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La Nuit des Musées à Paris, et autres événements récents : ça y est, les démons sont lâchés

La période est propice à toutes les craintes (… mais aussi à l’Espérance puisque Jésus va bientôt se montrer à tous) tant les manifestations démoniaques, les rituels satanistes, l’occultisme, ont pignon sur rue, débarquent à la télé, et sont plébiscités par une large part de la population désormais.
 

Pour éviter les procès en exagération ou en complotisme paranoïaque, je vais prendre 6 événements récents, qui montrent l’ampleur de l’infiltration de la Franc-Maçonnerie et des démons dans nos structures politiques, culturelles, artistiques, et même ecclésiales : le mariage de Meghan et Harry, la diffusion du téléfilm en 3 parties Au-delà des murs sur ARTE, et mes visites dans 4 musées parisiens (le Musée Grévin, le Quai Branly, le Musée de la Franc-Maçonnerie, et enfin la Fondation Louis Vuitton), Je vous encourage bien sûr à compléter ce descriptif par la lecture ou l’écoute de mon livre Homo-Bobo-Apo et d’autres articles.
 

1) Le mariage de Meghan et du mari de Meghan (Harry) :


 

C’était le samedi 19 mai 2018. Meghan Markle a refusé d’obéir à son mari le prince Harry… et le monde a applaudi cet affront comme un merveilleux sacre, un beau serment.
 

 

Notre époque associe de plus en plus l’obéissance à la soumission. Et à tort. Ou alors à tort quand le mot « soumission » est lui-même connoté négativement comme une destruction ou un rapport de force dominant-dominé. La preuve : Meghan Markle refuse d’« obéir » à son mari. Elle se contente de répondre « I will », en contournant la formule requise. Et ça fait sourire tout le monde, tout en se donnant des airs de défi, de conquête, de militance féministe, de pied-de-nez aux conventions « patriarcales », de modernité et d’émancipation. Alors qu’il n’y a pas, pour une femme, de réelle liberté sans soumission, sans consentement à appartenir, sans obéissance (à Dieu, à travers notamment son mari). Avec Meghan, nous avons affaire à une sorte de Princesse Disney, rebelle, effrontée, faussement impertinente, presqu’à une louve déguisée en brebis.
 

2) Le téléfilm Au-delà des murs (2016) de Marc Herpoux :

La Bête ne se cache plus…


 

Jeudi 17 mai 2018 a été rediffusé un téléfilm du genre « fantastique », sur la chaîne ARTE. Tous les ingrédients des rituels satanistes s’y trouvaient (la maison labyrinthique habitée par « les autres », les personnages masqués et cornus, les oiseaux morts, les tatouages 666, les morts vivants, les portes rouges, le détournement de la Bible, les revenants dans les placards, les colonnes noires, la Veuve, les fillettes vierges, le Minotaure, les bougies, la tête de la Bête sur la tapisserie du mur, etc.) sans être dénoncés (évidemment !) puisque ces abysses infernales où se retrouvent les âmes des mortels avec les âmes des défunts du passé (un soldat de la Première Guerre mondiale, Julien) sont présentées comme le lieu de prédilection de l’expérience de l’Amour véritable : Julien et Lisa – femme du présent – vont connaître ensemble leur unique amour existentiel en enfer. « Je veux que tu restes ici avec moi jusqu’à la Fin des Temps » déclare à la fin de cette mini-série Sophie, la jeune sœur de Lisa, que cette dernière n’a pas été capable de sauver de la noyade narcissique mise en scène par les réalisateurs bobos d’ARTE, fascinés par la mort et la damnation. Oui : ces téléfilms sont bien des signes démoniaques inconscients de Fin des Temps.
 

 

 

 

3) Musée Grévin :


 

Je me suis rendu récemment au fameux Musée Grévin de Paris, situé sur les Grands Boulevards. À la base, c’était uniquement pour me faire estampiller avec la statue de Mimie Mathy (pour la couverture de mon prochain livre sur Joséphine Ange gardien). Eh puis finalement, ça a fini en mitraillage photographique de tous les indices de Franc-Maçonnerie et d’anticatholicisme observables dans ce musée : promotion ouverte de la magie noire, du chamanisme (avec le « Palais des Mirages », de forme circulaire, avec des mises en scène et des éclairages mettant en relief le spiritisme animiste vaudou), de la médiumnité (Nostradamus trône en bonne place), reprise des codes maçonniques traditionnels (la « Salle des Colonnes » avec le fameux pavé mosaïque, les enluminures, les dorures et les jeux lumineux partout, les loges de toutes sortes, etc.), cultes des libertaires (par exemple, Jean de la Fontaine ou Victor Hugo sont célébrés comme des grands défenseurs de la « Liberté » ; la Déclaration des Droits de l’Homme et l’abolition de l’esclavage sont placés au centre de la visite du musée), vénération non-voilée des Lumières et des Illuminati (les écriteaux placés à côté des statues de Voltaire et de Diderot nous indiquent que « c’est dans les salons littéraires du XVIIIe siècle que l’on rencontre les plus beaux noms de la pensée française. »). Et comme par hasard, qui sont les seuls à s’en prendre plein la gueule ? Les catholiques ! Le roi saint Louis n’est plus appelé « saint » et est dépeint ironiquement comme un faux humble et un ignoble monarque idéalisé par les obscurantistes chrétiens : « La légende le montre administrant la justice sous un chêne à Vincennes. Incarnant la modération, la droiture et la paix, il a l’image du souverain ‘idéal’. Économe jusqu’à la privation, il dépensa pourtant des fortunes en reliques et en vaines croisades (il succombera d’ailleurs lors du siège de Tunis). D’une piété fervente, il mena une vie d’ascète mais se montra intraitable envers les ennemis de la religion : joueurs, duellistes, prostituées… »). Jeanne d’Arc, quant à elle, perd aussi son titre de « sainte ». Il est même indiqué que c’est le méchant « évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui a présidé son procès ». Des tableaux sinistres du Moyen-Âge sont représentés à Grévin (salles de tortures peu éclairées), comme si cette période n’avait été qu’obscurantisme et persécutions orchestrées par l’Église. Bien sûr, personne ne sera étonné de voir la diabolisation de l’Inquisition, présentée comme une Gestapo à la sauce médiévale : « Du XIIIe au XIVe siècle en France, l’Inquisition, institution judiciaire ecclésiastique, pourchasse les hérétiques et veut les contraindre à abjurer leur foi. Les inquisiteurs, des religieux impitoyables, ne reculent devant rien : emprisonnement, privation de nourriture, tortures… tous les moyens sont bons pour faire avouer les suspects. » Aux antipodes de ce qu’était la véritable inquisition, un tribunal créé pour que le peuple se soit pas livré à une auto-tyrannie sans loi et ait accès à une procédure légale de jugement en cas de délits. Le Musée Grévin, en gros, c’est le laboratoire alchimique des créateurs francs-maçons de Frankensteins post-modernes. J’attends avec impatience l’arrivée des chimères et les cyborgs.
 

