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La condamnation unanime du coming out du Père Charamsa aurait réglé le tsunami de l’homosexualité arrivant sur le Synode ? (traduction italienne partielle)

 

À dire vrai, même si ma foi en l’Esprit Saint révélé pleinement à/en l’Église-Institution catholique et plus spécialement aux Papes François et Benoît reste intacte, je ne peux m’empêcher d’observer trois illusions (persistantes) dont la grande majorité des cathos et des cardinaux se nourrissent, à propos de la deuxième partie du Synode :
 

1) Que ce Synode serait un Synode « sur la famille ».

 

Non. Ce n’est pas un Synode sur la famille, même s’il en porte le titre et en a la prétention. C’est en réalité un Synode sur le CÉLIBAT (consacré et dont la forme est la continence). C’est un Synode, donc, sur l’Église, le corps ecclésial en particulier et sa viabilité/légitimité.
 

2) Que ce Synode ne fera pas de grandes vagues.

 

On peut le souhaiter et prier pour cela, mais ça ne s’annonce pourtant pas comme ça. L’enjeu caché du Synode est de taille : éviter le schisme. Je dis « caché » car le Pape et ses proches essaient de minimiser ce risque, de jouer profil bas, de rassurer les cathos devant le tsunami progressiste qui arrive sur le Vatican (c’est bien vite oublier qu’un autre progressisme – tout aussi redoutable que l’officiel – est porté par les tradis et les conservateurs parmi les cathos, qui rêvent d’une « réforme » qui fait progresser l’Église vers l’arrière). Les têtes pensantes/priantes du Vatican annoncent par prudence tactique qu’ils n’annonceront rien de nouveau, de « révolutionnaire », et qu’ils feront des déçus. Mais je ne serais pas si optimiste. Les catholiques ont-ils conscience que le danger n’est pas que derrière mais surtout devant eux ? Prient-ils pour les bonnes intentions ? Je ne le crois pas pour tous.
 

I cattolici sono consapevoli che il pericolo non è dietro ma soprattutto davanti a loro?
 

3) Que l’homosexualité occupe une place-annexe dans ce Synode.

 

C’est absolument faux de le croire. L’homosexualité y est le point de crispation majeure, même si la Curie ne veut toujours pas le voir (et le noyer avec le dossier des divorcés-remariés) et veut en faire un non-sujet, en se servant, qui plus est, de la forte vague émotionnelle d’indignation unanimement condamnante suscitée par le scandale d’ouverture de la deuxième partie du Synode : le coming out du prêtre polonais le père Charamsa. Cet événement n’est que l’incendie – certes impressionnant mais isolé et vite maîtrisé – qui en cache un plus gros : l’incendie de la tiédeur ecclésiastique par rapport à la bipolarité hétérosexualité-homosexualité, de la peur interne à dénoncer le mythe de « l’amour homo » et à annoncer la sainteté dans le célibat continent, de la caution aveugle à l’hétérosexualité (comprise comme la différence des sexes). J’ai pioché au hasard sur Facebook (ci-dessous) des réactions de catholiques (et même un extrait sur le Padreblog) pourtant réputés solides, qui se montrent très timorés ou inexacts concernant l’analyse de l’homosexualité et de l’hétérosexualité. Ils réduisent le scandale du coming out du père Charamsa à une affaire d’adultère universelle et de rupture du vœu de chasteté dans le sacerdoce, pour se dédouaner d’expliquer que c’est aussi l’homosexualité, la croyance en l’hétérosexualité et la croyance en l’amour homosexuel qui posent problème, et qui sont de graves facteurs aggravants ajoutés au péché d’adultère et au péché de désobéissance anti-sacramentelle posés par un ecclésiastique défroqué minoritaire. Comme je l’explique depuis longtemps, l’homosexualité est le seul sujet qui divise vraiment l’Église à un point inimaginable. Je dirais que les trois-quarts des cathos croient en l’« amour homo », et que le quart restant ne sait pas pourquoi il s’y oppose, ni comment expliquer pourquoi il n’y croit pas (à part bibliquement et sacramentellement), ni a envie de s’y opposer. Car c’est une thématique objectivement épineuse, impopulaire, difficile à éclaircir. Même quand on parle bien de l’homosexualité, on réveille une division forte dans le monde et dans l’Église, et on est incompris/détesté/craint de la très grande majorité de ses proches, y compris cathos (j’en sais quelque chose!). Je n’ai pas la berlue. Pendant les conférences pré-synodales qui ont eu lieu à Rome avant dimanche dernier, rien ne laissait présager que – même dans les tables rondes censées traiter directement du sujet de l’homosexualité – l’hétérosexualité et l’homosexualité étaient prises au sérieux et vraiment affrontées.
 

En s’illusionnant sur le fait que l’éviction post-coming out d’un membre de la délégation de la Doctrine pour la foi éloigne miraculeusement le problème, beaucoup de catholiques ne s’imaginent pas que, même si les armées progressistes et gay friendly de Pharaon (= l’hétérosexualité) se trouvent derrière eux, la mer (l’Église) est sur le point de s’ouvrir en deux en face ! Personnellement, je préfère, concernant le danger du schisme, regarder le cerbère à trois têtes en face ! C’est le meilleur moyen de le terrasser, je crois. C’est ça l’Espérance. Pas un vœu pieux « optimiste » fondé sur une fausse idée d’« unité ecclésiale ». Et le schisme sera (peut-être) évité.
 

Preghiamo perchè il tema dell’omosessualità e della santità nel celibato continente siano opportunamente affrontati e spiegati da questo Sinodo, prendendo il « toro per le corna » su un tema che divide così tanto i cattolici in balia delle bighe progressiste del Faraone LGBT ( = eterosessualità) che rincorrono il popolo in fuga. Solo così si potrà evitare che la Chiesa si apra in due come il mar rosso, e che invece possa passarvi in mezzo, all’asciutto come ai tempi di Mosè.
 

Enfin, pour terminer sur l’Affaire Charamsa, loin d’accabler le prêtre polonais, loin de me contenter de le mépriser en priant hystériquement sur sa « chute » sans chercher à comprendre son sens, loin de justifier son coming out, je pense que son attitude n’est pas que le « stratagème médiatique » que beaucoup de cathos veulent y voir. Il y a du vrai derrière son « putsch ». La réaction de ce prêtre est logique et indique que les torts sont malgré tout partagés entre lui et l’Église romaine, que le discours ecclésial sur l’homosexualité n’a pour le moment trouvé ni son couronnement ni sa cohérence ni son incarnation. Ce n’est pas un hasard si le prêtre en question s’est exclamé dès sa première interview : « Il est temps que l’Église ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ». En effet, Charamsa pointe du doigt l’exigence de la CONTINENCE que l’Église catholique sous-entend dans son discours sur l’homosexualité, mais surtout la peur – qui ressemble à une hypocrisie, pour le coup – de Celle-ci à assumer et à annoncer explicitement cette exigence… car en effet, 1 point pour le prêtre polonais : l’Église n’a pas encore eu le courage d’assumer précisément l’appel au célibat continent, c’est-à-dire au « renoncement au couple » demandé aux personnes durablement homos (renoncement qui n’est absolument pas induit par le terme vague de « chasteté » qui pour l’instant a prévalu dans tous les discours officiels de la Curie sur l’homosexualité). Pas étonnant, donc, que ce dernier voie et dénonce ce manque de franchise RÉEL, ce talon d’Achille, ce voile pudique d’imprécision pudibonde, comme une mascarade, un signe révélateur d’une homosexualité cléricale refoulée (car pour une part, ce voile est un aveu de pratique homosexuelle et de croyance en « l’amour homo » effectivement cachées dans le Clergé !). Et pour aller un peu plus loin, Charamsa attend la Vérité. Il attend la forme concrète de la Croix qui Lui est donnée spécifiquement dans le cadre de sa tendance sexuelle réelle. Et l’Église prive pour l’instant toutes les personnes durablement homosexuelles de cette Bonne Nouvelle de la continence. C’est un manque objectif. Alors je n’irais pas aussi vite dans le lynchage du monsieur dissident. Son coming out est l’indicateur de manquements à la Vérité que le Pape, les cardinaux et les évêques doivent écouter, au lieu de noyer la part de Vérité que contient le geste médiatique infâmant dans le procès d’intentions caricatural (« Il a fait ça pour se faire remarquer! », « C’est diabolique! », « Il a voulu diviser à la veille du Synode ! », « Il a loupé son coup ! », « Il a voulu vendre son futur livre. », « Il fait les choux gras des médias anti-cléricaux », etc.). Il faut savoir écouter aussi le sens des attaques.
 
 
 
 

Ci-dessous, trois réactions sur le coming out qu’aurait magiquement neutralisé un lynchage « catholique » unanime :
 
polonais 1
polonais 2
polonais 3
 
 

Voir aussi la traduction espagnole de cet article, sur ce lien ; ainsi que l’article associé, en français et en espagnol. Je rajoute cet article capital sur la demande de « réforme » du discours ecclésial sur l’homosexualité.

Code n°101 – « Je suis différent »

Je suis différent

« Je suis différent »

 

 

NOTICE EXPLICATIVE

 
 

Frénésie homosexuelle (et finalement hétérosexuelle et homophobe !) pour l’originalité

 
 

À trop vouloir ne pas faire comme les autres, on finit par faire comme eux sans s’en rendre compte… car on vit trop par rapport à eux que détachés d’eux et des images qu’on s’en fait.

