Archives de catégorie : Phil de l’Araignée

La TheVoicisation de la « Nouvelle Scène Musicale Chrétienne » (Ce n’est pas ça l’Église catholique)


Festival Jésus ma Joie au Liban

 

« Ça plaît aux jeunes » ? Pas sûr. Moi, j’ai été jeune il y a 20 ans, et je peux vous assurer que ça m’aurait bien vite gavé et fait fuir de l’Église, ces ker-messes « chrétiennes » ! Et pourtant, j’aime danser, j’aime la musique, j’aime louer. Ce n’est pas le problème. Je sais aussi apprécier les prouesses artistiques quand elles existent. Je me suis déjà retrouvé à des concerts techniquement bien plus clinquants et élaborés que ça (Stade de France et tout), même s’il n’y avait pas Dieu en argument. Et j’en suis pourtant ressorti la tête et le cœur vides. Alors qu’émotionnellement et techniquement, tout semblait parfait (l’éternel paradoxe vertigineux du boboïsme : le faire pour cacher l’être). Malgré tout, il manquait l’Essentiel : la Croix.
 
Connexions divines
 

Les concerts de la « Nouvelle Scène Chrétienne » me font le même effet que les concerts profanes et ésotériques des rocks-stars du star system consumériste actuel (ce n’est d’ailleurs pas un hasard que les deux univers fusionnent en ce moment : par exemple, sur KTO, les « concerts intimes » n’invitent que des artistes sortis de The Voice…). Concrètement, les chanteurs chrétiens se font plaisir plus qu’ils ne font plaisir, se remplissent les poches et l’égo au nom de Dieu, de « l’engagement », et sous prétexte que ce qu’ils jouent « plairaient aux jeunes ». Au fond, ils ne sont pas au service de la Vérité et du risque de l’impopularité qu’Elle induit forcément. Ils touchent déjà à leur récompense. J’ai l’intime conviction que seule la Vérité-Jésus (ou mieux dit « la Vérité-Jésus-Combat-Humilité ») plaît aux jeunes : pas un Jésus-Divertissement-Bien-être-bobo. Pas leurs sincères, gentils et hypocrites amuseurs « chrétiens ». Pas les cymbales retentissantes.
 
frat
 

Je suis plutôt content de ne pas être un jeune catholique aujourd’hui. Même si, quand j’étais jeune, j’avais sœur Marielle, bonne sœur en civil, qui m’amenait à Taizé… mais là au moins, c’était tellement pas sexy qu’il n’y avait pas de risques que je sois saoulé de fiesta « évangélique » et de techniques paillettes, pas de risques (comme maintenant) que je sois incapable d’identifier mon malaise et mon insatisfaction tant mon cœur balancerait entre émotions fortes et raison face à une quelconque débauche de moyens, pas de risques que je choisisse Jésus pour son image « fun ». Et puis surtout, qu’est-ce qu’on pouvait se marrer de cet amateurisme ! Par le passé (encore récent), il y avait moins de moyens pour DIVERTIR et pervertir notre foi. Rester à l’aumônerie et dans l’Église relevait de l’exploit. Mais quand on y restait, c’était pour de bon. Aujourd’hui, bien ancrée doit être la foi du jeune catholique pour ne pas succomber aux sirènes de la technique (relayées par les « like », les images, les selfies d’Instagram, les « vues » de Youtube, les compteurs d’Internet, les pulsations des beats, les jeunes prêtres médiatiques complaisants…). L’amateurisme de jadis a été remplacé par le divertissement de masse et la prière-consommation sur un air de piano dégoulinant insupportable (le « piano de l’Emmanuel » ou « de Glorious »). On te chante droit dans les yeux « Je crois en toi comme Jésus croit en toi. #Engagetoi. », et pourtant ça sonne faux alors que tout semble sonner juste. Vraiment, bon courage !
 

À tous les jeunes cathos qui me lisent, et qui n’ont ni basculé du côté obscur de la Force de la « coolitude bobo catho » (cf. mes chapitres 38 et 39 de mon livre Les Bobos en Vérité), ni encore rejoint par contre-réaction excédée (que je peux comprendre !) l’ascèse radicale des rangs du catholicisme tradi (tout aussi bobo, souvent), à tous les jeunes qui comprennent ce que j’écris et savent qu’il n’y a pas un gramme de jalousie de ma part (malgré les apparences, car moi aussi j’ai prétendu au titre de chanteur, mais catho) et qui ne s’y retrouvent pas dans ce « rap-reggae-louange-pop chrétiens » frelaté – et Dieu sait s’il y en a beaucoup parmi vous ! – je vous dis : ne vous inquiétez pas. L’Église n’est pas (que) ça. La vraie Église, Elle est avec Jésus crucifié dans ton cœur, au cœur d’une chapelle ou de ta chambre, Elle est dans la Bible et l’Eucharistie et les sacrements, Elle est dans les prêtres, Elle est dans le combat pour la Vérité, Elle est dans ton martyr prochain. Donc sois sans crainte. Reste-y. Ne t’énerve pas trop de ta prise en otage par les « chanteurs chrétiens » et, si tu peux, rigoles-en avec des amis qui comprennent ton juste malaise, ta juste prise de distance, ou (mieux !) rigoles-en avec Jésus ! De toute façon, le « supplice » musical ne devrait pas trop durer. Les persécutions anti-chrétiennes vont balayer tout ça et t’aider assez vite à incarner/éprouver ta Foi. Bientôt viennent les occasions de combat de sainteté où tu vas largement plus « t’éclater ». Et ces tribulations sont imminentes, vu la prolifération actuelle de faux prophètes musicaux, techniquement irréprochables, mais spirituellement et théologiquement si loin.
 

premiière partie

Film « Midnight Special » de Jeff Nichols : le faux « spécial »

Midnight puce
 

Je viens de voir le film « Midnight Special » de Jeff Nichols au cinéma. La salle était quasi pleine… alors que c’est rare que ce soit le cas au MK2 Bibliothèque.
 
Midnight blanc
 

Bon, le programme du Gouvernement Mondial est de plus en plus net, car les échos entre les récents films d’anticipation ou de science-fiction (« Star Wars », « La 5e Vague », « Vice & Versa », « Hunger Games », etc.) sont nombreux et convergent vers la même idéologie transhumaniste bobo :
 
 

1 – Ils essaient de nous faire croire en l’existence d’une religion naturelle qui, grâce aux progrès technologiques et aux énergies bio, connecterait l’Humain avec un supra-monde (un monde parallèle nommé « l’au-delà ») peuplé d’êtres lumineux (des extra-terrestres, en clair… mais qui ne sont pas nommés comme tels, car le terme « extra-terrestre » sonne ridicule et absurde) qui seraient à son image (« Ils sont comme moi. » assure le jeune héros Alton dans le film « Midnight ») qui nous surveilleraient de là-haut et ne voudraient faire qu’Un avec nous. On se retrouve bien face à la promotion d’un ésotérisme transhumaniste, face à la croyance au noachisme (un retour à l’Alliance première avec Dieu, mais sans en passer par Jésus ni par sa Croix d’Amour).
 

2 – Jésus est remplacé par un enfant (garçon ou fille) qui serait le nouveau Messie aux supers pouvoirs d’oracle et de devin. Dans le film « Midnight Special », Alton joue ce rôle : « Je n’ai cru qu’en une seule chose : c’est Alton. » déclare par exemple Roy, en parlant de son jeune fils, l’Élu des extra-terrestres sur terre.
 

3 – Le pouvoir des Hommes nouveaux se situerait dans leur tête (rationnalisme), dans leur main ou leur doigt (activisme, émotionnalisme, empire digital numérisé), et plus globalement dans leur énergie intérieure (volonté propre ou supra-sensitive) connectée au « Cosmos ». Il est étonnant de voir dans le film « Midnight Special ») l’insistance qui est faite sur le champ magnétique, sur les vibrations gravitationnelles. Jusque dans la musique bourdonnante, lancinante et agressive, les réalisateurs font croire à la captation des ondes, au caractère paranormal et transcendantal de la vibration énergétique.
 

4 – Le plus étonnant dans des films comme « Midnight Special », c’est que la célébration fusionnelle entre la Nature (humaine et écolo) et la Science est vidée d’amour. Elle nous est vendue avec des étoiles dans les yeux, lesquels sont tournés vers une transcendance. Ça oui. Mais le propre du boboïsme, c’est de ne pas nommer l’Amour (cf. les codes 49 à 54 de mon livre Les Bobos en Vérité) et de Le déchristianiser/L’asexualiser. Dans le film de Nichols, la différence des sexes, le mariage et la famille sont gommés : Sarah Adams et Roy Tomlin, les parents du petit Alton, ne se manifestent aucun signe de tendresse. Zéro Amour. Zéro sentiments. Idem entre père et fils : pas un « Je t’aime » ne parvient à sortir, pas même au moment de l’adieu. Par ailleurs, Alton, le jeune Messie, se contente de poser froidement des questions sur le ressenti des autres, de leur donner des ordres laconiques, sur un ton totalement dépassionné. Mais jamais cet enfant témoigne de la moindre empathie, chaleur, vulnérabilité, larmes, tendresse de môme : par exemple, son père et son collègue tirent sur un flic en le laissant pour mort, et cela laisse l’enfant de marbre. Le jeune héros est totalement déshumanisé. Et le pire, c’est que les réalisateurs du film nous vendent ce personnage comme l’Amour et la Divinité en personne, l’Innocence incarnée. On rêve ! Cet éloignement du Réel, de Dieu, de l’Amour et de l’Humain se traduit comme par hasard dans « Midnight Special » par un déchaînement de violence. Il est étonnant de constater la brutalité effroyable de certaines scènes du film. Cette violence aussi nous est défendue comme quelque chose de génial, qui dépasse l’entendement, comme un absolu.
 
MIDNIGHT SPECIAL
 

Qui, en sortant de la salle de projection, aura trouvé ce film violent, inquiétant, immoral, et ce sera aperçu qu’il s’agit d’un instrument de propagande transhumaniste ? À mon avis, pas grand monde. La plupart des spectateurs de ce navet se drapent derrière l’irrationnalité, la poésie muette, la transcendance, l’absence d’émotions et d’empathie, de « Midnight Special », ou le genre « science-fiction » (à la Spielberg), pour le vider d’interprétations ou d’intentions. « Midnight Special, c’est ‘spécial’, et puis c’est tout ! »

Publicación en España y América Latina de mi libro La homosexualidad en Verdad

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Se está publicando ahora mismo mi libro LA HOMOSEXUALIDAD EN VERDAD en España y América Latina, en la editorial católica Desclée de Brouwer. Un libro corto, claro y esencial, sobre todo en el contexto mundial actual, y con la ola de escándalos que van a surgir (creo yo) próximamente en la Iglesia católica y en el Vaticano acerca de la homosexualidad.
 

De momento, « sólo » se ataca al clero católico con los temas del aborto y de la pedofilia, temas que poco separan a los católicos y a los sacerdotes entre ellos (menos mal) ; pero más dañoso será el tema de la homosexualidad, que escinde mucho más DENTRO de la Iglesia, y hasta la Iglesia « de arriba », porque la mayoría de los católicos no sabe porqué y cómo oponerse a la Unión Civil y al « amor » homosexual. Entonces, ¡ a leer, para armarse y documentarse ! Y si queréis invitarme a vuestro país o ciudad para una conferencia, esta vez llego con un libro fornido, y apoyado por el obispo de Barcelona Monseñor Omella-Omella (con prefacio suyo). Y además, hablo bastante bien vuestro idioma ;-). Mi email : lahomosexualidadenverdad@gmail.com.
 

Video : « Católico y homosexual : ¿ compatible ? »

 
 
 
 
 

Actuellement est publié mon livre La homosexualidad en Verdad en Espagne et en Amérique Latine, chez la maison d’édition catholique Desclée de Brouwer. Un livre court, clair et essentiel, surtout dans le contexte mondial actuel, et avec la vague de scandales qui vont émerger (je crois) prochainement dans l’Église catholique et au Vatican au sujet de l’homosexualité.
 

Pour le moment, le clergé catholique est « juste » attaqué avec les thèmes de l’avortement et de la pédophilie, des thèmes qui divisent peu les catholiques et les prêtres entre eux (heureusement) ; mais plus douloureux sera le thème de l’homosexualité, qui divise beaucoup plus À L’INTÉRIEUR de l’Église, et jusque dans l’Église « d’en haut », parce que la majorité des catholiques ne sait pas pourquoi ni comment s’opposer à l’Union Civile et à l’« amour » homosexuel. Donc il est temps de s’armer et de se documenter ! Et si vous voulez m’inviter dans votre pays ou votre ville pour une conférence, cette fois j’arrive avec un livre solide, et l’appui de l’évêque de Barcelone Mgr Omella-Omella (avec la préface signée de lui). Et en plus, je parle assez bien votre langue ;-).

Le véritable drame que dévoile à son insu le film « Spotlight », ce n’est pas le déni ecclésial des viols pédophiles : c’est que l’Église catholique n’a quasiment plus d’appareil critique ni de garde-fous sacerdotaux, intellectuels et journalistiques

Spotlight affiche
 

Je viens de voir le film « Spotlight » de Tom McCarthy, primé il y a dix jours aux Oscars en tant que « Meilleur Film ». Le thème : la dénonciation par des journalistes d’un quotidien nord-américain le Boston Globe des scandales de pédophilie cachés par la hiérarchie de l’Église catholique, dans les années 2000, aux États-Unis.
 

Les Experts à Boston

Les Experts à Boston


 

Bon, je confirme ce que j’avais pressenti : en plus d’être une merde bobo, c’est bien un film anticlérical et cathophobe, contrairement à ce que prétendent certains catholiques et prêtres démagos. Et je vais essayer de vous le prouver.
 
Spotlight prêtre témoignant
 

Car le scandale de ce film n’est pas qu’il obtienne la consécration oscarienne alors qu’il est nul et ennuyeux, ni même dans le fait qu’il traite du déni institutionnel des viols pédophiles opérés par des prêtres. Ça n’est pas un scoop (= que des films merdiques soient auréolés, ni qu’il existe dans l’Église catholique des horreurs étouffées par l’Institution ecclésiale). Mais la nouvelle moins réjouissante, et dont personne ne parle (parce que personne ne s’en rend compte), c’est la grande démission critique des prêtres et des journalistes catholiques, dans leur quasi majorité. C’est la corruption ecclésiale inconsciente au boboïsme. Aujourd’hui et dans les années à venir, qui va avoir la force de défendre l’Église ? Surtout quand Elle est objectivement, excessivement et injustement attaquée, comme c’est le cas dans « Spotlight » ? Pas grand monde, en fait. Où sont nos penseurs et nos critiques catholiques ? Pour la sortie d’un film anticlérical comme « Spotlight », nulle part ! Anesthésie générale.
 
 

a) Boboland :

Spotlight bobo
 

Quand je vous parle d’invasion de boboïsme y compris dans la maison catholique, je n’exagère pas. Mais comme maintenant, presque tout le monde a les pieds dans cette merde tiède verte et que celle-ci leur tient chaud, il est plus facile de la relativiser. Alors rapidement, je vais faire maintenant l’inventaire des nombreux échos que j’ai trouvés dans le film « Spotlight » avec mes 60 codes bobos de mon livre Les Bobos en Vérité, sachant que je suis certainement passé à côté de répliques importantes car la prise de notes pendant la projection du film était trop rapide :
 
Spotlight Désobéissance
 

CODE N°1 – PETITS-FILS DE 68 : Le boboïsme se caractérise par le culte de l’autonomie et de la désobéissance, l’affirmation de soi par l’anticonformisme et l’opposition à toute règle dite « institutionnelle ». On retrouve tout à fait cette rebellitude décontract’ dans le film « Spotlight ». Aucun des héros n’assume de tenir son poste à responsabilité… même les chefs ! Par exemple, Robby, le rédac-chef du Boston Globe joue le pote et le partenaire de ses employés : « Je suis plutôt coach que rédacteur en chef. » ; « Techniquement, je suis rédacteur en chef. ‘Techniquement’… » Quant au Grand Manitou, Marty Baron, c’est vraiment l’incarnation du chef qui ne veut pas avoir l’air d’être chef. Face aux juges, il joue les hors-la-loi : « J’ignore les lois ici. » ; « Je veux contester… » Tous les personnages du film croient que la Vérité s’achète à l’audace anticonformiste, au bagout : « Culoté pour un premier jour » (Robby). Et dès qu’ils se voient recadrés par une interdiction (« Il faut que tu arrêtes. » conseille par exemple Jim à son ami Robby), ils l’entendent comme une injonction à dépasser les limites. Selon eux, la véritable liberté est l’absence de limites, l’opposition, la désobéissance, l’entêtement individualiste, la transgression des règles. « Vous ferez ce que vous voudrez. Comme toujours. » (Phil s’adressant à Sacha Pfeiffer) Ils affichent leur haine des institutions, et en particulier celles de la justice : « Ça dépend du juge… » (Robby) Les avocats et les juges seraient tous véreux et corrompus par la moralité et la mafia ecclésiales. Le credo soixante-huitard du boboïsme repose intégralement sur la désobéissance. Et dans le film « Spotlight », tous les héros bobos désobéissent à un moment donné (et toujours soi-disant « pour le bien et la justice »). Le membre de l’équippe bobo le plus « révolutionnaire » (c’est d’ailleurs lui qui trouve dans les archives les preuves les plus accablantes contre le clergé), c’est le personnage de Mike. Il brise tous les codes de bienséance (il désobéit à la secrétaire de Garabedian et force la porte de son bureau), les codes professionnels (il vient en short au bureau ou interrompt ses collègues), les codes alimentaires (il mange de la mal-bouffe), il répond à son patron Robby et lui gueule dessus, etc. Le film montre l’obéissance uniquement comme une soumission et une collaboration avec l’ennemi. Les cas d’obéissance positive sont totalement évincés. Histoire de faire comprendre que l’obéissance est toujours suspecte, infructueuse et dangereuse. Et on arrive au paradoxe suivant que les promoteurs de la transgression font la morale aux ecclésiastiques par rapport à leur transgression de la différence des générations (= pédophilie). Cherchez l’erreur. Ceux qui désobéissent font la morale de l’obéissance à ceux qui ont désobéi : en effet, les pédophiles sont également anti-institutions (même si parfois ils s’en servent comme camouflage)… exactement comme les bobos. Marty Baron met un point d’honneur à « être indépendant » et à casser toutes les conventions. Les désobéissants se font miroir en croyant s’opposer.

CODE N°2 – « JE SUIS ORIGINAL ! » : Le bobo se rêve sans cesse marginal et absolument unique… sans les autres. On retrouve cette idolâtrie pour l’originalité dans le film « Spotlight » : « T’es hors limites. » (Jim s’adressant à Robby) L’inversion est absolutisée et vue comme la révolution qu’elle n’est pas : « Si on procédait à l’envers ? » (Robby)

CODE N°3 – HAINE DE LA MATIÈRE, DE L’ARGENT ET DES RICHESSES : Le bobo se la joue pauvre de gauche, alors qu’en réalité il est pété de tune et très matérialiste. On en trouve un bel exemple avec le personnage de Marty, le snob gauchiste, qui au gala de charité catholique, feint la sobriété et le dégoût des mondanités : « Pour être honnête, les soirées ne sont pas mon fort. » Bobby et lui refusent même les petits fours. Eux ne mangent pas de ce pain-là, enfin !

CODE N°4 – LE CONSOMMATEUR MASQUÉ : Derrière sa comédie du refus du matériel, le bobo a du mal finalement à se détacher de son petit confort, de ses ordinateurs et de ses affaires. C’est marquant dans le film « Spotlight ». Par exemple, Robby et Jim jouent au golf et viennent de milieux bourgeois. Les héros gravitent dans les médias, dans des bureaux et des open space où le téléphone sonne sans arrêt (comme dans les mauvaises séries nord-américaines, avec l’ambiance survoltée des commissariats de police télévisuels, des hôpitaux, pour singer la suractivité). Ils vivent au milieu des papiers, des ordis, des fichiers informatiques, au crochet de la télé et des nouvelles du JT, même s’ils prétendent faire partie des médias « alternatifs »

CODE N°5 – LA SOLIDARITÉ D’APPARAT : Le bobo se moque du charity business des bourgeois… mais lui ne fait pas mieux ! Il donne son émotion aux pauvres pour ne pas se donner lui-même. C’est exactement le cas des personnages de « Spotlight ». Ils ricanent des galas de charité catholiques (qui d’ailleurs n’existent pas dans la réalité tels qu’ils sont dépeints dans le film, mais bon…), mais eux ne font guère mieux. Leur élan vers les victimes de viol pédophile est très immature, intéressé, purement émotionnel (dans le registre hystérico-fusionnel), mercantile et voyeuriste : il répond aux exigences du business de la victimisation et du buzz éditorial. Les héros-journalistes s’accaparent LEURS victimes, en n’ayant rien à faire de leur personne (leur témoignage et la quantité d’abord !) : « On va chercher d’autres victimes. » (Mike) ; « Restons concentrés sur les victimes. » (Robby) ; « On ne tiendra compte de personne dans cette histoire. » (Robby) Cette focalisation victimiaire vire à l’hystérie identificatoire, à la transposition narcissique et égocentrique : par exemple, Mike désobéit théâtralement à son chef Robby en lui gueulant dessus, dans une crise de rébellion (voulue émouvante et poignante par les réalisateurs du film), alors qu’elle n’est qu’un transfert excessif sur les victimes : « Ça aurait pu être toi, moi, nous !!! » Est-ce que tu te rends compte, Jack ?!? On se croirait dans un mauvais soap opera. Par ailleurs, tout dans le boboïsme est centré sur l’agir (au détriment de l’être), ainsi que sur le savoir-faire, la technique, le rationalisme, la simulation d’action (solidaire), l’esprit d’équipe des executive men et des working girls. Les Experts à Manhattan qui mènent l’enquête. Comme dans les publicités pourries de ManPower, de déodorants ou de dentifrice simulant l’expertise professionnelle. On retrouve ce naturalisme professionnaliste dans le film « Spotlight » : les héros se la jouent entreprenants, hommes et femmes de terrain agissant et réfléchissant dur, sur la base d’un travail exigeant et irréfutable, esthétisant le travail d’équipe « plus fort que tout » : ils font semblant de travailler pour prouver le sérieux de leurs études et le réalisme de leurs articles affectifs. C’est de la vitrine, du simulacre de travail… mais le pire, c’est que la plupart des Nord-Américains y croient à fond, à cet esprit d’entreprise Hollywood Chewing-Gum.

De l'ACTION (comme dans Derrick...)

De l’ACTION (comme dans Derrick…)

CODE N°6 – PLUS BOURGEOIS QUE BOURGEOIS : L’ÉLITE DU BON « MAUVAIS GOÛT » : Même quand il joue au bourgeois ou au beauf, le bobo se persuade qu’il fait exception parce qu’il en aurait conscience. On voit dans « Spotlight » cette présomption d’exceptionnalité chez bon nombre des héros. Surtout avec Marty Baron (avec un nom de famille qui parle de lui-même !), qui joue à ne pas être patron : « Dis-moi où se trouve le bureau du patron. » Quant à Mike et Ben, ils se la jouent gars relax, capables de s’organiser une soirée pizza-bière tout en gardant la classe !

CODE N°7 – JARGON VULGOS-PÉDANT : Le bobo adopte en général un langage tantôt châtié, tantôt charretier, pour prouver qu’il n’est ni un beauf ni un aristo. On constate dans « Spotlight » que les personnages bobos jurent tout le temps, sortent des gros mots, et cette vulgarité confine à l’hystérie : « Je sais pas pourquoi j’ai explosé. » (Mike, l’impulsif) Le bobo simule souvent le débordement irrépressible d’émotions afin de s’excuser de ne pas les contrôler, ou bien pour « faire cool et excédé ».

CODE N°8 – PARLER ANGLAIS : Avec « Spotlight », au pays des « Ricains », travaillant en plus dans les médias, sur des postes qui louvoient entre information et publicité, on ne pouvait être mieux servi de boboïtude !

CODE N°9 – OPTIMISTE ET ESPOIR : Le boboïsme repose sur l’optimisme. Et on en trouve un bel échantillon dans « Spotlight » avec la taquinerie que le journaliste Joe, un collègue barbu de Mike, lance à ce dernier sur les bancs du tribunal : « Il n’a pas l’air optimiste. »

CODE N°12 – GLOBE-TROTTER : Rien que le titre du journal Boston Globe évoque cette mondialisation métonymique dont fait l’objet la ville de Boston, qui serait à l’image de toute l’Église catholique : il y aurait eu 249 prêtres impliqués dans des abus auprès de mineurs à Boston… donc 6% des prêtres dans le monde seraient pédophiles. C’est global ! Par ailleurs, le personnage de Mike, ainsi que Matt et Sacha, ont vraiment la bougeotte et représentent cet électron « libre » qu’est le bobo.

CODE N°13 – CANAPÉ : On retrouve quelques vieux fauteuils vintage et canapés dans le film « Spotlight ». Et plus globalement, le dilettantisme qu’il représente. Le bobo est l’ambassadeur de la cool attitude et le partisan du moindre effort : « On n’aime pas se précipiter. » (Robby) « Va voir ailleurs, j’ai du boulot. » (un collègue refoulant Mike qui vient le troubler dans son travail à l’agence de presse) ; « Tu cours au travail, toi ? » (Robby raillant son collègue essoufflé Mike, qui vient au boulot comme il fait du jogging) Aux yeux du bobo, le patron, c’est le facho et le sadomaso : « Il épuise tout le monde. » (Ben parlant de son boss travaillant tard dans les bureaux de son entreprise) Le personnage de Garabedian est une dilettante qui cache sa paresse par l’activisme laboral.

CODE N°18 – « VIVE LE VIEUX ! » : Le bobo rejette les vieux mais célèbre le style « vieux », le rétro. Et dans le film « Spotlight », la journaliste Sacha vit en effet dans un appart bohème… mais laisse tomber sa grand-mère et ne se rend plus à la messe avec elle.

CODE N°20 – CLOPE : Comme le bobo se veut cool et décomplexé, il consomme de l’« interdit » (pour cacher ses angoisses dans le paraître). On retrouve des fumeurs et des buveurs chez certains des personnages de « Spotlight ».

CODE N°21 – VILLE : Le bobo vit en général en ville, ou bien comme un citadin quand il est à la campagne. Tout le film « Spotlight » montre ce paradoxe mal résolu du « citadin qui ne s’assume pas comme tel ».
Spotlight Ville

CODE N°24 – « JE NE CROIS PAS EN DIEU MAIS JE FAIS COMME SI » : Le bobo se croit catholique pratiquant même quand il ne va plus à la messe… parce que pour lui, la foi est une question d’adhésion personnelle à Dieu, mais certainement pas une question d’Institution humaine. On en trouve plein, des cathos schizos et individualistes, dans « Spotlight » : « Je ne vais plus à l’église, sauf avec ma grand-mère. » (Sacha) ; « On ne pratique plus. On est catholiques d’éducation. » (Mike et ses collègues) ; « Je ne vais plus à la messe… mais je me sens catholique. » (Richard) ; etc.

CODE N°25 – NOSTALGIE DE LA MESSE DU DIMANCHE ET DE LA VIE COMMUNAUTAIRE : L’église/Église est désertée par le bobo, qui en garde tout de même la nostalgie (« En fait, j’adorais aller à l’église quand j’étais petit. » avoue Mike dans « Spotlight »). Elle est remplacée par l’aide humanitaire et psychologique : à la fin du film, c’est le bureau qui fait office d’église. Et les cloches sont remplacées par les sonneries incessantes des téléphones annonçant de nouveaux témoignages poignants de victimes de viol.

CODE N°27 – NEW AGE ET PSYCHOLOGIE : Au lieu d’aimer, le bobo ressent et raisonne, psychologise. C’est exactement la perversion compassionnelle qu’on observe chez les héros de « Spotlight » : avec une fausse distance et une fausse objectivité journalistique (je dis « fausse » car elle est orientée idéologiquement), ils grappillent la moindre anecdote scabreuse, épient et écrivent soi-disant « tout », écoutent comme de bonnes mères attentionnées : « Ça ne vous dérange pas si je prends quelques notes ? » (Sacha s’adressant à Joe, un homme homosexuel obèse, très anxieux et efféminé, qui a été violé par un prêtre à l’adolescence) Leurs sophismes langagiers confinent à l’infantilisation : « ‘Abuser’ ne suffit pas. » (Sacha voulant lutter contre l’autocensure des victimes qui n’oseraient pas appeler un chat « un chat » ni employer le verbe « violer ») Psychologie Magazine, j’écoute. Les personnages de « Spotlight » ne sont pas que journalistes : ils enfilent leur masque d’enquêteurs-psys, de reporters-psys. Standard téléphonique « S.O.S. Viol » j’écoute. En réalité, ils exploitent. À l’instar de Jacques Pradel. Pour dorloter leur propre misère libertine.

CODE N°28 – NI REMORDS NI PÉCHÉ : Le bobo, en général, ne sait dire ni « pardon », ni « s’il te plaît », ni « merci » (les trois mots de l’Homme priant). Il désire juste « ne rien regretter » et fuit la culpabilité (= donc la responsabilité de ses actes et l’humilité) comme la peste. C’est ce qui arrive avec les personnages de « Spotlight » : « Ne me remerciez pas ! » (Patrick) Le pardon n’a pas du tout sa place dans le film. Il faut punir, un point c’est tout ! Même quand Mike s’emporte excessivement contre son patron Robby, il ne lui formule aucune demande de pardon et n’affiche aucun remord. « Spotlight », ton univers impitoyable. Et après, ses réalisateurs osent nous parler d’acte de justice et de réparation grâce à leur film ??

CODE N°30 – CROISADE ICONOCLASTE CONTRE LES « CLICHÉS » : Comme dans tout régime totalitaire qui évacue le corps et la pensée qu’il méprise sous l’appellation d’« images », de « clichés » et de « préjugés », le boboïsme se lance dans la lutte iconoclaste. Et le film « Spotlight » joue sur cette corde du dévoilement des clichés pour mieux les détruire. Il dévoile certains stéréotypes « interdits » pour mieux en censurer/caricaturer/renforcer d’autres. L’iconoclastie se veut d’ailleurs un gage d’objectivité et de répartition des fautes. Par exemple, le rédac-chef Robby incarne la caution anti-manichéiste du film, parce que lui aussi a pris sa part de responsabilité dans le déni de la pédophilie ecclésiale (il a refusé de couvrir médiatiquement une affaire de pédophilie à ses débuts dans le journalisme). « Tous responsables ! » nous dit le film… pour occulter l’inégalité de l’attribution des fautes. Car Robby reste une exception de collabo dans son propre camp, contrairement aux prêtres qui sont tous mis dans le même panier.

CODE N°31 – SUPER-ZÉRO : Dans « Spotlight », le personnage de Mike a tout du « Super-héros raté » héroïsé. Au départ, il ne paye pas de mine : mains dans les poches, l’air de rien, cool et un peu paresseux. Mais au final, c’est lui qui est présenté comme le vrai héros. Il arrive toujours à ses fins, même quand il se mage des portes closes et des fermetures administratives. Il contourne les règles et soudoie le gardien des archives pour faire des photocopies de documents confidentiels supposément autorisés au public. Il feinte en transgressant la loi du secret, et en remplaçant celle-ci par la loi (non moins enviable) du Talion (= œil pour œil, dent pour dent).

"Spotlight" lave plus blanc que blanc

« Spotlight » lave plus blanc que blanc

CODE N°32 – LA FOLIE POUR LE BLANC : Le bobo aime bien simuler la pureté virginale en mettant tout en blanc (quitte, après, à le salir). On observe dans « Spotlight » cette monochromie aseptisée rien que dans le design seventies de l’affiche.
Spotlight barbu Baron

CODE N°33 – BARBU : Pour cultiver son style un peu wild et christique, le bobo a tendance à négliger son rasage. On retrouve dans « Spotlight » des beaux archétypes de barbus : Joe le collègue hipster de Mike, Matt le moustachu eighties, Marty Baron le cliché bobo vivant (barbu + lunettes), sans oublier dans la vraie vie Joe Crowley.

CODE N°34 – SILENCE ET PUDEUR SACRÉS : Le bobo, pour s’acheter esthétiquement une humilité et une sobriété de façade, aime bien faire l’éloge du silence ou de la pudeur, même si ces derniers sont en réalité l’expression de sa censure, de sa lâcheté, de sa timidité et de ses complexes. Dans le film « Spotlight », la promotion du silence vise effectivement le voyeurisme, la stratégie, ou l’alibi sensibleriste pour ensuite accuser et briser d’autant plus violemment le silence tant soi-disant « préalablement contenu » : « Il va falloir être encore plus discret que d’habitude. » (Robby) ; « Je devrais me taire. » (Mike) L’argument de la pudeur est également la béquille rhétorique poétisante dont raffolent en général les critiques de cinéma bobos qui n’ont à dire d’un film qu’ils veulent à tous prix célébrer quand même. Cela m’étonnera quasiment personne que le journal La Croix, top bobo chrétien, saute à pieds joints dedans : « Un film fait de finesse et de pudeur. »

CODE N°35 – LA VOIX-OFF INSUPPORTABLE : Comme dans les films à prétention réaliste et antifasciste moralisante (tels que « Imitation Game » par exemple), le film « Spotlight » est encadré, dans le générique du début et celui de fin, par une voix-off ou quelques lignes de commentaires (en général voulues « factuelles » et « choquantes »), rappelant le but et le procès d’intentions de l’œuvre : prouver que l’Église-Institution continue encore et toujours à protéger les pédophiles parmi ses prêtres et à les laisser sans impunité.

CODE N°36 – BOUGIES : Le boboïsme est fana des lumières déchristianisées et esthétisées (c’est normal : il célèbre Lucifer, l’ange de lumière). On retrouve les bougies Nature et Découvertes dans les restaurants du film « Spotlight ». Et bien sûr, le titre même du film renvoie à la lumière (« spotlight » signifie « projecteur » en anglais), une lumière pour le coup sélective, discriminante, jugeante, éphémère, puissante mais éphémère, mercantile et hollywoodienne. On est loin de la lumière d’amour qu’est Jésus.

CODE N°38 – LE BLOGUEUR CATHO (… ET SA BIÈRE !) : Le bobo, en particulier chrétien, a coutume de s’acheter une coolitude rebelle en utilisant la bière. Ça ne loupe pas avec les héros chrétiens (et plus du tout cathos) de « Spotlight » ! « Tu veux une bière ? » propose Mike à Ben ; Sacha et Phil Saviano sirotent également leur « binouze » dans un bar. Huhuhu. C’est humaniste.

CODE N°40 – DANDY QUEER & CAMP : Dans « Spotlight », le dandy négligé, la synthèse du boboïsme, c’est bien le Baron : Marty Baron ! Flegmatique et discrètement insolent

CODE N°42 – PAS D’HUMOUR : Ce qui caractérise le boboïsme, c’est qu’il se prend tellement au sérieux (même quand il prétend être drôle) qu’il perd tout son humour. Et en l’occurrence dans le film « Spotlight », on ne se pisse pas dessus. Il y a même des prêtres qui ont réussi à trouver cet électroencéphalogramme émotionnel plat « émouvant à en pleurer »… « Tu peux être chiant aussi. » (Robby s’adressant à Mike) = seule blague du film. Donc je vous préviens : faut surtout pas la louper ni dormir à ce moment-là !

CODE N°45 – PROMENADE CHORÉGRAPHIQUE : Le boboïsme a tendance à esthétiser l’errance, et en général l’errance urbaine, pour prouver de manière belle, ralentie et nostalgique, la vacuité des comportements humains. Dans le film « Spotlight », les héros bobos sont montrés justement en train d’arpenter la ville de Boston, à la découverte de « l’horreur cachée ».

CODE N°46 – SIFFLOTEMENTS, XYLOPHONES, BANJO ET PIANO : Le bobo accompagne presque systématiquement ses actions mensongères de la même bande-son. Quand c’est un « drame psychologique » qu’il souhaite illustrer, il nous ressort toujours le piano (sur tapis de violons) à la Twin Peaks ou X-Files (les séries nord-américaines pourries des années 1990). Malheureusement, entre-temps, sont arrivées les chanteuses dépressives bobos Adèle, Amy Winehouse et Lana del Rey. Et croyez-moi qu’on nous les ressert à tous les plateaux-repas cinéma, matin midi et soir ! Le film psychololo « Spotlight » n’échappe pas à la règle.

CODE N°47 – LE MONDE ENFANTIN DÉSENCHANTÉ : Le boboïsme s’affaire à dresser le portrait-hommage d’une jeunesse en général détruite par l’ignominie des adultes. C’est exactement le cas dans « Spotlight », où sont juxtaposées la féérie des chants de Noël avec la réalité du viol pédophile, le discours béat du prêtre au micro avec l’abus sexuel. Les quelques enfants montrés dans le film ne parlent jamais, sont des icônes muettes (à part quand ils sont joués par des adultes). On les observe dans la rue. Ils sont enfermés dans des cabinets d’écoute de psys.

CODE N°49 – « L’AMOUR N’EXISTE PAS. LES AMOURS ÉPHÉMÈRES, OUI. » : Bizarre pour un film qui se propose de parler de sexualité… Dans « Spotlight », il n’y a aucune histoire d’amour représentée. Juste, Sacha vit avec son compagnon. Mais sinon, la conjugalité et la différence des sexes ne sont absolument pas célébrées. Or le boboïsme repose précisément sur le rejet de la différence des sexes et de la différence Créateur-créatures (= l’Église).

CODE N°50 – « JE SUIS VIVANT » OU « J’AI AIMÉ » : Voilà le genre d’expressions hédonistes creuses que le bobo sort avec magnanimité pour se justifier de gâcher sa vie en amour. Dans « Spotlight », on en retrouve une belle dans la bouche de Sacha Pfeiffer, quand l’un de ses témoins violés lui demande pourquoi elle tient tant à dévoiler à la face de la terre les scandales pédophiles dans l’Église. Et là, Sacha-Scully nous déclame une réplique (déjà culte !) censée nous émouvoir par sa profondeur et nous convaincre par sa concision laconique : « Je suis là parce que ça m’importe. » Ça mérite la standing ovation, une phrase pareille…

CODE N°54 – « JE NE DRAGUE PAS. ET C’EST PAS SEXUEL. » Le boboïsme a coutume de réduire la génitalité à une asexualité, par hypocrisie (lui dira « par pudeur ») et sentimentalisme. C’est exactement ce qui se passe dans le film « Spotlight ». Et les bobos trouvent ça « très fort », ce côté « violence sexuelle encore plus dure et plus vraie parce que suggérée ». Épate-bourgeois cinématographique que la mise en abîme et la suggestion.

CODE N°57 – LE MARIAGE (OU PAS) : Dans « Spotlight », aucun des héros n’est montré marié. Et certains même revendiquent leur rejet du mariage, comme par exemple Mitch Garabedian, qui a décidé de ne pas s’embarrasser d’une femme, d’enfants et qui ne vit que pour son travail.

CODE N°58 – « FAMILLE, TU ME SAOULES ! » : Non seulement le boboïsme n’aime pas la différence des sexes, mais il expulse également la différence des générations (= rapports adulte-enfant ou père-fils). « Spotlight » en est la parfaite illustration : Marty dénigre le Cardinal Law, Mike insulte son supérieur Robby, Robby bafoue l’autorité paternelle de son ami Jim (confortablement installé dans sa résidence pavillonnaire éclairée pour Noël), etc. Et les mots à l’égard de la famille ne sont pas tendres : « Mon père, c’était un vrai enfoiré ! » (Patrick) Même la famille locale et sociale est présentée comme une veuve noire : « S’il faut un village pour élever un enfant, il faut aussi un village pour l’agresser. » (Garabedian)

CODE N°59 – « L’ENFANT, MON OBJET ET MON POTE » : Dans « Spotlight », les héros bobos sont quasiment tous célibataires et sans enfants. L’enfant est regardé à distance, comme un pote muet (quand il reste physiquement avec son corps d’enfant), comme un alter ego dont on exploite médiatiquement le précieux témoignage (quand il a atteint l’âge adulte après son viol). Les véritables enfants passent à la trappe. Y compris dans la fiche technique du film et la distribution des rôles principaux… alors que c’est quand même un film en hommage aux enfants, à la base…

CODE N°60 – BOBO HOMO : Le boboïsme, par son vœu d’un monde sans limite, « libre » et affranchi de la différence des sexes, se fait régulièrement le promoteur d’une bisexualité que, par ailleurs, il ne voudra jamais nommer ni étiqueter. On observe cette gay friendly (et cette asexual/libertine !) attitude dans le film « Spotlight », qui prend clairement la défense de l’homosexualité tout en la censurant. Les héros et les réalisateurs du film mettent à l’abri leurs amis homos de la présomption de complicité pédophile en brandissant l’épouvantail dissuasif du « #pasdamalgame entre homosexualité et pédophilie » : « La crise n’a rien à voir avec le fait d’être homosexuel. » ; « Rien à voir avec le fait d’être gay. Ces prêtres ont violé des enfants. » (Phil Saviano) Ah bon ? D’où tirent-ils cela ? Moi qui ai étudié les liens non-causaux (mais pourtant bien réels !) entre homosexualité et pédophilie, j’enterrerais un peu moins vite qu’eux le dossier ! Les bobos tapent sur l’Église qui n’aurait rien dit sur la pédophilie, alors qu’ils font de même en taisant la violence pédophile de certains actes homosexuels. En effet, un certain nombre de violeurs pédophiles se prétendent souvent « homosexuels » alors qu’ils sont concrètement pédophiles, pour ne pas être identifiés/arrêtés. Les bobos accusent l’Église d’avoir fermé les yeux sur les viols pédophiles venant des prêtres tout pendant qu’ils couvrent les viols perpétrés dans l’hétérosexualité et l’homosexualité, en promouvant/banalisant l’homosexualité, en censurant toute réflexion sur l’homophobie, et en confondant l’hétérosexualité avec la différence des sexes. Bonjour l’hypocrisie !
 