 

 

 

 

 

4) Expo Enfers et Fantômes d’Asie au Musée du Quai Branly :


 

Pour débuter mon circuit de visites de la Nuit des Musées le 19 mai 2018 (j’en avais prévu 3 : le Quai Branly, la Franc-Maçonnerie et la Fondation Vuitton), je me suis rendu dès 18h à l’exposition sur la monstruosité et l’enfer vu par les Asiatiques. Plusieurs choses m’ont sidéré : d’abord, la totale absence de représentativité de la vision de l’enfer adoptée par les grandes religions monothéistes en Asie (or, c’est un continent qui, face à la vacuité du bouddhisme et des cultes sataniques animistes, connaît une énorme vague de conversions à l’Islam et au catholicisme, justement : le parti pris de cette expo était donc implicitement anticlérical et antichristique) ; ensuite, la totale décomplexion de ce musée à promouvoir ouvertement des pratiques diaboliques auprès du grand public (on nous explique – je cite – « Comment devenir un monstre ? », de quelle manière rentrer en lien avec les défunts et les entités démoniaques, on nous montre des amulettes, des poupées ligotées, les accessoires d’emprise démoniaque… et tout ça, sous l’excuse du « culturel », du ludique, du zen, du folklorique, du rigolo, du plaisir de se faire peur, etc.) ; enfin, l’affluence massive de visiteurs à cet événement (la queue d’attente pour rentrer n’en finissait pas). Ce succès, cet engouement pour la laideur et le mal folklorisé, cet attrait général pour les enfers et l’au-delà vidé du Christ, montrent combien nos contemporains sont complètement naïfs et paumés dans leur spiritualité, et qu’ils sont prêts à vivre des rituels satanistes et des expériences paranormales puisque la sorcellerie a désormais pignon sur rue.
 

 

 

 

 

 

 

5) Musée de la Franc-Maçonnerie au Grand Orient de France :


 

J’ai poursuivi ma Nuit des Musées avec une visite qui me tenait à cœur : le Musée de la Franc-Maçonnerie, rue Cadet à Paris. J’ai encore appris beaucoup de choses sur le mode de pensée des francs-maçons. Déjà, la visite guidée a commencé fort : notre sympathique conférencière a arrêté mon petit groupe de 30 personnes devant l’écriteau d’une phrase attribuée à Antoine de saint Exupéry : « Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu m’enrichis. », et m’a fait un plaisir immense puisqu’elle a démarré en disant clairement ce que je me tue à expliquer dans tous mes écrits, et notamment dans mon livre Homo-Bobo-Apo, sur la Franc-Maçonnerie : que la Franc-Maçonnerie repose sur l’hétérosexualité, c’est-à-dire sur un culte de l’altérité absolue, une idolâtrie pour les différences en elles-mêmes (au détriment de la différence des sexes couronnée par le mariage religieux et de la différence Créateur-créatures à savoir Jésus et l’Église Catholique). En effet, la conférencière a déclaré (et je l’ai enregistrée sur mon téléphone portable) : « C’est un peu un de nos fondamentaux en Franc-Maçonnerie : nous allons à la recherche de la Différence de l’Autre/l’autre. » CQFD. « La différence de l’autre est essentielle. » a-t-elle insisté un peu plus tard. À noter que « l’Autre », dans la Bible, est un des noms du diable. Cette passion des francs-maçons pour l’hétérosexualité, la diversité, la différence, cache donc un culte satanique.
 

