La « valentía de nuestras obispos » y su « llamamiento al compromiso » (respecto a la extensión de la PMA a todos) son de miedo…


 

Antes de ayer, en Francia, se aprobó la ley de extensión de la PMA (Procreación Médica Asistida) a todos, inclusive a las « parejas de lesbianas ». La « valentía » y el « llamamiento al compromiso » de nuestros obispos al respecto son de miedo… Todo el mundo es capaz de denunciar las consecuencias (PMA, vientres de alquiler) de un tráfico de niños, de madres, de padres, obvio. Incluso los promotores de la PMA. Esto no tiene nada de valiente. Sin embargo, ¿ cuántos obispos y católicos aprueban la causa de estas consecuencias (la creencia en la « identidad » homo y en el « amor homosexual ») y no la denuncian ? ¡ Casi todos (por no decir todos) ! ¿ Quién ve que el principal tráfico vergonzoso de personas que se está desarrollando ante nuestros ojos es el tráfico de personas homosexuales, su instrumentalización descarada por la gente que se pretende « heteros gays friendly » ? ¡ Nadie ! El verdadero ánimo, el verdadero compromiso, sería hablar de homosexualidad, que es la coartada afectiva de todas las leyes transhumanistas (incluso la eutanasia y el aborto), y sobre todo dejar hablar a las personas homosexuales. Y eso, los obispos nunca lo tendrán. Era durante los debates del « matrimonio homosexual », y ante todo de la Unión Civil, cuando se hubiera tenido que hablar.
 

 

Por último, me dirijo a los católicos que actualmente se hacen de víctimas, maullando que el CCNE (Comité Consultivo Nacional de Ética) les habría « censurado ». Les recuerdo que para que haya « censura » o « error en la restitución de los debates », ello implica que haya habido verbalización previa del problema. Pero nada de eso. Sólo les pagan con la misma moneda, la moneda de su homofobia (miedo a hablar sobre la homosexualidad y a dejar que las personas homos hablen de ella). No son en absoluto víctimas de lo que les está sucediendo. Esa es la peor parte. Ni siquiera son « censurados ». ¡ Se censuran a ellos mismos !

Le « courage de nos évêques » et leur appel à « l’engagement » (au sujet de l’extension de la PMA à tous) font peur…

 

Le « courage » et « l’appel à l’engagement » de nos évêques au sujet de l’extension de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) font frémir… Tout le monde est capable de dénoncer les conséquences (PMA, GPA) d’un trafic d’enfants, de mères, de pères, manifeste. Y compris les promoteurs de la PMA. Cela n’a rien de courageux. Mais combien d’évêques et de catholiques chérissent la cause de ces conséquences (la croyance en « l’identité » homo et en « l’amour homo ») et ne la dénoncent pas? Quasiment tous! Qui voit que le principal trafic honteux de personnes qui est en train de se jouer sous nos yeux est le trafic des personnes homosexuelles, leur instrumentalisation éhontée par les gays friendly? Personne! Le vrai courage, le vrai engagement, ce serait de parler d’homosexualité, qui est l’alibi affectif de toutes les lois transhumanistes (même l’euthanasie et l’avortement), et surtout de laisser parler les personnes homos. Et ça, les évêques ne l’auront jamais. C’était au moment du « mariage gay », et surtout du PaCS, qu’il fallait parler.
 

 

Enfin, pour les catholiques qui en ce moment jouent les victimes, en miaulant que le CCNE (Comité Consultatif National d’Éthique) les aurait « censurés », je leur rappelle que pour qu’il y ait « censure » ou « erreur de restitution », il faut déjà qu’il y ait eu préalablement verbalisation du problème. Or, il n’en est rien. Ils ne font que récolter la monnaie de leur propre pièce, de leur homophobie (peur de parler d’homosexualité et de laisser les personnes homos en parler). Ils ne sont pas du tout victimes de ce qui leur arrive. C’est ça le pire. Ils ne sont même pas « censurés ». Ils se sont censurés tout seuls !

8e entretien-vidéo avec Nathalie Cardon (avril 2018) : « Mylène Farmer et la Bête de l’Apocalypse : une histoire gay »


 

À l’occasion de la sortie du nouvel album de Mylène Farmer, intitulé Désobéissance, voici la vidéo-interview inédite que j’ai faite avec la journaliste Nathalie Cardon, sur les liens entre Mylène Farmer et l’homosexualité : « Mylène Farmer et la Bête de l’Apocalypse : une histoire gay ».
 

Nous en sommes venus à parler de la Bête (sans savoir d’ailleurs que le temps allait nous donner raison, puisque dans le tout récent vidéo-clip de la chanson « Sentimentale » de son nouvel album, Mylène n’arrête pas de s’entourer de chiens et de sous-entendre qu’elle vit une relation amoureuse avec eux…). Bonne écoute et n’hésitez pas à partager aussi bien la vidéo que le lien de mon livre sur la Bête de l’Apocalypse Homo-Bobo-Apo.
 

Vous pouvez aussi retrouver cette vidéo par écrit, sur le lien suivant, ainsi que les autres vidéos lourdaises : vidéo 1 sur Macron aux Bernardins, vidéo 2 sur La Manif Pour Tous, vidéo 3 sur la transidentité, vidéo 4 sur la bisexualité, vidéo 5 sur Demain Nous Appartient, vidéo 6 sur les établissements scolaires, vidéo 7 sur les groupes pastoraux d’accompagnement, vidéo 8 sur Mylène Farmer et la Bête, la vidéo 9 sur le Synode des jeunes, la vidéo 10 sur la Bête Hétérosexualité, la vidéo 11 sur la Bataille d’Armageddon, la vidéo 12 sur l’émission The Voice, la vidéo 13 sur la Réacosphère (1ère partie ; 2e partie) ; la vidéo 14 sur l’homosexualité priorité niée; et la vidéo 15 sur la Honte.
 

N.B. : Sans le faire exprès, Nathalie et moi avons un peu reconstitué la pochette du nouvel album. Notre vidéo (tournée en avril) était visionnaire (haha).
 

J’ai rencontré la nouvelle Virginia Woolf

Je viens de passer plusieurs heures passionnantes avec une femme lesbienne de deux ans de moins que moi, place de la Contrescarpe à Paris. Un vrai esprit libre, qui débite des vérités anthropologiques à la seconde, avec calme, en soupesant tous ses mots, et qui a accueilli mes écrits et mon « Dictionnaire des codes homos » (qu’elle lit et relit depuis 3 ans) ainsi que le message de l’Église Catholique, sans révolte et avec tout le discernement, l’intelligence, la limpidité nécessaires. Une sorte de Virginia Woolf française des temps modernes, même physiquement parlant, sans le côté dark, névrosé et suicidaire. Une philosophe qui se prépare à éclore prochainement, à travers la poésie, la philosophie et la description sans filtre de la violence du « milieu » homosexuel lesbien et des relations homosexuelles. Quand elle sortira du bois, elle va envoyer du bois justement. Je suis honoré de l’avoir rencontrée et d’assister à son émergence. C’est elle qui m’avait contacté, à la base. De toute ma vie, je n’avais croisé avant elle la route que d’une autre femme lesbienne (en même temps que transgenre) à l’esprit brillant, capable de laisser une oeuvre philosophique et littéraire digne d’être publiée (elle se reconnaîtra sans doute en lisant ces lignes). Ces Fins Dernières m’offrent des amis et des personnalités inattendus. Je suis intrigué par l’humour de l’Esprit Saint.
 

20 conseils pour parler aux jeunes de l’homosexualité dans un contexte scolaire ou collectif

Pour éviter ce genre de décalages…


 

De plus en plus, les enseignants sont amenés à évoquer l’homosexualité en cours, soit parce qu’ils ont des élèves directement concernés, soit parce qu’ils doivent faire face à un harcèlement entre élèves relevant de l’homophobie, soit parce que le contenu du cours traite directement ou indirectement d’homosexualité ou que le sujet est évoqué explicitement par un ou plusieurs élèves. Alors, aux instits et au professeurs courageux qui ont décidé de ne pas se taire (et ils sont rares !), et qui voudraient en parler simplement et en vérité, sans tomber dans une indifférence gay friendly complaisante/validante, je vous donne ces quelques conseils :
 

1 – Faites parler une personne homosexuelle à votre place. Invitez-nous. Rien ne remplace le témoignage par la personne, et plus qu’un témoignage, l’analyse. Le reste n’est que littérature et psychologie de bazar. Les jeunes ne croient que ceux qu’ils voient. Surtout dans le domaine de l’homosexualité qui, dans leur esprit, est une personne réelle, en chair et en os, et une cause nécessairement juste. Tout discours rationnel sur l’homosexualité, fût-il juste, ne prend pas s’il ne vient pas d’une personne légitime et qui ressent cette tendance en elle.