 

b) Un film clairement anticlérical :

Spotlight méchant prêtre
 

Pour faire « open » et « pas coincé », et surtout pour temporiser la vague de nouvelles contestations et de nouveaux scandales que pourrait réveiller un film pareil, un certain nombre de catholiques ont décidé de la jouer fine, lèche-cul et mielleuse, en affichant sur Internet et dans tous les réseaux sociaux le drapeau blanc du « Ce film n’est pas anticlérical ». C’est bien gentil (comme dirait le chanteur)… mais ils se foutent de la gueule de qui ?
 

Je veux bien relever au hasard certaines expressions employées dans « Spotlight » et vous allez me dire si elles ne sont pas anticléricales ! « un clergé dégénéré » (Robby) ; « un putain de Pape » (Mike) ; « Je pense que nous avons les moyens de nous attaquer à l’Église. » (Mike) ; « Toi aussi, tu en veux à l’Église ? » (Ben s’adressant à Mike) ; etc.
 

Regardons les choses en face. L’enquête de la brigade anti-prêtres-pédophiles n’est pas humaniste ni altruiste : elle est purement idéologique. Les protagonistes du film veulent carrément éradiquer un « Système » : « On ne tiendra compte de personne dans cette histoire. » (Robby s’adressant à son collègue Mike) ; « C’est ce qui est prévu par le système. » (Eric Macleish parlant de l’Église)
 

Avec le discours des héros de « Spotlight » et les intentions affichées des réalisateurs, on se trouve bien face à une idéologie. L’idéologie de l’accusation compassionnelle. Le propre de toute idéologie, c’est qu’elle met un thème ou une vérité au-dessus de la personne qu’il/elle est censé(e) servir. « Ces sujets sont la raison d’être de notre travail. » (Marty) L’Église catholique et ses fidèles sont complètement déshumanisés.
 

Marty Baron, le grand chef de l’équipe journalistique, ironise sur l’autorité dont s’arroge l’Église vaticane, et ne nomme même pas le Pape et ses cardinaux. Pour lui, la gouvernance du catholicisme s’appelle « En-haut » : « C’est venu d’en-haut. » Il fait fi de la rencontre avec les ministres du Christ et avec le Christ. Il veut juste couper la tête de l’Église. Il ne voit pas l’humanité de l’Église, mais uniquement un appareil, une machine infernale, une pyramide indéboulonable : « On doit se concentrer sur l’Institution. Pas les individus. » Il dépersonnifie/déshumanise complètement l’Église pour la diaboliser et justifier son éradication complète : « On s’attaque au système. » Car non : il ne s’agit pas, pour la bande de reporters, d’aider l’Église à faire son nettoyage d’hommerie. Au nom d’un nécessaire nettoyage ecclésial (qui, je le rappelle, ne peut passer que par la reconnaissance des fautes, mais aussi le pardon et la miséricorde), ils veulent carrément passer l’Institution au karcher !
 

Il ne s’agit pas, dans le film « Spotlight », de démontrer qu’il y a des cas avérés de pédophilie, ni même de s’intéresser véritablement aux victimes. Il s’agit (et là, c’est beaucoup grave) de généraliser l’accusation et la condamnation pour pédophilie à TOUT le système religieux. Par exemple, Robby passe son temps à appliquer à TOUS les prêtres ce qui n’est le fait que de certains (même si émotionnellement, nous sommes tous concernés par le viol pédophile, aussi minoritaire soit-il) : « Toi et tous les autres » (Robby s’adressant à son ami Jim) ; « Ce prêtre pédophile n’est pas un cas isolé : C’est tout le système. » (Robby) Avec « Spotlight », on atteint un degré de paranoïa anticléricale qui saute aux yeux, quand même.
 

L’ensemble des héros du film encouragent à désobéir à Dieu et à ses ministres, rien qu’en montrant l’horreur pédophile qui se cachent derrière ceux qui prétextent l’obéissance à l’Église pour justifier l’injustifiable (= le viol) : « Comment dire non à Dieu ? » (Phil) La plupart des protagonistes de « Spotlight » expriment leur dégoût haineux de l’Église-Institution : « J’ai arrêté d’aller à l’église avec ma grand-mère. C’était trop dur. J’étais assise là et je me suis mise à penser à Joe Crowley ou à un autre et je… Je me suis mise en colère. » (Sacha) Les prêtres sont même rendus responsables d’avoir odieusement brisé la belle relation naissante entre les bobos et Dieu, d’avoir massacré un rêve de gosse. « En fait, j’adorais aller à l’église quand j’étais petit. » avoue Mike en pleurs.
 
Spotlight bobo barbu
 

L’anticléricalisme du film se dégage particulièrement du leader du groupe de journalistes, Marty Baron. Roi du cynisme, il ironise sur « la soi-disant ‘Puissance de Dieu’ ». Il regarde de haut les clercs… même quand il est accueilli dans leur salon ou à leurs galas de charité. Il tourne en dérision le cadeau du Cardinal Law : « Le Cardinal m’a offert un Catéchisme de l’Église catholique. » souffle-t-il cyniquement à l’oreille de Robby. Il refuse ce qu’il juge comme « la grande mascarade de la mondanité catholique ». En fait, il n’a rien compris de l’Église véritable, qui est les pauvres et que Jésus a toujours défendue.
 

Les héros bobos libertins/frustrés sexuels du film n’ont pas accès à la compréhension de la beauté de la chasteté sacerdotale, du célibat continent. Selon Richard, par exemple, « l’obligation d’abstinence » créerait les abus sexuels dans l’Église. Et Maureen, la vieille « bonne du curé » qui sert le thé au Cardinal Law dans son salon rutilant et cosy, est vraiment filmée comme la concubine cachée.
 

Le message de « Spotlight » n’est pas du tout bienveillant ni adjuvant vis à vis de l’Église. Tout le contraire. Celle-ci serait la Grande Méchante : « L’Église continue de s’en prendre à moi. » (Richard) D’ailleurs, les bobos chrétiens nord-américains nous font bien comprendre, en traçant une ligne manichéenne entre le « camp du Bien » (c’est-à-dire eux) et le « camp du mal » (c’est-à-dire les catholiques), qu’il va falloir faire le bon choix : « Sois du bon côté. » (Robby menaçant son ami Jim)
 

À les entendre, l’Église serait une mafia qui broie les personnes et les âmes, qui serait infiltrée partout, qui feraient disparaître les documents et les preuves qui pourraient La compromettre : « Ils contrôlent tout. » (Garabedian) ; « L’Église va tout enterrer. » (Mike)
 

Ils atteignent le Point Godwin avec Mike qui fait l’amalgame entre la collaboration de l’Église catholique aux côtés des pédophiles avec la soi-disant collaboration de l’Église catholique aux côtés des « bons Allemands ». Aaaah… l’Allemagne nazie… je me disais que ça faisait longtemps qu’on n’en avait pas entendu parler, tiens…
 

Quoi qu’en disent les commentateurs cathos qui voient dans « Spotlight » un acte de charité et une occasion de questionnement ecclésial exceptionnels (rien que ça !), les personnages du film, eux, sont beaucoup moins charitables et dans la démarche du dialogue/du pardon. Non. Eux, ce sont les Justiciers qui veulent venger légalement les victimes ! Pas de pitié pour les croissants ! Zéro amour des bourreaux ou des ennemis. « Ne remerciez pas. Coincez ces enfoirés. » (Patrick, victime d’un viol par un prêtre à l’adolescence) Au lieu de permettre la rencontre entre les agressés et les agresseurs, au lieu d’être une main tendue, « Spotlight » innocente totalement les victimes, diabolise totalement les bourreaux, pour qu’ils ne se rencontrent qu’au tribunal ou entre les barreaux d’une prison : « Ces types sont des prédateurs. » (Mike)
 

Nos héros bobos s’expriment comme des méchants de dessins animés : « On les tient. » (Mike) Et personne ne semble entendre cette voix vengeresse de Gargamel, bien moins drôle que celle de Gargamel d’ailleurs, puisqu’elle est dite sincèrement.
 

Selon les réalisateurs, l’Église mentirait, minorerait l’horreur voire la justifierait. Elle aurait abusé de « sa clause de confidentialité » (gage de la confiance, de la confidentialité, du secret). Et le travail de reconnaissance, d’humilité, et de nettoyage qu’ont fait Jean-Paul II, Benoît XVI, et maintenant François, que dalle ! Les bobos n’écoutent pas et préfèrent s’hystériser sur le peu qu’ils savent des victimes du passé. « L’Église a discrédité le phénomène. » (Mike) ; « C’est officiel. » (Matt) Le commentaire du générique final laisse entendre que le Cardinal Law, qui n’a pas dénoncé les prêtres pédophiles de son diocèse à temps, coulerait des jours heureux à Rome, sous le giron du Vatican, en toute impunité. Ça aussi, ce n’est pas du tout de l’anticléricalisme, peut-être ?
 
Spotlight Cardinal Law
 

Sans parler des scènes totalement improbables de semi aveu inconscient de pédophilie (cf. l’interrogatoire insensé et cousu de fils blancs entre la journaliste Sacha Pfeiffer et le père Ronald Paquin)
 

Comme l’écrit très justement un ami : « La pédophilie est une triste et scandaleuse réalité dans l’Église. Pas moins (mais pas plus non plus, merci de nous en faire le crédit…) que dans d’autres institutions. Mais plus scandaleuse car elle est le fait de certains hommes qui ont revêtu le Christ. Maintenant, la question est de savoir quelle est la finalité d’un tel film. A-t-il pour but d’éviter que de tels scandales se reproduisent, avec un regard bienveillant sur l’Église ou est-ce une énième tentative pour discréditer l’Église… ? » Je lui réponds avec assurance que non. Ce n’est pas parce qu’un film dénonce à juste titre la pédophilie de certains prêtres qu’il en devient bon et « excellent » comme l’affirment certains cathos du web. Ce n’est pas parce qu’un film dénonce les crimes de pédophilie qu’il les dénonce bien, pour les bonnes raisons, et qu’il devient juste et vrai. La qualité d’un film ne se mesure pas à ses « bonnes » intentions mais dans ce qu’il dit et fait. Et en l’occurrence, ce que « Spotlight » dit et fait, même s’il se base sur un substrat de réel (à dénoncer), est faux, exagéré voire carrément violent et irrespectueux.
 

« Spotlight » fait beaucoup plus de mal à l’Église que de bien. D’une part parce qu’il caricature l’Institution de manière vraisemblable (mais pas du tout réaliste), façon « docu-fiction d’investigation scientifique » (Compléments d’enquête ou Faites entrer l’accusé), si bien que les non-catholiques seront tentés de croire tout ce qu’il avance, sans le recul nécessaire. D’autre part parce qu’on a de quoi douter qu’une personne éloignée de l’Église ait envie de se rapprocher de Celle-ci après avoir vu ce film. Si on veut « dés-évangéliser », c’est sans doute un excellent moyen. C’est peut-être aussi un « bon » film pour faire prendre conscience à des séminaristes de la gravité de tels faits dans les fonctions qu’ils auront à occuper. Pour le reste, « Spotlight » décourage les gens de faire confiance au Vatican, et menace le reste des croyants qui Lui font encore confiance, mais qui seraient des « collabos qui s’ignorent ».
 
 

c) Certains prêtres A-DO-RENT visiblement l’anticléricalisme (No problem) :

Putain, c'est trop cool d'être anticlérical

Putain, c’est trop cool d’être anticlérical


 

C’est déjà ahurissant qu’un film qui est, dans son contenu et dans sa forme, aussi maigre qu’un épisode télé des Experts à Manhattan, arrive à gagner l’Oscar du Meilleur Film à Hollywood. On voit bien que cette récompense est idéologique : à l’instar de la Palme d’Or de Cannes décernée à la « Vie d’Adèle » (une daube sans nom), le monde journalistique et cinématographique applaudit l’intention, le parfum de scandale, les idées, prêtés au film, mais ne récompense pas du tout le film en lui-même, en soi très banal, sans réelle profondeur, et bourré de caricatures.
 

Mais ce qui est encore plus ahurissant, c’est que ceux qui se font gifler par le film rentrent dans la danse de leurs bourreaux, les remercient avec des étoiles dans les yeux, voire pleurent même avec eux. Là, on a de quoi halluciner. Y a-t-il quelqu’un de sensé dans la salle ? Y a-t-il un journaliste de la presse chrétienne qui sait regarder un film et l’analyser ? Quand je vois l’absence d’esprit critique d’Aleteia, de La Vie, de Famille Chrétienne, de France Catholique, du Figaro, du Padre Blog (frôlant l’hystérie de la pleureuse), du Suisse Romain, du Beta ECDQ, de Aleteia le Retour (ils récidivent dans l’auto-flagellation !), de Radio Vaticana, d’Église catholique, de Radio Notre-Drame, et même d’Égalité et Réconciliation (qui pompe sur France Catholique). Seul Causeur sort timidement du lot.
 

Oui, Cardinal O’Malley, « Spotlight » est un film « important », comme vous dites. Mais pas pour la raison que vous croyez. La nouvelle la plus inquiétante, à mon avis, que nous apprend à son insu « Spotlight » concernant les médias et la Curie cathos, c’est que nous n’avons plus d’appareil critique. Nos journalistes et nos critiques catholiques dignes de ce nom n’existent plus, ne savent plus commenter ni analyser une œuvre, sont corrompus à l’esprit du monde et au boboïsme.

 

Plus que la qualité du film « Spotlight » en elle-même (s’il ne s’agissait que du film, je n’aurais sans doute pas pris la peine d’en faire un article), j’avoue que c’est surtout la réaction démagogique, bourgeoise épatée, et pas du tout courageuse, de toute une partie du clergé français qui a motivé mon billet. À un moment donné, je me suis même demandé quand s’arrêterait le cortège dithyrambique des cyber-curés snobs. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’anticléricalisme fait les choux gras de certains prêtres médiatiques. Le crime profite même à ceux qui sont visés par lui ! Il ne vient pas que de l’extérieur : l’anticléricalisme provient surtout de l’intérieur de l’Église car il est applaudi en qualité de « claque qui fait du bien à l’Institution ». C’est très étonnant de constater ces élans sadomasochistes internes. Au lieu de dénoncer les attaques objectives qui sont faites à leur Église à travers un film de mauvaise qualité, les prêtres médiatiques collaborent avec leurs ennemis, feignent le débordement d’émotions, félicitent les haineux, s’arrangent pour trouver le film « excellent » et « salutaire », jouent les convertis qui « soudain comprennent/réalisent » et qui battent leur coulpe à la place de leurs collègues, parlent de toute autre chose (du thème du film et non du film en lui-même ; ou bien de la polémique autour du film et non du film). Mon Dieu, kyrie eleison. Ces prêtres savent-ils réfléchir et interpréter une œuvre au-delà de son décorum médiatique ? Savent-ils faire abstraction du qu’en dira-t-on ? Savent-ils qu’on peut faire de très mauvais films avec d’excellentes thématiques et bonnes intentions ? Savent-ils que la dénonciation du mal ne tue pas ? Sont-ils attachés à la Vérité et aiment-ils vraiment l’Église ? Je leur pose sérieusement la question. Car en soutenant un film pareil, j’en doute.
 

Acteur jouant Mike

Acteur jouant Mike


 

Ceux qui devraient défendre l’Église baissent leur culotte devant le boboïsme et rentrent dans son chantage à la culpabilité. Eh bien moi, en regardant « Spotlight », je suis autant attristé pour les victimes des actes pédophiles que je suis triste devant un certain clergé boboïsant et une certaine presse dite « catholique ». J’attends de vrais prêtres ! J’attends de vrais journalistes catholiques ! Et force est de reconnaître qu’ils se font rares. Alors on va arrêter de jouer aux cons ou aux polis qui remercient ceux qui les attaquent, les calomnient, les culpabilisent, les caricaturent. Le chantage aux sentiments et aux actes isolés, l’exploitation de la souffrance et de la violence de certains, l’utilisation de la compassion pour se venger de toute l’Église, ça suffit ! Catholiques, réveillez-vous !

 

Enfin, je suis navré de devoir le dire : même si je ne me réjouis absolument pas de ce qui arrive en ce moment au Cardinal Barbarin concernant le scandale de pédophilie dans son diocèse de Lyon, ni de ce qui arrive à Mgr Aillet par rapport à ses prises de position contre l’avortement, je ne peux que constater que ça n’arrive pas par hasard. De même, si le Pape François se fait récupérer aussi facilement par Virginie Tellenne (alias « Frigide Barjot ») à propos de l’Union Civile, c’est bien qu’il y a une brèche et un manque de clarté dans le discours ecclésial par rapport à l’homosexualité, l’hétérosexualité, et la sexualité en général. Les attaques contre l’Église sont permises par Dieu et par un contexte. Si ce n’est déjà largement fait, l’Église catholique va très prochainement se faire tacler sur les points de sexualité (pédophilie, adultère, célibat continent, et homosexualité en première ligne) parce que ses pasteurs n’ont pas osé en parler en Vérité, et que beaucoup ne gèrent pas leur propre sexualité. Je ne fais que prévenir d’une évidence.

Le Partenariat de Vie Commune (PVC) : la nouvelle Union Civile maquillée que propose La Manif Pour Tous

PVC
 

La Manif Pour Tous se vantait depuis sa naissance et son essor de s’opposer à l’Union Civile (afin de ne jamais la dénoncer explicitement). Ainsi, l’organisme se démarquait théoriquement de Virginie Tellenne (pour éjecter celle-ci en douceur) et elle rassurait tout aussi théoriquement ses adhérents anti-conséquences-de-la-loi-Taubira-sur-la-filiation, anti-GPA, anti-présomption-d’homophobie, et secrètement pro-couple-homo-discret. En réalité, on le voit bien avec le nouveau projet (22 pages) concocté par l’IFR (Institut Famille & République) sur commande de LMPT, non seulement La Manif Pour Tous ne s’est jamais opposée à l’Union Civile ni prononcé sur celle-ci, mais elle est même en train de construire actuellement une autre Union Civile que le PaCS. C’est juste le nom qui change : le Partenariat de Vie Commune (PVC) !
 

Sans compter le fait que ce Partenariat n’a aucune chance de passer compte tenu de l’attachement des mentalités actuelles aux biens symboliques, sentimentalisés et intentionnels, il consolide encore plus ce qu’il prétend abroger, à savoir le « mariage pour tous ». Car le Partenariat de Vie Commune et le « mariage pour tous » reposent tous les deux sur la croyance en l’hétérosexualité (une hétérosexualité comprise comme la différence des sexes qu’elle n’est pas) ! La Manif Pour Tous refuse toujours d’entendre raison. Et les mensonges ou projets bancals comme le PVC continuent de nous enfoncer dans la contradiction et le faux remède.
 

La raison principale pour laquelle le Partenariat de Vie Commune sera rejeté, c’est que le PaCS et le « mariage pour tous » non jamais été demandés pour leur contenu, mais pour l’intention symbolique qu’ils représentaient, à savoir « la reconnaissance sociale des personnes homosexuelles », la justification de l’« amour homosexuel » en tant qu’« Amour universel asexué », et une preuve tangible de justice d’alignement entre l’hétérosexualité et l’homosexualité. Proposer un nouveau partenariat/contrat, sans toucher aux trois seuls mythes (l’hétérosexualité, l’homosexualité, l’homophobie) qui motivent les défenseurs de toutes lois se présentant comme gay friendly, en se contentant de soigner son contenu, prouve que les juristes de la LMPT n’ont toujours pas compris pourquoi le PaCS et le « mariage pour tous » étaient passés comme des lettres à la Poste. Ils n’ont toujours pas perçu la prévalence de la RÉALITÉ INTENTIONNELLE ET SENTIMENTALE des lois pro-gays. Autrement dit que les lois LGBT n’étaient pas demandées pour elles-mêmes, mais uniquement pour ce qu’elles symbolisaient, représentaient, à savoir l’hétérosexualité (= toutes les altérités au niveau de la sexualité, homosexualité comprise).
 

Il est urgent de se réveiller et d’arrêter de se cacher derrière l’alibi juridique ou philosophique, derrière la rhétorique peu stratégique du « moindre mal » ou de l’« idéologie des idéologies » (cristallisées autour de mots-concepts qui ne se réfèrent à rien dans l’esprit de ceux qui les emploient : « lobby », « GPA », « abrogation », « Gender », « transhumanisme », « censure totalitaire de la pensée unique », etc.), pour ne pas prendre le problème (= le soutien mondial à la bipolarité hétérosexualité-homosexualité) à bras le corps.
 

Je vais donc à présent (et pour la énième fois) réexpliquer les effets pervers de l’Union Civile (et de tous ses dérivés : alliance civile, partenariat enregistré, pacte civil de solidarité, partnership, etc.) et prendre des extraits du projet de contrat de Partenariat de Vie Commune rédigé avec toute la bonne volonté du monde par Jacques Thomas et Aude Mirkovic, pour vous montrer en quoi il est bourré d’incohérences voire de mensonges.
 
 
 

« La Loi du 17 mai a dénaturé le mariage. » : Oui, mais en quoi ? Vous ne le dites pas. La dénaturation vient à la base de la substitution de la différence des sexes par l’hétérosexualité, y compris dans les textes juridiques. Et vous participez de cette dénaturation en vous référant vous aussi à l’hétérosexualité en tant que différence des sexes.
 

« sa nécessaire abrogation. » : En quoi serait-elle nécessaire ? Vous ne l’explicitez pas et vous enchaînez sans vous justifier. Comment cela peut-il être recevable ?
 

« le refus de l’idéologie du genre. » Vous définissez le genre comme une idéologie, alors que le genre sexué, lui, est une réalité à défendre. Et par ailleurs, vous n’explicitez même pas ce qu’est le Gender, que vous épinglez comme une « idéologie » sans autre procès, alors que cette idéologie porte un nom bien précis : l’hétérosexualité (= toutes les altérités au niveau de la sexualité).
 

« Le Partenariat de Vie Commune libère la loi de la prise en compte illusoire de la nature des relations entre partenaires. » Au lieu d’affronter les réalités relationnelles violentes concernées par la croyance sociale en l’« amour hétéro » et en l’« amour homo », vous désexalualisez et désentimentalisez toute relation humaine. Vous allez même jusqu’à déshumaniser et désentimentaliser le concubinage. Comment pensez-vous ainsi parvenir à convaincre la moindre personne ou le moindre binôme de colocataires ? Que vous le vouliez ou non, les relations ou cohabitations, même amicales et familiales, sont sexuelles, puisqu’elles impliquent des personnes humaines sexuées. Eh oui ! C’est toute la richesse du mot « sexualité » que vous appauvrissez/neutralisez par votre projet de Partenariat de Vie Commune asexué.
 

« prendre en compte les besoins exprimés par la société. » ; « Le PVC est une proposition novatrice qui répond réellement aux besoins actuels de la société française. »Vous insistez énormément sur cette notion de « besoin » dans tout votre article. Ce n’est pas, je crois, un bon angle. Car tous les besoins, vous le savez bien, ne sont pas légitimes, ni ajustés au Réel humain, ni à satisfaire. Et si vous êtes persuadés du contraire, que faites-vous à ce compte-là du soi-disant « besoin » chez les unions homosexuelles de se marier et de fonder une famille, de se voir reconnaître socialement et concrètement leur « amour » ? La dialectique du besoin sans limite s’oppose précisément au bien commun, et appelle à la consommation, à la boulimie de faux « droits », notamment « pro-gays ».
 

« La Loi du 17 mai 2013, fondée sur des présupposés idéologiques de divers ordres confus ou faussé, porte à de graves conséquences. » Dans votre projet de loi, tout est axé sur la filiation, et les conséquences de la Loi Taubira. Pas la loi dans ses racines, en elle-même, dans ses conséquences sur l’individu (homosexuel) et le couple (sans enfant). De plus, penser le problème des lois pro-gays en des termes manichéens évasifs (« idéologies », « lobby », etc.) ne nomme rien. Cela ne résout pas le problème de l’homosexualité, de l’hétérosexualité, de l’homophobie. Réduire le « mariage pour tous » ou le PaCS à une problématique purement nataliste (alors que tout le monde est concerné par la différence des sexes, y compris les célibataires), finalement, ça exclut quasiment tous les êtres humains qui n’ont pas d’enfants et les couples femme-homme qui ne peuvent pas en avoir.
 

« prendre en compte les revendications légitimes des personnes de même sexe vivant ensemble. » Ah parce qu’en plus vous énoncez que les revendications des unions de même sexe sont légitimes ?? Et en plus, qui vous a dit qu’elles le sont (toutes) ? Moi, pour l’instant, je suis persuadé de leur illégitimité. Et ce, sans exception. On peut comprendre sans excuser ni justifier.
 

Par ailleurs, votre texte ne remet pas en cause ce que stipule la Cour Européenne des Droits de l’Homme sur (je vous cite) l’« authenticité des unions homosexuelles ». En fait, vous êtes gays friendly, croyez en l’« amour homo » (tant qu’il reste privé et ne se légalise pas en norme sociale), et n’osez pas dire que vous n’y croyez pas par peur que la présomption d’homophobie vous tombe dessus ? Il fallait le dire tout de suite !
 

« Le mariage civil est un contrat d’union hétérosexué. » (Vous citez l’article 144 du Code Civil) Je ne suis pas d’accord. Le mariage civil est un contrat d’union sexuée, avec les deux sexes complémentaires. Et dans le meilleur des cas, ce n’est pas qu’un contrat : c’est une relation d’amour. Même le mariage civil. L’amour – et sa reconnaissance – n’est pas réservé qu’au mariage religieux, même si sur le papier du mariage civil, il n’apparaît pas. Mais dans les faits et en intentions, les sentiments ne peuvent être évacués du mariage civil, ni minorés.
 

« Comment séparer le mariage de la filiation pour tous les couples, ‘couples homosexuels’ ou couples hétérosexuels, sans supprimer la présomption de paternité ? » (p. 342) C’est simple : en interdisant qu’une loi humaine se fonde sur l’hétérosexualité, c’est-à-dire sur le sentiment ou la pulsion sexuelle, et non plus sur la sexuation humaine aimante et divine. Remarque annexe : Pourquoi mettez-vous les guillemets à couples homosexuels sans les mettre aux couples hétérosexuels, alors qu’ils sont aussi mythiques les uns que les autres, et qu’ils les méritent tous les deux ?
 

« La loi du 17 mai 2013 modifie le mariage pour le rendre capable d’accueillir une filiation ‘homoparentale’. » Pas seulement. Il fait beaucoup plus que de toucher à la famille et aux couples femme-homme. Il banalise la différence des sexes en la passant au karcher et retire le lien d’amour entre le père et la mère biologiques d’un enfant en tant que condition du mariage. En supprimant toute sexualité et tout amour au mariage, à travers votre proposition du Partenariat, vous allez exactement dans le même sens que le « mariage pour tous ».
 

« les couples mariés hétérosexuels. » Cette périphrase est un non-sens. Si un couple est marié – dans le sens christique et social du terme -, il cesse instantanément d’être hétérosexuels. L’hétérosexualité est le libertinage, dans et hors différence des sexes.
 

« toutes les personnes mariées, hétérosexuelles ou homosexuelles. » Les personnes de même sexe, même si elles obtiennent légalement le droit de se marier, même si elles passent à la mairie et signent des registres, ne vivront jamais le mariage et ne seront jamais mariées, étant donné que le mariage EST la différence des sexes couronnée par l’amour. Idem pour les couples hétérosexuels, qui incluent la différence des sexes mais sans amour : ils ne seront jamais mariés, même s’ils le sont aux yeux de la loi des Hommes. Par rapport aux unions de même sexe qui auraient contracté un « mariage », il n’y a donc pas lieu de s’alarmer ou de s’offusquer au sujet du mot « démariage » : le démariage ne peut exister que s’il y a eu mariage. Or, dans le cadre relationnel homosexuel, il n’y a de toute façon pas mariage.
 

« couples hétérosexuels. » Les couples hétérosexuels n’existent pas (sauf à la télé, ou très furtivement). Seuls les couples unissant un homme et une femme qui s’aiment doivent être défendus et durent.
 

« ’homoparentalité’. » Vous mettez des termes entre guillemets pour les mépriser sans pour autant les définir ni expliciter pourquoi vous les méprisez. Au moins, si vous disiez que l’homoparentalité est de la science-fiction et que seule la parenté – biologique et/ou adoptive – existe, on aurait déjà moins l’impression que vous théorisez/fantasmez sur la novlangue dans le seul but de l’écarter et de fermer le dialogue avec nos contemporains.
 

« Depuis quand les relations sexuelles ou les sentiments amoureux requièrent-ils une validation par un officier d’état civil ou des engagements juridiques aussi importants ? » Pourquoi alors défendre la normativité de l’hétérosexualité, si vous êtes logiques jusqu’au bout ?
 

« La loi vise un bien commun. Elle est faite pour le bien de la société en général. » L’argument du bien commun peut largement se retourner contre vous, puisqu’il est le mot fourre-tout de toutes les revendications qui se drapent de bonnes intentions, y compris « l’amour homo », ainsi que le désir sincère de « fonder une famille et d’élever un enfant dans l’amour » exprimé par n’importe quel « couple homo ».
 

« C’est bien le couple, c’est-à-dire l’union affective et sexuelle de deux personnes, qui semble être devenu l’objet principal du droit de la famille. » En promotionnant la bipolarité hétérosexualité-homosexualité qui a fondé historiquement/hystériquement cette « couplisation du droit et du mariage », j’ai le regret de vous dire que vous chérissez à votre insu les causes dont vous dénoncez les conséquences.
 

« alliance civile. » Vous pouvez trouver toutes les périphrases que vous voudrez pour vous donner l’illusion de contourner l’Union Civile (« Alliance civile », « Partenariat de Vie Commune », « cohabitation chaste », etc.), personne ne voudra de votre retour en arrière ni restituer ce « mariage gay » qui leur apparaît comme un « progrès » et un « symbole d’égalité » ; et d’autre part, vous recréez des PaCS bis, en les amputant de surcroît de certains « avantages » (enfants notamment, statut social d’« amour », folklore typique de la cérémonie de « mariage », etc.) dont certains « couples homos » ont déjà commencé à jouir. Vous n’imaginez même pas le tollé de votre PVC ! Presque aussi grand que celui que génèrera ma proposition d’abrogation de l’Union Civile et de toute loi basée sur l’orientation sexuelle !
 

« Les relations amoureuses et affectives, ainsi que les orientations ou comportements sexuels, ne relèvent pas – ou ne devraient pas relever – du domaine de la loi, du champ de compétence du législateur. » Dans ces cas-là, pourquoi vous législateurs défendez-vous l’hétérosexualité et ne la dénoncez-vous pas directement en tant que « critère légal » illégal ? À l’instar de l’homosexualité, l’hétérosexualité est une orientation sexuelle, un fantasme, une pulsion, une fausse identité, une attraction fusionnelle et violente envers les personnes du sexe différent, une pratique génitale et/ou procréative dénuée d’amour, une parodie de la différence des sexes. Elle n’est pas plus légitime que l’homosexualité pour établir un droit ou une loi. Elle constitue même une violation des Droits de l’Homme ! Donc soyez cohérents jusqu’au bout.
 

« la protection des droits fondamentaux, notamment de la vie privée. » Comme notre époque qui fait fusionner vie privée et vie publique tout en les séparant schizophréniquement/caricaturalement, vous privatisez l’homosexualité, et la sexualité en général, pour en faire des réalités qui ne poseraient pas problème à partir du moment où elles resteraient dans la sphère strictement intime et ne relèveraient pas du droit. Mais ignorez-vous que l’homosexualité pose déjà problème dans le soi-disant « privé » et pour les deux personnes qui la pratiquent ? Et ignorez-vous que la sexualité et tout couple sont des réalités qui sont ouvertes sur la vie/sur la société et donc qu’elles ne peuvent pas être enfermées dans une cage dorée privatisée, à l’abri des lois et de votre parole de juristes ?
 

« Le couple ne peut être appréhendé par la loi qu’en fonction de la filiation. » Qu’est-ce que c’est que cette vision nataliste, froide, légaliste, dénuée d’amour, et hétérosexuelle que vous avez du couple ??
 

« Le mariage est d’un autre ordre. C’est une institution ; au-delà du contrat. » En quoi est-ce un argument valide que de dire qu’une réalité ne devrait pas changer sous prétexte qu’elle est une « institution » ? Toutes les institutions humaines seraient-elles bonnes d’être institutionnelles, traditionnelles, ancestrales ? Je ne crois pas. Et l’histoire des civilisations humaines en fournissent de nombreux exemples.
 

« Les valeurs de la République et les principes de notre droit interdisent de légiférer directement en matière d’union, qui relève de la liberté des personnes. » Oui, mais en quoi nous ne pourrions pas légiférer indirectement, à distance, en matière d’unions ? Ce n’est pas parce que la fusion ou la rupture entre la vie privée et la vie intime, entre le monde législatif et le monde sexuel/amoureux, n’est pas bonne que pour autant il ne doit pas exister des liens, ni que la loi ne doit pas se positionner en matière de sexualité, d’amour, de sentiments ! D’ailleurs, plus vous déconnectez la politique du spirituel ou du sexuel, plus vous générez une fusion malheureuse et totalitaire entre eux. Quand, amis législateurs, allez-vous vous mêlez davantage d’amour et de sexualité ? Nos politiciens et législateurs socialistes ont moins de scrupules que vous pour habiller les désirs et fantasmes populaires, leurs propres fantasmes amoureux et sexuels, leur propre pratique libertine désordonnée, en lois !
 

« Le législateur n’est pas compétent pour régir directement les unions de personnes, sans considération de la filiation. » S’il vous faut obligatoirement l’horizon filiatif pour commencer à légiférer en matière de sexualité, on va attendre longtemps, surtout dans ce monde de plus en plus peuplé de célibataires (ou de couples à l’esprit célibataire) qui veulent coucher ensemble sans s’engager, sans se marier et sans s’encombrer d’enfants.
 

« Une consécration législative d’un statut de ‘couple homosexuel’ est ipso jure, par définition, une consécration de l’idéologie du genre. » Vous pouvez nous renvoyer autant que vous voulez à la lecture des écrits de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 2003 pour vous dédouaner proprement d’une parole plus personnelle et plus risquées sur l’homosexualité ou sur vos croyances religieuses. Vous pouvez vous dispenser de ne pas avoir à définir ce qui se cache derrière votre épouvantail à moineaux rhétorique nommé « idéologie du genre » (ou « lobby LGBT » : étonnant que vous n’en ayez pas parlé, de celui-là…). Mais vous bottez en touche encore une fois sur des thématiques cruciales – l’hétérosexualité, l’homosexualité – qui constituent pourtant le nœud des problèmes que vous prétendez résoudre.
 

« revenir au mariage civil en tant qu’union d’un homme et d’une femme, donc fondé sur l’altérité des sexes, structure la plus à même de répondre aux besoins des enfants. » Je préfère vous rappeler que nous ne défendons pas le mariage civil en tant qu’union (à horizon procréatif) entre un homme et une femme. C’est faux. Nous ne prônons que le couple femme-homme qui s’aime. Pas la différence des sexes en soi (car elle n’est pas toujours une réussite, ni un gage de succès). Pas plus que nous ne défendrions la filiation en soi (il y a des couples qui arrivent techniquement à procréer, et qui s’aiment beaucoup moins et sont beaucoup moins réussis que des couples femme-homme stériles, voire même que certaines unions homos). Nous ne défendons que les mariages civils d’amour entre un homme et une femme libres de se choisir et qui s’engagent pour la vie en acceptant d’accueillir la vie d’un enfant si celle-ci se présente.
 

« mettre fin au PaCS qui est un statut de couple incohérent. » En quoi serait-il incohérent ? Vous soulignez certainement une piste, mais ensuite, vous esquivez son explication en ne nommant pas concrètement les problèmes, les incohérences.
 

« tenir compte des besoins et des usages de nos contemporains. »Encore et toujours ce jargon utilitariste, consumériste et productiviste du BESOIN que vous empruntez à nos opposants individualistes (même si eux le traduiront par « droits »)…
 

Par rapport à la cohabitation : « La ‘vie commune’ ne prend pas nécessairement la forme d’une union sexuelle. […] À ce niveau, l’aspect sexuel disparaît en tant que différence spécifique. L’affection joue bien sûr, mais en tant que sentiment d’amitié, et non sentiment amoureux. […] Or, avec la disparition de l’aspect sexuel, d’un côté toute interférence de l’idéologie du genre disparaît, et d’un autre côté le caractère libéral du régime politique et le champ de compétence du législateur sont sauvegardés. » Par votre projet de PVC, vous désexualisez la cohabitation ou le concubinage (en plus d’effacer la frontière entre les deux), exactement comme le fait la société gay friendly bobo qui, pour ne pas assumer ses actes libertins bisexuels qu’elle veut poser sans pour autant les nommer et en porter la responsabilité, est capable de nous sortir que « la sexualité, c’est pas sexuel », que la génitalité sans limite serait même « spirituelle », « désincarnée » et « bien au-delà des étiquettes homos, hétéros, bis, trans, etc. ». Croyez-vous que votre PVC soit une réussite ou une rupture avec le PaCS et le « mariage pour tous » ? Pas du tout. Il est exactement ce que vise ce que vous nommez « l’idéologie du genre », idéologie qui, je le rappelle, est anticonformiste par principe, et donc constamment contre elle-même dans les discours, afin de s’autoriser à continuer d’agir dans l’ombre selon sa logique libertine.
 

« Avec le PVC, les aspects sexuels seraient, par définition, absents. La vie privée des personnes serait protégée de manière absolue. » Quelle victoire de l’individualisme ! Bravo ! Chacun fait ce qu’il veut, à partir du moment où il ne se l’impose qu’à lui-même et à son/ses partenaire(s) (du même sexe ou de l’autre sexe, on s’en fout, on ne veut pas le savoir !), à partir du moment où il le fait dans son coin et que ça ne porte pas à conséquence sur le monde extérieur, à partir du moment où ça revêt la forme de la « protection », de la « sécurité » et de la « modernité ». J’aime beaucoup cette indifférence qui se fait passer pour du respect, de la justice et du légal…
 

« Le Partenariat de Vie Commune est un simple contrat de mise en commun de moyens, qui ne porte pas sur la manière dont les personnes vivent leur sexualité. » Oui. En gros, même si c’est au nom de l’enfant, votre Partenariat de Vie Commune est purement matérialiste. Vous allez en faire, des envieux, avec un contrat aussi romantique et sexy que ça !
 

« La cause juridique est toujours un fine la procréation. »Natalisme dénué de sentiment, de spirituel, et à la plus grande gloire du productivisme hétérosexiste. C’est pathétique.
 

Le Partenariat de Vie Commune « comprendrait bien un statut légal protecteur qui, certes, n’aurait pas la même portée symbolique que le mariage ou même le PaCS mais constituerait ‘une forme’ juridique concrète et bien réelle. » C’est bête parce que, ce qui avait motivé les personnes pro-PaCS et pro-mariage-gay, c’était précisément la PORTÉE SYMBOLIQUE de ces lois, et très peu leur dimension matérielle, réelle, leur contenu légal (inconnu des rangs homos). Vous tombez complètement dans le panneau des quelques militants LGBT juristes, qui parlent au nom des personnes homosexuelles qu’ils ne connaissent pas et qu’ils représentent très peu ou très mal, et qui vous ont fait croire que la population homosexuelle voulait absolument et concrètement les lois qui portent (pour un temps limité) son nom.
 

« Ce que recherchent avant tout ces personnes, c’est, de manière très pragmatique, une protection juridique qui garantisse leur sécurité matérielle. » Vous vous plantez. Le matériel, le sécuritaire, c’est l’alibi très secondaire de la revendication sentimentaliste des personnes libertaires. Si vous aviez interrogé les personnes homosexuelles qui ont soutenu en 1998 le PaCS en France, vous auriez vu par vous-mêmes que la grande majorité d’entre elles était incapable d’en décliner le sigle, et se désintéressait déjà totalement du projet de loi à la base. Elles ne le voulaient que « dans l’idée », « pour le symbole d’avancée de leurs droits identitaires et amoureux » qu’il représentait. Le contenu juridique, rien à faire !
 