Par ailleurs, plusieurs réflexions et découvertes me sont venues pendant la visite. J’ai relevé diverses réalités de la Franc-Maçonnerie : notamment la contradiction dans le discours franc-maçon entre les intentions et les actes (la conférencière nous a soutenu mordicus que l’infiltration de la Franc-Maçonnerie dans les médias et les partis politiques était un mythe complotiste – « On ne discute pas de politique en loge. »… alors que dans les couloirs du GODF étaient placardées les affiches de la prochaine « Tenue blanche » privée de la ministre Marlène Schiappa programmée le 2 juin prochain) ; le déni de la structure hiérarchique pyramidale (Pour les francs-maçons, leurs 33 grades ou degrés n’existent pas, la distinction entre maîtres/compagnons/apprentis n’est pas verticale et n’est qu’une affaire d’approches et d’« expériences différentes ») ; l’antifascisme fasciste (Les francs-maçons sont antifascistes et sont persuadés, comme l’a affirmé ma conférencière, que « les fascistes veulent casser du maçon »… sans réaliser qu’eux-mêmes sont fascistes, même dans le sens historique et intentionnel du mouvement : ils défendent les faisceaux de lumière, les processus et les marches, les confréries libertaires, à l’instar des fascismes historiques. D’ailleurs, dans un des temples que nous avons visités, j’ai même vu plein de faisceaux de licteurs, sachant que les licteurs romains étaient des Hommes dits « libres ») ; l’anticléricalisme franc-maçon, qui passe par l’auto-victimisation (les maçons soutiennent que c’est l’Église Catholique qui seule leur en veut, alors qu’eux pensent la « respecter » : notre conférencière nous a soutenu que « les francs-maçons n’étaient pas des bouffeurs de curés » et que « la seule religion qui est contre eux, c’était l’Église Catholique. Les autres religions, non. ») ; l’intérêt des francs-maçons pour les thématiques de la Nouvelle Religion énergétique mondiales (le boboïsme – une soirée « Jazz et maçonnerie » va avoir lieu prochainement – ; les pierres vivantes – « Chacun d’entre nous est une pierre brute, pour construire cette Humanité meilleure et éclairée. » nous a sorti la conférencière ; le dithéisme – « J’ai mes côtés noirs et mes côtés blancs… comme en loge… et j’essaie de m’améliorer. » a déclaré la conférencière en se référant au Pavé Mosaïque ; le culte des sens – dans un des temples que mon groupe a visité, j’ai vu dans un des frontons un triangle de verre où était inscrit le mot « les Sens » – ; le handicap – une soirée « Société civile et Handicap » consacrée justement au handicap aura bientôt lieu le 31 mai 2018 – ; l’écologie – un colloque public au CNAM sur « Transition énergétique et Humanisme » se déroulera le 9 juin prochain – ; le revenu universel – notre conférencière nous a dit qu’un groupe de travail de sa loge planchait en ce moment sur la création du « Revenu Universel Inconditionnel » – ; le féminisme – notre conférencière, à diverse reprise, n’a pas caché son militantisme féministe… ainsi que sa passion pour les chats ! – ; l’égalité hommes-femmes ; le transhumanisme, etc. Notre conférencière nous a d’ailleurs avoué qu’elle était en faveur de l’euthanasie et qu’elle faisait partie du collectif Mourir dans la dignité…) ; l’intellectualisme élitiste et la déconnexion avec le Réel chez les francs-maçons (par exemple, j’ai appris qu’au Grand Orient, qui est l’obédience la plus importante numériquement en France, et qui se targue de favoriser le brassage socio-professionnel et le non-classement des personnes sur la base de leur salaire ou de leur métier… en réalité, il y a très peu d’ouvriers, et la moyenne d’âge est de 59 ans, donc très élevée).
 

Ce qui me marque dans la Franc-Maçonnerie, c’est également la dépersonnalisation des membres des loges : ils ont beaucoup de mal à dire « je » ou à parler en leur propre nom dès qu’il s’agit d’aborder les questions intimes et collectives (sexualité, religion, politique, opinions personnelles, etc.) ; entre eux, ils ne se demandent pas quel métier ils font, ni leur nom entier, mais uniquement à quelle loge ils appartiennent. Le processus d’identification s’arrête là. Et ils font passer cette destruction ou cet effacement de l’identité pour une procédure ou un protocole associatif « égalitaire » et « fraternel ». Preuve de ce lavage de cerveau, de ce déni de la personne, de cette dépersonnalisation, en Franc-Maçonnerie : les organisateurs qui nous accueillaient et assuraient les visites de La Nuit des Musées ne portaient pas de badge nominatif. Ils étaient réduits à leur fonction : « Accueil », « Conférencier », « Sécurité » (d’ailleurs, dans le staff de surveillance, il n’y avait que des Noirs : pour un mouvement anti-colonialiste et anti-racisme comme la Franc-Maçonnerie, ça fait plutôt sourire…). Ils diront que c’est par manque de moyens, ou pour l’aspect pratique, qu’ils n’affichent pas leur nom et prénom sur leur badge… mais en réalité, ça dit plus profondément une négation de la personne au sein des obédiences maçonniques.
 

Enfin, une chose m’a frappé en visitant les locaux du Grand Orient de France : c’est la manière dont les francs-maçons arrivent à convaincre leur auditoire du bien fondé de leur œuvre/association (même s’ils prétendent « ne vouloir convaincre personne » et « ne pas faire de zèle »). Ils arrivent à rallier à leur cause en particulier les jeunes (il y avait ce soir-là beaucoup de trentenaires, de geeks, et même des familles avec des jeunes enfants), les personnes homosexuelles, (j’ai vu plusieurs « couples » gays parmi les visiteurs), et – plus surprenant – les catholiques (soixante-huitards comme tradis). Dans mon groupe, je me suis effectivement retrouvé nez à nez avec un couple (homme-femme) de paroissiens de l’église saint-Éloi à Paris, très séduit par la Franc-Maçonnerie, qui m’a reconnu, et qui m’a dit qu’il était en faveur du « mariage gay » (preuve que la porte d’entrée dans la Franc-Maçonnerie est bien l’hétérosexualité, au sens bisexuel et gay friendly du terme, et non l’initiation officielle). La moisson des âmes, dans ce genre d’événements, est donc abondante ! Les francs-maçons ne se gênent pas, et séduisent à fond !
 

