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Paradoxal pour un mouvement qui se dit « de gauche » : je n’ai entendu ce soir qu’un seul intervenant vraiment de gauche parmi les 17 speakers qui se sont exprimés pour Place Publique à l’Élysée Montmartre, et c’était…


 

ENTHOUSIASMÉ PAR LA SOIRÉE, ET PAR LA PRISE DE PAROLE DE DIANE FILIPPOVA

 

Très content d’avoir pu assister ce soir (29 janvier 2019) à l’Élysée Montmartre au meeting du nouveau mouvement d’union des gauches Place Publique, réuni autour de Raphaël Glucksmann. La salle était pleine à craquer et ils ont dû refouler pas mal de monde à l’entrée. Il y a eu, en tout et pour tout, 17 intervenants qui se sont succédés sur scène pour présenter le programme.
 

Cela dit – et c’est paradoxal pour un mouvement qui se dit « de gauche » – je n’ai été convaincu que par une seule prestation et je n’ai reconnu qu’un seul intervenant vraiment de gauche parmi tous les speakers : c’est Diana Filippova. Les autres ont tenu un discours gauchiste, socialiste, communiste, écologiste, mais pas de gauche, à savoir humble et ouvert à tout le monde (y compris aux ennemis).
 

Une bonne intervenante sur 17, ça fait une petite moyenne, me direz-vous ! C’est alarmant pour un mouvement politique pourtant naissant. Mais c’est déjà ça. Ça a suffi à me booster. Ça m’a même fait ma soirée. Et surtout, ça a suffi à sauver in extremis Place Publique du bide.
 

 

PLACE POUR UN CERTAIN PUBLIC…

 

Je vous passerai toutes les idées-slogans francs-maçonnes que j’ai relevées ce soir dans les discours (lutte contre les discriminations, combat pour l’égalité des chances et des sexes, promotion de la franchise, focalisation sur la construction de l’Humain par lui-même, etc.) car ça nous mènerait beaucoup trop loin. Ce que je peux juste vous dire, c’est que j’ai fait le listing par écrit d’énormément de phrases qui renvoyaient à la fois aux trois champs lexicaux traditionnels de la Franc-Maçonnerie – lumière/construction/humanisme intégral – et aux sept étapes de l’alchimie hermétique : les leaders de Place Publique nous ont servi la Totale !… mais je ne vais pas m’appesantir sur ça en me lançant dans une étude de texte : vous lirez, pour ceux que ça intéresse, mon livre « Homo-Bobo-Apo » ou bien mon prochain livre sur la place de l’homosexualité et de la Franc-Maçonnerie dans la série Joséphine ange-gardien.
 

 

Simplement, j’aimerais souligner que celle qui a court-circuité le cortège arrogant des bonnes intentions (humanistes et écologistes) déclamées avec verve et conviction, ça a été Diana Filippova (vous pouvez retrouver sa courte intervention sur le lien suivant, à partir de 1h00 de vidéo). Cette co-fondatrice de Place Publique a défendu avec beaucoup de finesse et de paix l’idée selon laquelle la détermination (mais elle aurait pu tout aussi bien utiliser le mot « franchise » à la place, ça serait revenu au même… ; je rappelle que la franchise est le fondement idéologique de la Franc-Maçonnerie) était l’ennemi n°1 de toute démocratie. C’est très juste. Je n’y avais jamais pensé. Son discours s’est donc centré d’une part sur l’accueil réel et bienveillant de toute personne, y compris celle avec qui on n’était à priori pas d’accord – donc les « ennemis » – et d’autre part sur l’importance de l’incertitude, consubstantielle à la concertation démocratique, à la collecte collective des idées, à la constitution et à la survie de n’importe quel mouvement politique. La seule ouverture de la soirée, la seule réflexion de fond, la bulle d’oxygène dans ce concert propagandaire de slogans insipides, l’ouverture concrète aux gens dans leurs différences, l’humilité, ont été apportés sans conteste par Diane Filippova. Et rassurez-vous, je ne porte pas de tee-shirt à son effigie. Je n’applaudis qu’un discours, et ne fais que rendre à César ce qui est à César. Bien souvent, il est reproché à la gauche de ne pas formuler de pensée profonde et de rester à la superficie des bonnes intentions mièvres et totalitaires. Eh bien non : on peut être de gauche et intelligent. La preuve : écoutez Diane.
 

 

Dommage qu’elle soit en retrait (elle l’a voulu ainsi, d’après ce que je sais) par rapport à d’autres figures charismatiques du mouvement (Claire Nouvian, Raphaël Glucksmann, Thomas Porcher, etc.), plus « grandes gueules » qu’elle, qui se gargariseront sans doute de l’apparent succès numérique et visuel d’un meeting comme celui de ce soir, sans réaliser que Place Publique, au vu du contenu des discours qui ont été tenus par les 17 intervenants, et tel que c’est parti, va droit au mur. Car la clé de la victoire et de la pérennité d’un mouvement ou d’un parti, c’est l’humilité et l’amour des ennemis. Je peux difficilement être plus clair.
 

J’ai eu la chance ce soir de me trouver dans la salle juste à côté d’une femme-flic avec qui on a beaucoup échangé. « De gauche de cœur » comme moi, elle avait l’air dans la vie d’aimer vraiment les gens et de les écouter. Elle m’a dit qu’elle avait essayé de s’intégrer à Place Publique, mais qu’elle se sentait isolée, écartée et ostracisée dans sa propre famille politique du simple fait d’être flic. La majorité de ses collègues votent à droite. Mais elle ne trouve pas davantage d’accueil de la part des gens dits « de gauche », qui ont tendance à ranger tous ceux qui ne pensent pas comme eux dans les catégories manichéennes « les gentils progressistes/les méchants réacs » : les gauchistes perçoivent souvent les policiers comme des collabos du Système et des méchants oppresseurs des pauvres. Tout ce qu’elle m’a dit sur la place que les mouvements dits « de gauche » laissent aux flics, j’aurais pu l’appliquer à l’identique aux cathos et à tous les opposants au trafic d’enfants déguisé qu’est objectivement le « mariage gay » (PMA, GPA)… trafic que pourtant toute personne de gauche digne de ce nom devrait juger comme abject, anti-écolo, socialiste et donc de droite, en réalité.
 

DROIT AU MUR

Mis à part le discours de Diane Filippova, et si d’ici le 26 mai prochain la trajectoire de Place Publique ne change pas radicalement, je peux d’ores et déjà vous annoncer que ce mouvement politique va droit au mur.
 

 

En évacuant/méprisant toute la dimension spirituelle de l’Humanité, des événements et de la société (et Place Publique ne parle jamais de spiritualité ; et très peu des pauvres… alors qu’ils devraient être le centre !), ce mouvement se prive d’un trésor humain immense, de la grande majorité de ses militants, et se coupe d’une large partie de la population. En méprisant les catholiques ou bien encore les gens de droite (et je n’associe pas systématiquement les deux, je précise), il scie la branche sur laquelle il est assis. Aucun mouvement politique ne peut espérer perdurer en se fondant sur le mépris, sur l’Humain seul (si faillible et contradictoire sans Dieu !), sur l’écologie (la Nature ne se caractérise pas vraiment par sa retenue, sa liberté ni sa douceur !). Tout comme le mépris de la gauche a signé depuis longtemps l’arrêt de mort de la droite (se couper des pauvres, c’est se couper du plus grand trésor qui soit ; et la gauche, il n’y a pas à tortiller, initialement, et avant qu’elle ne s’embourgeoise en socialisme ou en communisme, c’est surtout et d’abord les pauvres), le mépris des gens de droite par les gauchistes est également suicidaire. On le voit bien : il n’y a plus de gauche aujourd’hui. Or, sans nos ennemis, nous ne pouvons rien faire. Et nos beaux discours sur l’ouverture aux différences, sur l’amour, sur l’unité et sur la nécessité du rassemblement, sonnent creux. La beauté et l’exploit de toute unité humaine, c’est précisément quand celle-ci n’a rien d’évident, qu’elle demande des efforts de tolérance vis à vis des autres, et qu’elle se fait avec des gens qu’à priori nous aurions détestés et qui nous auraient détestés. Sinon, où est le mérite d’accueillir des personnes qui pensent comme nous ? Les partis gauchistes d’aujourd’hui se sont condamnés et isolés à cause de leur propre sectarisme, paradoxalement en n’identifiant ce dernier que chez les autres.
 

« PAS D’EXCUSE ! » : L’EXCUSE DE LA FEMME PUBLIQUE

« La gauche ne meurt jamais » dit Paul Magnette. C’est tout à fait vrai. Mais à partir du moment où on comprend que la gauche c’est le Christ en personne (Jésus est l’Homme le plus « de gauche » que je connaisse !), et qu’il n’y a pas d’Unité sans Lui. L’Unité ne se fondera jamais sur les Hommes seuls, ni sur l’écologie, ni sur de jolis idéaux. Elle ne peut venir que de la personne bien particulière du Christ, qui rassemble tous les membres d’un même corps humain. Ceux qui Le refusent l’apprendront à leurs dépens et verront l’enthousiasme de leurs adhérents s’émousser. D’ailleurs, le slogan-phare que s’est choisi Place Publique – à savoir « Pas d’excuse ! » – fait grotesquement écho au slogan publicitaire de certains clubs de fitness… et on connaît la valeur de l’« engagement » de ceux qui l’emploient habituellement : il a le parfum des bonnes intentions non-suivies des actes, d’une détermination ponctuelle, ou bien des bonnes résolutions non-tenues. En plus de manquer d’humilité (car les excuses, c’est nécessaire qu’on a eu tort), le #Pasdexcuse de Place Publique annonce la vacuité de ce qui ne s’assume même pas comme un parti (comme si le mot « parti » était un gros mot ou le diable incarné !). Quand on n’assume pas ce qu’on veut, on ne l’obtient tout simplement pas. Et quand on n’aime pas la politique, on n’en fait pas !
 

 
 

N.B. : C’est rigolo : j’ai envoyé mon article à chaque responsable régional « Place Publique »… et je reçois des réponses parfois très positives et accueillantes : étonnant! Je suis même invité à une des réunions par l’un d’eux. Il y a des gens de gauche qui aiment TOUS les gens et qui ne sont pas sectaires : si si, ça existe !

Politiquement, mon coeur penche à gauche

Politiquement, mon coeur penche à gauche. Vers une gauche catholique, centrée sur Jésus et sur les pauvres, et qui ne méprise pas la droite. Alors vous voyez, on est loin du compte si on regarde les partis qui existent aujourd’hui ! Je ne suis ni socialiste (je suis juste social), ni communiste (je suis juste fraternel), ni alter-mondialiste (la richesse et le pouvoir ne doivent pas être diabolisés, mais simplement utilisés comme des instruments de service), ni « de droite » (la droite a tendance à penser à la production de richesses, mais pas systématiquement à leur distribution ensuite), ni « de gauche » (la gauche a tendance à penser aux personnes sans reconnaître leur réalité, en défendant des idées – la liberté, la tolérance, l’égalité, le droit, etc. – qui, posées comme absolus, rejoignent le libéralisme individualiste et capitaliste qu’elle prétend hypocritement éradiquer). Je suis juste « de tendance gauche », car ça doit être les pauvres en premier, les richesses matérielles en second (quand pour la droite, c’est l’inverse ; quand pour la gauche figée et haineuse de la droite, il y a mépris du matériel et des corps sexués). Je suis de tendance gauche parce que j’aime la politique, parce que j’ai en horreur le clivage gauche/droite (la différence entre la gauche et la droite existe, mais elle ne doit pas être moralisée, manichéennisée, transformée en guerre) et que je ne m’enferme ni dans la gauche telle qu’elle a été pervertie par le socialisme ou le communisme ni dans la diabolisation de la droite. Je suis royaliste (parce que je crois en la royauté de Jésus, qui devrait être le prince de ce monde) mais surtout monarchiste républicain (le pouvoir politique doit être personnifié par un chef). Je suis républicain (parce que j’aime les choses publiques) mais pas républicaniste laïciste (parce que la République telle qu’elle est vécue aujourd’hui est franc-maçonne, individualiste, consumériste, faussement démocratique et anti-catholique : elle est devenue une parodie d’anti-fascisme qui, pour le coup, devient très fasciste, puisque le propre du fascisme, c’est de se nier lui-même et de voir/traquer des fachos partout). Le seul parti actuel qui me semble être « de tendance gauche » sans être ni « de gauche », ni « de droite », ni « de centre », le seul parti qui en France me semble cohérent et qui vaille le coup de l’engagement puisqu’il est ouvertement chrétien-social, c’est le PCD (Parti Chrétien Démocrate) tenu par Jean-Frédéric Poisson. Puis-je être plus clair ?

Soyez politiques, journalistes et artistes médiatiques

Si nous voulons être lobbyistes, c’est-à-dire diffuser nos idées dans les sphères de pouvoir décisionnel actuelles (en clair, la politique, les médias, l’art et la culture), donnons-nous-en déjà les moyens… en sachant que cette place de lobby, même si elle nous procure une certaine liberté et une vraie mobilité (nous ne sommes pas encartés dans un parti ou une confession religieuse clairement identifiables), est frustrante car nous n’agissons pas vraiment : nous cherchons plutôt à exercer une influence sur ceux qui agissent.