 

L’obsession de l’originalité, très marquée chez les personnes homosexuelles, est la marque criante d’un doute béant de son unicité et de sa capacité à aimer/être aimé, le revers d’un conformisme social paradoxal (car il se fait passer pour « révolutionnaire » et « indépendant »), l’indicateur d’un vide identitaire trop vite comblé par une étiquette sexuelle caricaturale (= l’homosexuel) ou un coming out précipité. Quand on écoute les témoignages de vie des personnes homosexuelles relatant les premiers temps de découverte de leur désir homosexuel, on perçoit que ce sentiment de différence, qu’elles répètent comme une marotte (« Je suis différent, et je l’ai toujours été ») est en partie infondé, car il repose d’une part sur une sacralisation méprisante des autres, et d’autre part sur un rejet de LA Différence en général (… différence des sexes en première ligne). Car être différent n’implique pas nécessairement une rupture définitive avec notre entourage. Bien au contraire ! Tout Homme est radicalement seul et différent du fait d’être unique, mais ce n’est pas en soi un drame, ni un état de fait qui nous isole. Une fois cette différence fondamentale digérée et relationnalisée, elle permet heureusement le lien social, la liberté, la responsabilité, la reconnaissance émerveillée de sa singularité, un appel à donner sa solitude à l’universel. C’est parce que nous nous reconnaissons différents des autres Hommes que nous pouvons ensuite mieux nous mêler à eux et entrer en relation. Le problème de la majorité des personnes homosexuelles, c’est qu’elles moralisent leur unicité en termes de possession ou de mal (en gros : « Je suis le meilleur ; sinon, je suis nul »), en prétextant que ce serait la Nature qui les aurait injustement séparées du reste de la société. Mais en matière de différences, pas de fatalité : ce n’est pas parce que la différence distingue que pour le coup elle divise ! Tout comme les frontières…

 
 

N.B. : Je vois renvoie également aux codes « Femme étrangère », « Différences physiques », « Différences culturelles », « Super-héros », « Se prendre pour Dieu », « Se prendre pour le diable », « Solitude », « Faux révolutionnaires », « Innocence », « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois », à la partie « Schizophrénie » du code « Doubles schizophréniques », et à la partie « l’Autre » du code « Amant diabolique », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

 

1 – PETIT « CONDENSÉ »

L’auto-persuasion

d’une différence fondamentale

 

JE SUIS DIFFÉRENT 1 Vilain petit canard

 

L’adaptation excessive aux regards de l’entourage et l’oubli de leur propre regard négatif sur elles-mêmes vont encourager beaucoup de personnes homosexuelles à affirmer l’existence d’une différence radicale par rapport aux autres. Nous entendons toujours le même refrain de la part des membres de la communauté homosexuelle : le facteur dominant de leur vie, celui qui dépasse tous les autres en importance, est constitué par la conscience d’être différent, de ne pas rentrer dans la norme.

 

Tout d’abord, cette différence dite « naturelle et fondamentale » est d’ordre social, culturel et intellectuel. Très jeunes, certains sujets homosexuels vivent le choc des cultures avec leur entourage comme une véritable épreuve, puis un moyen de sortir du lot. Il n’est pas très étonnant qu’il y ait parmi les personnes homosexuelles un certain nombre de petits surdoués ou d’individus blessés dans leur amour propre parce que dans leur cursus scolaire, ils ont senti que leurs talents avaient été fortement dévalués ou ignorés. Beaucoup d’entre elles ont l’impression qu’elles ne sont radicalement pas sur la même longueur d’onde que les autres, qu’ils ne pourront jamais les comprendre totalement. Le fossé avec le reste de l’Humanité « hétérosexuelle » se creuse au fil des ans, et se fixe parfois en orientation sexuelle. L’homosexualité est envisagée à l’âge adulte comme une solution bien pratique pour camoufler par l’identitaire leur problème d’intégration sociale sans le régler vraiment à la racine.

 

Le fantasme de la différence homosexuelle ne renvoie pas uniquement à des différences culturelles. Il se fonde aussi sur des dissemblances physiques ressenties comme minoritaires, écartantes/écartées socialement, et qui deviennent ensuite, selon ce qu’en font l’entourage et la personne qui les porte, une « identité » intégrée mentalement et sexuellement. Cela peut provenir de la taille, de l’obésité, de la dentition, d’une voix suraiguë, de la maigreur, d’un handicap quelconque, d’une couleur de peau rejetée, d’un physique génériquement opposé au sexe biologique ou aux estampes des garçons et des filles télévisuels, d’un complexe de se savoir fragile, limité, ou insignifiant (la croyance et l’identification à l’Homme invisible rôdent…), etc. Difficile de ne pas faire le lien entre des physiques honteux d’eux-mêmes et l’affirmation d’une homosexualité. Cependant, ce lien n’est pas de causalité, mais de coïncidence, c’est-à-dire qu’il a été instauré davantage par le fantasme ou l’impression subjective que par la Réalité. L’homosexualité n’est pas une question de physique particulier – il n’y a pas de « corps homosexuel » (contrairement à ce que proclament certains militants homosexuels radicaux) – mais de rapport idolâtre à son corps et aux images médiatiques des corps sexués.

 

Affirmer « Je suis différent », ainsi que le font beaucoup de personnes homosexuelles, n’est pas faux en soi, étant donné que tout Homme est unique et donc fondamentalement différent des autres. Mais le problème peut se situer dans les conséquences fâcheuses que la reconnaissance de leur différence jugée « exceptionnelle » ou « minable » peut entraîner sur leur rapport aux autres : mépris, isolement, exclusion, orgueil mal placé. « Je croyais que j’étais un petit garçon singulier et les autres garçons étaient jaloux de moi, parce qu’ils étaient, eux, on ne peut plus ordinaires. » (Luc dans le roman Frère (2001) de Ted Van Lieshout, p. 128) Les personnes homosexuelles ne sont réellement différentes des autres Hommes que si nous considérons que c’est leur désir qui les définit entièrement. Autrement, nous ne pouvons envisager l’homosexualité que comme une facette particulière d’un désir pleinement humain.

 

En soutenant avec virulence qu’elles sont « différentes » (comprendre « anormales » et « exceptionnelles »), certaines ne remettent pas du tout en cause ce qu’elles appellent hâtivement « norme ». Bien au contraire. À force de ne pas vouloir faire ou être « comme les autres », elles finissent par les imiter inconsciemment, car il arrive toujours un moment où « les autres », ce sont elles. Beaucoup de personnes homosexuelles se laissent trop facilement définir par autrui, y compris et surtout lorsqu’elles se positionnent « contre » une personne, un camp ou une image. Peu savent vraiment ce qu’elles veulent. Elles se déterminent plutôt par le négatif, un peu comme Loïc dans le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier : « Je ne sais pas encore ce que je suis mais je sais ce que je ne veux pas être. » Elles ne veulent pas ce qu’elles prétendent vouloir, mais par provocation, elles soutiennent qu’elles le désirent profondément, que ce désir fait partie d’elles, alors qu’il est souvent né de la comparaison dévalorisante ou méprisante aux autres. Leur recherche de la personne aimée suit le plus souvent la logique du conformisme inversé, donc du snobisme : elles vont réclamer une chose, non pas tant parce qu’elles la veulent réellement, que parce qu’elles pressentent que les autres la veulent à leur place ou la leur interdisent. Elles aiment quand tout le monde aime, haïssent quand tout le monde déteste… ou aiment quand tout le monde semble détester et haïssent quand tout le monde donne l’impression d’aimer. En définitive, elles ne se posent pas beaucoup la question de ce qu’elles ressentent elles, de ce qu’elles désirent vraiment.

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

a) Je suis différent, un point c’est tout !

Très régulièrement dans les fictions homosexuelles, le personnage homosexuel s’auto-persuade de sa différence fondamentale : cf. le roman Carta Abierta A Un Muchacho ‘Diferente (1974) d’Antonio Domínguez Olano, le film « Diferente » (1961) de Luis María Delgado, le film « Quella Piccola Differenza » (1969) de Duccio Tessari, le film « I’m Not One Of Them » (1974) de Barbara Hammer, le two-men-show Vu duo c’est différent (2008) de Garnier et Sentou, le film « Howl » (2010) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, le roman Hawa (La Différence, 2010) de Mohamed Leftah, le roman Différents (2005) de Maryvonne Rippert, le film « Fucking Different XXX » (2012) de Bruce LaBruce et Émilie Jouvet, la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz, etc.

 

Film "A Different Story" de Paul Aaron

Film « A Different Story » de Paul Aaron


 

« Vous êtes différent. » (le narrateur homosexuel se vouvoyant lui-même, dans le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 131) ; « Je ne suis pas un homme comme les autres. […] Je suis tellement différent. » (Cyril dans le roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, p. 11) ; « J’ai toujours été différent. » (Brad dans le film « Almost Normal » (2005) de Marc Moody) ; « Je suis différente de toi, de toutes les autres filles. J’suis pas normal. » (Tania, l’héroïne lesbienne de la pièce Ma Double Vie (2009) de Stéphane Mitchell) ; « J’aimerais tellement être différent mais j’y arrive pas. » (Élodie, idem) ; « Pourquoi j’suis pas capable d’être comme les autres ? » (Hubert, le personnage homosexuel du film « J’ai tué ma mère » (2009) de Xavier Dolan) ; « Stephen [l’héroïne lesbienne] n’avait jamais été tout à fait semblable aux autres enfants, elle avait toujours été seule et insatisfaite, elle avait toujours essayé d’être quelqu’un d’autre… […] Seule… il était terrible de se sentir si seule… de se sentir différente des autres. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 133) ; « J’étais son fils spirituel. Juste un peu différente. » (la voix poétique du poème « Amoureux dans la vie » (2008) d’Aude Legrand-Berriot, p. 14) ; « Ton père est différent des autres pères. » (le père travesti M to F, ancien curé et ancien évêque de Bruxelles, faisant un coming out à son fils Peter, dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau) ; « Est-ce une raison de mépriser ma différence ? » (idem) ; « Philippe me dit que, justement, cet homme avait probablement le goût différent dont il tentait par allusions de m’expliquer l’originalité. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 38) ; « Comment puis-je leur dire ce secret que j’ai sur le cœur depuis que je suis tout petit ? que je suis différent ? » (Chris, le héros homo de la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz) ; « Jo est persuadé qu’il est unique. » (Matthieu, l’amant de Jonathan, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H.) ; « Élève-toi avant que les chênes ne t’étouffent. […] Toi, tu n’es qu’un arbre banal. » (Négoce, l’un des héros homosexuels de la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; « Je n’ai jamais été comme les autres femmes. » (Adineh l’héroïne transsexuelle F to M, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; « Que diront les gens qui me trouvent trop différent ? » (cf. le chanson « J’ai le droit aussi » de Calogero) ; « La vie n’est pas facile. Surtout quand vous êtes différents. » (Fabien Tucci, homosexuel, dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch, 2015) ; « Je suis différent. » (John, le héros homo incarnant le personnage d’Adam White dans un feuilleton télé Hellsome High, dans le film « Ma Vie avec John F. Donovan » (2019) de Xavier Dolan) ; « C’est une autre piscine. Différente. » (les nageurs homos de l’équipe de water-polo gay du film « Les Crevettes pailletées » (2019) de Cédric le Gallo et Maxime Govare) ; « Je suis vraiment la cinquième roue du carrosse dans cette famille. » (Sandrine, l’héroïne lesbienne, dans l’épisode 502 de la série Demain Nous Appartient, diffusé le 8 juillet 2019 sur TF1) ; « Elle a peur que ma différence ternisse sa belle petite image toute lisse. » (Sandrine par rapport à sa mère Anne-Marie, dans l’épisode 506 de la série Demain Nous Appartient, diffusé le 12 juillet 2019 sur TF1) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, Johnny fait une fixation sur sa soi-disant « différence » : « Je ne suis pas normal. C’est de notoriété publique. » Et son amant Romeo le confirme dans sa fausse croyance : « Tu n’es pas comme tout le monde. » Dans le film « Imitation Game » (2014) de Mortem Tyldum, Christopher, l’amant secret d’Alan Turing au pensionnat, lui dit qu’il est « différent ». Turing l’interprète comme une étrangeté isolante : « Mère dit que je suis un type bizarre. » Dans le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel, Catherine, la prof de maths lesbienne, déclare devant sa classe et face à Nathan, son élève homo, qu’il est « courageux » parce qu’« il ose dire qu’il est différent ». Dans le film « Tout mais pas ça » (« Se Dio vuole », 2015) d’Edoardo Falcone, Tommaso, un père de famille, croit que son fils Andrea est « différent », c’est-à-dire homosexuel. Dans le générique du film « Noureev, le Corbeau blanc » (2019) de Ralph Fiennes, on nous signale par écrit que « le corbeau blanc » est une expression employée pour désigner « quelqu’un qui est différent des autres ».