« revendications égalitaristes. » Si vous ne parlez pas de quelle égalité il s’agit vraiment – à savoir la bipolarité entre les deux jumeaux terribles Homosexualité et Hétérosexualité qui se jalousent autant qu’ils se copient -, à nouveau vous sombrez dans le discours victimisant et manichéen de l’idéologie-qui-n’aurait-pas-de-nom, et vous ne réglez rien.
 

« sans considération de la sexualité. » Vous vous adressez à des anges, avec votre Partenariat, c’est bien ce qui me semblait. Tout comme le « mariage pour tous » et le PaCS !
 

« Avec le PVC, rien ne serait retiré aux ‘couples’ de même sexe, mais le statut serait offert aux personnes vivant dans un même foyer sans avoir de relation intime. » Dites aux personnes qui se mettent en « couple » homo que rien ne leur sera retiré avec votre Partenariat : elles vous riront au nez ou auront envie de vous passer à tabac. Que faites-vous dans ce cas-là de la puissance sociale, sentimentale, symbolique, amoureuse, des mots « mariage », « amour » ou « famille » (et de leurs dérivés : « mari », « femme », « papa », « maman », « fils », etc.) qu’induisent sur le papier et en fantasme des lois comme le PaCS et « le mariage pour tous » ? Vous-mêmes, vous n’êtes pas sans l’ignorer puisque vous faites tout implicitement pour que l’union homosexuelle ne soit pas appelée « mariage » et qu’elle échappe statutairement à l’arsenal juridique que recouvre le mot « mariage ».
 

« une vraie réponse à un besoin social, né de la nécessité pour les adultes de mettre en commun des moyens pour vivre et partager les frais d’existence. »Vous parlez encore du « besoin » à satisfaire… sans hiérarchiser entre eux les besoins sociétaux, pourtant très inégaux tant sur le plan quantitatif que moral.
 

« 97% des PaCS sont aujourd’hui conclus par un couple hétérosexuel. » Vous prenez sans cesse appui et comparaison sur l’hétérosexualité, parce que malheureusement vous jouez le jeu de nos opposants en utilisant le même pilier idéologique. Ainsi, vous ne sortez pas de la dimension asexuée et surérotisée des lois que vous dénoncez.
 

« loin des postures et des idéologies. » Vous qui utilisez souvent comme référentiel éthique l’hétérosexualité, ainsi que le jargon crypto-catho de la Doctrine Sociale de l’Églisebien commun », « subsidiarité », « besoin », « respect », « partage », etc.), ou bien qui faites régulièrement mention à l’« idéologie du genre », vous parvenez à conclure en nous disant que « vous vous éloignez des postures et des idéologies » ?? C’est une plaisanterie, j’espère ?
 

En conclusion, votre texte annonce la nécessaire « déception » à venir que risque de générer votre projet de Partenariat de Vie Commune. Comme si vous devanciez inconsciemment sa vanité et le rejet qu’il allait susciter avant même d’être né. « Fort de sa modernité », vous nous dites qu’il risque d’en frustrer certains. Non. Il n’en décevra pas certains. Il décevra tout le monde. À commencer par vous-mêmes ! Et pour cause. Il n’innove pas. Pis : il collabore. La morale de l’histoire : L’abus du compromis (reposant sur une mauvaise compréhension d’un texte de Benoît XVI dédié au compromis, justement) est dangereux pour la Vérité.
 

Retraite à l’abbaye du Barroux : la mort ou la Vie

Barroux abbaye
 

Il n’est pas très facile de revenir de retraite spirituelle quand celle-ci confine à l’intime, au secret du cœur, à la discrétion délicate de l’Esprit Saint, et qu’en même temps, elle concerne l’universel et mérite donc le témoignage. La mission apostolique est un débordement de la coupe intérieure christique. Tout ne peut pas et ne doit pas être dit (ça s’est passé entre Dieu et moi) mais il y a toute une part qui ne m’appartient pas et qui est de l’ordre de la conversion collective, du don vers l’extérieur, de la multiplication des pains, du partage. Alors j’ai décidé de vous ouvrir en partie mon journal de bord de mon séjour en abbaye bénédictine au Barroux.
 

En effet, pour vivre un temps de retraite spirituelle et entendre ce que le Seigneur pensait de mon projet (un peu fou et pas très mûr, avec le recul) de partir vivre dans la rue dans le but d’évangéliser, je suis venu du lundi 15 au 22 février 2016 à l’abbaye sainte Madeleine (Vaucluse, près d’Avignon). Une abbaye réputée austère et intégriste, notamment parce que les 50 frères qui s’y trouvent sont habillés en noir, ont leurs offices exclusivement en latin, vivent en apparence comme à l’âge de pierre, et certains portent même la tonsure (vous savez : la couronne de cheveux autour de la tête). Je ne savais pas trop où je mettais les pieds et à vrai dire, j’y allais plus par obéissance à ma mère spirituelle que par goût personnel. Les traditionnalistes, ce n’est a priori pas trop ma tasse de thé.
 

Eh bien je m’étais trompé ! Le Seigneur m’y attendait, et bien comme il faut. Il m’a comblé de cadeaux ! Au-delà de mes espérances ! Non seulement parce que mon contexte extérieur était tumultueux sans que je ne m’en rende trop compte (le Barroux a donc fait office, sans le savoir, d’abri anti-atomique pile au moment du flot d’insultes qu’a généré le site Yagg par rapport à mon article « L’homosexualité expliquée à un ado de 11-17 ans »), mais en plus par les événements à la fois très simples et surnaturels que j’y ai vécus pendant cette retraite.
 
Barroux
 

Pour vous raconter la conclusion avant le chemin qui a mené à celle-ci, mon projet initial d’évangélisation s’est évanoui. Il n’est plus question pour moi de vivre en SDF, même si, par l’audace que le projet traduisait, cela paraissait grand et courageux, et prouve que j’ai toujours un grand désir de me donner entièrement au Christ. Le problème, c’est que je n’étais pas dans l’obéissance. Et l’obéissance à l’Église, c’est la clé de la vocation vraie. « Qui vous obéit m’obéit » dit Jésus à ses ministres. Sans obéissance, pas d’Amour. Une fois cela compris, il est ressorti de ma semaine au Barroux avec Jésus trois grandes priorités :
 

1) Je ne m’occupais pas assez de ma VIE INTÉRIEURE : J’ai découvert que jusqu’à présent, j’avais été plus un canal qu’un réservoir d’Esprit Saint, plus une cymbale retentissante qu’une personne christique qui se donne dans l’Amour. À l’avenir, je veux passer du temps à écouter Jésus et Le mettre au centre de ma vie. Je veux goûter à cette interaction permanente entre les mondes visible et invisible.
 

2) J’ai décidé de NE PLUS JUGER LES PERSONNES. L’avertissement de Jésus « Quiconque se fâche contre son frère aura à en répondre au Tribunal » a résonné en moi comme une bombe quand je l’ai lu dans le Catéchisme de l’Église catholique dès les premiers jours de ma retraite. Car je savais que parfois, j’ai méprisé les personnes qui ne pensaient pas comme moi, ou les ai confondues avec leurs propos ou leurs actes. Le signe de cette confusion, c’est mon emportement, mes attaques ad hominem. J’ai fait le serment, depuis ma retraite au Barroux, de bénir toute personne, et surtout ceux que j’ai salis publiquement. J’ai une dette envers eux. Cette réparation va me demander un travail de toilettage de mes blogs, articles et vidéos, sans pour autant annuler tout ce que j’ai écrit, car heureusement beaucoup de mes prises de parole ne sont pas entachées de cette colère de ne pas être compris.
 

3) Mon critère d’orientation de mon existence, mon gouvernail, ça doit être uniquement l’OBÉISSANCE À L’ÉGLISE, c’est-à-dire me mettre sous le patronat, la direction, l’ordre et le conseil d’un évêque ; être envoyé. Car, comme le dit Jésus, « Qui vous accueille, M’accueille. » (Mt 10, 40).
 

Voilà, en gros, si je devais résumer mon passage au Barroux, les trois trésors que Jésus m’a révélés clairement. En douceur. Et sans que cela me soit dit par mon directeur de retraite (le Père H.).
 
 
 
 

Ma retraite a donc été ponctuée de rencontres importantes (Saint Antoine de Padoue, Dom Chautard, Père H., Élisabeth, Josiane…), de demandes de pardon (celle avec Élisabeth de Montauban a été déterminante et a tout inauguré), de tournants décisifs, de renoncement à certaines activités (j’ai décidé par exemple de quitter le journal ), de temps forts dans l’église du Barroux face à la Croix du Christ. Et sans que ça soit programmé, elle a suivi exactement la progression classique des étapes de la conversion du cœur qu’on peut observer dans les sessions charismatiques ou dans les festivals de jeunes, beaucoup plus cadrés et mieux léchés en apparence. Même déroulement !
 
Lundi 15 : Perturbation de la perte des repères ;
Mardi 16 : Immersion dans le silence ;
Mercredi 17 : Dieu m’a fait connaître mon péché ;
Jeudi 18 : Premières demandes de Réconciliation ;
Vendredi 19 : Combat spirituel et deuil du projet initial ;
Samedi 20 : Relecture et pommade de l’Esprit Saint ;
Dimanche 21 : Joie et Résurrection dominicale ;
Lundi 22 : Départ.

 

Alors que mon directeur de retraite n’a pas été du tout invasif ni cassant dans son accompagnement spirituel (même vers la fin, il a compris que le gros du cheminement avait été parcouru, et il m’a laissé finir ma retraite tranquille, tout en priant continuellement pour moi), alors que je n’ai pas suivi de retraite prêchée (comme ça aurait pu être initialement le cas, vu que je m’étais d’abord dirigé vers St Joseph de Mont-Rouge à Puimisson puis les Jésuites de Manrèse), alors que mes activités à l’abbaye ont suivi une trame très pauvre et banal (mes déplacements les 4 premiers jours se sont limités à des allées et venues entre ma chambre et l’église ; et j’assistais simplement aux offices), le Seigneur m’a travaillé d’une manière pourtant extraordinaire. J’ai découvert des vérités que seul l’Esprit Saint a pu me dire car elles ne me sont pas parvenues de bouches d’Hommes, et certainement que ça m’aurait été difficile de les recevoir sereinement par voie humaine. Jésus a tout programmé en délicatesse, aux petits oignons. C’était exactement ce qu’il me fallait !
 
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Voici un peu plus en détail comment ça s’est passé :
 
 

Lundi 15 février, j’ai effectué la route à pied de Carpentras jusqu’au Barroux. Une vingtaine de kilomètres. C’était un peu inconscient de ma part, car les voitures roulaient vite, la distance était longue, j’avais peu d’espace pour marcher, et puis surtout, le vent du Mistral soufflait à un point qu’il me déportait parfois. Mais il faisait beau et j’avais besoin de m’infliger cette mortification, de me manger tout cet Esprit Saint dans la gueule, de souffrir un peu. Pour labourer ma terre intérieure et qu’elle soit toute belle pour accueillir la semence à venir. Je suis arrivé vers 17h30, pile avant que la nuit tombe. Le frère hôtelier m’a installé dans ma chambre, mon directeur de retraite (Père H.) m’a salué, et j’ai assisté aux offices du soir. Le coucher est arrivé tôt.
 

Le jour suivant, le mardi, je me demandais ce que je faisais dans cette abbaye, quel état d’esprit je devais adopter, ce que j’allais trouver pendant cette retraite, et j’angoissais un peu à l’idée de perdre mes repères. En effet, le monastère bénédictin n’a quasiment pas de statues à vénérer, n’offre pas d’endroit autre que l’église où se recueillir, pas de petits oratoires ni d’exposition du Saint Sacrement ouverte au public, pas de coins « prière ». Même pas une statue de saint Benoît ou de saint Bernard ! Juste, dans le cloître, un Vierge de Lourdes et un petit Archange saint Michel calfeutré dans une niche. L’église est d’ailleurs très épurée, peu meublée. Dans ces conditions de pauvreté et de sobriété, ce n’est pas facile de savoir où aller, où reposer, où méditer, à part dans sa chambre, dans l’église (justement) ou en pleine nature. Et pourtant, dans cet apparent désert où se parle une langue quasi étrangère pour moi (le latin), Jésus m’avait préparé une oasis.
 
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Le mardi 16, je suis sorti à l’extérieur du bâtiment où logent les retraitants, et contre un des murs se trouvait un petit escalier en pierre aidant à gravir un talus parsemé de plantes. Je me suis assis à mi-hauteur de cet escalier, pour y lire. Et là, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir au beau milieu des lierres grimpants une statuette blanche d’un saint que n’importe quel promeneur aurait pu ignorée tellement elle était discrètement posée là : saint Antoine de Padoue ! Mon saint préféré ! Mon ami. Mon lumignon dans la nuit, quand ça ne va pas.
 
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En plus, la figurine était placée là parce que le moine-jardinier, par scrupule, n’avait certainement pas osé la jeter, alors qu’elle était en piteux état : cassée, il lui manquait l’Enfant-Jésus (ce qui n’est pas un détail !) et la Bible. Pourtant, saint Antoine avait encore été épargné et était reconnaissable par son lys blanc de la virginité.
 

Saint Antoine du Barroux

Saint Antoine du Barroux


 
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En plus, il n’avait pas une position de tête habituelle eu égard à la tradition des sculptures à son effigie (normalement, il fixe le petit Jésus, et n’a pas les yeux levés au Ciel). Ici, saint Antoine contemplait Dieu là-haut, et son doigt tenant le lys indiquait également le centre de son cœur. À travers cette statue, son improbabilité aussi, Dieu a voulu me consoler en me montrant que je n’étais pas seul. À travers son fidèle disciple médiéval, Il m’a également enseigner quelle était l’attitude que je devais suivre pour bien vivre ma retraite : ouvrir et exposer le fond de mon cœur à mon Père du Ciel, me pencher sur ma vie intérieure (= Jésus). J’avais juste à me laisser aimer par Lui et à m’offrir pour que mon cœur se consume au Sien. C’était tout simple. Comme j’ai été touché par cette délicatesse ! Même le frère qui me suivait en direction spirituelle ignorait l’existence de cette statue.
 
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Dans la journée, le père H., justement, est venu me rendre visite dans ma cellule pour m’écouter. Il m’a beaucoup écouté et a simplement capté mon attention sur la puissance active de la prière. Le poumon de l’Église apostolique, c’est l’Église monacale. Ce sont les monastères, les couvents et les abbayes ! Et même dans la vie d’un serviteur de Dieu dédié à l’apostolat, il ne prêchera rien s’il ne prie pas et s’il ne reçoit pas d’abord l’Amour de Dieu qu’il pourra ensuite transmettre.
 

Mercredi 17 février, à 6h20 du matin, alors que j’étais déjà bien éveillé, un « détail » troublant a inauguré ma journée. J’ai vu au plafond de ma chambre près de la fenêtre, à travers les rideaux fermés, des filets de lumière bleutée au plafond. Ça n’a duré que trois secondes. Mais je peux vous assurer qu’il ne s’agissait pas des éboueurs du coin ni des gyrophares de voiture de policiers ou d’ambulance. Je crois que la Vierge Marie voulait me signifier qu’elle était là auprès de moi, qu’elle ne m’abandonnait pas.
 

Ce mercredi, lors de sa deuxième visite, le frère H. m’a dit quelque chose qui m’a marqué, alors que ça pourrait sembler anodin : « L’apostolat, c’est pas notre truc. » Il parlait au nom des bénédictins. Et intérieurement, ça a déclenché en moi une réaction en ricochet que j’ai réprimée : « Eh bien moi c’est mon truc ! » L’appel à l’apostolat, c’est quelque chose qui m’habite vraiment. Cette remarque aura son importance pour le jour suivant, vous allez voir.
 

En dernier conseil, le frère H. m’a dit qu’il ne fallait pas que j’hésite à solliciter l’Esprit Saint. Ce que je fis dès le temps des complies le soir même. Je ne me doutais pas de la manière dont Il allait s’y prendre le lendemain. (Pendant ces complies, j’ai imploré spécialement l’Esprit en exprimant un remord et un souhait de réconciliation à l’égard d’une femme quadragénaire, Élisabeth, à qui j’avais parlé trop sèchement sur Facebook et que j’avais virée de mes contacts récemment.)
 
 

Jeudi 18 février, la journée s’annonçait comme les autres, à part qu’il faisait moins beau dehors, et que dans un coin de ma tête, je me demandais ce que le frère H. et moi allions bien avoir de nouveau à nous dire. Non pas que nous tournions en rond pendant nos entretiens, mais il me semblait que nous aurions pu, par la suite, avoir épuisé très vite tout ce qu’il y avait à dire sur mon projet d’évangélisation. Donc j’avais quelques inquiétudes du blanc. J’avais passé le gros de ma journée à recopier sur Word mes notes du Catéchisme de l’Église catholique dont j’ai achevé enfin la lecture. En début d’après-midi, l’idée m’est venue d’aller faire un tour à la bibliothèque des frères pour voir s’il avait un livre sur Saint Antoine de Padoue. J’avais bien apporté dans mes affaires le pavé du père Malachi-Martin dépeignant les scandales du Vatican et l’arrivée du Schisme dans l’Église, mais je n’ai plus envie de lire ce genre de livres. Vu le contexte, je ne les sentais plus.
 

Finalement, ne trouvant pas de biographie sur saint Antoine, je suis remonté dans ma chambre, bredouille. Et là, sur l’étagère de livres qui surplombait mon bureau, un petit livre a attiré mon attention car il comportait le mot « apostolat » qui m’avait fait réagir la veille dans la bouche du frère H. : il s’agissait de L’Âme de tout apostolat du cistercien Dom Jean-Baptiste Chautard. Un guide pratique publié en 1907, taillé sur mesure avec l’appel à l’apostolat que Dieu m’avait donné et pour lequel je m’étais déplacé au Barroux, car à la fois ce livre ne contredisait absolument pas mon projet de départ et m’encourageait vraiment à me jeter à l’eau (d’ailleurs, si j’avais décidé de partir sur les routes, c’était plus pour cultiver ma Vie intérieure que pour prêcher, plus pour être évangélisé que pour évangéliser, plus pour m’intérioriser que m’extérioriser), à la fois il me révélait que jusqu’à présent j’avais cru davantage au pouvoir des actions et des mots qu’au pouvoir de la prière… même si je priais quand même. Et cette inversion perverse des priorités était savamment occultée par les richesses objectives que Dieu m’avait données depuis des années grâce au pouvoir réel de mes prises de parole publiques : je suis doté d’une pensée originale, d’une intelligence et d’un don de la parole qui donneraient à croire que je pourrais me passer de prier et de soigner ma Vie intérieure, que je pourrais me lancer dans l’apostolat en suivant une formation à l’intimité avec Dieu « en accéléré ». Alors que pas du tout. Si je devais partir dans la rue, ça devait être avant tout pour me la fermer. Et si un jour je parlais, ce serait dans longtemps, et après concertation et longs entretiens préalables avec le Christ.
 
L'âme de tout apostolat
 

Dans L’âme de tout apostolat, Dom Jean-Baptiste Chautard (1858-1935) parlent en effet pour tous les « volontaires » de Jésus, en distinguant (sans les opposer) les ordres contemplatifs et les « personnes d’œuvres ». D’entrée, il voit d’un très bon œil les férus d’œuvres, les guerriers pour le Royaume, les hommes d’action, pour qui la vie intérieure n’est pas la priorité. « Ce volume ne s’adresse qu’aux hommes d’œuvres animés d’un ardent désir de se dépenser, mais exposés à négliger les mesures nécessaires pour que leur dévouement soit fécond pour les âmes sans être pour eux-mêmes un dissolvant de vie intérieure. Stimuler les prétendus apôtres qui ont le culte du repos, galvaniser les âmes que l’égoïsme illusionne parce qu’il leur montre dans l’oisiveté un moyen de favoriser la piété, secouer l’indifférence de ces indolents, de ces endormis qui dans l’espoir de quelques avantages ou honneurs accepteront certaines œuvres, pourvu qu’elles ne troublent en rien leur quiétude et leur idéal de tranquillité, tel n’est point notre but. Cette tâche exigerait un ouvrage spécial. Laissant donc à d’autres le soin de faire comprendre à cette catégorie d’apathiques les responsabilités d’une existence que Dieu voulait active et que le démon d’accord avec la nature rend inféconde par manque d’activité et par défaut de zèle, revenons aux chers et vénérés confrères à qui nos pages sont réservées. ». (p. 27)
 

Le père Chautard va même jusqu’à encourager les évangélisateurs zélés : « Que ces humbles pages aillent aux soldats, qui, tout zèle, tout ardeur pour leur noble mission, s’exposent en vertu même de l’activité qu’ils déploient, au péril de n’être point, avant tout, des hommes de vie intérieure, et qui, s’ils en étaient un jour punis par des insuccès en apparence inexplicables autant que par de graves dommages spirituels, seraient alors tentés d’abandonner la lutte et de rentrer découragés sous la tente. Les pensées développées dans ce livre nous ont aidé nous-mêmes à lutter contre l’extériorisation par les œuvres. Puissent-elles éviter à quelques-uns ces déboires, et mieux guider leur courage, en leur montrant que jamais le Dieu des œuvres ne doit être délaissé pour les œuvres de Dieu, et que le ‘Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile !’ (1 Co 9) ne nous donne pas le droit d’oublier le ‘Pour moi, bien volontiers je dépenserai et je me dépenserai encore moi-même tout entier pour vos âmes’ (2 Co, 12). » (p. 7)
 

Dom Jean-Baptiste Chautard

Dom Jean-Baptiste Chautard


 

Sans brider les élans missionnaires, Dom Chautard met en garde contre l’hérésie pharisienne des œuvres, de la fièvre humaniste et humanitaire qui se sert de Jésus pour s’acheter une humilité, mais qui obéit prioritairement à l’égo : « Dieu veut que Jésus soit la Vie des œuvres. » (p. 8) ; « Se conduire pratiquement en s’occupant des œuvres comme si Jésus n’en était pas seul le principe de vie est qualifié par le cardinal Mermillod d’‘HÉRÉSIE DES ŒUVRES’. Par cette expression, il stigmatise l’aberration d’un apôtre qui, oubliant son rôle secondaire et subordonné, n’attendrait que de son activité personnelle et de ses talents les succès de son apostolat. » (pp. 10-11) Le frère Chautard évoque même « l’insensé ouvrier évangélique ! » (p. 11), les « faux christs » (p. 12).
 

Pour échapper à la tentation de prendre la place de l’action de Dieu, il indique plusieurs clés, dont la n°7 qui m’a interpelée : « Septième vérité : Je dois craindre sérieusement de n’avoir pas le degré de vie intérieure que Jésus exige de moi. » (p. 18) Il prend l’exemple de l’oraison du matin, la messe, les sacrements et offices, examens particulier et général, les lectures pieuses, un minimum de recueillement. « Ma Vie intérieure sera ce qu’est ma Garde du Cœur. » (p. 19). Il s’agit de « » (Heb 11, 27). Il me faut « préserver fréquemment tous mes actes de tout ce qui pourrait vicier leur mobile ou leur accomplissement » (p. 19). « Cet exercice se pratique à toute heure. » (p. 19). « Que ferait Jésus ? Comment se comporterait-il à ma place ? Que me conseillerait-il ? Que demande-t-il de moi en ce moment ? Telles sont les questions qui viennent spontanément à l’âme avide de vie intérieure. » (p. 20) Même Jésus s’en référait à son Père pour prendre une décision et avant d’agir : « Je suis descendu du Ciel non pour faire ma volonté mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. ». Le frère Chautard rajoute ces précisions importantes : « Onzième vérité : Jésus doit être et veut être la vie de ces œuvres. Mes efforts à eux seuls ne sont rien, absolument rien. ‘Sans moi, vous ne pouvez rien faire.’ (Jn 15, 5). Ils ne seront utiles et bénis de Dieu que si, par une vraie vie intérieure, je les unis constamment à l’action vivifiante de Jésus. Ils deviendront alors tout puissants. ‘Je puis tout en Celui qui me fortifie.’ (Phil, 4 – 13). S’ils provenaient d’une orgueilleuse suffisance, de la confiance en mes talents, du désir des succès, ils seraient rejetés de Dieu, car ne serait-ce pas sacrilège folie de ma part de ravir à Dieu, pour m’en parer, quelque chose de sa gloire ? » (p. 21)
 

Le frère cistercien non seulement ne cherchent pas à éteindre notre liberté par son appel à l’abandon à Dieu-intérieur, mais il veut la renforcer, nous aider à l’incarner : « Loin d’engendrer en moi la pusillanimité, cette conviction sera ma force. Et quel besoin de prière elle me donnera pour obtenir cette humilité, trésor pour mon âme, assurance du secours de Dieu et gage de succès pour mes œuvres ! » (p. 22) ; « Cette vie intérieure est un principe de dévouement. » (p. 28) ; « Pénétré de l’importance de ce principe, je m’examinerai sérieusement pendant mes retraites pour reconnaître 1) si ma conviction de nullité de mon action lorsqu’elle est seule et de sa force lorsqu’elle est unie à celle de Jésus, ne m’émousse point ; 2) si j’exclus impitoyablement toute complaisance et vanité, tout retour sur moi dans ma vie d’apôtre ; 3) si je me maintiens dans une défiance absolue de moi-même ; 4) si je prie Dieu de vivifier mes œuvres et de me préserver de l’orgueil, premier et principal obstacle à son concours. » (p. 22)
 

Bref. Grâce au livre du frère Chautard, j’ai bien été mis en garde contre la tentation de « l’amour de l’action pour l’action », de « vivre hors de moi-même », de l’« admiration exclusive pour les œuvres ». Cette tentation ne concerne pas que l’homme d’œuvres : elle concerne aussi l’homme de paroles ou de pensée (même apparemment brillantes et fécondes) comme moi. L’intelligence, le talent, les mots, les actions, s’ils ne sont pas puisés en Dieu, sont une lèpre. Le père Chautard prévient contre ce qu’il appelle « la piété de sentiment » (p. 110), à savoir une « piété de milieu, d’entraînement, faite exclusivement de pratiques et d’habitudes, ne donnant que des croyances vagues, un amour sans chaleur et des vertus sans racines. Piété flasque, toute de devanture, de mièvrerie, ou de routine. ‘Pieuseté’ formant de bons enfants incapables de causer de la peine, des maniérés sachant faire la révérence, mais sans force de caractère, à la remorque de leur sensibilité et de leur imagination. » (p. 111)

 

Le père Chautard présente la culture de la vie intérieure comme un vrai travail : « Travail intime, assidu et constant. Et cependant c’est précisément par ce travail que l’âme acquiert une facilité merveilleuse et une étonnante rapidité d’exécution pour les travaux apostoliques. » (p. 33) ; « Ceux qui prient, disait après sa conversion l’éminent homme d’État, Donoso Cortès, font plus pour le monde que ceux qui combattent. » (p. 36). « Dix Carmélites priant, affimait un Évêque de Cochinchine au gouverneur de Saïgon, me seront d’un plus grand secours que vingt missionnaires prêchant. » (p. 38) Et de surcroît, Dom Chautard rappelle la nécessité des œuvres : « Déserter le champ de bataille sous prétexte de mieux cultiver son âme et d’arriver à une union plus parfaite avec Dieu, serait pure illusion et dans certains cas source de vrais dangers. » (p. 43) Saint Thomas d’Aquin corrobore cela : « La vie contemplative est en soi d’un plus grand mérite que la vie active. Il peut néanmoins arriver qu’un homme mérite davantage en faisant un acte extérieur : par exemple, si à cause de l’abondance du divin amour, pour accomplir la volonté de Dieu, pour sa gloire, on supporte parfois d’être privé pour un temps de la douceur de la divine contemplation. » Le livre L’âme de tout apostolat souligne le danger du quiétisme comme celui de l’activisme.
 

En prenant conscience de la tension entre prière et action, ou entre sphère religieuse intérieure et sphère religieuse extérieure, je n’annule pas les œuvres (verbales, écrites) que j’ai pu posées, et que je poserai encore, car elles sont utiles, proposantes et souvent vraies. Dans tout ce que j’ai dit, il y a un mélange entre des choses très utiles (voire uniques et exceptionnelles) et des choses superflues, stériles, orgueilleuses et agressives. J’ai été commentateur plus qu’acteur, canal plutôt que réservoir, observateur plus que contemplatif, inspecteur du négatif plus que du positif, justement parce que je me focalisais sur l’action de mes mots et de ma pensée et non sur la paix d’un silence christique. J’ai davantage critiqué que proposé et prié. J’ai fait des remontrances davantage publiquement qu’en privé. J’ai sans doute trop parlé, et sans la légitimité/l’humilité/le recul qui convenaient. Mais je ne veux pas renoncer à parler moins et mieux. Ou, dit autrement, je ne veux pas renoncer à laisser davantage parler Dieu en moi, et Le mettre davantage au centre que je ne l’ai fait jusqu’à présent. L’apostolat ne doit être que le don du surplus de mon oraison.
 
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Juste avant le dîner à l’abbaye, j’ai eu l’envie d’écrire un mail de demande de pardon à l’amie dont je parlais un peu plus haut, Élisabeth, qui s’était montrée désagréable avec moi la semaine précédente sur Facebook et que j’avais retirée de ma liste de contacts car à chaque fois qu’elle intervenait sur mon mur, c’était pour me faire des remarques cyniques. Cependant, dans la manière que j’avais eue de lui répondre, j’y étais allé trop fort, trop dur. Et la veille, pendant ma prière, comme je vous l’ai dit, j’avais supplié Jésus et l’Esprit Saint que cette amie ne me ferme pas sa porte et me laisse une seconde chance de me faire pardonner. J’ai donc écrit mon mail et envoyé une demande d’ajout d’ami (eh oui, contre toute attente, au Barroux, les sites internet sont quasiment tous inaccessibles… mais en revanche, Dieu a permis que j’aie la Wi-fi, l’accès à ma messagerie, et – le plus surprenant – à Facebook et Twitter. Certainement pour que les pardons aient lieu !). Ce n’est qu’après le dîner que j’ai vu d’une part qu’Élisabeth avait accepté ma demande de contact, et d’autre part son long message de Miséricorde, où elle me pardonnait vraiment avec son cœur et en me montrant ses blessures. C’était magnifique. Et le plus ahurissant, c’est qu’elle m’a avoué m’avoir débloqué seulement la veille… au même moment où j’avais prié l’Esprit Saint ! Comme quoi la prière avait effectivement bien agi ! Et avait devancé les mots. CQFD. Ces imbroglios virtuels peuvent paraître, de l’extérieur, des broutilles adolescentes. Mais en réalité, ils font souvent énormément souffrir, ne sont pas rien, et quand ils se résolvent, peuvent libérer aussi beaucoup.
 

Ce jeudi soir, pendant les complies dans l’obscurité de l’église, même si je n’étais pas très attentif aux psalmodies, je me sentais en état de grâce, comme amoureux, sur un nuage. Je trouvais Jésus, l’Esprit et le Père magnifiques. Et puis j’ai compris pourquoi la grande Croix du Christ, illuminée et placée sur l’autel, m’hypnotisait depuis mon arrivée. On a vraiment l’impression qu’elle plane toute seule dans les airs car les cordages qui la maintiennent en suspension sont rendus invisibles par l’obscurité. Sa simple vue paraît déjà une préfiguration réaliste de la vision béatifique du grand Retour de Jésus en Gloire à la fin des temps ou le jour de notre mort. D’ailleurs, le Christ en Croix du Barroux est crucifié tout habillé. C’est sa particularité. Il est représenté déjà ressuscité, couronné, m’a expliqué le frère H.. C’est donc une Croix qui appelle à la prière, à la prise de conscience de l’eschatologie chrétienne, et d’où émane le miracle de la Résurrection avec une saisissante actualité.
 
Croix
 

Vendredi 19 février, lors de la messe, le Seigneur m’a fait une blague sérieuse, en jouant avec le double sens du mot « homo » permis par le latin, dans l’Évangile selon saint Jean, au chapitre 5 : « Quis est ille homo qui dixit tibi : tolle grabattum tuum et ambula ? » (Quel est l’homme/l’homo qui t’a dit : Prends ton grabat et marche ?) Peut-être que je me fais des films tout seul. Mais je ne crois pas. Jésus est tout à fait capable, sur le moment, de s’incorporer en nous, et même chez la personne homo, pour témoigner, par notre homosexualité, de sa Miséricorde et de son pouvoir en nous de guérir les autres. Truc de fou.
 

Dans la journée, j’ai poursuivi ma lecture de Don Chautard, à l’extérieur de l’abbaye cette fois, avec ma couverture bleue, sur le parking des visiteurs de l’abbaye (c’était la première fois que je m’aventurais à sortir de l’enclos monacal dans lequel j’étais resté depuis lundi). Avec L’Âme de tout apostolat, j’aurais voulu avoir meilleur guide pour ma recherche vocationnelle spécifique, ou meilleur substitut à une retraite prêchée, que je n’aurais pas pu le trouver ! Une retraite guidée même par des topos intéressants (comme « Comment faire les bons choix ? », « Comment discerner ma vocation ? », « le combat spirituel », et même consacré à « l’engagement ») eût été hors sujet par rapport à ma recherche : elle l’aurait soit freinée, soit survolée. Que le Seigneur est bon en nous donnant le meilleur et le plus adapté à nos besoins du moment ! Ce livre est tellement dense (jamais je n’ai lu un ouvrage avec une telle attention) que c’en était troublant. J’aurais voulu, pour gagner di temps, survoler certains passages, sauter des lignes ou des paragraphes, mais aucun n’était à jeter. Tout était à surligner.
 

Ce vendredi de Carême, j’ai découvert, malgré le décorum brillant (encore que plus tellement actuellement) de mon apostolat (brillance entretenue par quelques rares admirateurs et par le caractère inédit des sujets que je traite) toute la supercherie et la laideur de mon statut de « témoin médiatique », de mon œuvre « littéraire », « musicale », « audiovisuelle ». Bien sûr, il ne s’agit pas de tout jeter ou de tout noircir de ce que j’ai fait précédemment : je n’ai pas à rougir de tout. Mais je sais, au fond de mon cœur, qu’il y avait un déséquilibre grandissant entre ma vie intérieure et ma vie publique, et un abandon progressif de Dieu. Et très peu de personne pour me le dire ou me le verbaliser. Le Cardinal Lavigerie dit bien que la frontière est mince entre le saint et le pervers : « Pour un apôtre, il n’y a pas de milieu entre la sainteté complète (au moins désirée et poursuivie avec fidélité et courage) ou la perversion absolue. » (cité par Dom Chautard, p. 79) Au risque de paraître excessif, je crois vraiment que le livre L’Âme de tout apostolat de Dom Chautard m’a sauvé du naufrage, a stoppé ma course vers l’enfer. Tel que j’étais parti, j’allais au trou. J’étais (et je suis encore) en grand danger (de contre-témoignage, voire carrément de damnation, n’ayons pas peur des mots) et je ne le savais même pas. Toute la description qu’il fait du faux prophète qui s’installe dans son témoignage (de la p. 78 à la p. 91), qui succombe à la « tiédeur de volonté » (p. 85), qui s’achemine vers « l’abandon de l’oraison et de tout règlement » (p. 85), vers « la négligence dans la récitation du bréviaire » (p. 85), qui ne développe pas « le goût de l’oraison, l’esprit de sacrifice, l’habitude de la garde du cœur », qui mise beaucoup plus sur les œuvres et ses occupations que sur Jésus, c’est moi.
 
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Ce qui est dingue, c’est la précision chirurgicale et la délicatesse avec lesquelles opère le Seigneur. C’est tellement personnalisé, c’est tellement du « sur mesures », ce livre de Dom Chautard ! Je me vois dedans. S’il avait porté le titre Pour Philippe Ariño quand il viendra faire une retraite ici au Barroux, je l’aurais cru ! Le « pire », c’est que ce livre ne m’a même pas été conseillé par mon directeur de retraite. J’ai été libre de le choisir sur l’étalage de mon bureau (même si le choix a été accidentellement orienté par ce que m’a dit mon directeur). Et les quinze autres livres dans ma chambre, que j’aurais très bien pu lire aussi (il aurait suffi d’un seul autre livre pour détourner entièrement mon attention de L’âme de tout apostolat et le concurrencer !), n’auraient pas bousculé autant mes meubles intérieurs et extérieurs : Le Combat spirituel de Laurent Scupoli, La Vie et la Règle de Saint Benoît, La Vie du petit saint Placide de Geneviève Gallois, La messe commentée, Amour et silence par un chartreux, et même Entretiens sur la vie intérieure de Dom Romain Banquet, auraient sans doute, malgré leur intérêt certain, tapé à côté…
 

L’âme de tout apostolat est pile écrit pour ceux qui veulent faire le saut immédiat de l’évangélisation. Il correspondait pile poil à ma situation. Et il m’encourage à la méfiance perpétuelle de moi-même, à la méfiance envers mes œuvres, et à la confiance toute entière en Dieu à l’intérieur de moi. Il me disait que sans l’humiliation et sans l’oraison, sans la « prise en compte d’un péril incessant » de mes actes et de mon âme (p. 94), j’allais droit au mur : « L’apôtre VRAI connaît les périls que font naître les œuvres. Il les redoute et chaque jour se précautionne contre eux par un sérieux examen de conscience qui lui découvre ses points faibles. » (p. 94) Cependant, après la crainte, Il apportait sa miséricorde : « Dieu ne punit point cette faiblesse par une diminution de sa grâce, et il ne tient pas rigueur de ces défaillances, POURVU QU’IL Y AIT EU EFFORTS SÉRIEUX de vigilance et de prière pendant l’action, et que l’âme se dispose, le travail achevé, à revenir près de Lui se reposer et réparer ses forces. Ces perpétuels RE-COMMENCEMENTS occasionnés par l’entrelacement de vie active et de vie intérieure réjouissent son cœur paternel. » (pp. 96-97)
 

Ce livre m’a démasqué ! Je le dis sans fausse modestie. J’ai découvert que je n’étais qu’un petit prétentieux. J’ai eu tant de paroles mordantes depuis que je parle publiquement. Des paroles apparemment utiles et vraies, d’un point de vue extérieur, contextuel, rentable et instantané… mais finalement beaucoup moins fécondes qu’une prière ou une remontrance privée ! L’insolence de ma situation (= lecture de Dom Chautard) aurait pu me vexer terriblement tant elle touchait juste, et en plus en tout Amour, en tout humour. Sur le coup, pendant l’office de None dans l’église justement, elle m’aurait fait presque rire. Mais elle m’a quand même fait davantage pleurer (… de honte et de joie). La Parole de Dieu, et les retraites au Barroux, ça décoiffe, je peux vous l’assurer ! Ça fait tomber les vieilles peaux. C’était comique tellement c’était précis, c’était vexant tellement c’était imparable, touchant tellement c’était fait de telle sorte que je ne m’en sente pas trop humilié. J’ai découvert combien mon âme était en grand et perpétuel danger, d’autant plus parce que je me croyais relativement à l’abri de la damnation. Cette vérité-là, je n’aurais sans doute pas été capable de l’entendre pendant un enseignement d’une retraite prêchée par les Jésuites, pas même un enseignement consacré à la thématique de l’apostolat. Je n’aurais pas pu l’entendre pendant une conférence sur la nécessité de l’engagement politique et social des catholiques. Cette vérité-là sur moi-même (l’état désastreux de mon âme, mon statut d’imposteur public, d’éternel pécheur sur terre), je n’aurais pas pu l’entendre des retraitants (en début d’après-midi, sur le parking, l’un des prêtres en soutane qui a séjourné en même temps que moi à l’abbaye et qui était sur le départ, est venu me féliciter pour « la beauté de mon témoignage » : ironie du sort, à ce moment-là, ma notoriété me débectait tellement qu’il m’aurait donné une fleur fanée en guise de bravo, c’eût été pareil). Cette vérité-là sur moi-même, probablement que je n’aurais même pas été en capacité de la recevoir par une mise en garde directe de mon accompagnateur, au demeurant très solide, mais suffisamment pressionné par ma susceptibilité, par le lien d’affection fort qui le lie à ma mère spirituelle qui m’avait envoyé à lui puisque c’était son parrain, par mon intelligence, pour ne pas oser me dire trop cash les choses et me décourager. Il fallait, pour que je la reçoive calmement et qu’elle soit féconde, que je reçoive la claque du vendredi de Carême par un moyen surnaturel, lointain, extérieur, pas trop brutal et humanisé : un livre. Mais aussi l’Eucharistie, l’Esprit Saint, les paroles de la Bible (et notamment les psaumes, omniprésents dans la liturgie des heures bénédictine). La lecture de L’âme de tout apostolat, comme je le disais, a constitué la claque du vendredi de Carême. Mais qu’est-ce que ça faisait du bien que Dieu mette vraiment le doigt là où ça faisait mal, qu’Il me mette le nez devant les risques réels de l’entreprise dans laquelle je m’apprêtais à me lancer. Dieu veille sur toutes ses brebis, c’est impressionnant !
 