Que ceux qui veulent garder cette place de garde-fou ou de sentinelle de la neutralité la gardent. Mais que ceux qui veulent agir plus efficacement et plus directement investissent franchement les centres de pouvoir. On ne va pas rester ad vitam aeternam en arrière-plan ou en défense en deuxième partie de terrain, pour épauler notre gardien de but baptisé « Humilité » ou « Unité ». En gros, que ceux qui sont plus attaquants se présentent comme politiques, journalistes et surtout artistes médiatiques. C’est là qu’il faut aller, dans ces contrées soi-disant « lointaines » et soi-disant « hostiles » où l’on se dit qu’on n’a pas notre place, soit parce que ce serait trop dangereux, trop ambitieux, trop orgueilleux, soit parce qu’on ne nous la laisserait pas, cette place, alors que c’est pertinemment faux. Regardez les cerveaux qu’il y a dans les mass médias et le gouvernement actuels, regardez leur degré d’amateurisme et de nullité… La place est à celui qui veut la prendre. Et c’est surtout nous qui ne nous laissons pas cette place, et qui, en nous victimisant, laissons croire que ce sont les autres qui nous la piquent. Soyons plus ambitieux et allons vers les médias et la politique (sans en passer par Frigide Barjot, qui s’est autoproclamée « gardienne des pass médiatico-politiques »). Et nous vivrons la joie d’agir et de nous donner pleinement pour la Vérité.

Code n°172 – Tout (sous-code : Extrêmes / Je suis toutes les femmes)

Tout

Tout

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Le totalitarisme extrémiste du désir homosexuel

 

Quand la totalité que nous cherchons n’est pas liée à une transcendance divine christique ni à la limite de la différence des sexes, ces deux réalités qui nous décentrent et nous instaurent dans l’humilité, notre jusque-boutisme se transforme fatalement en despotisme, en totalitarisme, en mégalomanie, en orgueil dangereux et violent. Et comme le désir homosexuel fuit la différence des sexes et la différence Créateur/créatures, il est logique qu’il encourage les individus qui lui obéissent et s’y adonnent à faire de leur quête d’absolu identitaire et amoureux un totalitarisme.
 

La liberté absolue, ça donne ça... (sur Twitter, le 29 octobre 2014)

La liberté absolue, ça donne ça… (sur Twitter, le 29 octobre 2014)


 

Quand je vous dis que le désir homosexuel (et tout autant le désir hétérosexuel : la recherche d’altérité absolue ou d’uniformité absolue obéissent au moment élan égocentrique) est totalitaire, c’est dans son acception politique aussi bien qu’étymologique : il vise l’intention de plénitude totale (plutôt qu’il ne remplit concrètement : ce n’est pas un désir plein, mais un désir totalisant), il encourage la personne qu’il habite à tout vivre, à tout vouloir (même l’impossible), à être partout, à adopter plusieurs identités, à passer d’un extrême à l’autre (cela se vérifie notamment dans le domaine politique), à être excessif, à vouloir posséder/annuler tous les sexes, à souhaiter être vu/ignoré de tous, à avoir un mode de vie inconstant et en dents de scie, à s’auto-suffire dans la totalité orgueilleuse et irréelle de la ressemblance.
 

Le totalitarisme du désir homo, expliquant par exemple l’élan inconscient de beaucoup de personnes homosexuelles pour les dictatures et les idéologies fascisantes, sait, pour un temps, faire oublier sa violence car d’une part il a, du point de vue uniquement intentionnel, quelque chose à voir avec une noble recherche de transcendance et d’ouverture aux autres différences que la différence des sexes, et d’autre part il est contre lui-même (il est « contre » et « pour » tout, donc finalement contre et pour lui-même !). Ce n’est que parce que la recherche totalitaire du désir homosexuel se révèle infructueuse et surréaliste que certaines personnes homosexuelles en arrivent à déclarer que « Tout » les énerve (comme s’il s’agissait d’une personne bien réelle), qu’il n’existe pas (le nihiliste succède souvent au totalitarisme). Car en effet, Tout, ce curieux personnage androgynique, s’il se substitue à l’Être de relation qu’est Dieu, devient (et ça, c’est en effet torturant !) pure chimère et parfois pur viol : « Tu es tout à moi ! Je suis tout à toi ! Tu es tout moi ! Je suis tout toi ! Je suis Tout » !
 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Chiens », « Promotion ‘canapédé’ », « Faux révolutionnaires », « Amoureux », « Fusion », « Extase », « Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau », « Solitude », « Mère gay friendly », « Milieu psychiatrique », « S’homosexualiser par le matriarcat », « Déni », « Haine de la beauté », « Super-héros », « Pygmalion », « Mère possessive », « Viol », « Se prendre pour Dieu », « Tante-objet ou Mère-objet », « Bergère », « Parodies de Mômes », « Moitié », « Liaisons dangereuses », « Désir désordonné », « Je suis différent ! », « Poids des mots et des regards », « Collectionneur homo », « Défense du tyran », « Clonage », « Voyeur vu », « L’homosexuel = L’hétérosexuel », « Entre-deux-guerres », « Jeu », « Témoin silencieux d’un crime », « Milieu homosexuel infernal », « Hitler gay », « Obèses anorexiques », « Reine », à la partie « Peur » du code « Fantasmagorie de l’épouvante », à la partie « Homme nouveau » du code « Frankenstein », à la partie « Dictateurs homosexuels » du code « Homosexuels psychorigides », à la partie « Tatouage » et « Traître » du code « Homosexualité noire et glorieuse », et à la partie « Tout m’énerve ! » du code « Emma Bovary ‘J’ai un amant !’ », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

 

FICTION

 

a) TOUT est magnifique, ma chérie :

Pièce musicale Rosa La Rouge de Marcial Di Fonzo Bo

Pièce musicale Rosa La Rouge de Marcial Di Fonzo Bo


 

Dans les œuvres homo-érotiques, l’adverbe « Tout » est souvent employés : cf. le roman Le désir et la poursuite du tout (1909) de William Rolfe, la chanson « I Want It All » du groupe Queen, le film « Tout ou rien » (2004) de Dean Murphy, le film « Every One » (2004) de Bill Marchant, la chanson « Laisse le vent emporter tout » de Mylène Farmer, le film « À toute vitesse » (1995) de Gaël Morel, le film « More, More, More » (1976) de Wallace Potts, la chanson « Qui peut le juger ? » de Ginie Line dans la comédie musicale Dracula, l’amour plus fort que la mort (2011) de Kamel Ouali, la chanson « Total Perfekt » de Beatrice Egli, le roman Je suis un enfant de partout (2008) de David Dumortier, le film « Toute nudité sera châtiée » (1973) d’Arnaldo Jabor, le film « Justice pour tous » (1979) de Norman Jewison, le film « Tout ira bien » (1997) d’Angelica Maccarone, le film « À tout prendre » (1963) de Claude Jutra, la chanson « Tout » de Lara Fabian, la chanson « M’effondre » de Mylène Farmer, la chanson « Tu te fous de nous » de Christophe Willem, le roman Deux garçons bien sous tous rapports (2000) de William Corlett, la chanson « Tout va bien » de Jean Guidoni, le film « The Kids Are All Right » (« Tout va bien ! », 2010) de Lisa Cholodenko, la chanson « Ça n’se voit pas du tout » d’Anne Sylvestre, la chanson « Presque tout » de Monis, le roman Tous les garçons s’appellent Ali (2009) de Patrick Cardon, le roman Bordel n°3 : ouvert à tous ! (2004) de Guillaume Dustan, le one-man-show Tout en finesse (2014) de Rodolphe Sand, la chanson « Tout le monde » de Zazie, la chanson « J’ai tout aimé de toi » de Carmen Maria Vega, etc.

 

Ce « Tout » est souvent l’autre nom de l’homosexualité : « Ma femme sait tout de moi, et notre fils saura tout lui aussi. Et il apprendra à respecter les autres et à se respecter lui-même. » (cf. la phrase de conclusion du film « Alang Lalaki Sa Buhay Ni Selya », « The Man In Her Life » (1997) de Carlos Siguion-Reyna). Par exemple, dans la pièce On la pend cette crémaillère ? (2010) de Jonathan Dos Santos, quand Catherine traite son mari de « copain de tout le monde », elle sous-entend qu’il est homo.

 

Le « Tout » dont parle le héros homosexuel se présente comme une incroyable force d’ouverture et de générosité : « Fais-moi un chèque pour le tout ! […]Pour le tout, le tout, le tout ! Le tout-tout-tout ! » (« L. », le héros transgenre M to F de la pièce Le Frigo (1983) de Copi) ; « J’ai tout. Tu me demandes n’importe quoi. Je l’ai ! » (Didier Bénureau dans son spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons, 2012) ; « Je suis un dandy, Liz, si tu as compris ça, tout est élégant, c’est simple, sincère et pur à la fois. Suffit de l’avoir en tête. » (Willie, le dandy underground homosexuel, dans le roman La meilleure part des hommes (2008) de Tristan Garcia, p. 99) ; « Mais le sida, c’était une vraie chance, je veux dire, c’était à nous, juste les pédés, tu vois, il a complètement dilapidé le truc, on le donne à tout le monde. » (idem, p. 132) ; « Tout est dans tout. » (All le héros transsexuel M to F dans le film « Zoolander 2 » (2016) de Ben Stiller) ; etc.

 

Le fanatisme homosexuel pour ce « Tout » tourne souvent autour du fantasme incestueux de la mère (cinématographique) et de la femme-objet : cf. le film « Prête à tout » (1995) de Gus Van Sant, le film « Todo Sobre Mi Madre » (« Tout sur la mère », 1998) de Pedro Almodóvar, le film « All About Eve » (1950) de Joseph Mankiewicz, le film « La Pire de toutes » (1990) de Maria Luisa Bemerg, le film « Odette Toutlemonde » (2007) d’Éric-Emmanuel Schmitt, la chanson « Toda » de Malú, l’album Toutes les femmes en moi de Lara Fabian, la chanson « Toutes les femmes du monde » de Dalida, la chanson « Forte » d’Amel Bent, etc.

 

En effet, le héros homosexuel prétend conquérir ou rejoindre une féminité absolue (il dit même, comme sa reine chanteuse, qu’il est l’incarnation de toutes les femmes, que « toutes les femmes sont en lui ») : cf. la chanson « Toutes les femmes de ta vie » du groupe L5, la chanson « La Desconocida » de Marta Sánchez, la chanson « Evergirl » de Play, la chanson « Une femme d’aujourd’hui » de Jeanne Mas, la chanson « I’m Every Woman » de Whitney Youston, etc. « Tout commence par une femme, et tout finit par une femme. » (le héros homosexuel dans la pièce Big Shoot (2008) de Koffi Kwahulé) ; « Moi, je m’identifie toujours avec l’héroïne, la vedette. » (Molina, le héros homosexuel du roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1976) de Manuel Puig, p. 30) ; « On nettoie tout, tout, tout. » (le couple homo travesti en femmes de ménage férues de propreté, les « Blues Brosseuses », dans la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy) ; « Toutes les premières dames de France réunies en un seul homme. » (Arnold, homosexuel, se moquant de son meilleur ami Georges qui prétend être en couple avec Édouard, candidat à la présidence de la République, dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco) ; « Jeanne [l’héroïne lesbienne] aimait Céline Dion comme une matante. […]Elle achetait tous ses disques, malgré le contenu, s’empressait-elle d’ajouter parfois, et guettait toutes ses apparitions à la télévision. » (Michel Tremblay, Le Cœur éclaté (1989), p. 56) ; etc. Par exemple, dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Simon, le héros homo, dit qu’il « adore toutes les femmes », et en s’imaginant son prochain mode de vie gay assumé, se voit intégré dans une méga comédie musicale où il se prend pour Whitney Youston dans son clip de « I’m every women ».

 

L’« amour » de cette femme-Tout est totalitaire, et finit parfois par peser trop lourd sur les épaules du personnage homosexuel qui le reçoit/qui s’y adonne : « Quand il y a de l’amour, on peut tout comprendre. » (la mère de Paulo, le héros homosexuel du film « Je vois déjà le titre » (1999) de Martial Fougeron) ; « À sa naissance, il deviendrait une personne, quelqu’un que Jane n’aimerait peut-être pas, mais pour le moment il était tout à elle. » (Jane, l’héroïne lesbienne enceinte parlant de son bébé, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 193) ; « La supérieure avait un peu de trouble dans le regard et sur son visage ; mais toute sa personne était si rarement ensemble ! » (Denis Diderot, La Religieuse, 1760) ; « Il continuait d’aimer sa mère par-dessus tout. Elle demeurait pour lui la plus intelligente et la plus belle de toutes les femmes. Mais quelque chose lui manquait. Il aurait voulu qu’elle songeât davantage à lui. » (Tanguy, le héros du roman Tanguy (1957) de Michel del Castillo, p. 30) ; « Je n’éprouve que dégoût pour la mienne. Je méprise tout ce qu’elle est ! » (Clive, le héros homosexuel parlant de sa mère, dans le film « Maurice » (1987) de James Ivory) ; etc.

 

Le « Tout » dont il est question dans les œuvres homosexuelles est presque Dieu, ou le sentiment donjuanesque d’être Tout, d’être sans limites. « J’adore. Tout. » (Elio s’adressant à son amant Oliver, dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino) ; « Elle était extrémiste en toutes choses, cette Wanda. » (Stephen, l’héroïne lesbienne décrivant son amie Wanda, dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 490) ; « Allez Jarry, tu peux tout, tu peux tout, tu peux tout ! » (Jarry dans son one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « Tu sais que tu formes un tout. Et tu brilles comme la plus lumineuse étoile. » (Hedwig, le héros transgenre M to F, dans le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell) ; « Vous devez exceller partout pour réussir. […] Mais vous, qui êtes-vous vraiment ? Vous, c’est un peu Dieu. » (le narrateur homosexuel parlant à la deuxième personne du pluriel, dans le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 17 puis p. 247) ; « J’ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J’ai essayé d’inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J’ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! Je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! » (Arthur Rimbaud, Poésies 1869-1872) ; « Il était premier en tout, mais tenait à obtenir des notes très élevées, car il savait que cela faisait plaisir au Père Pardo et il aurait fait n’importe quoi pour lui faire plaisir. » (Tanguy dans le roman Tanguy (1957) de Michel del Castillo, p. 199) ; « Je suis tout ce que je ne suis pas. » (cf. la chanson « Manque de personnalité » de Doriand) ; « Je voudrais être opium, me ferai narguilé, particule d’hélium, partir toute en fumée. » (cf. la chanson « Serais-tu là ? » de Mylène Farmer) ; « Je hais la faiblesse sous toutes ses formes. » (Cyril, le héros du roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, p. 14) ; « Tu veux tout, toi ! » (Cherry s’adressant à son amante Ada, dans la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi) ; « Tu as tout ! » (le fiancé de Gatal s’adressant à son amant, dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; etc.