 
 

b) Une différence si « naturelle » ? Une réelle fatalité ?

On se rend compte au fur et à mesure que la différence du héros homosexuel, qu’il présente comme « naturelle » et « imposée », est un orgueil travaillé, un esthétisme recherché : « Pourquoi vous considérez-vous comme différente ? » (Douglas s’adressant à l’héroïne lesbienne Doris dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton) ; « Je veux être différent. » (Éric dans le film « Edge Of Seventeen » (1998) de David Moreton) ; « J’éprouvais pour la première fois un plaisir de perversité à différer des autres ; il est difficile de ne pas se croire supérieur, lorsqu’on souffre davantage. » (Marguerite Yourcenar, Alexis, ou le traité du vain combat (1929), p. 69) ; « Être à part. C’est aussi pour ça que ça me plaît, que je suis pédé ! C’est dans la différence que je préfère avancer. » (un témoin homosexuel de la pièce Quand mon cœur bat, je veux que tu l’entendes… (2009) d’Alberto Lombardo) ; « Au dîner, je mangeai en silence, avec la conscience d’être différente. J’étais libre. Rien ne comptait. » (Anamika dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 27) ; « Dans ce lycée, il faut être original pour s’intégrer. Et moi, je ne suis qu’une gamine ordinaire. Pour être intéressante, je dois me faire passer pour une gay. » (Karma s’adressant à sa meilleure amie Amy à qui elle force d’être en couple, dans la série Faking It (2014) de Dana Min Goodman et Julia Wolov, l’épisode 1 « Couple d’amies » de la saison 1) ; etc.

 

En général, c’est une différence forcée, cinématographique, immatérielle, qui est recherchée par le héros homosexuel : « Jamais les femmes ordinaires ne donnent l’essor de notre imagination. Elles ne sortent pas de leur siècle. Aucune magie ne les transfigure. Rien en elles qui ne puisse pénétrer. Pas une qui soit mystérieuse. Toutes, elles ont le même sourire stéréotypé et les belles manières du jour. Elles sont claires et banales. Mais les actrices ! Oh ! Combien les actrices sont différentes ! » (Dorian Gray, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde, pp. 72-73) ; « Stephen [l’héroïne lesbienne] disait à son père combien elle souhaitait être différente, combien elle désirait être quelqu’un comme Nelson. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 36) ; etc. Je vous renvoie au code « Super-héros » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Au départ, la croyance en une différence homosexuelle – plus ou moins calculée, d’ailleurs – sert d’alibi tacite à la drague. Elle circonscrit un territoire, le territoire de la pulsion narcissique : « [Il y avait également] des jeunes gens comme moi, amoureux fous de l’opéra, conscients ou non de leur différence, qui scrutaient chaque nouveau visage, beau ou laid, se présentant aux doubles portes d’entrée, à la recherche d’un signe de reconnaissance, d’un regard un tant soit peu insistant, peut-être même d’un sourire. Je tombais moi-même amoureux aux trente secondes, convaincu que tel ou tel spectateur regardait dans ma direction, plantait son regard dans le mien, hésitait à m’aborder. » (le narrateur homo humant l’ambiance de l’opéra de Montréal, dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 43)

 

Mais en réalité, le sentiment de « différence » devient un prétexte à la misanthropie. « J’ai une différence que mon entourage vit de plus en plus mal. » (Laurent, le héros homosexuel du one-man-show Gérard comme le prénom (2011) de Laurent Gérard) Par exemple, au début du film « Get Real » (« Comme un garçon », 1998) de Simon Shore, Steven, le héros homosexuel, se démarque volontairement d’un groupe d’adolescents « cools » et « footeux » dans lequel il ne se reconnaît pas, parce qu’il ne veut surtout pas que les torchons et les serviettes se mélangent. Dans la chanson « Les gens de couleur n’ont rien d’extraordinaire… » de Jann Halexander, le narrateur homosexuel dandy recherche « l’élégance du luxe de la Différence », car il ne se prend pas pour de la merde.

 

Dans le roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, la réaction de Leo, l’un des héros homosexuels, illustre bien que la prétendue « différence homosexuelle » est une réalité fantasmée, le signe d’une relation sociale blessée et blessante, non-souhaitée : elle n’a rien d’individuel ni d’inné. Au départ, Leo présente sa singularité comme une nature : « Je sais bien que j’ai toujours été du côté de l’ombre, que je suis toujours resté en dehors. » (p. 30) Plus tard, le lecteur se rend finalement compte que chez lui, l’éloignement a été désiré, de son côté, par un consensus mou : « En fait, ce n’est pas juste parce que je n’ai pas été invité. Depuis toujours, je suis celui qu’on cache, celui qui est interdit de paraître. Je me suis accommodé de ce secret. J’ai même trouvé mon compte à cette dissimulation. Je n’ai pas eu le désir de les rencontrer… » (idem, p. 48)

 

Le fin mot de l’histoire, c’est que la différence semble davantage poser problème et orgueil au héros homosexuel lui-même qu’au reste de ses proches : « J’avoue aujourd’hui que je ne me suis jamais ressenti rejeté par aucun membre de ma famille à cause de ma différence. […] Le fait de mon homosexualité ne semblait absolument pas gêner ni choquer la nouvelle génération de la famille. Et sans exagérer, je pense être en mesure d’affirmer que ma différence ressemblait plutôt à un privilège. » (Ednan, le héros homosexuel, dans l’autobiographie romanesque Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 147).

 
 

c) Une sacralisation douteuse des Différences au détriment de LA Différence :

Dans les fictions traitant d’homosexualité, le mot « Différence » est souvent célébré en soi, mais peu explicité, et peu ramené à des faits ou des personnes réelles. Par exemple, dans la comédie musicale « Chantons dans le placard » (2011) de Michel Heim, il est question de la « fameuse différence » « Tous les chanteurs en vue se sont crus obligés de chanter la différence, la fameuse différence. » (Gérard) Mais on ne nous dit rien de celle-ci. Personne ne nous explique ce qu’il y a derrière ce masque… car on a sûrement trop peur de voir le néant ou les atteintes au Réel qu’il occulte !

 

Il faut se méfier, dans le discours de certains héros homosexuels, de la sacralisation de l’« Égalité » ou de la « Différence ». Ils applaudissent machinalement au mot « Différence », en tant que concept magique, mais non à la réalité de la différence. Ils applaudissent aux différences-annexes (telles que la différence de couleur de peau, de langues, d’éducation, de goûts, de cultures, de couleurs de cheveux, etc.) pour rejeter les différences fondamentales de l’existence humaine (la différence des sexes en priorité, mais aussi d’autres différences essentielles : l’identité, les relations humaines concrètes, la différence des espaces et la différence des générations, Dieu, etc.). Sigmund Freud a été bien inspiré de parler du « narcissisme des petites différences », car avec l’homosexualité, on se trouve en effet confrontés à un désir qui va se concentrer sur les petites différences superficielles pour ne pas considérer les grandes différences : « Vous n’aimez rien, ni personne, même cette différence que vous croyez vivre, vous ne l’aimez pas. Vous ne connaissez que la grâce du corps des morts, vos semblables. » (Marguerite Duras s’adressant aux personnes homosexuelles dans son roman La Maladie de la mort, 1982). Il ne suffit pas de se montrer ami de la différence (en tant que slogan publicitaire) pour la mettre en pratique : il faut aussi la reconnaître et ne pas considérer son accueil comme une évidence ou une démarche confortable (toute différence ou tout mélange n’est pas heureux en soi). Ou alors on devient inconsciemment un gros mouton. La recherche de la différence pour elle-même est en fin de compte un poncif réactionnaire, un conformisme, un refus de rentrer en relation avec les autres : « Je suis une tapette politiquement correcte, et moi j’t’emmerde. » (cf. la chanson « Politiquement correct » de Bénabar) ; « Augusten a toujours su qu’il était différent. Mais différent de qui, de quoi ? » (Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux, 2007) ; « De fait, on est différents. Mais c’est pas pour ça qu’on doit pas avoir les mêmes droits. On est un couple, Serge et moi. On a des sentiments qui sont exactement les mêmes que deux hétéros. » (Victor, le héros homosexuel Dans le téléfilm Fiertés (2018) de Philippe Faucon, diffusé sur Arte en mai 2018) ; etc.

