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Le saviez-vous ? À la base, la France n’était pas destinée à imiter l’association Courage : c’est un choix par défaut, qui ne correspond pas à son appel profond


 

Le saviez-vous ? À la base, la France n’était pas destinée à imiter l’association Courage sur son territoire : c’est un choix par défaut, qui ne correspond pas à son appel profond.
 

C’est vérifiable historiquement, ce que je vous dis. À la base, il faut savoir que la France ne s’orientait pas du tout, en 2014, vers la fondation d’une association Courage. Elle voulait viser plus haut. Lorsque la petite délégation de personnes homosexuelles continentes chapeautée par Mgr Rey (évêque de Fréjus-Toulon), et composée d’un Italien, d’un Libanais, d’un Norvégien et d’un Français (moi, en l’occurrence) homosexuels, a voulu rencontrer le Pape François au Vatican en 2014, il n’était absolument pas question de dupliquer Courage : parmi diverses rencontres, nous avons juste visité une antenne de cette association à Rome – … et encore, nous n’avons même pas réussi à côtoyer véritablement un groupe – mais nous étions porteurs d’un projet plus indéfini, d’un apostolat plus grand, plus puissant, plus audacieux et plus universel. Je me rappelle cette réunion où Mgr Rey avait pour projet de fonder une sorte de fraternité de personnes homosexuelles continentes prêtes à faire des vœux, quelque chose d’un peu public, pour officialiser la continence homosexuelle… Mais, en découvrant dans le groupe qu’en réalité, nous n’en étions pas du tout au même stade dans la volonté de s’engager dans un apostolat public ou dans le renoncement à la pratique homosexuelle (certains amis étaient en « couple »), voyant que le reste de mes camarades étaient des mecs « homos planqués » et que j’étais le seul à être sorti de l’anonymat, l’évêque a abandonné l’idée, à regret. La fracture s’est vraiment faite entre la continence (apostolat public de l’homosexualité) et l’abstinence (ce que propose Courage ou des prélats comme le cardinal Sarah ou Louis-Marie Guitton, à savoir un « accompagnement discret »). Courage s’est alors imposé comme un plan B « convenable », « obligé », une solution de repli, pour héberger toutes ces personnes homos planquées qui ne voulaient pas être publiques ni s’exposer (par peur de perdre leur travail, leur sécurité matérielle, leur réputation, l’horizon d’un mariage ou d’une ordination, leurs amis, leur famille, etc.) et qui souhaitaient quand même « entamer un chemin d’Église » en lien avec leur tendance sexuelle.
 

Mais ce que je veux que tout le monde sache, pour rétablir la Vérité des faits, c’est qu’à la base, il ne devait pas en être ainsi, et que les personnes homosexuelles françaises n’étaient pas originellement appelées à s’enfermer dans le bocal Courage ou Emmanuel, n’étaient pas destinées à imiter les Alcooliques Anonymes (sérieusement pris pour modèle par Courage Italie, y compris dans leur fonctionnement de déroulement de réunions : c’est le responsable de Courage Italie qui a dicté ensuite cette loi à Courage France… mais cette rigidité et invisibilité n’étaient pas du tout au programme en France). Courage a été choisi en désespoir de cause, ou par défaut. Il n’y avait pas de structure d’accompagnement vraiment catholique en France il y a 4 ans de cela… alors ben on s’est rabattus sur Courage. Je le sais car j’étais présent aux toutes premières réunions. J’ai vu comment nous sommes très vite passés de l’élan évangélique à la résignation, sous prétexte de « débuter », de respecter le rythme de chacun, le besoin d’anonymat de la très grande majorité des membres de Courage. L’analyse de l’homosexualité, de l’hétérosexualité, de l’homophobie, et toute la dimension sociale, politique, ecclésiale et universelle de l’homosexualité y a été très vite étouffée. Les réunions sont devenues juste un échange d’expériences personnelles, de prière commune, un espace de parole centré sur le témoignage « discret » de son vécu. Je crois que les prêtres-encadrants ont deviné la puissance et l’enjeu autour de la continence homosexuelle, mais l’ont jalousée puis stérilisée, pour l’orienter à leur profit et se donner le beau rôle (paternaliste), sans se laisser doubler.
 