 

Le « Tout » est également l’amant homosexuel contre lequel il serait possible de ne faire qu’Un (une unité androgynique et amoureuse) : cf. le roman Tout contre Léo (2004) de Christophe Honoré, la chanson « Épaule Tatoo » d’Étienne Daho, le roman Tout ce qui est à toi… (2000) de Sandra Scoppettone, la chanson « Toi mon toit » d’Élie Medeiros, la chanson « Je te dis tout » de Mylène Farmer, etc. « Je crois que je l’ai trouvé. Celui qui va tout réparer. » (Charlie en parlant de l’homme qu’il aime, dans le film « Urbania » (2004) de Jon Shear) ; « Vous êtes presque des demi-dieux… Rien n’est vraiment impossible aux créatures de votre espèce. Vous avez lu Platon. Alors à deux, tout est possible. » (le narrateur homosexuel parlant à la deuxième personne du pluriel, dans le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 155) ; « Redonne-moi l’autre bout de moi, tout ce qui fait qu’on est Roi. » (cf. la chanson « Redonne-moi » de Mylène Farmer) ; « Vous êtes ma juste moitié d’un Tout indissociable. » (Janine s’adressant à Simone, dans la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer) ; « Je me pose tout contre lui. » (Kevin en parlant de son amant Joe, dans la pièce Les Amers (2008) de Mathieu Beurton) ; « Je suis épatée, émerveillée par mes désirs, subjuguée au point que je deviens docile à la toute puissance du fantasme. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 30) ; « Du bout de ta langue, nettoie-moi de partout. » (Ismaël s’adressant à Erwann dans le film « Les Chansons d’amour » (2007) de Christophe Honoré) ; « Khalid, j’admirais tout en lui. J’aimais tout en lui. […] Les lumières autour de lui. Sa richesse. Khalid était riche. Tout en lui me le rappelait. Me le démontrait. » (Omar parlant de son amant, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 81) ; « Nous nous complétons. Nous nous sommes devenus indispensables. Il est tout ce que je ne suis pas, tout ce que je ne puis être. […] Je veux qu’il réussisse tout ce que je ne réussirai jamais. Il est bien dans sa peau. Moi pas. Toujours d’accord avec lui-même, à la manière d’un arbre qui pousse sans histoire, harmonieux. Moi pas. » (le narrateur homosexuel du roman La Peau des zèbres (1969) de Jean-Louis Bory, p. 28 puis p. 34) ; « Qu’est-ce que j’ai pu t’espionner tout le temps qu’on était ensemble ! » (Luc s’adressant à son amant Jean-Marc, dans la pièce Parfums d’intimité (2008) de Michel Tremblay) ; « Je les veux tous. […] J’ai besoin de tout. » (Luc en parlant de ses conquêtes amoureuses, dans la pièce Parfums d’intimité (2008) de Michel Tremblay) ; etc.
 
TOUT centristes
 

Mais souvent, en amour homosexuel, le « pas du tout » succède au « passionnément ». Derrière la glorification d’une totalité sentimentale, esthétique, émotionnelle, se cache une idolâtrie qui fait souffrir le héros homosexuel, lui fait vivre les montagnes russes émotionnelles, ou qui s’annonce fusionnelle, oppressante, possessive : « Ses mains encore dans mes cheveux. Ses yeux sérieux que je regarde de tout près bien qu’il fasse trop sombre maintenant pour y distinguer quoi que ce soit d’autre qu’un fugitif éclat de lumière. Alors une brusque exhalation de tout le corps – comme en ont les fleurs, par à-coups – venue on ne sait d’où, on ne sait de qui (peut-être à la fois de nous deux) nous inclut lentement dans le même remous, nous relie aux mêmes vibrations, comme si l’air entre nous les vêtements et jusqu’à la peau même tout avait disparu, abolissant jusqu’à la conscience claire d’être soi devant l’autre… » (Mireille Best, Hymne aux murènes (1986), p. 143) ; « Avec toi, c’est tout ou rien. » (Emma parlant à son amante Adèle, dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche) ; « Plus je te vois, plus je réalise que je ne te connaissais pas. Je pensais t’aimer à jamais et pour toujours. Je me trompais. Je t’ai trop aimé. Mais aussi mal aimé, comment est-ce possible ? » (Bryan s’adressant à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 303) ; « On s’aime jamais vraiment que lorsque tout se perd et se termine. » (le juge Kappus dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, p. 157) ; « Toutes les histoires d’amour se ressemblent. Même profil étrange. Mêmes scenarii étranges. Seuls les visages changent. Toutes les histoires d’amour sont les mêmes. Toujours les mêmes problèmes. Toujours les mêmes dilemmes. » (cf. la chanson « L’Inconstant » d’Étienne Daho) ; « Tout tourne autour de moi, les petites Chloé et moi aussi en miniature. » (Cécile à propos de son couple avec Chloé, dans le roman À ta place (2006) de Karine Reysset, p. 45) ; « Tout cela n’a duré qu’un éclair : l’éclair du vendredi dans le hall de la gare (Austerlitz), pétrifiant Pierre et moi devant la carte postale. » (Jean-Louis Bory, La Peau des zèbres (1969), p. 105) ; « Un clown, noir, pédé, d’extrême gauche… J’en ai marre des étiquettes. » (Pierre Fatus dans son one-man-show L’Arme de fraternité massive !, 2015) ; etc.

 

Le « Tout » en question est une soumission masquée à un maître idéalisé, à un fantasme irréaliste, à un regard social extérieur, ou à un conformisme invisible : « On ne peut pas être partout. » (Monsieur d’Anremont s’adressant à Alix, dans le film « Entrevue » (1999) de Marie-Pierre Huster) ; « Vous êtes tout à lui. Il a gagné. » (le narrateur en parlant de son chat, dans le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 234) ; « Une figure admirable, c’est pire que tout. » (l’héroïne de la pièce La Voix humaine (1959) de Jean Cocteau) ; « Souvent, tu t’es efforcé d’imaginer l’impression que tes ‘clients’ se faisaient secrètement de toi : un communiste, un Juif, un courageux, un passeur, un étudiant en chimie, un homosexuel, un soumis, un meneur, un traître, un indépendant, un garçon serviable, un jeune homme contraint, un allié, un complice, un auxiliaire ? Tu conclus : un peu tout ça. » (Félix, le narrateur homosexuel du roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 72) ; « Lorsque tout le monde sera super, plus personne ne le sera. » (le méchant Syndrome dans le film d’animation « Les Indestructibles » (2004) de Brad Bird) ; etc.

 

L’absolutisme auquel le héros homosexuel s’identifie louvoie avec une idolâtrie matérialiste : « Je m’endette, je m’achète tout ce qui me passe par la tête, je me jette comme une bête sur le dernier gadget. » (cf. la chanson « L’Enfant de la pollution » de Ziggy dans la comédie musicale Starmania de Michel Berger) ; « Je lisais toujours des livres dont personne d’autre n’aurait lu plus d’une page. […]Je lis et j’ai lu presque tout ce qui existe : dans ma maison, il n’y a que des livres et du vide. » (Garnet Montrose, le héros du roman Je suis vivant dans ma tombe (1975) de James Purdy, pp. 28-29) ; « Vous n’avez pas de chance. Je conserve tout. » (Pierrette, l’héroïne lesbienne du film « Huit femmes » (2002) de François Ozon) ; etc.
 
 

b) TOUT est un jeu misanthrope, agressif et censeur :

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On découvre au fur et à mesure dans les fictions homo-érotiques que le « Tout » dont il est question renvoie chez le héros homosexuel à une peur paranoïaque (…de voir son orgueil mégalomaniaque, ou sa prétention victimiaire démasqués), à une blessure existentielle, à une misanthropie : cf. le téléfilm « Prayers For Bobby » (« Bobby, seul contre tous », 2009) de Russell Mulcahy. « À cause des blessures que j’ai reçues à la Guerre du Pacifique, mon aspect physique est tel que tout le monde est révulsé à ma vue, au point de vomir ou même de s’évanouir. » (Garnet Montrose, le héros homosexuel du roman Je suis vivant dans ma tombe (1975) de James Purdy, p. 10) ; « Vous pensez toutes que je vous déteste. C’est pas vrai. J’aime tout le monde. Mais personne ne comprend ma façon d’aimer. On croit que c’est de la haine ! » (Augustine dans son film « Huit femmes » (2002) de François Ozon) ; « Il ne m’a fallu très longtemps pour comprendre que je n’étais pas à ma place au milieu de tout ça… et dès que j’en ai eu l’occasion, je suis parti pour la grande ville. » (Billy, le héros homosexuel du film « Billy’s Hollywood Screen Kiss » (1998) de Tommy O’Haver) ; etc.
 

Comme le héros homosexuel se rend compte de la vanité du « Tout » qu’il recherche, il a tendance à s’enferrer dans l’anti-conformisme, l’opposition de principe, et la trahison ironique… démarche non moins totalitaire et bien plus sérieuse que prévue : cf. l’album « En vert et contre tout » de Véronique Rivière, le roman Tout m’énerve (2000) de Pascal Pellerin, le one-woman-show Tout m’énerve (1989) de Muriel Robin, etc. « Soyez chaque jour le traître de toutes choses. » (Nietzsche dans la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman) ; « Ce qu’il y a de beau dans la trahison, c’est qu’elle s’applique à tout. Elle est universelle. » (Jean-Claude Dreyfus dans la pièce Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (2007) de Gérald Garutti) ; « Avec toi, c’est tout ou rien. » (Clément s’adressant à Louise, le personnage trans M to F, dans le téléfilm « Louis(e) » (2017) d’Arnaud Mercadier) ; etc.

 

« Tout » est employé pour nier/imposer une évidence ou imposer une indifférence/désinvolture/censure : « Je m’éloigne de tout. Je suis loin de vous. » (cf. la chanson « Agnus Dei » de Mylène Farmer) ; « Moi, je suis quelqu’un qui dit pas ses sentiments. Je garde tout. » (Benoît, l’un des héros homos de la pièce Bonjour ivresse ! (2010) de Franck Le Hen) ; « C’est impossible pour moi de nouer des liens avec quelqu’un. Les gens passent, ils s’en vont, ça défile, c’est pareil avec tout, au bout de peu de temps tout s’éloigne de moi à toute vitesse. Laisse-moi Paul. Je vous le demande. » (Jean-Louis Bory, La Peau des zèbres (1969), p. 529) ; « Comme ils se croyaient condamnés, ils se sont persuadés que tout ce qu’ils feraient ne tirerait plus à conséquence. » (André Gide, Les Faux-Monnayeurs (1997), p. 61) ; « Plus de centre, tout m’est égal… Je vis hors de moi et je pars… » (cf. la chanson « Comme j’ai mal » de Mylène Farmer) ; « Nicolas [le héros homosexuel] aimait la mélancolie sur fond de musique funky. Dans l’ancien ventre de Paris, il s’inventait un art de vivre à distance, où toute valeur était périmée, toute vérité fausse. » (Benoît Duteurtre, Gaieté parisienne (1996), p. 35) ; « C’est comme ça et puis c’est tout ! » (Damien par rapport à son homosexualité, dans la pièce Les deux pieds dans le bonheur (2008) de Géraldine Therre et Erwin Zirmi) ; « Trop fière et trop entière, encore. Il fallait m’accepter comme j’étais, un point c’est tout. » (Suzanne, l’héroïne lesbienne à propos de son homosexualité, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 92) ; « Arrête de vouloir comprendre. J’aime Loïc. Un point c’est tout. » (Guillaume dans la pièce Les Amazones, 3 ans après… (2007) de Jean-Marie Chevret) ; « Tristana prête à tout, pour rien, pour tout. » (cf. la chanson « Tristana » de Mylène Farmer) ; « Je suis une femme, je suis un homme, je suis tout, je ne suis rien. » (la narratrice lesbienne du roman Poupée Bella (2004) de Nina Bouraoui, p. 9) ; « Je suis partout et nulle part. » (Cyril, le héros du roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, p. 33) ; etc.
 