 
 

d) La « différence » = le viol

Le sentiment de différence qu’expérimente le héros homosexuel peut venir d’un viol réel, subi dans l’enfance ou plus tard à l’âge adulte, d’une mise à l’écart, d’un manque d’amour, d’un mépris social qui lui a donné la conviction d’être un mouton noir, un paria, un étranger à lui-même. « Je me sens si différent. Comme si avant, j’avais un corps mais j’étais pas dedans. » (Didier après son expérience homo, dans la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia)

 

Parfois, il résulte tout bêtement d’un fantasme de viol. « J’avais imaginé un moment demander à la petite voisine de passer me voir afin de faire ensemble ce que je l’avais obligée à faire seule devant moi, sachant combien j’aimais à outrepasser la pudeur des autres, pour le plaisir que son viol me donnait. Cette envie ne me quittait pas, mais je devais résister, c’était trop risqué. […] J’avais peur de moi. Quand je sentais monter ce besoin de chair, peu m’importaient les moyens et la figure de celle qui me donnerait ce qu’il me fallait. […] Je voulais ma nuit avec une femme, comme l’on veut sa naissance. Une nuit de noces, comme celle où je perdis ma virginité et décidai, pour cette occasion, de me choisir un nouveau prénom… Alexandra. Ce serait désormais par ce choix secret que je marquerais ma différence, comme l’avant et l’après du baptême. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, pp. 56-57) ; « Ce désir de pénétrer et d’envahir la différence de l’autre ; de ne pas laisser la proie s’échapper. Car c’est elle, la proie, qui donne l’impression d’exister mieux. Elle est comme une extension de soi, un poids ajouté au sien. » (Adrien, le narrateur homosexuel du roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 51) ; etc.

 

En réalité, beaucoup de héros homosexuels n’aiment pas les différences de les avoir trop aimées, ou bien de s’être trompées sur leur compte, en s’imaginant naïvement qu’elles ne concernaient pas le Réel, ou qu’elles ne contrarieraient aucun de leurs petits désirs. Comme la réelle différence nous oblige toujours au renoncement, à l’écoute, au compromis, à l’ouverture coûteuse, elle est alors envisagée par eux comme une source de conflit, une terrible entorse à leur liberté, voire un viol. C’est ce qu’illustre clairement le syllogisme de Lourdes, l’héroïne de la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier : « Les différences = les conflits ; les conflits = les injustices ; les injustices = les guerres. »

 

Dans les fictions homosexuelles, la différence, c’est parfois le mot qui pourrait remplacer celui de « viol », de « peur » ou de « fantasme de viol ». C’est pourquoi elle peut être envisagée comme une maladie mortelle. « Moi qui me sentais différent, éloigné par d’imperceptibles divergences de la société, j’en conclus au moins que si différence il y avait, elle devait être plus viscérale. » (la voix narrative parlant de ses années collège, dans la nouvelle « La Chaudière » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 19); « J’aimerais être un mec normal avec une queue normale et un père normal ! » (Adam, le héros homo, dans l’épisode 1 de la saison 1 de la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn) ; etc. Par exemple, dans le vidéo-clip de sa chanson « Thriller », Michael Jackson, juste avant de se transformer en monstre devant sa petite copine qu’il est sur le point d’embrasser et qui va le faire entrer dans le mystère de la sexualité, essaie de la prévenir qu’il n’est pas normal, et même qu’il est dangereux : « Je voulais te dire que je suis différent… »

 

Le culte de la différence peut aller chez certains héros homosexuels jusqu’à la schizophrénie : « Oui, c’est ça dont on manque, de folie… de folles… Oui, c’est pour ça que moi je suis gay, voilà j’ai réussi à le prouver ! La folie, c’est la seule chose qui ne soit pas mondialisée. La folie c’est la véritable différence entre les gens, c’est la vérité. C’est quand on est fou qu’on est différent. La reine des folles, c’est moi ! Voilà ce qu’il nous faut : Une folle présidente ! » (le narrateur de la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier, p. 101)

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 

JE SUIS DIFFÉRENT 3 Apple

Apple (so rainbow)


 

a) Je suis différent, un point c’est tout !

Très régulièrement, les personnes homosexuelles s’auto-persuadent de leur différence (homosexuelle) fondamentale : Je vous renvoie aux documentaires « Glamazon : A Different Kind Of Girl » (1993) de Rico Martinez, « Boy I Am » (2006) de Sam Feder et Julie Hollar, etc. Déjà, en 1919, Magnus Hirschfeld réalisait avec Richard Oswald le premier film homosexuel militant, dont le titre « Ander Als Die Andern » (« Différents des Autres ») était éloquent.

 

« Le facteur dominant de ma vie, celui qui dépasse tous les autres en importance, est constitué par la conscience d’être différent. » (Donald Webster Cory cité dans l’essai Les Homosexuels (1973) d’André Baudry et Marc Daniel, p. 85) ; « J’ai su très tôt que j’étais différente. » (Claire, un homme transsexuel M to F, dans le documentaire « Nous n’irons plus au bois » (2007) de Josée Dayan) ; « Malgré tout, j’étais un petit gars souriant. Je le vois sur les photos. Mais, en dedans, je me sentais tout mal. J’avais comme deux personnalités. À l’extérieur, j’étais un bon petit gars rangé, bon en classe. En dedans de moi, je me sentais différent des autres. J’avais des inquiétudes. » (Justin, 34 ans, abusé dès l’âge de 4 ans par son père, son oncle, et son frère aîné, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons(2008) de Michel Dorais, p. 246) ; « Le jour où on découvre qu’on aime les garçons, on a l’impression de ne pas être normal. » (Sacha, jeune Allemand homo, dans le documentaire « Homo et alors ?!? » (2015) de Peter Gehardt) ; « Accepté certes, intégré, aimé par ma famille, mes amis –, mais différent. » (Bertrand Delanoë, La Vie, passionnément (2004), p. 14) ; « Je sais juste que dès l’enfance je me suis senti différent de mes frères et sœurs. » (Brahim Naït-Balk, Un Homo dans la cité (2009), p. 94) ; « J’ai compris au collège que j’étais différent. » (Patrick Blosch, témoignant lors du débat « Toutes et tous citoyen-ne-s engagé-e-s », organisé dans la Salle des Fêtes de la Mairie du XIème arrondissement de Paris, le samedi 10 octobre 2009) ; « J’ai déjà dit plus haut combien je me sentais différente de mes camarades de classe. […] Et j’en arrivais à me demander quelquefois si je n’étais pas un monstre. » (Paula Dumont, Mauvais Genre (2009), p. 75) ; « Aujourd’hui encore à Belgrade, des gens se font frapper parce qu’ils sont différents. » (Phrase du générique final du film « La Parade » (2011) de Srdjan Dragojevic) ; « Tout le monde voulait nous casser la gueule à partir du moment où on était différents. » (Didier Lestrade racontant le climat des lieux de drague homo parisiens avant les années 1980, dans le documentaire « Lesbiennes, gays et trans : une histoire de combats » (2019) de Benoît Masocco) ; « Toute petite, déjà, j’étais différente. Je ne pouvais pas mettre de mots dessus mais je sentais que je n’étais pas comme les autres. J’étais un garçon manqué. Et cette absence de conformité contrariait beaucoup ma mère. » (Karla Jay, vétérane lesbienne, dans le documentaire « Stonewall : Aux origines de la Gay Pride » de Mathilde Fassin, diffusé dans l’émission La Case du Siècle sur la chaîne France 5 le 28 juin 2020) ; etc.

 

Par exemple, dans son autobiographie Prélude à une vie heureuse (2004), Alexandre Delmar parle du « sentiment indéfinissable d’être différent des autres » (p. 64) qu’il a ressenti dans sa jeunesse : il ne l’a visiblement pas bien vécu : « Pourquoi je ne suis pas comme eux ? » (idem, p. 28) Le réalisateur François Zabaleta présente son docu-fiction « N’importe où hors du monde » (2012) comme un retour sur l’éclosion du « sentiment de la différence chez un enfant de 8 ans ».

 
 

b) Une différence si « naturelle » ? Une réelle fatalité ?

On se rend compte au fur et à mesure que la différence que les personnes homosexuelles présentent comme une essence « naturelle » et « imposée », est une impression très subjective et égocentrée, un orgueil travaillé, un esthétisme recherché : « Tout le monde se moquait de moi, même ma famille ; après je me suis habitué et j’en ai fait mon avantage et ma différence. » (Quentin Crisp cité dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, p. 151) ; « J’avais, d’une certaine façon, décidé de ne pas être conformiste et j’avais réussi, d’une manière ou d’une autre, à le faire accepter. » (Gore Vidal, Palimpseste – Mémoires (1995), p. 124) ; etc.

 

JE SUIS DIFFÉRENT 4 Trombinoscope

 

Le sentiment de différence, c’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf : on ne sait pas qui a commencé, et c’est bien logique puisqu’une peur a à la fois une origine et aucune origine. « J’ai ressenti que j’étais différent vers 6-7 ans. Et cette différence, on me la faisait ressentir. » (Yann, l’un des témoins homosexuels du documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Il n’y a rien de pire pour un enfant qu’être différent. Les gosses sont obsédés par l’uniformité, pas une mèche ne doit dépasser. […] C’est tellement dur à affronter lorsque vous recevez cette gifle en pleine figure… ce message qui signifie au fond : tu es différent donc on ne veut pas de toi dans notre monde. Ce rejet terrifiant, alors que nous sommes tous des animaux sociaux qui n’avons qu’une seule envie : aller vers l’autre et se ressembler. » (c.f. l’autobiographie Fils à papa(s) (2021) de Christophe Beaugrand, Éd. Broché, Paris, p. 19). Dans le documentaire « Ni d’Ève ni d’Adam : une histoire intersexe » de Floriane Devigne diffusé dans l’émission Infrarouge sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018, Vincent Guillot, militant intersexe, a de la révolte en lui : « Le médecin m’a dit : ‘T’es un mutant, t’auras jamais d’enfant, tu seras toujours différent des autres.’ »

 

Le sentiment de « différence » devient un prétexte à la misanthropie : « L’homosexualité, c’est vivre à côté de… être différent des autres. » (Patrice Chéreau cité dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, p. 127) ; « Je me suis toujours senti un peu à part… » (Jean Guidoni interviewé par le magazine Rebel en septembre 1993) ; « J’ai toujours su que je n’étais pas dans la norme. » (Jean-Luc Romero, On m’a volé ma vérité (2001), p. 27) ; « Dans toutes les situations, je fus toujours pour tous un intrus. » (Fernando Pessoa dans le documentaire « Pessoa l’Inquiéteur » (1990) de Jean Lefaux) ; « L’homosexualité n’est pas une marque de différenciation par rapport aux autres, mais plutôt le signe d’une opposition radicale aux autres. » (Benedetti Carla cité dans l’article « Pier Paolo Pasolini » de Gian-Luigi Simonetti, sur le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 305) ; etc.