Vendredi après-midi, le frère H. est venu me visiter pour la troisième reprise. C’était à la fois très clair et attendu (ses conseils se dirigeaient vers la cultivation, en moi, de la vie intérieure et vers l’obéissance), à la fois crucifiant (mon projet de départ dans la nature se délitait de lui-même). Mes plans s’envolaient en fumée. J’étais symboliquement nu. Mais la découverte que j’avais laissé à l’abandon mon Christ intérieur était trop grande, trop enthousiasmante : cette retraite me révélait une amertume (j’ai un trésor intérieur que j’ai négligé au profit de mes trésors extérieurs périssables) mais aussi un nouveau trésor réjouissant (mon trésor intérieur n’était pas perdu, je pouvais le récupérer et le retrouver en Lui accordant ma vie) ! Le frère H. n’a même pas eu à argumenter, à briser des rêves, à me contredire. C’est ma retraite et le livre de Dom Chautard qui avaient parlé. Le père H. n’a fait que me conseiller de prier l’Esprit Saint pour qu’Il m’éclaire.
 

Pendant l’entretien, j’ai senti que le frère H. se laissait impressionner par mon homosexualité, car je l’entendais lui accorder trop d’importance, me définir comme un « récent converti » qui sortait tout juste d’expériences traumatisantes et qui a fait une « grande conversion ». Je l’ai laissé accorder trop d’importance à mon homosexualité et minorer mes 29 premières années de virginité, mes 35 années de pratique et d’éducation religieuse, me traiter comme un jeune converti bon pour être hébergé chez Tim Guénard. Je me disait que ça faisait partie de mon pack « Humilité », de l’obéissance et du sens que voulait donner Jésus à ma retraite. C’était peut-être moi qui me croyais trop vite sorti de l’homosexualité, qui banalisais le traumatisme de mes 1 an et demi de pratique homo, et qui surestimais ma force pour l’apostolat. Je l’ai laissé dire sans broncher.
 

Ce vendredi de Carême a été fidèle à l’image que je me faisais des vendredis saints et des Mystères douloureux. J’ai pleuré parce que soudain face à moi, c’étaient un avenir incertain, un virage dans le brouillard, qui se profilaient. Après mon entrevue avec le frère H., j’ai envoyé un mail à un évêque en qui j’ai confiance pour le préparer à recevoir une lettre de ma part, avec un compte-rendu détaillé de retraite et une demande de rendez-vous, si possible au moment où je savais que je serais à Lourdes (entre le 5 et le 6 mars prochains). Puis, juste avant les complies, je suis allé implorer (en larmes) l’aide de l’Esprit Saint et de saint Antoine de Padoue, avec ma couverture bleue, sur les marches de la statue de saint Antoine, autour de 19 h justement, en priant spécialement pour l’évêque sollicité. Et v’là t’y pas qu’en revenant dans ma chambre, un mail de Mgr, daté de 19h02, est arrivé : positif ! La prière, c’est encore plus précis et inattendu que le téléphone. Bon, à partir de là, il ne me restait plus qu’à suivre l’Esprit Saint pour qu’Il me fasse écrire un super compte-rendu de retraite.
 

Le soir, je suis passé très rapidement sur les réseaux sociaux. Je ne lisais dans les « posts » de mes amis que des commentaires négatifs, superficiels et critiques, que des réactions réactionnaires sur l’actualité. Mes congénères se consolaient et se vengeaient comme ils pouvaient de ne pas assez agir pour le Seigneur et de ne pas assez prier. Mais que de jactance pour pas grand-chose ! Je suis tombé bon nombre de fois dans le panneau, alors je me permets ce constat.
 

Samedi 20 février, ce fut une journée sans filet pour moi : le père H. avait moins de temps à me consacrer samedi (idem pour le dimanche et le lundi qui approchaient). Je crois qu’il a compris que la retraite avait fait son bel effet. Je suis allé m’acheter à la librairie de l’abbaye L’âme de tout apôtre : je décidai qu’il serait mon livre de chevet, pour garder le plus longtemps possible en mémoire les trésors de grâces qui se trouvent à chaque page. Un groupe de scouts adultes est arrivé à l’abbaye pour faire une recollection. Même s’ils étaient d’Europe donc supposément éduqués à l’intériorité, j’arrivais quand même à les trouver encore trop bavards (le silence de l’abbaye commençait vraiment à déteindre sur moi !).
 

Pendant les offices du samedi, je me suis aperçu que le contact régulier et néanmoins un peu distant avec ces 50 hommes de prière m’enveloppait comme une vague de mer qui venait chercher le grain de sable et l’attirer vers Dieu, l’aider à prier. Même si je ne suivais pas encore tout, si je ne comprenais pas tout, si la monophonie des chants en latin pouvait toujours me rebuter un peu. Cela tenait du miracle que la puissance de l’Église soit aussi contagieuse. Ça ne peut pas vraiment s’exprimer par des mots. Je vivais une retraite sensationnelle. Pourtant, d’aucun l’auraient vue comme anodine, voire même comme un abandon car le frère qui me suivait m’a laissé libre de mon emploi du temps et s’est occupé de moi surtout d à distance, dans l’invisible de la prière.
 

Le samedi, je me sentais minable mais aimé, alors je n’étais pas triste comme la veille. Le Seigneur a eu assez pitié de moi pour me permettre de faire le constat tout seul que je me préparais à devenir un gros connard au fil des années, un faux prophète que beaucoup voyaient comme saint, mais qui en réalité allait laisser sa Vie intérieure s’assécher dans la critique permanente et l’assurance d’avoir raison tout seul. Et le pire, c’est que depuis un an, je me plaignais de voir que mes amis me délaissaient, qu’on ne m’invitait plus en conférence. Je jouais l’incompris. Certes, il y avait l’homophobie réelle au sein de l’Église et dans la société, il y avait l’ignorance, la bêtise et l’endurcissement des cœurs. Mais pas que. Et les amis qui essayaient de m’avertir de l’« hérésie des œuvres », de l’hérésie des prises de parole radicales, de l’hérésie du commentaire systématique, de l’hérésie de la plainte, de l’« hérésie de la Vérité sans Charité et sans prière » en résumé, finissaient soit par lâcher l’affaire avec moi et bouder dans leur coin, soit par voir dans mon intransigeance une énigmatique radicalité sainte. Je sais qu’il n’en était quasiment rien (de ma « sainteté accomplie »). Même si je ne dois pas me diaboliser à l’excès ni détruire les belles paroles que j’ai dites, ni oublier la charité et la douceur véritables que certaines d’entre elles avaient (car je ne suis pas un mauvais bougre ni un imbécile, et mes écrits sur l’homosexualité sont nécessaires, puissants).
 

Au Barroux, j’en étais rendu à un point où mon statut d’homme public et la gloriole que j’avais pu en tirer me faisaient honte. Je n’en voulais plus. Ou en tous cas, pas comme avant. Dernièrement, par téléphone, mon grand frère Louis-Marie avait eu à mon égard une parole de remontrance et de correction fraternelle pleine de sagesse. C’était à propos d’un billet incendiaire que j’avais écrit à l’attention de la Conférence des Évêques de France (CEF) suite à l’assemblée plénière de Lourdes juste après le Synode de novembre 2015 sur la famille, où je m’étais permis de me fâcher contre le discours de Mgr Pontier, le président de la CEF. Très fraternellement, mon frère m’avait dit d’un soupir plein de tendresse et de lamentation mêlées : « Certes, tu as raison… mais pas comme ça. Tu n’aurais pas dû. Tu aurais pu te contenter de prier pour eux, ça aurait eu davantage d’efficacité. » Moi, à l’autre bout du fil, je me trouvais des excuses. J’accueillais en partie son recadrage, mais je me félicitais intérieurement de mon incorrigible – et finalement « admissible » à mes yeux – impertinence, je me gaussais de mes frondes « sans concession et politiquement incorrectes ». Mais je n’écoutais pas vraiment et m’endurcissais dans le sentiment d’« avoir quand même un peu raison d’être dur ». Je me moquais de ceux qui m’appelaient à l’amour et à la Charité, leur soutenant qu’ils étaient « schizos » de dissocier en moi fond et forme, et de ne pas me prendre comme un Tout. Et je profitais de mon statut d’Insolent public, qui possède la puissante singularité de parler d’homosexualité comme personne, avec la pertinence et la continence qu’il faut, pour ne pas me remettre un poil en question ni laisser la première place au Christ. Jeune con que j’étais et que je suis encore !
 

L’Amour du Seigneur, c’est qu’Il m’a épargné l’humiliation d’entendre ça de la bouche d’un humain présent en chair et en os face à moi. Dans sa grande Miséricorde, il a tenu à ce que je me rende compte de mon péché, de l’état désastreux de mon âme, de mon identité d’antéchrist et de faux prophète, par la douceur, par une retraite « anodine », par la solitude, par la distance relative de mon directeur de retraite, par un petit livre discret d’un moine cistercien venu du fond des temps (l’abbé Chautard). Certainement qu’en ayant été plus direct et plus descriptif, Jésus savait que je me serais caché, que mon cœur n’y aurait pas survécu, que le sentiment de honte et d’imposture m’aurait submergé, que je me serais enfermé dans ma coquille de vexation. Il m’a préservé de la honte en me laissant une seconde chance. Gloire à Lui ! Et pardon, pardon, pardon. Je veux désormais passer du temps à prier pour ceux avec qui je ne suis pas d’accord, et à ne dire que du bien d’eux (Ça vaut aussi pour les évêques, les cardinaux, le Pape, Virginie Tellenne, Ludovine de la Rochère, Jacques de Guillebon, Koz Toujours, Tugdual Derville, l’abbé Grosjean, nos dirigeants, mon frère jumeau, etc.).
 

Pendant la messe de ce samedi matin, à la fois une grande plainte et une profonde angoisse me submergeaient (« Que de temps j’ai perdu ! »), à la fois une vraie action de grâce montait de mon cœur (« Merci Seigneur, grâce à cette retraite, de m’avoir fait connaître mon péché et mon visage d’orgueilleux ! Je veux dorénavant chanter les louanges de tout le monde, et en particulier de ceux que je n’aime pas assez et dont les paroles m’énerveraient ! »). Mon Carême, il fallait que ce soit un Carême de vie extérieure : finies les paroles acerbes, les critiques, les constats négatifs (même avérés), les médisances ayant l’apparence de la Vérité, les avis sur tout. Ce dont tu vas te priver, Philippe Ariño, ce n’est pas de chocolat (de toute façon, niveau nourriture, je mange dans l’année pire que le menu de Carême qu’on me donne à l’abbaye du Barroux ! Alors où serait le mérite de ma privation de nourriture ?), ce n’est pas de tes vêtements ni de ton toit ni de ton argent (en tout cas, pas tout de suite) ; mais c’est de PAROLES, et en particulier de paroles mauvaises qui te soulageaient mais qui faisaient bien plus de mal que de bien ! Carême d’AVIS ! Carême d’OPINION ! Carême d’IRONIE ! Car tout ça, c’est dans mon cas la richesse pharisienne la plus difficile à lâcher ! Lors de la messe, les lectures étaient très importantes : « Cherchez toujours le bien entre vous et envers tous. Soyez toujours dans la joie. Priez sans cesse. Éprouvez tout et retenez ce qui est bon. Abstenez-vous de tout ce qui a l’apparence du mal. » (saint Paul aux Thessaloniciens, I 5, 14-23). Et je rajoute les paroles du Christ et qui m’ont bien foutu les boules 3 jours auparavant quand je les ai lues sur le Catéchisme de l’Église catholique : « Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ! » (Mat 5, 20-26) Ça va loin. Et on a beau tourner la phrase dans tous les sens pour euphémiser, ça ne marche pas : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : ‘Tu ne tueras point’ ; et si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ; mais s’il dit à son frère : ‘Crétin !’, il en répondra au Sanhédrin ; et s’il lui dit : ‘Renégat !’, il en répondra dans la géhenne de feu. Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens d’un grief que ton frère a contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande. » (Mat 5, 22) Ça a le mérite d’être CLAIR ! Et moi, je ne veux pas aller en enfer ! Alors autant vous dire que j’ai du taf ! 😉 Je crois qu’il faut que nous fassions spécialement confiance et attention à toutes les phrases ou passages de la Bible qui nous foutent mal à l’aise, car généralement, c’est là que se trouve notre péché et qu’il ne faudrait surtout pas fuir.
 

Les gens que j’ai traînés dans la boue, j’ai une dette envers vous. Si je veux la régler publiquement à présent (et je la règlerai ensuite en faisant un toilettage de mes articles), c’est aussi parce que je vous ai maltraités publiquement. Pour des raisons bonnes ou mauvaises, là n’est pas la question. Je n’avais pas à régler publiquement mes désaccords avec vous, ni à humilier votre personne par l’insulte, le mépris, l’invective, ni à salir votre nom, votre réputation et votre honneur, surtout indirectement. Et j’ai la chance, avant ma mort et mon procès céleste, de me rattraper, alors je la saisis. En espérant qu’elle ne vous mettra pas mal à l’aise, et qu’elle ne vous apparaîtra ni comme une hypocrisie, ni comme une confusion entre la blogosphère et le confessionnal. Si vous voulez qu’on en reparle en privé, je me tiens à votre disposition et j’en serais très heureux.
 

Jacques de Guillebon : Mes attaques contre toi sont d’autant plus inadmissibles qu’à la base, tu m’avais montré un intérêt réel, malgré ta pudeur apparente. En fait, j’ai su par des amis communs très proches, et par tes discrets essais de salutation à mon égard, que derrière ta façade de froideur, tu es très convivial, plein de camaraderie, droit, et qu’au départ, avant que je te sois hostile, tu voulais mon amitié. Si je ne m’étais pas bêtement arquebouté sur tes écrits sur l’homosexualité, si je ne m’étais pas jeté sur tes contradictions, nos échanges intellectuels auraient pu aller loin, nos engagements politiques auraient pu être fructueux. J’ai pris ta maladresse pour la méchanceté qu’elle n’est pas. J’ai pris tes blessures et ta timidité pour l’orgueil monstrueux qu’elles ne sont pas. J’ai utilisé tes écarts de conduite alors que moi-même je ne suis pas parfait. Je te demande vraiment pardon.

Ludovine de la Rochère : Je n’ai jamais caché mes désaccords sur bon nombre de vos choix dans notre lutte contre le « mariage pour tous ». Mais je peux attester devant tout le monde que vous avez un vrai cœur de mère. D’ailleurs, quand la mienne est décédée, vous êtes venue à la sortie de la messe de Saint-Germain-des-prés (ça ne s’improvise pas !) pour me voir et me formuler vos condoléances. Même si, sur le moment, je n’ai pas su reconnaître votre élan de bonté, je le salue maintenant devant tous. Vous avez respecté ma maman. Et par là même, vous m’avez respecté moi. Vous avez été touchée par ma situation et par ma peine bien enfouie. Vous avez fait fi de nos différends. Peut-être même que, contrairement à moi, vous ne vous doutiez pas encore à l’époque que je vous en voulais. Innocemment, spontanément, vous avez été plus simple et plus bienveillante que moi. Par la suite, malgré nos désaccords de stratégie, je n’avais pas à vous dire que vous « mentiez comme vous respiriez », car ce n’est pas vrai. La preuve avec l’épisode des condoléances. La preuve aussi avec les sacrifices et les efforts que vous faites pour dénoncer le « mariage pour tous ». Avec grande maladresse, peur de l’homosexualité et manque de clairvoyance, certes. Mais vous faites ce que vous pouvez. La preuve avec le courage dont vous faites preuve pour supporter les nombreuses critiques faites à l’encontre votre combat, critiques venant aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Et moi, comme un méchant qui voulait se venger de ne pas être sollicité par vous, au lieu de vous assurer un précieux soutien dont vous aviez besoin, j’en ai rajouté une couche pour couler votre barque, pour pointer du doigt les nombreuses incohérences de votre stratégie. Et comme les failles pointées sont argumentées et avérées, je ne peux qu’être sûr de vous enfoncer vraiment. C’est ainsi que je joue le jeu de nos opposants. J’ai été vrai mais méchant, donc finalement, je n’étais plus tellement vrai mais réellement méchant. Vous n’avez pas mérité ma méchanceté. Je vous demande pardon.

René Pujol : Je regrette de vous avoir fait passer pour un mauvais journaliste, ou un journaliste mauvais. Car tel n’est pas le cas. Nos désaccords sur certains sujets de société sont là, rien ne sert de le nier hypocritement. Mais vos qualités journalistiques sont indéniables. D’ailleurs, j’aime votre capacité à formuler vos opinions avec tact et art, à tourner vos phrases de telle manière qu’elles ne blessent pas ou qu’elles se finissent en interrogations (pour ne jamais rien imposer), qu’elles soient pleines de nuances et échappent aux caricatures, aux manichéismes. Vous êtes un anticonformiste, un joueur même, qui refuse les simplismes, les pensées toutes faites, le dogmatisme. J’aime aussi votre souci des pauvres, de ceux à qui on ne pense pas, ou ceux qu’on s’est trop habitués à victimiser pour les considérer comme des personnes. Vous défendez la gauche parce que vous croyez sincèrement que la priorité de la Charité christique va aux personnes avant les moyens pour les aider. Et je suis intimement convaincu de cela avec vous. Pardon si j’ai douté de vos bonnes intentions. Car elles sont vraiment bonnes.

Yves Floucat : Je voulais vous remercier pour votre goût des mots précis, pour votre culture (grande, qui gagne à être connue, et qui prouve votre ouverture d’esprit, votre imagination aussi), pour votre souci d’érudition (injustement ignoré, alors que vous connaissez beaucoup de choses essentielles et que vous avez du respect pour les auteurs qui ont formé la pensée moderne). Nous nous sommes opposés sur des divergences de définition de mots, et c’est dommage, car ce que vous avez écrit sur la sexualité ouvre des perspectives véritablement humanistes et à développer dans notre monde surérotisé (je pense à votre belle promotion de l’amitié et du philia dont parlent saint Thomas et Jacques Maritain par exemple). Je n’ai pas su mettre en avant que vous êtes un puits de science et que j’ai beaucoup à apprendre de vous. Je vous demande pardon que nous soyons passés autant à côté l’un de l’autre alors que nos pensées, différentes, se complètent et s’enrichissent. Je le pense vraiment.

Abbé Grosjean et les prêtres du Padreblog : Je vous demande pardon de vous avoir méprisés publiquement, comme si vous étiez des prêtres consensuels, alors que je sais que vous faites un gros travail de médiateurs, de diplomates, de contradicteurs, pour recoller les morceaux entre des mondes que beaucoup s’affairent à séparer. Et si vous étiez si consensuels que cela, vous n’auriez pas choisi de revêtir le Christ (déjà), et vous ne prendriez pas le risque de prendre position sur des sujets épineux et impopulaires. Vous avez d’ailleurs été les premiers à m’offrir une tribune pour parler d’homosexualité. Vous cherchez donc beaucoup moins le confort et la carrière que ce que j’ai dit. Pardon et merci à vous. Continuez de prendre position et de prendre des risques. Ma jalousie n’a rien à faire là.

Les blogueurs et écrivains Fikmonskov, Fol Bavard, Louis Daufresne, Yvan Mata, Arnaud du Royaume, Falk Van Gaver, François Xavier-Bellamy : J’ai été sévère à votre encontre en vous citant ad hominem dans mon livre Les Bobos en Vérité. Le bobo est un personnage mythique et non une personne réelle. J’ai eu tort, en utilisant vos noms, de le personnifier, de vous enfermer dans une caricature universelle mais que personne n’incarne complètement, et pas vous plus que moi. En plus, la plupart d’entre vous n’entrez pas dans la pratique du libertinage que j’y décris. Enfin, je voulais te féliciter en particulier toi Fikmonskov pour ton engagement politique et « virtuel » sur ton blog : tu es un empêcheur de tourner en rond, qui sait identifier les failles d’un système plus vite que les autres, et qui possède un vrai talent littéraire. Tu rentres dans le lard et tu m’as appris à aimer les (bonnes et utiles) bagarres dialectiques. Merci pour ça.

Albéric Dumont : J’ai compris que tu ne me voulais aucun mal (à part le fait que moi je t’en voulais) quand récemment, au téléphone, tu m’as dit toi-même, en conclusion de notre échange : « Au fond, en plus, je suis d’accord avec tout ce que vous défendez. » Mes remarques sur les contradictions (réelles) ou sur l’homophobie (réelle) de La Manif Pour Tous n’auraient pas dû revêtir de caractère personnel ni intentionnel. Donc pardon pour mes attaques personnelles à ton encontre. Je n’ai pas à rendre volontaire et planifiée une homophobie qui n’est en réalité qu’inconsciente et à peine préméditée. Merci de ton engagement contre le « mariage pour tous », car il y a plus plan-plan comme combat.

Madeleine Bazin de Jessey : Pardon d’avoir découragé ton initiative louable de t’engager politiquement pour le bien commun. D’avoir, pour le coup, blessé tes proches ainsi que ta personne. Tu as énormément de qualités, notamment en termes de clarté, d’élocution, d’expression, de diplomatie, de douceur, d’intellect, de positivité, d’honnêteté, de capacité à vouloir unir et réconcilier les gens même quand ils ne sont pas exactement du même bord, voire qui sont opposés. C’est rare pour une fille de ton âge. En plus, Dieu sait s’il faut du courage pour porter politiquement un groupe (La Manif Pour Tous) qui, historiquement et indélébilement, portera la marque (infâme aux yeux de nos contemporains) de l’opposition au « mariage homosexuel » ! Il faut aussi du courage pour porter les contradictions d’un courant politique comme la droite, les contradictions d’un groupe mal aguerri comme Sens Commun ou les contradictions d’un homme politique comme Nicolas Sarkozy. Victime semi consentante de la Génération « Il faut s’engager ! » (génération fomentée par des adultes arrivistes et souvent irresponsables), tu as été lancée, comme une bête à concours, dans la fosse aux lions. Et il fallait plus te plaindre et te soutenir, que t’attaquer. Le lourd chapeau que tu portais pour la vitrine n’était pas le tien, et te pesait. Je n’ai pas su te soutenir alors que tu faisais le grand écart. Pardonne-moi.

Tugdual Derville : Merci pour ton refus absolu de la médisance et de la violence. C’est admirable. L’œil pour œil, dent pour dent, tu ne connais pas. Et c’est tout à l’honneur du Christ. Tu m’as toujours respecté, et même parfois invité et demandé conseil, y compris pour avoir un retour sur tes discours improvisés pendant les veillées des veilleurs. Tu es convié, et à raison, à parler de tous les sujets concernant la valeur sacrée de la vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle. Et c’est une bonne chose, car tu défends l’Humain avec délicatesse et pertinence, sans jamais tomber dans le jugement des personnes. Tu prends le risque de t’exposer, de prendre des coups, mais jamais tu n’abandonnes l’idée qu’un jour ceux qui s’opposent à toi ne seront pas tes amis. Pardon de t’avoir fait porter l’éclipse de l’homosexualité dans l’échiquier politique et médiatique du « mariage gay », alors que tu es loin d’être le premier en matière d’homophobie. Pardon aussi d’avoir méprisé ton bébé Écologie Humaine : j’ai beau ne pas être d’accord, je n’avais pas à le mépriser.

Nathalie Saracco : J’ai manqué de douceur dans ma critique sur ton film « La Mante religieuse », film pas parfait (et tu le sais) mais courageux, avec des scènes très efficaces, et qui peut amener des gens éloignés de l’Église vers la foi. C’est nul de ma part d’avoir essayé de torpiller ta barque, de t’avoir confondue avec ton film, et d’avoir farfouillé dans tes failles, tes blessures, plutôt que dans tes nombreuses richesses de cœur et artistiques. Continue à faire des films qui défendent Jésus et l’Église. J’attends tes prochaines productions avec intérêt et émerveillement, car tu suis une pente ascendante.

Mgr Pontier : Je vous ai jugé sur un seul discours, et sans vous avoir jamais vu, sans vous connaître, sans savoir l’énorme travail que vous faites dans l’Église, pour les autres et notamment en faveur des plus pauvres. Mon attitude est lamentable et inqualifiable, d’autant plus qu’elle s’adresse à un évêque catholique, qui plus est, chef des évêques de France. Je suis navré de mon insolence et de ma couardise, car je me suis exprimé de loin, derrière un écran, sans avoir au moins l’honnêteté de m’adresser à vous directement.

Christiane Taubira : J’ai su que vous avez porté une loi qu’au fond vous ne vouliez pas et qui ne venait pas de vous (comme ça arrive presque systématiquement à chaque ministre), même si ensuite, pour sauver la face, vous avez simulé de l’assumer à 200 % et de la mener jusqu’au bout. Cette loi du « mariage pour tous » est tellement injuste et vous a apporté une telle infamie (et pour cause : elle peut vous conduire à la damnation éternelle), un tel faux soutien (car les pro-mariage-pour-tous ne savent toujours pas pourquoi ils sont pour), que vous êtes plus à plaindre, à écouter, à aimer et à convertir qu’à juger et à punir. Dieu seul s’en chargera, tout comme il se chargera du jugement de chacun équitablement le jour de sa mort. Au lieu de vous traiter de tous les noms, au lieu de l’invective par internet (qui vous a enfermée dans le mutisme et a endurci votre cœur plutôt que de vous ouvrir au dialogue et à la compréhension), j’aurais dû prier pour vous et vous souhaiter tout le bien, toute la clairvoyance, vous expliquer calmement pourquoi la loi qui porte votre nom est grave non seulement pour notre pays, notre monde, mais aussi pour votre âme. Par mes critiques, j’ai contribué indirectement à vous fermer comme une huître. Je ne suis pas fier de moi et vous demande pardon.

Erwann Binet : Je sais que vous avez voulu bien faire en menant le projet de Loi Taubira à son terme. Je sais aussi que vous vouliez sincèrement aider les personnes homosexuelles en défendant « nos » droits (même si ce n’était pas la bonne manière, et que c’était même une aide homophobe). Quand vous êtes passé à mes côtés sur le plateau de la chaîne KTO, vous avez esquissé un désir bienveillant de lire mon livre . Vous m’avez dit en coulisses : « Je lirai votre livre. » Finalement, je doute que vous l’ayez fait et compris l’enjeu dramatique de la pratique homo, et plus largement du mythe du « mariage » sans différence des sexes. J’ai pris votre sincérité de haut parce qu’elle n’était pas connectée à la Vérité, alors qu’en réalité, j’aurais gagné à la considérer comme un désir de bien faire. Je vous ai caricaturé en « méchant » alors que vous étiez plein de bonnes intentions. Pardon de vous avoir diabolisé.

Najat Vallaud-Belkacem : Cela se voit. Vous êtes une femme douce, à l’écoute, qui est très amicale et pas du tout formatée « politique de requins », qui est pétrie de bonnes intentions (notamment à l’égard des personnes homosexuelles). Vous défendez des concepts (« le respect », « l’acceptation des différences », « la lutte contre la violence et les discriminations », « la tolérance », « la paix », « l’accueil des personnes homosexuelles », la « mixité », etc.) auxquels vous croyez, c’est évident. Ce n’est d’ailleurs pas ces derniers qu’il faut remettre en cause, mais leurs applications. Je vous ai traitée d’« idiote » alors que vous ne l’êtes absolument pas (inconséquente, certainement, mais pas idiote), de « méchante » et de « dangereuse » alors que vous ne l’êtes pas volontairement (vous êtes même une femme gentille, dans le sens noble et convivial du terme), et que vous n’avez toujours pas compris la gravité de la Loi Taubira que vous avez défendue avec les meilleurs intentions du monde. Pardon d’avoir menti et de vous avoir caricaturée pour vous secouer.

François Hollande : Vous êtes attaqué comme peu de présidents de la République l’ont été. Je suis sincèrement désolé d’avoir participé à ce lynchage, car ça a été comme tirer sur un nœud pour le défaire. Mon attaque à la fois ne vous fait pas progresser et, d’une certaine manière, vous abrite fébrilement et nous blesse tous (pour vous !). Vous n’occuperiez pas le poste de Président de la République, vous seriez certainement aux fêtes de famille le tonton farceur, taquin, gaffeur et pitre, bienveillant, à l’écoute, doux, que je préfèrerais. Je sais, par exemple, par rapport à mon homosexualité, que vous ne m’auriez pas jugé. Et, étant de gauche aussi, nous aurions trouvé de nombreux terrains d’entente. C’est la raison pour laquelle je trouve le rôle qu’on vous fait jouer et les lois dangereuses (la Loi Taubira en tête) qu’on vous fait porter d’autant plus affreux, mensongers. J’aurais aimé vous parler, vous expliquer l’homosexualité telle qu’elle est, la Loi Taubira telle qu’elle est, vous dire combien vous jouiez avec le feu avec celle-ci et combien vous enfonciez notre pays dans un caveau que Nicolas Sarkozy avait déjà bien commencé à creuser (et ça, vous l’avez démontré). J’ai manqué de diplomatie et de l’écoute que vous avez naturellement. Pardon.

Virginie Tellenne (alias Frigide Barjot) : J’ai profité de t’avoir côtoyée personnellement et dans la sphère privée pour te critiquer publiquement et par derrière. J’ai mélangé sphère privée et sphère publique (et ainsi, fait exactement ce que je te reprochais). Ce n’est pas malin. Je te demande pardon. Ça ne t’a pas fait avancer. Ne pas être d’accord avec quelqu’un n’est jamais une raison pour mépriser sa personne. En plus, Dieu t’a gâtée : j’aurais dû m’en réjouir plus longtemps et bénir le Seigneur pour cela plutôt que de m’attacher à ce qui nous séparait. Tu as des talents indéniables de communicante, d’humoriste, de rassembleuse, d’animatrice. Une générosité débordante. De plus, tu as le sens de la synthèse, de la formule concise et efficace. Tu as le sens de l’impertinence inclusive et souvent bien dosée, qui détend l’atmosphère et déride même les plus coincés. Tu as des dons pour créer de la convivialité, pour faire passer des messages complexes et indigestes avec naturel, clarté, simplicité, dans des milieux pourtant très hostiles. Tu désarçonnes les plus anticléricaux et les plus cléricaux. Tu es un tourbillon rose qui rafraîchit l’atmosphère et rarement refroidit. Par ta personne, l’Esprit Saint a contribué à ramener beaucoup de gens à la foi. Tu es parvenue notamment à désembourgeoiser l’opposition à la Loi Taubira (même si tu l’as embourgeoisé à une nouvelle sauce, la sauce bobo). Et je ne doute pas de tes intentions gays friendly à l’égard de tous mes frères homos (même si tu ne connais pas grand-chose à l’homosexualité – tu me l’as toi-même avoué – et que tu te refuses à en parler). À cause de désaccords (capitaux) de fond et de forme (ta défense de l’Union Civile est une réelle homophobie, par exemple), je n’ai pas su te valoriser auprès des autres, te bénir en toutes circonstances, surtout au cœur des tempêtes externes et internes que tu as vécues et que tu continues de vivre. Je n’ai pas su avoir la patience de t’expliquer, pas eu l’audace de te pardonner. Je t’ai laissée aller vers l’impasse d’un immense mensonge que tu nommes « l’Union Civile déconnectée des liens de filiation », une impasse dangereuse et qui risque de te coûter cher. Pardon pour cela. Tu as ta place dans le cœur de Dieu, dans l’Église et dans la société, même si tu en doutes bien plus que tu ne croies.

Jean-Pier Delaume-Myard : Pardon de t’avoir méprisé sans voir le bien que tu faisais, d’avoir tout noirci sous prétexte que ce n’était pas parfait. Personne (sauf Jésus et Marie) n’est parfait, ni même moi. Pardon d’avoir joué publiquement des niveaux de perfection entre les êtres humains, des niveaux de foi ou de chasteté. Nous sommes tous en chemin, et la moindre des choses, c’est, de ma part, d’accepter de marcher ensemble. J’ai refusé de marcher avec toi. Je l’ai joué solo, et c’est dommage. D’autant plus que nous sommes frères et avons plein de points communs. Pardon de mon arrogance, de mon égoïsme, de mon purisme désincarné et peu convivial, de mon manque d’humour et de sympathie à ton égard. Je me suis comporté comme un connard, alors qu’en plus tu es un garçon aimable et qui me voulais au départ du bien. Tu as pris, toi aussi, beaucoup de risques, et beaucoup de coups. J’aurais dû te soutenir avant de discuter les « détails » du message à diffuser.

Clément Borioli : Annoncer des faits crument sans être capable de considérer ta personne, ton courage, ta sensibilité, ta vulnérabilité (qu’on a tous quand on nous critique et on nous attaque), ce n’est pas digne de ma part. Tu as énormément de qualités que le Seigneur t’a données : qualités de compassion, d’empathie, de sourire, de gaité (sans mauvais jeu de mots ^^), d’humour (caustique comme j’aime), d’adaptabilité à tous les milieux (tu te fonds dans beaucoup de cultures et de milieux : tu es un vrai imitateur et parodiste). Pardon d’avoir cherché la confrontation et de ne pas avoir su te valoriser. J’ai fait une fixette sur tes défauts. Mon perfectionnisme n’était pas aimant. Idem pour Xavier Bongibault : tu n’as pas mérité mon mépris.

Bobby Óscar López : Pardon de t’avoir attaqué sur tes témoignages et conférences (alors que je n’ai assisté à aucune, à part sur le web). En plus, toi, tu ne m’as jamais attaqué, tu ne parles pas le français (donc tu ne pouvais même pas te défendre), donc mes attaques étaient lâches, petites, excessives. Sois béni mon frère. Et bravo pour ton courage. Continue.

Jean-Marc Veyron-Lacroix : J’ai fait preuve d’ingratitude alors que tu as été l’un de seuls à promotionner mon livre L’homophobie en Vérité. Au lien de comprendre la force de ton amitié et de ton parrainage, j’ai enfoncé le couteau sur tes vulnérabilités. Je te demande pardon et je vais dorénavant essayer de t’accompagner dans ce que tu vis.

Nathalie de Williencourt : Pardon de mon mépris pour toutes les entreprises bienveillantes que tu mènes auprès des personnes homosexuelles. Pardon aussi du mépris que j’ai exprimé pour ta personne. Le fait que je ne sois pas d’accord avec toi ne justifie en rien ma colère ou le jugement de ton être, de ton intellect. J’aurais dû t’expliquer calmement mes désaccords au lieu de me fermer et de t’attaquer à distance, sans faire avancer notre cause commune d’amour des personnes homosexuelles et de lutte contre l’homophobie. Je me suis fermé au dialogue et à la rencontre, malgré les mains que tu m’as tendues plusieurs fois au départ.

Edmond Prochain et Natalia Trouiller : Vous avez le droit d’aimer la bière et de vous en servir pour créer de la convivialité. J’ai eu tort de ne pas savoir en rire avec vous. Alors qu’en plus, vous avez de l’humour à revendre et vous ne me voulez aucun mal. Et que rigoler ensemble du boboïsme, c’est ça la vraie amitié. Veuillez bien m’en excuser.

Erwann Le Morhedec : J’ai eu tort de mépriser tes écrits, alors que beaucoup sont utiles, intéressants, parfois courageux et originaux. J’ai enlevé la part de courage qui te revenait et me suis arrêté à des préciosités de forme (et de fond), sans valoriser ce qui nous rapprochait. Car en effet, nous avons beaucoup de combats communs. Et c’était idiot d’appuyer sur tes défauts, tes faiblesses, tes contradictions, ton personnage médiatique de Koz Toujours, nos différences, alors que nous avons bien plus de convergences que de divergences. J’aurais dû comprendre que nous devions nous épauler plutôt que nous tirer dessus par blogs interposés. Je te demande pardon. Tu n’es pas le prétentieux que certains croient. Et tu fais concrètement du bien.

Sabine Faivre : Je me suis emporté contre vous récemment sur Facebook à propos d’un article que vous aviez écrit pour l’observatoire socio-politique de Fréjus-Toulon, alors que vous ne le méritiez pas et que, même si, à mon avis, vous avez fait preuve de maladresse, d’inexactitude à propos de l’homosexualité, vous avez au moins eu le mérite de vous aventurer sur un terrain difficile, souvent glissant et avec sincérité. Je n’avais pas à m’énerver et à vous parler d’homophobie alors que vous ne savez pas tout ce que recouvre et implique ce terme. Mon coup de sang était excessif.

Étienne Loraillière : Je crois sincèrement que vous n’avez ni compris l’homosexualité, ni l’enjeu (mondial, de sainteté) qui se cache derrière ce thème. Mais ce n’est pas une raison pour attaquer votre personne et annuler tout votre travail journalistique, souvent honnête et qui contribue à édifier l’Église du Christ. Merci pour ça. Et pardon de mon emportement, de mon impatience.

Philippine de Saint Pierre : Pardon de vous avoir attaquée sur votre apparence physique. C’est, je crois, l’attaque humaine la plus gratuite et la plus méchante qui soit. C’est honteux de ma part. Il n’y a pas meilleur moyen pour humilier quelqu’un, l’enfermer dans la caricature, et pour fermer le dialogue. Je vous présente mes plates excuses. En plus, vous m’aviez aidé à faire connaître ma chanson « C’est bien gentil » (il y a de fortes chances que vous l’ayez fait alors même que vous ne l’aviez même pas appréciée… donc doublement merci). Si j’avais appris à vous regarder avec bonté et bienveillance, sûrement que vous m’auriez fait davantage confiance par la suite. C’est bien fait pour moi. Et pardon.

Jean-Pierre Denis : J’ai idée de l’écartèlement et des combats que vous vivez au quotidien et dans votre métier de journalisme. Et moi, au lieu de vous soulager et de bonifier ce qui est bon, j’ai, par perfectionnisme et purisme pharisien, vu le verre à moitié vide et non à moitié plein. Des journaux comme La Vie, La Croix, ou des radios telles que Radio Notre-Dame, sont en grand danger (pas nécessairement de disparition mais au moins de dénaturation de leur substance), et c’est le moment d’encourager et de redresser aimablement : pas de décourager ni de lâcher les chiens dessus. Pardon de ne pas avoir réglé directement avec vous le contentieux et les désaccords que je ressentais, mais de m’être caché derrière le peu d’audience qu’il me reste pour vous cibler comme un sniper. Pardon d’avoir été plus royaliste que le Roi. Pardon aussi de vous avoir traité publiquement de bobo… Ça ne fait pas avancer les affaires si, préalablement, on n’a pas été capable de rigoler ensemble et en privé du boboïsme.

Mon frère Jean : C’est pas vrai que tu es bête. C’est moi qui suis bête (et en plus méchant) de t’avoir humilié intellectuellement devant tout le monde, sur les réseaux sociaux, parce que je n’ai pas su te dire gentiment que ça me blessait profondément que tu défendes le « mariage pour tous », une loi intrinsèquement homophobe (homophobe en actes même si, en intentions, elle est gay friendly). Tu es bourré de qualités (humour, capacité d’analyse, refus des injustices, honnêteté, autorité, douceur, convivialité, etc.)/ Pardon d’avoir du mal à accueillir ta situation, tes choix différents, ton couple, tes relations, tes prises de position, ce que tu vis. De ne pas t’accepter unique et libre. Pardon de m’être fâché contre toi et de t’avoir méprisé.
 

Bizarrement, les seules personnes dont je suis quasiment sûr de les avoir honorées et respectées, ce sont mes frères et sœurs homosexuels, ainsi que mes anciens élèves. Si néanmoins j’en aurais blessés certains sans m’en rendre compte, je le regrette et leur demande pardon au cas où.
 

Je m’adresse également à tous ceux que j’aurais oubliés et que j’ai vraiment blessés : quand bien même vous m’auriez traité bien pire que vous ne l’avez fait, rien n’aurait justifié que je me défende ou vous attaque comme je l’ai fait. Rien ne justifie ma riposte. Moi qui défends la différence entre le jugement des actes et le jugement des personnes, j’ai été incapable de le faire avec vous. Je vous ai jugés en vous confondant avec vos actes, ou bien en mettant en avant mes désaccords de forme ou de fond à propos de ce que vous disiez ou faisiez, plutôt que nos ressemblances, plutôt que le positif, plutôt que votre personne ou notre relation, plutôt qu’en priant pour vous.
 