 

La corniche triangulaire avec « les sens »…


 

 

 

6) Fondation Vuitton :

J’ai fini mon « marathon de musées » avec la Fondation Louis Vuitton, en plein cœur du Bois de Boulogne, car elle fermait à 1h du matin (plus tard que les autres). Il y avait une file d’attente monstrueuse, et un certain nombre de personnes homos dans le public de visiteurs, dont un « couple » tendrement enlacé et complice juste devant moi. Bref, c’était Boboland (je me serais cru à Lyon). Pour ce qui est de la visite en elle-même, pas grand-chose à en dire, si ce n’est que c’était très planant, très New Age, très Nouvelle Religion mondiale, très franc-mac : les œuvres exposées (dont certaines me faisaient penser aux parodies de la vacuité de l’art contemporain par les Inconnus) avaient pour thème « le Vivant », l’énergie, l’or, la lumière (et ses dérivés : il était question de luminescences, d’« irradiances »), l’écologie, les migrants, l’architecture, l’animisme et l’animalisme, etc. Yves Klein a par exemple signé une toile qui représente exactement la Bête de l’Apocalypse. La Fondation Louis Vuitton : un beau miroir américanisé de la Fin des Temps.
 

L’Oiseau bestial de Klein


 

Plénitude amnésique…


 

L’or dans la main


 

 

 

C’est ton avis !

C’est ton avis !

 

 

La mauvaise foi s’habille toujours du déni ou du mensonge, mais elle prend parfois le masque du « respect », de la « tolérance », de la subjectivité, pour ne pas s’avouer à elle-même sa violence. Lors d’une discussion par exemple, en disant à notre interlocuteur que « son avis reste son avis », pour en réalité ne pas prendre en compte celui-ci, on sous-entend deux choses totalement contradictoires (à l’image du fossé que nous établissons parfois, à l’insu de notre sincérité, entre nos bonnes intentions et nos actes) : d’une part que son avis serait « génial » du simple fait qu’il serait sien  (ben oui… de fait, un avis, c’est avant tout personnel, même s’il peut être partagé) et en même temps que son avis est « nul » (étant donné qu’il est personnel, on estime qu’il ne pourra jamais être le nôtre, voire que notre interlocuteur nous « l’impose » en vrai dictateur). Autrement dit, on reste campés sur nos positions, tout en étant persuadés de faire preuve d’une exceptionnelle ouverture parce qu’on redit une évidence qu’on trouve belle (« Chacun a le droit d’avoir son propre avis »), alors que, si on réfléchit bien, la sacralisation de « l’Avis », du « Point de Vue », de la Reine « Opinion », de la Subjectivité, c’est de l’indifférence en boîte, de l’individualisme, du pur déni, un refus du dialogue et de la recherche de Vérité ensemble. L’avis ne peut devenir sacré que s’il est partagé, posé fermement et avec nuances, que s’il se met concrètement au service d’un Universel mouvant et non d’une pluralité poétique abstraite ou de la conscience individuelle.

 

J’en ai connu quelques-unes, des personnes qui faisaient à de rares occasions preuve de mauvaise foi, et qui tentaient, sous couvert de la subjectivité, d’imposer silencieusement leur propre avis inconsistant, de chasser la recherche d’objectivité, de clôturer et de condamner proprement les débats pertinents qui avaient été lancés par un désarçonnant et discret « C’est ton avis, je le respecte » qui résonne comme un « C’est ton avis ; c’est pas le mien : Cause toujours, tu m’intéresses… », en vous faisant en plus passer pour le rigide de service, pour le méchant sbire contestataire que vous n’êtes pas, pour la simple raison que vous résistez au bout de scotch qu’elles cherchent à vous mettre sur la bouche et qui s’appelle « Vérité individuelle » (ou plus concrètement « vérité individualiste »). Sur le coup, quand elles nous sortent ce que mon père appelle « una excusa de mal pagador » (je suis bien embêté pour pouvoir traduire cette si belle expression espagnole… donc je la laisse telle quelle), on se sent tout cons, on ne sait pas quoi répondre à tant de couardise : elles nous ont soutenu qu’on aurait beau dire tout ce qu’on veut, argumenter avec énergie et poids nos idées, le débat tournerait en rond et que ça ne servirait à rien de continuer le dialogue puisqu’on serait naturellement « bornés » et qu’on chercherait à tout prix à les « convaincre » (peut-être que sur ce seul point, elles n’ont pas totalement tort : nous essayons simplement de les convaincre que nous ne sommes pas aussi facilement convaincus par leur démagogie…) ; et, comble du comble, par leur indifférence notoire, elles ont quand même l’impression de partir en Bons Princes de la Tolérance et du Respect. « Je trouve ça génial, ce que tu dis. J’ai pas écouté… mais vraiment, du fond du cœur, c’était très intéressant. On vous rappellera. » (sourire dents blanches).