2 – Formez-vous, lisez, intéressez-vous au sujet. Consultez par exemple mon Dictionnaire, bien documenté. Regardez mes vidéos. Avant de parler d’homosexualité, partez à notre rencontre. De toute façon, sans nous, personnes homosexuelles, vous ne pourrez rien faire (vous vous en rendez bien compte, d’autant plus en ce moment où la cathosphère panique et s’agite inefficacement autour de la PMA (sans père), alors que le centre du problème est le traitement de l’homosexualité : tant que vous n’aurez pas compris la gravité de l’hétérosexualité et de l’Union Civile – pourtant défendue par tous les opposants au « mariage gay », à commencer par Mgr Aupetit -, vous dénoncerez les conséquences dont vous chérissez inconsciemment les causes).

3 – Parlez directement du sujet, sans langue de bois. Pas de novlangue généraliste ni spiritualiste qui vous écarte du thème (tant de formateurs à l’affectivité détournent le sujet de l’homosexualité pour parler de « sexualité », d’« amitié », de « masculinité », de « féminité », de « paternité », de « complémentarité des sexes », du « corps », d’« identité », voire même de « chasteté » et de « sainteté, etc.) ! Sinon, vous jeunes vous tomberont dessus. De toute façon, désormais, vous êtes attaqués y compris quand vous ne dites pas de choses négatives sur l’homosexualité : ne pas en parler et ne pas encourager (au coming out ou à la pratique homo) est perçu comme de l’homophobie, comme suspect et comme un indice de catholicité. Alors autant y aller !

4 – Centrez votre discours sur les personnes (vos amis homos notamment): toujours. D’autant plus quand on vous lance sur le thème des lois (adoption, « mariage » gay, GPA, etc.) ou dans le débat d’idées, dans les concepts. Parlez des personnes homos, quitte à ne pas répondre directement à la question qui vous est posée. L’unique préoccupation des jeunes, c’est juste de savoir si vous nous aimez. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Et après avoir vérifié cela, ils vous écoutent. Pas avant.

5 – Soufflez le chaud immédiatement après avoir soufflé le froid, et vice-versa : on ne fait pas voir la lumière du jour à quelqu’un qui a été enfermé pendant longtemps dans une caverne… ou alors il verra la lumière comme une ennemie et réagira très mal. Quand vous dites par exemple quelque chose de dur concernant « l’identité » ou « l’amour » homos, complétez ensuite par une remarque gentille qui reconnaît au moins la sincérité des personnes ; quand vous dites quelque chose de positif sur l’homosexualité, nuancez juste après, de telle sorte que votre propos ne soit ni une justification de « l’identité » homo ni un encouragement à la pratique homo. Un exemple de soufflage de chaud puis de froid, c’est avec la question : « Comment on sait quand on est homo ? », souvent posée par nos jeunes. Dans ce cas-là, si vous en arrivez à dire que l’attirance homosexuelle peut être temporaire ou une mode à ne pas surévaluer/surinvestir, dites ensuite que vous la prenez quand même au sérieux dans certaines situations et qu’elle ne s’en va pas toujours dans un temps humain. Si au contraire vous êtes amenés à dire que c’est une tendance qui s’avère suffisamment enracinée pour compromettre un mariage ou un sacerdoce, donnez après des exemples de personnes homos qui ont réussi à se marier, à avoir des enfants ou à être des prêtres heureux.

6 – Parlez d’homophobie. C’est un super sujet. Et le mot « homophobie » est très signifiant (haine/peur du même + violence faite à l’encontre des personnes homos). En plus, les jeunes sont particulièrement sensibles à l’injustice. Et très sensibles aussi au fait que vous connaissiez des personnes qui ont souffert à cause de leur homosexualité et/ou du mauvais accueil social de l’homosexualité. Alors ils vous écouteront. Le thème de l’homophobie a ceci d’avantageux (contrairement aux sujets souvent trop identitaires et passionnels de l’hétérosexualité et de l’homosexualité) de recentrer les débats de l’homosexualité sur les faits et les actes, puis ensuite sur les personnes, en sortant des considérations politiques, militantes, idéologiques et désincarnées.

7 – Quand vous allez dire quelque chose de dur sur un mot déifié par notre époque (exemple : « égalité »), opposez immédiatement ensuite ce même mot à un autre terme tout aussi sacralisé par notre époque (exemple : « différence »), pour créer un choc frontal entre les deux qui atténuera et apaisera la « bombe » que vous avez lâchée. Ex : « Les hommes et les femmes ne sont pas égaux puisqu’ils sont différents. Et heureusement ! » C’est là que la pilule passe le mieux.

8 – Revenez sur un mot évident pour tous et diabolisé socialement, pour prendre par surprise et en défaut d’ignorance votre auditoire. Ex : les termes « discrimination », ou encore « jugement », presque systématiquement connotés péjorativement dans la bouche de nos contemporains. Expliquez qu’il y a des bonnes et des nécessaires discriminations. Par exemple, pour l’apprentissage de la lecture, il est nécessaire de discriminer – c’est-à-dire de distinguer – les phonèmes. Sinon, on ne saura jamais lire. Nous ne devons proscrire que la discrimination de valeur entre les personnes. Pas les discriminations en soi.

9 – Utilisez abondamment l’idolâtrie mondiale actuelle (et hétérosexualiste) pour les Différences. Usez et abusez de ce mot-là pour prendre les idolâtres à leur propre piège. Ex : « Non, toutes les différences ne sont pas bonnes ni tous les mélanges réussis. Et tout ce qui nous est présenté comme ‘différence’ ne l’est pas nécessairement. Par exemple, la différence homosexuelle n’est pas une personne ni une identité : une personne ne se réduit pas à un ressenti ni à une orientation sexuelle. Et l’acte homosexuel exclut la différence des sexes. » « L’Amour accueille la différence. À chaque fois qu’on n’aime pas, c’est qu’on rejette la différence, et à plus forte raison la différence des sexes dont nous sommes tous issus et qui est le ferment de notre identité. Voilà pourquoi on peut dire que l’union homo n’est pas de l’Amour. » Le discours sur les différences, franchement, ça marche à tous les coups. Le rappel que la tolérance peut être dans certains cas très intolérante et intolérable, ça fait aussi son petit effet.

10 – Le plus efficace (en plus de la présence de la personne homo) : attaquez l’hétérosexualité. Car ça, ça rassure tout le monde. Puisque bien souvent, les défenseurs aveugles de l’homosexualité confondent la différence des sexes avec l’hétérosexualité (une différence des sexes sans amour, pour le coup), veulent se venger du mariage homme-femme ou de l’Église, et cherchent à savoir si vous critiquez autant les couples homos que les mauvais couples homme-femme. Si tel est le cas, et s’ils vous entendent défoncer l’hétérosexualité, vos jeunes seront soulagés et auront la preuve que vous n’êtes pas homophobes, que vous ne dénoncez pas la pratique homo pour idéaliser le mariage procréatif traditionnel (auquel ils ne croient plus).

11 – Renvoyez la personne qui vous sort des mots impressionnants (« homo », « lesbienne », « gay », « homophobe », « mariage gay », « Manif Pour Tous », « sodomie », « enculé », « hétérosexualité », « bisexualité », etc.) à ce qu’elle a dit pour les lui faire préciser… car en général, ceux qui les emploient en ont une grande méconnaissance, et ne connaissent rien à l’homosexualité. Ex : « Tu connais des couples homos qui s’aiment ? » « Qu’est-ce que tu entends par ‘homophobie’ ? » « ‘Enculé’, ça veut dire quoi ? », etc. Cela permet à la personne de la mettre devant ses contradictions, ou bien de sortir du procès d’intention pour revenir ensemble aux faits, au sens des actes, et aux personnes homos.