 

c) TOUT est le viol :

Ce que cache le « Tout » n’est en général pas beau du tout : cela se réfère à la misère, à la souffrance, à la mort, à la méchanceté et à la violence… une violence parfois irréelle et seulement fantasmée : « Tout est chaos à côté. » (cf. la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer) ; « Voilà. Il faut retrouver cette terreur, désormais presque familière. Il faut vivre avec cela, la peur que tout s’arrête, en une minute, que l’hémorragie survienne et l’emporte. » (Lucas, le héros du roman Son frère (2001) de Philippe Besson, p. 56) ; « Être homos, ça nous oblige à tout détruire. » (Stéphane, le héros gay s’adressant à sa meilleure amie lesbienne Florence, dans la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar) ; « J’observe la saleté de la gare de Florence, cette saleté que les gens laissent derrière eux, celle que les courants d’air transportent. Je respire les odeurs de friture, d’urine, de combustible mélangées. Je vois l’épaisse couche grise qui recouvre tout, qui finit par se déposer sur les peaux. » (Leo, l’un des héros homosexuels du roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, p. 21) ; « Je m’échine à expliquer aux autres […]à quel point ce monde est à l’envers, […] à quel point je voudrais tout bousiller, réduire en cendres. » (Mireille Best, Camille en octobre (1988), pp. 206-207) ; « Privés de toute dignité sociale, de toute charte sociale établie pour la conduite de l’homme, de la camaraderie qui, par droit divin, devrait être le propre de toute créature qui vit et respire, rejetés de tous, en proie dès leur plus tendre enfance à une incessante persécution, ils étaient maintenant plus avilis encore que ne le croyaient leurs ennemis, et plus désespérés que toute la lie de la création. Car, puisque tout ce qui, à nombre d’entre eux, avait semblé beau, une émotion belle, désintéressée, et noble parfois, avait été couvert de honte, traité d’impureté et de vilenie, ils s’étaient graduellement abaissés au niveau auquel le monde plaçait leurs émotions. Et regardant avec horreur ces hommes saturés de boisson, intoxiqués de drogue, comme s’ils l’étaient en trop grand nombre, Stephen sentit que quelque chose de terrifiant planait dans cette malheureuse salle de chez Alec, terrifiant parce que s’il y avait un Dieu, sa colère devait s’élever contre une telle injustice. Leur lot était plus pitoyable encore que le sien et l’humanité avait sûrement à en répondre. » (Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 564) ; « Des cinés toute seule, des expos toute seule, des anniversaires toute seule… Toujours toute seule. » (John, l’héroïne lesbienne de la pièce Elvis n’est pas mort (2008) de Benoît Masocco) ; « L’homme n’a rien en fait que deux possibilités : être fort et droit, ou se donner la mort. » (Yukio Mishima, Ken, 1963) ; « On s’en fout. On est tout. On finira au fond du trou. » (cf. la chanson « C’est dans l’air » de Mylène Farmer) ; etc.

 

« Tout » est l’autre nom du viol (ou du fantasme de viol) : « J’ai peur de devenir folle. Toutes les nuits je rêve qu’on me viole. » (cf. la chanson « Les Adieux d’un sex-symbol » de Stella Spotlight dans l’opéra-rock Starmania de Michel Berger) ; « De ma vie, je ne m’étais jamais fait baiser sans le vouloir. Je sais maintenant que tout peut arriver. Et que, même sans le vouloir, on peut aimer cela. » (Bjorn, l’un des héros homosexuel du roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 154) ; « Aucun plaisir n’était plus possible, à cause de Berthe. Elle empêchait tout. Paul n’osait pas se l’avouer, mais elle l’intimidait. […] Il la craignait. » (Paul dans le roman Si j’étais vous (1947) de Julien Green, p. 111) ; « L’envie de la toucher lui vint tout d’un coup et il s’étonna que ce geste si simple demeurât malgré tout impossible parce qu’il avait peur. Encore une fois il avait peur, il avait peur de cette boulangère comme il avait peur de tout le monde. » (Emmanuel Fruges, idem, p. 189) ; « Les hommes, je les utilise. Un peu de plaisir et puis c’est tout. » (Karin, l’une des héroïnes lesbiennes du film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant », « Les Larmes amères de Petra von Kant » (1972) de Rainer Werner Fassbinder) ; « Toi qui n’as pas vu l’autre côté, de ma mémoire aux portes condamnées, j’ai tout enfoui les trésors du passé, les années blessées. » (cf. la chanson « L’Innamoramento » de Mylène Farmer) ; « J’ai décidé d’effacer tout ça, de faire comme s’il ne s’était rien passé, et si, par hasard, Héloïse me refaisait des avances, de lui dire : ‘Non, c’est hors de question. ’ Car il me paraissait qu’elle m’avait violée, finalement. » (Suzanne, l’héroïne lesbienne du roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 290) ; « Jane rêvait d’Anna. Elles étaient seules dans le noir, les doux cheveux de la fille retombaient sur le visage de Jane. Elle eut l’impression d’être au lit avec elle et se mit à paniquer ; ce n’était pas ce qu’elle voulait, tout allait de travers. Les lèvres de la fille se posèrent sur les siennes et elles s’embrassèrent, la langue d’Anna frémissante et insistante. Jane comprit à nouveau ce qu’elle était en train de faire et tenta de la repousser mais quelque force supérieure les collait l’une à l’autre. Elle sentait le poids du corps de la fille, la douceur de ses seins, et elle se tortilla pour se dégager, tentant désespérément de s’échapper, mais elle avait beau se tourner dans toutes les directions, elle était piégée. Elle repoussa Anna de toutes ses forces, mais sans résultat, elles étaient verrouillées l’une à l’autre, et brusquement Jane comprit ce qui les retenait là. Elles étaient scellées, l’une au-dessus de l’autre, sous le plancher de l’immeuble de derrière. » (Jane, l’héroïne lesbienne adulte, en couple avec Petra, et se voyant coucher avec Anna, la gamine de treize ans, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 222) ; etc. Par exemple, dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez, Juna, l’héroïne lesbienne qui semble avoir une relation incestueuse avec sa grande sœur (« C’est ma faute. J’ai pas su mettre les limites. Elle ne m’a jamais fait de mal. J’ai juste besoin que tout soit clair. »), se voit justement reprocher par la femme qui l’aime, Rinn, d’être excessive : « Il faut toujours que tu en fasses trop. » Dans la pièce Les Vœux du Cœur (2015) de Bill C. Davis, Tom reproche à son amant Bryan qui l’oppresse ses excès : « Tout ! Tout le monde ! Tout le temps ! »

 

« Tout » est également l’homophobie, à savoir le viol orienté vers tous, y compris vers soi-même et ses semblables d’orientation sexuelle ! « Elles me font chier, toutes ces folles. » (François, précisément la plus « grande folle » de l’histoire, dans le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 112) ; « J’avais peur de ces mecs, de ces flics, de tout. Je sais pas comment t’expliquer ça… J’arrivais pas à leur expliquer qu’un type m’avait frappé parce que j’avais une tête d’Arabe… J’avais honte. » (Félix, le héros homosexuel ne dénonçant pas la violence qu’il a subie, par peur d’être taxé de « Maghrébin » ou d’« homosexuel », dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau) ; « Ah, race de femmes maudites, vous êtes toutes des putes ignorant tout de la bite ! » (Ahmed à des lesbiennes dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; « C’était un peu paradoxal – j’envisageais de révéler mon homosexualité à nos parents, et en même temps je mentais à toutes les filles que je rencontrais. » (Petra, l’héroïne lesbienne se travestissant en homme en boîte, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 83) ; « Toutes ces folles à franges se faisaient monter au rayon j’ai vingt ans, bien qu’elles en eussent au moins le double chacune » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Kleptophile » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 77) ; « On se dit partout ‘Connasse ! » (le couple homo de la chanson « L’amour ça, l’amour ça vient » du groupe Mauvais Genre) ; « Les hommes politiques, c’est un peu comme les homosexuels. Ça te fait gober tout et n’importe quoi. Et plus c’est gros, plus ça passe. […] Les homos, c’est pas de la tarte. Y’a pas plus intolérant qu’un homo dans le milieu. » (l’humoriste homosexuel Samuel Laroque lors de son one-man-show Elle est pas belle ma vie ? , 2012) ; « Si on pouvait ne pas tant se haïr. C’est tout. Si on essayait de ne pas tant nous détester. » (Michael, le héros homosexuel parlant à ses pairs gays, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; etc.
 
 

d) TOUT est politisé en totalitarisme et en dictature : d’un extrême à l’autre

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

La violence totalitaire du désir homosexuel s’élargit malheureusement à un plus grand Tout (= le Monde), sous des prétextes universalistes identitaires et amoureux. Dans la bouche de beaucoup de héros homosexuels, le « Tout » se mute en une revendication politique, en engagement révolutionnaire grandiose et déterminé : « Ce que nous voulons : TOUT. » (cf. une phrase peinte en rouge en gros sur un mur, en écho au journal Tout ! des années 1970 dont nous reparlerons, dans la pièce musicale Rosa La Rouge (2010) de Marcial Di Fonzo Bo et Claire Dizerti) ; « En serez-vous ? Si vous en êtes, faut reconnaître qu’à notre époque, ça mène à tout. Pour réussir, il faut en être. Un p’tit effort, Zou ! En serez-vous ? » (cf. la chanson « En serez-vous ? » des duettistes Gilles et Julien, 1932) ; « Les pédés obtiennent toujours tout les premiers. » (Senel Paz, Fresa Y Chocolate (1991), p. 10) ; « Le problème avec ces gens-là, c’est qu’on ne sait jamais jusqu’où ils peuvent aller. » (Alexandre parlant des homos, dans le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion) ; etc. La totalité la plus pratique et la plus usitée par le militantisme LGBT, c’est le concept d’« Égalité ». Selon le héros homosexuel, tous les êtres humains seraient tous égaux à lui ou auraient tous à l’être.

 

Ce « Tout » planétaire convoité par les héros homosexuels concerne le désir homosexuel, les points de vue. Ils se mettent à imaginer que tout le monde pense et désire comme eux, que la Terre entière hétérosexuelle est homosexuellement refoulée : « Toutes les femmes sont des lesbiennes dans l’âme ! » (Stephany, l’héroïne lesbiennes et ses deux coreligionnaires, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus)

 

Au nom de l’anti-totalitarisme, les héros homosexuels se dirigent vers un nouveau totalitarisme, encore plus aveugle car il est enrobé de bonnes intentions anticonformistes. Ils sont les premiers à s’étonner de la dureté de leur totalitarisme : « Comment je fais pour rien faire comme tout le monde, mais réussir quand même à être aussi con ? » (Jarry dans son one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « À mes yeux tout était vu, tu me voyais comme presque tout. […] À trop vouloir goûter au trop, je ne m’y suis pas reconnu. » (c.f. la chanson « Comme ça » d’Eddy de Pretto).

 

Dans les œuvres homosexuelles, l’homosexualité « assumée » et pratiquée est habituellement attribuée au progressisme, à l’ouverture d’esprit, à la tolérance, donc à la gauche, et mise en opposition au conservatisme « étriqué » de droite. Mais au niveau politique, les personnages homosexuels ont tendance à se situer dans les deux camps totalitaires à la fois : extrême gauche ET extrême droite. Ils louvoient avec l’extrême droite tout en faisant mine de lui cracher dessus. Par exemple, dans le film « The Stepford Wives » (« Et l’homme créa la femme », 2004) de Frank Oz, Roger, l’homosexuel drôle, « ouvert » et « progressiste » ne supporte pas le conservatisme politique (« Vous vous rendez compte ? Un gay de droite, c’est aussi inconcevable qu’un gay avec une mauvaise coupe de cheveux. »)… mais il se retrouve en couple avec Jerry, un politicien de droite corrompu et qui le manipule. Dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco, Georges, de gauche, est en couple avec Édouard, homme politique de droite, homo refoulé, et en campagne présidentielle ; c’est bien sûr Georges qui est montré en modèle d’épanouissement homosexuel, et qui va, à regret, quitter Édouard, par amour de ses convictions politiques « courageuses ». Dans la pièce Carla Forever (2012) de Samira Afaifal et Yannick Schiavone, Christophe, le « copain d’un soir » de Kevin (le héros gay de gauche), a voté Jean-Marie Le Pen aux élections présidentielles de 2002. Dans le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) de Manuel Puig, on passe d’un extrême politique à un autre : Molina est subjugué par le nazisme, tandis que Valentín est le révolutionnaire d’extrême gauche… et les deux compagnons de cellule vont sortir ensemble. Dans le film « Occident (Statross le Magnifique 2) » (2008) de Jann Halexander, Statross Reichmann, un bourgeois métis bisexuel vit une relation tourmentée avec Hans, un jeune homme blanc d’extrême droite. Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Doyler, l’un des héros homosexuels, se dit « socialiste » pur jus ! Dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, Sergueï Eisenstein, homosexuel, est le bourgeois qui prend la cause des pauvres, parce que ça fait bien. Il va tourner un film sur la Révolution communiste pour le style : « Mexico est à la mode pour tous les gens de gauche ».

 

Se rendant compte que l’extrême gauche n’est pas mieux que l’extrême droite, ou inversement que l’extrême droite n’est pas mieux que l’extrême gauche, certains héros homosexuels critiquent la bêtise des gauchistes, l’intransigeance des droitistes, ou le totalitarisme communautariste LGBT, et s’enferment dans un cynisme apolitique désabusé, bobo, tout aussi totalitaire que les extrêmes pointés du doigt, mais enrobé d’une « neutralité » confortable, installé dans un pseudo « juste milieu » distant et ironique. « T’es de gauche ? C’est hyper important pour moi. Dans la famille, on est de gauche de père en fils. » (Joyce, la lesbienne camionneuse parodiée par le comédien homosexuel Rodolphe Sand, dans le one-man-show Tout en finesse , 2014) Finalement, les personnages homosexuels se décrivent (ou décrivent leurs frères homos) comme des dictateurs absolutistes. « Cette nuit dans la pénombre, j’ai compris que d’autres ici faisaient le métier de tout diriger à leur profit. Que derrière la Gay Pride de Sydney il y avait un trafic d’ecstasy, de médicaments, de produits dérivés. Il y avait du marketing et du sex-business. Avec beaucoup de dollars à la clé. […]Je sais maintenant que Jan est mêlé à tout ça et qu’ils sont en train de s’entre-tuer à quelques semaines seulement de la grande parade sur Oxford Street, du défilé du Mardi gras. » (Bjorn, parlant de son compagnon Jan ainsi que des autres héros-mafieux homosexuels qui l’entourent, dans le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, pp. 167-168) Par exemple, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, Suzanne, l’héroïne lesbienne, évoque « sa tendance à tout régenter ». La trahison à soi-même et aux autres va jusqu’au bout de sa contradiction. Les héros homosexuels voient la dictature comme le meilleur moyen de s’opposer magnanimement au totalitarisme.