Courage a été monté en France par politesse, par lâcheté. Je voulais juste le rappeler, et dire aussi que rien – à part l’orgueil et la peur de certains clercs « accompagnateurs » – ne nous attache à Courage, et que nous ne devons pas oublier que nous, catholiques homosexuels en France, étions (et sommes toujours) appelés à bien plus libre, plus vrai, plus grand, plus audacieux, plus intellectuel, plus engagé, plus saint, plus joyeux, plus novateur et inventif, plus explosif que ça. Nous n’avons absolument pas à nous aligner à l’Italie ni aux États-Unis. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais la France est un pays spécial, et nous devons juste l’assumer comme un don qui ne nous appartient pas mais qui est là et que nous avons le devoir d’honorer. Historiquement déjà, et même ontologiquement, nous, personnes homosexuelles françaises, avions un plus grand Feu, et une plus grande audace, que nulle part ailleurs. Nous n’étions pas taillés pour le bocal Courage. Et nous ne le sommes toujours pas. J’attends notre Réveil, et également une réponse plus nette à notre véritable vocation.

Arrêtez de nous « accompagner » et de nous « accueillir », s’il-vous-plaît (ou d’accueillir nos « proches » à notre place)


 

Ils font ça dans une grotte ? Avec des masques ? Ça se passe comment ? lol. Ils vont commencer à me gaver avec leur « accueil » et leur « accompagnement » (anonyme)… D’ailleurs, il y a fort à parier que pour éviter de nous appeler directement (nous personnes homosexuelles) par notre nom, pour éviter de nous inviter NOUS et de s’attirer les foudres des associations LGBT, ils nous remplacent dans leur annonce par nos proches, nos accompagnants, nos parents, ou ceux qui sont « concernés (de près ou de loin) par l’homosexualité ». Vous voyez un peu comment nous sommes considérées ? C’est magnifique. Ils ont tellement peur et honte de nous qu’ils préfèrent s’adresser à nos « accompagnateurs », à nos « proches ». Ça, c’est du Courage international à la sauce jésuite…
 
 

La sarahisation de Courage : Ça vous étonne ? Moi, pas du tout !


 

Les personnes homosexuelles chrétiennes planquées de Courage ont trouvé leur maître : le cardinal Sarah. Celui qui transforme l’homosexualité en non-sujet, en « accompagnement », et la continence en abstinence, celui qui étouffe l’apostolat de l’homosexualité (qui lui ferait de l’ombre) sous des concepts catholiquement corrects (« chasteté », « sainteté », « sexualité », « amitié », « Vérité », etc.) que personne ne remettra en cause. Ça vous étonne ? Moi, pas du tout. Je ne participerai plus à cette mascarade homophobe et ne mettrai plus jamais les pieds à Courage.
 

La polémique autour des conférences Courage à Bayonne et Pau en mars prochain


 