12 – Ne soyez pas catégoriques et montrez que vous pouvez changer d’avis sur le sujet : avec des marqueurs de nuances (« peut-être », « certains », « souvent », « quelques », « assez », « presque », etc.) ou bien en parlant à la première personne. Ex : « Pour l’instant, je n’ai jamais rencontré de couples homosexuels durablement épanouis un minimum et qui s’aiment. Je ne dis pas que je n’en rencontrerai jamais. Mais au jour d’aujourd’hui, je n’en ai pas vus. Et si vous en connaissez, présentez-les-moi ! Je ne demande qu’à changer d’avis. » Vous découvrirez que dans 99,9 % des cas, nos jeunes défendent les « couples homos de la télé ».

13 – Reconnaissez la valeur (relative) des sincérités, ainsi que les bienfaits réels des « couples » homos (amitié, parfois fidélité, complicité, engagements sociaux, soutien mutuel dans l’épreuve, valeurs éducatives et adoptives, etc.). Ne noircissez pas le tableau de l’homosexualité, pour ne pas froisser les susceptibilités, et surtout parce que si vous le noircissez, vos jeunes ne vous croiront pas : face à l’actuelle propagande guimauve et gay friendly des séries et des réseaux sociaux, vos mises en garde ne font clairement pas le poids ! Ne projetez jamais une souffrance ou une violence ou un malheur sur l’homosexualité et sur les personnes homosexuelles, que vous ne puissiez prouver par un vécu personnel ; si vous vous retrouvez face à une personne homo (qui vous soutient par exemple que tout va bien dans sa vie et qu’elle est très heureuse ; ou bien que ses amis gays sont très heureux), ne parlez pas à sa place et ne lui inventez pas un malheur ou une insatisfaction de sa situation tant qu’elle ne l’a pas abordé elle-même. Et si vraiment, les constats négatifs ne sortent pas, usez de la béquille de votre expérience et de ce qu’ont vécu vos amis homos, en toute objectivité, et sans verser dans le misérabilisme ou le dolorisme. L’aveu du négatif ne peut venir que de l’autre. Pas de soi. Ce n’est pas à vous d’apprendre à autrui qu’il est malheureux, ou dans l’erreur et dans l’insatisfaction.

14 – Usez de l’humour, de la douceur, de votre sourire, de blagues, tout en restant fermes et sûrs de ce que vous défendez. Une personne mal à l’aise avec le sujet s’accuse elle-même d’homophobie à son insu.

15 – Rencontrez préalablement des personnes homos et vivez avec nous des amitiés authentiques. Ainsi, votre discours sur l’homosexualité et l’homophobie s’incarnera. Personne ne peut récuser des amitiés. Surtout pas les jeunes.

16 – Montrez que le sujet ne vous fait pas peur. Sortez de la traditionnelle prudence dichotomique « Mieux vaut bien en parler ou ne pas en parler du tout »: dorénavant, nos jeunes vous mettent au pied du mur en vous interrogeant directement sur les 6 mots « homosexualité », « hétérosexualité », « bisexualité », « homophobie », « transidentité » et « Amour »… alors autant les affronter en face, sans prendre les devants ni les anticiper si ces sujets ne viennent pas de la bouche de vos jeunes.

17 – Mesurez la primauté de l’homosexualité, sans la dramatiser ni la surévaluer non plus. Ne minorez pas le phénomène et son impact émotionnel, affectif, médiatique, politique, collectif, mondial, eschatologique. L’homosexualité est le seul mal (ou « signe de mal » quand elle n’est pas pratiquée) que l’Humanité ne comprend pas. Alors le monde crie d’autant plus à son sujet. Ne perdez pas de vue qu’elle est une peur de la différence des sexes, même si, à l’âge adulte, cette peur se déguisera souvent en fierté ou en banalité.

18 – Ne méprisez pas la novlangue ni le langage de nos jeunes. N’esquivez pas le sujet et ne rejetez pas leurs mots, ne bottez pas en touche en disant que ce n’est pas important ni le vrai sujet. Ils ont soif de réponses. Et si vous ne le leur donnez pas, ils viendront les chercher avec insistance, et parfois dans l’agression.

19 – N’attendez pas l’aval de votre directeur ni des parents pour traiter d’homosexualité en cours… sinon, c’est un sujet tellement tabou, et avec lequel il est tellement facile de se trouver mille excuses prudentes pour l’esquiver, que vous n’en parlerez jamais.

20 – Lisez les quatre paragraphes du Catéchisme de l’Église Catholique pour bien vous en imprégner, et demandez à l’Esprit Saint de vous inspirer les paroles aimantes qu’il faut. Pour compléter, écoutez l’épilogue de mon livre Homo-Bobo-Apo, ainsi que mon document court « l’homosexualité expliquée à un ado de 11-17 ans ».
 

Plein de courage à vous ! Vos élèves vous le rendront.
 

 

N.B. : Vu que les établissements ne nous invitent pas – quand je dis « nous » je parle évidemment des personnes homosexuelles continentes vivant ce que demande l’Église – alors que pourtant les besoins sur ce sujet précis sont criants, j’en arrive quasiment à me dire que la prochaine fois que des groupes catholiques m’invitent pour donner un « témoignage » (à une session, dans une aumônerie, en paroisse, à un festival, dans un groupe de travail, sur un média pseudo « catholique »), je déclinerai l’invitation, et j’arrête définitivement les interventions publiques. Marre de cette mascarade des catholiques qui sont entrés durablement dans la peur et l’homophobie, et qui ne comprennent rien. Ils n’avaient qu’à se réveiller avant.

Guillaume Bernard ne se comporte pas en catholique (Michel Janva, encore moins)


 

Voyez quelles personnes pseudo « catholiques » nous représentent aujourd’hui dans les médias : Guillaume Bernard, votant Front National (même s’il s’en écarte et le conspue maintenant, à l’instar de tous les votants FN), partisan de la peine de mort pour les criminels. Je le cite, à la 12’26 : « Je suis parfaitement d’accord avec vous. Je pense qu’un prêtre pédophile, il faudrait le pendre. » (C’est du Florence Foresti – « Vous serez tous peeendus !! » sauf que là, c’est dit sérieusement). C’est une honte de tenir des propos pareils. De même que ce fut une honte que le père Pierre-Hervé Grosjean dise publiquement que ses collègues prêtres pédophiles étaient des (je cite) « salopards ». Ces catholiques en carton n’ont pas compris que l’amour du Christ va jusqu’à l’amour des ennemis. Que cela leur plaise ou non, les personnes pédophiles (et j’en connais pas mal) sont appelées à la sainteté, et sont parfois saintes (quand elles n’actualisent pas leur tendance, ou bien quand elles l’ont actée mais qu’elles s’en sont repenties). Ce n’est absolument pas catholique de la part de ces porte-parole chrétiens de jouer les justiciers-nettoyeurs sans concession, voire même les meurtriers, aux yeux du monde, pour d’une part faire bonne figure et d’autre part se désolidariser de l’Église et de ses pasteurs. Honte sur eux. Ils n’imitent pas le Christ, qui Lui est allé jusqu’à la Croix, non pas seulement pour les personnes qui le méritaient, mais surtout (et c’est pour cela que la Croix est un scandale, un geste fou) pour les personnes qui ne le méritaient pas (les criminels, les personnes pédophiles, les terroristes, les violeurs, et même le diable). Par ailleurs, Guillaume Bernard fait partie de cette école de pensée (la même que Jeanne Smits, Jean-Marie Le Méné ou encore Martial Bild) qui se plante de priorité, au nom d’un purisme de la vérité, en soutenant à tort que l’avortement est le problème de fond du transhumanisme, sans penser une seconde que c’est l’homosexualité qui est ce problème de fond (jamais vous n’obtiendrez de mobilisation massive des catholiques sur l’avortement, comme vous l’avez eue sur l’homosexualité).
 