 

Au fond, l’origine du totalitarisme homosexuel est toujours une blessure d’orgueil, le fruit d’un idéal déçu ou d’un manque d’amour. C’est souvent en réaction à un père d’extrême droite ou à une éducation présentée comme « extrémiste » que les héros homosexuels rejoignent les rangs de l’extrême gauche ou de l’extrême droite. Par exemple, dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz, Chris, le héros homosexuel, crache sur son papa : « Mon père, il est réac, conservateur. Il comprend pas. » Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Lefteris, le père de Dany (homosexuel) et Ody est candidat d’extrême droite.
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 
 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 
 

a) TOUT est magnifique, ma chérie :

 

Revue Tout !

Revue Tout !


 

L’idolâtrie pour le « Tout » n’est pas que fictionnelle. Quelques organismes ou associations LGBT ou bien ouvrages portent le sceau de la totalité, de l’absolutisme, de l’extrémisme homosexuel (et hétérosexuel) : par exemple toutes les lois pro-gays se valant de la lutte contre toutes les discriminations ou de l’élargissement de droits dits « hétérosexuels » à l’ensemble des minorités culturelles « discriminées » (cf. « le mariage pour tous », « l’avortement pour tous », « la PMA et la GPA pour tous », etc.), la Fédération Total Respect (défendant les droits des personnes homosexuelles de pays en voie de développement), la circulaire All Out (qui a essayé de créer un contrepoids à la Manif Pour Tous du 5 octobre 2014 à Paris et Bordeaux), le fameux livre-scandale Tous à poil (2013) de Claire Franek et Marc Daniau, etc.

 

« Tout » est d’ailleurs le qualificatif donné (à raison) au désir homosexuel, qui est un élan mégalomaniaque, éloigné du Réel (= la différence des sexes), une blessure d’orgueil oscillant entre l’auto-dépréciation et l’auto-glorification. Par exemple, dans son autobiographie Parce que c’était lui (2005), Roger Stéphane définit son homosexualité comme un « phénomène psychologique totalitaire » (p. 22). Quant à l’essayiste nord-américain David Halperin, il écrit également que l’homosexualité masculine ou féminine est « à la fois une identité homophobe en tant que totalisante et normalisatrice, et une identité dont toute négation et tout refus ne sont pas moins homophobes », et que sa revendication est « nécessaire mais politiquement catastrophique » (cf. l’article « Sociologie » de Jean-Manuel de Queiroz, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 380)

 

Le « Tout » dont parlent beaucoup de personnes homosexuelles se présente au départ comme une force incroyable d’ouverture et de générosité : « Les extrêmes me touchent. » (André Gide, Morceaux choisis, 1921) ; « J’aime les personnages qui incarnent un point de vue extrême. » (Michael C. Hall, dans la revue Têtu de janvier 2015) ; « Les extrêmes peuvent servir de révélateur pour les autres. » (Érik Rémès dans l’interview « Érik Rémès, écrivain » de Julien Grunberg, sur le site E-llico consulté en juin 2005) ; « J’aime ce mélange entre bien et mal. Tout est mélangé. » (Barbara, un homme transsexuel M to F, dans le documentaire « Woubi Chéri » (1998) de Philip Brooks et Laurent Bocahut) ; « Le désir justifie tout, pourvu qu’il soit partagé. » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 191) ; « Je suis contre tous les tabous sexuels. Je suis pour toutes les libérations. Je ne m’effraye d’aucune combinaison d’ordre sentimental ou érotique, estimant que chaque individu a le droit de disposer de son corps comme il lui plaît et de se livrer à certaines expériences. » (Gérard de Lacaze-Duthiers cité dans l’article « Inversion sexuelle » d’Eugène Armand, dans l’essai L’Homosexualité de Platon à Foucault (2005) de Daniel Borillo et Dominique Colas, p. 398) ; « J’aime tricher, jouer, tout avoir sans faire de choix. Et alors ? » (Catherine, une femme lesbienne citée dans l’autobiographie La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010) de Paula Dumont, p. 175) ; « Je mets du sentiment partout. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), p. 315) ; etc.

 

Le fanatisme homosexuel pour ce « Tout » tourne souvent autour du fantasme incestueux de la mère (cinématographique) et de la femme-objet. L’individu homosexuel prétend conquérir ou rejoindre une féminité absolue (il dit même, comme ses chanteuses, qu’il est l’incarnation de toutes les femmes, que « toutes les femmes sont en lui ») : « Toute ma vie a été centrée sur elle. » (Pier Paolo Pasolini à propos de sa mère, cité dans le reportage « Les Fioretti de Pier Paolo Pasolini, 1922-1975 » (1997) d’Alain Bergada) ; « Ma tante Germaine, plus jeune que ma mère, est restée célibataire toute sa vie. Coiffeuse de profession, elle s’était installée à Brioude où elle avait ouvert un salon pour dames. […] Moderne et indépendante, elle habitat un studio au-dessus de son salon : un grand lit par terre, des photos d’artistes collées au mur, tout y était un peu bohème. Plutôt sportive, libre, décontractée, elle aimait l’ambiance du spectacle et, grâce à son salon, était en contact avec une faune diverse, des ‘originaux’ comme on disait. Curieuse et gaie, elle courait toutes les manifestations de peinture et de musique. Je me souviens qu’elle buvait parfois du champagne à midi, ce qui, à l’époque, me semblait être le comble de la dépravation ! Son mode de vie marginal pour le milieu un peu étriqué et bourgeois dont elle était issue, et où j’ai grandi, me fascinait. Ma grand-mère jugeait sévèrement son existence de garçonne, prenant ma mère raisonnable et rangée comme exemple. Évidemment, j’appréciais davantage le mode de vie de ma tante. » (Jean-Claude Brialy, Le Ruisseau des singes (2000), pp. 19-20) ; « Les icônes gays, ce sont des femmes sophistiquées. Elles semblent inaccessibles, elles ont quelque chose de divin. Elles sont des objets de fantasmes : elles font envie. Il n’y a pas de désir sexuel du gay envers son idole, mais il y a un grand désir de fantasme : cette femme, elle est forte, elle fait des choses impressionnantes, elle est glamour, tout ce que je ne serai jamais mais qu’on a envie d’être au fond de nous. » (Franck Cnuddle dans l’émission Plus vite que la musique, sur la chaîne M6, 2001) ; « Je suis régénérée. J’ai des tonnes d’idées et tellement à faire que je devrais me cloner pour tout mener à bien. » (Madonna pour la sortie de son album Hard Candy, interviewée dans la revue Le Figaro Madame, le 5 avril 2008) ; Je suis une femme comme une autre ! » (Ève, homme trans M to F de 23 ans, dans l’émission de speed-dating de la chaîne M6, Et si on se rencontrait ?) ; etc.

 

L’« amour » de cette femme-Tout est totalitaire, et finit parfois par peser trop lourd sur les épaules du sujet homosexuel qui le reçoit/qui s’y adonne : « Cette sensation effarante de l’avoir toujours sur mon dos. […]Elle occupait toute la place, elle faisait écran entre moi et le reste du monde, et elle m’avait brisé depuis le début. […] Je ne comptais pas pour elle ou peut-être que je comptais beaucoup. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), pp. 88-89) ; « Cette violence me renvoie à celle qu’elle avait à l’égard de tout, de moi. Elle me fait horreur, à nouveau, l’image de la ‘mauvaise mère’, brutale, inflexible. » (Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit (1997), p. 88) ; etc.

 

Le « Tout » dont il est question dans les mots de certaines personnes homosexuelles est presque Dieu, ou le sentiment donjuanesque d’être Tout, d’être sans limites. cf. l’autobiographie Everybody’s Autobiography (1937) de Gertrude Stein. « Je voulais être tout le monde. » (Julien Green dans la préface de son roman Si j’étais vous (1947), p. 10) ; « Omettez toujours les défauts – ils ne font pas partie de la bonne image que vous souhaitez. » (Andy Warhol dans l’exposition « Le Grand Monde d’Andy Warhol » au Grand Palais, de 18 mars 2009 au 13 juillet 2009) ; « À 10 ou 11 ans, j’étais un enfant secret et sensible. Un tendre. Un timide, quoi. Je voulais être impeccable, toujours, en toutes circonstances. » (Michel Bellin, Impotens Deus (2006), p. 33) ; « De toute façon, la seule chose qui m’intéresse vraiment, c’est d’être premier de la classe. Ça fait peut-être con, mais c’est la stricte vérité. […] Je voulais juste être le premier de la classe et ne supportais pas l’échec. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 10 puis p. 168) ; « Je me faisais un point d’honneur d’avoir toutes les filles… […] Les hommes m’attirent bien moins, mais pour moi c’est plus pratique. […] J’aime qu’on m’admire. J’aime montrer mon corps. » (Bruno, un homme bisexuel de 25 ans, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (2008) de Michel Dorais, pp. 204-205) ; « L’homme est en discontinuité avec la nature, et tout ce qui vient de lui est original. » (Geneviève Pastre citée dans la revue Triangul’Ère 1 (1999) de Christophe Gendron, p. 75) ; « Le schizophrène n’est pas homme et femme. Il est homme ou femme. Il est mort ou vivant, non pas les deux à la fois, mais chacun des deux au terme d’une distance qu’il survole en glissant. Il est enfant ou parent, non pas l’un et l’autre, mais l’un au bout de l’autre comme les deux bouts d’un bâton dans un espace indécomposable : tout se divise, mais en soi-même. » (Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Œdipe (1972/1973), p. 91) ; « Sa furieuse quête de la masculinité… provoqua le désir de se purger de toute sensibilité pour devenir un objet pleinement viril. » (Lynne Segal à propos du suicide de Yukio Mishima, citée dans l’essai X Y de l’identité masculine (1992) d’Élisabeth Badinter, p. 203) ; « J’ai couché avec la terre entière. Enfin, j’ai fait ce que j’ai pu. C’est une phrase un peu donjuanesque. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) ; etc. Et le pire, c’est que l’usage du « Tout » se fait quelquefois passer pour de l’humilité de la part de certains auteurs homos. « C’est TOUT qui parle à ma place ; ce n’est plus MOI. » Par exemple, en épitaphe à son autobiographie Roland Barthes par Roland Barthes (1975), Roland Barthes écrit : « Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman. »

 

Le « Tout » en question est en réalité une soumission masquée à un maître idéalisé, à un regard extérieur social (souvent fantasmé), ou à un conformisme invisible : « La ‘folle perdue’, cette image diffusée dans nombres nombre de blagues et de pièces de boulevard, est le cas limite de l’homosexuel qui a accepté de tout faire pour correspondre à la caricature que ceux qui l’oppriment se font de lui. » (Michael Pollack, Une Identité blessée (1993), p. 194) ; « Je suis un bouchon au fil de l’eau, un naufragé qui tente de s’agripper à une bouée de sauvetage, on peut faire de moi ce que l’on veut, je suis prêt à toutes les aventures. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), p. 154) ; « De quel droit écrivais-je tout cela ? De quel droit faisais-je de telles entailles à l’amitié ? Et vis-à-vis de quelqu’un que j’adorais de tout mon cœur ? » (Hervé Guibert, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990), p. 106) ; etc.

 

Le « Tout » est également l’amant homosexuel contre lequel il serait possible de ne faire qu’Un (une unité androgynique et amoureuse) : « N’est-ce pas cette recherche de la ressemblance, cette quête et cette poursuite de la totalité qui, comme Platon le fait remarquer dans la bouche d’Aristophane, est à la base de l’amour ? Comme personne n’a jamais pu retrouver la totalité parfaite chez un autre être humain, homme ou femme, le jumeau est sans aucun doute l’être le plus adéquat pour combler la fracture originelle et atteindre cette totalité. » (Gore Vidal, Palimpseste – Mémoires (1995), p. 34) ; « Nous avons tout partagé, les angoisses, les espoirs, les joies mais aussi les maisons, les tableaux, les objets d’art. Parfois les amants. » (Pierre Bergé à propos de son « couple » avec Yves Saint Laurent, dans la revue Têtu, n°135, juillet-août 2008, p. 18) ; « C’est en cela que réside l’homosexualité de Virginia Woolf : dans cette nécessité de tout vivre à travers une femme. La médiatrice devait être belle et séduisante, comme Vita Sackville-West l’aristocrate, et posséder un univers qu’elle, Virginia, ne possédait pas. » (cf. l’article « Vivre à travers une femme » de Diane de Margerie, dans le Magazine littéraire, n°275, mars 1990, p. 36) ; « Entre moi et elle, à chaque fois, la place de l’imaginaire détermine le degré du désir. Plus l’une me rappelle au réel, plus je la fuis à tire-d’aile, ricanant que tout est possible, en fantasme du moins. Plus l’autre ancre notre amitié dans des discours raisonnables, plus je veux sa déraison, ce qui lui échappe. » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 197) ; « Le sexe est une pulsion humaine fondamentale qui ne peut être bridée. Toutes les tentatives pour le contrôler ou le réglementer ont échoué. L’amour ne connaît pas de verrous. » (Terry Sanderson, Gay Kâma Sûtra (2003), p. 8) ; etc. Par exemple, dans son essai L’Homosexualité au cinéma (2007), Didier Roth-Bettoni soutient que l’amour homosexuel « transgresse toutes les barrières des genres » (p. 549)

 

Derrière cette glorification d’une totalité sentimentale, esthétique, émotionnelle, se cache une idolâtrie qui fait souffrir ou qui s’annonce fusionnelle, oppressante : « Je pensais que l’amour protégeait du malheur. Que la beauté, la candeur, la jeunesse protégeaient de tout. » (Gaël-Laurent Tilium, Recto/Verso (2007), p. 237) ; « C’est sur internet que j’ai fait mes premières erreurs. Caché derrière un pseudonyme, on se croit tout permis, on s’invente des envies, une vie, et on oublie la sienne. On est happé par cette apparente convivialité, à mille lieues de la réalité, mais, malgré tout, on s’y plaît, on s’y réfugie, on y jouit et on s’y confie. C’était plus fort que moi, je ne vivais plus que pour ça. J’ai tout pris au pied de la lettre, et je me suis retrouvé à Paris pour y rencontrer un mec que je ne connaissais pas. Après plusieurs mois d’amour virtuel, je voulais que ça continue dans la vie réelle. Ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte de ma stupidité et du fait que cette histoire ne pourrait jamais marcher. D’ailleurs, c’est ce qui s’est passé. J’y ai trop cru, alors que l’homme n’en voulait que pour mon cul. Il a négligé mon innocence au profit de sa complaisance. Après un début passionnel, la chute a été rude. » (Cédric, 18 ans, Grenoble, dans la revue Têtu, 2002) ; « L’amour n’existe pas. L’homme n’est pas fait pour la femme. Tout finit dans les cendres de l’apocalypse. » (Oscar Wilde) ; etc.