Même si cet article du Monde est plein de contre-vérités et de raccourcis sur l’association Courage, il pointe néanmoins du doigt un réel problème à Courage : la tiédeur de cette association (qui effectivement verse dans une novlangue puritaine – « personne à tendance homosexuelle » -, dans l’ « accompagnement » et non la vocation ni l’apostolat ni l’analyse socio-politique approfondie de l’homosexualité) ainsi que la négligence de la dimension sociale, mondiale, culturelle, personnifiée (Comme les membres de Courage sont des personnes homos planquées, la seule personne publique – beaucoup plus attaquable qu’une personne homo – vers qui se retourner est l’accompagnant en titre : le père Louis-Marie Guitton), sacramentelle, eschatologique, vocationnelle, joyeuse et sainte, ecclésiale, de l’homosexualité. J’ai envie de dire « Bien fait pour les responsables de Courage » : ils récoltent la monnaie de leur pièce. Je ne leur souhaite évidemment pas ces attaques. Mais ils font preuve d’une homophobie inconsciente, matinée d’accompagnement, d’écoute et de bons sentiments pieux : et cette homophobie va leur revenir en boomerang d’une manière ou d’une autre. Il faudrait plutôt laisser la place aux personnes homos continentes réelles plutôt que de parler à notre place, ou de « nous accompagner », et vous verrez que les catholiques ne seront pas attaqués, et que ces conférences auront lieu dans la paix. Seul le témoignage par la Personne directement concernée par l’homosexualité désarme. Et actuellement, les catholiques et l’Église désavouent complètement les personnes homosexuelles continentes publiques, les méprisent et les ignorent. J’en sais quelque chose ! Donc oui, je ne vais pas pleurer sur le sort réservé au père Guitton. Il l’a alimenté. Nous n’avons pas à être accompagnés : vous devez nous écouter et vous laisser enseigner par nous, les personnes homosexuelles, qui avons plein de choses à vous apprendre de notre monde, de l’homosexualité, de l’Église et de Jésus.
 

N.B. : Courage passe pour la version extrémiste de DUEC (Devenir Un En Christ : tout aussi nul que David et Jonathan) même si, dans le fond, étant donné que la défense de la continence y est timide (pas de réelle continence sans l’apostolat), Courage tend dans les faits à ressembler à DUEC. Courage suit le droit fil de la conception sarahienne (cardinal Sarah) et hétérosexiste de l’homosexualité : l’homosexualité est considérée comme un « douloureux problème à étouffer » et un « non-sujet ». Ce qui compterait, c’est la Loi naturelle, l’identité (et sa restauration) masculine/féminine et divine, la sexualité dans son ensemble, la sortie de l’homosexualité, les concepts cathos qui font bien (« sainteté », « chasteté », « Croix », etc.).

De quelle sainteté parle-t-on pour les personnes homosexuelles ?

 

Vous nous proposez une pastorale dirigée aux personnes homosexuelles et orientée vers la sainteté ? OK. Super. Mais si et seulement si vous la reliez à une pastorale de la vocation et aussi du martyre universel/public. Je vous dis cela car en ce moment, l’apostolat Courage nous bassine avec la « sainteté », mot plus vendeur que la « chasteté » (ou pire, que la continence), alors qu’en réalité, de la sainteté, il n’en est rien : l’anonymat, les Alcooliques Anonymes, l’image d’Épinal de la sainteté ou d’une « fraternité homosexuelle offerte » (qui glorifie les saints du passé pour mieux nier voire étouffer les saints et les prophètes d’aujourd’hui), ce n’est pas ça, le chemin grand et joyeux et saint que propose l’Église aux personnes durablement homosexuelles. Les chantres actuels de la sainteté, en particulier à Courage International, agitent en ce moment le mot « sainteté » pour laisser miroiter aux personnes homosexuelles qu’ils leur font confiance, qu’ils les appellent à viser haut, qu’ils les valorisent, qu’ils les accompagnent, et donc sous-entendent que nous n’avons rien à espérer de plus que la structure d’ « accueil » ecclésial qui nous est proposée. Et ça, c’est faux. Nous sommes loin, très loin, de la reconnaissance de l’apport SAINT des personnes homosexuelles dans l’Église. Nous ne sommes qu’aux balbutiements de l’apostolat des personnes homosexuelles, qui bien plus qu’un accompagnement, ont besoin d’une vocation. Pour l’instant, nos « accompagnateurs » n’ont pas perçu la dimension politique, sainte, joyeuse, sacramentelle, universelle et même eschatologique, de l’homosexualité : ils ne la voient que comme un problème ou une irréalité à étouffer, et mettent les personnes homosexuelles continentes dans une voie de garage, un salon de « chaste-tea » du genre Alcooliques Anonymes. Alors, oui, je suis donc en faveur de la vraie sainteté (celle qui fait prendre des risques et qui fait risquer la vie, la popularité), et non simplement en faveur d’un joli mot-slogan – « sainteté » -, certes séduisant intellectuellement et catholiquement parlant, mais creux, triste et inopérant dans les faits.

