difference des sexes. Sinon, il n’est pas digne d’être appelé “amour”, et encore moins “sexualité”. Ensuite, je ne crois pas que ce soit l’absence de droits qui disqualifie les couples homosexuels et les empêche d’être parents. Un droit ou une loi n’a pas le pouvoir de modifier le Réel ni la Nature. L’Amour – et l’engendrement humain qui peut parfois en découler – est avant tout une question de corps sexués, de difference des sexes couronnée par l’Amour et la liberté, d’accueil de la Différence qui nous a tous formés.

 

Dolce et Gabbana ont dit que la vision d’une famille révèle sa surnaturalité: c’était une façon de souligner que la famille n’a pas été inventée par la société, mais qu’elle a une mission spécifique qui a été attribuée au moment de la création. Si tu es d’accord avec ce point de vue, qu’est-ce que tu suggères à une personne qui a des tendances homosexuelles mais est un catholique? Comment doit-il organiser sa vie ?

 

Même si je suis catholique pratiquant, je n’aime pas cette justification de la différence des sexes et de la famille par la foi ou par la Bible. Surtout avec un thème comme l’homosexualité, dont la croyance et la pratique témoignent d’un éloignement brutal de la religion. On a déjà suffisamment d’éléments concrets, rationnels, profanes, pour démontrer la gravité des actes homosexuels et de la loi du “mariage entre personnes de même sexe”, sans avoir besoin de recourir à des arguments subjectifs, à l’irrationel et à la transcendance. Mon travail et mes écrits ont choisi comme postulat de base l’observation réaliste des faits. C’est ainsi qu’on parle bien mieux de Dieu qu’en Le citant explicitement. Ce qui se justifie bien divinement se justifie déjà très bien humainement. Au nom de l’Incarnation de Jésus en tout Homme! Vous me demandiez aussi ce que je suggère à une personne homosexuelle catholique pour vivre heureuse ? C’est très simple! L’amour de la Réalité, c’est-à-dire la sainteté! Pas moins que ça !

 

Merci beaucoup, Philippe. Nous nous verrons dimanche le 22 mars à 17 heures en Place Campitelli 9, près de la salle Baldini.
 

 
 
 

P.S. : D’autres liens renvoyant à des interviews qui sont sorties dans des revues en espagnol, français ou italien (dont une inédite à INFO CATÓLICA, et trois sur l’affaire Dolce & Gabbana) : 1 – Entrevista « Sin pelos en la lengua » de Remedios Falaguera en la revista INFO CATÓLICA ; 2 – Interview « Entrevista con Philippe Ariño ‘Dolce y Gabbana son unos hipócritas: defienden la diferencia de sexos, pero la difuminan en su pareja’ » sur ALFA Y OMÉGA par JM Ballester (en espagnol ; traduction française) Cette interview arrive après l’article de Jean-Pier Delaume-Myard qui se dit « homo mais pas gay » et qui offre du prêt-à-penser aux anti-mariage-pour-tous qui veulent un discours anti-lobby-LGBT, nataliste, hétérosexiste, le plus simpliste possible ; 3 – Entrevista « Philippe Ariño: un omosessuale « atipico » » en ZENIT ITALIA por Franco Olearo (en italiano ; traduction en français) ; 4 – Ma critique « La Décharge des stylistes Dolce & Gabbana contre le mariage gay et l’adoption : la fausse solution. » ; traducción española « Descarga de los estilistas Dolce & Gabbana contra el matrimonio gay : la falsa solución. ») suite à l’annulation puis la substitution de mon interview à RADIO VATICANA par celle, affligeante, de Jean-Pier Delaume-Myard)
 

La Décharge des stylistes Dolce & Gabbana contre le mariage gay et l’adoption : la fausse solution.

Les ex-amants Dolce & Gabbana

Les ex-amants Dolce & Gabbana


 
(Traduction en espagnol)
 

Attention, les cathos pro-vie ! Ne vous emballez pas trop vite et ne vendez pas la peau de l’ours…
 

À première vue, cette prise de position des stylistes Dolce & Gabana paraît positive, courageuse et à contre-courant de ce qu’on entend en bouche des militants pro-mariage homo faisant partie du lobby LGBT. On pourrait la voir comme une cohérence, une auto-critique pleine de sagesse, une leçon qui brille par sa nouveauté (Laurent Ruquier, Guillaume Gallienne ou Pierre Palmade nous avaient fait le même coup), et qui prouve la violence de la pensée unique dans une communauté homosexuelle qui se dit « tolérante ». Il n’en est rien !
 

En réalité, il s’agit d’une attitude contradictoire et homophobe totalement ordinaire et généralisée dans le « milieu » homosexuel, y compris parmi les activistes gays les plus zélés : ils veulent un droit et ensuite, quand ils se rendent compte que celui-ci ne correspond pas à leur réalité, ils disent qu’ils ne l’ont jamais voulu. Ils ont pour habitude de se présenter comme « homos mais pas gays », comme des marginaux discrets qui ne demandent comme unique privilège que l’indifférence sociale. Ils imposent un découpage superficiel et manichéen de la communauté homosexuelle en deux, comme s’il y avait d’un côté le « milieu » homo invisible, pur et intégré, et de l’autre le « milieu » homo sale, débauché, pervers, exhibitionniste, politisé, sans remettre en cause leurs propres actes ni leurs « amours ».
 