 


 

Ce « T’as gueule. On vous invitera. », je l’ai entendu pas plus tard qu’hier soir. C’était à la radio, le lundi 13 septembre 2010. L’émission « Homo Micro », sur Radio Paris Plurielle, accueillait en grandes pompes Harry, l’animateur de l’émission estivale de France Inter « Je t’aime pareil », la première grille de programme généraliste traitant ouvertement d’homosexualité sur une radio non communautariste et grand public, animée en plus par deux journalistes présentées comme « hétérosexuels », Harry Éliézer et Marjolaine Koch. J’ai délaissé, pour cette édition spéciale d’« Homo Micro », ma chronique symbolique « Sex Symboles » habituelle, afin de préparer 8 minutes d’intervention. Je suis passé à l’antenne un quart d’heure avant la fin (et pour ceux qui veulent ré-entendre l’émission, elle est podcastée soit sur www.brahimnaitbalk.fr – c’est le podcast n° 166 –, soit sur le site de l’Araignée du Désert à la rubrique « audios/vidéos »).

 

Que s’est-il passé, en résumé, à l’occasion de cette visite radiophonique d’Harry ? C’est assez simple. Pendant toute l’heure d’« Homo Micro », on a applaudi non pas l’émission « Je t’aime pareil » en elle-même mais le concept de l’émission ; on n’a pas abordé son contenu (et pour cause : il était très léger et critiquable) mais uniquement sa forme ; on a félicité la démarche de France Inter(peu importe qu’ils aient bien parlé ou mal parlé « des » homos : ils en a parlés, c’est tout ce qui compte !) au détriment des actes et des paroles ; on a décerné la statuette du Mérite à Harry sans comprendre qu’elle n’était pas si méritée. Et le seul « grand méchant loup » qui a osé nuancer l’euphorie collective et poser un regard un tant soit peu critique sur son émission, c’est moi… (Huée du public)

 

Mes amis chroniqueurs ont présenté d’avance ma prise de parole comme une volonté délibérée de détruire, comme une provocation qu’elle n’était pas (on peut être bien plus aimant en s’opposant qu’en applaudissant ce qui ne mérite pas les applaudissements). Certes, j’ai donné mon point de vue, mais j’ai fait bien plus que cela : je l’ai argumenté de manière – je crois – pertinente, tout en lui laissant la possibilité d’être discuté par la suite (perche qui n’a pas été saisie… et c’est cette attitude de refus du dialogue que j’accuse à présent dans cet article). Je me suis appuyé concrètement sur les émissions « Je t’aime pareil » que j’avais toutes épluchées attentivement auparavant. Pour seule réponse à ma critique, Harry m’a dit à l’antenne que je n’avais pas dû bien écouté l’émission, trop prisonnier que je devais être de mes aprioris et de mes préjugés (jugement hâtif amusant, surtout quand on sait qu’au moment où j’ai eu accès aux podcasts de « Je t’aime pareil », je les ai suivis pour mon plaisir, et sans même savoir que j’allais en faire la critique un jour à la radio…). Quand il m’a sorti ce mensonge, je pense qu’il voulait en réalité que je ne me penche que sur ses bonnes intentions ; pas son émission… Car s’il avait accepté de parler de l’émission en elle-même, il aurait vu que je m’appuyais sur des phrases et des situations très concrètes, et que je n’ai absolument rien inventé. Mon sentiment, c’est que, aussi bizarre et paradoxal que cela puisse paraître, c’est Harry qui a refusé de regarder rétrospectivement son émission telle qu’il l’a faite. Elle lui a offert une notoriété et une médaille de sympathique défenseur des différences : il n’est visiblement pas encore prêt à renoncer à ce statut flatteur mais pas si justifié que ça, ni à revenir sur sa prestation au niveau du fond.

 

J’ai trouvé en effet que l’émission « Je t’aime pareil », derrière un sourire d’apparat estival, n’a pas fait avancer la réflexion sur l’identité homosexuelle, l’amour homosexuel, l’homophobie, le mariage gay, la cohabitation de la religion avec l’homosexualité, l’homoparentalité, le désir homosexuel et sa nature, etc. Elle est restée très allusive sur les messages de fond, très marketing et consensuelle dans les discours… et je dis pourtant cela en tenant compte des (apparemment nombreux et élogieux) retours de courriers et d’avis (ah… les avis…) des auditeurs. Harry m’a avoué explicitement à la fin de l’émission « Homo Micro » que le but de « Je t’aime pareil » n’était pas de créer du débat, mais juste d’illustrer des vécus, de sensibiliser le grand public à un sujet mal connu, de fournir les grandes lignes sur l’homosexualité sans rentrer dans les détails, de donner un petit « kit gay friendly » pour comprendre l’homosexualité sans en soulever toutes les ambiguïtés et les implications concrètes (genre L’homosexualité en 10 leçons, ouL’homosexualité pour les Nuls, ou Comment aider l’hétéro de base – homophobe par ignorance – à accepter l’homosexualité). Peu d’auditeurs se sont plaints du manque pourtant criant de vis-à-vis, de réflexion, de discussions, d’avis contraires. La critique qui a été faite à Harry d’avoir réalisé une émission « à la Jean-Luc Delarue », un talk show principalement construit sur les témoignages « je » émotionnels et victimisants (critique que je cautionne totalement… sinon, je n’aurais pas comparé « Je t’aime pareil » à un « Télé Boutique Achat »), il a préféré ne pas l’entendre, la glisser discrètement dans la pile des attaques beaucoup plus injustifiées, voire insultantes, homophobes, et racistes, qu’il a avoué ne pas avoir lues.