 

La croyance aveugle en sa différence fondamentale peut aussi être également approfondie par la construction d’un couple, ou par l’amant homosexuel qui cherche à flatter son partenaire sur son/leur exceptionnalité, pour mieux le posséder et l’isoler. Par ailleurs, l’obsession de la différence chez les personnes homosexuelles dit également l’angoisse de l’indifférenciation (inconsciente) qui se vit au sein même du couple homo.

 

Le fin mot de l’histoire, c’est que la Différence et les différences semblent davantage poser problème et orgueil aux personnes homosexuelles elles-mêmes qu’au reste de leurs proches. En effet, en les écoutant, on découvre que leur fameux sentiment de différence RADICALE avec les autres vient le plus souvent d’une comparaison excessive aux modèles de magazine et de cinéma, et non d’abord de leur relation concrète ou de la comparaison positive avec leurs pairs sexués de chair et de sang. À mon avis, la « différence » (homosexuelle) en question, dont elles font tant cas, mériterait de s’appeler en ce qui les concerne « confusion du Réel avec la fiction » : « Je sais que, assez petite, vers l’âge de 7 ans, 8 ans, j’ai eu conscience que j’étais une femme, mais en même temps assez libre d’être une femme différente des stéréotypes et de ce que j’avais remarqué les femmes être en général. » (Lidwine, une femme lesbienne de 50 ans, dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, p. 64) ; « J’avais l’impression que d’être homosexuel faisait de moi un sous-homme. C’est pour ça que j’ai longtemps été mal parce que je courais après une espèce d’image masculine, qui est un archétype social, mais qui n’est pas une réalité en définitive. Je courais après ça… et moi, je suis pas comme ça. » (Olivier dans l’émission « Une Vie ordinaire ou mes questions sur l’homosexualité » (2002) de Serge Moati) ; « J’ai su très tôt que je n’étais pas semblable aux autres. J’ai le souvenir très précis d’une fête foraine où m’avaient emmené mes parents. La mode de l’époque condamnait les hommes à porter des pantalons moulants à pattes-d’éléphant, surmontés de chemises en satin de couleurs criardes, aux grands cols larges en pelle à tarte, de préférence ouvertes sur le torse si le temps était clément. J’avais six ans à peine et j’étais autant fasciné par les jeux de la fête foraine auxquels je pouvais participer que par la présence autour de moi de ces adultes habillés à la mode. » (Jean-Michel Dunand, Libre : De la honte à la lumière (2011), pp. 23-24)

 

c) Une sacralisation douteuse des Différences au détriment de LA Différence :

Ce qui est paradoxal dans le rejet homosexuel de la différence, c’est que la plupart des individus homosexuels sont au demeurant des passionnés d’altérité et des différences en général. Par exemple, Jean-Paul Sartre, dans Saint Genet (1952), a évoqué chez l’écrivain Jean Genet cette fascination quasi obsessionnelle pour l’altérité : « Étranger à lui-même, il ne peut aimer qu’un Autre-que-soi, car c’est lui-même dans son absolue altérité qu’il aime sous les espèces de l’autre. » (p. 109) ; « Il se fascine sur l’Autre et fuit sa propre conscience de soi. » (idem, p. 169) ; etc.

 

"What a difference a Gay makes"

« What a difference a Gay makes »


 

Le Dieu « Différence » trône sur l’autel interlope (cf. Sacrée Différence (1995) d’Henri Chapier). Une différence désincarnée et poétique est chantée : « J’entreprends de raconter l’histoire de la perpétuelle différence ; plus précisément, de raconter l’histoire des idées comme l’ensemble des formes spécifiées et descriptives de la non-identité. » (Michel Foucault, Dits et Écrits I, 1954-1988 (2001), p. 712) ; « Pour libérer la différence, il nous faut une pensée sans contradiction, sans dialectique, sans négation : une pensée qui dise oui à la divergence ; une pensée affirmative dont l’instrument est la disjonction ; une pensée du multiple – de la multiplicité dispersée et nomade qui ne limite et ne regroupe aucune des contraintes du même ; une pensée qui n’obéit pas au modèle scolaire (qui truque la réponse toute faite), mais qui s’adresse à d’insolubles problèmes ; c’est-à-dire à une multiplicité de points remarquables qui se déplace à mesure qu’on en distingue les conditions et qui insiste, subsiste dans un jeu de répétitions. » (idem, p. 958)

 

L’embellissement de la différence cache bien souvent un déni de celle-ci. Dans son essai Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978), René Girard explique bien que l’homosexualité est « ce mimétisme qui efface d’autant mieux les différences qu’il les recherche plus avidement. Contrairement à ce que veut la théorie du narcissisme, le désir n’aspire jamais à ce qui lui ressemble ; c’est toujours ce qu’il imagine de plus irréductiblement autre qu’il recherche et si, dans l’homosexualité, paradoxalement, c’est dans le même sexe qu’il le recherche, ce n’est jamais là qu’un autre exemple de ce résultat paradoxal qui caractérise le désir mimétique d’un bout à l’autre de sa course : plus le désir cherche le différent, plu il tombe sur le même. » (p. 471) Par exemple, Lara Fabian, dans sa chanson gay friendly « La Différence » couronnant l’amour homosexuel, nous raconte l’histoire de « l’exceptionnelle différence »… pour ensuite conclure qu’elle n’existe pas : « La différence, quand on y pense… Mais quelle différence ? » Dans le journal Le Monde.fr du 24 octobre 2011, Caroline de Haas prône « l’indifférence à la différence ».

 

La demande du « droit à la différence » et du « droit à l’indifférence », qu’on entend régulièrement de la part des membres de la communauté homosexuelles, est une variante du conformisme individualiste : on prône les « vertus de la banalité » (Michael Pollack, Une Identité blessée (1993), p. 179) et on souhaite « être comme les autres sur un pied d’égalité, et trouver une place confortable dans la société » (Frédéric Martel, Le Rose et le Noir (1996), p. 676).

 

JE SUIS DIFFÉRENT 7 Mariage

 

Il faut se méfier, dans le discours de certains militants homosexuels actuels, de la sacralisation de l’« Égalité » ou de la « Différence ». Ils applaudissent machinalement au mot « Différence », en tant que concept magique, mais non à la réalité de la différence. « Je suis très fière de ma nature. Pas seulement pour mon physique. Mais seulement pour cette différence. » (Barbara, un homme transsexuel M to F, dans le documentaire « Woubi Chéri » (1998) de Philip Brooks et Laurent Bocahut) Ils applaudissent aux différences-annexes (telles que la différence de couleur de peau, de langues, d’éducation, de goûts, de cultures, de croyances, de couleurs de cheveux, etc.) pour rejeter les différences fondamentales de l’existence humaine (la différence des sexes en priorité, mais aussi d’autres différences essentielles : l’identité, les relations humaines concrètes, la différence des espaces et la différence des générations, Dieu, etc.). Sigmund Freud a été bien inspiré de parler du « narcissisme des petites différences », car avec l’homosexualité, on se trouve en effet confrontés à un désir qui va se concentrer sur les petites différences superficielles pour ne pas considérer les grandes différences. Il ne suffit pas de se montrer ami de la différence (le monde publicitaire nous apprend depuis longtemps à le faire) : il faut aussi la reconnaître et ne pas considérer son accueil comme une évidence ou une démarche confortable (toute différence ou tout mélange n’est pas heureux en soi ; il bouscule, responsabilise et exige des efforts de part et d’autre). Pareil pour l’égalité : elle n’est pas vraie pour tout (nous ne sommes pas égaux du simple fait de le vouloir ; de plus, comme les êtres humains sont différents, ils ne sont pas égaux en tout, heureusement !) et n’est pas souhaitable pour tout (on peut être égaux dans la connerie : cela ne nous rendra pas plus intelligents !). Une certaine défense arbitraire des différences et de l’égalité peut provoquer des inégalités et générer des violences réelles, des attaques hétérophobes et homophobes à la fois. Par exemple, à force de vouloir à tout prix, pour reprendre les termes de Bertrand Delanoë, « marteler que la diversité est une source inépuisable d’enrichissement collectif » (Bertrand Delanoë dans l’introduction du Dictionnaire de l’homophobie (2003) écrit par Louis-Georges Tin, p. 7), la communauté homosexuelle en oublie parfois que seuls le respect et la douceur peuvent laisser aux différences reconnues leur espace d’expression et d’existence. L’accueil des différences, la promotion de la diversité : très bien. Mais à une condition : que soient respectées ces deux notions fondamentales de la Réalité qui lui sont concomitantes : l’unité et l’identité. Sinon, la défense totalitaire des différences nous entraîne vers l’uniformité, paradoxalement au nom de la lutte contre l’uniformel par la vénération poétique de différences abstraites. Nous ne reconnaissons rien et n’unissons rien si nous ne dissocions pas. Par l’emploi du terme flou d’« égalité » (mot absolutisé par les militants homosexuels qui nous parlent souvent d’« égalité totale », « absolue », « pleine »), on remarque une confusion récurrente et dangereuses entre la notion d’« égalité de droits » (légitime à demander, comme nous l’apprennent les Droits de l’Homme) et celle d’« égalité des identités » (illégitime puisque nous sommes chacun et chacune uniques, différents, et n’avons pas les mêmes besoins). C’est ce qui explique que Xavier Lacroix définisse à juste raison l’argument de l’égalité, devenu la marotte du militantisme homosexuel actuel, comme un « rouleau compresseur », un disque uniformisant et diabolisant la légitime hiérarchisation induite par nos préférences et nos distinctes réalités/besoins.

 
Mika Psycho
 

La quête effrénée d’originalité dans l’acte ou l’identité homosexuel(-le) est au fond une hétérophobie, dans le sens propre du terme « hétérophobie » (= phobie de l’altérité) : « Est-ce l’homophobie qui empêche les couples d’homosexuels de devenir des parents ‘à part entière’ ? N’y aurait-il pas plutôt dans nos sociétés une espèce d’hétérophobie, au sens de la haine de la différence ? » (Jean-Pierre Winter, Homoparenté (2010), p. 15) Je crois aussi qu’il y a au cœur de notre société gay friendly une véritable idolâtrie pour toutes les altérités (surtout les petites altérités narcissiques, qui ne sont pas fondatrices de l’Humanité, au détriment des grandes : l’altérité des sexes, des générations, des espaces, et divine), une folie pour l’hétérosexualité.