Ce discours pudibond non seulement n’est pas satisfaisant (bien qu’il semble un premier pas encourageant, ou la première moitié du chemin vers la Vérité) mais en plus je crois qu’il vient brouiller l’esprit des catholiques pro-Vie, parce qu’il ne propose aucune critique de la violence de la pratique homosexuelle (et j’y inclus ici la pratique homosexuelle privée, fidèle, « hors-milieu »).
 

À l’instar de la rhétorique du FN, la réaction de Dolce & Gabana vient rassurer uniquement les râleurs et entre aussi, de manière plus perverse et hypocrite, dans un processus de justification du « mariage gay » : « Nous voulons ce mariage homosexuel au nom de l’amour, mais nous ne sommes pas d’accord avec ses conséquences. » Ces arguments anti-lobby gay (typiquement le discours hétérosexiste du pourtant courageux Bobby Oscar López, le discours des personnes homosexuelles de Homovox en France, ou de Jean-Pier Delaume Miard dans La Manif Pour Tous), centrés uniquement sur la filiation, finissent par faire diversion sur les débats traitant des actes homosexuels, par nous orienter sur la justification voilée d’un « amour homosexuel chaste y discret » qui ne poserait pas problème s’il ne se politisait pas ou s’il ne se voyait pas publiquement. Ce discours paraît louable. Mais il flatte en chacun de nous un fond d’homophobie gay friendly.
 

À mon avis, la seule manière d’être justes et vraiment évangéliques dans nos mots sur l’homosexualité et le « mariage gay », c’est de se détacher de l’argumentaire anti-lobby LGBT ou uniquement centré sur l’enfant ; c’est de parler de continence et des actes homosexuels privés aussi. Il n’y a pas d’autre chemin. Sinon, on reste dans une logique de paraître, d’images, de points de vue, sans regarder le Réel. On n’avance pas, et on ne voit pas que Dolce & Gabbana tiennent finalement le même discours et posent quasiment les mêmes actes qu’Elton John qui appelle pourtant au boycott de la marque Dolce & Gabbana : ils ne vont juste pas aussi loin les uns que les autres dans les excès d’une pratique homo qu’ils justifient quand même tous les trois par leur croyance en « l’amour » homosexuel. La polémique entourant la guerre entre Elton John et Dolce & Gabbana est en réalité une fausse bataille, un débat de diversion, un écran de fumée alimenté par les personnes homophobes et les personnes gay friendly : les unes comme les autres justifient (dans la diabolisation ou la sacralisation) l’« identité » ou l’« amour » homosexuels, quand en réalité il ne faudrait que les expliquer pour les invalider. Elton John, Dolce & Gabbana, malgré la mise en scène médiatisée de leur opposition, servent une seule et même idéologie sentimentaliste et asexuée (les seconds sont juste plus mesurés, moins jusque-boutistes et logiques que le premier : c’est tout…). « Je ne suis ni Dolce & Gabbana, ni et encore moins Elton John » !
 
 
 

P.S. 1 : Je me rends compte, en recevant des mails de certains amis, que personne n’a lu mon livre L’homophobie en vérité, et donc que beaucoup de cathos se délectent de cette polémique Dolce&Gabbana vs Elton John, pour les mauvaises raisons, sans comprendre le problème de fond, et sans voir que les 3 célébrités tiennent à peu de choses près le même discours. On retrouve exactement le même problème d’incompréhension de l’homophobie dans les rangs LMPT. Ça me désole, la paresse, la haine et l’absence de réflexion. Je sens que je vais avoir affaire à la même montagne d’incompréhension samedi prochain après la projection de « Guillaume et les garçons à table! » au Cinéforum à Rome… Je reste zen et patient.
 
 

P.S. 2 : Et Frigide Barjot qui applaudit Dolce & Gabbana… Vraiment, mais y’en a qui ne comprennent rien à rien à l’homosexualité et au « mariage pour tous ». C’est un truc de dingues…
 

Post Facebook du 16 mars 2015

Post Facebook du 16 mars 2015


 
 

P.S. 3 : D’autres liens renvoyant à des interviews qui sont sorties dans des revues en espagnol, français ou italien (dont une inédite à INFO CATÓLICA, et trois sur l’affaire Dolce & Gabbana) : 1 – Entrevista « Sin pelos en la lengua » de Remedios Falaguera en la revista INFO CATÓLICA ; 2 – Interview « Entrevista con Philippe Ariño ‘Dolce y Gabbana son unos hipócritas: defienden la diferencia de sexos, pero la difuminan en su pareja’ » sur ALFA Y OMÉGA par JM Ballester (en espagnol ; traduction française) Cette interview arrive après l’article de Jean-Pier Delaume-Myard qui se dit « homo mais pas gay » et qui offre du prêt-à-penser aux anti-mariage-pour-tous qui veulent un discours anti-lobby-LGBT, nataliste, hétérosexiste, le plus simpliste possible ; 3 – Entrevista « Philippe Ariño: un omosessuale « atipico » » en ZENIT ITALIA por Franco Olearo (en italiano ; traduction en français) ; 4 – Ma critique « La Décharge des stylistes Dolce & Gabbana contre le mariage gay et l’adoption : la fausse solution. » ; traducción española « Descarga de los estilistas Dolce & Gabbana contra el matrimonio gay : la falsa solución. ») suite à l’annulation puis la substitution de mon interview à RADIO VATICANA par celle, affligeante, de Jean-Pier Delaume-Myard)
 
 

Vous retrouvez toutes ces interviews à la rubrique « Le Phil de l’Araignée » de mon blog.