 

Abstraction faite du discours haineux et anticlérical d’Alice Coffin (qui appelle carrément à ce que les catholiques ne soient plus invités sur les plateaux télé ni écoutés : belle illustration de l’ouverture des « tolérants » auto-proclamés…), admirez également la bêtise homophobe et misogyne d’un journaliste tel que Michel Janva, qui va d’emblée réduire une personne à son attirance homosexuelle, et associer, par pure lesbophobie, la femme voire « la » lesbienne, à l’hystérie. Psychiatrisation couplée à une diabolisation/spiritualisation, de l’homosexualité. Pauvre homme. Quand je pense qu’il lit mon blog et se permet de me citer sur le Salon Lège, ça m’écoeure. Dans le genre spécialiste des raccourcis et des points Godwin, on n’a pas trouvé mieux depuis Jeanne Smits.
 

Le portable-ange-gardien ainsi que la foi aux fils et aux rubans


 

L’Esprit Saint a beaucoup d’humour. Je suis, depuis quelques jours, en train de bosser sur la place du téléphone portable dans la série Joséphine ange-gardien, et tente même de démontrer que Joséphine EST le portable, et pas seulement son ambassadrice. Associer le téléphone portable à un ange-gardien, ça peut paraître complètement con. Et pourtant, hier, j’ai eu une confirmation de cela en regardant le film « Non-stop » (2014) de Jaume Collet-Serra, diffusé sur TF1. En effet, l’assassin de l’avion, qui exécute un à un les passagers toutes les vingt minutes, use de son portable comme si ses textos avaient le pouvoir de tuer. Il est incarné par Zack White, un programmeur de smartphones, se rendant invisible pour réaliser ses forfaits, avec l’aide d’un complice. Bill Marks, le flic à bord, chargé de l’enquête, reçoit les avertissements-notifications des crimes par anticipation, sur son propre téléphone. Et quand il demande au hacker anonyme qui il est, celui-ci lui répond ironiquement par SMS « Je suis votre ange-gardien. » CQFD. Nouvelle confirmation – en parallèle de Joséphine – que le portable-ange-gardien est l’autre nom du diable.
 

 

Par ailleurs, concernant cette fois la Marque de la Bête (de l’Apocalypse), en lien – c’est le cas de le dire – avec mon chapitre sur la lumière-textile et sur le bracelet électronique (dont j’ai beaucoup parlés dans Homo-Bobo-Apo), il est étonnant de voir que, chez les francs-maçons de la Nouvelle Religion mondiale, le bracelet, la montre ou le fil de tissu, portés au poignet, est humanisé et divinisé. Toujours dans le film « Non-stop », Bill Marks (Marx ?), le héros, porte, sous forme de porte-bonheur qui conjurerait ses peurs (notamment sa phobie de l’avion et des décollages), un ruban lui entourant la main, et appartenant initialement à sa fille, comme une attache inter-générationnelle. Et pour délivrer Becca, une fillette de l’avion sur qui Bill transpose sa propre relation avec sa fille, de ses angoisses, il lui donne son fil bleu en le lui présentant comme « un ruban magique avec de grands pouvoirs », et en lui demandant de « croire en lui » (il parle du ruban). La Foi aux fils et aux rubans, vous ne connaissiez pas ?
 

 

Le cadeau empoisonné de Wim Wenders au Pape François


 

Il a des cadeaux qui n’en sont pas vraiment, parce qu’ils ne servent pas la Vérité ; et qui peuvent également être reçus et honorés par politesse, alors qu’il eût mieux valu les refuser. C’est exactement ce que je pense du film « Le Pape François : un homme de parole », sorti en salles aux États-Unis en mai dernier et en France le 12 septembre 2018, gentiment offert par le réalisateur allemand Wim Wenders au Pape François, et poliment reçu et personnalisé par le Saint-Père lui-même puisque celui-ci y intervient directement (en « Face Time »). Cette mise en scène de remise-réception de cadeau agace les opposants au Pape (qui n’hésitent pas à traiter Wim Wenders de « lèche-cul », et le Pape de « dictateur » ayant construit sa propre propagande personnaliste), fait sourire jaune les quelques défenseurs du Pape (qui n’iront même pas voir le joli film enrubanné). À moi, elle me fait peur. Car j’y vois un piège autant qu’une funeste annonce de la mort définitive de la papauté terrestre.
 

Pourquoi ce film piège le Pape François ?

Ce film est un piège parce que c’est un mirage embelli de la réalité
 

Concrètement, aujourd’hui, le Pape n’est pas applaudi. Et loin de là. Comme dans un carnaval – et notre monde est en train de se transformer en véritable festival de blasphèmes généralisés, de travestissements, et d’offenses à Dieu –, il ne faut pas oublier que le roi, célébré un temps, finit piétiné, voire immolé. L’engouement papal mondial n’aura duré que cinq printemps, et est révolu. « Cinq. Cinq années à vivre. Pas une année de plus. » (c.f. la chanson « Cinq » du Clergyman dans la comédie musicale La Légende de Jimmy)
 

 

La preuve, c’est que la semaine même de la sortie du film de Wim Wenders, j’étais quasiment le seul dans la salle de cinéma, alors que pourtant, je me trouvais à Paris. Dès son entrée en scène, ce documentaire ne fait que peu d’entrées, se fait défoncer par la critique, et ne trouve pas son public. Il appartient au passé. Wim Wenders affiche sur grands écrans des foules agglutinées autour du Pape… alors que dans les salles, pas un chat ! Ce film arrive déjà trop tard, ne correspond plus à la réalité de terrain de l’Église et du monde, à la réalité de l’opinion publique, particulièrement inconstante et capricieuse : un jour le Pape est applaudi parce qu’il est étiqueté « gay friendly », le lendemain il est brûlé en place publique et traîné en procès d’homophobie parce qu’il fait le lien maladroit entre homosexualité et psychiatrie. Le documentaire « Le Pape François » est donc un film crépusculaire ; et à peine sorti, il est déjà périmé. Wim Wenders à la fois semble en avoir conscience, puisque l’incipit du film est empreint d’une forte teinte apocalyptique, et l’ignore car il ne souligne pas la gravité de la situation ni le danger concret (danger de mort et de persécution) qui guette le Pape et l’Église. C’est donc un film optimiste dans toute sa splendeur : positif, déprimé, déconnecté du réel… et même du Pape !
 

Ce film est un piège parce que le Pape François n’est pas aimé pour les bonnes raisons
 

En dépit des apparences, le film « Le Pape François » n’est pas un hommage. Il a tout l’air de la dédicace d’une groupie bobo soixante-huitarde, qui a célébré « pudiquement » et « nostalgiquement » une image d’Épinal d’un souverain pontife humaniste engagé qui n’existe pas tel qu’il est fantasmé. Wim Wenders se dit « chrétien œcuménique » : « Moi, Wim Wenders, j’ai quitté l’Eglise catholique en 1968 et n’y suis jamais revenu. » Son documentaire résonne comme un discours-fleuve sentimental déclamé à un mariage, ou comme une déclaration d’amitié échangée sur un agenda de collégien (griffonné sur papier recyclé, évidemment). Il exprime la nostalgie d’un ex-enfant de chœur encore un peu attaché à l’Église Catholique par le souvenir, mais qui ne L’accueille pas. Il semble l’œuvre d’un artiste contemporain vieillissant, qui ne fout plus du tout les pieds à l’Église, mais qui est toujours attaché à un reste de traditions et à ce qu’il appelle les « valeurs du christianisme », qui parvient encore à se laisser éblouir par le charisme médiatique et le rayonnement politique d’un homme d’Église aussi simple que le Pape François, et qui finalement s’est fait plaisir en interviewant une personnalité atypique.
 

Le film de Wim Wenders se situe dans la lignée des films pro-Pape construits par des réalisateurs bobos qui ne sont pas catholiques mais qui ont une admiration distante et une bienveillance reconnaissante envers lui. Je vous renvoie à ma critique du film latino-américain « Pape François » (2016) de Beda Docampo Feijóo et Eduardo Giana (cent fois plus catastrophique que le reportage de Wenders, il faut le reconnaître).
 

En fin de compte, nous, catholiques, sommes responsables d’avoir délégué à ces réalisateurs bobos le traitement cinématographique de nos propres chefs. Nous avons abandonnés ces derniers, et avons laissé les autres parler de nous et de nos parents dans la foi, opérer ce ravissement. Nous en paierons les pots cassés.
 

