Film « Close » (2022) de Lukas Dhont : l’instrumentalisation du mal-être adolescent en vue de promouvoir l’homosexualité


 

Je suis allé voir hier soir le film « Close » (2022) de Lukas Dhont, encensé à Cannes, traitant de l’homosexualité adolescente, naissante mais non réciproquement assumée, entre deux adolescents, Rémi et Léo.
 

Ce film m’a choqué par ses incohérences qui, plus que des inexactitudes ou des maladresses, dénotent d’un irrespect, d’une usurpation et d’une instrumentalisation des personnes fragiles telles que les personnes homosexuelles, les adolescents, les personnes suicidaires et leurs proches parents, à des fins purement sentimentales et idéologiques. D’où mon impression que ce genre de productions sont des orchestrations – perverses voire pédophiles (bien que sincères et bien-intentionnées) – d’esprits déconnectés des réalités qu’ils dépeignent et projetant leurs propres fantasmes d’adultes sur des enfants sans défense. Et visiblement, les spectateurs trouvent ça « beau », « normal », « réaliste », et ne s’en offusquent même pas.
 

Parmi ces invraisemblances de « Close » (film au titre terriblement vrai au final : quelle fermeture et vision étriquée du réel que celle de son réalisateur Lucas Dhont !), j’ai relevé :
 

– que jamais on ne verrait dans la réalité deux ados se toucher en plein cours ou se caresser l’un l’autre face aux autres (comme le font Rémi et Léo). Les vrais ados, et d’autant plus des garçons, ont trop peur de la présomption d’homosexualité qui pèserait sur eux et de l’humiliation associée à celle-ci pour offrir aux regards d’autrui des manifestations d’affection masculine assumée. Dans la vraie vie, les pré-adultes sont terrorisés à l’idée d’être démasqués dans leur bisexualité : ils bannissent les gestes ambigus, les marques d’attention trop appuyées (genre Rémi qui vient voir Léo jouer au hockey et qui lui parle à travers la vitre alors que ce dernier est face à tous ses camarades). On ne verrait tout simplement pas ce jeu d’acteurs grossier entre Rémi et Léo.
 

– que jamais on ne verrait dans la réalité deux ados de 13 ans revendiquer fièrement d’être en couple et d’être amoureux (Si ça existe, qu’on me présente ce duo de collégiens extraterrestres !). Dans l’adolescence, l’homosexualité ne surgit pas par le chemin de la sensualité ni des sentiments. Au contraire : elle n’est pas assumée, est en générale instinctive, mécanique, cachée, pulsionnelle et accidentelle, incontrôlée, maladroite, dénuée de romantisme et de sentiments assumés. Les adolescents ne romancent pas, ne sentimentalisent pas ce qu’ils vivent au niveau affectif et physique, tout simplement parce qu’ils se projettent moins que les adultes et n’ont pas les moyens de penser ce qu’ils vivent. Ils ont rarement des chagrins d’Amour, des histoires d’Amour passionnelles et sérieuses. Donc le « couple » Léo/Rémi est improbable. On n’y croit pas une seule seconde.
 

– que jamais on ne verrait dans la réalité un deuil pour un suicide vécu comme il est singé dans le film. Les tentatives de suicide d’ados sont liées en général aux réseaux sociaux ou à la réputation dite « honteuse » d’homosexuel : pas aux histoires d’Amour ni aux sentiments amoureux homosexuels assumés (comme c’est représenté entre Rémi et Léo). Le deuil n’est pas non plus vécu ainsi de la part de l’amant qui reste : car s’il le porte de manière trop ostentatoire, il sera perçu comme suspect, apparaîtra à ses yeux comme un aveu d’homosexualité (qu’à cet âge les jeunes hommes n’assument jamais fièrement et n’affichent jamais) ou un aveu de complicité au suicide de l’absent. Jamais on ne verra le principal suspect du suicide d’un ado débarquer à l’enterrement de ce dernier, comme le fait Léo pendant l’enterrement de Rémi : logiquement, Léo aurait dû être rongé par la culpabilité, ou avoir peur d’être accusé par les parents de Rémi, susceptibles (vu leur chagrin) de lui imputer la faute, du suicide. Dans le film, bizarrement, les parents de Rémi ne cherchent même pas d’explication ni de coupable au geste malheureux de leur fils : on n’a droit qu’au désespoir passager du père, au silence stoïque de la mère, à l’acceptation molle et résignée de l’incompréhensible (la maman de Rémi ne demande qu’au bout d’une semaine à Léo quelle était la nature de leur relation entre son fils et lui… : la question arrivera bien tard). Normalement, dans la vie réelle, il n’y a pas que de la tristesse de la part des parents d’un enfant suicidé : il y a aussi de la révolte, de la colère, de l’incompréhension, une forme de « folie du désespoir ». Des parents de suicidé cherchent toujours un coupable… quitte à retourner leur veste ou à tordre le cou à leur habituelle bienséance avec les relations amicales entourant leur enfant. Dans le film, au contraire, les parents de Rémi accueillent Léo et ses parents tranquilou bilou à leur table. Ils ne mènent pas leur enquête. Alors que tout porte à croire que le suicide de Rémi s’explique par un chagrin d’amour ou au moins un sentiment de trahison amicale. Sans compter que dans la réalité, un suicidé, a fortiori adolescent, explique toujours son geste par une lettre, par une théâtralisation ou une dramaturgie bien marquée, et n’emporte pas le secret de ses intentions dans sa tombe (comme le fait Rémi). Idem concernant la scène de cellule psychologique dans « Close », absurde et improbable tant tout le monde dans le collège sait qu’elle devrait logiquement s’adresser en priorité à Léo et pas à tous les élèves de la classe de Rémi (on voit juste une timide proposition d’accompagnement personnalisé d’une CPE à l’adresse de Léo, alors que la relation de causalité et de proximité entre Léo et Rémi est évidente pour tous). C’est vraiment du n’importe quoi. Et je ne relèverai pas la grossièreté de la toute dernière scène du film où Léo est invité à lâcher son bâton de haine tendu contre la mère de Rémi (le fameux et très cinématographique « Lâche ton arme Bobby » des plus mauvaises sitcoms, qui s’achève évidemment dans les larmes d’impuissance et de craquage du fautif = Ridicule).
 

Bref, ce film est un tissu de mensonges et de sincérités fausses, prouvant la méconnaissance – de la part des réalisateurs et finalement aussi d’une grande partie du public – de la réalité du deuil, des ados, du suicide chez les ados, de la réaction habituelle des parents d’enfant suicidé, de l’homosexualité : alors que ça s’habille d’hommage, ça frise paradoxalement la totale incohérence et l’irrespect. Alors autant vous dire que je sors de ce genre de navets cinématographiques furax et en ayant envie soit d’exploser de rire face au grotesque, soit de rage de voir comment les souffrances sont niées par l’idéologie pro-gay qui fait du mal-être adolescent son fond de commerce et sa vitrine émotionnelle victimisante d’homosexualité. C’est gerbant. Aussi gerbant que la non-dénonciation de la contrefaçon. Donc un conseil : devant « Close », close your eyes.