Mes frères cathos homos, vous n’êtes pas au rendez-vous


 

Chers frères cathos homos,
 

C’est rare que je m’adresse directement à vous comme ça. Par le passé, j’ai fait preuve de plus de patience et de longanimité. Sous prétexte que notre situation, surtout en tant que personnes homos ET cathos, n’est objectivement pas confortable. Mais je crois qu’en vous ménageant et en me satisfaisant des timides avancées, je ne nous rends pas service. Et comme la situation s’envenime mondialement et ecclésialement, et qu’en plus je ne me fais toujours pas entendre, je me vois obligé de « durcir » le ton.
 

Reconnaissez-le : vous n’êtes pas au rendez-vous de la sainteté à laquelle, nous, personnes homosexuelles continentes, devrions tendre. Et en plus, quand je dis ça, je ne parle même pas d’un rendez-vous que j’aurais moi-même fixé. Non. C’est le rendez-vous de Jésus, dont je me serais personnellement bien passé… mais j’ai eu à peine le choix : c’est Lui qui nous choisis et nous convoque, qui vient nous chercher. Et pour une mission aussi ingrate et incomprise que celle-là, franchement, heureusement que je n’ai pas su à l’avance ce que ça impliquait !
 

Vous me vantez les valeurs de discrétion, de prudence, vous vous targuez d’avoir mis votre homosexualité de côté, d’avoir « changé », d’avoir « géré », de « stabiliser la bête », parfois même d’avoir « guéri », d’être un « ex-gay », d’avoir « construit votre vie avec le Seigneur », d’avoir « oublié » à certain moment votre tendance dans le mariage ou le sacerdoce. Mais au fond vous refoulez. Au fond, vous n’exploitez pas cette homosexualité qui demeure en vous. Vous ne comprenez pas la dimension mondiale, apostolique, positive et joyeuse de l’homosexualité. Vous me suivez en cachette ou de loin, vous êtes contents (ou énervés !) que j’existe. Mais vous ne connaissez pas la vue magnifique des sommets dont je vous parle. Parfois, vous aimeriez bien m’aider, faire un petit bout de chemin avec moi. Un enthousiasme soudain, et une prise de conscience furtive (comme un flash) de la grandeur de l’apostolat de l’homosexualité vous traversent. Mais très vite, égoïstement et lâchement, vous revenez à votre quotidien, votre travail, votre façade sociale, votre sécurité, votre ministère de prêtre ou de séminariste, votre réputation, votre engagement dans le mariage, vos petites préoccupations, votre quête de respectabilité, votre matérialisme, vos thérapies réparatives et votre laïus romantique sur votre amitié (souvent fantasmée) avec Jésus. Vous dénigrez et relativisez votre homosexualité, vous vous trouvez mille excuses pour continuer votre vie comme avant et ne pas faire le grand saut. Vous me laissez me battre tout seul devant les journalistes, sur les réseaux sociaux, devant les caméras (qui elles-mêmes me fuient), devant les évêques, sur le front des communautés chrétiennes. Vous vous croyez mes supporters et mes amis. Mais vous ne l’êtes pas. En vrai, vous me laissez tomber. Mon vrai ami, c’est celui ou celle qui se bat concrètement avec moi sur le champ de bataille, celui qui a tout risqué et qui n’a pas honte de son homosexualité, qui connaît la puissance que la continence homosexuelle lui donne, qui n’a pas honte de moi, qui a compris que c’était drôle et profond l’homosexualité. À ce jour, je n’ai pas un seul partenaire catho homo continent qui ait fait le pas d’être public, qui joue le Jeu de l’apostolat public de la continence homo. Pas un seul. Il n’y a que Giorgio Ponte en Italie. C’est tout. Sinon, je suis vraiment tout seul. Nous sommes complètement isolés, nous les témoins homos continents. Nous jouons tout seuls dans un coin de notre immense cour. La fraternité de saints homos n’existe pas et n’est pas prête d’exister, quoi qu’en diront les organisateurs du parcours « Homosexualité » de Paray-le-Monial cette année consacré à la « sainteté ». Car il n’y a pas de sainteté sans martyre. Et martyre, ça veut dire témoignage PUBLIC. Pas « sacrifice » (Mt 12, 7) ni « groupe de convivialité privé ».
 