Nous nous sentons aussi, bizarrement, désavoués par nos pasteurs et par le berger en chef. Après avoir vu le docu-fiction de Wim Wenders, on ressort avec la même impression « malaisante » (comme disent beaucoup de jeunes d’aujourd’hui) d’un énième hommage raté… d’autant plus malaisante que là, c’est le Pape lui-même qui a participé à la construction de sa propre caricature, puisqu’en gros, il ne s’agit plus d’un biopic, mais d’un documentaire où quatre entretiens de deux heures ont été réunis – avec le Pape François s’exprimant « face-caméra » en nous regardant droit dans les yeux – pour en faire un film. Avec ce documentaire, on a dépassé le stade de la selfie. Maintenant, le Pape nous parle via une conversation Skype « améliorée » et « professionnalisée ». Wim Wenders a organisé une sorte d’opération charme, un speed-dating filial, un grand oral les yeux dans les yeux. Le Pape s’est fait prendre au jeu de l’« intimité grand public », et avec son propre consentement. Suprême confusion : on ne sait plus qui croire tellement témoin et ravisseur semblent marcher main dans la main. Et visuellement, ça marche. Le résultat est réussi. Quoi en penser ? À quel sein/saint se vouer ? C’est très difficile de répondre. Quel bordel…
 

 

Ce film est un piège parce que les propos papaux retenus ne sont pas les plus profonds ni les plus pertinents
 

Wim Wenders n’a retenu du discours du Pape que les phrases les plus convenues et simplistes : « La solution pour régler les conflits familiaux, c’est l’Amour » « Vive les différences » « L’argent ne doit pas être notre maître » « Agissons ensemble », « Sauvons la Planète », « Il faut partager », etc. Franchement, le Pape a autre chose à dire. Notamment sur Jésus et sur les vérités de dogme. Notamment sur la Bonne Nouvelle à annoncer aux pécheurs. Il y a des urgences à traiter, des thèmes importants à aborder, des vérités sur des sujets polémiques et incompris (tels que l’homosexualité ou le célibat sacerdotal) à dire. L’heure n’est plus aux sophismes et aux aphorismes.
 

L’image faussée que Wim Wenders a construite autour du Pape François (même s’il dira qu’il n’a rien construit du tout et qu’il est resté fidèle à ce que le Pape a bien voulu transmettre), c’est celle d’un homme touché par les injustices terrestres, luttant contre les exclusions, prenant position en faveur des pauvres. Le Pape audacieux. Le Pape des exclus. Le « petit Père ». Le Pape-frère. Le Pape-pote (qui raconte des blagues tordantes). Le Père-du-Peuple. Le Pape-Conscience-de-l’Humanité. Le chantre de concepts humanistes et communistes débiles (« le Bien Commun », « l’Amour », « les différences », « la Maison Commune », etc.).
 

 

Dans le film de Wenders, le Pape est envisagé comme un militant, un défenseur de la culture, de la Nature, de la Terre-mère (« Pachamama » et tout le bordel ésotérico-régionaliste), de l’Humanité, d’un naturalisme écologiste, d’un équilibre migratoire et démographique égalitaire, d’un humanisme intégral. C’est un conseiller en ressources et en relations humaines. D’ailleurs, le terme « Homme » est répété je ne sais combien de fois dans le film (le compteur a explosé !). Au final, on conserve l’image d’un Pape centré sur la Création et pas tellement sur le Créateur. En bon gauchiste qui se respecte, Wim Wenders a versé dans le naturalisme (culte anthropomorphique de la Nature), en établissant à certains moments une claire corrélation entre Humanité et catastrophes naturelles. Il nage en plein panthéisme moniste.
 

Il a finalement fait de François un Pape matérialiste, axé sur le corps et le matériel (et non sur l’âme, sur le Salut ou sur Jésus). Un promoteur d’un « style de vie », d’un « art de vivre », d’un savoir-être (« savoir écouter », « savoir rire », « savoir jouer avec ses enfants », etc.), d’un « modus vivendi » (le Pape emploie lui-même l’expression), d’un discours de la méthode (proche du discours de la décroissance adopté par la revue catho-bobo Limite). « Avec cette vie accélérée, on oublie les gestes les plus humains. » ; « Parents, jouez-vous avec vos enfants ? » ; « Tous, nous pouvons vivre avec moins. » ; etc.
 

 

On entend le Pape donner des conseils pour mieux vivre et s’aimer en famille, pour préserver la planète, pour dialoguer, pour vivre heureux. POUR POUR POUR. Toujours l’intention (d’agir, de parler). Comme je l’écris dans mes livres Les Bobos en Vérité, et aussi Homo-Bobo-Apo, le propre du boboïsme, c’est de s’attacher aux intentions, aux mots – bref, de tomber dans le nominalisme (cette idéologie franc-maçonne qui croit que la réalité peut être déformée par les mots, nos désirs, nos intentions, notre sincérité, nos convictions, notre volonté) et la franchise (le pilier idéologique de la Franc-Maçonnerie). Le Pape est transformé en diffuseur de conseils pratiques « pour les nuls », en petit guide vocal pour mieux vivre et mieux aimer, en story-teller vaguement philosophique et théologique.
 

Comme s’il n’était pas descendu assez bas, en plus de lui faire exprimer des phrases très convenues, Wim Wenders a filmé le Pape en train de tenir des argumentaires incomplets, incorrects (« Qui suis-je pour juger ? ») voire carrément pas justes (« L’Amour de Dieu est le même pour tous. » : c’est faux. Ce n’est pas parce que l’Amour de Dieu est donné et se dirige à tous qu’il n’est pas particulier et différent pour chacun). Le Pape ne règle pas les questions les plus brûlantes (et en particulier celles de l’hétérosexualité et de l’homosexualité). Et ça, au lieu de le servir, ça le décrédibilise. Je rappelle que l’injonction « à ne pas invoquer le nom du Seigneur en vain » est un des commandements du Décalogue. Et c’est malheureusement le contraire qui se passe dans le film de Wim Wenders.
 

 

Le réalisateur des « Ailes du Désir » semble avoir pris ses désirs pour des réalités. Il n’a gardé du Saint-Père que le discours populiste d’apparence franc-maçonne, en lui faisant défendre un communisme de la construction (je rappelle que la Franc-Maçonnerie repose principalement sur trois lexiques : la lumière, l’architecture et l’humanisme intégral) : « Nous ne pouvons construire l’avenir qu’ensemble. » ; « Nous avons tant à faire, et nous devons le faire ensemble. » ; « La lumière prévaut sur les ténèbres. » On a même droit à des images de Fiat Lux, le festival franc-maçon projeté en 2015 sur Saint Pierre de Rome au Vatican ! L’hétérosexualité (culte des différences) occupe également le haut du pavé : « C’est notre diversité qui nous rend plus fort. » (un astronaute au Pape) ; « Les différences nous font toujours peur mais elles nous font grandir. Elles sont le progrès de l’humanité. » (Pape).
 

Le Pape François a été dépeint plus en serviteur de l’Homme que de Jésus. D’ailleurs, Jésus est très peu nommé. La Vierge Marie est également peu montrée (La retransmission des images du Pape François à Fatima sont assez signifiantes : la Vierge n’a aucune place). Les prédécesseurs du Pape sont peu montrés (excepté saint François d’Assise) : le Pape émérite Benoît n’apparaît quasiment pas. Sous le prisme de Wenders, le Pape François a été carrément amputé de son lignage apostolique, a été isolé sous prétexte d’être mis en gros plan et honoré. Mine de rien, on a l’image d’un Pape seul (face à une foule). C’est perturbant.
 

Ce film est un piège parce que les propos du Pape François sont déformés
 

 

Un exemple tout bête de trahisons « involontaires » de Wenders, dues à l’absence d’éducation religieuse et de formation intellectuelle sur les définitions de mots : le sous-titre de l’affiche française « L’espoir est un message universel » n’est pas fidèle à ce que dit le Pape. Effectivement, dans le documentaire « Le Pape François », j’ai bien entendu, le Saint-Père ne parle pas d’espoir mais bien d’Espérance (« Esperanza » en espagnol). L’Espérance, contrairement à l’espoir qui est un vague optimisme éventé, une « positive attitude » combattive de principe, comprend la foi en la Résurrection du Christ après la Croix. Le documentaire de Wim Wenders, n’exagérons rien, n’est pas dénué de gravité, et n’est pas un film totalement naïf. Mais c’est avant tout une œuvre optimiste. Et l’optimisme est, contrairement aux apparences, la balle que se tire le monde dans le pied parce qu’il nie la réalité déjà effective de la Résurrection du Christ. Je voulais juste relever cet exemple de déformations langagières que Wim Wenders a opérées en trahissant la pensée du Pape. Mais il y en a bien d’autres.
 