 

Dans les studios de Paris Plurielle, je regardais Harry pendant que je m’attelais à faire mes 5 pauvres minutes de chronique (je dis « pauvres » car on ne m’a pas laissé parler davantage, et mon topo a été coupé prématurément à cause d’une mauvaise gestion du temps en fin d’émission). Dès le départ, comme il savait que je n’allais pas lui dérouler le tapis rouge comme les autres chroniqueurs, il a commencé à se tortiller sur son fauteuil, à farfouiller pendant une bonne minute dans son blouson pour y chercher un stylo ; il regardait ailleurs, ne m’a pas offert beaucoup de regards, a ensuite joué la fausse décontraction ou la distance, a fait semblant de prendre des notes… pour finalement conclure la bouche en cœur : « Que veux-tu que je te dise ?… C’est ton avis… Ça n’engage que toi… C’est de ta responsabilité… » (sous-entendu « pas de la mienne »). Je l’avais pourtant séché sans le vouloir, en plein direct (moi, je ne voulais justement qu’entraîner un dialogue ; je ne voulais clouer le bec à personne). Il ne m’a pas écouté. Il ne voulait pas m’écouter. Et je me suis retrouvé, sans m’y attendre, face à un mur. J’étais intérieurement ébahi de le voir jouer l’autruche devant moi, alors que je lui fournissais l’opportunité d’une vraie discussion sur le fond de son émission, après 45 minutes d’applaudissements sur le plateau d’« Homo Micro » à propos uniquement de la forme et de la valeur symbolique de « Je t’aime pareil », 45 minutes de retour sur les anecdotes rigolotes et émouvantes des deux mois d’été. Tout d’un coup, Harry perdait de son innocence, alors qu’il serait parti en odeur de sainteté si personne ne l’avait retenu. Pour me tenir tête à l’antenne, il s’est contenté de ré-énoncer une idée reçue qui tombait comme un cheveu sur la soupe dans le débat (« On est responsable de ce qu’on dit. »), et de renvoyer à la responsabilité individuelle des propos que l’on tient sur une radio (« Ce que tu dis n’engage que toi. » ; « La responsabilité de tes propos t’engage. » ; « Après, ça n’engage que moi… ») : une façon comme une autre pour lui de précisément se désengager, de se laver les mains, de claquemurer mon avis dans le placard de l’individualité et du relativisme. Il a mis précautionneusement sur le compte de son caractère (donc autant dire un domaine qu’il ne pourrait pas changer) la question de la bonne humeur du plateau de « Je t’aime pareil », hilarité qui, je pense, va bien au-delà de la simple personnalité d’Harry ou de Marjolaine : elle dit la place écrasante qu’a pris la bonne intention sur les discours et les raisonnements dans « Je t’aime pareil », et en plus de cela, elle fait écho à la tournure victimisante et compatissante qu’a choisi dès le départ l’émission de France Inter.

Harry justifiait, pendant et après l’émission « Homo Micro » d’hier soir, le manque de contenu de « Je t’aime pareil » par une extériorisation de sa responsabilité de programmateur sur le cadre radiophonique qui lui était imposé (« On n’avait qu’une heure d’émission » ; « On doit faire court et accessible » ; « On fera différemment l’année prochaine » ; « Faut pas oublier qu’on s’adressait à un public néophyte » ; « 21h, c’est tard pour proposer une émission intellectuelle avec débat… » ; etc.). Il se mettait également à projeter sur le public de France Inter son propre manque d’ambition, son ignorance personnelle du sujet traité, ou son abandon de l’exigence intellectuelle : les auditeurs « hétéros » (plus rarement homos) à qui il s’adressait ne voudraient pas, selon lui, de débat, d’avis différents et parfois contradictoires sur l’homosexualité (d’ailleurs, tous les invités ont été triés sur le volet pour défendre la Cause homosexuelle à l’unisson : bizarrement, il n’y a eu aucun opposant à l’homosexualité qui a été convié, aucune partie adverse pour contrebalancer les points de vue univoques) ; ils ne souhaiteraient que s’informer sur ce qui existe au niveau de la communauté homosexuelle, engranger de jolies définitions, acquérir une nouvelle façon de parler (exemple : il ne faut pas dire « avouer » mais « révéler son homosexualité » : c’est très important…), apprendre sans comprendre, s’identifier rapidement à des vécus émouvants, « partager (je cite) le quotidien d’un personnage » (les invités ne sont pas des personnes réelles mais des « personnages » d’un docu-fiction ! Énorme, ce lapsus…). Pour Harry, être généraliste et ouvert, c’est forcément simplifier les choses pour se mettre à la hauteur de « Monsieur tout le Monde », c’est vulgariser… alors que je suis précisément convaincu du contraire : ce n’est pas parce qu’on s’ouvre à l’universel et qu’on parle d’une chose nouvelle que la pensée doit être bradée, que les discours doivent être simplistes (surtout pour un sujet aussi peu léger et aussi ambigu que l’homosexualité !), que les débats doivent être bannis, qu’il faut aller au plus court et au plus concis pour être bien reçus. On peut n’avoir qu’une heure d’émission, être pris par le temps, obéir au formatageFrance Inter, tout en allant au fond des choses. Il suffit déjà de le vouloir, de le prétendre ! Et c’est bien ce que je reproche à l’émission « Je t’aime pareil » et à ses deux présentateurs : d’avoir manqué de prétention, uniquement pour jouer petit, pour se rendre accessibles, pour s’acheter une image d’« hétéros trop open » et super généreux (… et, en filigrane, s’acheter une place au soleil à la radio, puisque l’émission aurait « tellement plu et tellement marché » qu’il y a de fortes chances pour qu’elle soit reconduite pour une édition 2011)…