J’ai rencontré bien des flippés chez les « cathos pédés ». Pour les plus courageux d’entre vous, vous donnez tout au plus votre prénom et témoignage en circuit fermé, mais jamais votre nom (ou alors quand vous le donnez entier, c’est pour justifier la pratique homo comme de l’amour, ou à l’extrême inverse pour justifier l’homosexualité comme une irréalité). Vous vous planquez tous. Vous ne comprenez pas ce que je vis. Vous n’avez même pas bossé le sujet. Vous arrivez en touristes, les mains dans les poches, avec votre petite expérience existentielle à raconter (et rien d’autre : allez-vous repasser le disque de votre enfance en boucle ?), et avec votre mépris du « lobby gay ». Pour vous, l’homosexualité n’est pas un thème qui mérite d’être approfondi et abordé, sous prétexte que – et c’est vrai en plus – l’homosexualité n’est ni une identité, ni nous, ni de l’amour, ni notre raison de vivre. Vous n’avez pas compris la caverne d’Ali Baba qu’est la culture homo, les supers lunettes que notre homosexualité constitue pour comprendre le sens profond de la sexualité et de l’Église. Vous sous-estimez l’homosexualité. Vous la voyez comme une honte, une banalité, une infirmité, un danger, un détail de votre vie. Vous ne réalisez pas la liberté que procure la Vérité éclairée par l’homosexualité, la joie que donne l’explication publique de l’homosexualité, la force du don entier de sa personne (y compris avec cette dimension homo parfois prégnante en soi). Le pire, c’est que j’en ai vus, des mecs homos cathos qui avaient toutes les qualités requises pour être des supers compagnons de cordée et de combat dans l’apostolat de l’homosexualité, des supers évangelisateurs mais qui finalement me lâchaient en route, me disaient « Non, je peux pas te suivre. C’est trop haut et dangereux pour moi. J’ai pas la carrure. Je ne peux pas montrer plus haut avec toi » Je rencontre quelques graines de saints homos potentiels. Je les vois de mes propres yeux! Je connais parfois leurs plus intimes secrets. Et à peine commencent-ils à deviner cette bombe atomique qu’est l’homosexualité continente dans leur vie, pour le monde, pour l’Église, qu’ils me sortent, tout confus pour moi et tout déçus d’eux-mêmes : « Désolé. Je peux pas. Bats-toi tout seul. Et encore bravo. » C’est terriblement frustrant. La grande joie de la communion des saints cède systématiquement la place à l’immense déception du « J’aime beaucoup ce que tu fais ; je devrais le faire avec toi… mais non », la déclaration gênée du forfait. Vous m’avez bien eu. Je vis mille belles rencontres… et aussi mille abandons dans le même temps ! J’entrevois des trésors cachés indéniables, et pourtant vous, mes faux frères, me renvoyez sans cesse à mon incroyable isolement. Je serai donc toujours tout seul à me battre? Toujours entouré de lâcheté et de peur? Toujours regardé avec une admiration et une honte mêlées? Toujours méchamment soutenu ? Mon apostolat n’aura été pour l’instant qu’une succession d’abandons, de trahisons, de faux soutiens, d’incompréhensions, de jalousies, de mirages de fraternité, de mauvaise foi, d’amitiés fuyantes. Un vrai désert. Je ne savais pas que le nom choisi pour mon blog serait si malheureusement concret et prédestiné ! Vous, les cathos homos planqués, vous n’êtes pas mes amis. En théorie, nous aimerions l’être. Nous le sommes par petites touches. Dans le secret des mails, des discussions Skype, des balades en tête à tête. Mais vous êtes davantage des admirateurs spectateurs que des amis. Vous consommez de temps en temps du Philippe Ariño plus que vous ne me nourrissez. Vous avez peur – en me soutenant d’un peu trop près – de vous griller vous-mêmes et de perdre vos connaissances, votre job, votre place dans la communauté chrétienne. L’amitié que vous me proposez est majoritairement en carton, est une schizophrénie.
 