 

En outre, les discours du Pape et les images d’archives choisis par Wim Wenders, en plus d’être coupés au montage, sont sentimentalisés, théâtralisés, à l’excès. On a droit à une surenchère de musique d’habillage, à une exhibition des effets et des réactions des paroles du Pape sur les visages en gros plan l’écoutant avec passion. De surcroît, ces réactions de spectateurs sont complètement artificielles puisqu’elles sont montrées en décalé, en différé, par rapport à la temporalité de l’énonciation « en live » du discours papal : cela rend comme les montages retravaillés et photoshopés des émissions de télé-réalité telles que la X-Factors, America’s Got Talents, The Voice, ou dans certains concerts/remises de prix/spectacles de magie, misant à fond sur l’émotion. Wim Wenders a voulu démontrer que le Pape émeut, fait rire, fait pleurer, fait réfléchir, est bon et altruiste, touche tout le monde. Il filme une foule enthousiaste, qui rit, médite, court après la Papamobile (de seconde catégorie), se lève en standing-ovation dans un hémicycle nord-américain, etc. En ce sens, même si Wim Wenders ne l’assume pas, son film est publicitaire, propagandaire. Et le Pape François est un peu responsable d’être rentré dans ce narcissisme flatteur de l’altruisme (Jésus, lui, quand il aidait les autres et allait visiter les malades, refusait les caméras, renversait les micros des marchands du Temple, sommait les personnes qu’il guérissait de ne rien rapporter). Force est de reconnaître que le souverain pontife, en participant directement au film de Wim Wenders sur lui, n’a pas eu cette sagesse, cette prudence et cette humilité. C’est une maladresse objective dans la communication. Il donne des bâtons pour se faire battre.
 

 

La papolâtrie de Wim Wenders s’observe en particulier dans le nominalisme qu’il a mis en place dans son reportage. Par nominalisme, je veux parler de la glorification des mots (au détriment du Réel qu’ils sont censés nommer et servir). Et il est fort probable que Wim Wenders ne s’en soit même pas rendu compte. Tout le long du documentaire, le Pape est réduit à un mégaphone, à un discours, à un enregistrement vocal, à des mots, à une oralité… et non à une personne (la personne du Pape, déjà, et surtout la personne du Christ que le Pape est censé représenter). C’est une mise en scène d’oralité. Même si, fort heureusement, le Pape François possède cette force et cette humilité surnaturelles qui l’empêchent d’être spectateur de lui-même ou de tomber dans le narcissisme du leader qui s’écoute parler, du priant qui s’observe prier, en mordant à la mise en scène de sa propre sincérité (au passage, ça m’a toujours sidéré, chez le Pape François, la conservation de son humilité et de sa simplicité, a fortiori dans le contexte surmédiatisé qui est le sien, où ses moindres paroles et gestes sont épiés et gravés sur pellicule), finalement, il n’a tout de même pas pu échapper au narcissisme personnaliste de la démarche cinématographique de Wim Wenders.
 

En lien avec cet écueil narcissique de la surévaluation des mots, je me suis gentiment arraché les cheveux pour traduire en français le titre du film de Wenders « A Man of his Word », car selon moi, la traduction la plus évidente « Un homme de parole » n’est pas assez forte pour rendre l’idolâtrie nominaliste que l’expression recèle originellement. Au départ, j’aurais traduit par « François par François ». Puis « Cet homme est sa Parole » ou bien « est son Verbe » me paraissait une meilleure option. Au bout du compte, grâce à l’aide d’amis sur Facebook, je trouve que la traduction la plus fidèle à l’esprit du titre anglais, c’est « François, Verbe incarné ». Wim Wenders ne met pas seulement le Pape à la place du Créateur des mots (le Père), mais également à la place des mots et de l’énonciateur des mots (le Fils). Et je dirais même à la place de l’Esprit Saint : à plusieurs reprises dans le film, il est dit que le Pape « inspire » le monde entier ; et dans la bande-annonce anglaise, on nous signale que « Les mots du Pape inspirent le monde », qu’ils sont ferments d’unité : « No matter what divides us : his words unites us. » (traduction : « Peu importe ce qui nous divise : ses mots nous unissent. »). Le Pape nous est vraiment présenté comme LE Prophète, LA Bible. Euh… comment dire… n’en faites-vous pas un peu trop, là ?
 

 

Le Pape est transformé en voix-off. C’est pourtant bien sa voix, ses vrais discours, prononcés dans un contexte historique daté, que le spectateur entend. Mais pourtant, ce n’est plus lui. Il s’agit en réalité d’un copier/coller, d’une voix magnifiée, fétichisée, presque dépouillée de son contexte, de son incarnation et de sa profondeur, comme dans les insertions audios « brutes » d’un Martin Luther King ou d’un Nelson Mandela, qu’on nous sert actuellement dans les concerts pour conforter/bercer la bien-pensance collective (c.f. l’insert de la voix de Mandela dans la chanson « Noir et Blanc » des Enfoirés 2014 à la 2’54, que le public s’est forcé à applaudir poliment). Il y a un décalage – écoute en différé – entre l’émission du discours ou les paroles du Pape et les portraits émus et éplorés en gros plan (c.f. je vous renvoie à mon code « Mosaïque multiculturalistes » dans mon livre Les Bobos en Vérité). Wim Wenders nous présente en réalité un faux « Pape direct » : il enrobe le discours de ce dernier de plein de fioritures (violons, chorale…), propose une mise en scène de simplicité, de dramaturgie « épurée ». On a finalement affaire à un documentaire carte-postale, à un clip avec la voix-off du Pape pour décorer. On est encore loin du TransCalment ou de l’annonce de la soi-disant « sortie du disque du Pape Jean-Paul II ». Mais on glisse vers une instrumentalisation sincère et solidaire, autrement dit bobo.
 

Sans compter que toute la bande originale du film, signée Laurent Petitgand, bénéficie de la collaboration de la figure de proue du monde musical bobo : Patti Smith. Par exemple, la chanson du générique final, intitulée « These Are The Words » (« Ce sont les mots »), est bobo à souhait. C’est un mélange de Adèle et de spot de téléphonie mobile (vous savez, le « hey hey » insupportable de Free). Puis, comme Wim Wenders a un faible pour le populaire latino (il avait déjà réalisé il y a quelques temps le film « Buena Vista Social Club » : Télérama avait a-do-ré) et qu’il a voulu cette fois faire un « discret » clin d’œil aux origines sud-américaines du Pape, il a réussi à caser une chanson de Mercedes Sosa, autre diva bobo (aux côtés de Lana del Rey ou encore de Cesaria Evora). Les musiques de fond habillant « Le Pape François » sont très world, font très chants ésotériques super-primitivistes. Bien entendu, pour entendre de la musique sacrée, ou le répertoire vraiment catholique, vous pouvez toujours vous brosser. Même la Misa Criolla n’y figure pas.
 

Ce film est un piège parce que trop de réalisme et d’intentions tue la Vérité
 

Cette déformation et scénarisation des propos du Pape est d’autant plus navrante et scandaleuse que le film de Wim Wenders, comme toute production bobo, a une prétention réaliste : il se présente comme un documentaire ; il nous sert des images d’archives « authentifiant » le propos ; le Pape en personne s’exprime face à nous, en caméra directe. Difficile de faire plus « authentique » ! La vraisemblance, la sincérité et la simplicité sont clairement recherchées par le réalisateur. Et en même temps, ce naturalisme est romancé. Wim Wenders a mêlé interviews, images d’archives et fiction. Comme dans « Amélie Poulain » avec les simulations de films des années 1930. Il nous propose une reconstitution en noir et blanc de la vie de saint François d’Assise : c’est de l’image d’Épinal. Ce mélange des genres est une vraie salade bobo ! Le réalisateur a voulu montrer un « Pape sans filtre », sans fioriture, intime : « Je tenais à ce que le public puisse voir le Pape François droit dans les yeux. » Il l’a mis en scène comme un simple père de famille nous ouvrant les portes de sa maison, nous présentant une Église de l’intérieur, dans une ambiance cosy et sobre à la fois (bobo, quoi). La seule différence avec les interviews « intimistes » de Carine Lemarchand, Frédéric Lopez, Marc-Olivier Fogiel, Olivier Delacroix (« Dans les yeux d’Olivier »), c’est que Wim Wenders n’apparaît plus à l’écran : le Pape est laissé tout seul… et doit simuler de nous parler à nous spectateurs… comme un youtubeur.
 