 


 

Ma chronique rabat-joie a donc été bizarrement accueillie. On lui a fait la sourde oreille, puis on l’a conclue, sur le ton de la boutade (… et surtout pour avoir la paix) par une invitation peu sérieuse à assister à l’édition « Je t’aime pareil » de l’année prochaine ! « On vous invitera… » Alors que j’ai exprimé un avis qui avait du poids et qui méritait qu’on s’y arrête, on m’a coiffé du diadème de Miss Zemmouria qui doit se contenter des 10 minutes de gloire minable qu’offre la contestation gratuitement méchante (que je n’ai pas faite) plutôt que de continuer à ouvrir sa gueule. Et en lot de consolation, on m’a donné mon joli paquet de bergamotes à sucer. Au moins, comme ça, elle ne parlera pas la bouche pleine !

 

En sortant de cette émission « Homo Micro », j’ai poursuivi un peu le dialogue avec Harry, qui, abstraction faite de mon avis sévère mais réaliste sur sa propre émission, est humainement délicieux et très drôle. L’échange s’est révélé aussi stérile que devant les micros. Il a préféré penser que j’étais obsédé par l’idée d’avoir raison, plutôt que de voir que c’était lui qui barrait son auto-critique. Comble de la lâcheté : il m’a dit : « Si le concept de l’émission ‘Je t’aime pareil’ ne t’a pas plu, tu n’avais qu’à changer de stations. On n’a forcé personne à l’écouter et à l’apprécier. » Change de crèmerie si tu n’es pas content, mais surtout, ne viens pas faire chier en m’assénant mes 4 vérités ! Ne viens pas me dire ce qui est perfectible ou non ! On ne peut pas plaire à tout le monde. Ça ne t’a pas plu ? Bon, eh bien tant pis. Passe ton chemin. Le débat sur les goûts est de toute façon stérile et on tourne en rond si on le poursuit ! Ciao bye ! Le gros problème de ce genre de raisonnement, c’est qu’à force de remplacer l’éthique par l’esthétique, de n’envisager la Vérité que sous l’angle du « goût » ou de l’« avis » personnel, on ne se situe plus ni dans le dialogue ni dans la recherche de Vérité ensemble. On fait du désaccord un mur qu’on ne peut plus franchir à deux, alors qu’il pourrait être justement ferment de partage, d’avancée, de perfection/perfectionnement, d’humour. La seule voie de sortie qu’Harry m’a donnée à contre-cœur après l’émission, c’est celle-ci : « Tu n’es pas content ? Et bien propose autre chose ! »… ce à quoi j’ai répondu : « Mais je n’attends que ça ! » Car j’en ai, des choses à proposer ! J’en ai, des choses à dire ! J’ai largement de quoi tenir ma propre émission hebdomadaire sur une chaîne gay friendly ! Et ce ne serait ni la Fête du Slip, ni le Pays des Bisounours, ni du blabla sensationnaliste victimisant ! Je pourrais même reprendre les sujets déjà traités dans « Je t’aime pareil », mais de manière beaucoup moins consensuelle cette fois-ci, puisque dans l’émission de France Inter – d’ailleurs, Harry l’avoue ouvertement – le « faire débat » n’était pas du tout l’objectif. Il n’y a pas eu, en effet, de débats d’idées : juste une présentation généraliste et policée du monde homosexuel, un survol rapide du thème entre personnes préalablement acquises à la Cause. Je ne veux pas qu’on parle petit, qu’on joue à la dînette avec l’ami Harry, car la sexualité, ce n’est pas un petit débat ! Elle a des enjeux de vie, de mort, de bonheur, de souffrances, de durée, de sens existentiel.

 