Un groupe de saints homos : désolé mais je n’y crois plus. Je pourrais jouer sempiternellement la comédie de l’esprit fraternel rassembleur rainbow catho, comme je l’ai déjà fait et comme je continuerai de le faire. Quelque part, dans un coin de mon cœur, j’en ai toujours envie car je crois aux miracles. Et j’ai souvent exprimé le désir de l’existence d’une fraternité sainte, d’une communauté de warriors homos ; et en plus, je ne peux pas en vouloir à certains d’être stratèges, de rester fidèles à leurs engagements, de ne pas avoir ma folie, et d’avoir déjà le petit courage d’être abstinents (cf. questions 242 et 243). On ne peut forcer personne à l’héroïsme. C’est éminemment personnel et libre, la continence. Mais je ne peux néanmoins pas mentir sur la situation objective en l’état actuel des choses : la communauté de saints homos, on en est très loin, elle ressemble à une utopie (le groupe Courage est d’ailleurs un bien pâle essai raté), et comme dirait Mylène Farmer, force est de reconnaître qu’il y a « un précipice » entre ma situation et la vôtre. Donner son nom publiquement, c’est un saut immense que personne n’a fait sauf moi. On ne joue radicalement pas dans la même cour. Vous, que risquez-vous à venir à Courage? Rien. Que risquez-vous à venir m’écouter? Rien. Que risquez-vous à vous inscrire au parcours « Homosexualité » de Courage : rien. Que risquez-vous, même, à raconter votre vie « en tant qu’homo et catho (et continent) » sous un chapiteau de Paray-le-Monial ? Rien. C’est pour ça que je ne pouvais pas rester dans ce mouvement. M’inviter à participer à cette semi mascarade, c’est comme faire connaître à un cachalot qui a goûté à la grandeur des océans la « joie » d’un poisson rouge dans un bocal exigu. Même si on lui dit qu’il n’y sera pas seul. C’est me forcer à rentrer dans du 6 ans. En revanche, qui oserait devant tout le monde se lever et me rejoindre à la tribune ou sur les plateaux télé, tout quitter (son travail, sa famille, son ministère sacerdotal, ses amis, sa santé, sa sécurité matérielle, etc.) ? Personne.
 

Vous me parlez de prudence. Vous jouez les hommes mariés discrets, les parfaits curés, les célibataires intégrés, les homos réconciliés, les miraculés, les écoutants apaisés, les amis. Mais au fond, vous êtes restés dans l’arrière-cour. Vous rentrez parfois dans le rôle de chantres de la chasteté. Mais de la continence, vous ne connaissez rien car sans l’apostolat public (qui est la chair même de la continence), vous n’expérimenterez que l’abstinence. Vous êtes toujours d’accord avec moi mais seulement en privé. Devant les autres, vous ne m’assumez pas. Objectivement, vous ne m’aidez pas. Et sur ce coup-là, je trouve que vous abusez. Parce que je ne fais rien et ne dis rien d’extraordinaire : je tombe parfois, comme vous; et je ne fais juste que défendre et essayer de vivre ce que nous demande notre Église et que vous devriez défendre vous aussi : pas de quoi me regarder comme un héros, un modèle inaccessible, un grossier personnage ou un extraterrestre excessif et fondamentaliste! Objectivement, vous n’êtes pas là. Vous restez bien au chaud dans votre placard. Je comprends. Mais ça reste en dessous de ce que nous sommes appelés à vivre. Et surtout, c’est insatisfaisant pour vous, c’est une aide énorme en moins pour vivre la continence (car l’apostolat booste la continence, individuellement parlant), un gâchis monumental pour le monde. Je me devais de vous le dire.