Le côté direct et franc(-maçon) donné au Pape le dessert… car cela renforce son côté brouillon, dispersé et expéditif : c’est le pape copain, frère de tous, un pape « star-system ET anti bling-bling » (bobo, quoi) qui n’a plus grand-chose à voir avec un pape (si ce n’est le titre, le décorum folklorique et le déguisement, l’audience planétaire, la ferveur), un pape qui sert à bâcler un film (8 heures de tournage d’entretien et c’est plié ! je te fais un film !), un pape de loterie du pauvre (il t’appelle quand tu t’y attends le moins, et il peut même visiter de manière inopinée ton bidonville ou ton foyer de SDF !), un pape tellement expéditif qu’il distribuerait (et braderait/dénaturerait/invaliderait) démesurément les sacrements (et vas-y que je te fais des absolutions collectives, et vas-y que je te marie en 15 minutes, et vas-y que je t’embarque des migrants dans mon jet privé, et vas-y que je te valide et bénis la pratique homo par un laconique « Qui suis-je pour juger ? », etc. : le pape distributeur automatique de bénédictions et de sacrements à la validité plus qu’approximative, d’un point de vue extérieur j’entends).
 

 

Ce film est un piège parce que le Pape est idolâtré
 

Je crois qu’avec le film « Le Pape François », on peut parler de papolâtrie, de « fanatisme » bobo… même si Wim Wenders est suffisamment subtil pour que son hommage prenne intentionnellement et formellement les atours de la pudeur, de la vraisemblance, de la camaraderie soft, de l’authenticité, et quitte la grandiloquence kitsch ou la beaufitude. La révérence est faite avec art, technique et goût. Mais c’est quand même too much.
 

Déjà, il présente le Pape comme s’il était la réincarnation/la résurgence de saint François d’Assise : « L’héritage de saint François est toujours vivant. ». On va se calmer tout de suite. Ce n’est pas parce que deux personnes s’appellent pareil qu’elles sont Une (encore ce fichu abus nominaliste, cette fois par l’onomastique). Faire le parallèle entre un saint déclaré (saint François d’Assise, du XIIIe siècle) et le Pape François (encore vivant et pécheur) est rapide et disproportionné, bien que flatteur et voulu humble. La corrélation nie 1) la singularité des personnes en générant un amalgame identitaire 2) les péchés et les fragilités de François. Ça montre d’emblée que le portrait du Pape François est orienté et biaisé.
 

 

De plus, le Pape n’est pas traité comme un être humain, ni même comme un serviteur du Christ. Il est traité comme Jésus lui-même. Comme le dit à juste raison Jean-Marie Guénois dans le Figaro, le film de Wenders est « une hagiographie [biographie excessivement élogieuse] qui gomme la dimension spirituelle, pourtant essentielle, du Pape ». Ce remplacement du Christ par le Pape est complètement déplacé.
 

Ce film est un piège parce que cette idolâtrie bobo n’est ni identifiée ni assumée
 

Ça fait râler mais tant pis, c’est la réalité : « Le Pape François » est un outil de propagande. Même si on nous dit que ce n’est pas une commande du Vatican, même si Wim Wenders nous jure ses grands dieux que le Pape François n’est pas rentré dans le jeu du personnalisme et du culte de sa propre personne, force est de constater que le Saint-Père est tombé dans un piège, et peut-être dans le piège qu’il s’est lui-même tendu. C’est quand même une auto mise en scène. De toute façon, à la base, ça a toujours été compliqué de faire un film où le protagoniste joue son propre rôle… Et alors, le rôle d’un homme saint, n’en parlons même pas !
 

Wim Wenders défend son docu en disant des évidences indéniables : que son film est indépendant et n’est pas une commande (coréalisation) de la Curie romaine, que faire un film en mettant quelqu’un à son avantage (donc une œuvre partisane, bienveillante, positive, amicale) n’est pas suspect ni un crime ni un manque d’objectivité ni une absence de distance critique ni un défaut de professionnalisme (la défense et la sympathie sont autant vraies – voire plus vraies – qu’une attaque ou une pseudo neutralité). Certes. Sauf que ce n’est pas là que se situe le problème. Wim Wenders a voulu être plus mature qu’un biographe folklorisant la vie d’un homme public surmédiatisé et construisant à partir de ce dernier une statue cinématographique à la plus grande gloire de son œuvre et de ses mots. Il a voulu fuir cet écueil-là, ne pas donner cette impression de groupie fan du Pape qui mettrait ce dernier sur un piédestal. Il a voulu dépeindre un pape humain, frère, fragile, parfois un peu sali. Il a souhaité s’attacher à la profondeur de son message et de ses idées plus qu’à l’enveloppe charnelle et physique du bonhomme, qu’à sa biographie, qu’à son C.V., qu’à son titre et son poste, qu’au qu’en dira-t-on : « Cela ne m’intéressait pas de raconter l’homme, Jorge Mario Bergoglio. Je déteste la culture people. Je voulais faire un film sur les convictions du pape François. » On a compris l’idée. Mais malgré tout, à son insu, il a sombré dans une idolâtrie pas assumée mais réelle, à la sauce bobo. Il a quand même fait un film de groupie. Qu’il le veuille ou non. Et je ne dis pas cela parce qu’il a montré un beau jour du Pape (bien au contraire : moi, j’aime les reportages qui parlent bien de mon papy !). Mais ce n’est pas le beau jour que je connais du vrai Pape. Là, Wenders a cédé à la flatterie narcissique et populiste. Il s’est pris (comme dans d’autres de ses productions) pour le monde, pour le Peuple, mais également pour Dieu : « Nous les avons tournées avec un ‘interrotron’, une sorte de prompteur, sauf qu’à l’écran, plutôt que ses réponses, le pape voyait mon visage. Donc, en parlant spontanément avec moi à travers cet outil, il était en fait en train de parler directement au public, les yeux dans les yeux. Pour moi, c’est là le cœur de ce film. » Il y a par conséquent un problème de focus.
 

Et les journalistes et critiques mainstream ne s’y sont pas trompés. Ils ont vu dans le documentaire de Wenders des rapports inversés… comme le titre Le Parisien le soulève : « Wim Wenders confesse le Pape François ». Et c’est bien logique. Dans « Le Pape François », c’est l’effet confessionnal, entretien intime (avec son psy), qui l’emporte. Il y a, malgré la camaraderie et même la paternité-filiation, une impudeur formelle et une violation d’intimité qui sont gênantes. Le Pape a beau être le frère de tous, il est aussi le père spirituel de tous et le successeur de saint Pierre. Ce n’est pas un titre de gloire : c’est une Croix. J’ai le regret de dire que le Pape François, tout en restant humain et faillible, n’est plus, par la Grâce de l’Esprit Saint et par le ministère qui lui a été confié, un « homme comme les autres ».
 

Autre méprise : la perversité d’un film bobo pareil, c’est qu’en citant les interviews papales, il donne à croire que c’est le discours du Pape qui nous est fidèlement livré. Or, non. C’est du « coupé au montage ». Le Pape n’a pas contrôlé l’agencement et l’insertion de ses propos dans l’ensemble du film, ni les passages qui allaient être conservés ou pas. Il a été pris en otage. En plus, il est sans doute rentré dans le piège d’accepter de s’exprimer lui-même en personne devant la caméra pour des paroles qui n’en valaient pas la peine. Donc l’impression que ça vient de lui et que ce serait son discours (voire son film) est encore plus confondante.
 