 

Les personnes homosexuelles cherchent la totalité de la différence des sexes, mais en rejetant la différence des sexes. C’est ce qui fait qu’en amour, elles vivent les montagnes russes, passent d’un extrême à l’autre. Par exemple, dans son roman Sodome et Gomorrhe (1921-1933), Marcel Proust parle des « intermittences du cœur » (p. 21).
 
 

b) TOUT est un jeu misanthrope, agressif et censeur :

On découvre au fur et à mesure dans les discours de nombreuses personnes homosexuelles que le « Tout » dont il est question renvoie chez elles à une peur paranoïaque (…de voir leur orgueil mégalomaniaque, ou leur prétention victimiaire démasqués), à une blessure existentielle, à une misanthropie : « Je me méfie d’une certaine nature humaine. Plus que tout je redoute la trahison. » (Mylène Farmer, Paris Match, n°2741, le 6 décembre 2001) ; « Je redoutais la sonnerie qui annonçait l’heure de la récréation. Alors que tout le monde dévalait l’escalier en courant, je traînais, j’hésitais à quitter la classe et la proximité des maîtres. » (Christophe Tison, Il m’aimait (2004), p. 35) ; « Quand je pense au mot ‘identité’ me viennent à l’esprit les mots ‘empreintes digitales’, ‘carte d’identité’ et toutes ces choses paranoïaques. » (cf. l’article « El Deseo De Unas Islas » (1982), dans Prosa Plebeya (1997) de Néstor Perlongher, p. 185) ; « Les conditions d’existence que crée la société aux homosexuels suffiraient largement pour expliquer toutes les névroses possibles. Comment échapperaient-ils aux angoisses et aux complexes de culpabilité, alors que tout, autour d’eux, contribue à les culpabiliser et à leur donner un sentiment d’insécurité ? » (Marc Daniel, André Baudry, Les Homosexuels (1973), pp. 58-59) ; « Parce que quand tout le monde s’est mis à lui cracher dessus après le succès de ‘Joe le taxi’, les gays ont tout de suite adoptée Vanessa Paradis. » (cf. la revue Têtu, n°127, novembre 2007, p. 101) ; « Vous avez besoin d’être partout » (Jacques Chancel s’adressant à Jean-Louis Bory, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976) ; « Il s’agissait d’être pour et contre tout. » (Dan Savage, homosexuel, parlant de la bisexualité de David Bowie, dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture », « Out » (2014) de Maxime Donzel) ; etc.
 

Comme elles se rendent compte de la vanité du « Tout » qu’elles recherchent, certaines personnes homosexuelles ont tendance à s’enferrer dans l’anti-conformisme, l’opposition de principe, et la trahison ironique… démarche non moins totalitaire et bien plus sérieuse que prévue : « En enfant de bourgeois éclairés, j’avais été élevée dans l’idée que tout m’était possible. Et chaque renoncement me faisait dégringoler d’un échelon dans l’estime de moi-même. Quand je pense que mon livre préféré de Camus était La Chute ! » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 74) ; « J’ai le Sida. J’attrape toutes les modes. » (Copi s’adressant à Facundo Bo, cité dans l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, p. 479) ; « J’ironise un peu sur tout. » (Jean-Luc Lagarce dans son Journal, 1992) ; « J’attaquais tout. C’était un jeu. » (Jean Cocteau dans le documentaire « Jean Cocteau, autoportrait d’un inconnu » (1983) d’Edgardo Cozarinsky) ; « Je suis à la lettre une vieille recette de star : je n’explique rien, vous devinez tout, et j’entretiens le mystère… » (Mylène Farmer citée dans la biographie Mylène Farmer (2004) de Bernard Violet) ; « Ce qui emporte tout, c’est la saveur du paradoxe. » (Roland Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes (1975), p. 93) ; « Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, regardez seulement la surface : de mes peintures, de mes films et de moi, et me voilà. Il n’y a rien derrière. » (cf. l’article « Andy Warhol » d’Élisabeth Lebovici cité dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 495) ; « Le clown, il peut tout être. Le clown, il est au-delà. » (la femme transsexuelle F to M interviewée dans le documentaire « Le Genre qui doute » (2011) de Julie Carlier) ; etc.

 

Dans son essai La Littérature sans estomac (2002), Pierre Jourde se moque de cette culture du pseudo « Interdit » que notre monde contemporain bisexualisant appelle « Tout » et cultive comme un objet sacré intouchable, et qui n’est en réalité qu’un rempart à la prétention humaine et au déni de la responsabilité des actes mauvais : « On vilipende d’imaginaires écoles du dégoûtant. Certains continuent à se demander si l’on peut tout dire. […]Le ‘tout’ en question, dont on fait si grand cas, s’avère à la lecture n’être qu’une anodine histoire de fesses dont il est aussi ridicule de s’extasier que de se gendarmer. Certains auteurs prétendus ‘sulfureux’, ainsi que les critiques et les éditeurs qui entretiennent cette réputation, ont l’air de vivre il y a 50 ans, ils se gargarisent d’audaces cacochymes, s’étonnent du courage qui consiste à briser des interdits pulvérisés depuis des lustres. » (p. 21)

 

« Tout » est généralement employé pour nier/imposer une évidence ou imposer une indifférence/désinvolture/censure relativistes : « Maintenant, je continue à me voir là, suspendu à la fenêtre de ce petit appartement, en train de regarder le monde passer, observant tout, isolé et heureux. » (cf. l’article « Entre El Papel Y La Pluma » de Xosé Manuel Buxán, dans l’essai Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas, p. 174) ; « C’est pas forcément glauque, les baisodromes. Il peut y avoir un côté sympa. C’est facile. C’est un jeu, avec des rituels. Tu consommes, sur place, un mec différent tous les soirs. C’est la quantité qui choque. Mais ça ne laisse pas de trace. Quand j’ai rencontré Stéphane, il y a un an, je ne me sentais pas sale de tout ça. » (Emmanuel, homosexuel, 33 ans, dans la revue Actualité des Religions, n°5, mai 1999, p. 38) ; « Si j’ai choisi l’anonymat, ce n’est donc pas pour critiquer tel ou tel, ce que je ne fais jamais. C’est une manière de m’adresser plus directement à l’éventuel lecteur, le seul personnage ici qui m’intéresse : ‘Puisque tu ne sais pas qui je suis, tu n’auras pas la tentation de chercher les raisons pour lesquelles je dis ce que tu lis ; laisse-toi aller à te dire tout simplement : c’est vrai, c’est faux. Ça me plaît, ça ne me plaît pas. Un point, c’est tout. » (Michel Foucault, Dits et écrits II (1976-1988), p. 925) ; « Whitman récuse avec véhémence toute possibilité d’une lecture gay de ses poèmes. » (cf. l’article « Walt Whitman » de Jean-Paul Rocchi, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 499) ; « Je suis homosexuel. Un point c’est tout. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 119) ; « On naît homo. On ne le choisit pas. Un point c’est tout. » (Philippe Robin-Volclair pendant l’intermède de son spectacle de marionnettes L’Histoire du canard qui voulait pas qu’on le traite de dinde, 2008) ; « Je ne sais pas si je suis né homosexuel et je ne veux pas me poser cette question. Je suis homosexuel, un point c’est tout. » (Jean-Luc Romero, On m’a volé ma vérité (2001), p. 28) ; « C’est comme ça et puis c’est tout ! Y’a des gens qui t’écrivent des théories. Moi, ça ne m’intéresse pas. » (Denis, homosexuel, dans le documentaire « Une vie de couple avec un chien » (1997) de Joël Van Effenterre) ; « Je, moi, me, mon, ma, mes… ou tout est dans tout, ou rien ne vaut la peine qu’on en parle. » (Marguerite Yourcenar, « Les Yeux ouverts : entretiens avec Matthieu Galey » (1980), p. 218) ; « Marguerite Yourcenar ‘entre’ – ce qui est encore assez rare pour un auteur vivant – dans la Bibliothèque de la Pléiade. Elle pose des conditions assez inadmissibles, si l’on s’en tient à l’esprit des volumes de la Pléiade, mais Gallimard ne lui refuse plus rien : elle impose que l’édition ne comporte aucun appareil critique autre que ses préfaces et postfaces personnelles. On reconnaît là la volonté qu’on a vu cent fois à l’œuvre chez Marguerite Yourcenar : tout contrôler et ne pas permettre que l’on juge son travail, ses retouches, ses corrections. » (cf. l’article « Chronologie » de Josyane Savigneau, dans le Magazine littéraire, n°283, décembre 1990, p. 26) ; « Vous pouvez tout raconter, mais à condition de ne pas dire ‘je’. » (cf. les propos de Marcel Proust rapportés par André Gide dans son Journal, 1887-1925) ; « Vous êtes le contraire de Barbette. Il cache tout, vous montrez tout ! » (Jean Cocteau s’adressant à Joséphine Baker à propos de l’acrobate homosexuel, dans la biographie La Véritable Joséphine Baker (2000) d’Emmanuel Bonini, p. 52) ; « Je ne fais aucune différence entre l’hétérosexualité, la bisexualité et l’homosexualité. L’amour, c’est être consumé par un feu intérieur, qui vous emmène loin. Tout le monde a raison, tout le monde fait le bon choix, personne n’a à s’interposer quand il s’agit d’amour. […] Quant à l’homoparentalité, je ne vois pas le problème, si problème il y a. Peu importe la sexualité des parents, l’amour doit être au centre de la famille. Je suis pour le bonheur et la félicité. » (Étienne Daho cité dans la revue Têtu, n°127, novembre 2007, p. 34) ; etc.
 
 

c) TOUT est le viol :

Ce que cache le « Tout » n’est en général pas beau du tout : cela se réfère à la misère, à la souffrance, à la mort, à la méchanceté et à la violence… une violence parfois irréelle et seulement fantasmée : « Jean Genet avait en commun avec Violette Leduc ce goût du massacre, ce besoin de démolir. Pour des gens comme eux, il fallait que tout aille mal, c’était une stimulation. » (Jacques Guérin, cité dans l’article « Genet, Violette Leduc » de Valérie Marin La Meslée, dans le Magazine littéraire, n°313, p. 72) ; « De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux. […] Simplement la souffrance est totalitaire : tout ce qui n’entre pas dans son système, elle le fait disparaître. » (la première phrase d’Eddy Bellegueule dans l’autobiographie En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 13) ; « Faut-il que tout glisse et tout passe ? » (Klaus Mann, Journal (1937-1949), p. 96) ; « Burroughs est l’un des écrivains américains les plus importants de la génération d’après-guerre. Drogué et aventurier, il a tout essayé. » (Lionel Povert, Dictionnaire gay (1994), p. 104) ; etc.

 

« Tout » est l’autre nom du viol (ou du fantasme de viol) : « J’ai été victime d’un viol à Marseille, tard dans la nuit. Je n’aime pas le simplisme d’un certain féminisme qui déclare que tout viol est une chose atterrante… Je serai même assez affreux pour dire que je l’ai bien vécu… » (Gilles, homme homosexuel violé, cité dans l’essai Le Viol au masculin (1988) de Daniel Welzer-Lang, pp. 182-183) ; « Ce sont eux qui m’ont incité à voler et à me prostituer ; je suis passé par toutes les pratiques propres à l’homosexualité. » (Félix Sierra cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 186) ; « Même lorsqu’à la fin j’eus mal, je n’ai rien dit, comme si j’avais déjà compris que tout cela devait rester secret. (Cette chose qui n’avait pas de nom.) » (Christophe Tison, Il m’aimait (2004), p. 14) ; « Pour la première fois, j’eus l’impression de faire la pute. Le tapin. J’adoptais l’attitude la plus faussement détachée possible, ne regardant rien, fixant tout. » (Gaël-Laurent Tilium, Recto/Verso (2007), p. 213) ; « Tout homme est un violeur en puissance. » (cf. un extrait du Manifeste de juin 1976, dans la revue Le Quotidien des Femmes, n°10, vendredi 25 juin 1976) ; etc.
 