L’apostolat Courage : la « sainteté » des tièdes et des personnes homos étouffées au nom du Christ


 

La continence, c’est le don entier de sa personne au Christ et au monde. Pas de continence si tu ne donnes pas publiquement ton nom, si tu ne te donnes pas et ne donnes pas ta personne, si tu ne prends pas le risque de tout perdre (et quand tu annonces publiquement ton homosexualité continente, croyez-moi, tu perds tout – boulot, amis, famille, réputation, communauté chrétienne, santé… – sauf ton âme : ce n’est pas le confort cosy d’un groupe fraternel de parole, on ne joue pas à la dînette psycho-spirituelle organisée par le père Louis-Marie Guitton). La continence, c’est surtout l’apostolat et le don de son nom complet. Les religieux, même cloîtrés, le prouvent. La continence n’est pas juste la rétention et la gestion de sa tendance homosexuelle. Ce n’est pas simplement adopter l’apparent « juste » discours sur la chasteté, l’homosexualité et même une définition basique de la continence. Tant que tu ne donnes pas ton nom et toute ta personne, tu n’es qu’abstinent.
 

L’apostolat Courage International, par exemple, met en couveuse les personnes homosexuelles, les fait parler à visage semi masqué (comme on le voit dans ces articles Aleteia ou Catholic Link, qui sont des coups d’épée dans l’eau), les met à l’abri du risque ou leur propose des risques contrôlés (témoignages devant un public catho conquis, anonymat assuré, discrétion, déconnexion du spirituel et du politique, éloignement de la médiatisation, absence d’analyse géopolitique de l’homosexualité, traitement seulement émotionnel et empirique de l’homosexualité, horizon d’une possible guérison miraculeuse et d’un changement, illusion que l’amitié ou la spiritualité peut remplacer l’affectivité ou l’engagement social ou la vocation apostolique). Il a beau leur parler de la sainteté, de la continence, de la chasteté, et lui faire faire un semblant de témoignage public, il ne leur offre que l’abstinence. La dimension mondiale et sainte de l’homosexualité, les « catholiques » de Courage et de l’Emmanuel n’y croient pas et n’ont pas le courage (justement!) de la vivre/proposer. Courage nous fait jouer dans la petite cour. Or nous, personnes homosexuelles continentes, devrions jouer dans la grande. Il y a un vrai fossé entre abstinence et continence, ou entre continence et Continence, ou entre l’apostolat propret et le martyre. Même si déjà, le parcours « homosexualité » de Paray constituera un pas qui semblera très positif et mieux que rien.

Courage nous accompagne : moi, je ne veux pas être accompagné


 

Certains me demandent si je serai présent à la troisième session « Homosexualité » de Paray-le-Monial. Je leur réponds que non. Je ne suis pas d’accord avec l’angle misérabiliste, personaliste, nombriliste, compassionnel, psycho-spiritualiste et superficiel de ces « selfish therapy » Courage. Ce n’est pas d’un accompagnement ni d’un groupe de parole fraternel dont nous, personnes homosexuelles, avons besoin : c’est d’une vocation et d’un apostolat public qui dévoile au monde la dimension politique, médiatique, apostolique, mondiale, eschatologique, de l’Église à travers l’homosexualité continente. Les salons de thé « Chaste-tea » qui étouffent la réflexion sur l’hétérosexualité et l’homophobie, qui ne définissent pas l’homosexualité, ne m’intéressent pas. J’ai autre chose à foutre de dire « Jésus et l’Église m’aiment, ne me jugent pas, et on peut être heureux en étant homo et catho, et frères de condition homosexuelle ». Ras le cul de ces bondieuseries.