Je m’adresse à nouveau à vous que j’ai déshonorés (cités précédemment). Je pense à cette phrase de Jésus : « Malheur par qui le scandale arrive ! Malheur à celui qui a osé scandaliser un seul de ces petits qui sont mes frères ! Il vaudrait mieux pour lui qu’on mît à son cou une pierre de moulin, qu’on le jetât dans la mer, que s’il scandalisait un de ces petits. » (Luc 12, 17) Et je pense également au mal que j’ai fait à l’Église en vous rejetant et en offrant une image de dureté du catholique. « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres. » (Jean 13, 35) En plus de vous demander pardon, je vous dis très sincèrement que si vous avez besoin de mon soutien pour quoi que ce soit, vous pouvez compter sur moi. Et je m’engage à faire un sérieux toilettage de mes articles, livres et vidéos où j’ai sali votre nom (ça risque de me demander du boulot, mais vous méritez cette réparation). Pour le jugement des actes et des discours, on verra. Mais pour le jugement des personnes, je promets qu’à partir de ma retraite, je bénirai tout le monde. Vous m’avez bien entendu : TOUT LE MONDE. Sans exception. Même Hitler. Même ceux qui m’attaquent, même ceux qu’avant je n’aimais pas assez, même ceux dont je désapprouve les pratiques et les discours. Je bénirai tout le monde. En d’autres termes, je dirai du bien de chacun de vous et je prendrai votre défense même si je n’en ai pas envie. Et si je vois quelque chose chez vous qui me déplaît, j’insisterai doublement sur le reste qui me plaît (Et je rappelle que bénir toute personne n’équivaut pas à bénir tous ses actes, toutes ses paroles ou toutes ses intentions, hein ^^). Et si vous me voyez faillir à ma promesse ici écrite et glisser vers le jugement de personnes, je compte sur vous pour me rappeler gentiment à l’ordre. Ok ? 😉 Merci d’avance.

 
poggi
 
 

Je reviens au récit de la fin de ma retraite au Barroux. Samedi 20 février au soir, donc, s’en est suivie une grande démarche de déblocage de tous les comptes Facebook de mes amis que j’avais défriendés ou bloqués. Ce fut une grande joie des retrouvailles, même si tous mes contacts ne sont pas rentrés pas dans la danse. Peu importait. C’était un bon début. Et je comprends que certains anciens amis soient durablement méfiants à mon égard et doute que ma démarche de réconciliation dépasse la bonne intention ou l’intérêt personnel masqué. La paix de l’Esprit, si elle n’est pas accueillie, revient de toute façon sur moi. Donc de toute façon, pas de regrets ! Et ma porte reste ouverte.
 

Ma mère spirituelle a reçu par moi des nouvelles de ma retraite, et m’a envoyé cette précieuse maxime du Curé d’Ars qui ne permet plus l’équivoque concernant mon projet de mendicité : « Il vaut mieux donner que de demander. Je ne conseillerai jamais à personne de faire le vœu de mendicité. » Voyant mon revirement spirituel, je l’ai sentie qui en même temps s’enthousiasmait, en même temps culpabilisait un peu de n’avoir pas su me mettre davantage en garde contre l’orgueil du missionnaire. Je l’ai rassurée en lui disant que le Seigneur m’avait toujours confirmé que c’était elle qu’il me fallait en direction spirituelle. Je n’aurais pu être qu’avec une mère spirituelle comme elle, qui m’encourage plus qu’elle ne me refrène dans mes élans (même excessifs et peu charitables), car c’était le meilleur moyen de me laisser libre et heureux, et le seul moyen de laisser à Dieu et à l’Esprit Saint l’initiative de prendre le taureau par les cornes (le taureau, c’est moi, en l’occurrence ^^). Ce désarmement nécessaire, vécu pendant la retraite, était un travail trop délicat pour des mains d’homme (même son frère, le frère H., ne s’y était pas risqué avec moi !^^). Donc personne ne doit s’excuser ni culpabiliser de rien dans l’affaire. Tout le monde a fait exactement ce qu’il fallait : prier. Et la chute de mon orgueil au cours de ma retraite est une bénédiction salutaire, car il valait mieux la faire sur terre qu’au purgatoire ou même en enfer ! 🙂
 

Pendant l’office de None du samedi soir, une phrase du psaume 146 a retenu mon attention, pourtant papillonnante à ce moment-là : « Ce n’est pas dans la vigueur du cheval qu’Il se complaît, ni dans les jambes de l’homme qu’Il met son plaisir. Le Seigneur met ses complaisances dans ceux qui le craignent et dans ceux qui espèrent en sa bonté. » Ok. Moi l’idolâtre de la marche à pied, appelé Philippe (= étymologiquement « qui aime les chevaux »), je ne pouvais que recevoir le message codé 5/5 !
 

Dans la journée du dimanche 21 février, une jeune femme scout m’a reconnu et est venue me saluer. Elle faisait partie du camp SPES de Toulon (des Missionnaires de la Miséricorde) pour lequel j’avais témoigné il y a 2-3 ans. Elle était enchantée de me revoir, et la joie était partagée. C’était elle qui, avec une amie, m’avait demandé quelles étaient les astuces pratiques que je pouvais donner aux jeunes femmes d’aujourd’hui pour aider les hommes à ne pas basculer dans l’homosexualité et à reprendre confiance en eux. J’ai osé lui montrer ma découverte-bombe de la retraite : le livre L’âme de tout apostolat de Dom Chautard. Elle m’a avoué que son père en était fan et que sa conversion au catholicisme s’était fondée presque exclusivement sur cet ouvrage. Elle en connaissait tellement le pouvoir qu’elle craignait même de le lire par peur d’en être bouleversée à jamais.
 

Le dimanche, l’affluence au Barroux est beaucoup plus importante. Ça change l’ambiance générale. Et j’avoue que je suis content d’avoir pu bénéficier d’une qualité de solitude et de silence en tout début de retraite. Mon cœur était serein et gai depuis samedi soir. Et ça s’est prolongé toute la journée dominicale. J’ai vraiment l’impression que ma retraite a été utilisée par Jésus à 300%. Le matin, j’ai appris avec joie et surprise par le frère H. qui est passé vite fait dans ma cellule pour me saluer, que c’est lui qui allait faire la seule et unique homélie de la semaine, pendant la messe de 10h d’aujourd’hui. Encore un clin Dieu personnalisé que ça soit tombé sur lui et pas sur un autre !
 

Juste avant la messe de 10h, alors que je me trouvais par hasard dans le hall attenant à l’église, j’ai été témoin à mon insu d’une altercation – inhabituellement violente quand on connaît le calme des lieux – entre une femme d’une soixantaine d’années (look BCBG) et un jeune frère bénédictin qui tentait de contenir l’ardeur colérique de son ouaille.
 

Suite à ça, je suis rentré dans l’église. La messe s’est déroulée sans encombres. Le calme des petits enfants, pendant une célébration pourtant quasiment toute en latin, était admirable. En plus, l’homélie du dimanche de la Transfiguration, dédiée entièrement au thème de la beauté (le gros du message, c’était : « Si la Vérité touche l’intellect et la tête, la Beauté va plus loin en atteignant le cœur » et « Cette Beauté a la gravité de la Croix puis de la Résurrection du Christ ») était d’une profondeur remarquable et suintait l’amour commun de ma mère spirituelle et du Père H. pour Charles Péguy.
 

Avant la procession de sortie des frères, je regardais à distance la dame qui s’était énervée contre le jeune frère ; et j’ai osé la confier à Jésus pour qu’Il lui apporte la Paix et pour qu’Il m’offre, s’Il le voulait bien, une occasion de m’adresser à elle et de lui glisser un mot gentil qui la mettrait en joie, avant qu’elle ne quitte l’abbatiale. Et j’ai été exaucé par l’Esprit Saint au-delà de mes espérances ! Je vous livre les faits tels que je les ai vus de mes propres yeux. Non seulement la dame n’a pas détalé comme un lapin, mais en plus, par un jeu étrange de déplacement des autres fidèles pour regagner la sortie, j’ai été placé par l’Esprit Saint à l’exacte proximité que j’aurais pu espérer pour pouvoir lui parler naturellement, sans lui sauter dessus ou avoir à lui courir après. Elle, pourtant de nature expéditive et pressée, s’est retrouvée face à moi, juste à côté de la commode des bréviaires, comme immobilisée par une force qui ne venait pas d’elle (presque un « Un, deux, trois, Soleil »), pleinement disposée à me regarder et à m’écouter avec attention, alors qu’elle ne connaissait ni mes intentions ni ma personne. Hallucinant. Le Seigneur avait tout préparé. Je n’avais qu’à formuler avec un grand sourire mon désir : « Bonjour madame. Je voulais vous dire que je suis vraiment heureux que vous soyez là, et que vous soyez restée à la messe. Ça m’a rempli de joie pendant toute la célébration ! » La femme, qui depuis le début de la messe avait observé un silence sombre et pète-sec, est sortie de son amertume et son visage s’est illuminé. Elle m’a proposé qu’on sorte discuter dans le hall. Là-bas, je lui ai dit explicitement que j’aimais son caractère volcanique, qu’il m’avait fait rire et enthousiasmé, et que sa présence à la messe m’avait réconforté, réjoui profondément le cœur. J’essayais de la regarder avec les yeux du Christ, plein d’amour et d’empathie, ne relevant que le positif, essayant de la valoriser à fond et de l’écouter au maximum. Et j’ai entendu soudain cette boule de révolte et de douleur haineuse vomir des méchancetés diaboliques parce qu’en réalité, cette femme se détestait elle-même et ne se sentait ni aimée ni reconnue dans sa passion pour la Vérité. Elle s’est mise symboliquement à hurler « J’EXISTE !! JE SUIS LA SEULE À AVOIR RAISON !! JE N’OBÉIRAI QU’À MOI-MÊME PARCE QUE JE NE PEUX FAIRE CONFIANCE À PERSONNE !! ». Quand j’emploie le verbe « vomir », je n’exagère pas. Tout le monde passait au crible de sa jalousie : elle méprisait sévèrement les adolescents, les tradis, les soixante-huitards, les familles, les catholiques, les prêtres, les moines de l’abbaye, et même ses collègues chefs Scout qui l’avaient suivie au Barroux (et qu’elle traitait de « vipères »). Cette femme, qui répondait au doux prénom de Josiane, et qui se vantait d’avoir été une des pionnières du retour de l’Église catholique au traditionalisme religieux, se réclamait de la force et de la sainteté de sainte Jeanne d’Arc. Elle me disait textuellement qu’elle avait une volonté de fer et qu’elle mettait celle-ci au-dessus de tout. Elle me racontait que le jeune abbé qui l’avait confessé la veille et avec lequel elle s’était fritée juste avant la messe, avait tenté de lui interdire d’assister à la célébration d’aujourd’hui, et qu’elle s’était empressée de lui désobéir. Elle m’affirmait qu’elle ne voulait plus faire confiance à personne, pas même aux prêtres, parce qu’« elle voyait où ça la menait » : « La confiance, ça ne sert à rien ! » lançait-elle. Tout en la félicitant sincèrement de son impétuosité et en me solidarisant d’elle, j’essayais de glisser çà et là quelques appels à la douceur, à la confiance, à la Charité, au respect de la sainteté des prêtres. Je lui donnais l’exemple du Curé d’Ars qui avait déclaré de son vivant que, si un jour il se retrouvait face à un ange et face à un prêtre, il s’inclinerait d’abord devant le prêtre, car celui-ci est plus grand et plus royal qu’un ange. L’impétueuse sexagénaire au carré Hermès et à la jupe plissée écossaise (je vous jure que je ne force même pas le trait !) m’a répondu, avec un aplomb satanique : « Moi, je ne m’incline que devant l’ange ! ». Je lui ai répondu : « À votre place, je me méfierai des anges. Notamment de l’Ange de Lumière. » Elle me rétorque : « Ah non mais pas celui-là ! Seulement les bons ! » Je lui ai sorti alors : « Le tiers des ‘bons anges’ est quand même tombé avec Lucifer… ».
 

Ne perdant pas mon émerveillement devant cette femme révoltée, je m’efforçais (quitte à paraître lourd et exagérément obséquieux) à la bénir et à la couvrir de louanges, à rendre grâce à Jésus pour sa présence à la messe et pour l’immense joie qu’elle m’avait donnée, et qui commençait à devenir réelle. Parce que – et ça, c’était sûr – l’Esprit Saint m’avait conduit à Josiane et me soufflait d’aimer, d’aimer et d’encore aimer celle qui jouait la mégère acariâtre, je sentais que la femme au caractère de dragon n’avait pas vomi tout son orgueil ni sa blessure la plus profonde, et qu’il lui restait encore le gros morceau à cracher. Il n’est pas sorti de ma propre initiative. Jésus a fait en sorte que quasiment rien ne vienne de moi, mais que tout se fasse par Lui, et dans le respect de la liberté de tous les acteurs présent. En fait, aussi surprenant que cela puisse paraître venant d’une femme aussi bavarde et autocentrée que Josiane, elle s’est arrêtée de parler et s’est intéressée à moi, en me posant une question sur… ma maman ! (Qu’est-ce que ma mère venait faire là ?) Elle m’a demandé si ma mère était encore de ce monde. Je lui ai répondu que non, qu’elle nous avait quittés il y a à peine deux. Mais Josiane m’a ainsi fait le cadeau de me permettre de rendre témoignage à ma maman et de raconter en trois phrases la conversion extraordinaire que celle-ci avait vécue pendant sa vie. Je ne sais pas pourquoi, j’ai senti que je devais insister sur la tempête que ma maman avait traversée et sur le mot DÉPRESSION – ne me demandez pas pourquoi j’avais deviné que Josiane en avait fait aussi une carabinée, avec internement psychiatrique et tout, avant que mon interlocutrice ne me l’avoue elle-même ! – dépression qui avait transformé ma mère dure en maman douce et sainte qui lisait des psaumes avec mon papa sur son lit d’hôpital encore trois semaines avant sa mort. Josiane n’a pas fondu en larmes du tout quand j’ai tapé dans le mille de son drame secret. Mais au moins, elle s’est livrée sur la part la plus humiliante de sa vie. Quand j’ai entendu toute la souffrance, tous les combats, tout le désamour, toutes les trahisons, tout le récit de la dépression, tous les manquements d’amour qu’avait subis autant que provoqués la pauvre Josiane, j’ai compris pourquoi elle ramenait tout à elle, ne voulait compter que sur elle-même, détestait les prêtres et les catholiques, refusait la confiance et se méfiait de l’Amour, foutait le bazar dans les groupes où elle participait pour un oui pou un non.
 

Elle devait retrouver pour le déjeuner de midi son équipe de scouts, justement, mais n’arrivait pas à me lâcher. Moi, je continuais à lui exprimer mon émerveillement de la rencontrer, ma préférence pour son impétuosité et pour son goût de la Vérité, en lui rappelant avec un immense sourire et une fermeté insistante que « Sans Charité, la Vérité devient péché », que « Sans l’Amour de Jésus, c’est l’enfer au bout du couloir », que « Refuser la confiance et manquer de respect aux prêtres c’était pas beau », et en l’invitant à essayer, ce midi, avec ses camarades, la DOUCEUR. Et miracle ! : l’Esprit Saint a réussi à faire sourire Josiane ! Trop beau ! J’ai vu l’humeur massacrante se transformer en joie. La rigidité qui accepte de s’assouplir et de laisser passer le sang chaud. Je ne sais pas du tout ce que ça aura donné. L’orgueilleux self-control volontariste et égocentré ne datait pas d’hier. Donc je doute qu’un changement spectaculaire se soit produit. Mais rien n’est impossible à Dieu. Ce qui est sûr, c’est que l’Esprit Saint et que ma maman ont agi.
 

Pendant l’office de None du début d’après-midi dominical, un verset du psaume 118 a accroché mon cœur tellement il mettait en mots exactement mon sentiment intérieur de gratitude envers le Seigneur : « Vous avez été bon envers votre serviteur, Seigneur, selon votre Parole. Enseignez-moi la bonté, la règle de la vie et la sagesse, car j’ai foi en vos commandements. Avant d’être humilié, je péchais. Maintenant, j’observe votre Parole. » Amen !
 

En fin d’après-midi, je me suis rendu aux Vêpres des sœurs bénédictines de l’abbaye de l’Annonciation. Sur le chemin champêtre ensoleillé, j’ai appelé mon papa au téléphone. Je lui ai dressé le bilan de ma retraite. Quand j’ai vu qu’il pleurait à chaudes larmes de joie, de soulagement au téléphone, j’ai mesuré combien il m’avait laissé libre et combien ça l’avait fait souffrir. Comme il entendait que tout en moi était parole de sagesse et de paix, il était dans l’action de Grâce. Quand je lui ai dit que je faisais Carême de paroles médisantes, il m’a rétorqué : « Ça, ça fait longtemps que je te le dis ! » J’aurais pu répliquer, comme à mon habitude. Mais je n’ai pas réagi. Je baisse les armes et ne murmure plus, ne me justifie plus. Comme un grand, je laisse seulement le seigneur me justifier !
 

Cette retraite au Barroux m’a montré que je n’avais pas assez confiance en l’Église. Je décrétais sous forme de prédictions hasardeuses son inexorable déclin, son agonie, son schisme, sans même goûter à la vitalité spirituelle du terrain ecclésial. C’est honteux, quand j’y pense. Même si je soutenais l’éternité de l’Église, je la rêvais à l’article de la mort. Oiseau de mauvais augure que j’étais.
 

Cette retraite m’a montré également mon orgueil et mon arrogance de Monsieur je-sais-tout. Et le pire, c’est que c’est l’Esprit Saint qui m’a dévoilé tout cela. Car mon directeur de retraite n’a été que douceur pendant toute la retraite et n’a même pas eu besoin d’être convaincant. Au fur et à mesure de la retraite, je le voyais gagner en joie et en soulagement quand il venait me visiter.
 

Et moi qui me vantais, avant la retraite, d’être un homme du « oui mais »… alors qu’en réalité, l’homme qui se donne sans condition, sans « si », sans « mais », sans « sauf », mais dans un grand et plein « OUI » est le véritable serviteur du Christ!
 
 
 
Sacred-Heart

L’émission The Voice : JAMAIS ô grand JAMAIS vous ne nous surprendrez à faire le salut nazi!

 

C'était cool, Staline, quand même...

C’était cool, Staline, quand même…


 
Jamais on ne refera de saluts nazis. JAMAIS !

Jamais on ne refera de saluts nazis. JAMAIS ! (ni de quenelles)


 
Vas-y Cristina, montre-nous la Voix !

Vas-y Cristina, montre-nous la Voix !


 

Cela fait un moment que je regarde l’émission de télé-crochet The Voice, et j’avais envie, au moins une fois dans ma vie, de vous proposer ce petit décryptage fait maison, non pour vous décourager à la suivre, mais pour que vous la regardiez peut-être autrement, plus librement et lucidement. La preuve qu’on peut trouver dans un programme médiatique un intérêt et un plaisir certains (sans pour autant s’enchaîner à ceux-ci), voire même une toute nouvelle dimension universelle, sans doute plus authentique et universaliste que la dimension mondialiste proposée par les marchands télévisuels et les concepteurs de The Voice ! Fort de ma fidélité de 5 années de visionnage, je vais essayer de vous montrer en quoi l’émission The Voice tue les âmes en sacralisant les voix.
 
The Voice Mappemonde
 
 

1) L’Empire de la Voix :

 

Quoi de plus immatériel, invisible, fragile, et pourtant concret, perceptible, puissant, charmant, divin que la voix humaine ? On comprend pourquoi Dieu a choisi d’être une voix. D’être la Voix du Christ et du Père. Au commencement était le Verbe, et le Verbe s’est fait chair. La Voix du Père est à la fois imposante parce qu’Il est Dieu, et délicate, mélodieuse, subtile parce qu’il est Dieu d’Amour, Il est Fils.
 

Le diable, lui, a très bien compris cela vu qu’il essaie de devenir la Voix, mais de La déchristianiser (tout en L’angélisant), de La dépersonnaliser, de L’indéfinir, de L’éclater (pour qu’Elle perde sa douceur et devienne cacophonique), de La mondialiser (pour La disperser et L’écarteler). The Voice, ok ! … but not Jesus ! Satan se travestit en chant et essaie de ravir la voix de chacun d’entre nous juste avant de nous ravir l’âme. Si vous remarquez bien, les deux – âme et voix – sont quasiment synonymes, même inconsciemment. « Je n’ai que mon âme pour te parler de moi. Ô juste mon âme, mon âme et ma voix. » chante Natasha St-Pier pour le concours Eurovision (D’ailleurs, la chanteuse québécoise est présentatrice de The Voice Belgique). Alors faites attention à qui vous donnez votre voix. Cela peut, sans que vous vous en rendiez compte, vous faire perdre votre âme. On le voit bien en politique. On le voit en science (avec le mentalisme, l’hypnose et le lavage de cerveau). On le voit dans le boboïsme (cf. le code sur la voix-off dans mon livre Les Bobos en Vérité). On le voit également dans cette lubie mondiale qui veut faire de tous les habitants de la terre des chanteurs ou au moins des mélomanes casqués.
 
The Voice partout
 

The Voice s’insinue partout : dans notre quotidien, dans notre tête, dans notre cœur. Et déjà à la tête de la présidence des Nations (genre Michelle Obama fait du rap).
 

 

Avec le temps, la Voix est devenue le trophée et l’Eldorado du Gouvernement Mondial néo-communiste. Le sceptre de l’émission The Voice, avec le « V » de la Victoire et de la Voix, en témoigne. Le chef d’État ne gouverne plus : il chante. Le prêtre prie moins : il soigne son image de rockeur. L’élève ne veut plus être pompier ou archéologue mais chanteur. L’agriculteur ne cultive plus : il fait un clip pour sensibiliser sur l’écologie. On n’a même pas besoin d’avoir la télé pour rencontrer The Voice : l’émission vient à nous et nous rejoint là où nous sommes (métro, supermarché, etc.). La Voix, avec les applis I-phone (telles que « Ok Google ») et les loopers, peut reconnaît notre propre voix naturelle et fait semblant de s’y soumettre/calquer pour ensuite la devancer, la remplacer, la robotiser (cf. le cas du chanteur au nom de robot, MB14, qui a justement participé à l’émission The Voice du 20 février 2016).
 

Le statut de star s’ubérise, se démocratise à vitesse grand V (c’est le cas de le dire…). Chacun se fait son petit clip ou son petit concert ou son trip musical mais avec « le monde » pour témoin, avec une salle de concert et un public hystérisé qui est venu applaudir un chanteur sans disques. Grâce aux avancées technologiques, la télé a la possibilité d’offrir à son public un karaoké amélioré, un concert personnalisé en duplex. Que rêver de mieux ?
 

C’est ce qu’on peut déjà observer dans l’émission The Voice qui est devenu, en l’espace de cinq ans, la plus puissante multinationale télévisuelle après Facebook. À travers ce type de programmes – mêlant téléréalité et compétition par le talent vocal – on veut nous persuader que l’action existentielle peut se limiter au chant, que la musique est notre vie et sera notre travail, que la Voix est notre identité profonde et notre Salut, que nos talents vont nous faire vivre et vont occulter tout le reste (nos défauts, nos efforts, nos limites, nos devoirs d’état, notre handicap et nos imperfections, notre travail, et même nos relations), que la reconnaissance sociale ne peut passer que par la célébrité vocale, que si on veut vraiment exister sur cette terre on doit se lancer dans la musique, qu’on a tous droit à notre quart d’heure de gloire pendant lequel on est traité comme des plus grandes stars que les 4 stars qui nous jugent (elles-mêmes se battent pour nous avoir, c’est dire !), que nous allons tous faire carrière et que nous sommes tous des stars et que nous allons tous faire des disques (même si ce n’est pas dans le cadre de l’émission The Voice). Le miroir embellissant qu’est The Voice a donc tout du miroir narcissique déréalisant dans lequel l’Humanité s’admire et se noie, sans se rendre compte de la perversion de la captation spéculaire dont elle fait l’objet puisque celle-ci se base apparemment sur le meilleur de nous-même (famille, amis, beauté, sensibilité, bien-être, plaisir, savoir-faire, performance, simulation d’action, talents réels, originalité, engagement politique, spiritualité, etc.).
 

En réalité, ce programme est un mensonge sincère mondialisé, un formatage au nom de l’anti-formatage, une mégalomanie altruiste phénoménale, le pilori doré des artistes et des âmes, un individualisme de masse où chacun est invité à rester dans sa bulle, dans « son univers » comme ils se plaisent à le dire (« Garde ton âme, ton univers, ta couleur, ton grain de voix, ton identité, ta sensibilité, ta fêlure, etc. »)… mais cette liberté dans l’autonomie ne peut résister au temps qu’au prix d’un enchaînement à une grande bulle qui englobe et formate toutes les petites bulles, un système global mercantile. C’est le principe des poupées gigogne : « On ne va pas de sortir de ton monde. » promet Garou à un de ses chanteurs (le 20 février 2016). Mais ce qui n’est pas dit à la graine de star, c’est que son petit monde va être supplanté par une bulle plus grande qui va éclipser et étouffer à petit feu son microcosme, microcosme respecté seulement au départ, ou uniquement le temps d’une année. Tu es chanteur-fromager ? Ok, c’est cool, c’est exotique, on respectera ton univers… mais pendant un an et seulement si tu montes une super-fromagerie musicale… Sinon, tu sais où est la sortie !
 
 

2) La Voix avant la Personne :

L’appareil The Voice (à l’instar de Danse Avec Les Stars ou de X-Factors ou La France a un incroyable talent ou La Nouvelle Star) se veut être un générateur d’émotions pures, un immense centre névralgique de sensations, une batterie imposante façon Blockbuster qui enregistre, donne corps et condense tout ce qu’on ressent (sens, souvenirs, sentiments, affection, élan de solidarité, compassion). En réalité, l’Humain (et la beauté qu’Il génère) est un alibi pour justifier l’existence et l’activité de la machine. Et sa voix ou son talent constitue l’essence pour faire tourner cette même machine. « C’est les talents qui font l’émission. » déclare Zazie (le 20 février 2016). Les artistes de The Voice y sont progressivement déshumanisés : ils deviennent des numéros pour lesquels voter, des « voix » ou des « talents (appartenant à leur prof) » plus que des personnes, ils deviennent des outils à faire chauffer la salle ou à la toucher, des bêtes de scène offrant un concert avant même d’avoir produit quelque chose ou d’être entendu par un auditoire qui connaît concrètement leur répertoire, des objets à enchères et à pari discographiques, des contributeurs chargés d’apporter des émotions nouvelles pour faire exploser le compteur de la Grande Machine émotionnelle nationale/mondiale. « Vous nous proposez un moteur puissant. » (Florent Pagny s’étant retourné pour un artiste, le 5 mars 2016)
 

En plus, toute l’équipe technique d’experts-mécaniciens est là pour les astiquer : Florent Pagny vérifie l’amplitude de la voix et la performance, Garou regarde la puissance, Zazie se soucie du rythme et de la justesse, Mika mesure les chances marketing et le potentiel discographique, Jenifer veille aux plaquettes de freins et à la couleur de l’« univers » anticonformiste de la carrosserie, Louis Bertignac cherche plutôt une bécane de rockeur, Patrick Fiori vise l’intensité compassionnelle. Tous ont en commun de rechercher la perle de l’Émotion… mais passent à côté de la Vérité qui parfois émeut mais le plus souvent n’émeut pas, ne se sent pas, ne s’éprouve pas, ne fait apparemment rien, ne brille pas, se tait parfois, fait honte ou fait mourir, fait prendre le risque d’être parfois impopulaire ou persécuté : Jésus.
 

À The Voice, bien au-dessus de l’Humain trône surtout l’agir, la technique, le savoir-faire, la capacité, la performance. Mais attention : le savoir-faire au service du ressenti, au service de l’émotion orgasmique ! (ceci pour prouver que le système n’est pas si inhumain, productiviste, mercantile et techniciste que ça, qu’il y a une éthique quand même derrière le show business !) et soi-disant au service de la personne. Tout y est centré sur la volonté personnelle et l’intensité émotionnelle de l’instant : c’est la star naissante qui « choisit comme elle le sent » (selon son « instinct » comme elle dit souvent, en se comparant inconsciemment à un animal), c’est le coach qui « décide et dirige comme il le sent », c’est le public qui « vote comme il le sent ». The Voice est vraiment à l’image de l’entreprise capitaliste et du mythe du self-made man. All by myself ! And I do what I feel !
 

Juge de The Voice Kids Allemagne (Ça commence à monter...)

Juge de The Voice Kids Allemagne (Ça commence à monter…)


 

C’est ce que j’appellerais l’« individualisme-divertissement collectif », ou le « narcissisme de masse ». J’irais même jusqu’à employer la périphrase de « masturbation à plusieurs ». Regardez par exemple cet extrait de The Voice Australie où le chanteur Seal pousse des gémissement qui confinent à l’orgasme auditif, la jouissance à distance. Et sa collègue Delta Goodrem, dans sa position lascive sur son fauteuil, ne fait guère mieux…
 

 

Orgasme en direct (Jenifer et Mika)

Orgasme en direct (Jenifer et Mika)


 

Je vous passe également les moments où les coachs se mettent à danser sur leur fauteuil, se lâchent en mode Pump It Up, dans des positions lascives ou indécentes… alors qu’ils ont quand même un devoir de réserve et d’exemple. L’encouragement à la masturbation symbolique concerne également le spectateur. De sa voix suave et télégénique, Nikos Aliagas, pendant les auditions à l’aveugle, invite ses auditeurs de l’invisible à fermer les yeux, à s’installer confortablement dans leur fauteuil, à ne plus penser à rien, à se laisser envahir par la sensation de bien-être orgasmique qui est censée les envahir à l’écoute de la Voix qu’ils vont ouïr. « Qu’allez-vous ressentir quand vous allez entendre ? Est-ce que cette voix va parvenir à toucher votre cœur ? » (voix-off de Nikos Aliagas le 20 février 2016)
 

Kylie Minogue se touche pour The Voice UK

Kylie Minogue se touche pour The Voice UK


 

Le concept de l’émission est réactionnaire dans le sens propre du terme. Il vise à stimuler en masse des réactions (comme le moteur à réactions) : les réactions de la jouissance, du bien-être auditif, de l’émerveillement face à la beauté ou à la surprise ; les réactions de l’émotion incontrôlée (larmes, excitation, rire, peur, euphorie, effusion de tendresse, étreintes avec des inconnus, déception, rêve, etc.). Dans The Voice, les émotions fortes sont démultipliées et tellement déconnectées du temps réel que prendrait une relation d’amitié ou d’amour pour se construire solidement sur la durée, que ça devient très fort très vite, mais ça retombe aussi très fort et très vite. Exactement comme pendant un coït génital.
 

Pour suivre une métaphore filée qui paraîtra aux yeux de certains tirée par les cheveux (en même temps, je viens de vous parler de masturbation, alors vous êtes parés !), la Voix dans The Voice, c’est à l’image du stimulus sexuel qui va toucher l’oreille des coachs et leur faire « dresser les poils » (expression qu’ils affectionnent en particulier, conjointement à l’expression « donner le frisson ») ; la main ou le pied (et plus rarement la tête ou les fesses) de chaque coach est l’organe génital en érection une fois excité ; le buzzer ou le bouton rouge est l’orgasme et l’envoi du spermatozoïde ; le filet lumineux blanc qui s’allume entre le fauteuil du coach et la scène où chante le candidat représente le flux du sperme blanc qui a des chances de féconder le talent ; et après, chacun des coachs revendique sa paternité ou son amour auprès de son « bébé » musical nouvellement trouvé.
 

Position... prêt... PARTEZ !

Position… prêt… PARTEZ !


 
Noemi Scollatura dans The Voice Italie

Noemi Scollatura dans The Voice Italie


 
Mika prend son pied

Mika prend son pied


 
Oh oui ! C'que c'est bon !

Oh oui ! C’que c’est bon !


 

Ce n’est pas la PERSONNE du chanteur qui intéresse vraiment les jurés et qui est considérée comme une pépite. C’est sa PERSONNALITÉ (personne et personnalité, c’est tout à fait différent !), c’est l’IMPRESSION qu’elle dégage et qu’elle incarne un bref instant, c’est son charisme, c’est son image, c’est son enveloppe, ce sont ses bonnes ondes ou « good vibes », c’est sa voix (et en plus, le titre de « plus belle voix de France » n’a pas de nom, reste une périphrase qui dépersonnalise même le gagnant !), c’est sa sensibilité, ce sont sa sincérité et ses intentions plus que sa Vérité et ses actes concrets, c’est sa capacité à générer des émotions. Ce qui passe au second plan, c’est la personne, son histoire, sa pensée profonde, sa foi.
 

Bien évidemment, les jurés ne sont pas inhumains. Ils s’appuient un peu sur des éléments de la personne et de son vécu pour donner de l’épaisseur à leur protégé(e) et une éthique à leur poste de présentateurs. Mais ce sera pour grappiller de l’anecdote exotique ou émotionnelle, et formater ensuite le chanteur en vendeur de disques et en remplisseur de salles de concert. Ce sera (même s’ils ne s’en rendent pas compte) pour « tirer leur coup » télévisuel et carriériste.
 

Au moins, dans The Voice » hispanophone, le slogan lumineux qui s’affiche sous les pieds des coachs n’est pas teinté d’hypocrisie comme dans les autres pays où clignote le « I want you » ou le « Je vous veux ». Là-bas, c’est plus franc. Ce n’est pas la personne qui est mise en avant mais uniquement sa voix : « Je veux votre voix » (« Quiero tu voz »). Ça reste inquiétant, mais c’est plus conforme à la réalité.
 

Dans The Voice, les personnes défilent et passent comme les émotions fortes et pures. Le moment, l’immédiateté, l’instant (de stress et de tension), l’intensité (du succès immédiat, des compliments dithyrambiques), le sentiment et l’action, sont sacralisés/scénarisés à l’extrême. L’avoir, le faire, le sentir, empiètent sur l’être, le croire, l’aimer, le devenir, la durée, la pensée, l’analyse, la réflexion. Les « talents » s’enchaînent dans une perspective bizarrement impersonnelle (je dis « bizarrement » car les portraits rapides donnent à croire au départ que chaque identité est respectée ; les liens relationnels tissés dans l’urgence aussi). Par exemple, la fois où les jurés ont laissé filer un talent un peu trop âgé à leur goût – il s’agissait de Delphine Mailland, une infirmière de 57 ans, le 20 février 2016 –, le dialogue en backstage qui s’en est suivi entre Florent Pagny et Mika a été vertigineux de mauvaise foi sincère : en effet, Pagny s’est à peine excuser d’avoir eu l’impolitesse de ne pas s’intéresser à la personne de Delphine (« On était tellement en état de grâce qu’on ne lui a même pas demandé son prénom, dis donc… ») ; et sans malveillance aucune mais avec une désinvolture béate, son voisin de fauteuil lui a rétorqué, en sirotant son gobelet avec sa paille : « En même temps, c’était pas la chose importante. ». On a passé un bon moment. C’est d’abord ça qui compte. Qui nous l’a fait passer ? C’est secondaire ! C’était mythique et ça valait le coup d’être vécu sans qu’on s’intéresse à la personne. C’est le moment pour le moment. L’émotion pour l’émotion. On a « vibré » comme notre portable, sans répondre à l’appel ? Tant pis. On enchaîne !
 
 

3) La Fusion entre le mécène et son disciple :


 

Sur le plateau de The Voice, le célèbre côtoie l’anonyme. Et ce rapprochement surprenant fascine autant qu’il éblouit et trouble notre jugement.
 

Les chanteurs même marginaux, bobos et anti-système, en fin de carrière ou intermittents du spectacle, tentent leur chance en vivant à The Voice l’expérience fugace de l’inversion des rôles entre stars confirmées et stars inconnues, le « challenge » (mot qui revient souvent) de la starification de 15 minutes consacrée cyniquement par Andy Warhol, étant donné qu’ils n’ont soi-disant « rien à perdre » et qu’ils en ont marre de ne pas vivre leur « rêve », et puis surtout pour le plaisir de « prendre du plaisir » et de « s’éclater ». La dernière expression (« s’éclater ») est récurrente dans leur bouche et ô combien symptomatique de la perte d’unité et d’identité qui est en train de s’effectuer en direct : l’étoile naissante, embarquée dans le Grand 8 télévisuel, explose en plein vol et se partage médiatiquement avant de mourir… ou parce qu’en réalité elle est déjà artistiquement morte !
 
Famille
 

Une des selfies les plus partagées et connues au monde

Une des selfies les plus partagées et connues au monde


 
Jury de Danse Avec Les Stars

Jury de Danse Avec Les Stars


 
Jury The Voice France

Jury The Voice France


 

Et de leur côté, les célébrités jouent à être des messieurs Tout le Monde (la Génération Selfie des stars a même gagné Hollywood), capables de (feindre de) troquer leur siège de coach à des gens de la rue, à des chanteurs du métro voire à des familles, pour cacher qu’elles sont elles-mêmes sur la sellette, sont de plus en plus nombreuses et de moins en moins talentueuses et reconnues durablement, sont détrônées par des gens plus expérimentés, jeunes, nouveaux, compétents et vendeurs qu’elles, que le concept même de « star » est sur le déclin et en voie de disparition partout dans le monde. Si tout le monde devient une star en quelques secondes et quelques jolis accords de guitare, plus personne ne le sera, car une étoile ne peut briller ni ressortir quand elle est entourée de lumières, aussi talentueuse soit-elle.
 

Quoi que s’évertuent à cacher les concepteurs de The Voice, ce télé-crochet est une entreprise qui se mord la queue, même si bien sûr il ne sert pas totalement à rien et fait vivre objectivement de belles choses, de belles émotions, de belles rencontres. À ce titre, la relation scénarisée entre la graine de star et son mentor, c’est trop, beaucoup trop. La comédie de la gratuité de la camaraderie, dans un système où la pression des impressions est si forte, est grossière en même temps que sincère (c’est là qu’on voit que la sincérité n’est pas la Vérité !). En direct, les stars confirmées achètent les nouvelles recrues par la flatterie (pas toujours hypocrite, d’ailleurs) et les promesses (sincères mais souvent fausses et non tenues) : « Toi, tu feras des disques. » ; « J’irai à tes concerts. » ; « Tu iras loin. Surtout ne lâche pas. » ; « Je n’ai jamais vu ça depuis 5 ans que je fais cette émission. » ; « Là, je crois qu’on tient un finaliste ! » ; blabla, blabla.
 

The Voice est le monde des promesses folles, des pronostics emballés, des déclarations d’amitié à l’emporte-pièce, des adulations spontanées. « Je t’adore !!! » (Mika s’adressant à Tamara, le 20 février 2016) Vous savez que le verbe « adorer » signifie « (vouloir) être comme » et non pas simplement « aimer beaucoup » ? (C’est pour ça qu’on adore que Dieu) La distance entre l’amateur et son objet n’est pas du tout respectée dans The Voice (et la récente apparition de l’émoticône « J’adore sur Facebook indique également ce glissement social vers l’incestuel et l’idolâtrie).
 
The Voice J'adore
 

À The Voice, il n’y a plus de distance entre ce que l’on aime (de goût) et ce que l’on aime d’amour, plus de distance entre amitié et amour, plus de distance entre le virtuel et le concret, plus de distance entre l’aimé et l’aimant, plus de distance entre l’apprenti et l’apprenant. On se sert dans les bras. On « s’adore ». Le spectateur assiste à de grandes embrassades entre artistes qui ne se connaissent même pas. C’est le règne des effusions télévisuelles. L’amour de la star avec qui on va s’entraîner est mis sur le même plan que l’amour avec ses amis et sa famille, par exemple.
 

"Tu es ma meilleure ennemie"

« Tu es ma meilleure ennemie »


 
"Je vous aime, Illustre Inconnu"

« Je vous aime, Illustre Inconnu »


 

Les jurés, quand l’artiste sur qui ils ont misé est applaudi, parodient parfois le fait que les applaudissements leur soient adressés exclusivement à eux, comme s’ils avaient effectué eux-mêmes la prestation de leur favori : la distance entre l’entraîneur et son poulain est bien souvent abolie, envisagée sur le mode de la fusion flattant deux égocentrismes qui vont s’apporter l’un à l’autre la notoriété qu’ils attendent (notoriété de l’expérience et notoriété de la nouveauté). C’est hyper malsain, cette collaboration, car s’y même du très beau et du très égoïste. Tout fonctionne par transfert, comme dans un commerce où l’émotion, la célébrité, la voix, servent de monnaie d’échange, de tremplin et d’accélérateur d’on ne sait pas trop quoi (on sait juste que ce n’est pas qu’humain) ; comme dans un business où la réelle gratuité est si peu présente.
 

L’inversion des rôles entre la star de l’ombre et la star de la lumière se fait passer pour une formidable démocratisation de l’art, un acte d’humilité et de courage de part et d’autre, une rencontre révolutionnaire de deux mondes que tout (= l’argent, le pouvoir) séparent, un partage de gloires et de qualités. En réalité, de la part de la télé (de plus en plus concurrencée et menacée par internet) et de la part des anciennes stars devenues coachs, c’est juste un cadeau empoisonné et/ou intéressé fait au Peuple, juste une stratégie de survie avant le naufrage de l’industrie du disque, des mass médias, du monde de la créativité musicale (les gens sont saturés de sons et de vedettes à aduler), du concept même de « célébrité », de leur carrière. La confusion entre la vedette et son fan indique également une fusion incestuelle entre le Pygmalion et sa Muse, fusion qui ne présage pas grand-chose de bon, tant au niveau qualitatif qu’au niveau éthique.
 