Dangers à l’horizon

En plus de se tromper lourdement sur les intentions/les idées du Pape et de les rétrécir au lavage (le Pape François n’a rien du « communiste cool et progressiste », qui dirait des pensées lisses, n’a rien non plus du grand philosophe ou de l’humble super-héros « ordinaire » qui révolutionnerait le monde des idées et qui changerait radicalement les lignes du Catéchisme, de l’Église et du monde), le film de Wim Wenders risque de générer non seulement des déçus (du côté des « progressistes »), mais surtout des hargneux et des diviseurs à l’intérieur de l’Église (du côté des « tradis » et de la Réacosphère : Salon Beige, Jeanne Smits, Riposte Catholique, Réinformation TV, et tous ces mauvais médias de désinformation « réinformante »). « Le Pape François » est le genre de films qui a tendance à crisper et à faire enrager des papolâtres d’une autre espèce (et pas des plus gentilles) : les tradis ennemis du Pape François (genre les cardinaux conservateurs à la cardinal Sarah), énervés par le portrait très « Théologie de la Libération » et « Che Guevara en blanc » anti-Clergé-carriériste, anti-cléricalisme, pro-pauvres et amis des personnes homosexuelles. Ces papolâtres traditionalistes rongent en ce moment le frein de leur insurrection, mais plus pour bien longtemps… Et ça, c’est très inquiétant. Le film de Wim Wenders vient mettre de l’huile sur le feu à ce niveau-là.
 

Ne nous y trompons pas. Ce film est fait par les ennemis bien-intentionnés du Pape, qui font au final partie de la même famille que les ennemis mal-intentionnés du Pape (même si dans un tout autre style). D’ailleurs, ils se font incroyablement écho à leur insu puisque ils portent le même nom : Viganò. En effet, quelle ne fut pas ma surprise de voir figurer dans le générique final du film de Wenders, en première place, le nom du cardinal remercié par Wim Wenders pour son film : Mgr (Dario Edoardo) Viganò, préfet du nouveau « Secrétariat de la communication » du Vatican et proche collaborateur du pape François… qui s’appelle exactement comme l’archevêque émérite Mgr (Carlo Maria) Viganò qui a lancé une récente accusation publique contre le Pape François ! On peut mettre cette correspondance sur le compte du hasard et de la coïncidence, comme le font la plupart des médias pseudo « catholiques » actuels (Famille Païenne, Aleteia, La Vie, KTO). Mais personnellement, je n’y crois pas du tout.
 

Contre toute attente, ce film enterre le Pape François avant l’heure. D’ailleurs, la musique du début résonne vraiment comme un requiem. Ça désigne accidentellement le documentaire de Wim Wenders comme un documentaire quasi testamentaire. D’où cette impression paradoxale de malaise qui envahit, je pense, toute personne catholique quand elle quitte la salle.
 

En résumé…

Finalement, le film de Wim Wenders a piégé le Pape François. Sans doute exactement comme ce dernier s’est laissé piéger précédemment, sur d’autres supports et plates-formes. On avait pu le constater par exemple dans beaucoup de petites vidéos Youtube auxquelles le souverain pontife a participé, où les messages sont hétérosexualistes et bien faiblards théologiquement parlant ; dans des prises de parole maladroites lors d’interviews d’avion ; ou dans diverses contributions hasardeuses (c.f. l’entretien avec Dominique Wolton – où on le fait justifier l’Union Civile…).
 

Il est toujours possible de positiver, de relativiser (ce qui « ne serait qu’un film »), de ne pas prendre les choses au tragique (pour « rester dans l’Espérance » et la « bienveillance vis à vis du Pape »), de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, et de se dire : ce film fait connaître le Pape, l’Église et des messages altruistes, humanistes, à des gens qui, sans ça, n’auraient jamais connu Jésus. On peut toujours se réjouir d’une vitrine positive, d’une image d’ouverture. Mais quand cette vitrine est un écran de fumée, il faut se rendre à l’évidence : il s’agit d’un piège de mauvais augure pour le Pape et l’Église. Voilà pourquoi, Monsieur Wim Werders, personnellement, je ne vous remercie pas, et n’applaudirai pas votre film-interview.

Retour de Lyon


 

C’est une souricière, cette ville de Lyon : pendant que les petits-bourgeois bobos lyonnais dorment tranquillement le dimanche matin à 6h du mat, le long des ponts de Villeurbanne, le marché noir s’installe massivement. J’étais halluciné – et peu rassuré j’avoue – de passer au milieu de cette foule de réfugiés, de trafiquants et de vendeurs à la sauvette (de quincaillerie, vêtements, chaussures, et d’autres trafics). Ils sont aux portes de la ville, et entourent les architectes-ingénieurs assoupis dans leur bien-être. L’intérêt de marcher, c’est de voir la misère menaçant l’équilibre fragile du boboïsme, de voir les prémisses de la guerre civile en France.
 

De mon séjour à Lyon (je venais y faire une formation pour des formateurs à l’affectivité en milieu scolaire et en pastorale, sur l’homosexualité), je reviens à la fois enchanté des rencontres faites, et complètement dégoûté (j’ai failli partir en cours de journée ; j’avais envie de hurler dans ma camisole de force « Vous venez miauler vos besoins criants et votre manque de formation sur le sujet auprès de moi à propos de vos jeunes, vous me dites que vous êtes dépassés, vous êtes complètement paumés au niveau des définitions sur la sexualité parce que vous n’avez pas travaillé ni daigné chercher l’information… et pourtant, vous ne m’invitez plus du tout, me voyez comme un exotisme, ne me lisez pas alors que ça fait 20 ans que j’écris, que je vous ai tout expliqué, que je vous ai fait plein de vidéos !! Franchement, les cathos, vous vous foutez de la gueule de qui?? »). Donc voilà : la situation est catastrophique, désormais irréversible, et pourtant pas dénuée de beauté. Pendant la journée d’hier, les organisateurs ont tellement rechigné (par homophobie et hétérosexualité) à rentrer dans le bain et affronter l’homosexualité, qu’on a perdu une matinée à blablater autour de sujets-bidon (sexualité, amitié, identité, centralité de la personne, réalité, complémentarité homme-femme, etc., toutes ces conneries), avant d’ENFIN rentrer dans le vif du sujet et parler d’homosexualité (et ses frères : hétérosexualité, homophobie, transidentité, amour). Que c’est pénible. Et pourtant, une fois qu’on pénètre ensemble dans la mer (l’amer), tout le monde ressort super contents de la baignade. Que les catholiques me gavent…
 

Enfin, dernière remarque que je me suis faite ce matin : vu la situation du monde, où ça pète de partout, on serait tenté de vouloir disparaître de cette terre, abréger notre séjour humain, nous suicider (j’entends même des personnes âgées pas mécontentes de quitter ce monde et de mourir avant que la situation ne s’envenime vraiment et ne devienne invivable pour tous). Néanmoins, je crois que cette envie de mourir pour échapper aux tribulations et au Châtiment (les nouvelles plaies d’Égypte) témoigne d’une mauvaise compréhension du Ciel et du Conflit Final qui va se jouer avant l’arrivée du Christ (Parousie). En effet, ce combat sera avant tout surnaturel, spirituel, et donc pour les âmes défuntes, ça va pas être les vacances ! La vie après la mort n’aura rien d’un repos ou d’un soulagement ou de la bonne planque. Les armées célestes, composées des anges et des âmes des humains décédés, vont se battre et se livrer une guerre sans merci, difficile. Alors, à choisir, je crois qu’il est préférable, étant donné le caractère avant tout spirituel et surnaturel du Conflit Final, de vivre ce dernier sur terre plutôt que dans le Ciel (même s’il n’y a pas de franche séparation entre les deux mondes… mais le corps humain laisse une temporalité, une liberté et une marge de manoeuvre plus grande aux Hommes que lorsqu’ils n’ont plus leur corps mortel). Alors soyons heureux de ne pas être encore morts et d’être sur terre. Parfois, il m’arrivait d’envier ma maman (morte en 2014) en lui disant : « Au moins, tu as échappé à ça et tu échapperas au pire… ». Mais c’était une erreur. Maintenant, je la plains et lui souhaite tout le courage dont elle aura besoin.