En matière de sexualité, à force de voir le viol dans tout, y compris là où il n’est pas (= la différence des sexes), beaucoup de personnes homosexuelles finissent par couvrir et justifier les vrais. « Si tout est viol, rien ne l’est. » (Michel Schneider, La Confusion des sexes (2007), p. 48) Le « Tout » homosexuel embrasse et s’attaque à tout, y compris à lui-même ! « Avant de combattre l’homophobie des autres, il faut avant tout dépasser notre propre homophobie. » (Nina Bouraoui dans l’émission Culture et Dépendances, sur la chaîne France 3 diffusée le 9 juin 2004) ; « Je sais que je ne suis pas le seul à être hanté par ce crime et par tout ce qu’il laisse supposer. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), p. 164) ; « Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’intolérance chez les homos. Ils se plaignent à longueur de journée de ne pas avoir tel ou tel droit et ils ne sont même pas unis entre eux. […] Les seuls papiers méchants que j’ai eus dans la presse, c’était dans la presse gay. Quand je suis sorti de La Ferme, j’ai eu 10000 lettres de fans, et six lettres d’insultes qui venaient toutes de gays. » (Vincent McDoom dans le magazine Égéries, n°1, décembre 2004/janvier 2005, pp. 52-55) ; « Pendant de longs jours, j’eus l’impression d’être guéri : la vision ignoble de ce garçon, que je croyais viril, les images de cet homme singeant la femme en présence d’un autre homme tout aussi efféminé, tout cela endormait en moi toute velléité de recommencer. Toutes mes aventures, je les avais eues ou menées sous le signe de cette domination : en un mot, je ne m’étais jamais vu moi-même. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 110) ; « Il s’entêtait, aboyait, balbutiait, m’adressait des injures de toutes sortes. » (Eddy Bellegueule parlant de son grand frère Vincent, alcoolique et brutal, dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 38) ; « Je me tenais à l’écart de tout ce qui se rapprochait plus ou moins de l’homosexualité. » (Eddy Bellegueule, idem, p. 147) ; « J’affirmais toujours plus ma haine des homosexuels pour mettre à distance les soupçons. Je devais être en classe de troisième, peu avant la fin du collège. Il y avait un autre garçon, plus efféminé encore que moi, qui était surnommé ‘la Tanche’. Je le haïssais de ne pas partager ma souffrance, de ne pas chercher à la partager, ne pas essayer d’entrer en contact avec moi. Se mêlait pourtant à cette haine un sentiment de proximité, d’avoir enfin près de moi quelqu’un qui me ressemblait. Je le regardais d’un œil fasciné et plusieurs fois j’avais essayé de l’approcher (uniquement lorsqu’il était seul à la bibliothèque, car il ne fallait pas que je sois vu en train de lui parler). Il restait distant. Un jour qu’il faisait du bruit dans le couloir où une foule assez importante d’élèves était amassée, j’ai crié ‘Ferme ta gueule pédale’. Tous les élèves ont ri. Tout le monde l’a regardé et m’a regardé. J’avais réussi, l’instant de cette injure dans le couloir, à déplacer la honte sur lui. » (idem, p. 195-196) ; « Ce qui est arrivé, oublie-le. Je ne tiens pas à ce que cela se sache et encore moins à ce que tu le prennes comme la naissance d’un amour véritable. Vous êtes ‘toutes’ les mêmes. » (un ex-amant parlant à Berthrand Nguyen Matoko, dans l’autobiographie de ce dernier, Le Flamant noir (2004), p. 72) ; etc. Par exemple, dans son autobiographie Libre (2011), Jean-Michel Dunand raconte comment il a renié son homosexualité face à un garçon avec qui il avait eu une aventure : « Je te préviens, je ne suis pas du tout homo. C’est juste une expérience. », p. 38)
 
 

d) TOUT est politisé en totalitarisme et en dictature : d’un extrême à l’autre

La violence totalitaire du désir homosexuel s’élargit malheureusement à un plus grand Tout (= le Monde), sous des prétextes universalistes identitaires et amoureux. Dans la bouche de beaucoup d’individus homosexuels, le « Tout » se mute en une revendication politique, en engagement révolutionnaire grandiose et déterminé, en combat idéologisé « contre toute forme de discriminations » et « en faveur de toutes les différences » : « Manifeste de la Queer Nation : ‘Nous sommes partout. » (Albert Le Dorze, La Politisation de l’ordre sexuel (2008), p. 149) ; « Maintenant est venu le moment de continuer à défendre la Société de l’Arc-en-ciel : une société ouverte, plurielle, métisse, où tout le monde sans exception à sa place. […] Plus que jamais, nous devons être actifs dans la lutte pour la liberté, l’égalité et la fraternité. » (Pedro Zerolo cité dans l’essai Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas, p. 50) ; « Et on voyage, on court le monde et les fêtes, on ressent un certain orgueil à savoir vivre mieux que les autres, à être à l’avant-garde de tout, d’un milieu qui a tant de créateurs, à être en quelque sorte le fer de lance de la civilisation. » (Sébastien, Ne deviens pas gay, tu finiras triste (1998), p. 35) ; etc.

 

D’ailleurs, le journal Tout ! (sous-titre : « Ce que nous voulons : TOUT ! ») publié en 1970-1971 en France, d’extrême gauche, était d’inspiration homosexuelle puisqu’il a été élaboré avec l’aide du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) et revendiquait le « droit à l’homosexualité et à toutes les homosexualités ». Je vous renvoie également au documentaire « Männer, Helden Und Schwule Nazis » (2005) de Rosa Von Praunheim, au journal Je suis partout publié dans les années 1930 par Robert Brasillach.

 

La totalité la plus pratique et la plus usitée par le militantisme LGBT, c’est le concept d’« Égalité » (et parfois de « laïcité »). En effet, selon un certain nombre de personnes homosexuelles, tous les êtres humains seraient tous égaux (à elles, entre eux) ou auraient tous à l’être. Le totalitarisme LGBT use de la rhétorique de l’universalisme imposé à tous : Tout le monde, selon celui-ci, devrait bénéficier de tous les droits ! Partout et tout le temps ! Et que tout saute ! « Nous voulons tout, tout de suite ! » (cf. le slogan du FHAR dans les années 1970, cité dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, p. 189) Qu’on le veuille ou non, il s’agit d’un discours calqué sur le stalinisme, non plus seulement fondé sur la lutte des classes mais aussi sur la lutte des sexes et la lutte contre l’Église catholique.
 

 

Ce « Tout » planétaire convoité par les personnes homosexuelles (et par leurs suiveurs « hétéros gays friendly ») concerne globalement le désir homosexuel, les points de vue. Quelques-unes d’entre elles se mettent à imaginer que tout le monde pense et désire comme elles, que la Terre entière hétérosexuelle est homosexuellement refoulée : « Pour moi, j’imaginais que les gars devaient tous être homosexuels quelque part au fond. Je n’arrivais pas à croire que l’on puisse avoir du désir pour une femme, seulement pour une femme. Je me disais que c’était une bande de menteurs. Moi, au moins, j’étais honnête. » (un témoin homosexuel interviewé dans l’essai Mort ou Fif (2001) de Michel Dorais, p. 90) En réalité, l’éloge de la diversité par la « communauté homosexuelle » n’est qu’une façade, un désir d’uniformité énonçant que tout le monde est homosexuel (… et ne l’est pas puisqu’il suffirait d’être « amoureux »).

 

Un Twittos "ouvert (...qu'avec ceux qui pensent comme lui)"

Un Twittos « ouvert (…qu’avec ceux qui pensent comme lui) »


 

Au nom de l’anti-totalitarisme, bon nombre de personnes homosexuelles se dirigent vers un nouveau totalitarisme, encore plus aveugle que les totalitarismes qui l’ont précédé car il est enrobé de bonnes intentions anticonformistes. Par exemple, dans la « Préface » de L’Anti-Œdipe (1972) de Gilles Deleuze et Félix Guattari, le philosophe Michel Foucault invite à « la traque de toutes les formes de fascisme » et prétend définir les règles de la « vie non fasciste ». Elles multiplient les injonctions paradoxales (« Tous différents mais tous égaux ! » ; « Toutes les différences sont géniales mais les différences n’existent pas ! »). Elles sont les premières à s’étonner de la dureté de leur totalitarisme : « Il y a vraiment un fascisme de la conformité. » (Steven Cohen, le performer transgenre M to F, dans le documentaire « Let’s Dance – Part I » diffusé sur la chaîne Arte le 20 octobre 2014) Pourtant, ce paradoxe s’explique très bien : il est difficile d’être de vrais humanistes en méprisant le socle de l’Humanité qu’est Dieu et la différence des sexes. De plus, l’enfer est pavé de bonnes intentions, et la sincérité n’est pas la Vérité (on peut vouloir le bien sans le faire concrètement !). Comme le dénonce très bien Pierre Jourde dans son essai La Littérature sans estomac (2002), « Il n’y a guère de dictatures qui ne se réclament de la démocratie et de la liberté » (p. 48).
 

Dans les discours de la plupart des personnes homosexuelles, l’homosexualité « assumée » et pratiquée est systématiquement attribuée au progressisme, à l’ouverture d’esprit, à la tolérance, donc à la gauche, et mise en opposition au conservatisme « étriqué » de droite. « L’homophobie est surtout de droite. » (cf. l’article « France » de Pierre Albertini, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 185) Beaucoup de personnes homosexuelles soutiennent l’extrême gauche (le marxisme, le socialisme, le maoïsme, le castrisme, le stalinisme, le communisme, certains mouvements altermondialistes, etc.) : Vincent Dieutre, le groupe Indochine, Guy Hocquenghem, Bola de Nieves, Reinaldo Arenas, Didier Lestrade, Pet Shop Boys, José María Mendiluce, Alberto Cardín, Eloy de la Iglesia, Augusto d’Halmar, Ian Brossat, Caroline Fourest, etc. Par exemple, Pier Paolo Pasolini a été secrétaire d’une section locale du Parti Communiste en Italie. Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Yann, l’un des interviewés homosexuel, entre au Parti Communiste.
 
Extrême
 

Mais au niveau politique, les personnes homosexuelles ont tendance à se situer dans les deux camps totalitaires à la fois : extrême gauche ET extrême droite. Elles louvoient avec l’extrême droite tout en faisant mine de lui cracher dessus : pensons par exemple à Marguerite Radclyffe Hall, Roger Peyrefitte, Renaud Camus, Michel Caignet (qui publie la revue Gaie France dans les années 1980), Pim Fortuyn (leader politique néerlandais homosexuel), Jean-Claude Poulet-Dachary (homosexuel et chef de cabinet du FN de Toulon), Yukio Mishima, Florian Philippot, Steeve Briois, etc. Notamment, Franco Zeffirelli, en 1994, devient député sous la bannière de Forza Italia, mouvement post-fasciste d’extrême droite. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Violette Morris a travaillé pour la Gestapo. Plus proche de nous, au meeting électoral du FN à Toulon en avril 1995, le sosie de Mylène Farmer a interprété la chanson « Sans contrefaçon ». Jean-Marie Le Pen (qui avait déclaré dans les journaux Le Monde et Libération en 1995 « Je confesse qu’il doit y avoir des homosexuels au Front National, mais il n’y a pas de folles. Elles sont invitées à aller ailleurs. ») a retourné sa veste et ne semble à l’heure actuelle plus du tout gêné par la présence de personnes homosexuelles au sein de son parti.

 

Il est totalement erroné de penser que l’homosexualité ne se trouverait circonscrite qu’à l’extrême gauche, même si ça arrange beaucoup de monde de croire le contraire (y compris les gauchistes qui ne veulent pas regarder leur rigidité en face ni leur forte gémellité avec l’extrême droite). David Michels avance (à raison) que « l’incompatibilité entre adhésions des thèses d’extrême droite et existence homosexuelle est un leurre idéologique issu des années 1970, qui est d’ailleurs régulièrement contredit par certains faits » et que « même s’il plaît à certains gays de penser le contraire, il n’y a pas de paradoxe entre l’affirmation d’une identité homosexuelle et une sympathie pour les thèses de l’extrême droite » (cf. l’article « Fascisme » de David Michels, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, pp. 187-188).

 

Dans l’inconscient collectif, il y a une forme de timide « bonne intuition » de la gémellité entre extrême gauche et extrême droite, même si elle reste révélée sous cape, comme ce fut le cas de cet ami manifestant de la Manif Pour Tous (ni du FN ni LGBT), qui m’a écrit ce message Facebook le lendemain de la Manif Pour Tous provincial du 5 octobre 2014 : « Bonsoir Philippe. J’ai peut-être l’esprit tordu mais est-ce que ces affiches FN collées un peu partout sur les arbres et poteaux n’ont pas été également mises par les LGBT ? C’est incroyable comme on essaye de nous (LMPT) faire passer pour des extrémistes. Ça me désole. »
 

J’ai rencontré, à ma grande surprise, beaucoup plus de personnes homosexuelles à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche (provenant de milieux religieux tradis, des assemblées de saint Nicolas du Chardonnet, de aristocratie versaillaise, votant parfois Front National). Cela s’explique en partie par les situations familiales éclatées, cultivant un amour arbitraire, une différence des sexes asséchée et conventionnelle, de nombreux non-dits tenace sur la sexualité, de grandes frustrations, mais essayant de sauvegarder les apparences par tous les moyens.
 

Vidéo-clip de la chanson "J'ai pas 20 ans" d'Alizée

Vidéo-clip de la chanson « J’ai pas 20 ans » d’Alizée


 

Petite anecdote personnelle au passage. Un jour que j’assistais à un mariage super GUDard aristo (rarement je me suis senti aussi mal à l’aise à un mariage « catho », d’ailleurs), j’ai eu la chance d’observer, médusé, une scène dantesque de la soirée dansante : toute une bande de jeunes militaires, coupe saint Cyr, connaissait la « choré » lascive (avec déhanchés super-tapette) de la chanson « J’ai pas 20 ans » d’Alizée, et se prenait très au sérieux. Je n’ai évidemment pas demandé à ces boyscouts mécaniques leur carte du FN à la fin. Mais alors… gros LOL. Et je sais que si le Front National a eu autant de mal à assumer un discours clair contre le « mariage pour tous » en France (quoi que certains arrivent à se persuader qu’il est le seul à avoir demandé l’abrogation, mais c’est faux : Marine le Pen s’emmêle constamment les pinceaux, et si elle s’y oppose, elle le fait sans Charité ; Philippot et quelques autres sont des exceptions, et encore, j’émets des gros doutes sur la qualité de leur argumentation), c’est parce que beaucoup de personnes homosexuelles pratiquant leur homosexualité fournissent le gros de ses troupes. Et est-ce si étonnant ? Le désir homosexuel est une haine/peur de soi. L’adhésion au FN aussi. Et le FN est un cas d’école dans l’homosexualité (refoulée/pratiquée).
 