À l’occasion des auditions à l’aveugle, TF1 nous fait quand même revivre une soixantaine de fois la même scène de Cendrillon, en espérant qu’on y croira toujours autant et qu’on ne s’en lassera pas ! C’est-à-dire la scène de la transformation, après les 4 buzz des coachs et avant les 12 coups de minuit, du musicien de garage provincial en superstar, ainsi que la métamorphose des stars certifiées en valets qui s’agenouillent devant leur nouvelle princesse ou leur nouveau prince en béret pour essayer leur pantoufle de vair sur elle/lui. Et s’instaure le sempiternel jeu rhétorique de la flatterie passionnelle, fanatique. Ce jeu de rôles n’est pas qu’hypocrisie intéressée, heureusement. La conscience d’être dans un excès apporte de la convivialité, de la taquinerie objectivement drôle, savoureuse, conviviale et toujours efficace, il faut l’avouer. L’euphorie nous entraîne vers un émerveillement quasi incontrôlable.
 
Euphorie
 

La France dans tous ses états

La France dans tous ses états


 

Dans The Voice, les rôles prof/élève s’inversent tout en se copiant : « J’aime beaucoup ce que vous faites. » / « Ah ben tiens, moi aussi ! » Si jadis l’unilatéralité de la fan attitude saoulait carrément les étoiles de la chanson ou du cinéma, et frustrait les groupies-paparazzi, maintenant, chacune des parties (d’un côté le fan club, de l’autre la superstar) a compris qu’elle avait des intérêts communs et personnels à tirer de la mise en scène filmée de la rencontre de ses adulateurs, quitte à singer l’idolâtrie et l’affection justement. Pendant quelques minutes d’antenne observées par des millions de spectateurs, les chanteurs inconnus du grand public acceptent d’être courtisés et pris pour des rois par les rois homologués. Quant à ces derniers, ils jouent – parfois à la perfection – les adulateurs hystériques soudainement touchés par la Grâce, capables de tout pour tester leur pouvoir d’influence sur le premier troubadour qui passe. Démagogie et orgueil, quand vous nous tenez par la sincérité, le jeu et l’humour… ! Inversion des rôles trop spectaculaire pour être vraie et solide. Mais flatteuse, drolatique et sincère pour tout le monde, ça oui ! Je dis bien « Tout le monde ». Y compris pour les vedettes qui feignent de s’abaisser au statut de fan. Y compris pour le public et les téléspectateurs qui voient leur rêve inavoué de célébrité se concrétiser sur les écrans par sosies interposés. Et à la fin, tout le monde revient chez lui, la guitare entre les jambes, en ne comprenant pas bien ce qui se passe (l’individu est ovationné, et sur la base d’un talent réel et d’échanges parfois « forts », en plus… et juste après, il risque de tomber assez vite dans l’oubli), en étant un peu plus dégoûté de sa vie réelle (après avoir entrevue une possibilité de sortie artistique du tunnel), en croyant au mirage de cette inversion exceptionnelle des masques entre stars fameuses et artistes de l’ombre. C’est sidérant. On s’est fait délester le portefeuille de nos rêves, et on n’a rien vu venir ! On a même trouvé ça plaisant…
 

 
 

4) La Voix du mensonge :

The Voice, au-delà de ses intentions et de ton potentiel émotionnel palpable, au-delà de son aspect technique qualitatif indéniable, c’est le règne du mensonge sincérisé. Par exemple, les fameuses « auditions à l’aveugle » (qui constituent un méga casting qui s’étale sur des mois !) sont une gigantesque arnaque. Car elles s’opèrent tout sauf à l’aveuglette. L’apparence y est paradoxalement célébrée comme nulle part ailleurs dans le monde des médias. Même si le choix des talents se fait soi-disant sans la vue et au-delà des apparences et des préjugés, le public sert forcément de miroir pour les 4 coachs ; le regard et la réaction des coachs retournés fonctionne comme reflet influent ; la voix entendue sans être vue, dans ce qu’elle donne comme indice d’âges et de sexe sur elle, sert aussi de critère de jugement sur le paraître physique du candidat. Sans compter que la première étape du concours The Voice est conditionnée par la course à l’image qui va la détrôner dès les battles et les directs. Florent Pagny, dernièrement, a justifié face à une mamie (toujours Delphine Mailland, précédemment citée) qui chantait super bien et pour laquelle aucun des jurés ne s’est retourné : « On n’a pas appuyé parce qu’on sait la suite… » Le slogan « Seule la voix compte », répété en boucle par Nikos Aliagas, l’animateur en chef, ne tient absolument pas. Et les années passant, les spectateurs sont de moins en moins dupes de cette fausse objectivité ou fausse démocratie du concours télévisuel.
 

L’une des injustices les plus flagrantes de The Voice, c’est la discrimination de la différence des générations. Effectivement, ce qui navre quand on suit la saga The Voice d’année en année, c’est de constater que l’âge est applaudi comme une performance. C’est la première et quasiment la seule information biographique qui enchante les coachs quand ils commencent à rendre leur copie après avoir entendu une prestation. « D’abord, tu as quel âge ? Oh bravo, tu as 17 ans ! Quel talent ! Ah oui, pardon… et comment tu t’appelles ? » Ce jeunisme (qui est concrètement un sectarisme : si Charles Aznavour avait été de la génération The Voice, il y a fort à parier qu’on ne l’aurait jamais connu, vu qu’il n’a eu accès à la notoriété qu’à un âge avancé !) est de moins en moins discret. « Quel physique et surtout quel âge prêtez-vous à cette voix ? » (la voix-off de Nikos Aliagas s’adressant aux téléspectateurs, le 27 février 2016) ; « Elle chante mieux maintenant ! » (Mika, découvrant en vrai le physique juvénile et joli de Louisa-Rose, 16 ans, le 27 février 2016) ; « En plus, vous avez 16 ans, et ça, ça nous fait rêver ! » (Florent Pagny, louchant sur Louisa-Rose, idem) ; « J’entendais un ange qui a tous les pouvoirs. » (Garou, idem) The Voice est une espèce d’École des Fans remasterisée. La preuve avec le pendant jeuniste The Voice Kids qui talonne The Voice adultes de plus en plus près…
 

C’est sidérant. À The Voice, l’âge est considéré comme une compétence, un talent artistique, une capacité. Alors que s’il y a bien quelque chose qu’on ne choisit pas et qu’on ne maîtrise pas dans la vie, c’est bien notre âge ! Certes, l’âge est un don, mais certainement pas un talent. Et dans The Voice, ce ne sont pas tous les âges qui sont célébrés, mais seulement une tranche d’âges bien réduite : entre 16 et 30 ans. Pour les autres, la victoire est fortement compromise. Par ailleurs, ce n’est pas tant « la compétence musicale à un jeune âge » qui est applaudie par les coachs que le jeune âge en lui-même. Là est l’os. De surcroît, l’âge n’est pas bonifié en tant que garantie de durée d’une carrière de chanteur : c’est seulement en terme d’image de jeunesse, de pouvoir d’attraction et d’influence commerciale immédiate auprès d’une clientèle juteuse de jeunes acheteurs ou d’adolescentes attardées, de potentiel d’argent et d’audimat, qu’il est envisagé. Passé le stade des battles, le vieux chanteur (comprendre = au-delà de 35 ans) est jugé usé, impotent, peu exploitable. C’est même « pour son bien » et pour lui éviter de se casser le nez qu’on veut lui éviter de gagner ! Susan Boyle, c’était l’exception des exceptions, qui ne repassera pas deux fois.
 

Eurovision Finlande

Eurovision Finlande


 
La chanteuse Loïs dans The Voice 2

La chanteuse Loïs dans The Voice 2


 
Androgénéité 3
 

La discrimination dans The Voice ne repose pas uniquement sur l’âge et sur la différence des générations. Elle se fait aussi sur le sexe et donc le physique. Plus vous possédez « l’imperfection marketing » qu’il faut (je n’ai pas dit « l’imperfection tout court »), ou plus vous cultivez un style libertaire bisexuel et asexué (donc bobo), une androgénéité et une hybridité qui abolissent la différence des sexes, la différence des espaces et la différence Créateur-créatures, et plus vous avez des chances d’être un dossard gagnant. Bien sûr, il faut un minimum de talents : l’apparence physique ne suffit pas… mais elle couronne. Et si, en plus d’avoir un bel organe vocal enregistrable, vous êtes bi, jeune, étranger, ou handicapé, vous multipliez les chances.
 

le chanteur J Ax, juré de The Voice Italie

le chanteur J Ax, juré de The Voice Italie


 

J’exagère ? Pas du tout. Il vous suffit d’observer comme la composition des jurys de The Voice, partout dans le monde, est très orientée idéologiquement. Cette orientation est le boboïsme, courant de pensée fondé sur l’hétérosexualité, l’homosexualité et l’anticonformisme absolu (= la désobéissance). D’une émission The Voice à une autre, et d’un continent à un autre, on se retrouve sensiblement le même schéma de construction du jury : il y a l’Hétéro (= Ken bobo tatoué de partout)/l’Hétérote (= Barbie bobo masculinisée)/le Black (= quota minorité)/l’Homosexuel (ou le transgenre).
 
Trans 1
 
Trans 2
 
Trans 3
 
The New Judge Line Up Begin Filming The Voice UK
 
Trans 7 Suède
 
Trans 6
 
The Voice
 

Tous ces personnages illustrent le chantage aux sentiments (comprendre = chantage au machisme, au féminisme, au racisme et à l’homophobie) et l’instrument de propagande qu’est au final The Voice. Sous le vernis de l’émotion, du sensationnalisme, de l’esthétique, de la créativité, de la qualité, de l’authenticité forcée, de la convivialité scénarisée, de la sincérité, se cachent un manque de Vérité, une diversité de supermarché et une idéologie déréalisante et égocentrique réels.
 

La diversité passée au scalpel United Colors of Bande de Cons

La diversité passée au scalpel United Colors of Bande de Cons


 

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas regarder ce genre de programmes (la preuve, c’est que moi, je le suis fidèlement depuis son apparition). Mais à mon avis, il convient de le regarder comme un puissant signe des temps, comme un curseur important de la température de notre planète et de la progression de l’Empire de l’Antéchrist. Je vais m’expliquer en essayant de ne pas vous faire peur et de ne pas passer pour un fou ;-).
 
 

5) The Voice of the Devil :

 

Dans notre monde d’aujourd’hui, il devient extrêmement difficile de ne pas être envahi par la musique, le bruit ou les voix. On peut comprendre qu’aux oreilles et aux yeux de nos contemporains, le silence de Jésus et de Dieu son Père devienne très vite une irréalité, soit pris pour une preuve d’absence et d’inexistence. Et paradoxalement, comme la nature humaine a horreur du vide, et a fortiori du vide spirituel et verbalo-véridique, elle s’empresse de déifier (version panmythologique, transhistorique, noachide, bouddhiste, New Age, celtique, kabbalistique, maçonnique) la Voix humaine. C’est criant dans The Voice.
 

Oh? Un Druide !

Oh? Un Druide !


 

Même si nous ne nous en rendons pas compte, le noachisme a bien pris d’assaut le plateau de The Voice et de bon nombre d’émissions actuelles (Les Extraordinaires, Stars sous hypnose, Les Anges de la télé-réalité, Koh-Lanta, Secret Story, etc.). Dans The Voice, les artistes les plus valorisés ont soit tout du sorcier vaudou derviche tourneur mystico-oriental qui plaît aux bobos (Battista Acquaviva, Luc Arbogast, Dana, Mood, Al-Hy, Naomie, etc. : en général, ce druide ou cette druidesse est présenté(e) comme « un OVNI fascinant venu d’une autre planète »), soit tout de l’innocence angélique du bel éphèbe ou de la lolita prépubère, soit tout de la dureté du « SDF rockeur dans son monde ». Bref, tout du Désobéissant mystique ! (cf. mon article-livre sur l’Antéchrist et le code de l’Effrontée dans Les Bobos en Vérité)
 

 

Sur un air de tambourins foufoulélé, de guitare sèche minimaliste, de cithare celte ou de bandonéon bobo, The Voice se transforme bien souvent en Temple gréco-romain du paganisme spiritualiste et nostalgique.
 

Jenifer en Cléopâtra dans The Voice 1

Jenifer en Cléopâtra dans The Voice 1


 
Le chanteur homo Olympe dans son palais maçonnique

Le chanteur homo Olympe dans son palais maçonnique


 

Question nostalgie, par exemple, nous sommes servis, puisque toute l’émission repose sur les reprises de chansons rétro mythiques du répertoire musical mondial dit « immortel ». La Grande Messe The Voice se déroule sous le feu de projecteurs aux teintes lumineuses bleutées et rougeoyantes à la Star Wars. Le fond musical, c’est systématiquement « Le Seigneur des Anneaux » ou « Harry Potter ». 100% mystique hollywoodien. Beaucoup de chanteurs entonnent les chants incantatoires de la « Religion laïque » pour faire monter l’émotion transcendentale sans en assumer l’Inspirateur (= le Christ) : ils reprennent « Hallelujah » de Jeff Buckley, « Imagine » de John Lennon, « Chandelier » de Sia (on ne compte plus les fois où on nous l’a servie, celle-là !), ou encore « The Prayer » de Céline Dion et Andrea Bocelli. Dans l’église cathodique TF1, les quatre prêtres accrochés à leur siège royal rouge du futur, comme les victimes consentantes d’un ouragan musical qui viendrait de l’au-delà et qui les emporteraient, décernent des prix d’étrangeté, d’oracles et de magiciens, de divinité énigmatique, de prophètes ésotériques, aux nouvelles recrues les plus queer, les plus solaires, les plus atypiques, les plus divines, qu’elles entendent. Ils se prosternent devant leurs dieux en culotte courte. À en croire les jurés et leur jargon, on dirait qu’ils ont sérieusement foi aux extra-terrestres et à leurs ondes gravitationnelles « positives » : « The Voice nous permet d’avoir accès à des OVNI. Et vous avez la Grâce. » (Zazie s’adressant sincèrement à un de ses talents, le 20 février 2016) D’après les coachs, le chant est la discipline par excellence de l’envoûtement, un art divinatoire, un occultisme. La Voix serait une religion. Sans déconner.
 

D’ailleurs, un contrat d’adulation mutuelle s’instaure quasi immédiatement entre le et son talent : je te divinise, tu me divinises, et tu fais de moi la star que nous sommes/serons. « C’est simple. Je vous adore ! C’est la meilleure performance de l’année ! » (Mika s’adressant à Tamara le 20 février 2016) Parfois, un voile est posé sur les talents qui s’illustrent sur la scène de The Voice, exactement comme entre Dieu et les Hommes. Pendant l’émission du 27 février, j’ai même vu Padre Mika imposer les mains sur l’un de ses protégés juste après qu’il ait été choisi par lui ! On assiste à l’exacte reproduction des rituels catholiques, mais passés à la moulinette du paganisme déchristianisé. Bougies, bénédictions, génuflexions, croix celtiques… sur canapé rouge. On est en train de se tromper fondamentalement sur ce qu’est le véritable courage.
 

Kendji Girac

Kendji Girac, le Dieu Soleil


 

Comme dans tout rituel sacrilège diabolique, la réification de l’être humain et la possession sont omniprésents et sont les paradigmes de l’émission : « C’est trop ce que j’avais envie d’avoir ! » (Garou en parlant d’un des talents qui a intégré son équipe, le 20 février 2016). On retrouve le lexique de la possession, de la lumière et de la construction, qui compose la marotte de la franc-maçonnerie : « récupérer un talent », « en voler un à son camarade coach », « constituer son équipe », « posséder une équipe de X talents », « T’as mis le feu au plateau ! », etc.
 

Rihanna, ça ne se fait pas de pointer du doigt comme ça, ce n'est pas poli

Rihanna, ça ne se fait pas de pointer du doigt comme ça, ce n’est pas poli


 

Les coach font un commerce d’artistes comme ils font une collec’ de vignettes, de « brillants », en faisant oublier que c’est un commerce d’humains, un nouvel esclavage. En plus, sur le plateau, ils se conduisent volontiers comme des gamins sur une cour d’école, qui sont payés pour simuler qu’ils se chamaillent, au péril de leur réputation, au péril de leur pouvoir de conviction, au péril de leur assermentation de séducteurs, de mentalistes, d’hypnotiseurs, de Manipulateurs d’Or, de ravisseurs d’âmes. Mika, par exemple, comparent souvent ses co-équipiers coachs de « mages », de « sorciers » ou de « Sorcières bien-aimées », d’« ogres », d’« Araignée », de « Serpent Kaa dans le Livre de la Jungle ».
 
Brillants
 

Le seul hic, c’est d’une part que cette « religion The Voice » est anticléricale (par omission) et anti-christique (par omission aussi), d’autre part qu’elle ne repose pas sur un véritable altruisme humble et miséricordieux. La chorale d’anges-artistes que TF1 veut composer (« collectionner » serait le mot plus approprié) n’a pas grand-chose à voir avec le chœur de chérubins que nous verrons au Ciel et qui chantent à l’unisson la Gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est plutôt la troupe de Gremlins au physique d’anges mais aux dents de requins qui rayent le parquet. « La Planète ‘The Voice’ se peuple petit à petit de petites voix. » (voix-off de Nikos Aliagas le 20 février 2016) Chacun veut être la star se démarquant des autres. Chacun veut être un mythe. Mais c’est le plus souvent au service de sa propre gloire et au détriment des autres.
 

 
The Voice stade
 

Comme dans les jeux du cirque (d’ailleurs, dans le générique de l’émission The Voice, c’est le stade en images de synthèse à la Nâdiya qui apparaît en rouge sang), on met en scène des combattants dans une arène, sur un ring. Le « jeu » The Voice est basé sur l’élimination. La loi du plus fort, du plus « touchant ». Même si les battles sont romancées le plus souvent en merveilleuse idylle amicale entre meilleurs ennemis qui « ne se feront pas de cadeau mais qui s’adorent quand même », le concept même de l’émission repose sur la discrimination et la compétition (voulu saine/scène). « Comme tout concours », me direz-vous. Certes. Mais pas le concours d’entrée au Ciel, où là, ça ne se bousculera pas au portillon et où il y aura autant de places que les êtres humains accueilleront l’Amour de Dieu. Ce sera la loi du plus humble qui prévaudra. Et non celle du plus compétent, original, jeune, beau, célèbre, capable de vendre un maximum de disques. Dans The Voice, les paillettes de la compassion, de la jeunesse, de l’argent, du potentiel, du physique, de exotisme, de la bonne intention, de la beauté musicale, cachent un océan de discriminations et de mensonges. « J’achète un monde où tout le monde gagne. » chante Zazie dans sa chanson « Rue de la Paix ». Un monde où, personnellement, je n’ai pas envie d’habiter. Évidemment, il y a largement pire et cruel comme jeux du cirque. On pourra vraiment craindre la fin des temps quand, sur l’arène, l’excitation populaire passera de l’adulation pour la beauté et l’émotion à l’adulation pour la violence, le sacrifice humain, le risque et la mort… mais nous n’en sommes pas si loin.
 

 

Comme je l’ai largement démontré dans mon livre sur les bobos, la quintessence du boboïsme (et du satanisme antéchristique), c’est la DÉSOBÉISSANCE et la recherche libertaire d’AUTONOMIE. Et on le voit bien à travers The Voice. La règle est l’antinorme, la destruction des codes et des clichés.
 
Bobo 1
 

Le fascisme avec un béret sur la tête et un vieux pull, ça passe mieux, quand même.

Le fascisme avec un béret sur la tête et un vieux pull, ça passe mieux, quand même.


 
À vot' bon coeur, m'sieurs dames

À vot’ bon coeur, m’sieurs dames


 

Y compris la destruction de l’idole qu’on convoite comme un fétiche sacré – à savoir la Voix – pour prouver qu’Elle est immortelle et indestructible même après avoir été dénaturée, vendue, marketée, travestie par l’électro, propulsée, diffusée, échangée, volée, écorchée, cassée, brisée, éclatée, vidée d’âme et de Vérité. Oui, le programme The Voice, contrairement aux apparences et à ce qu’il prétend, ne cherche pas à valoriser la Voix ni à La protéger pour La mettre dans un joli écrin. Il vise le troc de Celle-ci, sa disparition et sa destruction. Il planifie l’extinction à petit feu de l’âme humaine par la valorisation excessive de la voix. À ce propos, le slogan de cette cinquième édition de The Voice France 2016 m’a dès le départ choqué : « Cette saison va vous laisser sans voix ». Comment est-ce possible qu’une émission qui se propose de nous faire découvrir la beauté et l’existence d’une voix exceptionnelle nous annonce avant même d’avoir démarré qu’elle va la supprimer ?? qu’elle va tuer son futur bébé ?? ou que ça va être la voix du téléspectateur contre la voix de son écran ??
 
The Voice Sans Voix
 

L’émission The Voice a quelque chose de vraiment diabolique. Dans le sens aussi envoûtant et séduisant du terme, dans le sens de « pacte ravissant », dans le sens de « tentation de la sirène » (les sirènes d’Homère sont précisément des femmes-oiseaux – comme le « V » de The Voice – venues entraîner les marins vers les enfers). On a envie de la regarder… même si, à la fin de chaque prestation, et même à l’issue de chaque édition annuelle, on se demande à quoi bon continuer à suivre ça. On se rend compte que c’est un feu de paille, que ça ne nous a pas rempli le cœur ni fait avancer véritablement dans la connaissance de soi et des autres, que ça ne nous a pas fait aimer. La perversion du concept, c’est que, l’espace d’un quart d’heure, chacun a l’impression d’avoir ému toute la Planète, d’être le Roi du Monde ou un Génie, et, en tant que spectateur, d’avoir aimé et agi rien qu’en écoutant, en ressentant, en jugeant, alors qu’en réalité on n’a fait que consommer, envier, vibrer, stresser, projeter nos émotions narcissiques et notre jalousie d’artiste frustré sur une culture du spectacle sensationnaliste éphémère et mercantile, broyant et zappant les artistes, abolissant la durée, la fidélité, la pensée, parodiant l’Amour, l’Amitié et la Créativité véritables. L’écœurement arrive vite avec The Voice. Et l’oubli de cet écœurement dans le même temps. C’est le propre de toute drogue. De toute action du diable, finalement : donner l’impression de s’annuler pour continuer de posséder les Humains et de légitimer sa nécessité.
 

Peut-être que certains, en lisant ces lignes et ma grille d’analyse, trouveront que ma diabolisation d’une émission aussi « innocente », populaire et familiale que The Voice, relève de la paranoïa et de l’excès, que je vois le mal partout. À ceux-là, je dis que si j’avais eu peur de ce mal et n’avait pas été capable d’en voir les richesses, je ne serais pas resté aussi longtemps accroché à cette drogue télévisuelle. Mais, la preuve qu’on peut apprécier une chose sans nécessairement y goûter ou sans en abuser, c’est que j’essaie de garder mon sens critique, de tirer de The Voice les leçons utiles pour l’avenir du monde, et que je reste libre d’oser y voir un programme satanique orchestré par le Gouvernement Mondial (encore et toujours lui ! lol). Il vous suffit d’ouvrir les yeux, de voir la thématique bicolore de tous les plateaux The Voice du monde (rouge et noir, comme l’enfer), de reconnaître la place démesurée laissée au pouvoir de la main et du doigt (cf. mon article sur la puce électronique digitale), d’entendre le mondialisme uniformisant dont The Voice se fait le relais (il existe même une chaîne Youtube baptisée The Voice Global, c’est vous dire !), pour comprendre.
 
The Voice main Mika
 
The Voice Saison 2
 

 

Si, au départ, The Voice a bénéficié de l’innocence, de la gratuité, de la solidarité, et de la gentillesse spontanée du public (les gagnants des premières éditions avaient les imperfections qui les rendaient humains : Grégory Lemarchal à la Star Academy, Stéphan Rizon, Yoann Fréget, Olympe, etc.), très vite, à partir de The Voice 3 l’émission a montré son noir visage en se boboïsant, c’est-à-dire en se kendjigiraquisant, louanisant, frérodelavegaïsant. Ce visage grimaçant n’est pas visible tout de suite ni tout le temps. Quel spectateur est assez inhumain pour ne pas se laisser embarquer, dans l’instant, dans l’enthousiasme et la joie bien naturelles de l’euphorie ? Et même si on identifie de temps à autre (comme c’est le cas de Florent Pagny ou de Louis Bertignac) toutes les incohérences et les perversions du système, est-ce une raison pour jeter bébé avec l’eau du bain et tout quitter ? Je laisse à chacun sa liberté de répondre en actes.
 
Jane
 

Une seule fois, j’ai eu l’impression que The Voice remplissait vraiment sa vocation divine et bienfaisante, et ne servait pas un projet satanique pourri en ses fonds, ne servait pas l’émotion pure mais bien la pureté, ne servait pas un objectif de toucher les autres mais touchait naturellement. C’était comme par hasard quand la candidate à la voix d’or (et qui a été l’heureuse gagnante de The Voice Kids 2 en 2015) ne pouvait pas voir : Jane, la jeune Mauricienne aveugle. Dans son cas, la bonté et l’amour n’étaient pas feints. L’émotion pure n’était pas un écran pour justifier un commerce ni même une bonne intention désincarnée, car il y avait justement de la place pour la beauté dans le regard mort, dans la faille, dans la fêlure, dans l’erreur, dans la vulnérabilité, dans le handicap, dans la limite, dans la maladie, il y avait de la place pour l’humilité, la gratuité, la joie simple, l’amitié vraie, la foi (et je crois que Patrick Fiori et la famille de Jane sont catholiques). Et c’est ce à quoi aspire au fond tout un chacun : découvrir la Victoire de la Résurrection christique sur la mort. Et qui de mieux qu’une fillette aveugle croyante – qui n’entend des autres que leur voix et qui par là même associe forcément la voix à une personne, à une âme, à la confiance, et non à un objet, à un fantasme, à un succès chiffré, à une carrière – pour redonner à Jésus sa couronne de la plus grande Voix du Monde et de l’Univers ?
 

L’homosexualité expliquée à un ado de 11-17 ans (133 questions-réponses courtes)

collégien
 

Voici une sorte de suite à L’homosexualité en Vérité, que j’ai écrite en deux jours, entre hier et aujourd’hui (7 et 8 février 2016, juste avant mon départ), pour répondre de manière synthétique à toutes les questions qu’un jeune adolescent de 11-17 ans peut se poser sur l’homosexualité. J’ai essayé de rédiger maximum 3 phrases pour chacune des 133 interrogations. J’ai conscience que certaines phrases comportent encore des mots qui ne sont pas à la portée de tous les collégiens/lycéens français, mais bon, cela prouve que mon travail est aussi destiné aux formateurs à l’affectivité des jeunes. Un outil utile et aussi en PDF libre (PDF ado). Il peut être complété par mes 20 conseils à destination des enseignants.
 
 
 

1 – C’est quoi la sexualité ?

Bien avant d’être un sentiment, un acte génital ou un enfant, la sexualité c’est la différence des sexes (différence homme-femme). En latin, le mot « sexualité » vient du verbe secare qui signifie couper. La sexualité, c’est ce qui nous a coupés dès la naissance pour que nous devenions incomplets mais aussi, pour le coup, complétés par l’Amour vrai à l’âge adulte.
 

2 – Pourquoi c’est difficile de parler d’homosexualité ?

Parce qu’actuellement, si on en parle, on risque soit de passer pour « un » homosexuel, soit de passer pour « un » homophobe. Donc quasiment tout le monde se tait !
 

3 – Pourquoi ça vaut le coup d’en parler quand même ?

Seules les personnes bien dans leur sexualité ou pas homosexuelles pratiquantes sont à l’aise pour en parler en Vérité. S’intéresser à elle devient une preuve que tu ne l’es pas, ou que tu l’as dépassée. Surtout si tu es un jeune homme ! L’homosexualité ne fait peur qu’aux personnes homos (refoulées et machos). Alors vas-y !
 

4 – Est-ce qu’on naît homo ?

On ne sait pas. La mémoire humaine ne remonte pas assez loin. Tout ce qu’on sait, c’est que si l’homosexualité est génétique, elle n’est pas que cela : le cas des vrais jumeaux, dont l’un est homo et l’autre pas, alors qu’ils ont le même patrimoine génétique, le prouve.
 

5 – L’homosexualité est-elle naturelle ?

Notre nature profonde, c’est la différence des sexes et la différence Créateur-créatures (nous sommes homme ou femme, et Enfants de Dieu. Point). Donc le rejet de celles-ci, qu’est l’homosexualité, n’est pas naturel, même si le ressenti homosexuel ne ressemble pas à un choix et paraît physiologique, se traduit corporellement.
 

6 – L’homosexualité, qu’est-ce que c’est ?

C’est une attraction érotique pour une personne de ton sexe. Et plus profondément, c’est la peur de la différence des sexes. Peur de ne pas être un « vrai homme », une « vraie femme », peur de l’autre sexe et de la sexualité en général. Et si elle se pratique, cette peur crée des violences, des blessures. Ce n’est pas simple de vivre l’amour sans l’Humanité qu’est la différence des sexes.
 

7 – D’où vient l’homosexualité ?

On ne sait pas non plus. Il y a des peurs fondées sur des faits réels (souvent violents) et des peurs fondées sur des fantasmes et une manière hypersensible de vivre les événements. Il n’y a donc pas de causes précises de l’homosexualité.
 

8 – Si l’homosexualité ce n’est pas un choix, pourquoi ce serait un mal, alors ?

Parce qu’on peut porter des blessures qu’on n’a pas choisies. Ce n’est pas une raison pour dire qu’elles n’existent pas, qu’elles sont bien ou banales, ni pour s’y adonner par la suite.
 

9 – Pourquoi l’homosexualité serait une blessure ?

Parce les personnes homosexuelles la décrivent comme ça. Dans les fictions et leurs témoignages (y compris ceux qui veulent donner une image positive de l’homosexualité), elles se représentent avec une balafre, un visage coupé en deux, une cicatrice. Cf. le code « Moitié » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).
 

10 – En évoquant l’homosexualité comme une blessure, ne stigmatise-t-on pas davantage les personnes homos en les transformant en « malades » ou en « malheureux » ?

Tu sais, on est tous malades au niveau de la sexualité. Mais ce n’est pas en évacuant la différence des sexes que ça va s’arranger. Et ce n’est pas en affirmant que les personnes ne souffrent pas qu’elles cessent de souffrir et qu’on résout leur problème.
 

11 – Pourquoi les actes homos sont une « abomination » selon la Bible ?

Parce que Dieu ne veut pas que les êtres humains rejettent la différence des sexes qu’Il a créée pour eux, qui est à Son image et qui est la seule qui leur permette de vivre un amour vrai, plein et joyeux. La Bible a compris que le rejet de la différence des sexes, concrètement c’est le viol, donc c’est effectivement abominable. J’ai, parmi mes amis homos, 90 d’entre eux qui m’ont révélé avoir été violés. L’homosexualité n’a rien d’anodin.
 

12 – Puis-je comparer l’homosexualité à un handicap ?

Complètement. Un handicap, c’est un manque objectif (ici, la peur de la différence des sexes et le manque de la différence des sexes). Il est une réalité qui n’a pas été choisie, qui fait souffrir et qui limite la personne qui le porte, sans la condamner et la juger elle. Le reconnaître ne permet que de dévoiler d’autres chemins de bonheur possibles et de s’adapter vraiment à ce que vit la personne.
 

13 – Est-ce que l’homosexualité, ça peut m’arriver un jour ?

Oui. Mais ça n’arrive pas du jour au lendemain. Pendant l’adolescence qui est un moment de construction et d’hésitation, il est fréquent de connaître des interrogations d’ordre bisexuel. Mais l’homosexualité structurelle et durable à l’âge adulte est rare.
 

14 – À 10 ans, puis-je savoir si je suis homo ou pas ?

Non. Tu ne peux pas. Tu es trop jeune. Ce n’est pas au moment où ta sexualité se construit que tu peux affirmer que l’édifice est solide et définitif. Même à 99 ans, tu ne pourras jamais dire « Je suis un homo à 100% ! ».
 

15 – Comment on s’aperçoit qu’on est homo ? Comment on peut le savoir ?

Ça n’arrive pas du jour au lendemain. Il n’y a pas de test ni de vaccin pour déceler ça, parce que l’homosexualité n’est pas une espèce humaine, ni une réalité palpable. C’est un désir souvent évolutif et qui s’estompe avec la maturité. On peut sentir qu’il est durable à travers les rêves, la direction de nos regards, nos goûts fixés par les magazines et la télé. Mais il reste un fantasme qui ne nous définit pas entièrement.
 

16 – Est-ce qu’on peut être homo à vie ?

Oui. Mais en général, étant donné que la sexualité de chacun est un mystère et un chemin libre, elle peut évoluer et ne se fige pas sur une attraction ressentie à une époque donnée de sa vie. L’important est de ne pas te laisser étiqueter « homo », « hétéro » ou « bi », et de te laisser vivre les amitiés sans drague jusqu’à 20 ans.
 

17 – Peut-on changer d’orientation sexuelle ?

Oui. La sexualité est un terrain bien plus vaste que tu ne l’imagines. Et je connais bien des personnes qui se croyaient homos et qui ont finalement dépassé leur peur d’adolescence par des rencontres qui les ont transformées. Elles ont aussi été transformées par l’expérience du mariage, de la paternité/maternité ou du sacerdoce. D’un point de vue terrestre, rien n’est définitif en matière de sexualité, à part ta sexuation femme ou homme.
 

18 – Si je ne peux pas changer d’orientation sexuelle, suis-je condamné à ne jamais aimer ?

Si Dieu permet que tu sois durablement homosexuel, c’est forcément pour quelque chose de grand. C’est forcément pour un Amour plus grand que le couple humain.
 

19 – Je me sens différent des garçons de mon âge. Je n’ai pas les mêmes goûts, les mêmes centres d’intérêts. Je me sens plus en sécurité dans des milieux féminins.

Sois sans crainte. Les goûts n’indiquent pas une homosexualité. D’autant plus aujourd’hui, où les adolescents sont de plus en plus orientés vers des caricatures de masculinité, des caricatures de féminité, des modèles hypersexués et asexués à la fois.
 

20 – Mes camarades de classe me traitent de « pédé ». Je dis quoi ?

Je leur souris en me disant intérieurement que s’ils en parlent, c’est que ce sont eux qui sont mal avec leur sexualité et avec l’homosexualité. Et je les bénis par ma joie et mon humour qui désarmeront leur méchanceté.
 

21 – Mes camarades me disent que je suis homo parce qu’ils me sentent différent. Ont-ils raison ?

Bien sûr que non. On est tous différents. La différence n’est pas un critère d’homosexualité. Ne te laisse jamais dicter qui tu es et quelle personne tu dois aimer, par des gens formatés qui te jugent sur l’apparence et qui ne te connaissent pas.
 

22 – Je ne suis pas bon en sport, je suis mal à l’aise dans les vestiaires, je suis mal dans ma peau, j’ai peu d’amis. Cela fait-il de moi un homo ?

Bien sûr que non. Ce n’est pas parce que tu n’es pas un macho ni un mec « cool » que tu n’es pas un vrai homme. Aies confiance. À l’âge adulte, la roue tourne.
 

23 – J’ai aimé le film « Le Secret de Brokeback Mountain » et il m’a troublé. Est-ce que c’est révélateur ?

Non. Ce film et plein d’autres du genre sont efficaces et arrivent à émouvoir presque tout le monde. Tu n’es pas une exception. Garde en tête que ces histoires amoureuses, aussi belles et vraisemblables, ne sont pas réalistes. Le couple homo est beaucoup moins idyllique !
 

24 – Il m’arrive de trouver les personnes de mon propre sexe belles. Est-ce signe de bisexualité chez moi ?

Non. Il est normal de trouver l’être humain beau et attirant, même quand il est de notre sexe. Et dans les moments où on ne va pas bien, il est normal d’avoir envie d’être davantage cajolé et consolé, d’être touché, même si c’est par une personne de ton sexe. Il ne faut pas érotiser systématiquement ce qui n’est qu’humain et passager.
 

25 – Pourquoi je n’essaierais pas l’homosexualité, pour être fixé ? pour savoir si c’est mon truc ou pas ?

Parce qu’il y a plein d’expériences humaines possibles. Mais toutes ne nous sont pas profitables. Et l’expérience homosexuelle (émoi, baiser, toucher, coucherie, vie commune) blesse et perturbe énormément. Tous mes amis homosexuels ont mal vécu leur initiation homo (cf. le code « Première fois » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) et vivent mal leur pratique homo.
 

26 – J’ai embrassé un garçon (ou j’ai été embrassé par un garçon) et ça m’a plu, ça m’a grisé et attendri. Suis-je homosexuel ?

Avoir du plaisir ou des sentiments pour une personne de même sexe, c’est en réalité facile et très mécanique. Ça n’a rien d’un scoop. C’est donné à tout le monde. Ça ne veut rien dire de qui tu es profondément. Et aimer, c’est bien plus que simplement d’éprouver un sentiment, une excitation ou une émotion agréable.
 

27 – C’est quoi l’Amour ?

C’est se donner pleinement à la différence des sexes et à Dieu.
 

28 – Je me sens bi…

La bisexualité, loin d’être une identité, une ouverture ou une saine curiosité, est l’expression que tu te sens perdu. En plus, cette indéfinition est dangereuse car elle rime en général avec « libertinage », « double vie », « incapacité à se situer et à s’engager en amour », et une possible exploitation : « Je suis ouvert à toutes les expériences et avec n’importe qui. Entrez, c’est open bar ! ». Fais attention : tu n’es pas une prostituée.
 

29 – Je suis de ceux qui veulent rester ouverts et qui pensent que l’amour n’est pas une question d’orientation sexuelle, mais une personne unique, une histoire singulière, au-delà de l’homosexualité. Je peux tomber amoureux d’un gars ou d’une fille. Peu importe. Du moment que je suis heureux comme ça et que c’est de l’amour avec cette personne. Ai-je tort ?

Oui. Car l’accueil de la différence des sexes est la condition incontournable de l’expérience de l’Amour vrai.
 

30 – Un camarade m’a dragué. Est-ce signe d’une ambiguïté homosexuelle chez moi ?

Non. On peut susciter des émotions qu’on n’a absolument pas calculées. Le diable prend un malin plaisir à s’introduire dans tout ce qui chez nous est beau et fragile : la jeunesse, la beauté physique, l’amitié, le plaisir, l’innocence, etc. Ne te laisse pas impressionner par la vulnérabilité de l’Amour.
 

31 – À qui puis-je parler de cet incident sans être jugé ?

Parles-en à un prêtre, à ton père ou à une personne de confiance qui saura te conseiller.
 

32 – L’homosexualité masculine est-elle différente de l’homosexualité féminine ?

Non. La peur de la différence des sexes est humaine, universelle et a les mêmes caractéristiques, qu’elle soit ressentie par un homme ou par une femme.
 

33 – Les filles me font peur en amour. Je ne les vois que comme des bonnes copines ou des dangers sexuels.

Je comprends. C’est ta génération qui veut cela. Ne te laisse pas troubler par les filles prédatrices qui cherchent à se rassurer par la séduction alors que ce n’est pas de leur âge. Toutes les filles ne sont pas des pétasses.
 

34 – Est-ce que, si je me marie ou sors avec une fille malgré ma tendance homo, je prends un gros risque et me mens à moi-même, mens à cette fille ?

Tu prends un gros risque. C’est vrai. Mais parfois, la prise de gros risque se révèle extraordinaire car tu dépasses tes peurs, et c’est ça le vrai Amour (pas d’Amour sans risque, sans combat, sans surmonter ses peurs). L’homosexualité n’est pas ta « vérité profonde » et ne le sera jamais. Toutefois, la prise de gros risque peut être grave, surtout si la Vérité n’a pas été faite. L’important est de ne pas jouer avec les sentiments de l’autre, et de rester vrai, sans te réduire à ton homosexualité, sans la sous-estimer non plus.
 

35 – Pourquoi il y a plus de garçons que de filles qui se ressentent homos ?

Parce que l’homosexualité, quoiqu’on en dise, c’est plus une affaire de mecs, de porno, de pulsions, d’attaque mondiale généralisée contre la masculinité et la paternité, d’angoisse de la castration, de peur de l’impuissance sexuelle, que de sexualité féminine. La sexualité féminine est davantage orientée vers une bisexualité évasive.
 

36 – C’est quoi la différence entre l’homosexualité masculine et l’homosexualité féminine ?

C’est la différence des sexes.
 

37 – Pourquoi certaines filles vont à l’homosexualité ?

Même s’il ne faut pas tomber dans la caricature sexiste « lesbienne = mal baisée », je ne connais pas de fille qui soit allée à la pratique lesbienne pour une raison positive et vraiment librement. En général, les femmes lesbiennes ont été maltraitées ou se sont senties maltraitées par un homme. C’est la peur, la violence ou le sentiment de violence qui les a conduit au lesbianisme.
 

38 – C’est quoi la différence entre l’homosexualité et la transsexualité/transsidentité ?

