La révolte : le dieu du bobo

 

J’ai remarqué que le bobo considère la révolte comme un dieu devant lequel il devrait s’incliner et se taire, une géante qui aurait forcément raison, serait légitime, aurait le dernier mot, même quand dans sa dénonciation ou accusation elle devient plus violente et destructrice que le mal qu’elle illustre (plus qu’elle n’incrimine).
 

Parce qu’au fond, le bobo justifie la souffrance (générée par les maladies, les injustices, les conflits mondiaux, les drames humains…), mais aussi, finalement, la souffrance qu’il a vue, celle qu’on lui a faite, et même la souffrance qu’il a infligée (il « se sent coupable » : c’est trop horrible !) et celle qui lui a été présentée – de manière en général très réductrice et manichéenne – comme telle (la Shoah, le nazisme, la Guerre d’Algérie, le colonialisme, les infanticides, viols et meurtres des innocents, etc.). Donc la vengeance.
 

Or la souffrance, quelle qu’elle soit, est injustifiable. Quand bien même elle existe, elle s’explique, peut se comprendre, dans certains cas être soulagée, doit être entendue et prise en compte. Mais elle reste injustifiable. Et ce n’est pas elle, contrairement à ce que croit le bobo (sans Espérance), qui doit avoir le dernier mot.