Se rendant compte que l’extrême gauche n’est pas mieux que l’extrême droite, ou inversement que l’extrême droite n’est pas mieux que l’extrême gauche, certaines personnes homosexuelles critiquent la bêtise des gauchistes, l’intransigeance des droitistes, ou le totalitarisme communautariste LGBT, et s’enferment dans un cynisme apolitique désabusé, bobo, tout aussi totalitaire que les extrêmes pointés du doigt, mais enrobé d’une « neutralité » confortable, installé dans un pseudo « juste milieu » distant et ironique. « Tout le monde sait que les nazis étaient homosexuels, n’est-ce pas ? » (Alberto Mira dans son essai Para Enterdernos (1999), p. 116) ; « Aujourd’hui encore, certains groupuscules néonazis entretiennent une forme d’ambiguïté. De nombreuses histoires circulent, sur fond de messes noires ou de satanisme. Dans leur esprit, nazisme et homosexualité participent de la même ambiance, d’une même esthétique. » (Philippe Broussard, Le Monde, 18 juin 1997) ; etc.
 

Finalement, beaucoup de personnes homosexuelles se décrivent (ou décrivent leurs frères homos) comme des dictateurs absolutistes. « Vivre dans un monde où tout le monde est pareil, c’est un enfer ! » (Jean-Paul Montanari parlant du quartier gay du Marais à Paris, dans le documentaire « Bleu, Blanc, Rose » (2002) d’Yves Jeuland) (Je vous renvoie aux codes « Milieu homosexuel infernal », « Homosexuels psychorigides » et « Hitler gay » dans mon Dictionnaire des Codes homos.) Elles se mettent parfois, pour sauver la face, à la place du camp politique qu’elles cherchent à détruire. Par exemple, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis, les comédiens gauchistes homo-bisexuels rentrent très sérieusement dans la peau de ceux qu’ils dépeignent comme des fachos homosexuels (refoulés/puceaux) d’extrême droite, en parodiant les Hommen. Dans le one-woman-show Mâle Matériau(2014) d’Isabelle Côte Willems, la comédienne transgenre F to M, travesti en homme, s’imagine en pleine guerre de Vendée, dans la peau d’un soldat royaliste… alors qu’il y a fort à parier qu’elle n’en épouse pas les valeurs politiques et religieuses.
 

La trahison à soi-même et aux autres va jusqu’au bout de sa contradiction. Les personnes homosexuelles envisagent la dictature comme le meilleur moyen de s’opposer magnanimement au totalitarisme. « Cette toute-puissance du faible, Genet lui trouvera un symbole épique : Hitler. » (Jean-Paul Sartre, Saint Genet comédien et martyr (1952), p. 149) Ce fut le cas par exemple du romancier homosexuel Yukio Mishima, qui fonda sa propre société totalitaire, au Japon. Et dans la France des années 1970, le fondateur du Mouvement de « Libération » homosexuelle, Guy Hocquenghem, est décrit par ceux qui le connaissaient de près, comme un petit despote absolutiste. Plus proche encore de nous, à l’Europe, Ulrike Lunacek, élue depuis 2014 vice-présidente du Parlement Européen à Bruxelles (Belgique) impose à tous les pays européens ses programmes totalitaires pro-LGBT sous couvert de lutte en faveur de toutes les différences, et contre toutes les « homophobies »/discriminations, et cela, de manière absolument pas démocratique.
 

Beaucoup de militants homosexuels sont passés d’un extrême politique à l’autre. « Entré à la télé hétéro catho de droite, j’en ressortis quelques années plus tard homo athée de gauche. » (Gaël-Laurent Tilium, Recto/Verso (2007), p. 110) C’est le cas, par exemple, de Vénussia Myrtil, femme lesbienne qui s’encarte à l’extrême droite après être venue de l’extrême gauche. Salvador Dalí semble fasciné par tous les extrêmes. Cela va de sa passion pour l’extrême gauche en passant par celle de l’extrême droite : cf. ses tableaux Six apparitions de Lénine sur un piano (1931) et L’Énigme d’Hitler (1937). Certains ex-cathos intégristes, des anciens membres d’extrême droite repentis, ou des enfants de l’immigration (provenant de continents où la religion traditionnaliste est un véritable carcan social), remplissent les rangs des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, fortement marquée à gauche. Ils s’imaginent qu’ils fuient l’extrémisme d’où ils viennent, en choisissant celui qui lui est opposé. Ils ne font que retourner la même carte de leur emprisonnement idéologique.
 

Cette oscillation d’un extrême à l’autre indique, en plus d’une indécision et d’un violence, un état maniaco-dépressif, une personnalité perdue dans son identité et son engagement dans le monde, une absence de liberté : « Tel un jeu de Yo-Yo, je désespérais et reprenais courage en face de ce mal de vivre. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 57)

 

Au fond, l’origine du totalitarisme homosexuel est toujours une blessure d’orgueil, le fruit d’un idéal déçu ou d’un manque d’amour. C’est souvent en réaction à un père d’extrême droite ou à une éducation présentée comme « extrémiste » que les personnes homosexuelles rejoignent les rangs de l’extrême gauche ou de l’extrême droite. La tentation totalitaire vient attaquer et (mal) combler un vide, immanquablement.
 
 

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Pourquoi suis-je encore de gauche ?

En ces temps troublés où la politique en France déçoit et angoisse à peu près tout le monde, difficile de se positionner et d’y voir clair dans le monde de nos convictions intérieures fortes.

Et pourtant, si on me demandait mon avis sur ce que je crois profondément, si on me sommait d’exprimer ma tendance politique, je dirais que le curseur de ma conscience et de mon cœur de citoyen français a toujours eu tendance à aller vers la gauche. Et ce, dès tout petit ; et non dans un souci de faire mon anti-conformiste à deux balles ou mon intéressant (Dans ma famille, mes parents ont toujours voté globalement à droite). Je parle bien de « tendance », de « teinte » approximative, car là encore, en matière de politique, je tiens à rester libre, et je vote pour un « homme du moment », pour un mouvement politique qui me semble le meilleur pour le contexte réel actuel ; je ne vote pas pour un parti figé qui incarne la « moins pire des solutions », ni une famille politique « totalement bonne » parce que son corollaire d’en face serait « totalement mauvais ». La politique, c’est du vivant, de l’évolutif. Ce qui est présenté comme « extrême » ou « fasciste » par certains individus (de gauche comme de droite) est parfois ce qui jette une ombre sur leur soi-disant position de « juste milieu » politique, ou qui sera l’équilibre d’un autre contexte national (Quand je dis ça, je pense évidemment au FN en France, qui à bien des égards, me semble moins extrémiste et plus honnête que nos PS et UMP actuels, qui n’ont plus rien de « modérés »…).

Mais oui, disons-le : je suis de tendance gauche. Pour une raison simple : la gauche pure, non-corrompue par l’argent, par l’idéologie anti-fasciste moralisante actuelle et par le culte du paraître, met d’abord les pauvres, les plus fragiles et le Peuple en premier dans ses préoccupations, avant les richesses censées les libérer de leur pauvreté ; alors que la droite, qui initialement, dans un même plan humaniste, se proposait de créer d’abord les richesses, pour ensuite les redistribuer aux pauvres (ça peut être aussi une forme de générosité que de penser prioritairement à la création de richesses et à l’esprit d’entreprise, car qui n’a rien ne partage rien ! et qui crée peut ensuite donner aux pauvres), montre historiquement qu’elle a tendance à ne pas passer ensuite à l’étape du partage une fois ses lingots d’or entre les mains.

Si dans mon parcours il m’est arrivé de soutenir la droite (j’ai voté Sarkozy à deux reprises pour des présidentielles, après avoir voté Jospin en 2002 : vous n’avez a priori pas besoin de le savoir car au fond, ce que je fais dans mon isoloir à la fois vous regarde un peu et ne vous regarde pas – je vous le révèle juste de bon cœur maintenant, mais rien ne m’y oblige), ça n’a jamais été par réelle conviction intime ni profonde liberté. C’est juste qu’entre les deux candidats qui m’étaient proposés, je cherchais celui qui s’apparentait le plus à ma « gauche de cœur ». Et en l’occurrence, en 2012, entre Sarkozy et Hollande, je vais peut-être vous surprendre, mais j’associais davantage Sarkozy à la « gauche que j’aime » que le candidat désigné officiellement comme « de gauche », à savoir Hollande !

Ça vous laisse deviner combien je ne diabolise absolument pas la droite actuelle ni les gens de droite. D’ailleurs, en ce moment, je suis de plus en plus entouré amicalement et intellectuellement de personnes qui se disent « de droite », et qui à mes yeux incarnent l’humanisme, l’inquiétude intellectuelle, l’intelligence, l’audace et la générosité que je rêverais de voir chez les « gens de gauche »… mais que je ne vois plus, car la gauche mondiale est devenue socialiste, communiste, caviar, idéologue, gauchiste, athée, laïciste et libertaire, anti-nationaliste et anti-pouvoir, bête et violente, démagogique, une caricature de rebelle qui n’a plus rien de révolutionnaire ni de sensé, un titre qui « fait bien » mais qui cache la même tiédeur et hypocrisie que l’UMP, la même paranoïa et rigidité que l’extrême droite.

Bien dangereux, fascistes et extrémistes sont à mon avis ceux qui se réclament éternellement d’un camp ou d’une couleur politique pour ne pas en bouger, ou qui se choisissent de gauche parce qu’il diabolise la droite (et inversement). Ils se disent pourtant « modérés »… mais ils ne sont pas libres, et sont tous aussi extrêmes que les partis d’extrême historiques. Quand j’entends une Marion Maréchal Le Pen, je suis désolé, mais je n’ai absolument pas l’impression d’avoir en face de moi une dangereuse extrémiste : elle incarne par certains aspects une plus belle gauche que la gauche populiste et hargneuse de Mélenchon, que la gauche molle et violente de Hollande, que la gauche voilée et bobo de Sarkozy et Carla !

Actuellement, en France, le seul parti politique français qui me parle au cœur, dans lequel je me reconnais sans honte, et que j’ose même définir comme « droitier contrarié » tellement j’y découvre un vrai souci du pauvre, une foi à déplacer les montagnes, une préoccupation réelle pour le bien commun, un visage de la gauche que j’aime, c’est un parti de centre-droit : le PCD (Parti Chrétien Démocrate), créé par Christine Boutin, une femme injustement « fascisée » par nos media, massivement et confortablement encartés dans la « gauche bobo qui n’assume pas la gauche visible de Hollande ». C’est que nous, gens de la gauche actuelle, avons un rapport douloureux et malsain avec le pouvoir. Nous savons que nous en avons besoin, mais sous prétexte que nous ne devons pas en faire un but, nous le désertons, et dans cette désertion hypocrite, nous transformons ce qui initialement aurait dû être un « pouvoir au service » en « pouvoir despotique et mou », en but non-assumé. Hollande, par exemple, est un dirigeant extrêmement inquiétant à ce sujet, car il n’aime pas le pouvoir. Il le diabolise, il en a peur (c’est quand même embêtant venant d’un homme qui se porte candidat pour un poste de chef de l’État…). Il veut être un « président qui n’en est pas un », un président « normal » et transparent, et pour le coup, il en devient un despote qui se retrouve aux manettes d’une machine puissante qu’il ne sait ni conduire ni maîtriser.  Les gens de la droite actuelle assument davantage les valeurs positives et « de service » du pouvoir. Ils ont beaucoup à nous apprendre sur l’utilisation du pouvoir en tant qu’instrument (de paix). Ils nous rappellent que la République ou ce qui nous est présenté comme des « démocraties » ne sont pas des systèmes bons en soi, et que le chef d’État qui a peur du pouvoir et tout aussi dangereux que celui qui en abuse ou qui fait du pouvoir un but, et non plus un instrument de service du Peuple, du bien commun et des plus fragiles.

Bon, en clair, je suis un homme royaliste (mais fan du Roi Jésus ; pas des rois humains), amoureux de la démocratie. Un homme de tendance politique gauche mais qui aime bien et qui comprend les gens étiquetés actuellement « de droite » voire « d’extrême droite ». Malgré tout un homme libre, qui se reconnaît davantage chez ses frères de gauche, catholiques, doux, passionnés, intellectuels, au service des pauvres, et respectueux des « gens de tendance droite ». Avec ça, je vous souhaite bon courage pour tirer de moi un portrait politique et pour me mettre dans une case !

Vendredi 12 juillet 2013

 

Le pouvoir mal-aimé

Le pouvoir et la politique ne sont pas assez aimés de nos jours. C’est dramatique. Car un pouvoir au service (du Réel et des Hommes) est véritablement utile et essentiel. Et à l’inverse, le manque de confiance au pouvoir ou aux chefs fomente les dictatures, déroute et déboussole beaucoup une société, attire de surcroît les mauvais chefs, c’est-à-dire les despotes mous et rigides qui ne sont au service que d’eux-mêmes et de leur image.

 

De gauche ou de droite ?

Politiquement, je pense qu’il n’y a pas à se définir « de gauche » ou « de droite », mais à défendre des engagements politiques humanistes concrets et justes. Ce qui influence mon bulletin de vote, ce sont en priorité les Personnes, qu’elles soient de gauche ou de droite ; pas d’abord leur couleur politique, puisqu’il y a des deux côtés des gens ouverts et des gros cons (j’entends par « gros cons » soit des personnes qui établissent une frontière manichéenne étanche entre la gauche et la droite en définissant tel camp comme éternellement « bon » par rapport à l’autre qui serait éternellement « mauvais », soit des personnes qui sacralisent la neutralité comme unique terrain de justice et d’engagement « non-fasciste » pour s’acheter une bonne conscience et justifier leur lâcheté.).