L’homosexualité concerne les sentiments plus qu’une remise en cause de son genre sexué, alors que la transsexualité, au contraire, concerne vraiment un trouble de l’identité. Les deux phénomènes restent quand même liés par le rejet de la différence des sexes.
 

39 – Je voudrais changer de sexe.

Réconcilie-toi avec toi-même d’abord, et vois l’affreuse mutilation qu’est l’opération de changement de sexe, et que les mass médias nous cachent.
 

40 – Je me sens fille alors que je suis né garçon. Dois-je me faire opérer ?

L’opération chirurgicale de « changement de sexe » est lourde, aussi bien financièrement que psychologiquement. Chez les personnes transsexuelles, qui s’imposent une « transition » sans fin, une mutilation irréversible et une vie de drogués piqués aux hormones, le taux de suicides est élevé. La réconciliation avec soi-même et son genre sexué coûte moins cher, et libère davantage.
 

41 – Je pense au suicide à cause de mon homosexualité.

L’homosexualité est un vrai handicap : c’est logique que ça te déprime un peu. La relation homo est compliquée, insatisfaisante et violente : c’est logique que ça te décourage. Mais apprends à voir le beau Sens caché de ce que tu n’as pas choisi. Si tu savais comme Dieu t’aime, même avec ton homosexualité ! Tu veux te suicider ? Ok. Fais-le. Mais avant, promets-moi de venir à ma rencontre.
 

42 – Dois-je faire mon coming out (= sortie du placard) ?

Oui, s’il a des chances d’être compris, et que tu ne t’imposes pas une pratique homo après. Non, s’il risque d’être mal compris et t’enferme dans une identité et une pratique qui ne sont pas toi.
 

43 – Si mes parents pleurent ou réagissent mal suite à mon coming out, c’est qu’ils sont égoïstes ?

Non. C’est qu’ils sont tristes que tu risques de passer à côté du bonheur d’être aimé en Vérité et d’être parent.
 

44 – Je vis dans un milieu très hétéro et homophobe où je ne pourrai jamais dire que je suis gay (et encore moins évangéliser). C’est mort. Dois-je absolument prendre le risque de dévoiler mon homosexualité ?

Non. Si tu ne peux pas bien en parler, pas la peine d’en parler du tout.
 

45 – Je me sens homo et j’ai envie de le dire à mon meilleur ami. Mais j’ai peur de le perdre…

Si tu ne le dragues pas et que tu lui parles de ton homosexualité sans laisser entendre que tu vas la pratiquer (avec lui), ça le rassurera et tu ne le perdras pas, sois sans crainte.
 

46 – Je suis homo mais pas gay.

Il n’y a pas de différence entre « homo » et « gay », quoiqu’en disent ceux qui veulent créer artificiellement deux milieux homos différents – un décent et un dépravé – pour ne pas voir qu’ils sont le même, et pour se donner bonne conscience. Le « milieu homo », c’est le désir homosexuel. Où que tu sois.
 

47 – J’ai chopé une MST (Maladie Sexuellement Transmissible). Qu’est-ce que je fais ?

Tu vas voir un médecin. Et surtout, tu ne déprimes pas. Si Dieu l’a permis, c’est pour que tu fasses de cette maladie (parfois irréversible) la chance de ta vie grâce à Lui. Ça a un sens, et un Grand Sens. Réjouis-toi !
 

48 – Pourquoi je ne peux pas m’en foutre, du sujet de l’homosexualité ?

Parce que la souffrance et la violence d’autrui ne t’indiffèrent pas. Parce que nous sommes tous concernés par la différence des sexes (et son rejet à travers l’homosexualité). Parce que l’homosexualité est devenue un enjeu géopolitique mondial de premier plan.
 

49 – Est-ce que l’homosexualité est une réalité majoritairement occidentale ?

Non. Elle est extrêmement présente dans les continents qui la rejettent, même si elle prend des formes un peu différentes (tourisme sexuel, prostitution, ascension sociale et politique, inceste, clandestinité bisexuelle, imitation secrète des modes de la télé mondialisée, etc.). Je suis allé en Côte d’Ivoire, au Liban, en Martinique, donc je sais de quoi je parle !
 

50 – Est-ce que l’homosexualité vient surtout de la modernité ?

Le désir homosexuel, non (il a eu de tous temps, depuis le péché d’Adam, la tentation de la fusion entre personnes de même sexe). L’homosexualité, oui. En tant qu’« identité » (espèce humaine), et « amour » (couple), elle est une réalité très récente, qui date d’un siècle et demi seulement : 1869.
 

51 – Pourquoi la société actuelle promeut l’homosexualité ?

Parce qu’elle se robotise, se virtualise, se déshumanise et se déchristianise. Elle fait semblant de mettre l’Homme au centre mais pour l’angéliser et le vider de son enveloppe corporelle sexuée.
 

52 – Y a-t-il un lien entre homosexualité et Islam ?

Oui. Le dénigrement misogyne des femmes, l’importance excessive de la virginité avant le mariage, les mariages sans amour, les violences sexuelles, le machisme religieux, l’inceste dans les familles, le tourisme sexuel, la séparation très marquée des sexes, la promiscuité communautaire, tous ces ingrédients participent de la bisexualité dans la culture religieuse de l’Islam.
 

53 – Pourquoi on voit l’homosexualité partout aujourd’hui ?

Parce que le diable veut détruire la différence des sexes (qu’il ne possède pas puisqu’il est ange). Et que la meilleure manière qu’il a trouvé de le faire, c’est de la gommer dans les textes de loi, les écrans de ciné, et de présenter à tout le monde ce gommage comme un formidable « progrès », une révolution d’« amour ».
 

54 – Qui est le lobby LGBT et pourquoi est-il si influent ?

Le lobby LGBT n’est puissant que parce qu’il est le lobby hétérosexuel, qui défend toutes les altérités au niveau de la sexualité, y compris l’homosexualité, la bisexualité et la différence des sexes procréative sans amour.
 

55 – Pourquoi l’homosexualité gêne encore socialement ?

Parce que l’Humanité et l’Amour sont fondés sur la différence des sexes. Nos contemporains devinent la violence de l’expulsion de la différence des sexes en amour. C’est donc sain qu’ils s’opposent à l’homosexualité.
 

56 – Pourquoi beaucoup de personnes homos aiment Mylène Farmer, Madonna, Rihanna, Barbara ?

Parce que ces chanteuses incarnent sublimement le fantasme de viol qu’est le désir homosexuel. Mylène Farmer évoque toujours le viol dans ses chansons. Madonna a avoué en 2015 qu’elle avait été violée à l’âge de 19 ans. Lady Gaga, la même chose, cette année 2016.
 

57 – Pourquoi l’homosexualité ne serait pas de l’Amour ?

Parce que l’Amour authentique, rayonnant et comblant, c’est l’accueil de la différence, et en particulier de la différence des sexes qui fonde tout être humain et qui nous permet de nous donner entièrement, sexuellement. Qu’on soit marié ou célibataire. Quand on rejette la différence, c’est qu’on n’aime pas.
 

58 – Je connais des couples homos durables, équilibrés, supers et heureux… et je crois que c’est possible…

Si tu en connais en dehors de tes écrans de télé, il va falloir que tu me les présentes de toute urgence, alors ! Car moi, j’en connais un rayon en matière de « couples » homos. Et à ce jour, je n’en ai pourtant jamais croisés de « joyeusement stables ».
 

59 – La relation homo, ce n’est pas rien, quand même. Ne vaut-il pas mieux que la personne homo la vive quand même, même si ce n’est pas l’idéal, plutôt que de rester seule toute sa vie ?

La solitude, ce n’est pas le bagne. Et côté sentiment, à vouloir juste le « bien » ou le « correct » en renonçant au meilleur, on passe totalement à côté de sa vie, de l’Amour vrai, et on ment à son partenaire. Je crois que parfois, il vaut mieux être un célibataire tout donné aux autres, quitte à en souffrir un peu, plutôt que de souffrir beaucoup plus de vivre un amour qui n’en est pas un.
 

60 – Quelle est la différence entre un couple homo et un couple femme-homme aimant, ou entre un couple homo et un célibataire consacré ?

Le couple homo est parfois bien, et satisfait rarement. Tandis que le couple femme-homme aimant et le célibataire continent obéissant sont toujours le meilleur et comblent souvent.
 

61 – Pourquoi les couples homos, ça marche moyen ?

Parce qu’ils sont un mélange de fausse amitié (on connaît l’insatisfaction et la complexité des « amitiés amoureuses ») et de faux amour (on connaît l’insatisfaction et la complexité des « amours platoniques », sans différence des sexes, où se vit en réalité une « sexualité sans sexualité »). Bonjour les dégâts ! … et les envies d’aller constamment voir ailleurs !
 

62 – Je n’aime pas assez mon copain pour rester avec lui, mais l’apprécie trop pour le quitter. Qu’est-ce que je fais ?

Quitte-le quand même, en le préparant en douceur et en dialoguant. Vous n’avez rien à faire ensemble, à part l’amitié désintéressée. Vraiment. Et tu l’as toujours su, au fond.
 

63 – Pourquoi je tombe toujours sur des mecs malhonnêtes ?

Personne n’est un connard en soi. Il n’y a que la pratique homo qui rend les deux personnes de même sexe sortant ensemble malhonnêtes et tricheuses, alors qu’elles sont individuellement sincères et capables d’aimer vraiment.
 

64 – Je suis insatisfait en couple et je suis insatisfait seul. C’est quoi le plan B ?

Je ne suis pas sûr que tu sois fait pour le couple, ni que tu te sois vraiment laissé le temps de goûter au célibat. Peut-être même que le célibat vraiment vécu et tout donné aux autres, c’est carrément ton désir le plus profond. On n’est pas tous fait pour le mariage et pour le couple.
 

65 – Est-ce que je trouverai l’Amour un jour ?

Oui. Si tu ne réduis pas l’Amour au « couple ». L’Amour vrai rejoint personnellement tout être humain et ne le lâche jamais. Il t’attend.
 

66 – Pourquoi est-il préférable de ne pas parler de « couple » homo mais d’unions ?

Parce que la conjugalité, ce qui se marie et se complète, cela ne peut se trouver que dans la différence des sexes. Deux hommes ou deux femmes ne formeront jamais « un couple » ou « un mariage ».
 

67 – Il y a des unions homos qui s’entendent mieux que bien des unions hétéros. Pourquoi je serais plus méfiant avec les unes plutôt que les autres ?

Tu dois être méfiant avec les deux : les « couples » homos et les « couples » hétéros. Pas un pour rattraper l’autre.
 

68 – Pourquoi dénoncer l’hétérosexualité ?

L’hétérosexualité est une caricature forcée de la différence des sexes, de la sexualité. L’Église ne l’a jamais défendue, d’ailleurs. Elle n’a toujours promu que la sexuation femme-homme, et non une humanité divisée entre « homos » et « hétéros ». L’hétérosexualité, c’est le diable déguisé en différence des sexes.
 

69 – Pourquoi l’Union Civile pose problème ?

C’est la première loi mondiale qui s’est basée sur l’hétérosexualité, justement, sur l’orientation sexuelle des personnes et non plus sur leur humanité. On a glissé des Droits de l’Homme aux « droits des homos et des hétéros ». Avec l’Union Civile, l’amour est devenu un contrat, ou une affaire de pratique génitale et de sentiments (comme si nous étions des animaux et des anges). Le PaCS (Pacte Civil de Solidarité) n’a vu l’être humain que sous l’angle des sentiments amoureux asexués. C’est donc une loi très grave.
 

70 – Si les couples hétéros n’existent pas, je dis quoi à la place ?

Tu peux dire « couples femme-homme aimants » ou bien « personnes attirées par le sexe complémentaire ».
 

71 – Comment aider les personnes homos de mon entourage ?

En leur disant la Vérité sur ce qu’elles vivent, avec exigence, douceur, sourire et humour. Elles te le revaudront. Tant de gens leur mentent « pour leur bien », mais les ignorent et ne leur donnent pas de solutions à leur insatisfaction amoureuse permanente !
 

72 – Faut-il s’éloigner du « milieu homo » ?

Oui, du point de vue de la pratique homosexuelle. Non du point de vue de l’amitié et de l’étude du désir homosexuel. Plus une personne comprendra sereinement et convivialement comment fonctionne son attraction sexuelle, plus elle s’en libèrera sans se renier elle-même.
 

73 – Quelle association bien pour les personnes homosexuelles existe ?

De solide, je ne connais que Courage International mais si elle est encore incomplète car elle n’assume pas la proposition du célibat continent.
 

74 – Pourquoi l’association Le Refuge ne convient pas ?

Même si elle prétend lutter contre l’homophobie, cette association censure toute personne qui explique les mécanismes de l’homophobie. Pire, elle enferme les individus dans une identité et une pratique homosexuelles qu’ils ne sont pas. Elle nourrit donc les problèmes qu’elle prétend résoudre.
 

75 – Mon meilleur ami me dit qu’il est gay. Qu’est-ce que je dis ?

Tu l’aides à redescendre sur terre. Avec humour et fermeté. Et surtout, tu ne te réjouis pas de son homosexualité. Tu ne te réjouis que du fait qu’il ait le courage et la sincérité de t’en parler.
 

76 – Mon meilleur ami est gay et je suis amoureuse de lui. Je lâche l’affaire ?

À toi de voir quelle est ta marge de manœuvre et quelle est la profondeur de sa blessure homosexuelle. Touche-la. C’est pas compliqué. Une blessure, ça se tâte, ça se touche, ça s’examine. À l’impossible, nul n’est tenu (et cette maxime marche dans les deux sens !).
 

77 – Les gars homos sont-ils plus proches des filles, en général ?

C’est la légende qui veut ça. Mais dans les faits, la misogynie (= haine des femmes), le mimétisme jaloux, l’amitié intéressée, sont très marqués dans l’homosexualité. Les hommes homos mettent la femme sur un piédestal pour la tenir à distance et l’utiliser, plus que pour l’aimer.
 

78 – Mon meilleur ami me présente son copain. Qu’est-ce que je fais ?

Reconnais la sincérité et la réalité de ce qu’il vit (à défaut d’en savourer la Vérité), et aide-le, dans la bienveillance et la patience, à en reconnaître les nombreuses limites.
 

79 – J’aimerais dire la Vérité sur l’homosexualité à une très bonne amie lesbienne, mais je ne veux pas qu’elle le prenne mal. Comment je fais ?

C’est simple. Tu lui montres qu’elle compte pour toi, tu l’écoutes longtemps, tu la remercies que la Vérité sur l’homosexualité vienne d’elle. Enfin, si tu peux, tu lui parles cash.
 

80 – Mon papa est parti avec un homme. Qu’est-ce que je fais ?

Tu essaies de continuer à l’aimer malgré tout, sans te venger de son choix ni le justifier, mais au contraire en l’aidant à comprendre que l’homosexualité n’est dans sa situation qu’un alibi pour exprimer une détresse et des problèmes bien plus profonds (dépression, angoisse, insatisfaction dans le couple de tes parents, isolement, crise professionnelle et amicale, etc.) qui dépassent largement l’homosexualité.
 

81 – Je pense qu’en tolérant davantage le coming out et l’amour homo, l’homophobie reculera et les couples homos vivront vraiment heureux. L’homosexualité n’est pas un problème, mais c’est uniquement le fait qu’on en fasse un problème qui devient problématique.

Non. La pratique homosexuelle, même privée, pose quand même problème. L’homophobie ne vient pas foncièrement de l’extérieur et n’est pas qu’une question de regards, de construction culturelle infondée. Elle repose sur des faits et sur une violence intrinsèque à l’homosexualité.
 

82 – C’est quoi l’homophobie ?

C’est la peur du même, la peur de l’homosexualité, la peur et l’attaque des personnes homosexuelles. C’est aussi la croyance en l’identité homo et la pratique homo. En effet, tous les actes homophobes connus sont posés par des personnes homosexuelles (même celles qui jouent les hétéros) et ont lieu dans des cadres de pratique homosexuelle ou de coming out. Cf. le code « Homosexuel homophobe » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
 

83 – Je ressens une gêne face à l’homosexualité. Suis-je homophobe ?

Non. Au contraire. Ce serait ton absence de gêne qui serait homophobe. Car l’expulsion, en amour et en identité, de la différence des sexes, c’est objectivement violent. Tu as raison d’être gêné. L’indifférence gay friendly ne rend pas service aux personnes homosexuelles.
 

84 – Si je pense que l’homosexualité se guérit, ça veut dire que je suis homophobe ?

Non. Ça veut dire que tu as reconnu l’homosexualité telle qu’elle est – une blessure identitaire et une violence amoureuse – et l’action libérante et aimante de Dieu et de l’Amour sur chaque être humain, quels que soient ses actes et ses souffrances.
 

85 – Attaquer une personne homosexuelle, est-ce de l’homophobie ?

Oui, bien sûr. Tout comme c’est de l’homophobie de défendre la pratique homosexuelle sans dénoncer sa violence.
 

86 – On me traite d’homophobe. Comment je dois réagir ?

Tu dois accueillir cette accusation comme une Vérité : oui, on peut tous avoir peur de soi-même et du semblable. Ensuite, tu peux demander à ton agresseur ce qu’il met derrière ce mot. Ça l’amènera à déplacer le débat sur les faits réels et à quitter le jugement de personnes. Enfin, tu peux donner ta propre définition de l’homophobie, et remercier joyeusement ton interlocuteur de la perche tendue.
 

87 – J’ose parler du lien entre homosexualité et souffrance, homosexualité et violence, homosexualité et insatisfaction. Et on me traite d’homophobe. Qu’est-ce que je dis ?

Tu peux répondre que la vraie homophobie, c’est d’ignorer la souffrance réelle des personnes homos qu’on prétend défendre. Il suffit de regarder un peu notre parcours (identitaire, affectif, sexuel, scolaire, amical, familial, amoureux, social et professionnel), de s’intéresser un peu à nous, pour comprendre que l’homosexualité c’est douloureux et compliqué. Même quand nous sommes entourées et accueillies. Nous, personnes homos, parlons souvent de notre blessure.
 

88 – Pourquoi les seules personnes qui s’attaquent aux personnes homos sont elles-mêmes homosexuelles ?

Parce que l’homophobie, c’est étymologiquement la peur du semblable (« homo », en grec, signifie « même »). Dès qu’un acte homo est posé, les deux personnes impliquées rejettent systématiquement la différence des sexes, donc se rejettent elles-mêmes puisqu’elles sont toutes deux issues de la différence des sexes.
 

89 – Que puis-je faire pour lutter contre le Sida ?

Défends la fidélité et condamne la pratique homosexuelle, hétérosexuelle, bisexuelle et libertine.
 

90 – Que puis-je faire contre l’homophobie ?

Rencontre les personnes homosexuelles, intéresse-toi vraiment à nos souffrances et aux violences que nous vivons, et ne pratique plus l’homosexualité.
 

91 – La Manif Pour Tous est-elle homophobe ?

Oui. Même si beaucoup de manifestants ne le sont pas, et que les leaders de cette organisation se sont défendus de toute homophobie. Par son refus de parler d’homosexualité et de laisser les personnes homosexuelles en parler en priorité, par sa justification de l’Union Civile et de « l’amour homo », LMPT a fait preuve d’une homophobie inconsciente et dramatique pour notre combat.
 

92 – Quelle a été la plus grosse erreur de La Manif Pour Tous ?

D’avoir négligé la primauté de l’homosexualité dans les débats, et d’avoir négligé la force du témoignage par la personne (homosexuelle, en l’occurrence). Les intervenants du mouvement n’ont pensé qu’à leur gloire perso, ont renié Dieu et l’homosexualité. Ils n’ont pas compris que le Gender était l’hétérosexualité.
 

93 – Pourquoi tant de manifestations contre le mariage gay ?

Les êtres humains, mariés ou célibataires, ne veulent pas que la différence des sexes – qui est le roc principal de notre identité et de notre amour – soit banalisée dans les textes de lois. La banalisation de la différence des sexes fragilise et menace toute la planète. N’ayons pas peur des mots.
 

94 – La grande majorité des personnes homosexuelles voulaient-elles du « mariage gay » ?

Non. La plupart considéraient le mariage comme une prison bourgeoise hypocrite hétérosexuelle et voulaient juste qu’on leur fiche la paix. Quelques mois avant l’approbation de la loi Taubira, elles ont changé d’avis par peur de passer pour des homophobes et des traîtres à leur propre camp.
 

95 – Pourquoi c’est une majorité de personnes hétéros qui ont voulu le « mariage gay » à la place des personnes homos ?

Les personnes qui se présentent comme « hétéros » se sont servies des personnes homosexuelles pour se venger secrètement du mariage traditionnel et religieux dont elles se contrefichent, parce qu’elles en ont fait une expérience ratée et douloureuse.
 

96 – Je ne vois pas pourquoi m’opposer au « mariage gay » vu que les hétéros ne font pas mieux…

Les hétéros ne sont pas une référence d’amour vrai. Le seul modèle que tu dois suivre, c’est uniquement les couples femme-homme qui s’aiment… et ils sont plus nombreux que tu croies.
 

97 – Il y a des problèmes plus graves et urgents à régler que le « mariage gay » (le chômage, la crise, les guerres) et il serait temps de passer à autre chose, vous ne croyez pas ?

Non. Un monde qui banalise et nie son socle d’Humanité qu’est la différence des sexes, s’autodétruit. La banalisation de la différence des sexes engendre la négation de tout individu, la destruction des familles et du mariage, et renforce le chômage, les inégalités sociales. La crise économique que nous vivons maintenant est le résultat direct de la banalisation de la sexualité par le « mariage pour tous ». Tout est lié. La Loi Taubira est responsable du chômage.
 

98 – Les couples homos peuvent fonder une famille et donner de l’amour à un enfant, comme tout le monde. Pourquoi me priverais-je de faire le bonheur d’un orphelin, ou des progrès techniques qui me permettent de transmettre la vie ?

Parce que tu dois à l’enfant que tu souhaites l’amour entre ses deux parents biologiques. Sans cet amour, il souffrira affectivement et identitairement. Regarde les désastres des divorces. Tout enfant a besoin, pour se construire, de savoir de quel amour incarné et complémentaire il est né. Sinon, c’est un drame.
 

99 – De quoi les enfants qui grandissent dans des couples homos manqueraient-ils ?

De l’amour entre leur vrai père et leur vraie mère de sang.
 

100 – Mes voisines de pallier (en couple lesbien) s’entendent bien. Et mon pote Jérémy vit avec ses deux « mamans » et ça se passe très bien. Elles sont trop sympas.

Et alors ? En quoi ça prouve l’« amour homo » ? Bien sûr qu’un « couple » homo peut vivre de certains bienfaits de l’amitié et tenir parfois plus solidement que bien des couples femme-homme. Bien sûr que deux personnes homosexuelles peuvent élever correctement un enfant. Bien sûr qu’il y a beaucoup de personnes homos individuellement sympas. La vraie question, c’est « Est-ce le meilleur et est-ce de l’amour ? » Je réponds non.
 

101 – Mon parrain ou mon oncle ou mon frère ou un ami m’invite à son « mariage » homo. Qu’est-ce que je fais ? J’y vais ?

Il ne m’appartient pas de te dire ce que tu dois faire. L’important est que ton choix soit guidé par l’amour de la personne dans la Vérité. Si ta Charité est couronnée de Vérité (en gros, si tu dis ce que ta foi te commande), la justesse de ta décision en découlera.
 

102 – Ma mère m’impose sa copine comme deuxième maman (ou bien mon père m’impose son copain comme deuxième papa) et je le vis mal.

Je comprends, et c’est légitime. On t’a volé l’amour entre ton père et ta mère. On t’a même peut-être carrément volé ton vrai père ou ta vraie mère (dans le cas de la PMA – bébé-éprouvette – ou de la GPA – Gestation Pour Autrui). C’est injuste. C’est tellement injuste que tu serais en droit de traîner Erwann Binet, Christiane Taubira ou Najat Vallaud-Belkacem en procès. Alors personne ne te demande de simuler avec la copine de ta mère un lien de parenté artificiel.
 

103 – Que dit l’Église catholique au sujet de l’homosexualité ?

Elle condamne les actes homos parce qu’Elle aime les personnes homosexuelles et qu’Elle ne veut pas leur mentir, nier leurs souffrances et leurs péchés, ni qu’elles s’auto-détruisent.
 

104 – L’homosexualité est-elle diabolique ?

Les personnes homos, non. L’acte homosexuel, oui. Car il rejette la différence des sexes, et donc la personne qui le pose. Je te renvoie aux codes « Amant diabolique » et « Se prendre pour le diable » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).
 

105 – Les personnes homos risquent-elles d’aller en enfer ?

Oui si elles pratiquent leur homosexualité. Le rejet de la différence des sexes, c’est le rejet de Jésus et de son Église. Or l’enfer n’est pas autre chose que le rejet de Dieu. Te voilà prévenu !
 

106 – L’Église est-elle homophobe ?

L’Église, non. Les gens d’Église, en général, oui, car ils ont peur de l’homosexualité, peur des personnes homosexuelles, et font de l’homosexualité un « non-sujet » (au nom d’un humanisme spirituel et d’une recherche puriste de vérités positives), au lieu d’en faire une occasion joyeuse de sainteté, de Miséricorde, de Bonne Nouvelle universelle, au lieu de faire connaître à tous la libération qu’est la verbalisation du mal et l’intégration des pécheurs dans le plan de Salut divin.
 

107 – Les cathos sont-ils majoritairement contre l’« amour homo » ?

Non. Au contraire. Malgré leur réputation médiatique, ils sont à 90% « pour », et en faveur de l’Union Civile. C’est bien ça le drame. Ils sont d’une homophobie sidérante.
 

108 – Comment va me recevoir un prêtre si je lui parle de mon homosexualité ?

En général, très bien, même s’il existe des curés cons… mais c’est de plus en plus rare.
 

109 – Pourquoi aller me confesser ?

Parce que la confession (sacrement de réconciliation) efface carrément tes péchés sur ton Livre de Vie. Les démons, au purgatoire, ne pourront plus t’accuser sur les mauvaises actions que tu as avouées à un prêtre.
 

110 – Que devrait proposer l’Église catholique à la personne durablement homosexuelle ?

Bien plus qu’un simple accompagnement (convivial et spirituel) : carrément une vie, une vocation, une consécration spécifique, un don entier de la personne homosexuelle.
 

111 – L’Église doit-elle instaurer une pastorale spécifique pour les personnes homosexuelles ?

Oui. La condition homosexuelle, parfois durable pour un certain nombre d’entre elles, est une réalité d’Église. L’Église ne peut pas laisser sur le banc de touche tous ses fidèles concernés par la question. Elle a le devoir de leur faire connaître leur péché et de les y éloigner. Elle a le devoir de leur proposer Grand, de leur proposer le Royaume et la Sainteté.
 

112 – Une personne est-elle excommuniée (= écartée) par l’Église catholique si elle pratique son homosexualité et est en couple homo ?

Absolument pas. L’Église aime tout le monde, indépendamment des actes que chacun pose, et préfère même les pécheurs ! Elle existe surtout pour eux ! Une personne homosexuelle (même en couple) peut recevoir le baptême, et le sacrement de confession. Pour la communion, c’est autre chose.
 

113 – Pourquoi l’Église catholique devrait oser parler du thème de l’homosexualité ?

Parce que c’est Elle qui en parle le mieux. Ceux qui défendent l’homosexualité n’y connaissent rien, je te assure.
 

114 – Pourquoi le silence sur l’homosexualité pendant le Synode en 2015 au Vatican est dramatique et préoccupant ?

Parce qu’il traduit à la tête de l’Église un manque de foi en la beauté du célibat continent, en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie, et en la sainteté de tous les célibataires (homos ou divorcés remariés) qui se trouvent hors-mariage et hors-sacerdoce.
 

115 – Pourquoi l’Église catholique a-t-elle du mal à parler du thème de l’homosexualité ?

L’Église n’a pas de mal à en parler. Seuls les gens d’Église ont parfois du mal, parce que soit ils croient secrètement en « l’amour sans différence des sexes », soit ils pratiquent carrément le rejet de la différence des sexes et l’homosexualité en secret.
 

116 – Pourquoi y a-t-il autant d’homosexualité parmi les prêtres ?

Parce que certains prêtres ont cherché sincèrement à fuir leur peur de la différence des sexes dans le sacerdoce. Mais ils ne sont pas si nombreux. Et ceux qui ne s’adonnent pas à leur homosexualité sont de grands saints.
 

117 – C’est quoi le problème des associations protestantes d’accompagnement des personnes homosexuelles ?

En général, elles sont désincarnées. Elles partent du principe que Dieu peut agir dans la vie de l’individu sans la tendance homosexuelle, alors que souvent, Il se sert de celle-ci.
 

118 – Quel est le chemin de vrai bonheur pour une personne durablement homosexuelle ?

C’est le don entier de sa blessure homosexuelle aux autres et à l’Église, sans la pratiquer. C’est la continence (= abstinence pour Jésus), la fraternité, l’amitié, le service, l’explication de sa tendance homosexuelle, et l’évangélisation. Parfois même le mariage ou le sacerdoce.
 

119 – Homosexuel et catholique, est-ce compatible ?

Oui grâce à la continence. Non sans la continence. On ne peut pas se donner pleinement à l’Église (qui est la différence des sexes) et vivre un « couple » (même supposé « chaste » et « pratiquant catho ») qui rejette la différence des sexes, donc l’Église. On ne peut pas se donner pleinement à deux maîtres si opposés.
 

120 – Y a-t-il pour une personne durablement homosexuelle un autre chemin de bonheur que le couple ?

Oui. La continence (qui n’a pas la sècheresse de l’abstinence) permet la joie de la fraternité, de la mission, du combat pour la Vérité, de l’apostolat, de l’évangélisation, de la vocation d’Église, de la sainteté.
 

121 – Pourquoi devrais-je arrêter de regarder du porno ?

Le porno t’enlève de la joie car tu te donnes à une image qui défigure la beauté de la sexualité. Et il t’enferme sur toi-même. Beaucoup de garçons, en regardant du porno même hétéro, en viennent à se poser la question de l’homosexualité. C’est fréquent. J’ai reçu de nombreux témoignages allant dans ce sens.
 

122 – Comment arrêter la masturbation et le porno ?

En exerçant ta liberté. Si tu veux que ça s’arrête du jour au lendemain, sans douleur et sans effort, ça s’arrêtera, et pour toujours. Il suffit juste de le décider fermement, sans théâtre ni caprice. Personne ne peut se masturber à ta place ni ne peut te forcer à le faire. Si tu retombes, c’est exclusivement de ta faute. Et une fois que tu arrêtes, tu sors de la honte et de la tristesse éternelles. Allez arrête tout de suite.
 

123 – Je suis un chaud lapin, très tactile, très câlin, très romantique, qui ne sait pas rester seul et qui adore embrasser. Comment pourrais-je renoncer au couple et être continent ?

Ne te fie pas aux apparences. Les « boules d’émotivité » les plus sensibles et fragiles dans certaines situations se révèlent les plus fortes dans d’autres cadres. C’est mon cas. Nos pulsions, nos lieux de tentation et nos fragilités, bien orientés, peuvent devenir le moteur de sainteté et de force qu’on rejetait et qui nous faisaient jadis tomber quand on s’y adonnait ! Derrière le libertin se cache un grand ascète qui s’ignore. C’est parce que tu es libertin que tu peux être continent !
 

124 – Quels apports donnent les personnes homosexuelles à la société ?

Le grain de fantaisie et de folie qui détend l’atmosphère, un regard acéré sur le monde, la désinhibition et la décomplexion sociale, l’amitié, la beauté de la fragilité et de la dissidence offertes fraternellement, le jeu avec la différence des sexes, la sensibilité qui peut nous rapprocher des autres.
 

125 – Les personnes homos sont-ils plus sensibles et créatives que les autres ?

Non. Il ne suffit pas d’être blessé pour devenir sensible, génial et artiste. La souffrance peut nous rendre plus proche et réceptif à celle des autres, tout comme elle peut nous enfermer dans la destruction et l’autodestruction.
 

126 – Quels apports donnent les personnes homosexuelles à l’Église ?

La preuve humaine de l’Universalité de l’Amour de Dieu, de la Miséricorde et de l’Humour divins, de la préférence de Jésus pour les pécheurs et les fragiles, de la force évangélisatrice qui transcende nos faiblesses humaines sans les nier.
 

127 – Peut-on être homo et saint ?

Oui. Car c’est par nos fêlures données à Dieu que la lumière de Jésus passe le mieux, de manière plus éclatante, originale et décalée !
 

128 – C’est quoi les richesses de l’homosexualité ?

C’est l’humour et la convivialité dans la vulnérabilité. Une personne blessée sexuellement, mais qui se donne quand même aux autres sans s’adonner à sa fragilité, ça met tout le monde à l’aise, ça décomplexe. Sa blessure homosexuelle offerte devient une porte où tous les blessés de la vie ont envie d’entrer.
 

129 – Les personnes homos sont-elles plus proches des pauvres, des gens qui souffrent ou qui sont tristes ?

Si elles reconnaissent et accueillent humblement leur blessure, beaucoup d’entre elles peuvent alors comprendre encore mieux ceux qui souffrent et les rejoindre. Nous, personnes homosexuelles, sommes des évangélisateurs de première catégorie.
 

130 – Pourquoi le cocktail homosexualité-foi dépote ?

Parce qu’il est inattendu, réel, drôle, et démontre que Dieu appelle vraiment tout le monde, même ceux qui le rejettent ou qui sont des handicapés sexuels.
 

131 – Que je me sente homo ou pas, je pense de toute façon que Dieu m’aime comme je suis et qu’il me destine à une grande vie.

Il n’y a pas de doute là-dessus ! Je le crois aussi dur comme fer.
 

132 – J’aimerais faire un cadeau à mon ami homo. Vous avez une idée ?

Envoie-lui ce questionnaire court et facile à lire.
 

133 – Mon ami homo ne croit pas en Dieu. Comment je lui parle de vous ?

L’homosexualité ouvre tous les cœurs. Et sa combinaison avec la religion intrigue beaucoup plus de personnes homos qu’on ne croie. Les athées seront les premiers à nous évangéliser s’ils se convertissent.

Film « La 5e Vague » : La puce électronique de l’Antéchrist faussement dénoncée, puis remplacée et justifiée par le boboïsme

5 vague apocalypse
 

En visionnant au cinéma à l’instant le film « La 5e Vague » (« The 5th Wave ») de J. Blakeson, je croyais aller voir un banal film-catastrophe pour teenagers américanisés attardés à la « Twilight ». En réalité, j’y ai puisé tout ce qui me permettra d’écrire sans doute l’un de mes plus importants articles sur l’Antéchrist, la puce électro, le boboïsme, et la fin des temps. Car on y trouve non pas tout le programme de l’Antéchrist (car ce film ne reste qu’une fiction qui ne peut pas être prise au pied de la lettre : elle nous mène d’ailleurs en bateau et nous conduit sur des fausses pistes concernant l’Antéchrist, le déroulement des fins dernières, notre avenir), mais en tous cas toute la technique de l’Antéchrist. Qui l’eût cru avec un navet pareil ?? Même pas moi !
 
5e Vague Puce
 

Beaucoup de films en ce moment nous parlent de la puce et de la fin du monde (« Die Welle », « Kingsman », « Steve Jobs », « San Andreas », « Man Of Steel« , etc.). Mais là, j’ai été gâté puisque « La 5e Vague » est un film en apparence contre l’Antéchrist, contre la puce et contre le Gouvernement Mondial… et pourtant, qui tente de les imposer d’une autre manière, par le biais du boboïsme et de la lutte contre l’Antéchrist, la puce et le Gouvernement Mondial. Très fort ! Cela m’a fait comprendre qu’il fallait aborder la puce autrement que comme ceux qui la diabolisent à la hâte en tant que « monstrueuse marque de la Bête de l’Apocalypse ». Quelle joie ! Oui, la véritable puce électronique qui séduira l’Humanité va s’afficher contre elle-même, comme une anti-puce. J’en suis maintenant convaincu.
 

L’Antéchrist est quelqu’un de particulièrement rusé et génial. J’avoue même que son génie est déroutant. Je ne sais pas exactement comment ni quand il va agir, mais ce que je pense avoir compris, c’est sa manière d’agir, son plan d’attaque contre l’Humanité, plan qui, par ses paradoxes, risque de dérouter même ceux qui le dénoncent ou qui ont étudié la puce électro depuis longtemps :
 

1) D’abord, l’Antéchrist compte PRÉVENIR CONTRE LUI-MÊME et de manière en plus apparemment hyper réaliste, franche et transparente (comme un magicien qui explique ses tours, sa perfidie), pour se mettre à l’abri de tout soupçon. Il met en garde contre les conséquences dont il chérit secrètement les causes. Il va même se dépeindre comme un ami des Hommes, comme un ennemi farouche de lui-même, de la puce et de la technologie qu’il va imposer. Le portrait scientifique et cinématographique que lui et ses agents donnent de la puce la désigneront aux yeux des gens sensés comme une fausse piste. Et en effet, la puce électronique est une quasi « fausse piste », autrement dit une fausse « fausse piste ». En tous cas, tel que les opposants à la puce se la représentent.
 

2) Ensuite, dans un second temps, l’Antéchrist va faire en sorte que l’Humain se méfie de ses pairs et de Lui-même, qu’il perde l’Espérance (au profit de l’espoir = une Espérance sans le Christ) et se réfugie dans la révolte, la désobéissance, une autonomie qui est une fausse liberté, un individualisme qui prendra la forme perverse d’un altruisme mondialisé. Il va faire en sorte d’IMPOSER LA PUCE sous une autre forme que celle que les scientifiques, les réalisateurs, les bobos, les dénonciateurs du Gouvernement Mondial, avaient conceptualisée, caricaturée et diabolisée dans leurs élans paranoïaques : une forme naturelle, écolo, humaine, anti-technologique, anti-puce électronique, rebelle, solidaire, c’est-à-dire le BOBOÏSME. Comme ça, l’Antéchrist laisse l’être humain se pucer lui-même, et accepte de se faire passer pour le méchant de service afin de fournir à l’être humain l’orgueil et l’illusion de lui avoir échappé.

 

Plan quasi parfait. « Je te mets en garde contre moi-même en me caricaturant de façon réaliste ; cela détourne ton attention pour que je m’impose à toi par le biais du boboïsme. » Ou bien « Je te préviens contre moi-même pour que tu ne te méfies pas de moi, tout en te faisant croire que tu t’opposes à moi victorieusement. Puis je te fournis les moyens – la pomme, la puce, la technologie bio – de t’autodétruire en te donnant l’impression que je n’interviens pas, que tu vas te sauver tout seul et que, par ton acte de rébellion contre moi et contre Dieu, tu vas devenir libre, autonome, immortel, régénéré, semblable à un dieu. Et finalement, tu te soumets à moi et à ton orgueil. Au moment où tu te donneras la mort, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même et à la puce invisible que je t’avais donnée et dont tu t’étais attribué l’invention ! »

 

C’est exactement ce renversement, ce passage diabolique de relai, qu’on observe dans « La 5e Vague ». Et je vais vous montrer comment ce film dénonce la puce et le Gouvernement Mondial parce qu’il en est l’inconscient/le meilleur promoteur. L’Antéchrist se piège lui-même. C’est pour cela – en plus d’avoir été terrassé par l’humilité de la Sainte Vierge et de Jésus – qu’il a perdu.
 
 
 

L’Antéchrist prévient contre lui-même :

La fin des temps (transformée d’ailleurs en fin du monde) est le thème principal du film « La 5e Vague », et elle prend la forme de l’impérialisme extra-terrestre qui ne demande qu’à s’étendre et à posséder la terre pour satisfaire sa boulimie d’espace vital et de pouvoir, et pour tuer tous les Hommes. C’est également le projet de l’Antéchrist et du diable : l’homicide.
 
5e Vague - Vosh
 

Le Colonel Vosh haranguant ses jeunesses

Le Colonel Vosh, l’Architecte haranguant ses jeunesses


 

Le sujet central du film, même si ce n’est pas dit explicitement, c’est l’Antéchrist. Ce dernier est incarné par le Colonel Vosh, le chef des extra-terrestres qui se fait passer auprès des Nord-Américains pour leur Sauveur et le chef des armées terrestres. Il a tout du parfait imposteur, du faux Christ : en apparences il fait de bonnes actions, protège les survivants, est justicier des orphelins, cite la Bible (devant ses jeunes recrues, il va jusqu’à plagier oralement saint Paul aux Corinthiens : « Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face. »). Le Colonel Vosh forme des élites de combat (sans leur révéler qu’elles se battent en réalité contre lui). Dans « La 5e Vague », l’ambiguïté satanique de l’Antéchrist, qui sera un imitateur de Jésus, est donc apparemment fidèle à ce que sera le véritable Antéchrist. Portrait « réussi ».
 