 

En général, les personnes homosexuelles qui chantent les bienfaits de la différence, qui se grisent de la marginalité « incorrecte » et « originale » que leur procurerait leur statut « d’ » homosexuels, finissent par avouer ce que l’on sait déjà depuis longtemps : qu’il n’y a pas de bonheur viable et durable dans la marginalité et l’isolement. « On est marginal, on est différent. Mais parfois, c’est pesant. On a envie d’appartenir à quelqu’un. » (la femme trans F to M dans le documentaire « Le Genre qui doute » (2011) de Julie Carlier)

 
 

d) La « différence » = le viol

Le sentiment de différence qu’expérimentent beaucoup de personnes homosexuelles peut provenir d’un viol réel, subi dans l’enfance ou plus tard à l’âge adulte, d’une mise à l’écart, d’un manque d’amour, d’un mépris social qui leur a donné la conviction d’être des moutons noirs, des parias. Il résonne comme un cri de ne pas avoir été reconnu comme unique… ou, ce qui revient au même, comme quelqu’un de trop différent ou de « pas assez différent ».

 

Le culte de la différence peut aller chez elles jusqu’à la schizophrénie : « Vers l’âge de neuf, dix ans, je me suis mis à organiser des émissions fictives de radio et de télévision. Je me prenais pour un animateur […]. Je me prêtais différentes personnalités pour composer mon personnage. Avec une constante : je portais un nom féminin et je parlais, grammaticalement, comme si j’étais une femme. » (Jean-Michel Dunand, Libre : De la honte à la lumière (2011), p. 28)

 

Parfois, il résulte tout bêtement d’un fantasme de viol. En réalité, certains sujets homosexuels n’aiment pas les différences de les avoir trop aimées, ou bien de s’être trompés sur leur compte, en s’imaginant naïvement qu’elles ne concernaient pas le Réel, ou qu’elles ne contrarieraient aucun de leurs petits désirs. Comme la réelle différence nous oblige toujours au renoncement, à l’écoute, au compromis, à l’ouverture coûteuse, au partage, elle est alors envisagée par eux comme une source de conflit, une terrible entorse à leur liberté, voire un viol. Ils la grossissent pour se faire plaindre, ou pour cacher qu’ils diabolisent leur propre homosexualité/différence. « J’aimais mieux me faire pointer du doigt comme drogué que comme gai. Les soirées de famille, les mariages, les sorties, tout ça me rappelait que je n’étais pas comme les autres. » (un témoin homosexuel dans l’essai Mort ou Fif (2001) de Michel Dorais, p. 74) L’homosexualité, je le crois, dit une véritable crise de la différence… crise qui se traduit socialement par une surenchère babélique des différences extérieures et subjectives (on met tout au pluriel, on parle d’une infinité de genreS), et par un déni des différences intérieures et objectives (offertes par le Réel et l’Amour).

 

L’acte homosexuel, qui est posé au nom du respect de la différence, signe pourtant concrètement « le déni de la différence la plus universelle et la plus lourde de conséquence : la différence des sexes, sous-tendant le déni de la différence entre la vie et la mort » (Jean-Pierre Winter, Homoparenté (2010), p. 135). C’est la raison pour laquelle le coming out et le « couple » homo, loin de libérer, enferment encore plus la personne dans la confusion identitaire et amoureuse : « Ce n’est pas facile de se considérer pas comme les autres. » (Brahim Naït-Balk dans le documentaire « Homo et alors ?!? » (2015) de Peter Gehardt)

 
JE SUIS DIFFÉRENT Copi 1

Planche "Miroir" de copi, dans la B.D. "Le Monde fantastique des Gays"

Planche « Miroir » de copi, dans la B.D. « Le Monde fantastique des Gays » (… où comment la recherche excessive de la « différence homosexuelle » se retourne en homophobie)

 
 

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Code n°139 – Patrons de l’audiovisuel

patrons

Patrons de l’audiovisuel

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Pédé-G

 

Laurent Ruquier

Laurent Ruquier


 

Le désir homosexuel a toujours été fortement intriqué avec les sphères du pouvoir audiovisuel : radio, télévision, journaux, photographie, cinéma, publicité. Étant un désir déréalisant, davantage fondé sur le fantasme d’être objet et le paraître que sur le Réel, cela peut se comprendre. Rien d’étonnant non plus que la majorité des personnages gays et lesbiens des fictions travaille dans le monde des arts, exerce des métiers de l’audiovisuel (publiciste, maquilleur, réalisateur, acteur, présentateur télé, etc.), et soit aux manettes des médias. Sans pour autant dire que le cliché est complètement applicable au monde réel, ni que « les gens du show-biz en sont tous ! » (car la soi-disant « mafia LGBT infiltrée dans le monde des images » n’est autre que la mafia hétéro-bisexuelle : les personnes homosexuelles sont instrumentalisées et minoritaires dans l’histoire), force est de constater que la communauté homosexuelle semble avoir pris d’assaut quelques hauts postes de l’audiovisuel, et que cette occupation est partiellement vérifiable à travers la propagande pro-amour-asexué qu’on nous sert en ce moment dans beaucoup d’émissions et dans la presse populaire.

 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Promotion ‘canapédé’ », « Bobo », « Milieu homosexuel infernal », « Artiste raté », « Homosexuels psychorigides », « Homosexualité, vérité télévisuelle ? », « Actrice-Traîtresse », « Reine », « Passion pour les catastrophes », « Photographe », « Bergère », « Maquillage », « Fan de feuilletons », « Télévore et Cinévore », « Musique comme instrument de torture », à la partie « Divin artiste » du code « Pygmalion », et à la partie « Grands Hommes » du code « Défense du tyran », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) Aux manettes du pouvoir médiatique :

PATRONS Doris Darling

Pièce Doris Darling de Ben Alton


 

Dans les fictions homo-érotiques, il n’est pas rare que certains personnages homosexuels travaillent dans les médias et occupent un poste important de direction/de création : cf. le film « Le Cas d’O » (2003) d’Olivier Ciappa, le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky, le film « La Mala Educación » (« La mauvaise éducation  », 2003) de Pedro Almodóvar, le film « J’en suis » (1997) de Claude Fournier, le film « Sugar Sweet » (2001) de Desiree Lim, le film « Grande École » (2003) de Robert Salis, le film « L’Homme qui venait d’ailleurs » (1976) de Nicolas Roeg, le film « Like It Is » (1998) de Paul Oremland (avec le producteur de disques), le film « People Jet Set 2 » (2003) de Fabien Ontoniente, le film « Oh ! My Three Guys » (1994) de Derek Chiu (avec les publicitaires), le roman Les Dix Gros Blancs (2005) d’Emmanuel Pierrat, le film « Le Goût des autres » (1999) d’Agnès Jaoui, le film « The Producers » (« Les Producteurs », 1968) de Mel Brooks (présentant le milieu artistico-médiatique comme rempli de folles tordues), le film « Play It As It Lays » (1972) de Frank Perry, le film « Billy’s Hollywood Screen Kiss » (1998) de Tommy O’Haver, la pièce Une Cigogne pour trois (2008) de Romuald Jankow (avec Paul, l’animateur radio), le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin (avec Nate), le film « The Box » (1975) de Paul Eddey, le film « Mamá Es Boba » (1997) de Santiago Lorenzo, le film « Behind The Red Door » (2002) de Matia Karrell (avec le publicitaire joué par Kiefer Sutherland), le film « Working Girls » (1986) de Lizzie Borden, le film « Woman On Top » (2000) de Fina Torres, le film « L’Anniversaire » (2005) de Diane Kurys, le one-man-show Comme son nom l’indique (2008) de Laurent Lafitte (avec Claude le publiciste), le film « Gay » (2004) de Tom Six, le film « El Grito En El Cielo » (1998) de Félix Sabroso et Dunia Ayaso, le film « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ! » (1982) de Coline Serreau, le film « Clean » (2003) d’Olivier Assayas, le film « My Loving Trouble 7 » (1999) de James Yuen, le film « Amos Gutman, Filmaker » (1997) de Ran Kotzer, le film « L’Immeuble Yacoubian » (2005) de Marwan Hamed, la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman (avec la réalisatrice Leni Riefenstahl), le film « Hammam » (1996) de Ferzan Ozpetek (avec Mehmet), la pièce À plein régime (2008) de François Rimbau (avec Luc travaillant dans le monde cinéma), le roman Gaieté parisienne (1996) de Benoît Duteurtre (avec Nicolas le directeur d’un journal), le film « Taxi Zum Klo » (1980) de Frank Ripploh (avec Bernd le directeur de cinéma), le film « Une Journée particulière » (1977) d’Ettore Scola (avec Gabriele le présentateur radio), le one-woman-show Paris j’adore ! (2010) de Charlotte des Georges (avec François-Pierre, le publiciste homo), le one-man-show Changez d’air (2011) de Philippe Mistral (avec Jean-Hugues, le journaliste homo), le film « Potiche » (2010) de François Ozon (avec Jérémy), le film « Devil Wears Prada » (« Le diable s’habille en Prada », 2006) de David Frankel, le film « Hunger Game, La Révolte : Partie 2 » (2015) de Francis Lawrence (avec le présentateur télé efféminé Caesar Flickmann), etc.