Harry, un ami qui vous veut du bien. Un ami qui, sans écouter votre avis, veut juste le recevoir… mais uniquement parce que « c’est votre avis ». Surtout quelqu’un qui ne veut pas se voir retirer sa Médaille de la Générosité et de l’Ouverture d’Esprit décernée par la communauté homosexuelle ou une communauté hétéro-gay friendly difficilement chiffrable (« un hétéro » qui défend la cause homo alors qu’il est hétéro, n’est-ce pas le must de l’héroïsme, de la générosité désintéressée, si l’on s’en tient uniquement au regard pro-homo ?) En se voyant critiquer son émission, il a récriminé à l’incompréhension de son travail et de sa sincérité, au procès d’intentions. Et pour cause ! Marjolaine et lui ont été très sincères, et la qualité des rencontres que leur aventure radiophonique avant-gardiste leur a permises est sans aucun doute réelle. Mais dans son discours, je me rendais bien compte qu’il confondait « démarche » et « contenu » (autrement dit intentions et actions, sincérité et Vérité, forme et fond) : il disait que l’effet « Télé Boutique Achat » que je critiquais ne correspondait pas à la démarche que Marjolaine et lui ont eue en créant cette émission. Encore une fois, je le répète : ce n’est pas la sincérité des bonnes intentions que je remets en cause, ni même l’initiative de l’émission « Je t’aime pareil » ; c’est l’application concrète de ces bonnes intentions. Car celle-ci est plus que discutable ! Au niveau du contenu, les réflexions sur l’homosexualité exprimées sur le plateau de « Je t’aime pareil » rasaient les pâquerettes. Mis à part le message suivant « L’homosexualité existe, et il faut l’accepter, au nom de l’amour et de l’accueil des différences », rien d’autre n’a été dit. Presque tous les thèmes, pour ne pas dire tous, ont été survolés. Ça ne fait pas plaisir à entendre, mais c’est comme cela que j’ai ressenti les choses… et je suis loin d’être le seul à le penser ! Je pourrais me taire, ne pas en faire toute une histoire de ces 10 minutes de fin d’émission d’« Homo Micro », garder mon avis pour moi. Après tout, d’autres choses me choquent bien davantage que cette rencontre qui a donné au final une émission réussie et sympathique. Je n’ai même pas été humilié à l’antenne. On m’a laissé libre de m’exprimer, en plus. De quoi je me plains ? Et puis ce Harry qui est si gentil, qu’est-ce que tu vas l’emmerder à écrire cette lettre ouverte ? En fait, plus que l’événement d’hier soir en lui-même, c’est cette censure (sur la question du désir homosexuel) qu’il illustre qui me hérisse. Cette censure imposée même par les soi-disant défenseurs « hétéros » de l’homosexualité, par les personnalités médiatiques qui apportent accidentellement ou de manière improvisée le sujet sur le tapis. Dès qu’on appelle à un peu plus de profondeur et moins d’émotionnel, on nous renvoie à notre « avis » sans le prendre en considération. Ça pourrait être drôle, cet interdit inconscient et bien-intentionné – il me fait rire à certaines occasions –, mais je le trouve aussi inquiétant, ET pour les alliés « hétéros » de l’homosexualité qui n’ont pas pris le temps de réfléchir sur ce qu’ils vantaient, uniquement pour jouer le jeu (pas si désintéressé que cela) de « l’ouverture », ET pour les membres de la communauté homosexuelle qui ne se donnent pas à voir dans les meilleures conditions puisqu’ils se placent en victimes et ne montrent aucune auto-critique. Alors c’est plus sur le silence qui entoure le thème du désir homosexuel que se catalyse en effet ma révolte. C’est le déni de sa violence et de ses ambiguïtés que je me refuse à balayer d’un revers de main, car c’est ce dernier qui est le véritable facteur d’homophobie dans notre société. Actuellement, on parle beaucoup d’homosexualité, mais mal. Les débats n’avancent pas car on continue de marteler à des gens hostiles ou simplement indifférents au désir homosexuel qu’ils doivent à tout prix accepter l’homosexualité (sous peine d’être taxés de « réactionnaires » ou d’« arriérés ») sans leur expliquer pourquoi et en quoi c’est juste… peut-être justement parce que ce n’est pas si juste et si simple que cela.

 

Alors, oui, si ce que nous racontons dès que nous abordons l’homosexualité dans la nuance, c’est réduit à une gentille opinion qu’on peut ranger dans le tiroir des « avis » une fois qu’elle a été entendue sans être écoutée, je n’ai plus qu’à rentrer chez moi, à allumer ma télé imaginaire pour écouter le JT, vivre ma petite vie sans me soucier des autres (vibrer, trembler ou pleurer pour eux remplacera bien l’action réelle que j’aurais posée à leur encontre…). Si c’est le règne du relativisme que nous voulons, allons-y carrément dans les formules tautologiques « Toi c’est toi et moi c’est moi » ou bien « Chacun son avis ». Participons donc tous en chœur à cetteDémocratie de l’Indifférence mutuelle qu’on nous matraque avec un sourire ultra-bright dans nos médias les plus plébiscités, cette démocratie de l’individualisme où tout le monde « a un peu raison et un peu tort » (on s’en fout, finalement, de le savoir : c’est ça la richesse de la diversité, non ?), où chacun « s’aime pareil » tout en s’ignorant dans une uniformité confortable, où on se rencontre sans se rencontrer, où on se voit sans s’effleurer et sans se confronter réellement les uns aux autres de peur de se blesser et de regarder en face notre participation passive à certains systèmes idéologiques totalitaires. Monde lisse et publicitaire. Tu penses ce que tu veux, tu fais ce que tu veux, tu aimes qui tu veux : je t’aime pareil. Tu ne mérites même pas mon opposition : juste mon aval distant et filmé sur pellicule. Tu vis ta vie, et c’est magnifique. Je te regarde en te souriant, mais c’est moi seul, déguisé en généreux, que j’admire, car de ta gueule, je n’en ai rien à faire. Navré, mais moi, ce n’est pas ma politique du respect. Je crois que lorsqu’on aime vraiment quelqu’un, on se doit aussi d’être exigeant avec lui, on ne va pas systématiquement dans son sens, surtout quand il se trompe de chemin ou qu’il ne choisit pas le meilleur chemin possible pour lui. Certes, on prendra le risque de lui dire « non » s’il le faut, de le contrarier par notre avis différent et non-contraire. Mais on est sûrement plus aimant que ses adorateurs qui l’applaudissent les yeux fermés. Il est évidemment peu politiquement correct de souligner que derrière les bonnes intentions il y a eu peu d’actes, peu de paroles profondes, que derrière l’acte solidaire et sincère il y a eu de l’arrivisme et un manque de gratuité. Mais moi, je le dis. Par amour des chemins de Vérité.

 
 

Philippe Ariño, mardi 13 septembre 2010