Courage : Toujours avec une serviette aseptisée

L’association catholique Courage publie sa nouvelle vidéo pour 2017… Happy New Year…
 

 

Comment dire… Il faut en rire ou en pleurer ?
 

Publicité aseptisée, à l’américaine, où rien n’est dit, où rien n’est expliqué, où le mal n’est pas nommé, où la Croix et le message exigeant de l’Église ne sont pas relayés (« chastity » est le mot-valise euphémisant, pieux et pudibond, pour ne pas annoncer et demander le célibat ni la continence), où les prêtres et les évêques se transforment en hôtesse de l’air compréhensive, où l’homosexualité n’est jamais nommée (les personnes homosexuelles sont transformées en « persons who feel same sex attraction »), où l’apostolat par l’homosexualité n’est pas nommé ni compris. En effet, l’universalité et le dynamisme de la Mission par l’homosexualité sont complètement étouffés par une insistance sur l’accueil et l’accompagnement (On est là. Tout doux. Ça va bien se passer…), par un appel convenu à la conformité discrète (seule perspective de témoignage qu’on nous propose : génial…) : « avoir une vie exemplaire, être un modèle » ; et sur cette vidéo, du coup, on ne se retrouve qu’avec des témoignages pudiques de « gens qui disent comment ils ‘vivent avec’ (leur homosexualité innommable) » en se forçant à laisser transparaître qu’ils sont « heureux et en paix » quand même. L’horreur.
 

Que des slogans positifs, que des remerciements, que des déclarations d’amour, que des bonnes intentions et du bon sentiment (« être libre », « soutenir les autres », « laisser Jésus agir dans sa vie », « accompagner », « être accompagné », « être écouté », « ne pas juger les personnes », « accueillir », etc.), que de la Charité sans Vérité, que de la guimauve ENCOURAGEANTE et rassurante, que du positive wording, que de la musique d’ascenseur pour nous faire comprendre qu’on sera bien reçus par l’Église, parents comme enfants « concernés par l’homosexualité », dans le salon cosy de « Djeezeus ».
 

Où sont les chiottes (… pour aller vomir la tisane « Chaste-Tea ») ?
 
 

Film « La Vie est un long fleuve tranquille » (1988) d’Étienne Chatiliez

Et ça parle de courage ?

 

C’est précisément le mot « célibat » qui est tabou à Courage, et qu’on remplace par le mot fourre-tout « chasteté » ou « amitié » ! (bientôt « sainteté »…)
 
 

Sur les réseaux sociaux, un ami de Courage a réagi en me disant : « La chasteté à la même forme pour les personnes célibataires, homos ou non. Le risque de parler de célibat est justement de faire de l’homosexualité un particularisme qui deviendrait plus déterminant que l’identité d’homme ou de femme ou que l’état de vie. Un ghetto gay. » Ce à quoi je lui ai répondu :
 
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Pour l’instant, à mon avis, il n’y a pas encore de structure pastorale solide pour les personnes homosexuelles. Sans l’énonciation explicite de la proposition de la continence (et donc du célibat) pour les personnes durablement homosexuelles (sans pour autant écarter la proposition du mariage, ni opposer célibat et mariage), le groupe Courage se retrouve, comme DUEC (Devenir Un En Christ), coincé dans le triptyque « amitié/chasteté/sainteté », et délaisse la Vérité et l’Universalité de la Sainteté dans l’apostolat mondial par l’homosexualité. Courage se transforme donc en DUEC, c’est-à-dire en en groupe « convivialité-prière ». Ce n’est pas le but ni la vocation d’une pastorale d’Église pour les personnes homosexuelles, je regrette.