 

« Les People, ils sont tous devenus folles. » (cf. la chanson « Les People » de Marianne James) ; « J’avais des paillettes, du chauve-business. J’avais envie de ça. » (Zize, le travesti M to F du one-(wo)man-show Zize 100% Marseillaise (2012) de Thierry Wilson) ; « C’est quoi, la Rumeur n°1 dans le show-biz ? C’est l’homosexualité. » (Anthony Kavanagh dans le one-man-show Anthony Kavanagh fait son coming out, 2010) ; « Oh ! Mais laisse allumé, bébé. Y’a personne au contrôle. Et les dieux du radar sont tous ‘out’, et toussent et se touchent et se poussent, et se foutent et se broutent. » (cf. la chanson « Mathématiques souterraines » d’Hubert-Félix Thiéfaine) ; « Si on est gays, on attire les médias, et donc les producteurs. » (Dzav et Bonnard dans leur pièce Quand je serai grand, je serai intermittent, 2010) ; « À peine entrées dans le hall du théâtre, nous comprîmes que nous n’étions pas les seules à avoir reçu le message. Les ‘folles’ les plus élégantes de la ville avaient répondu à l’appel. […] Je sentais une certaine tension dans la salle. Je désignai à Sylvia les célébrités du monde artistique, généralement agglutinées en petits groupes et les mécènes de la grande industrie avec leur camarilla de chorégraphes, de décorateurs et de stylistes de mode, frangés d’une guirlande de mannequins au regard d’aveugle. » (Laura, la narratrice lesbienne du roman Deux femmes (1975), p. 91) ; « Cette connasse n’a pas capté que j’étais pédé comme Ruquier. » (Max, en aparté, la pièce 1h00 que de nous (2014) de Max et Mumu) ; « J’appelle Polly, elle me dit qu’elle est trop trop heureuse, qu’elles ont créé une boîte de production audiovisuelle, avec Claude, qu’elles l’ont appelé PoClauLesbo Production, ça la fait rire. » (Mike, le narrateur homosexuel parlant de son amie lesbienne Polly et de Claude la copine de celle-ci, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 59) ; « Oh la la… Y’a vraiment beaucoup de pédés là-bas ! » (Laurent Violet se référant au monde des médias, dans son one-man-show Faites-vous Violet, 2012) ; « J’pensais que c’était la fête à mon cul, dans le [monde du] spectacle ! » (Rodolphe Sand imitant une femme hétéro mère porteuse, dans le one-man-show Tout en finesse , 2014) ; « [Jean-Pierre] Foucault, il est pédé ! » (Arnaud Ducret dans son one-man-show Pareil… mais en mieux, 2010) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Keep The Lights On » (2012) d’Ira Sachs, Erik, le héros homosexuel, réalise des reportages destinés à la télé. Dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton, Doris, l’héroïne lesbienne, est directrice des programmes et animatrice d’un talk-show télé ; son grand jeu, c’est d’outer tous ses collègues présentateurs. Dans le film « Miss Congeniality » (« Miss Détective », 2001) de Donald Petrie, Vic, homosexuel, est le relookeur officiel – et le producteur officieux – du concours de Miss États-Unis ; et pendant la diffusion télé de ce programme national, deux membres de la prod, qui sont lesbiennes et travaillent derrière les caméras, en profitent pour faire leur coming out et s’insurger contre l’invisibilité lesbienne dans les mass médias. Dans la pièce Foot-ball (2008) de Christian Rullier, les journalistes sont associés spontanément aux personnes homosexuelles : « Y’en a qui font les pissotières… d’autres qui font les vestiaires… » dit le suspicieux entraîneur de foot. Dans la pièce Nous deux (2012) de Pascal Rocher et Sandra Colombo, Bernard, le héros homosexuel, est l’archétype du bobo parisien snob, travaillant à la télé (il est concepteur de jeux télévisés) et dans la mode ; lassé de sa carrière médiatique, il se recycle dans la direction artistique du camping de Saint Pierre-la-Bourg. Dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, Georges de la Ferrinière, le présentateur-télé, est homo… et il se trouve que son fils Éric l’est également ! Dans le film « L’Immeuble Yacoubian » (2006) de Marwan Hamed, Zaki, le personnage homo, est éditeur en chef d’un grand journal. Dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, Silberman est le chef du journal La Crítica. Dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens, Jeanfi, le steward homo, travaille comme assistant-télé de Stéphane Plaza, présentateur d’une émission sur M6 qu’il présente comme un « hétéro très homo ». Dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi, Julien, le héros bisexuel, est un célèbre présentateur télé : « Ça a commencé à marcher pour moi à la télé. » Dans le film « Entre amis » (2015) d’Olivier Baroux, Astrid, en pleine croisière, reçoit des coups de fil de son meilleur gay, qui travaille dans la publicité. Dans la biopic « Life » (2015) d’Anton Corbijn, le producteur Jack Warner menace James Dean de se tenir à carreau : « Si tu n’es pas un bon garçon, je te baiserai. » Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, Thérèse, l’héroïne lesbienne, travaille comme reporter au Times. Dans le film « Demain tout commence » (2016) d’Hugo Gélin, Bernie, homosexuel, est producteur de films d’action à Londres. Dans le film « La Folle Histoire de Max et Léon » (2016) de Jonathan Barré, Eugène, le publiciste de propagande pétainiste, est particulièrement efféminé.

 

En général, ces chefs de programme tentent d’influencer leur téléspectateurs et de leur imposer  leurs conceptions pulsionnelles et asexualisées de la sexualité : « Nous [Télé-Lune] allons séparer nos chers spectateurs en mâles, femâles et transexuâles. » (la speakerine du JT de Télé-Lune, dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi)

 
 

b) Des hommes qui commandent le monde de l’image mais pas leur propre vie :

Film "In & Out" de Frank Oz

Film « In & Out » de Frank Oz


 

Le problème de ces oligarques homosexuels des médias, c’est qu’ils vivent leur vie par procuration avec leur propre image, ou à travers leur empire télévisuel. Cela les précipite au mieux dans la schizophrénie et la dépression, au pire dans la mort : « Je ne suis pas un gentil mais un malade. C’est le show-biz ma maladie. » (Peter Malloy, présentateur télé et homosexuel, dans le film « In & Out » (1995) de Frank Oz) ; « Je ne savais pas que, en trois jours, je ferais le tour complet de tous ceux qui tirent les ficelles du monde gay. J’ai eu un véritable dégoût pour toute cette clique. » (Ashe, l’un des héros homos du roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 234) ; « Le problème, c’est qu’on n’a rien pour alimenter le compte Twitter… » (Jean-Jacques, le chef de la bande des Virilius, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis) ; etc.

 

Par exemple, la pièce En circuit fermé (1994) de Michel Tremblay dresse le portrait du monde impitoyable des médias, et de la lutte de pouvoir qui s’y joue ; certains personnages-requins, tels que Sonia, essaient de freiner l’ascension inéluctable du futur président de la télé, Nelligan Bougandrapeau, qui se révèle être homo : « Ce qu’il nous faut pour mener une chaîne de télé, c’est une bonne poigne. Pas un poignet cassé. »

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

 

a) Aux manettes du pouvoir médiatique ? :

Difficile de le nier : la visibilité homosexuelle, et les figures de proue de celle-ci, sont présentes et réelles dans l’espace médiatique mondial actuel. « Notre société est devenue tolérante à l’égard de l’homosexualité, au point que celle-ci est devenue un atout dans certains milieux, comme celui des médias, de la mode ou de la culture. » (Élizabeth Montfort, Le Genre démasqué (2011), p. 81) ; « Sous l’apparence constitutionnelle de la liberté d’expression, les clones ont conquis le pouvoir des médias et se sont attribué le pouvoir de contrôler les sources d’information. » (Philippe Guillaume, La République des clones, 1994) ; « Rupaul est une sorte de gourou, de Dalaï Lama pour la communauté homo. Mais il y a beaucoup d’hétéros qui regardent aussi. » (Rich Juzwiak, homosexuel, parlant de l’émission de télé-réalité transsexuelle aux USA Rupaul’s Drag Race, dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture », « Inside » (2014) de Maxime Donzel) ; etc.

 

14 juillet 2013 à Paris (soi-disant clin d'oeil à Desmond Tutu et à sa "Nation Arc-en-ciel")

14 juillet 2013 à Paris (soi-disant clin d’oeil à Desmond Tutu et à sa « Nation Arc-en-ciel« )


 

Par exemple, pendant le Jeu de la Vérité, on demande à la comédienne Alice Sapritch « pourquoi elle ne fréquente que des homos ». Elle répond : « Dans nos métiers, il y a beaucoup d’homosexuels. »

 


 

La forte intrication entre homosexualité et leadership audiovisuel ne date pas d’hier. « L’un des plus célèbres de ces bars, le Mikado, était fréquenté par des membres du gouvernement et des patrons à la recherche de mousses en goguette. » (Philippe Simonnot parlant d’un établissement allemand dans les années 1920-30, dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 30) Je vous renvoie à l’émission Zone interdite de Pascal Lebovici et d’Édouard Duchâtenet consacrée au marketing gay, et diffusée sur la chaîne M6 en 1998. Par exemple, dans les années 1970 en France, Lucien Jeunesse, était homosexuel et animateur du Jeu des 1000 francs sur France Inter. Dans son autobiographie Down There On A Visit (L’Ami de passage, 1962), Christopher Isherwood raconte comment il a travaillé dans le cinéma, à Hollywood (Californie) dans les années 1940. Dans ses mémoires (Palimpseste – Mémoires, 1995), Gore Vidal parle d’« Alla Nazimova, une actrice sombre et au pouvoir presque intolérable qui régnait sur le monde lesbien d’Hollywood, qui englobait, d’après mes sources fiables, la quasi-totalité des stars féminines ou des épouses des stars » (p. 436).

 

Yves Mourousi

Yves Mourousi


 

En France, un certain nombre de présentateurs de Journal Télévisé de grande audience ont été ou sont homosexuels : Bruno Masure, Yves Mourousi, Hervé Claude, etc. Côté animateurs populaires, on a aussi ce qu’il faut (et à présent, ils s’en cachent de moins en moins) : Marc-Olivier Fogiel, Laurent Petitguillaume, Éric Galliano, Laurent Ruquier, Stéphane Bern, Frédéric Mitterrand, Magloire, Pascal Sevran, Philippe Verdier, Dave, Christophe Beaugrand, Jean-Marc Morandini, Jean-Pierre Koffe, Xavier Bettel (actuel Premier ministre luxembourgeois, et ancien présentateur télé), peut-être Yann Barthès, etc. « Je suis hétéro et homo… hétéromo ! Les animateurs c’est comme les anges, ça n’a pas de sexe ! » (l’animateur homosexuel Olivier Minne, au micro de RMC en août 2014)

 

En arrière-boutique, dans les hauts postes de responsabilité médiatique, les patrons homosexuels se sont bien installés aussi. On retrouve des personnes homosexuelles en particulier dans les métiers du management de l’image : Pierre Bergé (ex-PDG de Yves Saint Laurent et de la revue Têtu), Bertrand Mosca (directeur des programmes de France 3 et directeur général de Netgem Medias Services), Jean-Paul Potard (PDG Société Jean-Paul Gaultier), Marc Tessier (PDG de France Télévision), Michel Guy (vice-président de la chaîne de télévision La Sept et vice-président du Festival d’Avignon), Jeffrey Schmalz (sous-directeur du New York Times en 1990), Guy Black (président de la Press Complaints Commission), Michael Bishop (PDG de British Midland), David Geffen (propriétaire de label de musique et co-fondateur de Dreamworks), Pascal Houzelot (président de Pink TV), Jean-Paul Cluzel (président de Radio France), Jean-Jacques Aillagon (PDG de TV5, conseiller du groupe Artemis), Donald Potard (PDG des maisons Ungaro Europe et Castelbajac), etc.