5e Vague anti casque réalité virtuelle
 

De plus, le synopsis du film suit une progression narrative à la fois traditionnellement apocalyptique, à la fois moderne et adaptée à des fléaux tout à fait réalistes pour notre monde actuel. Donc le spectateur s’y laisse prendre, même s’il sait que ça reste de la fiction d’anticipation, de l’invention. Les châtiments que les extra-terrestres réservent à l’Humanité sont découpés en 5 étapes – les fameuses « vagues » : la première c’est la coupure générale de l’électricité, la deuxième ce sont les tremblements de terre et les tsunamis ; la troisième ce sont les virus (par les oiseaux) et les maladies (la grippe aviaire) ; la quatrième c’est l’invasion des extraterrestres ; la cinquième c’est la destruction complète des êtres humains par eux-mêmes (le projet, c’est qu’ils s’entretuent en croyant éradiquer les extra-terrestres, car les extraterrestres ont réussi à se faire passer auprès d’eux pour des Humains, et à leur faire croire que les Humains étaient eux). Tout semble donc dramaturgiquement se tenir, qu’on soit croyants catholiques ou athées terre-à-terre. Et l’effet de renversement crée autant de suspens qu’il respecte en apparence le fonctionnement de l’Antéchrist.
 

Comme si les preuves d’intégrité et de moralité ne suffisaient pas, comme si les assises sur la Bible manquaient, le film semble en plus pointer du doigt les périls et les effets pervers de la puce RFID, de la géolocalisation subcutanée, du fichage. Dès le début du film « La 5e Vague », tous les endroits corporels où la puce électronique est censée être implantée sont montrés comme dangereux, suspicieux, et sont détruits. « Je lui enlève son traceur ! » (Ben arrachant la puce implantée dans la nuque du petit Sam) Par exemple, dans la première scène du film, Cassie, l’héroïne chargée de tuer les extraterrestres, fusille un soldat parce qu’elle se méfie de sa main et du flingue que celle-ci porterait : « Qu’est-ce que tu as dans ta main ??? » Ensuite, l’infirmière-sergent Reznik injecte de manière très violente des « traceurs » et des lentilles à l’intérieur de la nuque des Humains pour les géolocaliser. Le marquage, le référencement et le comptage des individus, réduits à des numéros de matricule, même pour leur bien, sont également dénoncés. La dépersonnalisation est figurée par le changement de noms et l’apparition des surnoms. Les appareils de détection hyper High Tech (les casques à réalité virtuelle, servant de test de reconnaissance des extra-terrestres) sont aussi décrédibilisés. Bravo les réalisateurs ! C’est PRESQUE courageux et anti-Gouvernement Mondial !
 

Ben et le Colonel Vosh

Ben et le Colonel Vosh


 

La politique sanitaire et sécuritaire du Gouvernement nord-américain (qui se révèlera être le Gouvernement des extra-terrestres) est incriminée : les méchants amènent les Humains dans leurs centres de détention (Base militaire de Wright-Patterson) pour soi-disant les immuniser contre les attaques des extraterrestres, les transformer en armée anti-extraterrestres efficace, et assainir leur espèce humaine, et en réalité les formater pour les transformer en extra-terrestres. Le piège de la fausse gentillesse de la technologie aseptisée est bien dépeint. L’Antéchrist les met en garde contre les pièges qu’il leur tend, pour s’innocenter et les manipuler en leur imputant un péché de naïveté, d’aveuglement puis de collaboration. Très bien joué au niveau du scénario et de l’imagerie logique de l’Antéchrist. Et pourtant…
 
 
 

L’Antéchrist s’impose de manière invisible par la forme rebelle, sentimentale et individualiste, du boboïsme spiritualiste athée :

Certes, « La 5e Vague » prévient contre la dualité de l’Antéchrist. Certes, il prévient même contre la puce électronique. Mais c’est une illusion antéchristique, car d’un autre côté, par le boboïsme, lui et les réalisateurs la font passer en douce. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’extra-terrestre gentil (le personnage d’Evan) dans ce film est accueilli au nom de l’Amour, de la Vie et de la désobéissance aux clichés des méchants et à l’autorité des puissants. Il passe entre les mailles du filet de protection et de rébellion. Et il est comme la puce : un pur esprit qui se télécharge (et se met à jour) dans nos propres corps via un programme joliment nommé « Wonderland ». Le Wonderland des bobos, assurément !
 

La série DIG

La série DIG


 

« La 5e Vague », malgré ses prétentions de désobéissance à l’Antéchrist et à la puce, est un hymne aux « bonnes » raisons qui feront que, concrètement, beaucoup d’Hommes se soumettront à la puce et à l’Antéchrist sans même s’en rendre compte. Car porter la puce sera présenté comme le summum de la rébellion révolutionnaire, de la désobéissance conquérante, de la liberté, de l’humilité, de la simplicité, de la spiritualité « vraie », de la sécurité !
 
5e Vague nuque
 

D’ailleurs, « La 5e Vague » cultive la peur (chez ses personnages et chez les spectateurs) qui « justifie » la réponse sécuritaire de la puce : « On n’est plus en sécurité nulle part. » (le père de Cassie à sa fille) ; « Comme les Autres nous ressemblent, nous ne pouvons plus faire confiance à personne. » (Cassie) ; « On n’est plus en sécurité nulle part. » (Cassie)
 

Le film « La 5e Vague » s’en prend aux idées qu’il défend. Par exemple, tous les héros positifs du film sont contre la puce électronique… mais sont suspendus à leur portable (c’est d’ailleurs le seul objet technologique inutile que Cassie prend soin d’emporter avec elle dans son sac au moment de sa fuite…). Le téléphone mobile occupe une place prépondérante dans ce film.
 
5e Vague cerveau
 

Autre exemple d’incohérence entre la bonne intention et les faits : les méchants du film, même s’ils ne révèlent leur méchanceté que tard, sont quand même repérables à des kilomètres et manichéisés. Le Colonel Vosh n’est pas un si bon exemple de la contrefaçon que sera l’Antéchrist (le personnage simplifie, et finalement couvre le véritable Antéchrist par sa caricature). Les escadrons de la mort représentés par les jeunesses militaires endoctrinées semblent également tout droit sortis des stormtroopers (soldats-clones) de « Star Wars ». Quant à la méchante infirmière Reznik, là, c’est carrément de la méchanceté cinématographique avec des voyants rouges ! « Nous z’afan les moyé dé fou faire parlé ». Il n’y a que la méchanceté d’Evan qui semble un peu complexifiée et réaliste au départ… mais très vite elle finit par se simplifier, se manichéiser et se résoudre en gentillesse par l’opération des sentiments amoureux dits « irrationnels ».
 

Autre exemple, le film persécute l’altérité : les méchants extraterrestres s’appellent « les Autres », à l’instar des revenants invisibles et à apparence humaine du film « The Others » (2001) d’Alejandro Amenábar. Mais en même temps, tout le film porte aux nues l’anticonformisme et l’altérité. On voit bien ici que la haine de l’altérité cache une idolâtrie pour l’altérité. D’ailleurs, ce qui différencie un Humain d’un extraterrestre est rendu invisible par l’amour ou la perversion tactique des méchants. Cassie finit par tomber amoureuse d’un « Autre » gentil, Evan, qui par amour pour elle, sera traître à sa propre « nature » extraterrestre, et sera un autre-« autre » pour ainsi dire, un « agent dormant » comme l’appelle Rick Yancey. Je souligne au passage que cette idolâtrie pour la différence et l’altérité, propre au boboïsme – idéologie fondée sur l’indéfinition, l’anti-conformisme et l’altérité absolue – se contredit toujours elle-même… car il arrive toujours un moment où l’autre, c’est soi ! La frénésie mondiale pour la différence (« N’avoir d’autre vœu que l’Autre, même un instant. » chante Mylène Farmer) équivaut d’une part à ne plus reconnaître les véritables différences et leur bénéfique mélange, et d’autre part à vouer son âme au diable (« l’Autre » est l’un des noms du diable dans la Bible).
 

Autre détail qui cloche. Le film « La 5e Vague », tout comme le Gouvernement Mondial, persécute l’Humanité, mais au nom du Salut de l’Homme par Lui-même, au nom de l’idéologie de l’Humanisme intégral. Comme je l’explique plus longuement dans mon article sur l’Antéchrist, l’humanisme intégral est l’autre nom du diable, car il vise le Salut de l’Homme sans Dieu, donc finalement sans l’Homme, car Dieu est présent en tout Homme en Jésus), au nom de l’espoir et de la sauvegarde du « Vivant ». « Les structures de péché nous donnent l’illusion de vouloir un humanisme intégral : c’est cela leur projet affiché. Or l’humanisme intégral ne sera effectif que dans la gloire ! En attendant, sur la terre, l’humanisme n’est pas intégral puisqu’il va falloir souffrir et mourir ! » (le frère Samuel, dans Les Attaques du démon contre l’Église, Actes du colloque de Banneux, Éd. Bénédictines, Paris, 2009, p. 80) Je vous renvoie au code « Je suis vivant » de mon livre Les Bobos en Vérité, capital pour comprendre l’illusion de l’humanisme intégral (qui souvent se décline en spiritualisme intégral, d’ailleurs). « La 5e Vague » surfe complètement sur la vague rebellisante, cool et humaniste, de l’Humanisme intégral. Par exemple, l’objectif affiché du boboïsme antéchristique – et c’est particulièrement visible dans « La 5e Vague, c’est d’ÊTRE HUMAIN, de REVENIR ÀL’HUMAIN, de METTRE L’HUMAIN AU CENTRE, de DÉFENDRE L’HUMAIN, de SE SENTIR VRAIMENT VIVANT, de REJOINDRE LA VRAIE VIE. « Tu m’as donné envie de redevenir humain. » (Evan s’adressant à Cassie) ; « Alors je te sauve toi. Pour me sentir humain. » (Evan à Cassie) ; « Il avait l’air humain. » (Cassie parlant du Colonel Vosh) Dans le générique final, la chanson « Alive » de Sia vient boucler la boucle bobo.
 

Très clairement, le film marketing « La 5e Vague », même s’il fait la part belle à l’humanisme, donne concrètement une mauvaise image de l’Humain, cherche à éradiquer les êtres humains tout autant que ne le veulent les extra-terrestres du scénario. Le plan de l’Antéchrist est défendu par ceux-là mêmes qui devraient le dénoncer : « Comment supprimer les Humains ? D’abord, on leur supprime leur humanité. » dit l’héroïne Cassie. Le projet homicide de l’Antéchrist, c’est de transformer l’Homme en ennemi de lui-même, par la peur, la désespérance et le progressisme altruiste : « Nous sommes la Cinquième Vague. » (Ben parlant de l’Humanité comme le dernier fléau qui va s’être fatal). Ce film crée ce qu’il combat. Car tout centrer sur l’Homme (sans Dieu) revient à Le détruire. L’humanisme intégral, c’est l’autre nom de la Bête.
 

Tout l’argumentaire spiritualiste du boboïsme antéchristique repose sur l’optimisme, sur l’espoir humaniste (et non pas l’Espérance, qui laisserait entendre qu’il y a une prise en compte de la mort et de la Résurrection du Christ) : « Notre espoir. Notre avenir. » (le Colonel Vosh) ; « Pour les Autres, notre espoir est notre faiblesse. C’est notre espoir qui nous maintient en vie. C’est notre espoir qui nous mènera à la victoire. C’est notre espoir qui nous rend humain. » (cf. la phrase finale de Cassie qui vient conclure le film) Non seulement cet humanisme intégral optimiste est de la sottise mielleuse, mais il est dangereux, orgueilleux. Car on sait combien l’Homme, sans le Christ, est un loup pour Lui-même. L’optimisme est l’opium d’un monde qui déprime, qui se tire une balle dans la tempe en croyant se sauver par lui-même.
 
5e Vague Espoir
 

L’orgueil de la bienpensance bobo, se croyant affranchie et victorieuse d’un mal qu’elle caricature en croyant le dépeindre avec réalisme, transparaît de tous côtés de « La 5e Vague ». D’ailleurs, cette cinquième vague n’est jamais nommée. C’est logique : elle est la vague du boboïsme. Et le boboïsme n’aime pas se nommer ni être nommé. Dans ce film pseudo anti-Antéchrist, tous les héros se croient tout-puissants : par exemple, Ben se prend pour Spiderman et porte même le surnom de « Zombie » ; Evan est mi-humain mi-extra-terrestre. Cassie joue les Lara Croft. Et Ringer, la femme indépendante asexuée, sans fesses, sans corps, avec des yeux derrière la tête.
 

Comme dans tout film fomenté et financé par la Franc-Maçonnerie mondialisée, on retrouve le champ lexical de la lumière et de l’architecture. « La 5e Vague » s’achève sur une image du couple Ben/Cassie scrutant le ciel et se prenant pour des astres lumineux : Cassie, dont le nom vient de la constellation Cassiopée, affirme d’ailleurs qu’elle s’appelle « Cassiopia » : « Je cherche les étoiles. » C’est trooop beau… Grâce à ce film, j’ai par ailleurs appris (chic !) que « boussole » se disait « compass » en anglais. Et bien sûr, le compas est l’un des instruments majeurs du Grand Architecte (l’Antéchrist) défendu par les francs-maçons. Dans « La 5e Vague », c’est grâce au « compass » de Cassie que l’héroïne et son bellâtre extra-terrestre Evan se dirige vers la base militaire de l’Antéchrist : « Do you have a compass ? » (« As-tu une boussole ? ») demande Cassie à Evan. Yes, I have. (Yes, WE CAN.)
 
5e Vague Étoile
 

« La 5e Vague » participe de cette désincarnation et de cette virtualisation de l’Humain que pourtant il dénonce en intention. En effet, tous les personnages transgressent le Réel et donc l’Humain. Ils éjectent les 4 rocs sur lesquels reposent le Réel et l’Amour : la différence des sexes (le lesbianisme latent dans l’amitié fusionnelle entre Lisa et Cassie ; Ben, le gars viril du lycée, qui a un portable rose et qui s’identifie à sa sœur) ; la différence des générations; la différence des espaces ; la différence Créateur-créatures à savoir Jésus et l’Église institution catholique.
 
5e Vague Christ
 

Concernant le viol de la différence Créateur/créatures, donc l’Église catholique, je reconnais que ça m’a laissé sans voix. Le film « La 5e Vague » commence par une scène hautement symbolique : dans une station de service, Cassie, la jeune héroïne, tire mortellement avec sa kalach sur un soldat à terre qu’elle prend à tort pour un extra-terrestre, simplement parce qu’elle a confondu l’éclat lumineux de la Croix du Christ qu’il portait à sa main gauche pour compresser sa blessure de guerre, avec un rayon lumineux dangereux venu de l’Espace. Le film démarre sur le meurtre du catholique, sur un homicide-déicide christique ! C’est quand même fort de café ! Le message et l’orientation antéchristique ne peuvent être plus clairs ! Bien évidemment, la scène sacrilège est coupée au montage dans la bande-annonce du film… Sans aller voir entièrement le film, le spectateur lambda ne peut pas deviner la cathophobie du geste fictionnel homicide.
 

 

Dans le film « La 5e Vague », et dans de plus en plus de films, on essaie de nous faire croire, pour effacer le plan divin d’Amour de Dieu, que le Big Bang est le fruit du hasard et de la physique, que les extra-terrestres existent (de surcroît, de la manière la plus « scientifique » et la plus sincère du monde ! Lien 1 et lien 2) et que ce sont eux, et non Dieu le Père ni l’Antéchrist, qui envoient ces fléaux à l’Humanité ou qui sauveront la planète si on accepte de collaborer avec eux. L’objectif de cette propagande médiatique est de détourner l’attention de l’Humanité sur la réalité du combat spirituel entre les forces du Bien (dirigées par le Christ) et les forces du mal (dirigées par satan et son Antéchrist). La construction cinématographique du mythe des extra-terrestres tente également de concurrencer et de décrédibiliser les futurs signes extraordinaires que la Vierge Marie ou Dieu le Père donneront très prochainement à tous les Hommes (l’Avertissement, le Grand Miracle, les apparitions de la Croix lumineuse du Christ dans le ciel, etc.), signes que les scientifiques de mauvaise foi feront passer pour des phénomènes naturels explicables et anodins, pour des hologrammes venus du Troisième Type.
 
5e Vague Extraterrestre
 

Concernant le viol de la différence des espaces, le scénario panthéiste du film est construit entièrement sur l’envahissement fusionnel du monde terrestre par le monde extra-terrestre, de l’anéantissement de la terre par l’Univers. L’espace maritime vient même mordre les côtés, et manger l’espace terrestre. Mais ça ne s’arrête pas là. Ce film est carrément une apologie de la guerre, un guide « pédagogique » de maniement des armes à feu, une méthode assimile militaire masquée. Car qui attend d’un film de divertissement qu’il nous présente à trois reprises (c’est quand même bluffant ! Moi, ça m’a laissé « sur le cul ») des séquences très détaillées nous expliquant comment se compose un flingue et comment il se charge (scène entre Cassie et son père), comment on pique l’arme d’un adversaire (scène entre Cassie et Evan), comment on vise une cible sans la rater et on fait une clé de bras pour foutre à terre son ennemi (scène avec Ben et Ringer, la tireuse d’élite) ? Le Gouvernement Mondial vient jusque dans les salles de cinéma pour former ses beaufs et ses nouvelles recrues, vu qu’Il ne parvient pas encore à les recruter sur le terrain ou à les former grâce à feu « service militaire ». Et le pire, c’est que ce lavage de cerveau, cette propagande, cette formation paramilitaire, se donne des airs et des intentions antimilitaristes, Peace & Love, désertrices, pacifistes ! « La 5e Vague » dénonce ouvertement l’enrôlement militaire de la jeunesse qu’il met pourtant en place sur les écrans ! Hallucinant.
 
5e Vague Inceste banc
 

Concernant le viol de la différence des générations, « La 5e Vague » s’est aussi déchaîné. Par exemple, Ben est responsable du téléphone portable rose de sa sœur. Cassie prend la place de son père et venge sa mère. Les jeunes héros – Ben, Ringer, Cassie, Evan – remportent la victoire contre les méchants vieux – le Colonel Vosh, le sergent Reznik. Evan, l’extra-terrestre, a assassiné toute sa famille. Le matricide est représenté par Cassie qui étrangle à mort l’infirmière Reznik et enterre sa mère. Le jeunisme et le maintien en enfance (avec le nounours en peluche) sont particulièrement marqués. La prédominance de l’inceste fraternel – lien fusionnel entre Sam et Cassie, ou entre Ben et sa sœur, montré comme plus fort que l’amour et que la mort – est un leitmotiv des films bobos. Ben porte même un médaillon de sa sœur au cou ! En fait, la puce des bobos est bel et bien l’inceste, cette idolâtrie pour la fraternité amoureuse, pour cette Humanité qui Se fait l’Amour à Elle-même (dans l’Espoir !).
 

Et voilà la belle quenouille

Et voilà la belle quenouille


 

Concernant enfin le viol de la différence des sexes, « La 5e Vague » est un monument de féminisme panthéiste asexué et de misandrie (haine des hommes et des pères). Dès le début du film, tous les pères sont fusillés en masse par l’armée des extra-terrestres dans un hangar parce qu’ils refusent de se voir séparer de leurs enfants. Cassie assiste d’ailleurs impuissante à la mort de son père en direct. Dans « La 5e Vague », les femmes sont quasiment toutes plus fortes que les hommes, insoumises, autoritaires, inaccessibles. Dans le cas contraire, la supériorité des mâles est suspecte, « machisée », ou vient de leur surhumanité. Les jeunes femmes jouent les fiers-à-bras, les p’tits mecs. « Je m’en sortirai bien toute seule. » (Ringer) ; « T’as pas à être forte tout le temps. » (Evan conseillant timidement à Cassie d’arrêter de jouer qui elle n’est pas) Elles portent des noms masculins ou/et asexués (Ringer, Reznik, Teacup…). Quand elles ont été élevées dans du coton, elles sont invitées à entrer dans les sections d’assaut. Et quand elles sont d’âge mûr, elles deviennent des infirmières militaires pète-sec. L’héroïne du film, comme dans toutes les super-productions hollywoodiennes actuelles, est encore et toujours une jeune femme. C’est la victoire de ce que l’évêque Monseigneur André Léonard appelle très justement « le mythe pansexualiste du ‘féminin sacré’ », dans son livre Les Raisons d’espérer (2008) (p. 93). L’inversion des sexes dans « La 5e Vague » s’observe même dans l’onomastique (étude des prénoms) : Ève devient un homme, à travers le personnage d’Evan. Et Cassie, la « fille des étoiles », matte Evan en train de se baigner nu dans un lac, dans leur Jardin d’Éden New Generation. Le film « La 5e Vague » est un hymne à la neutralisation de la différence des sexes, à l’asexuation, à la sur-féminité agressive (qui prétend prendre la place des mâles) : « Elle est cool. » s’exclame la jeune Teacup en observant pleine d’admiration Ringer, sa camarade plus âgée, faire la nique aux hommes parce qu’ils osent la regarder avec désir : « Et pas de remarques sexistes dégradantes ! ». Dans « La 5e Vague », les femmes soumettent les hommes, même en amour. Par exemple, Cassie, en vraie teen-age hystérique de soap-opéras, fout une gifle à son amant Evan (qui ne s’en révolte même pas : « Je suis désolé. » dit le jeune homme passivement). Alors qu’Evan est une crème de boy friend, la capricieuse Cassie lui fait mordre la poussière : « Mets-toi à genoux. » (Cassie s’adressant à Evan) ; « Si tu me suis, je te tue. » (Cassie s’adressant à Evan) En somme, les héros de ce film ne croient absolument pas en l’Amour incarné (dans la différence des sexes) et durable. Evan crache le morceau, le refrain bobo : « L’amour n’est qu’illusion. »
 

Ringer

Ringer


 

À ce titre, « La 5e Vague » est un ramassis de boboïsme du Gouvernement Mondial. On y retrouve énormément des 60 codes bobos de mon livre Les Bobos en Vérité qui traite précisément de la forme sucrée, désordonnée, cool et verte, que prend l’idéologie noachide du Gouvernement Mondial antéchristique : la figure de l’Effrontée, la place de l’inceste et de l’incestuel, la Nature « méchante », la religion naturelle (avec Evan en bûcheron sexy qui coupe du bois comme au bon vieux temps, dans un chalet sans électricité…), les tapisseries fleuries, le goût d’un rétro retravaillé en images de synthèse, le journal intime (On y croit tous…), Cassie photographe, le bonnet qui sert à rien, la nostalgie musicale travaillée, etc. etc. D’ailleurs, lorsque j’ai quitté la salle de cinéma, j’ai vu un seul spectateur qui arrivait dans la salle pour voir la séance suivante du même film. Et c’était une caricature du bobo : lunettes de mouche, chapeau Charlie Winston, barbu. Ça m’a trop étonné…
 
5e Vague Bonnet
 
5e Vague journal
 
 
 

C’est quoi la solution ? :

Vous pourrez vous offusquer tant que vous voudrez en lisant ce que je vais écrire maintenant. Mais le film « La 5e Vague » est antéchristique par excellence. Pour votre formation aux fins dernières, je vous conseille d’aller le voir. Le diable nous explique qui il est à travers ce film tout en croyant et en nous faisant croire qu’en nous prévenant contre lui, il détournera l’attention. Il dit ce qu’il fait mais soit ne fait pas ce qu’il dit, soit fait ce qu’il dénonce.
 

Alors, après avoir identifié tout cela, vous allez me dire : Qu’est-ce qu’on peut faire pour lutter contre ce ravissement génial ? Comment faire en sorte que les autres s’en aperçoivent ? Comment les alerter contre l’Antéchrist ? Comment ne pas se faire avoir ? C’est compliqué à expliquer, cette contrefaçon, surtout aux esprits les plus simples.
 

Je vous répondrais : Ne vous en faites pas. C’est à la fois compliqué si on regarde le piège de près, et fondamentalement il est accessible et déjouable pour tous. Car Dieu se rend compréhensible aux plus humbles et aux plus simples.
 

Le signe pour reconnaître l’Antéchrist, c’est sa désobéissance au Christ. Et le meilleur moyen de ne pas se faire berner, c’est l’humilité et l’obéissance au Christ. D’ailleurs, si vous écoutez attentivement, « La 5e Vague » repose tout entier sur l’idéologie de la désobéissance, de la méfiance et du rejet du Réel (différence des sexes, des générations, des espaces et de l’Église). La désobéissance et l’autonomie individualiste y sont héroïsées. Elles seraient la quintessence de la vraie liberté, de la vraie identité ! En revanche, les apparences (donc l’Incarnation christique) sont montrées comme forcément trompeuses (tout comme les « clichés » et les « stéréotypes »), l’obéissance est présentée comme un danger, une manipulation, une perfide et inconsciente soumission. J’ai relevé dans le film au moins quatre occurrences directes à la désobéissance valorisée : « Ce n’est pas parce qu’il est en uniforme que tu dois lui obéir. » (Cassie s’adressant à son père, concernant le Colonel Vosh) ; « indiscipline » (les jeunes soldats dans leur caserne) ; « Tu me donnes pas d’ordres. » (Ringer s’adressant à son supérieur Ben) ; « J’ai désobéi. » (Evan s’adressant à Cassie)
 

À nous de rester obéissants au Christ, à l’Église catholique et à la Vierge, jusqu’à mourir. Et nous vaincrons ce bobo d’Antéchrist.
 

La problématique idéalisation hétérosexiste de la différence des sexes

La problématique idéalisation hétérosexiste de la différence des sexes


 

Enfin, je vous laisse ce conseil concernant la puce électronique : la véritable puce électro prendra l’apparence de l’anti-puce-électro. Elle se rend flexible, design, esthétique, protectrice, éphémère, « sans engagement », quasi invisible. Rien à voir avec la ponction violente des traceurs dans le film « La Cinquième Vague ».
 
Capture d'écran 2016-02-12 16.58.14

Film « Le 13e Jour » sur les apparitions de Fatima en 1917 : pourquoi ne pas relayer les appels insistants de la Vierge ?

 
Treizième Jour affiche
 

Je reviens d’aller voir le film britannique « Le 13e Jour » (2016) de Dominic et Ian Higgins qui vient de sortir au cinéma en France, dans peu de salles, et que je vous invite à aller voir, surtout si vous ne connaissez pas les apparitions de la Vierge Marie à Fatima : Marie est en effet apparue en 1917 à trois bergers portugais – Lucia, Francisco et Jacinta – pendant 6 mois et toujours le treizième jour de chacun de ces mois, pour leur délivrer trois secrets. Authentifiés par l’Église catholique, il reste énormément de zones d’ombre à leur sujet.

 
Treizième Jour apparition
 

Mon colocataire s’était rendu à l’avant-première du film en décembre de l’année dernière, juste avant que je me rende moi-même sur place à Fatima pour le jour de Noël (où j’ai appris plein de choses, mais c’est le lever de boucliers dès que vous essayez d’enquêter sur le troisième secret). Il m’avait dit que le film n’était pas mal, mais qu’il survolait les trois secrets pour se centrer sur la vie des trois pastoureaux. Il constituait donc un docu-fiction intéressant pour les néophytes, une bonne vulgarisation et un avant-goût des apparitions de Fatima, mais pas une œuvre fouillée.

 

Et en effet, en le voyant aujourd’hui, je suis ressorti très partagé. À la fois je ne peux que me réjouir que le cinéma aide à faire connaître à un large public et à extraire du passé un événement aussi important pour le monde que les apparitions mariales de Fatima, à la fois ça me révolte que ça soit fait comme ça, de manière aussi brouillonne et superficielle. Le pire, c’est que la falsification historique se donne des airs d’archives, de commémoration fidèle, de document réaliste et journalistique, de résurrection de la mémoire catholique, d’hommage spirituel… alors que concrètement, les messages de la Vierge sont survolés, rétrécis au lavage, et même transformés. Et ça, comme dirait Helmut Fritz, « Ça m’énerve ».
 

Photo du film et commentaire de Liberté Politique

Photo du film et commentaire de Liberté Politique


 

Ce qui m’agace, c’est que l’essentiel des apparitions – le contenu des avertissements de la Vierge – est relégué au rang de détail, puis remplacé par la réactions extérieure et postérieure, par l’impression, l’émotivité qu’ils suscitent. Le film dévoile davantage les conséquences de la censure dont les trois secrets font l’objet que la réalité et le sens des secrets en eux-mêmes. Comme si la Sainte Vierge était venue pour rien, avait presque été muette lors de ses apparitions, n’avait averti de rien. Les trois secrets sont figés en historiettes symboliques, tiennent en 2-3 phrases. Hallucinant, cet hommage qui n’en est pas un, ce passage de micro à la Vierge pour finalement le lui couper préalablement. On déplace le centre du message sur ses effets, ou vers les difficultés de vivre avec. C’est fou ! La beauté et la gravité de la Vérité méritent-elles une pareille guimauve pleurnicharde ? un tel silence ? Je ne comprends pas.
 

La mise en scène du « 13e Jour », aussi naturaliste qu’elle veuille être (on nous montre en fil conducteur la voix-off de sœur Lucie qui écrit/relit ses mémoires), est complètement trafiquée, romancée, dramatisée. Le pathos dégouline. La musique mélo occupe trop d’espace. Tout y est larmoyant. Sans compter les doublages de mauvaise qualité, les ralentis kitschissimes, les esthétisations douteuses (exemple : la larme de sang qui coule de l’œil de Jacinthe au moment de sa mort ; ou encore la simulation d’arrivée Superman de la Vierge dans les nuages). Dans ce film, la joie est très peu présente, sauf à quelques rares moments où c’est carrément la pluie de pétales de roses à la fin, l’extase-guimauve. Sinon, c’est de la pleurniche tout le temps. Je doute que ça se soit passé comme ça dans la réalité.
 

La vraie Jacinthe Marto

La vraie Jacinthe Marto


 

« Le 13e Jour » sent le montage à tous les étages. Comme dans les films de reconstitution « historique » actuels, travaillés à grand renfort d’images de synthèse (je pense à « Qué viva Esenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, ou encore à « Moulin Rouge » (2001) à Baz Luhrmann), on a l’impression avec « Le 13e Jour » que toutes les images sont formatées pour faire vieillottes, pour faire « d’époque », mais c’est un massacre au bistouri cinématographique aussi voyant que les photos retouchées des trois bergers de Fatima. Ravalement de façade monstrueux.
 

Lucie, Francis, Jacinthe... puis les mêmes qui se sont pris un camion

Lucie, Francis, Jacinthe… puis les mêmes qui se sont pris un camion


 
Treizième Jour Jacinthe
 

Tous les personnages sont manichéisés et simplifiés à l’extrême. Le scénario semble d’ailleurs suivre la trame des tableaux de « La Belle et la Bête » de Walt Disney (c’est vous dire le niveau). Le seul personnage à qui le film a rendu fidèlement un peu de son épaisseur, un peu de psychologie et de contradictions, c’est Jacinthe. Sainte Jacinthe. Il la montre comme une fillette un peu trop auto-centrée, parfois capricieuse et boudeuse, têtue, avec un grain de folie et de fantaisie (elle aimait danser). J’aime ces saints à qui on laisse l’impétuosité et les défauts : ça les rend très accessibles, surtout pour nous tous pécheurs.
 
Treizième Jour Jacinte capricieuse
 

Pour le reste, zéro psychologie. La mère de Lucie est présentée les trois-quarts du temps comme une marâtre. Les autres personnages sont pour la plupart dépeints comme des sceptiques (à deux exceptions près), voire comme des méchants de dessin animé, des gangsters Al Capone, des parrains de la mafia Santa Barbara.
 
Treizième jour al capone
 

Le plus embêtant, cela reste les imprécisions, voire carrément les falsifications qu’on prête à la Vierge et aux enfants. Le film « Le 13e Jour » a dû choisir et faire des coupes pour ne pas durer trop longtemps, j’en conviens, mais là, ce ne sont pas de simples coupes. C’est de la désinformation. Par exemple, quelques mois avant les apparitions mariales, les trois enfants ont vu l’Ange du Portugal (probablement l’Ange Gabriel) à trois reprises à Loca do Cabeço, qui les a préparé à prier et à accueillir la venue de la Vierge. Il n’en est pas du tout fait mention. Pas plus qu’il n’est montré que le jeune berger Francisco, pendant les apparitions de la Vierge, voyait tout mais n’entendait rien. Ce sont sa sœur et sa cousine qui lui rapportaient ce qu’elles entendaient. Plus gênant encore est le choix interprétatif des réalisateurs du film de réduire le premier secret à sa dimension de film d’horreur (alors que, aux enfers, concrètement, les enfants ont vu beaucoup de prêtres et de cardinaux, et ont beaucoup plus de choses à en dire !), de réduire le deuxième secret aux deux premières Guerres Mondiales (sans aller voir plus loin vers la Troisième Guerre Mondiale et la Fin des temps), de réduire le troisième secret à l’attentat du Pape Jean-Paul II et à la Guerre Froide (et non au schisme à l’intérieur de l’Église, aux tribulations contre le Pape François et ses quelques prêtres fidèles, à la Fin des temps). Les secrets de Fatima renvoient d’une part à la vision des enfers (1er secret), en second lieu à la Seconde Guerre Mondiale et au communisme (2e secret), et en troisième lieu à la Fin des temps et aux Trois Jours de Ténèbres. Ils ne sont nullement « de simples images ».
 

La démarche de la Vierge n’est donc pas du tout respectée. Le troisième secret n’est pas qu’une image d’Épinal légendaire ou appartenant au passé. L’appel virginal intègre la dualité des miracles de Dieu. Car lorsque les Hommes, grâce à la Vierge, obtiennent exceptionnellement du Père des preuves de Son existence (par exemple, la « Danse du Soleil » du 13 octobre 1917, devant 70 000 personnes, dont des journalistes et une majorité d’incrédules), ce n’est jamais gratuit et ça ne se fait pas sans douleur. La preuve irréfutable de Dieu ôte forcément une grande part de foi, de confiance et de liberté à ceux qui en bénéficient, coûte souvent un bras, et a toujours sa face amère de violence et de crainte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle cette fameuse « Danse du Soleil », loin d’être simplement un cadeau ou une démonstration de force, a généré une véritable scène de panique parmi la foule qui l’a vue. Car les preuves de l’existence de Dieu ressemblent à un châtiment, à un sévère avertissement, à un appel empressé à la conversion… ce que ne montre pas « Le 13e Jour ». Au contraire : dans le film, la scène de panique du troisième secret se dilue en pluie de confettis (pétales de rose), en messages infantilisants et pacifiques. « Le 13e Jour » se conclut par un mot sirupeux et bobo de sœur Lucie (« J’ai l’espoir que Fatima symbolisera toujours la lumière dans l’obscurité. Une lumière qui nous conduira à la Paix. »). Et dans le générique final, on nous invite à « conserver notre âme d’enfant » : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. ». L’appel pressant à la conversion ? Nulle part. Le caractère urgent et mondial et concret des trois secrets ? Évaporé ! La Vierge Marie ? Gentiment remerciée et non-exaucée dans sa demande.
 

Ce n’est pas un hasard si le pape Benoît XVI a expliqué en 2010 que le troisième secret de Fatima ne s’était pas encore accompli, et que le message d’Akita au Japon et le troisième secret de Fatima avaient exactement le même contenu. Or, si on regarde la version officielle du troisième secret divulguée par le Vatican en 1960, on voit bien qu’il y a rétention d’informations. Voici les propos prêtés à sœur Lucie : « Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui ; l’Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d’une voix forte : ‘Pénitence ! Pénitence ! Pénitence !’. Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable, à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant, à un Evêque vêtu de Blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père. (Nous vîmes) divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches; et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. » Si l’on compare cette version avec la prophétie d’Akita (la Vierge s’adressant à sœur Agnès le 13 octobre 1973, jour anniversaire de la dernière Apparition de la Vierge à Fatima, en plus !), il n’y a pas photo : le texte du troisième secret de Fatima a été carrément édulcoré dans la métaphore, et même tronqué. Sœur Agnès rapporte en effet les propos de la Vierge en ces termes : « Ma fille chérie, écoute bien ce que je vais te dire maintenant, et transmets-le à ton Supérieur. Comme je l’ai déjà annoncé précédemment, SI LES HOMMES NE SE CONVERTISSENT PAS, le Père fera tomber sur toute l’Humanité un grand châtiment. Sans aucun doute ce sera un châtiment plus grave que le déluge, tel qu’on n’a encore jamais vu. Le Feu tombera du Ciel. Par ce châtiment une grande partie de l’Humanité sera détruite. Les Prêtres mourront comme les fidèles. Les hommes qui seront épargnés connaîtront de telles souffrances qu’ils envieront ceux qui sont morts. Alors la seule arme qui restera sera : le ROSAIRE et le SIGNE laissé par le Fils. Chaque jour récitez la prière du Rosaire. Avec la Prière du Rosaire, priez pour les Évêques et pour les Prêtres. L’action du démon a pénétré jusque dans l’Église. Les Cardinaux se dresseront contre les Cardinaux, et les Évêques contre les Évêques. Les prêtres qui M’honoreront seront méprisés, vilipendés, combattus par leurs confrères. L’Autel, l’Église seront saccagés. L’Église sera remplie de gens à compromissions. Par l’action du démon, beaucoup de Prêtres et de Religieuses abandonneront leur Vocation. Le démon s’acharnera tout spécialement contre ceux qui se seront offerts au Père. La perte de beaucoup d’âmes est la cause de ma douleur. » Il y a donc quelque chose qui ne colle pas entre la ressemblance Fatima/Akita confirmée par le pape Benoît XVI et l’écart qu’on observe entre les deux compte-rendus officiels de Fatima et d’Akita. Cherchez l’erreur…

 
Treizième Jour photo d'archives Jacinthe
 

L’autre niveau du troisième secret de Fatima est, me semble-t-il, eschatologique et d’anticipation : la « Danse du Soleil » n’est pas juste une démonstration de force de Marie-magicienne ni une performance pour impressionner la galerie, contrairement à ce que donne à penser « Le 13e Jour ». C’est bien plus que cela : c’est une préfiguration de ce qui va se passer à la Fin des temps et aux Trois Jours de Ténèbres. Il est dit dans la Bible que le Jugement Dernier descendra sur terre non simplement par l’eau (comme ce fut le cas pour Noé) mais par le fer et le feu. On ne saurait être plus clair. Malgré ses limites, le documentaire exceptionnel de Pierre Barnérias, « M et le Troisième Secret », est bien plus fidèle au caractère prophétique, annonciateur, urgent et concret, du troisième secret de Fatima, que ne l’est « Le 13e Jour ». Pierre Barnérias prend la Vierge vraiment plus au sérieux. Et il a raison. C’est quand même un monde que la Vierge Marie, qui n’apparaît jamais pour rien, soit censurée de la sorte par ceux-là même qui se portent volontaire pour relayer son message !
 

À mon avis, le troisième secret, tout comme à Akita, parle : 1) que les ¾ de l’Humanité risque de disparaître si le monde n’écoute pas la Vierge et ne se convertit pas (c’est la Justice et les Trois Jours de Ténèbres qui tombent après le temps de Miséricorde : c’est ni plus ni moins ça, le secret de Fatima) ; 2) du risque de cataclysmes écologiques d’une envergure inimaginable (peut-être créés par un bombardement nucléaire) ; 3) d’une forte perturbation à la tête de l’Église et autour du Pape (c’est bien pour ça que le Vatican a du mal à divulguer le troisième secret ; d’ailleurs, dans celui-ci, le Pape n’est pas tué seul mais avec un groupe de disciples, et par une armée de soldats qui les visent avec des balles ou des flèches : par conséquent, le troisième secret n’est pas, comme l’induit « Le 13e Jour », l’attentat de 1981 du Pape Jean-Paul II !). « L’Année de la Miséricorde » proposée par le Pape François, ainsi que son intérêt soudain pour la France, puis son Encyclique Laudato Si pointant le risque de catastrophes naturelles, n’arrivent pas par hasard : le Pape François et le Pape Benoît XVI connaissent la feuille de route, le déroulement dévoilé par les secrets de Fatima, le script des fins dernières. On ne nous la fait pas ! C’est juste pour éviter la panique et pour produire l’effet inverse que voulait la Sainte Vierge (à savoir le regain de confiance) que certainement les Papes connaissant le troisième secret de Fatima se taisent concernant ce dernier. Mais il y a aussi une raison moins noble : la désobéissance à la sainte Vierge. Et ça, ça fait très mal. Le Père Malachi Martin, qui a pris connaissance du véritable troisième secret de Fatima, en 1998, une année avant sa mort, avait dit : « Vous savez, si le Vatican révélait le 3e secret ce serait un tel choc chez les gens, que les églises seraient immédiatement remplies de fidèles à genoux, les confessionnaux de toutes les églises, cathédrales et basiliques seraient pleins à craquer, même le samedi soir ! » Ce n’est pas du tout l’impulsion que donne aux spectateurs le film « Le 13e Jour ». Donc je vous engage à aller le voir, surtout si vous ne connaissez pas Fatima. Mais après, il va falloir approfondir ailleurs.