 

Certains sont même devenus ministres de la culture : Jean-Jacques Aillagon, Jack Lang, Frédéric Mitterrand…

 

Ce n’est pas une tendance spécifiquement française. Rien que dans le monde hispanophone (Espagne et Amérique Latine prioritairement), plein de présentateurs et de directeurs de chaîne de la télé/revue sont homos : Jesús Vázquez (sur Telecinco), Jorge Javier Vázquez (créateur du « néo-réalisme télévisuel »), Boris Izaguirre (présentateur), Alfonso Llopart (réalisateur de Shangay Express), Miguel Ángel López (directeur de la revue homo Zero), Jordi González (présentateur). Idem en Angleterre et aux États-Unis : Kristian Digby (sur BBC Choice), Graham Norton (sur Channel 4), Paul O’Grady (sur Channel 4), Brendan Courtney, Antony Cotton (sur ITV1), Ellen DeGeneres (possédant une émission à son nom), Stephen Fry, Claire Balding (présentatrice des sports), Gok Wan (le flamboyant animateur), Jane Hill (sur la BBC), Sue Perkins (sur la télé britannique), Anderson Cooper (présentateur-vedette de CCN), Mary Portas, Craig Revel Horwood (l’un des jurés du Danse avec les stars de la BBC), Eileen Gallagher (productrice), Sir Cameron Mackintosh (producteur), Alice Arnold (présentatrice sur BBC), Pratibha Parmar (réalisatrice), Jane Czyzselska (éditrice du magazine lesbien DIVA), Steve Blame (sur MTV), Tim Cook (PDG d’Apple), etc.










 

Les animateurs batifolent même parfois ensemble. Et si ça ne s’est pas encore fait, ils prétextent que c’est « parce que ce n’était pas le bon moment » ou « par incompatibilité d’agenda » : « J’ai toujours trouvé Steevy plutôt mignon. Je crois qu’au moment où lui aurait été plutôt enclin à le faire, je n’étais pas disponible, parce que je vivais en couple et que j’étais fidèle. Puis quand j’ai été libre, ça faisait plusieurs années qu’on travaillait ensemble, et lui ne se voyait pas coucher avec son patron. […] On nous a tellement fait chier avec ça, l’un et l’autre, que c’est devenu risible. […] On a le projet de monter un jour ensemble sur scène et de faire un spectacle qui s’appellerait ‘Ils vont enfin coucher ensemble ! Comprenez que le seul obstacle a été… cette incompatibilité d’agenda. » (Laurent Ruquier parlant de Steevy, son petit protégé, dans l’interview suivante)

 

Le fait d’être aux commandes des médias permet à certaines personnes homosexuelles de ressentir l’orgueil du sophiste, du tribun de la Plèbe, du Pygmalion : « Plus qu’ailleurs, chez les homos, […] l’homosexualité peut devenir une fierté, une sorte de coterie d’élus à qui appartiennent les arcanes de la belle vie. Les relations sont faciles, et on fait des rencontres, parfois de personnes importantes qu’on n’aurait jamais connues ailleurs. Et on voyage, on court le monde et les fêtes, on ressent un certain orgueil à savoir vivre mieux que les autres, à être à l’avant-garde de tout, d’un milieu qui a tant de créateurs, à être en quelque sorte le fer de lance de la civilisation. » (Sébastien, Ne deviens pas gay, tu finiras triste (1998), p. 35) ; « La nature féminine se transforme sous le crayon des créateurs de mode. […]  Ils entraînent l’humanité consentante vers des corps de femmes sans seins ni fesses, sans rondeur ni douceur, des corps de mec, longs et secs. Ce sont leurs fantasmes que les créateurs de mode imposent à l’humanité, leurs fantasmes d’homosexuels (puisque l’énorme majorité d’entre eux le sont), qui rêvent davantage sur le corps d’un garçon que sur celui d’une femme. […]  Aujourd’hui, les jeunes filles, toujours au bord de l’anorexie, se fabriquent un corps de garçonnet pour plaire à des créateurs homosexuels qui n’aiment pas les femmes, qui les considèrent comme de simples ‘portemanteaux’, et les terrorisent pour quelques grammes de trop. » (Éric Zemmour, Le Premier Sexe (2006), pp. 19-20) ; etc.

 

Cela dit, il ne faut pas croire que les personnes homosexuelles dirigent le Monde, ni même le monde médiatique. Ça, c’est une illusion d’optique dans laquelle beaucoup d’intellectuels (par ailleurs très sérieux), d’hommes politiques un peu paranos, tombent en ce moment, parce qu’ils essaient de comprendre la popularité et la démocratisation fulgurante de la thématique homosexuelle sur nos petits écrans : « Forts de l’efficacité et de l’audience que leur assurent la complaisance des médias, la complicité de personnalités influentes, le soutien de leaders et de partis politiques, notamment de gauche, une minorité de marginaux homosexuels et toxicomanes, remarquablement organisés, ont lancé une puissante campagne pour faire passer dans le droit non écrit, sous la pression, la légalisation objective de leurs perversions et de leurs déviances. » (Ernest Chénière, le député RPR, dans le journal Le Monde du 14 décembre 1993) ; « L’émission du Sidaction a été une mystification de première grandeur, une escroquerie nationale dont l’objectif réel était de conférer officiellement aux comportements contre nature un statut de normalité. Puissance des ‘copinages’ médiatiques au service d’une certaine pornographie, puissance du lobby homosexuel, volonté de celui-ci de se dédouaner de toute responsabilité dans l’extension de la pandémie. » (Thomas Montfort, Sida le vaccin de la vérité (1995), p. 51-52) ; « Le lobby gay et lesbien, est très actif dans les médias et dans les lieux de pouvoir, comme les partis politiques. » (Élizabeth Montfort, Le Genre démasqué (2011), p. 30) ; etc. Ce n’est pas parce qu’une minorité des personnes homosexuelles – minorité elle-même instrumentalisée par un lobby hétéro-bisexuel beaucoup plus invisible et puissant qu’elle, qui s’en sert de chair à canon démagogique et de rideau à fleurs rose pour occulter son propre despotisme – se retrouve à des postes décisionnels de large visibilité et d’influence indéniable, que la plupart des personnes homosexuelles conspirerait pour être les maîtres de la télé, et qu’elles y parviendraient concrètement. Les véritables magnats de l’appareil médiatique mondial sont des êtres humains hétéro-bisexuels, gay friendly en intentions et homophobes dans les faits car ils veulent neutraliser l’homosexualité au profit de la suprématie de leur idéologie bisexuelle-asexuée-angéliste. « Le publicitaire n’est pas un prophète ; c’est le bras armé de l’idéologie dominante. Sous des airs ludiques, il est un officier supérieur du capitalisme. » (Éric Zemmour, Le Premier Sexe (2006), p. 26)

 
 

b) Des hommes qui commandent le monde de l’image mais pas leur propre vie :

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Il n’est pas étonnant que beaucoup de personnes homosexuelles investissent davantage l’univers de l’audiovisuel que celui de la Réalité. À travers les objets et les images, elles fuient un mal-être existentiel et parfois amoureux, et pensent résoudre l’effondrement narcissique de leur personnalité. Celles qui ne font pas partie des milieux médiatiques de l’empowerment néo-libéral à proprement parler s’arrangent pour se laisser happer par les images d’une autre manière, à travers leurs loisirs et leurs passions (la bande dessinée, les jeux vidéo, la photo, la musique, la poésie, la peinture, la mode, Internet, le cinéma, etc.).

 

Tim Cook, PDG d'Apple, fait son coming out en octobre 2014 : "Je suis fier d'être gay." (Eh ben ça se voit...)

Tim Cook, PDG d’Apple, fait son coming out en octobre 2014 : « Je suis fier d’être gay. » (Eh ben ça se voit…)


 

Et pour ce qui est de la réalité du patronat LGBT dans les médias, elle n’est pas toute rose. « Les producteurs me disaient : ‘C’est vachement bien, mais il faut ajouter vingt-cinq rires’ ou bien : ‘T’es pédé, il faut faire des blagues sur les pédés, c’est rigolo !’ Ils voulaient me faire jouer au Point-Virgule. On ne me parlait pas du tout de mise en scène ou de théâtre, on me parlait d’efficacité. » (Vincent Dedienne, profession comédien gay pute-du-système, dans Les Inrockuptibles… très corruptibles, justement, jeudi 12 novembre 2015) Les quelques présentateurs télé qui ont fait le coming out se sentent piégés par leur image de « gays » et leur propre entourage professionnel (et pour cause : « l’homosexuel » n’existe pas, c’est une caricature : personne ne se définit par sa tendance sexuelle, et c’est inhumain et irrespectueux de croire le contraire), même s’ils ne se donnent pas le droit de s’en plaindre car ils sont complètement complices de la construction de cette réputation. Ils se retrouvent parfois dans des situations honteuses irréversibles (je pense par exemple au présentateur Marc-Olivier Fogiel qui en est déjà à deux enfants mexicains achetées et obtenues par GPA ; ou encore au présentateur québécois Joël Legendre, dans la même panade avec son compagnon et « leur » fils), et ils ont tout intérêt à assumer le mensonge pour qu’il ne leur retombe pas dessus.

 


 

Au fond, les patrons homos de l’audiovisuel vivent le drame narcissique de la perte de leur liberté, et du déni de cette perte, pour sauver la face : « Je suis journaliste et animateur d’une émission de télévision en activité sur une chaîne. […] Mon métier n’est qu’image, je l’ai choisi ou il m’a choisi, je ne sais plus trop. » (Gaël-Laurent Tilium, Recto/Verso (2007), p. 11)

 
 

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